POINT DE VUE D'ADRIEN.
Je pensais que Maelle ne viendrait jamais. Je croyais qu'elle s'était dégonflée, qu'elle n'avait pas bien compris le message ou encore qu'elle s'était perdue mais elle est bien là, devant moi et elle va bien. Je l'attire dans mes bras et la serre fort.
– Je suis désolé. Je suis désolé. Je suis désolé...
Je lui chuchote ces excuses à l'oreille avant de la regarder droit dans les yeux. Elle ne me dit pas un mot et lance son regard vers Kevin.
– Bon alors maintenant, je vais annoncer la couleur. Maelle, je t'avais expliquer la petite histoire qu'il y a eu avec Sidney, oui tu t'en souviens très bien. Maintenant, j'ai quelque chose à te proposer... ça va plaire à Adrien. Je sais à quel point votre amour est aussi fort que celui que je portais à Sidney auparavant et vous aussi vous le savez. C'est ce que nous avons en commun vous et moi. Mais...
Kevin marque une pause en continuant de tourner en rond et de parler à propos de notre relation et de lui et de Sidney. Je ne sais pas pourquoi mais je crains le pire et j'aimerai qu'il ferme sa gueule. Il s'arrête devant Maelle et s'approche à quelques centimètres de son visage, ce qui me fait bouillonner intérieurement.
– Ne t'approche pas d'elle !
– Tu vas venir avec moi, jolie Maelle, ordonne-t-il en ignorant mes paroles.
J'essaie de l'éloigner le plus possible d'elle mais je sais que mes menaces ne serviront à rien. Je ne peux pas simplement me battre avec lui pour régler ça. Il n'y a rien à faire, vraiment rien à part attendre que son chantage passe.
– Que veux-tu, Kevin ? Demande Maelle la voix nouée.
– Si tu veux revoir Adrien vivant, on va placer quelques petites conditions.
Je reste silencieux et observe les iris de ma copine qui se remplissent d'une colère que je n'aurais jamais cru voir en elle, elle qui est si douce et si timide habituellement.
J'essaie de la calmer du regard, de lui faire comprendre que ça va aller mais elle ignore ma présence et se concentre sur Kevin, les lèvres pincées et les bras croisés contre sa poitrine.
– Quelles genre de conditions ?
Sa voix tremble mais elle le supporte avec fierté.
Il s'approche d'elle et lui place une de ses mèches tombantes derrière son oreille.
Je me redresse et plaque violemment mes mains sur les épaules de Kevin pour le reculer de Maelle dont il était trop proche. Je ne supporte pas de voir un autre mec que moi la toucher, encore moins lui, je ne peux pas.
– Ne t'approche pas d'elle, le menacé-je de nouveau en le fusillant du regard.
– Qu'est-ce que tu vas me faire Holens ? Tu crois que tu me fais peur ? Que je m'en prenne à toi, ta petite Maelle, la blonde ou encore Léo qu'est-ce que tu vas me faire, hein ? Qu'est-ce que tu vas me faire ? Répète-t-il de son ton le plus agaçant qui soit.
Il se retourne vers elle, elle n'a pas bronché et paraît si calme. Il approche son visage du sien ce qui l'a fait reculer et percuter Anthony.
– Qu'est-ce que tu veux, Kevin !? M'énervé-je en m'impatientant.
Il tourne autour du pot, il m'énerve, je vais péter un câble. Il ignore ma question et s'adresse à Maelle près de son oreille. Je boue de colère de le voir près d'elle comme ça et le recule de nouveau pour l'éloigner de son corps à quelques centimètre d'elle.
– Je t'ai dit de ne pas la toucher ! Hurlé-je sur lui.
– Tu m'énerves, Holens !
Il m'envoie un coup de poing que je n'avais pas du tout vu venir. Je veux lui rendre mais il attrape mon poing au vol avant de rétorquer :
– Tu sais, je vais bien prendre mon temps pour que tu vois ce que ça fait quand quelqu'un d'autre touche la personne que tu aimes. Je vais prendre mon temps rien que pour te faire chier !
Je dégage brusquement mon poignet de sa main et crache par terre le sang qui coule dans ma bouche.Il se place une nouvelle fois face à Maelle qui a ses deux bras plaqués derrière son dos, tenue par Anthony pour qu'elle ne puisse se débattre. Dans quelle merde me suis-je foutu ? Maelle, je suis tellement désolé...
Elle fronce ses sourcils parfaitement épilés en direction de Kevin sans broncher, attendant calmement que quelque chose se passe pour agir.
– Je pense que tu es au courant que ton mec t'a trompé.
Aller, remue le couteau dans la plaie, connard.
– Il a eu le culot de monter dans une chambre, devant moi avec Sidney pour aller la baiser.
– Je sais ! Arrête !
Ses yeux se remplissent de larmes et elle détourne un léger regard de pitié vers moi.
– Alors je vais faire pareil. Sous ses yeux.
Mes yeux s'élargissent et j'ai l'impression d'avoir mal entendu mais il s'est bien exprimé et là, je pète les plombs.
– Je te demande pardon !?
Ayant un tempérament très impulsif, j'essaie de mettre mon envie de lui éclater sa tête contre la façade du cabanon et de placer mes mains derrière mon crâne pour me calmer.
– Tu t'ai fait plaisir avec la fille que j'aimais ? Pas de souci mon vieux. Je vais te faire le même coup que tu m'a fait pour que tu comprennes.
– Hors de question ! Dis-je en avançant vers Maelle.
– Tu veux revoir ton mec vivant, princesse ? Chuchote Anthony dans son oreille.
Maelle est silencieuse et observe la scène.
– Putain mais t'es vraiment dégueulasse de faire ça, Kevin ! Sidney, c'était son choix elle aurait pu me dire non, tu te rends compte que tu vas la forcer ? T'es vraiment immonde espèce de connard !
– Adrien ! Crie Maelle surprise de mes mots..
– C'était ton choix aussi.
– J'avais bu ! Tu crois que j'ai fais ça par l'envie de tromper ma copine et de lui faire du mal ?! Si j'avais été sobre, jamais je n'aurais fait par respect pour toi car j'en ai quand même un minimum, même après les putains de coups que tu nous a fait et surtout pour ma copine !
— Ne met pas la faute sur l'alcool, tu l'as fait pour chercher la merde et parce que tu en avais envie ! Hurle-t'il sur moi à son tour, tu mérites ce qui t'arrive, pour tout !
Kevin s'adresse cette fois à Maelle en lui prenant la main :
– Tu sais, j'ai quelque chose dans ma poche qui peut te calmer qui tu continue de gesticuler comme ça.
Il sort un couteau de sa poche et le fait glisser entre ses doigts avant de relever la tête vers elle, un sourire au bout de ses lèvres.
Kevin sourit et me regarde attendant une réponse.Je ne veux pas imaginer Maelle avec lui. Non ce n'est pas possible. Je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas !
La pluie commence à tomber, Kevin lève et la tête et s'impatiente.
– Alors, Maelle ? Tu as le choix. Adrien, ou moi ? Dépêche-toi de te décider.
– Maelle ! Il est hors de question que tu fasses ça !
Elle ne dit rien et s'approche de moi. Les gouttes de pluie ruissellent sur sa douce peau blanche.
Je ne peux savoir si elle pleure mais je pense peut-être que ses larmes se mélangent à l'eau du ciel mais l'incertitude me provoque des frissons en la voyant si triste et venir déposer sa main sur ma joue. La situation à laquelle nous faisons face est tellement improbable que je brûle de colère.
Elle baisse le yeux et fixe la chaîne que je porte autour du cou. Elle joue avec doucement tout en me parlant tout bas.
– Je sais qu'il en ai capable, Adrien...
– Non...
– Toi même tu m'as dit qu'il ne bluffait jamais.
Et elle a raison.
Putain mais non ! Rien que l'idée de savoir qu'il va poser ses mains sur son corps, je ne peux pas. Ce n'est pas possible. Je m'attendais à tout sauf à cette saloperie de proposition.
– Je préfère passer un moment comme celui-ci qui ne durera même pas une heure que te voir mourir sous mes yeux et ne plus jamais te voir.
– Non, Maelle... je t'interdis de-
Elle dépose ses lèvres sur les miennes me coupant en plein milieu de ma phrase et essuie ses larmes avant de rejoindre Kevin qui me regarde d'un sourire satisfait que je déteste tant. J'ai envie de le tuer. Ce genre de mecs ne méritent même pas de vivre. C'est juste impensable et inhumain d'agir comme ça, si je pouvais faire quelque chose face à cette enflure sans cœur qui va violer ma copine, je le ferai !
– Elle a un beau cul en plus, lâche-t-il histoire de m'énerver encore plus en descendant son regard vers les fesses de Maelle parfaitement moulée dans son petit jean et de lui donner une tape sur celles-ci.
À ce geste, elle lui envoie une gifle qui résonne contre sa joue mais elle s'en reprend une de suite après. La façon dont il l'a traite me fait exploser et je me jette sur Kevin qui allait fermer la porte du cabanon.
– Espèce de connard ! Je vais te tuer !
Je lui donne quelques coups de poing histoire de lui arranger sa gueule pour le mal qui nous fait et délivre toute ma colère sur lui. Je plaque son corps contre le mur et continue de garder l'emprise que j'ai sur lui. Mes phalanges me brûlent mais peut importe, j'ai besoin de lui péter la gueule, il ne mérite que ça !Morgan et Kevin m'attrape les épaules pour me dégager de Kevin puis me retiennent et m'empêchent de continuer.
Je me retourne et fous un coup à Anthony qui recule suite à mon geste. La colère prend le dessus et je ne me contrôle plus. Impossible de garder mon calme, j'ai envie de tous les buter un part un et me barrer de là avec Maelle. Comment quelqu'un peut se venger de cette façon en y plaçant du chantage ? Je n'en reviens pas.
– Adrien !
La voix brisante de Maelle me rappelle qu'elle n'aime pas me voir énervé et me battre comme ça mais je suis devenu incontrôlable. Chaque coup de point sont pour une raison. Je sens mon regard devenir noir et je continue de le frapper. Il tente de se défendre, m'envoie un coup de tête qui me sonne quelques secondes.
Je respire fort essayant de me calmer, et m'essuie le front. Je recule un instant et un long silence s'installe. Seulement des regards parcourent le lieu où nous nous trouvons, attendant que quelque chose se passe. Kevin crache, il s'essuie la lèvre avec dégoût et fait rentrer Maelle dans le cabanon. Il ferme la porte en lançant un regard qui me désespère.
Ils sont enfermés, là tous les deux. Savoir que Kevin va la forcer, putain !
Je tape contre le grillage qui sépare le bois d'un terrain de tennis et appuie ma tête contre pour souffler et me calmer. Il pleut encore et l'orage commence à arriver. Les gouttes d'eau dégoulinent de mes cheveux et retombe sur ma main. Une larme de colère apparaît. Je la laisse couler elle aussi et me retourne vers Morgan et Anthony qui discutent entre eux mais la pluie qui tapent fort contre le sol m'empêche d'entendre leur conversation. Ils décident de partir et je reste là, seul.
Je reprends ma place sur le rondin de bois face au terrain de jeu et ne cherche même pas à m'abriter, en ce moment même la seule chose qui occupe mon esprit et me rend dingue, c'est le fait que Maelle soit à l'intérieur de ce cabanon et fait quelque chose dont on la force pour me garder en vie. Je sais qu'elle a fait ça pour moi mais ce soir c'est aller trop loin. C'est sur qu'elle n'en a pas envie. J'entends vaguement des bruits de pas derrière moi qui me sortent de mes pensées et au moment ou je me retourne, je vois Morgan et Anthony me dominant de leur hauteur.
Je me lève pour me défendre mais Anthony m'agresse en me plaquant contre le grillage et en envoyant sa main à ma gorge.
– Mais qu-qu'est-ce qui te prend!? Essayé-je de parler.
– Ferme ta gueule ! Hurle Anthony par dessus le bruit de la pluie qui bat le sol.
Je le pousse pour me sortir de là et envoie un coup de pied dans son ventre pour qu'il recule et me laisse respirer.
– Espèce de taré ! Crié-je à mon tour.
Je baisse ma garde pour m'essuyer le visage avec mon t-shirt et les deux secondes d'inattention de ma part servent à Morgan pour me pousser de toutes ses forces et le plus violemment possible, ce qui me fait perdre l'équilibre et tomber par terre. En tombant, ma tête tape contre le muret qui soutient la grille. Je vois flou et je ressens une forte douleur au niveau de mon crâne puis... plus rien.
— Réveille-toi, allez s'il te plaît ! Je ne veux pas rester ici ni partir sans toi ! Reveille-toi...
J'ouvre doucement mes yeux, essayant de reprendre mes esprits. La pluie tape fort encore contre le sol, je suis trempé. Je sens un léger poids près de mes jambes. Je me redresse et Maelle est là, peu-être endormie et mouillée jusqu'au os, à moitié couchée sur le bas de mon corps.
– Maelle ?
Je me relève avec difficulté ayant un mal de tête horrible. Elle ouvre les yeux au son de ma voix. J'attrape son bras pour la soulever. Ses cheveux tombent le long de ses épaules et laissent passer quelques mèches rebelles, dégoulinantes sur son visage.