- Ebiéreyma… Que t’arrive-t-il ? Me demanda Parker non d’un ton soucieux mais d’un ton curieux.
Ses lèvres s’étaient détachées des miennes et il s’était éloigné de moi, me permettant ainsi de reprendre mon souffle.
Je tremblais et malgré l’air dans la pièce, je peinais à respirer. Ses doigts, ses mains, je les sentais encore se balader sur mon corps nu. Il fallait que je sorte de cet ascenseur, tout de suite !
- Pourquoi pleures-tu ? Que t’arrive-t-il Ebiéreyma ? Me demanda-t-il en se rapprochant lentement de moi.
Du bout de doigts, je touchai mes joues mouillées. Je pleurais sans m’en être rendu compte.
- Je t’en prie, ne m’appelle plus ainsi. L’implorai-je tout en tombant au sol ne pouvant tenir sur mes jambes flageolantes.
Un faible sourire se dessina sur ses lèvres et il s’accroupit à mon niveau.
- Et pourquoi donc Ebiéreyma ? Me demanda-t-il en essuyant délicatement mes larmes par des caresses.
A l’entende de mon prénom entier, je me remis à pleurer à chaude larme. Je remontais mes genoux et y posai ma tête pour cacher mon visage mouillé.
J’étais pathétique. Je ne voulais pas qu’il me voit ainsi. Aussi faible et bouleversé. Aussi détruite.
Cinq ans. Cinq années étaient passées et pourtant je me rappelais de chaque seconde de ce cauchemar comme-ci s’était hier. Cinq années étaient passée et je continuais encore de souffrir de cette blessure.
Il y a des blessures qu’on ne peut soigner et des douleurs qu’on ne peut oublier.
Dans un soupir bruyant, Parker se leva et se mit à tourner dans l’habitacle de l’ascenseur. Il avait arrêté l’appareil plutôt au début de ma crise. Je sentis son regard se poser sur moi un instant, avant que l’ascenseur se remit en marche brusquement me faisant sortir un cri de frayeur.
Au lieu que l’ascenseur continue son ascension jusqu’au dernier étage, il descendait progressivement vers un étage qui m’était inconnue. Je levai ma tête et fixai Parker qui était dos à moi les poings durement serrés.
Où allons-nous ?
Péniblement je me relevais du sol et essuyai mes larmes.
- Tu aurais dû rester assise, tu pourrais faire un malaise. Tu es trop faible et tu n’as presque rien mangé au restaurant. Me dit-il d’un ton dure.
- Oh ! Je vais bien… Mentis-je.
Il ne me répondit pas et me tourna le dos. Au bout de quelques minutes, le bip sonore de l’ascenseur resonna et les portes s’ouvrirent.
Alors que j’étais sur le point de sortir, je ne sentis plus le sol. En un simple mouvement, Parker venait de me prendre dans ses bras comme une princesse. J’avais encore une fois échappé un cri de frayeur mais lui continuait sa marche sans me porter un regard.
Détournant mon regard de lui, je regardai autour de nous pour étudier les lieux. Nous étions dans le sous-sol de l’ascenseur. Pourquoi ? J’en avais aucune idée.
- Que faisons-nous ici ? Demandai-je d’une faible voix.
- Je te ramène chez toi.
Surprise, j’essayai de me dégager de ses bras. Il resserra sa prise autour de mon corps et me plaqua davantage contre son torse.
- Reste tranquille. M’ordonna-t-il.
- Je peux marcher ! M’exclamai-je en essayant encore une fois de me libérer de son emprise.
Mes efforts semblaient être vain, il continuait sa marche jusqu’à sa voiture sans être gêné par mes coups de poings sur son torse.
- J’en doute ! Me répondit-il simplement.
Je cessai de bougeai dans ses bras et me calmai. Très vite, nous arrivions à sa voiture. D’un geste fluide, il me descendit de ses bras et mes pieds touchèrent enfin le sol. D’un mouvement brusque mais doux, il me plaqua contre la carrosserie de sa voiture puis pesa de tout son poids sur le mien.
D’un regard perçant, il me fixa, les yeux légèrement plissés.
- Pourquoi pleurais-tu tout à l’heure ? Est-ce à cause de mon baiser ? Me demanda-t-il.
Je secouai légèrement la tête de gauche à droite.
- C’est bien ce que je pensais aussi, mon touché ne t’effraie aucunement. Cela doit être autre chose. Se dit-il à haute voix en fouillant mon regard à la recherche de ses réponses.
- J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Me demanda-t-il au bout d’un moment de silence.
Très vite, j’hochai la tête, la phrase encore en tête.
Je vais t’embrasser Ebiéreyma… La même qui m’avait dite avant de me prendre de force ma pureté.
A ces souvenirs, une larme ruissela sur la peau de ma joue et mes reniflements se fut de plus en plus bruyant. J’allais répartir pour une nouvelle crise de pleurs.
- Parle-moi. Me murmura-t-il.
Parler. C’est surement ce dont j’avais besoin. Je le faisais avec ma mère pour me libérer. Mais lui parler à lui de mon passé était la chose le plus dangereuse à ne pas faire. Il utilisera mon passé contre moi quand il le connaitra.
Son but était de ne me détruire et je n’oubliais pas ses mots.
- Non pas la peine. Dis-je en m’essuyant les larmes sur mes joues à l’aide de mes mains.
Il se recula de quelque pas et actionna sa voiture grâce à sa clé électronique.
- Très bien. Dit-il. Monte je te raccompagne chez toi. Ajoute-t-il en m’ouvrant la portière côté passager.
- Non ! M’exclamai-je. Je ne peux pas rentrer chez moi maintenant on a du travail.
Il me scruta un moment puis dit :
- Tu ne peux pas travailler dans ton état actuel, je le sais et tu le sais. Alors ne rends pas les choses plus compliquées et profite d’un après-midi de congé.
Il avait raison mais autant de gentillesse de sa part me surprenait.
- Et mon téléphone, mon sac, mes affaires…
- Ne t’inquiète pas pour cela, je m’en charge. Alors tu montes ?
N’ayant plus rien à dire, j’hochais la tête puis montai dans sa sublime voiture noire. En moins d’un instant, il me rejoignit. Il démarra la voiture et très vite je m’endormis affaiblie par les précédents évènements.
*
- Allez Reyma réveille-toi maintenant, s’il te plait, je m’ennuie.
Doux. Tout était doux. Le matelas sur lequel j’étais couchée, le drap qui m’enveloppait, le coussin sur lequel reposait et la voix que j’entendais faiblement.
Le sourire aux lèvres, je remontais mes genoux jusqu’à ma poitrine, serrai davantage la couverture contre moi puis soupirai d’aise avant de me laisser encore porter par mon doux sommeil.
- Non Reyma ne t’endors pas, réveille-toi s’il te plait… Entendis-je lointainement la voix m’implorer.
- Patricia que fais-tu ici ? Je t’ai dit qu’il fallait la laisser dormir. Reconnu la voix de Parker malgré le fait qu’il murmurait.
Parker, pourquoi l’entendis-je ? Me demandai les yeux encore fermés. Mes esprits se remirent très vite en place et je me rappelai que je m’étais endormis tandis qu’il me ramenait chez moi. Il a dû rester pour veiller sur moi.
Rassurée, je replongeai pour un lourd sommeil quand quelque chose me revint en esprit.
Patricia ! Il avait dit Patricia. Elle était là ?
Rapidement j’ouvris les yeux et me redressai, les mains dans celle de son père, je la voyais sortir de ma chambre, la mine triste.
- Patricia ! Criai-je heureuse de la revoir.
Elle se retourna immédiatement et quand elle remarqua que j’étais éveillée, couru, sauta sur mon lit puis se jeta dans mes bras. Toutes deux, nous retombons sur le matelas laissant nos rires emplir la pièce.
- Je suis si contente de te voir Patri. Lui dis-je en la cajolant contre moi.
- Moi aussi Reyma. Tu m’as trop manqué et maintenant que tu es réveillée nous pouvons jouer ensemble ! S’exclama-t-elle en sautillant sur mon matelas.
- Oui ! Criai-je à mon tour et sautillant moi aussi sur mon matelas.
Parker se racla la gorge bruyamment et je me laissai tomber contre le matelas, honteuse qu’il m’est vu sautillé sur mon lit comme une enfant. Il me servit un sourire moqueur puis sortit de ma chambre, me laissant seule avec sa fille.
Je descendis du lit et prit Patricia dans mes bras pour la descendre elle aussi du lit puis m’agenouillai à son niveau.
- Nous allons jouer à cache-cache. Tu te caches et je te cherche. Allez vas-y je compte ! Dis-je en me cachant les yeux des mains.
Elle s’en alla en courant tout en criant des cris de joie. Si elle continuait à crier ainsi, je la trouverais sans peine.
Je finis de compter jusqu’à vingt mais avant de partir à sa recherche, je me dirigeai à mon dressing pour me changer. Je choisis un short de sport gris et un débardeur blanc que j’enfilai rapidement.
Pieds nus, je dévalai les escaliers pressée de retrouver mon amie.
- Patri j’arrive ! Criai-je en arrivant dans le salon.
- Je te parie que tu ne la retrouveras pas. Me dit Parker le regard sur des feuilles éparpillés sur la table basse.
- Pari tenu ! Si je la retrouve tu m'appelle plus jamais par mon prénom entier. Lançai-je avant de partir à sa recherche.
- Et si tu ne la retrouves pas, tu me raconteras pourquoi tu as pleuré dans l'ascenseur... L'entendis-je dire quand je quittai le salon.
Je devais à tout prix gagner ce pari !