Le lendemain, stade
Réunion d'après entraînement
-J'ai vu des choses qui m'ont plues, beaucoup, reconnut Jerinho en tapant du doigt sur le chevalet derrière lui. Malik, on dirait que tu avais bouffé du lion. C'est bien mieux qu'avant. Hugo, tu as gagné en mobilité. Harry, tu exploses tes capacités.
Louis lui lança un sourire et caressa sa cuisse discrètement. Il voulait vraiment sa réussite, le plus sincèrement possible. Et Harry semblait s'améliorer de jours en jours.
-Vous n'êtes pas sans savoir que le match de seizièmes de finale de la Ligue des Champions contre l'AJAX ne va pas être une partie de plaisir et qu'on aurait pu tirer une équipe moins coriace, mais c'en est ainsi. J'en attends encore plus de certains d'entre vous, donc sans vouloir donner de nom, Sam, je veux te voir maintenant. Et Zayn aussi.
-Mais vous aviez dit que je jouais-, commença Zayn.
-Aucun rapport avec ton jeu, tu viens me voir, point. Vous pouvez y aller, congédia-t-il en balayant l'air de sa main d'un air agité. Puis il se rapprocha de Zayn et lui indiqua son menton de la tête, demandant silencieusement à Eto'o d'attendre son tour. Zayn referma la porte sur lui et prit place face à Jerinho. Écoute, je vais être franc. L'Atletico a proposé à Dortmund le prêt de Griezmann. Zayn soupira fortement. J'ai cru comprendre que tu tenais vraiment à changer d'air, alors j'ai aussi proposé de te prêter. Et, bien sûr, comme ils étaient sur ton dossier, et qu'Antoine préférait jouer en Premier League qu'en Bundesliga... tu finis la saison à Dortmund et Antoine prend ta place ici.
-Vraiment?, demanda Zayn, rassuré.
-Oui, vraiment, Jerinho sourit et se leva pour venir prendre Zayn dans ses bras. Tu n'as pas toujours été facile à gérer ces derniers temps, Malik, mais tu vas manquer à l'équipe... et à moi aussi.
-Vous me manquerez aussi coach. Beaucoup. Je reviendrai vous voir et je reviendrai en août prochain.
-Ne fais pas de promesses que tu ne pourras pas tenir, Zayn. Je ne me fais pas d'illusions... tu te feras une place en Allemagne et tu vas aimer l'équipe, sûrement. Profite, joue comme tu aimes jouer, sois heureux, et donne tout sur tes derniers matchs ici.
-Promis, coach.
-Allez, file, Jerinho tapota l'épaule de Zayn et fit signe à Eto'o de rentrer. A nous deux.
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Liam avait récupéré les clefs de Zayn dans sa veste dans les vestiaires, et avait prétexté un rendez-vous urgent pour ne pas attendre ses acolytes.
Il sortit rapidement du stade, monta dans sa voiture, bien décidé à confronter Zayn face à ses responsabilités et ses sentiments. Il roula un moment avant d'atteindre la maison de Zayn. Il aperçut Gigi dans sa cour et resta un moment dans sa voiture pour qu'elle ne le voie pas. Elle sortit de chez elle pour monter dans son cabriolet, lorgnant la voiture de Liam sans pour autant l'identifier. Elle prit ce qui sembla une infinité à Liam pour démarrer, juste assez pour que son téléphone intégré sonne bruyamment. Gigi releva la tête au son strident, et Liam s'abaissa contre le volant. Il réussit à décrocher dans un juron étouffé.
-Allô?, demanda une voix masculine de l'autre côté du fil.
-Ouais?, répondit Liam en observant les agissements de Gigi à travers les trous du volant.
-Mec, Zayn a perdu ses clefs, l'informa Hugo, qui avait perdu toute trace de patience. Liam déglutit péniblement et, alors que Gigi disparaissait enfin, se releva rapidement, se cognant la tête. Qu'est-ce que tu fous?
-Rien, parvint à articuler Liam. Quant aux clefs de Zayn, je ne les ai pas, d'accord?
-Tu es où là? D'habitude, on s'attend tous. Louis nous invite à déjeuner.
-Merci, mais sans façon. J'ai une urgence personnelle, couina Liam en ouvrant sa portière, ne laissant pas à Hugo le loisir de répondre, coupant la discussion.
Il sortit de la voiture rapidement, poussa le portillon qui restait toujours ouvert, et jeta un dernier coup d'oeil derrière lui pour vérifier que personne n'allait le voir faire, puis inséra la clef dans la serrure et entra chez Zayn.
Presque aussitôt, l'odeur du garçon pénétra ses narines. C'était définitivement l'odeur préférée de Liam. Il déposa les clefs sur le guéridon dans l'entrée et referma la porte, puis s'avança vers le salon. Il s'assit à son siège attitré, se remémorant leurs jeux, leurs câlins et le reste. Leurs moments de bonheur. Il se releva, se rapprochant des photos que Zayn avait scrapbookées sur son mur, avec ses proches (sauf lui). Il avait même rajouté Harry. Il soupira et se dirigea vers la chambre.
Elle était parfaitement rangée, et en toute honnêteté, cela inquiéta plus Liam qu'autre chose. Harry venait parfois aider Zayn à ranger, certes, mais de là à ce que l'espace soit totalement désencombré.... il y avait encore une marge de progression. Du moins, il y avait quelques jours.
Il rassembla ses esprits et rejoignit la cuisine pour préparer du poulet au curry. Il avait entendu Zayn en parler, et il savait qu'il adorait quand il le lui faisait. Liam n'était pas un grand chef étoilé, mais il s'appliquait toujours dans ses plats. Et c'était alors qu'il venait de sortir les épices que la porte en face de lui, lui fit de l'oeil.
La pièce interdite.
Il y eut alors un énorme combat moral entre la raison, et l'envie, dans le cerveau de Liam. Il réfléchit avant de se précipiter vers la porte, l'ouvrant finalement. Elle était plongée dans le noir. A tâtons, il chercha l'interrupteur avant de se rendre compte qu'il n'y avait même pas de lampe. Il eut le réflexe de tirer la porte derrière lui, et de lancer sa lampe torche d'iPhone. Il ne put que faiblement éclairer une table en bois avec des bougies. Il sortit son briquet et les alluma une par une. Puis il releva la tête une fois que la luminosité fut suffisante. Et sa respiration se coupa.
En face de lui, une immense fresque avait été taguée. Son visage était représenté jusque dans les moindres détails, entourés de quelques motifs de ses vêtements, et de mots love, hot, entre autres, ainsi que de son prénom.
Sur sa gauche, toutes les photos qu'il avaient prises juste de Liam ou d'eux deux étaient affichées. Le jeune homme sourit en pensant que sa place était ici, privilégiée et spéciale, et pas avec les autres au salon. Il avait même peint et dessiné certaines d'entre elles, recouvrant une bonne partie du mur. Il décolla quelques papiers, griffonnés à la main. Ils portaient tous un titre au-dessus, il se décida à en lire un.
If I told you that I loved you,
I'd mean it, I'd mean it,
If I told you that I loved you,
Would you even believe it?
If I opened my heart,
If I gave it to you,
Would you get me hurt,
What else would you do?
Liam sécha une larme avant de recoller le papier du mieux qu'il le pouvait, avant de remarquer son maillot épinglé dans un coin. Son premier maillot, de Lancaster, qu'il avait donné à Zayn parce qu'il l'avait persuadé qu'il était son plus grand fan. Il se retourna pour inspecter l'autre grande cloison de la pièce. Zayn devait être en train de la peindre. C'était eux deux, sans doute possible. Leurs visages tournés l'un contre l'autre, leurs yeux rieurs et deux beaux sourires collés à leurs bouches, leurs nez se touchant. Leurs mains étaient jointes. Liam jeta un oeil au dessin qu'avait fait et terminé Zayn et qui lui servait de modèle pour sa peinture gigantesque. Il avait presque terminé de le peindre, d'ailleurs.
Liam allait retourner voir les autres papiers de l'autre côté quand la porte s'ouvrit. Il sursauta et se tourna vers la porte pour trouver un Zayn horrifié.
-Putain, Liam...
Aucun autre mot ne voulut sortir de sa bouche. Il essaya de se reprendre, respirant fort.
-Pourquoi - pourquoi tu m'as piqué mes clefs? Et pourquoi es-tu entré dans cette pièce alors que je t'avais demandé de ne jamais le faire? Je-
Sa voix brisa en un sanglot qu'il eut du mal à refouler. Il cacha son visage dans ses mains et secoua la tête.
-Pourquoi ne m'avoir jamais parlé de cette pièce?
-Parce que - parce que j'ai trop souffert, Li.
Liam mordit sa lèvre et se rapprocha doucement de Zayn.
-Tu n'as jamais démontré d'intérêt particulier pour autre chose que mon cul ou mon corps, tu comprends? J'ai essayé de te faire voir, de te faire savoir que tu m'intéressais autrement... Et - tout l'amour que j'avais pour toi, mais que je ne pouvais pas te donner... je l'ai mis ici et tu vois... j'allais encore le faire, débita-t-il.
-Putain de bordel, jura Liam. J'ai vraiment tout fait foirer... Tout l'amour que tu avais..
-Et que j'ai encore, bien sûr, souffla Zayn alors que Liam venait le prendre dans ses bras.
-Je t'aime putain, murmura Liam. Dis-moi que tu m'aimes aussi.
-Je t'aime, jetaimejetaimejetaime, susurra Zayn à son oreille.
-Dis-moi que c'est possible...
Zayn eut un bref éclair de lucidité en repensant à son prêt à Dortmund, mais il était prêt à tout pour Liam, et se dit qu'il trouverait une solution.
-Plus que jamais, affirma Zayn dans le cou de Liam.