Avez-vous déjà eu l'impression de voir de nouvelles têtes alors que vous côtoyez incessamment les mêmes personnes depuis plusieurs jours ? C'est typiquement comme dans un lycée : c'est tellement grand que tu t'aperçois de l'existence de quelqu'un du jour au lendemain.
Il est clair que je n'ai jamais vu le jeune homme qui est en face de moi – comme si tous ces visages que j'avais déjà distingués n'était pas suffisant. Comme un parfait cliché, le ténébreux aux cheveux noirs tient une cigarette entre son index et son pouce droit, son téléphone dans sa main gauche et ses yeux qui ne savent pas se décider entre moi et son appareil.
Je n'ai pas revu Liam depuis un assez long moment – enfin, depuis quelques heures seulement ; c'est déjà un miracle pour moi. Ce n'est pas plus mal de toute façon ; moins je le vois, mieux je me porte. Logan m'a laissé avec ce « Hugo » pour raisons dîtes « personnelles ». Il ne s'attendait sûrement pas à baby-sitter lorsque je l'ai vu arriver avec trois emballages remplis de nourriture grasse.
— Tu comptes toucher à tes frites ?
Je hausse les sourcils et regarde l'emballage marrons et jaune du célèbre fast food McDonalds. L'hamburger et le dessert qu'il avait gentiment apportés étaient largement suffisants. Je hoche la tête d'un petit mouvement tandis qu'il s'empresse d'entamer les batônnets froids.
— Je n'arrive pas à croire que tu aies encore faim après tout ce que je vois sur la table.
Je me retourne directement lorsque j'entends une voix douce et plus que tout féminisée. Brune avec des cheveux ondulés au-dessus des épaules qui dessinaient parfaitement son visage fin et des yeux marrons idéalement recouvert d'un fard à paupière mat entre le rouge et l'orange. Des hanches, quant à elle, parfaitement dessinées sous un pantalon blanc et un débardeur mauve.
Attendez.
Pause.
Une fille.
Pardon ?
Je n'arrive pas à le croire.
— Christina ! S'exclame Hugo. Je ne pensais pas te revoir de sitôt, continue-il après une courte pause.
Pourquoi une fille comme elle se retrouve ici avec des gars comme eux ? A-t-elle été enlevée elle aussi ? Séquestrée ? Vu la manière dont elle vient d'être accueillie, c'est très peu probable – ou alors je suis tellement appréciée, que j'ai eu le droit à un cadeau de bienvenu.
— Liam m'a dit qu'il avait besoin de mon aide. Je suis venue, comme promis.
Elle le connaît. Elle connaît Liam. Une amie ? Sa sœur ?
Pitié, dîtes-moi que ce n'est pas sa sœur.
Dans le cas contraire, je la plains.
— Parce qu'il a besoin d'une fille ici ? Taquine Hugo avec humour.
— Et il a besoin d'un con comme toi ici ? Attaque Christina d'un air dédaigneux.
J'ouvre grand les yeux. L'homme en face de moi se lève et se dirige vers elle.
Pourquoi elle est encore debout ?
Pourquoi il y a un grand silence tout à coup ?
Pourquoi le paquet de frites XXL est déjà vide ?
À ma plus grande des surprises, il la prend dans ses bras en rigolant un bon coup. Je ne comprendrais certainement jamais le comportement a adopté avec un homme.
Heureusement, à ce que je vois, Hugo n'est pas du style à être un rancunier-bipolaire-je-te-casse-la-gueule-si-tu-me-soûles et apparemment, la fille n'est pas « je suis Liam version féminin ».
Elle porte son attention sur moi quelques secondes avant de s'adresser à boucle noir :
— C'est qui elle ? Une future vente de Liam ? Ou simplement un jouet qu'il va tenter de se débarrasser prochainement ? Hésite-t-elle.
À vrai dire, je retire ce que j'ai dit. Elle peut très bien s'entendre avec notre cher bourreau. Je ne ressemble pas du tout à une de ces filles que j'ai pu croiser hier dans le salon : habillée en petite tenue et touchée n'importe où.
Attendez.
Ai-je bien entendu « future vente » ?
Combien de tonnes d'informations sont encore manquantes sur le passif du tueur ?
— Liam te dira par lui-même.
Et moi dans tout ça ? J'apprends quand mon rôle dans l'histoire ? Pour l'instant je ne suis que le petit chevreuil dans la forêt, qui essaye de retrouver son chemin. Et malheureusement pour moi, je suis entourée de loups affamés qui attendent patiemment derrière les arbres le bon moment pour manger leur festin.
La brune me regarde attentivement puis glisse des mots dans l'oreille du jeune homme avant qu'il parte au premier étage. Je tourne la tête en direction des cartons vides.
Dites-moi qu'elle n'est pas aussi folle que les autres.
Elle s'assied sur la chaise en face de moi où se tenait il y a quelques minutes seulement Hugo.
— Comment t'appelles-tu ? Questionne-t-elle.
Je suis étonnée de voir qu'elle « s'intéresse » quelque peu à moi.
— Aurélie, soufflé-je
— Depuis quand es-tu ici ?
Je hausse les épaules. Pour tout dire, je ne sais pas vraiment depuis combien de temps je suis ici. Le temps commence à disparaître. Plus je reste ici, plus je me déboussole.
— Je ne sais pas. Tout ce que je sais c'est que je suis ici depuis le 2 juin.
Elle lève les yeux au ciel, puis prend une bouchée de mon plat. Je décide de prendre les rênes et de poser moi-même les questions. Après tout, qui ne tente rien, n'a rien.
— Tu connais Liam ?
— Oui.
À vrai dire, je m'attendais à plus... Argumenter, avec des informations plus concrètes. Ce « oui » ne m'aide pas du tout. J'ajoute d'une petite voix :
— Tu... Connais le mec qui était là, je suppose ? Vous êtes amis ?
Elle me regarde en haussant les sourcils.
— Je ne sais pas, comme il t'a prise dans ses bras.
— Simple accolade. Rien de plus.
Je lâche un « oh » en souriant et en fermant les yeux. Elle ne semble pas apprécier tout le monde, parfait. Là, c'est sûr, soit elle fait partie du « complot » soit c'est la sœur d'un d'entre eux. Je ne vois que ça comme solution.
— Tu es la sœur de Liam, ou un truc comme ça ?
Elle rigole puis mange encore.
— Elle ? Ma sœur ? La blague ! Rigole quelqu'un.
Je me retourne pour voir le sujet derrière moi, la voix grave et les cheveux en pétard. Je baisse les yeux et me retourne vers elle sans broncher.
— Toujours aussi sympa à ce que je vois.
Elle regarde en croisant finalement les bras. J'ai fortement l'impression qu'elle ne l'apprécie pas. Au moins, j'aurais une « amie » avec qui cracher sur lui.
— C'est pour quoi cette fois-ci, cet appel d'urgence ? Une partie de jambes en l'air ? Ironise-t-elle.
C'est très intéressant de savoir que cette fille a déjà été un de ses joujoux. Ou alors elle plaisante ?
— Ou un autre de tes plans foireux où je dois te rendre service ? Reprend-t-elle d'une voix un peu plus sérieuse.
Il allait parler, mais en déviant ses yeux vers moi, il secoue la tête puis lui fait signe de le suivre. C'est tout aussi sympa d'être la seule à ne pas être au courant des affaires ici.
Personne. Vraiment personne. Marchant sur la pointe des pieds, je me rends discrètement vers la porte. Lorsque je compris que le champ est vraiment libre, je continue d'avancer. Je tourne la tête de droite à gauche, cherchant une quelconque personne susceptible de me garder encore ici.
— Tu crois que je ne t'ai pas vu ?
Une voix grave, que je connais très bien, se fait entendre dans la pièce. Je me retournais pour lui faire face.
— Je voulais simplement admirer la vue, répliqué-je en haussant des épaules.
Logan rit en s'approchant de moi les bras croisés contre son torse.
— Mais bien sûr, c'est tellement évidant, ricane-t-il.
Il se retourne et part se servir une bière dans le frigo. Je plisse les yeux puis finalement m'appuie contre le mur et m'assois contre celui-ci. J'en ai marre, je vais devenir folle à force.
— Pourquoi Liam a besoin tout à coup l'aide d'une gonzesse ?
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POINT CULTURE !!!!!
AN :
Pour ceux qui ne le savent pas, les Américains utilisent des termes qu'ils appellent "slang"tout "langage argotique jugé inapproprié". (dixit l'internaute.fr) Ici, c'est traduit en français afin d'avoir une meilleure compréhension de l'histoire, mais le récit se déroulant à Portland, aux Etats-Unis, Aurélie utilise l'argot américain "Chick", qui peut être interprété péjorativement et offensif pour certains et/ou certaines, mais ça équivaut un peu dans le langage français à "meuf" ; "nana".
C'était le point culture.
Bonne lecture
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Il prend une gorgée de sa bière avant de la poser sur une petite table.
— Attention à ce que tu dis de ma sœur toi, prévient-il.
Sa sœur ? C'est une blague ?
C'est encore pire que ce que je croyais. Il inclut sa sœur dans ce genre d'affaires. J'espère qu'il est conscient du danger dans lequel il la met.
— Elle est assez grande pour prendre elle-même des décisions.
Je le jauge alors qu'il explique cette soudaine intervention.
— Je ne lis pas dans les pensées mais ta tête disait clairement « et tu laisses ta sœur côtoyer Liam ? ». Donc, je réponds simplement à ta question non-posée.
Il sourit, tout heureux – comme un enfant à qui l'on aurait dit que l'on partait à Walt Disney World.
*
Alors que je reste allongée nerveusement sur le lit à fixer le plafond, un bruit sourd de l'entrée me parvint jusqu'aux oreilles. Je fronce les sourcils et bondis de mon soi-disant lit. Une fois la tête passée dans l'entrebâillement de la porte, je jette un coup d'œil par ci et par là. Liam arrive tout en se frottant l'arrière du crâne.
Je ferme la porte et retourne vers le matelas. Mais avant que je n'aie le temps de poser mon genou, Liam intervient pour m'ordonner d'une voix grave :
— Viens.
Je tourne ma tête dans sa direction. Ses mains dans ses poches, il s'adosse contre la porte et attend que je bouge. Mes épaules s'affaissent dans un souffle de nervosité. Quelques secondes suffisent pour que je décide de l'écouter et de le suivre. Je le dépasse pour sortir la chambre ; il ferme la porte juste derrière moi et entre dans une nouvelle pièce : sa chambre avant de passer une autre porte sur la gauche et de la fermer derrière lui.
Ok ?
Je reste statique alors que l'on entend l'eau couler pendant quelques minutes. Je tourne en rond en regardant attentivement chaque meuble que j'ai déjà vu. Finalement, après que la douche soit stoppée, la voix de mon persécuteur arrive jusqu'à mes oreilles, m'ordonnant de venir.
Ouvrant avec méfiance la porte, je le vois sortir de la douche, nu devant moi. Instinctivement, je dépose mes mains sur mes yeux pour ne pas avoir à le regarder.
— Pourquoi tu te caches les yeux ? Tu as déjà vu le corps d'un homme.
Il rit en entourant une serviette pendant que je soupire. Je l'entends murmurer « à moins que » et je le fusille du regard. Il sort plusieurs produits désinfectants, dont l'un à base de chlorhexidine puis des bandages.
En regardant son dos, j'aperçois ces cicatrices, certaines sont beaucoup plus visibles que d'autres. M'approchant de lui petit à petit, je viens poser une de mes mains délicatement sur son dos, caressant les quelques cicatrices. Liam eut un geste déplacé en sentant mes mains parcourir cet endroit. Il se retourne en lâchant ma main.
— Pose-la.
Je plissais les yeux et murmure :
— Poser quoi ?
— La question que tu meurs d'envie de me poser, pose-la, me supplie-t-il presque.
Il soupire en se retournant dos à moi pour s'occuper encore de ses affaires dans les placards. Je mords ma lèvre et prends la parole après d'une voix douce :
— Pourquoi tes parents te frappaient ?
— Ce ne sont pas mes parents qui m'ont fait ça.
Il a une petite voix. Il est tellement différent et pour la première fois depuis que je le connais, j'ai l'impression d'être en position de force – enfin, presque.
— D'où te viennent ces cicatrices alors ?
— Je suis un tueur, c'est ce qu'ont tous les tueurs non ?
Je roule des yeux et même quand il commence à être sympa, doux et légèrement drôle, (avec son humour bien sûr) : Il reprend son air de méchant. Je baisse de nouveau les yeux et quelque chose m'interpelle. La peau sur laquelle se trouve mes doigts est différente.
— Et cette brûlure d'où elle vient ?
Encore une fois, il se retourne, il attrape mes poignets à m'en faire mal.
— Ne touche jamais ici, d'accord ? Ça ne te regarde pas.
Surprise par son comportement, je hoche de la tête en acquiesçant. Il relâche mes poignets et soupire avant de m'ordonner de m'asseoir sur le rebord de la baignoire. Exactement comme il y a plusieurs jours.
Il commence à enlever mon pantalon et j'attrape son bras afin de l'arrêter. Il l'enlève délicatement de ma poigne en me jetant un regard puis continue jusqu'à mon ancienne blessure.
— Elle te fait mal ?
— Non, plus depuis quelques jours.
Il hoche la tête et enlève le sparadrap qu'il a placé la dernière fois. La plaie est encore loin d'être totalement cicatrisée – j'ai encore de longues semaines de soin devant moi avant de retrouver une peau à peu près lisse. En ouvrant le bocal de la solution, il imbibe un coton propre, qui devient rapidement aspergé. Il l'applique sur la plaie. Soigneusement et avec douceur, il élimine les croutes qui se sont former autour de la blessure avant d'enrouler un pansement autour de ma cuisse.
Ces gestes étaient précis, sans méchanceté. Celui que j'ai vu le premier jour est de nouveau présent – je ne sais pas si c'est bon à dire. Mais peut-être est-il bon d'en profiter ? Je continue de l'observer puis comme par hasard, une illumination me vint à l'esprit. Décidée d'en savoir plus, je lâche :
— Cette maison... Tu as été victime d'un incendie ?
Il serre ma cuisse et me fait grimacer.
— Je t'ai dit quoi ? Plus de questions sur ce sujet ! S'emport-il. Comme si tu t'en intéressais réellement, me reproche-t-il.
Il relâche la pression en lâchant mon membre puis se lève avant de jeter le papier qui couvrait ma plaie dans la poubelle. Il sort en claquant la porte de la salle de bains.
Je crois que j'ai trouvé un sujet intéressant.
Après avoir remis mon pantalon, je me dirige dans la chambre en espérant ne pas croiser Liam. Malheureusement pour moi, je suis encore contrainte d'être enfermée chez lui, avec lui. Voilà où mon boulot de flic m'a embarquée : enfermée et surveillée h24.
Alors que j'avançais discrètement dans la chambre, en passant par un mini salon au premier étage, je sursaute en entendant une arme se recharger. Il est là, assis sur une chaise autour d'une table, le regard rivé sur l'arme entre ses mains. J'avale difficilement ma salive et m'adresse à lui :
— Tu comptes faire quoi avec ça ? Me tuer ? demandé-je curieusement.
— Te tuer ? Ricane-t-il. Non pas encore, j'ai encore plein de choses à faire avec toi, fit-il en m'adressant un regard amusé.
— Comme quoi ? Je le questionne de nouveau en plongeant mon regard dans le sien.
— Oh ne t'en fait pas, ce n'est qu'une question de jours...
Je ne vois que de l'ombre dans ses yeux, aucune lumière. Le jeune homme bondit de son mini canapé pour s'avancer d'un pas rapide vers moi. La boule au ventre, je me décale d'un pas rapide. Il me regarde puis sourit. Une grâce féline se dégage de lui. Je suis sa proie. Sa grande taille lui donne une stature puissante et protectrice, mais je ne vois en lui qu'une menace. Il s'avance vers moi, bras tendus ; je recule jusqu'à me heurter contre le mur. Mon cœur s'emballe.
J'eus un haut-le-cœur quand il tente de caresser ma joue. Je détourne le regard en déglutissant. L'imaginer me toucher, me donne la chair de poule. Il rit une nouvelle fois avant de venir chuchoter à mon oreille.
— Tic-tac, tic-tac
A/N_
Christina en média - personnage qui aura le physique et l'apparence de Adelaide Kane
Enfin, un personnage féminin fait son entré. Je suis sûre que vous l'attendiez avec impatience et bien moi aussi. Sera-t-elle l'ennemi ou l'ami d'Aurélie?
Liam peut être aussi brutal parfois mais aussi assez prévenant pour soigner ses blessures. Qu'est-ce qu'il attend d'elle réellement?
A la prochaine. je pense poster rapidement !
Bonne rentrée à la zone C
Love