Le lendemain matin quand je me réveillai, je trouvai Jason encore endormi. Je le regardai pensivement et traçai délicatement les courbes de son visage, songeuse.
... tu deviendras sa faiblesse...
Père disait vrai, je suis devenue sa faiblesse, car pour moi il est prêt à tout abandonner, même son âme-sœur.
... car s'il existe une âme-sœur pour chacun sur terre, elle est bien la mienne...
Je soufflai avant de retomber lourdement sur le lit, le regard braqué sur le plafond aux moulures magnifiques.
J'avais peur... que tu me demandes de choisir entre elle et toi... et sans hésité je t'aurai choisi toi...
Lui aurais-je demander de choisir ? Oui, je l'aurai fait quand j'aurai compris qu'elle devenait importante pour lui. Etais-je aussi égoïste pour privé mon frère de bonheur ?
Non. Je l'aimais trop pour lui faire cela, je l'aime trop pour lui faire cela...
Quand on aime une personne, on ne désire que son bonheur... que soit avec ou sans nous... Me répétait tout le temps ma mère.
Je me levai du lit et me dirigeai à la salle de bain où je rafraîchis mon visage avec de l'eau froide. Je me regardai dans le glace et j'inspirai profondément avant de sortir de ma chambre d'hôtel en pyjama.
A peine quelques pas dans le couloir et je m'arrêtai devant sa porte, puis tout en m'encourageant intérieurement, j'y frappai en des coups hésitant. J'ignorai l'heure qu'il devait être, peut-être dormait-elle encore ?
Je soupirai déçue quand elle ne répondit pas et m'apprêtai à rebrousser chemin.
- Reyma ! Dit-elle surprise, la mine fatiguée.
- Oh désolé, je te réveille, je reviendrais plus tard. L'informai-je en faisant demi-tour.
- Attends.
Je me retournai pour lui faire face.
- J'aimerai te parler maintenant... de toute façon, je ne trouve pas le sommeil. M'avoua-t-elle en se décalant de la porte pour me laisser entrer.
J'entrai dans sa chambre et elle me montra le lit de la main, m'invitant ainsi à m'y asseoir. Elle était tendue, mais je n'arrivai à déterminer si elle m'en voulait ou non.
Une fois toutes deux assises, elle ne faisait que lisser sa robe de chambre tandis que moi je regardais partout sauf dans sa direction, installant ainsi un gênant silence.
- Je l'aime... commença-t-elle. Je lui faisais toujours une crise et lui demandait pourquoi il ne voulait pas me présenter à sa famille... s'il ne m'aimait pas autant que je l'aimais moi... il me répondait toujours que ce n'était pas le bon moment...
Elle renifla bruyamment, les yeux rouges et mouillés de larmes.
- Une fois, il m'a avoué qu'il rêvait de me présenter à sa petite sœur mais qu'il en avait peur, car si une personne sur cette terre pouvait nous séparer, c'était toi... car tout son amour t'appartenait et qu'il ne pouvait le partager sans ton autorisation...
Une larme sillonna lentement son visage et plusieurs d'autres suivirent.
- J'eus des frissons tant il me l'avait dit si froidement et là je compris que l'avis que tu auras de moi sera définitif dans la suite de notre relation... il n'avait jamais voulu me donner ton identité et malgré mes recherches sur votre famille, je ne trouvais aucune information sur toi, même pas une photo ou un nom...
Elle essuya ses larmes puis renifla une fois de plus avant de continuer à fixer un point imaginaire en face d'elle.
- Je voulais connaître ton caractère et mieux appréhender notre rencontre, tes goûts pour me les adopter et faciliter le feeling entre nous... j'étais prête à tout pour que tu m'acceptes et que Jason ne me laisse pas. Pleura-t-elle à nouveau. Je n'ai pas fait le lien entre vous deux avec ton nom de famille, ni même tes yeux et tes origines...
Il ricana nerveusement.
- Tu étais trop gentille et ouverte pour être une sœur qui priverait son frère de l'amour... Je ne te voyais pas capricieuse ni même égoïste et je ne te vois toujours pas ainsi... alors pourquoi ? Ne suis-je pas assez bien pour ton frère ? Me demanda-t-elle en me fixant de son regard noyé et rouge.
Je me laissai tomber sur le matelas et fixai le plafond, fuyant ainsi son regard qui me faisait culpabiliser.
- Il m'a dit que tu étais son âme-sœur. Lui avouai-je.
Elle renifla encore plus bruyamment, pleurant sûrement davantage.
- Petite, je n'avais que deux personnes à mes côtés, ma mère et mon frère, je n'avais aucun ami et mon père ne m'aimait pas pour une raison que j'ignore encore, pour lui Jason était son seul enfant, son préféré... Avec Jason nous étions très proche, il était toujours là pour moi, il disait que j'étais sa petite sœur préférée comme-ci il en avait une autre...
Je me tus un moment pour calmer mes émotions avant de poursuivre.
- Il ressemble tellement à mon père qu'à chaque fois qu'il me dit qu'il m'aime, j'imagine que c'est mon père qui me le dit, que quand il me fait un câlin que c'est mon père qui me le fait... Il était mon mini papa à moi et je ne voulais le partager avec quiconque, par peur que son amour ne soit suffisant et qu'il n'ait plus assez à me donner...
Elle s'allongea elle aussi à mes côtés et toutes deux nous fixions les moulures du plafond.
- Je suis désolée, je ne voulais pas gâcher ton anniversaire et je ne veux pas vous séparer car il en souffrirait et je ne veux pas qu'il souffre à cause de moi, ni toi d'ailleurs, tu es mon amie...
- Merci. Me chuchota-t-elle
Elle prit ma main posée sur le lit et la serra dans la sienne. Elle se mit sur le côté et j'en fis de même, elle me sourit et cela m'enleva un poids sur le cœur.
- Et ne t'inquiète pas tu n'as pas vraiment gâché mon anniversaire puisque c'est en fait aujourd'hui. Ajouta-t-elle en me pointant l'horloge du doigt qui affichait les six heures du matin.
Elle tenta de se lever.
- Il faut que je me prépare pour la journée piscine...
- Il faudrait plutôt que tu te reposes, ne t'inquiète pas, je m'occupe de tout. Je viendrai te chercher dans trois heures. Lui dis-je en l'obligeant à se recoucher ne lui laissant pas le choix.
Je sortis par la suite de sa chambre et me dirigeai à la mienne. J'entendis l'eau couler depuis la salle de bain et j'en déduis que c'était Jason puisque je trouvai mon lit vide. J'allai tirer les volets pour laisser la lumière du jour éclairer la pièce et je m'affalai sur le lit, attendant qu'il finisse pour que je puisse à mon tour aller prendre une douche.
- Où étais-tu ? Me demanda-t-il quand il sortit de la salle de bain.
- J'étais avec Bea. Lui avouai-je.
Je l'imaginai se tendre à ces mots.
- Je suis allée m'excuser pour ma crise de jalousie absurde et je lui ai dit que ça ne me gênait pas que vous soyez ensemble...
Je ne pus terminer ma phrase qu'il sauta littéralement sur moi dans le lit comme quand nous étions petit mais là, il pesait des tonnes.
- Jason... tu es lourd et tu me mouilles. Me plaignais-je tandis qu'il me serrait encore plus fort dans ses bras.
- Tu es la meilleure petite sœur, je t'aime tellement... merci.
- Oui... oui, mais lève-toi maintenant tu m'étouffes !
Il ricana puis se dirigea vers la sortie.
- Tu ne vas pas sortir en peignoir. Lui fis-je remarquer tandis qu'il me souriait malicieux. De plus, elle doit dormir. Lui dis-je que je compris qu'il partait rejoindre Bea.
Il me fit une moue triste et je levai les yeux avant de lui sourire.
- Va-t'en. L'ordonnai-je tandis qu'il s'exécuta sur le champs, heureux d'aller retrouver sa petite amie.
Une fois seule dans ma chambre, je me dirigeai à ma salle de bain où je pris une douche chaude. Vêtue d'une simple robe d'été, je descendis dans le hall, confirmer à l'accueil la réservation de la piscine pour l'anniversaire de Bea.
L'on m'envoya un agent de l'hôtel qui me fit visiter les lieux en me montrer l'avancée des préparatifs, d'après lui, tout sera sur place d'ici deux heures. Convaincue, je me dirigeai au restaurant pour un petit déjeuner gourmand.
- Je peux m'asseoir ? Entendis-je derrière-moi.
Je me retournai et croisa John en des lunettes de soleil, surement pour cacher ses yeux rougis par la soirée arrosée d'hier.
- Ou... oui. Bégayai-je.
Il me sourit gentiment et s'assit en face de moi.
- Je m'excuse si je t'ai effrayé hier nuit...
- Tu es déjà pardonné, ce n'était pas comme-ci tu étais conscient de ce que tu faisais ou même disais. Lui fis-je remarquer.
- J'étais soul, c'est vrai mais chaque mot que je t'ai dit je le pensais sincèrement. Dit-il en me prenant la main sur la table.
Gentiment, je retirai ma main de la sienne, embarrassée.
- John...
- Reyma, s'il te plaît, laisse-moi parler... Je sais que tu peux trouver cela rapide et je le trouve aussi, mais j'ai développé des sentiments pour toi et je n'y peux rien. Je t'ai tout le temps dans la tête et dans le cœur et je ne peux me permettre de me mettre sur la touche sans tenter quoique ce soit.
Je restai bouche bée sans savoir quoi dire, j'aurai aimé que hier qu'il m'ait dite ses paroles à cause de l'alcool car maintenant je ne sais comment gérer la situation.
- Je ne te demande pas de me répondre pareil, ni même d'y répondre tout court, tout ce que je veux, tout ce que je te demande, c'est la même chance que celle que tu donnes à Parker.
Je ne réagis non plus, il me baisa délicatement le dos de ma main et s'en alla, me laissant seule à ma table, troublée par ses paroles et appréhendant la réaction de James...
Car j'en connais un qui ne sera pas content...
... Je veux juste avoir entièrement ton attention pourpouvoir conquérir plus rapidement ton cœur. Avec ce statut de ma petite amieofficielle, aucun homme n'osera s'approcher de toi...
Alors là, pas content du tout !