The mortal wedding

By katarina-SM

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EN COURS D'EDITION 2029, la troisième guerre mondiale est terminée, les régimes politiques basculent les uns... More

Chapitre 1 : coup de fil du diable.
Chapitre 3 : Tu me suis , je te fuis.
Chapitre 4 : Une battante.
Chapitre 5 : Rencontre inattendue.
Chapitre 6 : Les résistants.
Chapitre 7 : Travail d'équipe.
Chapitre 8 : Cavalière solitaire.
Chapitre 9 : Vers l'inconnu.
Chapitre 10 : La villa des Estéban.
Chapitre 11 : Désintoxication (partie 1)
Chapitre 11 : Désintoxication (Partie 2)
Chapitre 12 : L'éveil.
Chapitre 13 : Masque de fer. (partie 1)
Chapitre 13 : Masque de fer (partie 2)
The Mortal Wedding, le retour !

Chapitre 2 : Qui est-il ?

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By katarina-SM


J'étais coincée, il était impossible de le contourner. Penché sur moi, son bras surplombant ma tête, il bloquait la seule issue. Seulement quelques centimètres nous séparaient. Qui était-il ? Pourquoi est-ce qu'il me regardait comme ça ? On aurait dit qu'il m'analysait. J'étais paniquée, confuse, en continuelle recherche d'échappatoire.

— Qu'est, qu'est-ce que vous me voulez ? balbutiai-je tandis que je me tenais collée contre la porte, raide comme un piquet

Il se redressa, s'éloignant de moi.

— Il y a une voiture qui t'attend, dit-il le bras tendu en direction des escaliers, après toi.

Son français était presque parfait, mais je décelais quand même un léger accent. Il n'était clairement pas d'ici. Je ne savais pas où il voulait m'emmener, mais je n'avais aucune intention de le découvrir. Je pris les devants comme demandé et entamai les marches, suivie de près pas cet homme à l'aura frigorifiant. Arrivée vers la moitié du chemin, je constatai être à bonne hauteur. Sans même hésiter, j'enjambai la rampe puis sautai hors de la cage d'escalier. L'atterrissage fut brutal, mais je sus me relever rapidement. J'entamai sans attendre un sprint vers la sortie de l'allée, convaincue d'être sur la bonne voie, lorsque les hommes que j'avais semés tout à l'heure surgirent devant moi. Je fis aussitôt demi-tour pour me heurter contre une surface rigide. Je levai les yeux et me retrouvai nez à nez avec le malade au long manteau. Il avait une putain d'armure en dessous de ses fringues ou quoi ?

— Je vois que vous avez déjà fait connaissance, dit l'homme qui avait fait irruption dans l'auditoire, celui à la bouche en sourire d'ange.

Encerclée, je reculai et me mis sur mes gardes, les poings ramenés près du visage, les jambes fléchies, prête à entamer un combat acharné. Je n'avais pas vécu dehors trois années sans rien apprendre. Ils ne savaient pas à qui ils avaient affaire.

— Vous approchez-pas ! criai-je en lançant des poings dans le vide.

Ils se mirent à se torde de rire, tous sauf l'homme au manteau noir qui lui, ne laissa paraitre que l'ombre d'un sourire.

— Tu ne fais pas le poids. Je propose donc que tu te calmes et me suives gentiment.

— Jamais espèce de taré ! crachai-je malgré la peur.

Je ne savais pas pourquoi ils en avaient après moi, mais je n'allais pas me laisser faire aussi facilement. Je n'avais rien à perdre.

— Coriace la petite, lança le pseudo Joker.

— Un chaton qui veut rugir comme un lion, dit ironiquement le plus imposant, comme c'est mignon.

Il ne cessait de me fixer, j'avais l'impression qu'il me scrutait jusqu'au moindre détail. C'était quoi son problème à ce type ? Et d'où pouvait provenir ce sentiment de familiarité ?

— Assez perdu de temps.

Il fit un signal de la main et immédiatement, deux hommes vinrent me saisir les bras.

— Non ! Lâchez-moi ! hurlai-je tandis qu'ils me trainaient comme un vulgaire sac poubelle.

Soudain, une pierre jaillit du point mort de l'allée et percuta de plein fouet le visage de l'homme accroché à mon bras. Celui-ci lâcha prise dans un grognement agonique. Le lanceur sortit de sa cachette, muni d'une autre pierre qu'il faisait sautiller d'une main à l'autre. L'idiot, nom de Dieu, mais quel idiot !

— NICK ! BARRE-TOI !

— Butez-moi ce gamin, ordonna sourire d'ange.

— Avec plaisir, jubila celui qui avait été touché par son projectile.

Accompagné d'un deuxième homme, ils s'avançaient vers Nick avec la firme intention de lui faire regretter son geste. Ce con ne bougeait pas d'un poil. Pourquoi est-ce qu'il ne courrait pas, ne voyait-il pas leur pistolet ?!

— Non ! Non, s'il vous plaît, non ne faites pas ça ! suppliai-je, complètement affolée.

Nick s'attaqua aux deux hommes sans hésiter. Il avait la rage et lorsqu'il était dans cet état-là, rien ne pouvait l'arrêter. Il réussit à blesser l'un d'entre eux avec la seule force de ses bras, mais son physique d'haltérophile ne suffit pas pour rivaliser avec ces deux-là. La situation s'était inversée, ils étaient en train de le tabasser. L'homme au manteau noir regardait le spectacle depuis son piédestal. C'était certain, il DEVAIT être leur chef. Il fallait que j'arrête le massacre, il fallait que je fasse quelque chose. Je me tournai vers lui, prenant sur moi pour affronter son regard d'acier.

— Faites qu'ils arrêtent, je vous en supplie ! conjurai-je, les yeux remplis de larmes.

Il me fixa une seconde du coin de l'œil puis d'un simple geste de la main, il fit cesser les coups. Il passa ensuite à côté de moi sans un mot et se rendit auprès de Nick, étendu au sol, les bras enroulés autour de ses côtes, le visage couvert de sang. Il sortit un pistolet doré de son étui, un modèle que je n'avais encore jamais vu, et le colla contre son crâne. Horrifiée, je ne réfléchis pas, je courus à la rescousse de mon ami. Mais au moment d'intervenir, l'homme me tira par le poignet et me ramena contre lui, son bras musclé piégeant mon cou. J'étais obligée de m'y cramponner si je ne voulais pas mourir étouffée. Il se pencha à mon oreille, le pistolet toujours visé sur Nick.

— Je donne toujours un choix à mes victimes, toujours, débuta-t-il d'un ton cynique. Je t'en donne un maintenant. (je pouvais sentir sa respiration contre mon oreille) Soit tu viens avec moi sans émettre de résistance et personne ne sera blessé, soit tu continues à te débattre et non seulement il sera blessé, mais tu finiras quand même par me suivre.

Sur ces mots, il me relâcha. Je repris mon souffle quelque peu coupé par sa poigne. Son discours m'avait paralysée, mes muscles ne répondaient plus et malgré mon envie maladive de me distancer de lui, mon dos touchait encore son buste.

— Alors Annadine ? Quel est ton choix ?

Je pouvais toujours sentir son visage à proximité de mon oreille.

— Cou-cours...essaya Nick.

Courir ? Oh, mon pauvre idiot, je n'aurais jamais été très loin. C'était fini, il était temps de se rendre à l'évidence, je ne pouvais plus fuir et je ne pouvais pas les laisser faire du mal à mes amis. Nick avait peut-être été un salaud, mais il restait une personne chère à mes yeux, plus importants encore, il n'avait rien à voir là-dedans. C'était moi qu'ils voulaient. Sans me retourner, je dis :

— C'est d'accord, je-je viens.

— Anna, non !

— Très bon choix, dit l'homme avant d'ordonner à ses sbires de m'escorter jusqu'à sa limousine.

Je me retournais sans cesse vers Nick avec l'espoir qu'il se relève, que je puisse voir qu'il allait bien avant qu'ils ne m'emmènent, mais rien. Je n'aurais jamais cru qu'il serait capable de se mettre en danger pour moi. Au moins maintenant, je savais qu'il me portait un réel intérêt, dommage que je m'en étais rendu compte trop tard.

***

Elbourg

Quelques heures après l'attaque, l'entièreté des étudiants avait été rassemblée de façon complètement aléatoire dans les plus grandes salles de la multiversité pour le discours d'apaisement de la directrice, Barbara Maurel. Trois mille cinq cents étudiants dont plus de la moitié n'avaient aucune idée de ce qui se tramait étaient retenus dans l'établissement par les forces de l'ordre. Les policiers récoltaient les témoignages de la classe concernée avec l'accompagnement des tuteurs légaux ainsi que les dépositions des enseignants.

— Je l'ai vu courir dans mon auditoire, racontait le professeur de mathématiques, elle a pris les clefs sur mon banc et c'est là que j'ai aperçu ces hommes qui la poursuivaient. Ils étaient violents, ils ont tout saccagé sur leur passage. C'était...l'horreur.

— Mmm, bien et ensuite ? demanda le détective.

Tout en haut des marches de l'auditoire, se trouvaient installés les amis d'Anna, l'expression maussade, le moral ébranlé par les derniers événements. Nick les avait rejoints après avoir été soigné par des ambulanciers. On lui avait conseillé de se laisser conduire à l'hôpital, mais n'ayant jamais été friand des hôpitaux, il avait promptement refusé. Son frère, Kaylan, avait fait le déplacement à la minute où il apprit la nouvelle même s'il dû quitter son lieu de travail sous la précipitation. Il avait accompagné son jeune frère lors de sa déposition. Nick était devenu le témoin phare de l'incident.

— Nick, t'es sûr que ça va aller ? s'inquiétait Médina en le voyant tenir douloureusement le sac de glaçons sur son œil.

— J'en reviens toujours pas, t'es vraiment con d'avoir fait ça bordel, l'engueula une énième fois son frère ainé.

— Tu voulais que je fasse quoi ? Que je les laisse l'emmener sans rien faire ?

— C'est exactement ce que j'ai fait...s'indigna Médina, complètement bouleversée.

Kaylan la ramena contre lui.

— T'inquiètes Médi, c'est un truc qui nous dépasse, t'aurais rien pu faire.

— Je me repasse la scène en boucle en me demandant « qu'est-ce que j'aurais pu faire pour l'aider » ?

— Et la réponse est « rien », se joignit Cassie qui venait tout juste de terminer un appel avec ses parents, on aurait rien pu faire.

— Cass a raison, la soutint Nick. Vous n'auriez rien pu faire. Anna se serait juste retrouvée avec deux amies mortes sur la conscience.

Soudain, Jordy frappa le banc ce qui surprit ses amis.

— Elle venait à peine de retrouver un rythme de vie normal bordel, mais qu'est-ce qu'ils lui veulent ces types ?

— Euh, les mecs, les interpella Marcos, c'est pas des soldats royaux ça ?

Huit hommes en uniforme bleu marine à boutons argentés, coiffés d'un béret rouge et décorés de galons avaient fait leur entrée dans une marche solennelle. Ils apportaient ce qui semblait être un document important. Le détective sur les lieux vint à leur rencontre en tendant courtoisement une poignée de main. Les amis d'Anna les observaient avec attention même s'ils ne pouvaient déceler ce qu'ils se disaient depuis leur emplacement. Beaucoup trop d'interférences sonores.

— Détective spécialisé Ferdinand Lee Ross, se présenta-t-il en leur montrant sa carte, je pense bien que cette affaire relève de mon domaine messieurs, pourrais-je savoir ce que nous vaut votre visite ?

— Monsieur Ross, débuta le commandant de la garde royale, j'ai bien peur qu'il y ait un mal entendu, c'est une affaire de sécurité nationale qui ne concerne que la France et la France uniquement.

— Sauf votre respect monsieur le commandant, cela ressemble trait pour trait à une attaque terroriste étrangère si l'on en croit les témoignages. Je pense que l'auteur de cet acte pourrait être une organisation criminelle que j'étudie depuis un certain temps, si vous me laissez enquêter plu...

— Vous vous trompez monsieur le détective, le coupa le commandant, tenez, regardez.

Il lui tendit un papier officiel écrit par le roi lui-même. Le détective le lut avec avidité avant de le rendre confusément à son détenteur.

— Je ne comprends pas, cela n'a pas de sens.

— C'est pourtant bien le cas, ne vous en déplaise monsieur Ross.

Le commandant doubla le détective et se rendit auprès du chef de police. Il lui tendit le fameux papier qui était un ordre officiel venant tout droit de l'Élysée. Ce dernier hocha respectueusement la tête avant d'informer la directrice de l'établissement. La surprise fut sans équivoque. Extrêmement déroutée par la nouvelle, elle n'avait d'autre choix que de l'accepter et procéder à une déclaration orale. Elle se plaça au milieu de l'auditoire, à l'emplacement où se tenaient habituellement les professeurs, brancha son micro qui était raccordé à tous les autres auditoires de l'établissement et prit la parole.

— Bonjour à toutes et à tous, débuta-t-elle, la voix légèrement cassée par l'émotion (ses mains tremblaient). Nous sommes aujourd'hui rassemblés dans cette salle pour parler du drame survenu quelques heures plus tôt dans notre établissement (elle fit une pause, constatant le silence mortuaire qui régnait parmi les étudiants). Je suis ici en présence du commandant de la garde royale, Monsieur Raymond Fournier, qui est venu nous apporter des réponses claires sur ce qui s'est passé tout à l'heure. Je vous saurai gré de garder un calme irréprochable durant ses explications. Monsieur Fournier.

Le haut gradé prit la relève et amena le casque micro à sa bouche sans l'enfiler. Pas question pour lui d'enlever son illustre béret rouge sur lequel était tissée la fleur de lys, symbole immuable de la royauté française. Il avait les cheveux gris et le front craquelé par de profondes rides. Ses yeux bleus clairs, soutenus par des sourcils proéminents, lui donnaient un air colérique, appuyant l'image antipathique qu'il renvoyait.

— Concitoyens concitoyennes, vous êtes entrés dans cette salle l'esprit alourdi d'incompréhensions, mais je peux vous assurer que vous rentrerez chez vous avec quiétude. Je me suis personnellement déplacé jusqu'ici pour vous informer que cet incident était en réalité une opération des forces spéciales françaises. La division narcotique (des bourdonnements de confusion se faisaient entendre dans la salle). Je suis navré de vous apprendre que votre camarade de classe, mademoiselle Sadovski était depuis longtemps recherchée par la justice pour une multitude de délits graves. Des délits lui ayant couté sa double nationalité.

Médina, qui était appuyée contre l'épaule de Kaylan, se redressa subitement. Elle et ses amis s'échangèrent un regard abasourdi. Avaient-ils bien entendu ?

— Pour cause, son droit de séjourner en France lui a été enlevé. Elle est en cours de rapatriement dans son pays d'origine, en Russie.

Jazz et plusieurs personnes parmi la foule montraient leur approbation par des bruits de fond houleux et bavardages sonores. Certains souriaient, fiers des mesures radicales que faisait preuve leur pays pour la protection de ses concitoyens, d'autres se dépêchaient d'en parler sur les réseaux sociaux, espérant susciter des réactions diverses.

— L'État français vous présente ses plus plates excuses pour la manière brutale dont se sont déroulés les derniers événements, les forces spéciales travaillent indépendamment du gouvernement, raison pour laquelle ils se donnent parfois des libertés contraires aux valeurs de la Nouvelle Constitution. Mais je peux vous assurer qu'ils répondront de leurs actes devant le Roi.

— Conneries ! cria Médina qui ne supportait plus de voir tous ces visages satisfaits du malheur de sa meilleure amie. Annadine je la connais depuis l'enfance, elle avait des soucis personnels, oui, mais jamais rien qui ne lui vaille sa nationalité française ! Elle est née en France, sa vie est ici, elle n'a personne en Russie ! Comment vous avez pu faire un acte aussi horrible ?! s'emporta-t-elle.

— Médi rassied-toi ! intervint Kaylan en lui tirant le bras vers le bas, mais elle refusait.

Nick se leva à son tour, la joignant dans sa révolte.

— Ces hommes n'avaient rien à voir avec une brigade française ! Regarder mon visage (il pointa son œil au beurre noir), est-ce que c'est un acte d'une police française pour vous ? Ils ont pointé une arme sur moi et ont menacé de me tuer si elle ne les suivait pas.

Cassie tenta de calmer Nick, mais rien à faire non plus, ils étaient tous les deux déterminés à parler. Un comportement qui pouvait fortement porter préjudice à la directrice.

— Mademoiselle Abel et Monsieur Fernandez, veuillez vous taire si vous ne voulez pas avoir de problèmes !

— Comme je l'ai déjà mentionné, reprit le commandant, cette police travaille indépendamment du gouvernement et se permet des manières un peu drastiques, mais ils ne sont pas au-dessus des lois, ils seront punis.

— Pointer une arme sur un mineur social c'est ce que vous appelez « des manières drastiques » ? C'est ainsi que marche la France maintenant ? lança le détective Ross.

— Peut-être qu'elle marcherait autrement si les États-Unis avaient gardé son nez dans ses affaires, rétorqua le commandant. Le monde a changé, il va falloir vous y faire.

— Ces « forces spéciales françaises », ils ne parlaient pas vraiment français d'après ce que j'ai entendu, insista le détective.

— Écoutez monsieur Ross, s'impatienta le commandant, votre statut vous permet de vous immiscer dans les affaires étrangères uniquement si le pays concerné vous en autorise. Je vous conseillerais donc de garder votre prétention américaine pour vous. Si vous voulez bien m'excuser.

Médina en avait assez entendu. Elle prit ses affaires et s'apprêtait à sortir lorsqu'elle fut stoppée par deux policiers.

— Mademoiselle, veuillez retourner à votre place s'il vous plaît.

— J'ai déjà fait ma déposition alors à moins d'avoir commis une infraction, vous n'avez pas le droit de me garder, je connais mes droits.

Elle avait raison, ils n'eurent d'autres choix que de la laisser passer. Médina avait besoin de respirer, besoin de s'éloigner de tous ces hypocrites et manipulateurs. Ça n'était pas vrai, ça ne pouvait pas être vrai. Ces personnes qui l'avaient emmené n'étaient clairement pas d'origine française. Ils voulaient leur faire gober une histoire complètement inventée.

Le reste de la bande la rejoignit aussitôt. Ils prirent la route ensemble dans la camionnette de Kaylan vers leur ville natale. Les cours étaient de toute manière suspendus, il n'y avait plus aucune raison de s'attarder là-bas.

— Ils ont tous étés corrompus, lança Nick, installé derrière le siège de son frère.

— J'ai remarqué, répondit Médina. Ils me dégoutent, tous autant qu'ils sont. Surtout ce gros connard de Jazz avec son sourire de mongole là.

— Je vais le chopper dans un coin lui, on voir s'il rigolera encore ce fils de pute.

— Même si rien ne m'ferait plus plaisir que de lui éclater sa gueule, ça sert à rien de perdre notre temps avec lui, souleva Kaylan. Le vrai problème c'est que le gouvernement nous ment. C'était un enlèvement, pas un rapatriement, conclut-il sans retirer ses yeux de la route.

— Mais pourquoi ? Et où est-ce qu'ils l'emmènent ? questionna Marcos.

Assise sur le siège derrière Médina, Cassie écoutait ses amis parler, mais ne semblait pas totalement agréer avec leur opinion.

— Les gars, vous avez considéré qu'il se pourrait que ça soit vrai ? Anna est quand même partie pendant trois ans. Et si elle nous avait caché la vérité ?

— Moi elle m'a rien raconté du tout, glissa furtivement Nick.

Cassie, Jordy et Médina étaient les seuls à vraiment savoir. Jordy parce qu'il avait partagé sa descente dans la drogue, Médina parce qu'elle était celle qui l'avait aidé à remonter, Cassie parce qu'elle n'aurait jamais lâché l'affaire tant qu'on ne lui disait pas et Marcos avait plus ou moins deviné sachant les dérivations toxicomanes de son ami d'enfance, Jordy. Nick était le seul qui n'avait pas été inclus dans la confidence.

— La seule raison valable pour se faire retirer sa nationalité est de porter atteinte à la sécurité du pays. Tu penses vraiment qu'elle aurait pu faire un truc aussi grave ? demanda Jordy.

— Honnêtement, beaucoup de choses peuvent arriver en trois ans, peut-être qu'on ne sait pas tout, dit Cassie.

— Comment tu peux douter d'elle comme ça ? s'étonna Médina. T'as bien vu que ces hommes n'avaient ni l'uniforme d'agent fédéral ni les manières ni l'accent français.

— Je suis sous le choc comme tout le monde, j'essaie de trouver une explication logique qui ne sous-entendrait pas que notre roi nous mente.

— Je pense qu'il va falloir prendre en considération le fait que la monarchie démocratique n'est pas aussi utopiste qu'elle puisse paraitre, lança Jordy. Encore une fois, les résistants avaient raison.

Cassie secoua la tête.

— Ça, tu sais pas.

— Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer ce qui s'est passé durant ces trois années ? insista Nick.

— Genre c'est maintenant que tu t'intéresses toi ? l'attaqua Médina, assise sur le siège passager. T'en a eu rien à faire avant qu'elle remette les pieds à Elbourg.

— Oh tu vas pas commencer non plus toi.

— Non je vais pas commencer, j'en ai juste marre d'être entourée d'hypocrites.

— Moi je suis un hypocrite ? Qui est-ce qui s'est fait tabasser en voulant la défendre ?

— T'as réagi impulsivement comme dab', répliqua-t-elle.

Marcos s'entremit, posant un stop avec ses bras.

— Les gars arrêtez de vous de vous battez, ça sert à rien, dit-il d'un humoristique pour détendre l'atmosphère.

Roulant des yeux, Cassie reprit d'un ton plus sérieux :

— Oui, on est tous sur les nefs, il faut qu'on se calme là.

Ils se plièrent tous deux à la volonté du reste du groupe, ne voulant pas laisser leur colère déchirer le amitié. D'autant plus que ce n'était pas vraiment à Nick que Médina en voulait, c'était aux gens qui avaient enlevé sa meilleure amie.

— Quoi qu'il en soit, ils ne pourront pas mentir longtemps sur ce qui s'est passé, on était près de deux cents à pouvoir témoigner, la vérité éclatera d'elle-même.

— Ouais, mais en attendant, on sait toujours pas où est Anna, dit Jordy.

Il avait passé son temps à réfléchir à une solution et pour ça, il avait besoin d'en savoir plus mais aucun de ses fameux contacts n'avait souhaité se prononcer sur le sujet. On aurait dit qu'ils avaient peur.

— Il faudrait trouver un moyen de la joindre, dit Nick.

— J'ai déjà essayé, son téléphone est éteint, l'informa Médina.

La bande se retrouvait dans une impasse. Ils ne pouvaient pas faire grand-chose pour aider leur amie si ce n'était d'attendre que la nouvelle éclate et que l'enlèvement d'Annadine devienne officiel.

***

Annadine.

Deux heures qu'on roulait vers je ne sais où, deux heures de silence intensif passées avec la seule compagnie de cet être inhumain, deux heures que je m'étais fait enlever. Nous étions séparés par quelques mètres de moquette. La limousine étant assez longue, je m'étais mise à l'autre bout, le plus loin possible de lui. Appuyé contre l'accoudoir de la portière, le menton soutenu par sa main enroulée en poing, les jambes semis-croisées, mon ravisseur contemplait le monde extérieur depuis les sièges du fond. Il avait enlevé son manteau et ses gants, laissant entrevoir les vêtements qu'il portait en dessous : un costume en soie noir, une cravate ainsi qu'un veston de la même couleur et des boots en cuir brun foncé. Il portait une bague à la main droite qui avait l'air de valoir extrêmement cher et une montre argentée au poignet. Il était à première vue un homme propre sur lui qui empestait le pouvoir et l'argent. Un aspect correspondant au monstre qu'il incarnait.

Ce salaud avait failli tuer Nick. Il l'aurait fait sans hésitation si je n'étais pas intervenue. Ce sourire sadique, ce regard glacial, ce ton déterminé. J'en tremblais encore. Qu'est-ce qui allait m'arriver maintenant ? Qu'allait-il faire de moi ? L'ignorance, l'incompréhension pesait sur moi tel un poids qui m'enfonçait encore et encore dans un état de peur constant. Soudain, il se tourna vers moi. Je me braquai instantanément vers la vitre et m'efforçais de ne plus bouger. Je crus l'entendre souffler du nez. Et ça le faisait rire en plus.

— Tu vas faire la grève du silence durant tout le trajet ? C'est un plutôt long trajet, tu sais, débuta l'homme d'un ton moqueur.

Je ne lui répondis pas, je ne tournai même pas le visage vers lui. C'était quoi son problème ? Je m'étais fait kidnapper, manquerait plus que je fasse la causette avec mon ravisseur. La seule chose qui m'empêchait de faire une crise d'hystérie, c'était qu'il n'était pas un affreux barbu et que je ne m'étais pas retrouvée dans un vieux van rouillé et poisseux, là les choses auraient étés beaucoup plus alarmantes.

— Je suppose que j'ai ma réponse, se résigna-t-il en sortant une bouteille de vin rouge du mini-réfrigérateur.

Il se servit une coupe. Je pivotai vers lui en catimini, c'était la première fois depuis le début du trajet que j'osais le regarder de face. Il sirotait tranquillement son vin les yeux fermés lorsque tout d'un coup, il les ouvrit. Son regard hérissa chaque parcelle de mon corps si bien que je fis vite de me retourner vers ma vitre. Je voulais juste mourir à cet instant.

— Je t'en aurais bien proposé, mais il va falloir que tu gardes l'esprit clair pour ce qui va suivre, dit-il en faisant doucement osciller son verre de droite à gauche.

— C'est quoi la suite ? osai-je enfin demander.

— À croire que tu parles ! s'exclama-t-il. Je pensais que tu avais donné ta langue au chat.

Très drôle ce mec, « à croire » que l'humour n'était pas son fort. On aurait presque dit qu'il essayait de sympathiser avec moi. Je ne savais pas pourquoi, mais ça me rassurait encore moins.

— Pourquoi est-ce que vous faites ça ? continuai-je dans ma lancée.

— Elle deviendrait même bavarde, plaisanta-t-il. Tant de questions et si peu de réponses...disons que je suis venu te sauver de ta monotonie.

— Ma...monotonie ? Écoutez, il faut que vous me rameniez chez moi, ma famille doit être inquiète !

— Ta famille ? Tu parles des fantômes que tu te façonnes tous les soirs avant de te coucher ?

Quoi ? Comment pouvait-il savoir ça ?

— Vois-tu Annadine, je sais tout de toi. Je sais à quel point tu te sens seule, je sais que ton dernier relatif est décédé, je sais que tu ne te souviens même plus de la dernière fois que tu n'avais pas un gramme de drogue dans le sang.

Ces propos me laissèrent sans voix, j'étais déroutée. Même mes amis n'en savaient pas autant.

— Vous...vous m'avez espionné ?

— Je n'appellerais pas ça de l'espionnage, plutôt une surveillance rapprochée.

— Q-quoi ? Vous êtes malade ! Et vous n'avez pas répondu à ma question ! Qu'est-ce que vous me voulez à la fin ?!

— Eh bien c'est simple, tu es destinée à être ma femme, et ce depuis la seconde où tu as vu le jour, annonça-t-il avant d'engloutir le reste de sa boisson.

Ma confusion s'était maintenant transformée en un gouffre sans fin. Les nerfs à vifs, je me mis à rire à plein poumon, un rire nerveux. Ce mec se foutait de moi.

— Donc si je vous suis bien, vous m'avez kidnappée en plein cours devant un nombre incalculable de témoins, menacé les étudiants et le professeur, butté mon ami et tout ça pour quoi ? Me forcer dans un mariage avec vous ? Moi ? pouffai-je, l'index pointé en ma direction. Une junkie de vingt et un ans ? Franchement, je suis sure que vous pouvez trouver mieux.

— À part le fait que le mariage soit prévu pour tes vingt-deux ans, tu as tout juste, affirma-t-il avec amusement.

Que la France entière puisse être au courant de mon enlèvement ne l'inquiétait pas le moins du monde. Pensait-il vraiment pouvoir s'en sortir comme ça ?

— C'est une blague, y a une caméra cachée, avouez-le.

Il fit non de la tête.

— Vraiment ? Alors qui aurait pu me caser avec quelqu'un comme vous ?

— « Quelqu'un comme vous », répéta-t-il ironiquement, tu me blesses Annadine. Tes parents avaient une bien meilleure impression de ma personne.

— N'essayez pas de me faire croire que mes parents sont derrière tout ça, ils ne me forceraient jamais dans un mariage. Et puis d'où vous connaissez mes parents ?

— Tu ne te souviens donc vraiment pas.

Il me disait quelque chose, mais je n'arrivais pas à mettre la main dessus. C'était surtout ses yeux. La forme, la couleur et ce regard qui me renvoyait vers une époque lointaine. Une époque tellement lointaine qu'elle ne m'était plus accessible. À chaque fois que j'essayais d'y accéder, un voile noir me bouchait l'esprit.

— Est-ce que...je suis censée me souvenir de vous ?

Il plissa légèrement les yeux, comme pour m'examiner.

— Tu ne m'as pas complètement oublié, ai-je tort ? Sinon pourquoi me poserais-tu la question.

Ou bien ce mec savait lire dans les pensées ou il avait un don extrêmement développé pour analyser les gens. Je ne pouvais pas l'expliquer, ce n'était pas clair dans ma tête. Je savais juste que sa présence me rendait...triste.

— Tu n'avais que cinq ans lorsqu'on t'a emmené loin de moi, commença-t-il à narrer, j'ai retrouvé ta trace il y a peu de temps grâce à ta prestation pour le moins...remarquable.

— Ma...prestation ?

Il actionna une vidéo sur la tablette posée à côté de lui et me la montra de là où il était. Merde. Il parlait de cette soirée à laquelle j'avais dansé comme une possédée sur les tables d'une boite de nuit au cœur de Paris. Tout le monde m'avait pris en vidéo ce soir-là et ça avait circulé sur le net durant un petit temps. Je ne comprenais rien, en quoi je l'importais ? Mes larmes commençaient à monter.

— Pourquoi moi ? demandai-je, la voix brisée.

— Parce qu'on m'a promis une femme, je suis simplement venu chercher mon dû.

Non, ça ne pouvait pas être vrai. Comment mes parents auraient pu me faire une chose pareille ? Je ne les avais peut-être pas connus, mais ma sœur m'avait toujours parlé d'eux avec fierté. Ils étaient des gens bien, intelligents, ouverts d'esprit et aimaient leurs enfants plus que tout. Il mentait, il n'y avait pas d'autres explications.

— Je refuse, lançai-je catégoriquement, personne me forcera dans un putain de mariage, vous entendez ? Ramenez-moi chez moi !

Il se mit à ricaner.

— Ton innocence est adorable. Tu ne sais pas encore qui je suis, mais lorsque tu le sauras, tu comprendras que personne ne te donne le choix ici.

Il avait raison, je ne savais pas qui il était, mais je ne comptais pas trainer plus longtemps dans les parages pour le découvrir. Je n'en avais rien à faire de lui ou de ce qu'il clamait. Ce malade mental n'allait pas obtenir ce qu'il voulait de moi. À la première occasion, j'allais me tailler. Pour ça, il fallait que je montre un comportement plus docile, histoire qu'il ne se doute pas de mes intentions. Je me tus donc et me tournai vers la vitre, pleurant toutes les larmes de mon corps, avec une petite pointe d'exagération pour appuyer ma détresse.

— Pleurer ne servira à rien, mais tu peux continuer si ça te chante, dit-il d'un ton impassible.

Je ne répondis pas et ça allait rester ainsi jusqu'à ce que je trouve un moyen de m'échapper. Il ne savait pas non plus qui j'étais, mais il n'allait pas tarder à le découvrir.

***

Elbourg.

Médina ne pouvait pas rester sur place. Ça faisait des heures que son amie avait disparu et toujours aucune nouvelle, tant des médias que de la police. Le cœur lourd, elle alluma son ordinateur portable et fit un tour sur Tchat-On, la plateforme d'échange numéro un en France. Les géants américains comme Facebook, Instagram ou Twitter ayant fait faillite suite à la guerre, chaque pays possédait son propre réseau social. Il n'y avait plus de réseau mondial de partage.

Elle fit défiler sa file d'actualité et vit des personnes de son entourage publier des choses telles que :

« La division narcotique qui fait un raid dans une classe de 200 élèves pour une seule étudiante, il n'y a qu'à #Sainte-Célestine qu'on peut voir ça »

« Enfin notre gouvernement se bouge le cul pour sortir tous ces fouteurs de merde de notre pays #Saint-Célestine »

« Passer toute sa journée enfermé pour attendre de se faire interroger #PutainDeTox #Saint-Célestine »

« Aller hop, expulsée. Suivant ? #Saint-Célestine »

Le dernier était de ce satané Jazon Lamand plus communément connu sous le nom de Jazz. Il avait partagé un article avec son statut. Le premier qu'elle avait vu sur le sujet. Elle l'ouvrit et le lut jusqu'à la moitié. L'article reprenait en fait tout ce que le commandant avait expliqué tout à l'heure dans l'auditoire. Les commentaires en dessous n'étaient que des propos haineux et xénophobes. Elle ne put résister à l'envie de leur répondre.

« Vous me dégoutez ! Depuis quand avoir des problèmes de drogue est un motif pour retirer la nationalité de quelqu'un ? Ce n'était pas la division narcotique française, j'étais là, je les ai entendu parler et je peux vous assurer que ce n'était pas du français. Le gouvernement nous ment, elle n'a pas été expulsée, mais enlevée !!! Il ne faut pas croire tout ce qu'on nous dit, je connais cette fille et c'est quelqu'un de bien. »

Quelques minutes d'attente et n'ayant toujours pas de retour par rapport à son commentaire, elle décida d'actualiser la page. Quelle fut sa surprise de voir que son commentaire avait été supprimé et marqué comme « non conforme aux conditions d'utilisations du site ». Elle s'enfonça dans sa chaise de bureau, cherchant une explication logique à ce qui venait de se passer. C'était étrange, il n'y avait aucun autre commentaire remettant en cause la véracité des avancements de l'article. Pourtant ils étaient deux cents dans l'auditoire, elle et Cassie ne pouvaient pas être les seules à avoir remarqué les discordances entre les dires du commandant de la garde royale et la réalité des choses. Et s'ils étaient tous sous surveillance ? Elle ne sentait plus en sécurité devant son ordinateur. D'un seul coup, elle le clôt.

Ensuite, elle texta ses amis pour qu'ils se rejoignent au Squat. Cette suppression résonnait comme une sonnette d'alarme dans l'esprit de la jeune fille. Un rassemblement immédiat était de rigueur. Elle dévala les escaliers et enfila sa veste en faisant attention de ne pas se faire remarquer par ses parents. Elle ne pouvait pas risquer d'avoir une restriction d'heure.

La bande avait pris place à leur table habituelle du café. Nicole vint à eux avec un plateau. Elle distribua des chocolats chauds et se joignit à eux dans le box.

— Vous êtes surs de ce que vous dîtes ? demanda-t-elle.

Nicole avait été anéantie par la nouvelle. Annadine était sa petite protégée, son rayon de soleil quotidien, ses enfants l'adoraient. Elle ne pouvait pas croire qu'une chose aussi horrible puisse lui arriver.

— Oui, quoi que vous fassiez, il faut toujours se voir en personne pour en parler, n'écrivez jamais rien sur internet, les prévint Médina.

— On fait quoi maintenant ? demanda Nick qui touillait bruyamment dans sa tasse.

Agacée, Cassie lui mit un coup genoux. Il obtempéra sans rechigner chose qui étonna la jeune blonde. Il avait l'air vraiment affecté par sa disparition, il ne jouait pas la comédie cette fois.

— On agit, décida Nicole. On en parle nous-mêmes, on fait du bruit, proposa-t-elle.

— Je pense pas que ça soit une bonne idée, contra Cassie. On risque d'avoir des problèmes.

Jordy se mit à rire, un rire moqueur.

— Bah alors, Cass, on défend plus notre super gouvernement ? Je pensais qu'on était en démocratie ici.

— Oh ta gueule Jo', tu sais que je parlais du roi seulement pas du gouvernement.

— Il est peut-être pas aussi clean que tu le crois non plus, tu devrais arrêter de l'idolâtrer.

— Et toi tu devrais peut-être arrêter de voir des complots partout.

— Vous devriez peut-être arrêter de vous éloigner du sujet vous deux, les rappela à l'ordre Kaylan.

— Merci. dit Médina qui commençait vraiment à en avoir assez de toutes ces tensions dans le groupe. Bon, écoutez tous, je connais un journal indépendant où on pourrait parler de l'affaire. Ça s'appelle « Résistance ». Par contre c'est risqué, on sera exposés, je sais pas ce que seront les répercussions donc si vous ne voulez pas le faire, personne vous en voudra.

Elle fit le tour de la table en commençant par Nicole qui hocha la tête avec détermination. Ensuite vint le tour de Jordy qui fit de même, puis Marcos, Kaylan, et enfin, Cassie.

— Ouais, faisons ça !

— Si on se lance là-dedans, on ne pourra plus se voir en public, dit Jordy presque en chuchotant.

Médina eut comme un déclic.

— Je connais un endroit parfait où on sera en sécurité.

Tout le monde comprit de quel endroit elle parlait et tout le monde était ravi de s'y rendre. Tous sauf Nicole qui malheureusement était prisée par le travail et ne savait se délier avant une certaine heure.

***

Annadine.

On était arrivés à une frontière. Je ne savais pas laquelle et je ne savais toujours pas où on se dirigeait. Il y avait beaucoup de verdure et d'hautes montagnes, l'air était chaud. Si seulement je pouvais apercevoir un panneau ou un quelconque indicateur, mais j'étais mal placée pour apercevoir quoique ce soit et je n'osais pas demander, il me foutait trop la trouille.

Je jetai un coup d'œil par la vitre. J'aperçus des douaniers au loin en train de fouiller la remorque d'un camion. Mon Dieu oui ! C'était ma chance ! Si j'arrivais à attirer leur attention, j'étais sauvée. J'inspectai mon ravisseur. Il était absorbé par sa tablette électronique. C'était maintenant ou jamais. Mes mains étaient moites, le stresse me faisait ronger la peau du pouce, j'avais peur, mais l'instinct de survie avait pris le dessus.

Dans un élan de courage, je sautai sur la portière, l'ouvris et m'enfuis droit vers les douaniers en criant :

— AU SECOURS ! AIDEZ-MOI ! Ils...Ils me retiennent prisonnière ! J'ai été enlevée, je suis française, s'il vous plaît, aidez-moi je vous en supplie ! criai-je désespérément.

Ils étaient au moins trois hommes, habillés en uniforme fédéral surplombé d'un gilet fluorescent jaune. Ils abandonnèrent le contrôle en cours pour venir à ma rencontre.

— Enlevée ? répéta le premier confusément.

— Tout ira bien mademoiselle vous êtes en sécurité maintenant. dit le deuxième.

Je pointai la limo du doigt.

— Le fou qui m'a enlevé se trouve dans cette voiture là-bas !

Et lorsque je croyais que mon calvaire était terminé, mon ravisseur sortit calmement de sa limo tout en enfilant ses lunettes de soleil noires, s'approcha du contrôleur et lui serra la main, toujours avec cette même sérénité. Je sentis mes yeux sortir de leurs orbites.

— Comment vont les affaires Adam ? demanda amicalement le douanier.

Je reculai d'un pas, puis d'un deuxième. Putain je devais être dans un cauchemar, ils étaient de mèches !

— Pour le mieux James, pour le mieux et je le dois aux bons et loyaux services des douaniers.

— Toujours fidèle à l'argent tu sais bien ! Et Je vois que tu t'es offert un petit extra, elle m'a l'air appétissante, dit le douanier en me regardant avec cet air pervers dégueulasse.

Non, mais pour qui il se prenait ce vieux pédophile ?

— Va te faire foutre gros porc !

D'une pulsion enragée, je lui crachai au visage, consciente qu'il s'agissait très certainement de mon dernier acte de rébellion.

— Tu vas voir petite pute ! hurla le douanier en brandissant un poing que mon ravisseur intercepta en plein vol.

Décidément, ce n'était pas aujourd'hui que j'allais me recevoir un œil au beurre noir.

— Tu oserais poser tes sales pattes sur mes affaires James ? dit-il en serrant son poing.

Comment est-ce que ce connard venait de m'appeler ? J'aurais préféré mille fois recevoir cette droite que d'être qualifiée d'objet. Bon vu la pâleur des trois hommes, il ne valait mieux pas que je l'ouvre maintenant. Ils avaient tous l'air extrêmement effrayés par lui, plus qu'un humain normal ne devrait l'être. Il serra encore plus sur son poing. Pendant une seconde, je crus que les doigts du douanier allaient se briser tant il hurlait de douleur, mais il finit par le lâcher.

— Non, bien sûr que non, je...je te demande pardon Adam, pitié, implorait-il.

Adam, il s'appelait donc Adam. Un prénom universel, un prénom qui n'aspirait pas forcément au mal, un prénom qui, curieusement, accentuait ce sentiment de familiarité. Il avait si peur de cet Adam. Tellement peur qu'il ne prenait même pas la peine de se défendre alors qu'il était armé. Qui pouvait-il bien être ?

— Bien, répondit mon ravisseur avant de faire un signe à ses hommes.

Ses sbires vinrent illico m'attraper les bras de part et d'autre.

— Non ! Lâchez-moi ! Ah !

Je me débattais comme une enragée, mais sans résultats. Ils me jetèrent dans la bagnole. Je me retrouvai à terre, sur la moquette. Je fis vite de me relever et de m'assoir à ma place à la tête de la limousine. Mon ravisseur ne monta pas tout de suite, pourquoi n'était-il pas de retour ? Soudain, j'entendis un coup de feu. Je me scotchai machinalement contre la vitre. Celui appelé « Adam » venait de tirer dans la tête du douanier. L'homme gisait au sol, la bouche et les yeux ouverts, le front perforé. Du sang, une mare de sang l'entourant. Je faillis vomir.

Il rejoignit ensuite la limo comme si de rien n'était et s'installa sur le siège du milieu au fond. Il enleva ses lunettes de soleil, les plaça délicatement dans un compartiment prévu à cet effet, prit un mouchoir en tissus et nettoya les quelques gouttes d'éclaboussures sur ses mains. Il se tourna vers moi, la jambe droite positionnée sur le genou gauche, les mains disposées de part et d'autre des sièges attenants celui sur lequel il était assis. Une position plus qu'intimidante.

— Je n'ai apparemment pas été assez clair en ce qui concerne les règles à suivre. Je te préviens donc une bonne fois pour toutes, les tentatives de fuite sont prohibées. Oh et je pense que tu as deviné, mais juste au cas où, absolument personne ne t'aidera dans les forces de l'ordre, ils sont tous sous mon contrôle. Comme je te l'ai déjà dit, tu ne peux pas m'échapper.

Ce mec était un meurtrier. Je n'avais jamais vu une telle cruauté. Il avait tué cet homme pour une simple phrase, une simple phrase. Des larmes ruisselaient sur mes joues, je tremblais à n'en plus pouvoir me contrôler.

— Qui...qui êtes-vous ? le questionnai-je bien que je redoutais fortement la réponse.

— Je ne voulais pas te le dire tout de suite, mais...tu es en présence du chef suprême de la mafia russe, Adam Estéban, pour te servir, annonça-t-il avec le plus effroyable des sourires.

______________

Le tome 1 de The Mortal Wedding sera bientôt disponible à l'édition ebook sur Amazon GRATUITEMENT et pour un petit prix en livre papier un peu plus tard.

en échange, je ne demande qu'une seule chose, votez et spammez moi de commentaires ! Ça peut énormément m'aider pour faire monter l'histoire dans les tops, merci à ceux et celles qui le feront ❤️

-Kat

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