Café au lait

By UneModernGirl

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ça aurait pu être un été comme les autres... © UneModernGirl - Elle adorait la musique, il préférait contemp... More

Prologue
Chapitre 2 : Andrew
Chapitre 3 : Mina, le Starbucks
Chapitre 4 : Andrew (BONUS)
Chapitre 5 : Andrew
Chapitre 6 : Mina
Chapitre 7 : Mina : Flashback (BONUS)
Chapitre 8.1 : Mina

Chapitre 1 : Mina

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By UneModernGirl


Ce fut le réveil qui me fit ouvrir les yeux ce jour-là, comme tous les jours où je travaillais. Son petit bruit strident et persistant venait me tirer du sommeil et m'empêchait ensuite de céder à l'engourdissement. D'ordinaire, j'aurais grimacé et écrasé mon oreiller sur mes oreilles pour faire écran et me rendormir, mais ce jour-là était un jour un peu spécial. C'était le premier jour de mon job d'été. Alors, mes yeux s'ouvrirent en grand et un sourire se dessina sur mon visage.

C'était le père de mon meilleur ami, Paul, qui m'avait embauchée. Il était le propriétaire d'un petit atelier dans lequel il restaurait de vieux instruments, et étant donné que, petite, j'outrepassais toujours ses ordres pour aller y passer tous mes après-midi, il se proposa dès qu'il sut que je cherchais un petit boulot. C'était une occasion rêvée, j'adorais la musique et cet atelier était pour moi ce qui se rapprochait le plus du paradis. Paul n'avait jamais voulu m'expliquer comment il rénovait ses instruments, il disait que c'était trop compliqué pour une fille de mon âge et que je n'arriverais jamais à retenir toutes les subtilités pour tous les instruments qu'il accueillait dans son antre.

Une fois, je me souviens que j'avais voulu lui prouver le contraire en essayant de restaurer moi-même un vieux piano, alors qu'il était sorti faire quelques courses. Un vrai carnage... Heureusement, le piano ne constituait pas la commande d'un client, c'était un vieil instrument aux touches cassées que Paul avait trouvé par hasard dans un vide-grenier. Il était tellement en mauvais état que personne ne voulait le récupérer, alors il avait sauté sur l'occasion.

J'avais appris plus tard qu'il aurait voulu m'en faire cadeau une fois l'instrument réparé, ce qui n'était alors plus possible étant donné le massacre que j'avais entrepris avec la plus grande insouciance. En apprenant cela, j'avais été tellement penaude que je n'avais plus osé lui adresser la parole pendant plusieurs semaines. Finalement, il m'avait fait comprendre que j'étais pardonnée au Noël suivant, où j'avais découvert près de mon sapin un piano droit flambant neuf.

Huit ans plus tard, je l'avais toujours, et ce fut la dernière chose que je vis en quittant ma chambre ce matin-là. J'avais tenu à ce qu'il soit mis dans ma chambre pour pouvoir le voir et le pratiquer tous les jours.

En arrivant dans la cuisine, je fredonnais, ce qui ne m'était pas arrivé depuis un certain temps. La perspective des prochains jours à l'atelier me mettait dans une bonne humeur que je n'avais pas envie de réprimer. Ça faisait tellement du bien de sourire... pas mal de choses semblaient se liguer contre moi pour m'en empêcher ces derniers temps. Des circonstances douloureuses, des personnes...

Perdue dans mes pensées, je me cognai violemment la tête contre une épaule.

- Mina ! S'exclama ma mère, tu pourrais faire un peu plus attention.

Je grimaçai en me massant les tempes et soupirai :

- Bonjour à toi aussi, maman.

Mon sarcasme lui fit lever les yeux au ciel et elle tourna les talons pour rejoindre la cuisine.

- Tu as des céréales dans le placard, se contenta-t-elle de dire d'un ton neutre.

Je n'avais pas faim, j'étais bien trop excitée par la perspective de ma journée. Mais il fallait que je mange quelque chose, sinon elle enchaînerait sur un monologue me décrivant en détails tous les bienfaits d'un petit-déjeuner, ce qui pouvait vraiment être long et je n'avais pas le temps.

Je rentrai donc dans la cuisine à mon tour en traînant légèrement des pieds et me préparai de quoi manger.

Ce fut à ce moment-là que mon père fit son apparition. Je tâchai de masquer ma surprise. Il était rare que je le voie le matin. Son métier d'avocat lui prenait beaucoup de temps et il n'était pas souvent à la maison.

- Papa..., lâchai-je, je ne t'ai pas entendu rentrer hier soir.

- Je suis rentré très tard, tu devais dormir profondément.

Mon père a toujours été quelqu'un avec qui il était plutôt facile d'avoir une conversation, pas dans le sens où il écoute et s'intéresse à ce qu'on lui dit, mais dans le sens où il a toujours été un homme qui aimait parler, surtout quand il s'agissait de lui. Ce matin-là, il semblait préoccupé et particulièrement nerveux.

- Le procès s'est bien passé ? Continuai-je d'une voix égale.

- J'ai gagné. Mon... client était assez satisfait.

Son hésitation ne m'échappa pas, tout comme son désir évident de rester vague. Je n'insistai pas, et voyant que ma mère l'avait aussi remarqué, je décidai de les laisser seuls. J'avais dans l'idée de m'esquiver discrètement pour que ma mère m'épargne une nouvelle tentative de me dissuader d'aller travailler. Mes parents n'avaient jamais vu d'un très bon œil ma passion pour la musique, et la perspective de mon travail à l'atelier avait d'ores et déjà provoqué un certain nombre de discussions mouvementées.

Mais ma tentative d'esquive ne marcha pas. Alors que je me levai pour quitter la pièce, je surpris mes parents en train d'échanger un regard étrange, du genre rusé et complice, et je fronçai les sourcils.

- Mina, m'interpella presque aussitôt ma mère, reste un instant.

Je crus donc qu'il s'agissait encore de mon job d'été, alors je m'exclamai :

- Écoutez, je sais que vous ne voulez pas que j'y aille, mais c'est quelque chose qui me plaît vraiment, et si je peux en plus me faire un peu d'argent de poche ça peut me...

- Ce n'est pas de ça que nous voulons te parler, intervins mon père.

Il me sourit et je fus tellement surprise que je fus incapable de lui sourire en retour.

Ma mère pencha la tête sur le côté et s'avança pour poser ses mains sur mes épaules. Son regard était doux et maternel.

- On voudrait te parler de ton avenir.

Je réprimai un soupir.

- J'ai presque seize ans, maman, j'ai encore le temps pour tout ça, et là tu vois ce n'est pas trop le moment.

Elle sourit.

- C'est parfaitement le moment au contraire. Tout le monde se dit ça à ton âge, on se dit qu'on a le temps, qu'on verra ça plus tard, et puis le lendemain on a fini le lycée et on ne sait absolument pas quoi faire. Alors, si pour toi, on peut s'y prendre le plus tôt possible, tant mieux.

Je notai le « on » avec une pointe d'agacement et soupirai pour de bon.

- Je ne veux pas en parler maintenant.

- Il le faut ! Et d'ailleurs...

Elle lança un regard à mon père qui hocha lentement la tête.

- ... on a une bonne nouvelle.

Je me figeai. Lorsque je vis son sourire fier, je me mis à redouter le pire.

- Voilà... ton père a croisé de vieux amis avocats à lui lors d'un dîner il y a quelques jours. Il leur a montré ton dossier...

Je lui coupai la parole.

- Attends, quoi ?

Comme je m'y attendais, elle n'y prêta pas attention.

- ... certains d'entre eux ne pratiquent plus et enseignent à l'« École de formation professionnelle des barreaux de la cour d'appel de Paris » figure-toi ! Ils ont regardé ton dossier et estiment que si tu améliores un peu tes notes, tu pourrais facilement te débrouiller jusqu'au bout dans une fac de droit et réussir haut la main ta formation dans une école d'avocat ! Tu te rends compte ? Ce beau métier à portée de main ! Et étant donné que ton père en est déjà un, tu pourras facilement trouver du travail par la suite.

Elle prit ensuite une grande inspiration, comme si sa tirade avait été éprouvante. Elle avait parlé vite, sans doute pour que je lui coupe la parole le moins possible.

Sur le moment, je fus tellement choquée que je restais sans voix. Mon regard allait de l'un à l'autre sans que je puisse émettre le moindre son. Plus j'y réfléchissais, et moins j'étais étonnée. Mes parents me prédestinaient depuis toujours au métier d'avocat. C'était une évidence pour eux, comme si j'étais née pour exercer ce métier. Mais ça ne leur avait jamais traversé l'esprit que ce n'était peut-être pas du tout ce que je voulais faire. Une seule chose me semblait louche et c'est tout ce que je parvins d'abord à faire remarquer :

- Dis-moi papa, comment ça se fait que tu avais comme par hasard mon dossier dans ton sac pour un dîner d'ami ?

Au fur et à mesure que les mots sortaient de ma bouche, mon intonation s'élevait et je prenais de l'assurance, motivée par la colère.

Ma mère soupira, ça ne lui plaisait pas que ce qui aurait dû, selon eux, me réjouir était en train de m'énerver.

- Mina...

- Il n'y a pas de Mina qui tienne, lançai-je sèchement.

Je sentais la colère monter.

- Je ne serai pas avocate.

- Mais si, il ne faut pas te décourager, tes notes ne sont pas mauvaises, tu pourrais...

Je lui coupai la parole en tentant de me calmer, je ne voulais pas me disputer avec mes parents ce matin-là. Ça aurait été tellement facile de simplement leur dire que je ne voulais pas de cet héritage familial, mais jusque-là, je n'avais encore jamais osé. Je n'avais jamais explicitement approuvé leur décision, je me contentais de tout faire pour qu'ils abandonnent.

- Écoutez, ça me touche que vous soyez inquiets pour moi et que vous pensiez faire le nécessaire pour que je réussisse mais... Enfin, mes notes sont catastrophiques ces derniers temps. Peut-être qu'il faudrait tout simplement renoncer ?

Ma voix sonna comme une supplique.

- Ne baisse pas les bras, on peut te trouver un professeur particulier qui t'aidera à remonter tes notes.

Ma mère avait l'air très enthousiaste, sa bonne humeur avait toujours le don de m'énerver dans ces moment-là. Mon père avait l'intelligence de rester silencieux, mais il m'observait avec beaucoup d'attention.

- Non.

Ils se figèrent.

- Quoi ?

- J'ai dit non. Je ne veux pas d'un professeur particulier.

Ma mère marqua un instant d'arrêt. J'en profitai pour attraper discrètement mon sac à main.

- Mais... mais enfin Mina pourquoi est-ce que tu...

- J'ai dit que je ne voulais pas !

Mon père s'assit à la table de la cuisine.

- Alors remonte-moi ces notes. Sinon ça va mal se terminer jeune fille.

Je le regardai quelques instants. J'aurais tellement aimé tout déballer, là à cet instant. Leur dire à quel point cette histoire d'avocat me déplaisait et à quel point ils m'étouffaient en voulant m'imposer leurs souhaits sans se préoccuper des miens. Mais quand j'ouvris la bouche, je réalisai que j'en étais incapable. Je n'avais pas assez de courage et pas assez d'assurance.

Alors, refusant de continuer cette discussion, je fis volte-face et sortis de la cuisine. Je pouvais sentir le regard de mon père me brûler la nuque, tout comme celui de ma mère, mais aucun des eux ne me rattrapa pour m'arrêter.

Une fois dehors, la porte d'entrée violemment refermée derrière moi, je pris une grande bouffée d'air frais. Comme d'ordinaire, j'avais été incapable de leur dire la vérité. Je ne savais pas ce qui me retenait, mais ça avait le don de m'énerver. Je m'en voulais.

En général, pour calmer ma colère, je mettais mes écouteurs et écoutais de la musique classique à fond.

Cette fois ci, je me contentais de me diriger d'un air faussement assuré vers le centre-ville.

J'avais besoin d'un bon café.


***********

Première réécriture : Faîte

Bon, voilà le premier chapitre de ce roman ! Le deuxième est prêt, je le publierais soit demain soit lundi, selon comment j'ai avancée (je préfère garder de l'avance au cas où).

J'espère sincèrement qu'il vous a plus, ça me fait un bien fou de me remettre à écrire. Et j'ai beaucoup plus de facilité avec ce livre qu'avec "MortalGame" qui me donnait plus de fils a retordre. Avec "Café au lait", les mots coulent tous seuls, j'ai même pas besoin de les chercher :)

J'essaye d'écrire un roman agréable à lire. Je fais attention à ce qu'il n'y est aucune faute (si vous en voyez, d'ailleurs dîtes le moi) et à ce que aucune phrase ne soit particulièrement longue ou dont le sens soit compliqué à comprendre.

J'ai hâte d'avoir vos avis, n'hésitez pas à me bombarder de commentaires. J'accepte toutes les critiques, évidemment, tant qu'elles sont polies (encore évidemment !) c'est ce qui me permet de m'améliorer ;)

Bon, eh bien j'ai assez parlé, je vous laisse et je vous dis à demain, ou à dans deux jours, pour le chapitre 2 ! (il se pourrait d'ailleurs qu'il soit un peu différent, du genre... un changement de point de vue... héhé ce sera le seul indice que je vous donnerais)

A plus !

-xoxo

Mathilde-


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