Nantis

By FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 10 : Just can't get enough

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By FlorieC


                Anna se sentit soudainement tirée en arrière par la main de son petit-ami et elle retomba sur le matelas. Noah passa au-dessus d'elle.

— Tu vas où comme ça ? L'interrogea-t-il.

— J'allais me lever, je pensais que tu dormais.

Pour simple réponse, Noah glissa ses lèvres dans son cou pour l'embrasser tendrement. Son corps descendit peu à peu, de manière à se coller complètement à celui d'Anna, même s'il continuait de forcer un peu sur ses bras pour ne pas l'écraser complètement.

— Tu ne veux toujours pas m'expliquer comment tu as réussi à avoir ce lit ? Ironisa Anna lorsqu'il lui laissa le temps de parler entre deux baisers.

Noah pouffa de rire en se laissant tomber juste à côté de sa petite-amie, s'étirant de tout son long pour profiter du grand lit deux places qu'ils occupaient depuis hier soir.

— Tu ne les as pas menacés quand même ? S'assura Anna.

— Non. J'ai juste fait un jeu d'alcool avec Gautier. Il a perdu.

— Normal, tu ne bois pas.

— C'est un détail que j'ai dû oublier de préciser, ironisa le garçon, Il ne savait pas ce que j'avais dans mon verre.

— J'hallucine ! Souffla Anna en se relevant, un drap sur sa poitrine nue, T'es vraiment prêt à tout pour avoir ce que tu veux.

— Absolument, lui confirma-t-il en posant ses lèvres sur les siennes.

Sa langue glissa jusqu'à celle de la jeune fille et il frissonna lorsqu'Anna effleura avec son pied son mollet. Il releva son visage vers elle, caressa ses joues tendrement et embrassa son front tandis qu'Anna murmura :

— J'ai envie de faire quelque chose.

— Tout ce que tu voudras...

— Noah, pas sexuel, précisa-t-elle.

— Alors quoi ? L'interrogea-t-il, déçu.

— Confessions sur l'oreiller ?

— Non pas ça ! S'exclama-t-il, bien qu'il ne sût pas exactement de quoi elle parlait.

— Allez, s'il-te-plait !

— Mais c'est quoi le principe ?

— On se fait une confession chacun notre tour, expliqua Anna.

— Quel rapport avec l'oreiller ? Rétorqua-t-il en se remettant de nouveau au-dessus d'elle, C'est complètement con comme procédé.

— Non, c'est une preuve de confiance.

— Tu as besoin de connaître l'âge de ma première branlette pour me faire confiance ? L'interrogea-t-il.

Anna leva les yeux au ciel, exaspérée. Il ne pouvait jamais être sérieux plus de deux minutes, spécialement quand il s'agissait de se confier.

— Bien, d'accord, accepta-t-il alors qu'elle n'avait même pas dit un mot, Mais c'est moi qui pose la première question.

— Dis toujours, murmura-t-elle en imaginant le pire.

— A partir de quel moment tu as ressenti quelque chose pour moi ?

La sincérité de sa question laissa la jeune fille sans voix quelques secondes et Noah se rallongea à sa place pour attendre la réponse. La tête dans l'oreiller, il se tourna vers Anna jusqu'à ce qu'elle en fasse de même pour qu'ils se retrouvent tous les deux à quelques centimètres l'un de l'autre.

— La toute première fois ? Interrogea Anna.

— Oui.

— Alors en seconde je suppose, comme toutes les filles.

— Non alors depuis qu'on se connait, insista-t-il, A quel moment tu as réalisé que tu m'aimais ?

— C'est une question difficile, vu que j'ai refusé de l'admettre pendant assez longtemps.

— Réfléchis-y.

Anna resta silencieuse un instant.

— Le jour où je l'ai admis, murmura-t-elle, C'était le premier soir qu'on a passé dans le parc près de chez moi... Ce qui est assez ironique puisque c'est le jour où j'ai compris que tu aimais réellement Ellie. C'était le soir où elle aurait dû partir à Orléans. Tu étais dans un état épouvantable à cause de ça.

— Mais, maintenant, c'est toi qui est avec moi, compléta Noah, Est-ce que c'est une sorte de revanche sur la vie ?

La jeune fille pouffa de rire avant de poser ses lèvres sur les siennes.

— A moi maintenant.

— Tu as une question à me poser ?

— Non, rien en particulier, murmura-t-elle, songeuse, Dis-moi juste quelque chose sur toi, quelque chose que tu n'as jamais dit à personne.

Cette fois, ce fut Noah qui resta silencieux. Le garçon glissa sur le dos, observant le plafond d'un air absent. Il posa une main sur son ventre, hésitant, puis se rétracta. Non, il ne voulait pas parler de ça.

— Pas forcément quelque chose sur ta vie, précisa Anna en remarquant qu'il était gêné, Juste une pensée qui te passe par l'esprit. Je ne sais pas, n'importe quoi que tu aurais envie de dire sans jamais n'avoir osé.

— J'aurais aimé être ta première fois, lâcha-t-il.

Noah se retourna sur son côté gauche pour se retrouver de nouveau face à sa petite-amie et continua :

— Ça m'a rendu dingue quand j'ai appris pour Ethan et toi, enfin, que vous l'aviez fait. Je ne l'avais jamais dit, mais ça m'a toujours énervé. Je ne sais pas pourquoi, j'avais toujours pensé que ce serait moi, ta première fois.

— Et maintenant, c'est toi qui est avec moi, rétorqua-t-elle en reprenant ses mots, Est-ce que c'est une sorte de revanche sur la vie ?

Il l'embrassa en souriant.

— Mon tour, déclara le garçon, Et après ce que je viens de te dire, je veux que tu sois sincère.

— J'ai peur.

— Quand tu l'as fait avec Ethan... C'était bien ?

— J'en étais sûre ! S'offusqua la jeune fille, Non Noah, je ne veux pas vous comparer.

— Allez Anna, insista le garçon, Tu ne me fais pas confiance ?

— C'était ma première fois avec lui, ce n'est jamais terrible, je ne peux pas comparer.

— Je t'en prie, souffla t-il, Tu ne vas pas me faire croire que vous n'avez jamais recouché ensemble depuis ! Tu peux très bien comparer.

— Si je réponds que c'est lui, tu vas me faire la gueule, insinua-t-elle.

— Non, mentit-il, Allez, réponds-moi !

Anna se retourna sur le dos, adoptant la position précédente de son petit-ami et elle murmura, les yeux dans le vide :

— Noah, c'est nul comme question...

— Pourquoi ? L'interrogea-t-il en remontant sur elle, Tu aurais très bien pu me demander pour toi aussi !

— Bien sûr que non, pouffa-t-elle en évitant son regard, Comme si ça allait me traverser l'esprit de te demander de me comparer à Christelle, Gabi, Ellie, et toutes les canons avec qui tu as déjà couchées !

— Tu n'as vraiment pas confiance en moi ? L'interrogea-t-il, vexé, La beauté ne fait pas tout.

— Donc tu insinues que je suis moche ? En conclut Anna en plongeant son regard dans le sien.

— Tu m'énerves ! Souffla-t-il, exaspéré, en se recouchant à côté d'elle, On ne peut jamais rien dire avec toi sans que tu ne l'interprètes comme un reproche !

— Bien, lui accorda-t-elle, J'arrête mes conneries.

La jeune fille remonta sur lui, passant ses bras de chaque côté de son visage et continua :

— Mais, dans tous les cas, non, je n'aurais pas la prétention de te demander si je suis ton meilleur coup.

— Et bien moi, j'ai la prétention de le faire, rétorqua Noah en se relevant pour s'approcher du visage de sa petit-amie, Et j'attends encore ta réponse.

Fatiguée de lui tenir tête, Anna se releva à son tour pour s'assoir contre le torse nu du garçon, ses mains posées sur sa poitrine qui se soulevait légèrement de part sa respiration.

— Très bien, commença-t-elle, Alors disons que je n'ai pas beaucoup d'expériences pour vous comparer sexuellement mais... De ce que j'ai connu... Je ressens plus de choses quand je suis avec toi.

— Tu dis ça juste pour me faire plaisir ?

— Oh mais tu vois ! S'exclama-t-elle en donnant un léger coup contre sa poitrine, Tu me poses la question et tu ne veux même pas croire en la réponse !

— Qui a dit que je n'y croyais pas ? L'interrogea Noah, surpris, Bien sûr que je suis meilleur que lui.

— Alors pourquoi tu poses la question ? Souffla sa petite-amie, blasée.

— Pour te le faire réaliser à toi, répondit-il de suite, Tu y aurais réfléchi sinon ?

— Abruti.

Noah pouffa de rire en enfonçant l'arrière de sa tête dans un coussin moelleux. Il observa longuement la jeune fille qui était toujours assise sur lui, ce qui lui remémora le moment de leur première fois. Il avança ses deux mains vers elle pour venir effleurer ses bras du bout des doigts.

— C'est à toi de poser une question, murmura-t-il.

— Je sais.

— Pourquoi ce sourire ? L'interrogea le garçon, Qu'est-ce que tu as encore trouvé pour me torturer.

— Il y a quelque chose que tu ne m'as jamais dit encore, songea-t-elle en glissant son doigt le long de ses abdominaux.

— Qui est ... ?

— Ta première fois, lâcha-t-elle, C'était qui ?

Noah s'arrêta, attrapant ses deux mains pour les relever de son torse, et enchaina lorsqu'elle plongea son regard dans le sien :

— Qu'est-ce que ça peut te faire ?

— Tu sais pour moi et Ethan, argumenta la jeune fille, vexée par ce ton, Tu peux me le dire aussi.

— Arrête, toi et Ethan, ce n'est un secret pour personne ! Réfuta-t-il de suite.

— Peu importe, souffla Anna en reposant ses deux mains sur sa poitrine, Dis-moi qui était cette fille !

Elle s'arrêta brusquement, le regard dans le vide, avant de murmurer, hébétée :

— A moins que c'était... Oh mon Dieu.... Jared ?!

— Que... Quoi ? Bégaya Noah, perplexe, Mais ça ne va pas !

— Mais ça expliquerait tout ! S'exclama-t-elle en se relevant du lit, passant ses mains dans ses cheveux châtains, Vos blagues douteuses sur les homosexuels, le fait que tu l'aies sauvé de ce trafiquants de drogue quand je te l'ai demandé, ce secret... C'est ça que Jared ne veut pas que je sache ?! Et Ellie ! Enchaina-t-elle comme prise de folie, Ce n'est pas toi qui t'es mis entre eux, mais ELLE entre vous deux !

— Tu... Délires... Complètement, souffla Noah, estomaqué et l'observant faire les cents pas dans la chambre.

— Mais ça explique tout ! Répéta-t-elle.

— Absolument pas, rétorqua-t-il, C'est totalement incohérent comme raisonnement.

Anna s'arrêta un instant pour y réfléchir.

— Oui tu as raison, ce n'est pas très logique en fait, réalisa la jeune fille en se remettant dans le lit.

Elle s'assit sur le rebord, observant Noah qui s'était rallongé, et l'interrogea du bout des lèvres :

— Pourquoi tu ne veux pas me le dire ?

— Gabrielle, lâcha-t-il.

— Gabrielle ? Répéta Anna, hébétée, Tu veux dire ... La Gabrielle d'Ethan ?

— Oui.

— Mais c'était il y a un an !

— Presque deux maintenant, t'es gentille.

— Quoi ? S'écria-t-elle, choquée, C'était elle ta première fois ?!

— Pourquoi t'es aussi surprise ?

— Mais je pensais que tu avais perdu ta virginité en sixième !

— Je t'en prie, souffla-t-il, Qui croit vraiment ça ?

— Mais... Pourquoi ?

— Je ne voulais pas de copines au collège, répondit-il, J'avais Ellie. Ça me suffisait. Et puis, tu sais, quand t'as douze ou treize ans, le seul moyen de coucher avec une fille, c'est de l'avoir pour copine, et pour une période d'au moins un an ! Genre... Comme Ethan et Gabrielle.

— Ouais, murmura-t-elle, sceptique, Elle est au courant ?

— Non. J'étais déjà trop bon, même pour une première fois.

— Ou elle était peut-être trop bourrée pour s'en rappeler ? Proposa la jeune fille.

Noah esquissa un sourire. Il adorait la pointe de jalousie qu'il entendait dans sa voix.

— Quoi ? L'interrogea-t-elle.

— Rien, s'amusa-t-il.

Noah attrapa son avant-bras pour la tirer vers lui. Anna tomba contre le torse du garçon et il dessina de son doigt la courbe de sa colonne vertébrale. La jeune fille frissonna avant de poser ses lèvres sur celles de Noah. Il entrouvrit les lèvres, permettant à leur langue de se retrouver, et glissa ses deux mains sur les hanches de sa petite-amie.

— Debout là-dedans ! Hurla soudainement Ruben en débarquant dans la pièce.

Un cri de surprise s'échappa des lèvres d'Anna tandis que Noah l'attrapa pour la retourner contre le matelas, son dos faisant ainsi barrage entre sa poitrine nue et son imbécile de meilleur ami.

— Dégage, abruti ! S'écria-t-il, sèchement.

— Doucement enfin, souffla Ruben, vexé, en s'asseyant au bord du lit.

— Mais qu'est-ce que tu fais, crétin ? Hallucina Noah en se retournant vers lui, Elle est à poil là, DEGAGE !

— Je suis gay, relativisa le garçon d'un haussement d'épaule.

— Je m'en fiche ! Scanda-t-il, Et moi aussi, je suis nu.

— Calme-toi, j'en ai vu d'autres, répondit Ruben en restant assis sur le matelas.

— C'est censé me rassurer ? Cingla Noah en tirant le drap sur eux deux.

Doucement, Ruben posa sa main sur la couverture au pied du lit et glissa ses doigts entre les poils du tissu d'un air absent.

— Qu'est-ce que tu fais ? Interrogea Anna, surprise.

— J'imagine la nuit parfaite que j'aurais pu avoir avec Gautier dans ce lit, répondit-il en incendiant Noah du regard.

Le garçon leva les yeux au ciel, exaspéré.

— Sérieusement ? Pouffa sa meilleure amie, Tu viens te venger ?

— Ton copain a perdu. C'était le jeu, enchaina Noah.

— Un jeu d'alcool, grinça-t-il entre ses dents, Tu me prends pour un con ?

Noah pouffa de rire et Ruben enchaina :

— Tu as de la chance que je n'en ai pas parlé à Gautier... Le pauvre garçon était déjà assez honteux de nous avoir fait perdre la chambre pour que j'en rajoute une couche.

Tout en disant cela, il s'affala de tout son long au pied du lit.

— Mec, tu comptes vraiment rester avec nous là ? L'interrogea Noah, blasé.

— Bien sûr, Gautier est dans la douche.

— Et c'est précisément ce que je vais faire si tu restes ici.

— Je t'en prie, rétorqua Ruben sans même remarquer le reproche.

Noah se retourna vers sa petite-amie, essayant de garder son calme. C'était leur deuxième journée de vacances et la lumière qui passait à travers les volets laissait présager un temps magnifique. Pas la peine de s'énerver pour si peu, tenta-t-il de se calmer.

— D'accord, souffla-t-il en commençant à sortir du lit, Ruben, tu peux fermer les yeux le temps que je traverse la chambre pour aller dans la salle de bains ?

— Ils sont déjà clos !

Mais c'était bien trop enthousiaste pour être sincère. Décidant de s'en foutre, Noah rejoignit la salle de bains tandis que Ruben ne se gêna pas pour le reluquer de bas en haut. La porte se referma derrière le garçon en un bruit sourd et Ruben sursauta avant de se retourner vers sa meilleure amie.

— Alors ? Interrogea la jeune fille.

— Pas mal, j'avoue, lui accorda Ruben.

— Et je t'interdis de lui parler de notre accord, s'empressa-t-elle d'ajouter en lançant un rapide coup d'œil à la porte close de la salle de bains, S'il l'apprend, je suis morte.

— Arrête, c'est toi qui mourrais d'envie que je vois son postérieur pour me rendre jaloux ! S'exclama Ruben.

— Mais CHUT ! S'offusqua Anna en se jetant sur lui pour poser ses mains sur sa bouche, Et puis, je ne pensais pas que tu viendrais si tôt dans la matinée !

— Excuse-moi, reprit-il lorsqu'elle lui permit de parler à nouveau, Mais au cas où tu ne serais pas au courant, ton imbécile de copain nous a volé notre chambre.

— Quel est le rapport ?

— Gautier est un lève-tôt, enchaina le garçon, Et dans le minuscule lit que vous nous avez laissés, on a été obligés de dormir l'un sur l'autre.

— Le rapport ? Répéta Anna, puisqu'elle ne voyait toujours pas où il voulait en venir.

— Le rapport est que Gautier dormait en dessous et qu'il m'a réveillé quand il s'est levé ! S'exclama Ruben, comme si c'était une évidence depuis le début, Et j'ai toujours du mal à me rendormir une fois que je suis éveillé.

— Passionnant, commenta sa meilleure amie en remontant de nouveau le drap sur sa poitrine, Sinon on fait quoi aujourd'hui ?

— Moi, j'ai quelque chose à régler avec Gautier, répondit le garçon, perdu soudainement dans ses pensées.

Ne voulant même pas en savoir plus, Anna se laissa tomber sur le coussin derrière elle tout en remontant la couverture sur elle. Elle était toujours nue là-dessous.

— Tu peux me passer mes fringues ?

— Elles sont où ? Lui demanda son meilleur ami tout en lançant un rapide coup d'œil autour de lui.

— Aucune idée, prends ce que tu trouves.

Ruben se releva du lit, balaya la chambre du regard, puis il attrapa un tee-shirt qui appartenait vraisemblablement à Anna. Il lui balança le tissu et la jeune fille l'enfila rapidement sous son drap tandis que Ruben se pencha de nouveau vers le sol pour ramasser une culotte :

— Tu en as besoin aussi ? Interrogea-t-il tout sourire alors que le sous-vêtement pendait au bout de son doigts.

— Oui, rétorqua la jeune fille en s'empourprant, Donne-moi ça !

Son meilleur ami lui lança la culotte et il enchaina, amusé, en se rasseyant sur le bord du lit :

— Vous dormez encore nus ? C'est trop mignon.

Anna s'empourpra puis se cacha la tête sous le drap pour enfiler sa culotte.

La porte de la chambre s'ouvrit de nouveau et la jeune fille ressortit sa tête en sursautant. Il s'agissait de Gautier qui venait de se planter devant Ruben.

— Tu es là.

— Je discute avec ma meilleure amie, lui répondit-il, Avec qui tu pensais que j'étais ? Insinua-t-il ensuite avec une moue innocente.

— Personne.

Les deux garçons se toisèrent d'un air inquisiteur et Anna reporta son regard de Ruben à Gautier, puis de Gautier à Ruben. Elle ne comprenait pas ce qui leur arrivait depuis hier soir et elle n'était pas sûre de vouloir le savoir.

— Si ça ne vous dérange pas, je suis toujours en culotte, précisa-t-elle, Donc si vous pouviez discuter ailleurs.

— Ça va, souffla Gautier en rejoignant le lit à son tour, Nous aussi, on a envie de profiter du grand matelas !

Le garçon se glissa sous les couvertures, suivi de près par son petit-ami, tandis qu'Anna pouffa de rire en les observant se blottir dans les bras l'un de l'autre. Ils étaient tellement mignons tous les deux, constata la jeune fille, un sourire aux lèvres.

Ils restèrent ainsi tous les trois jusqu'à ce que la porte de la salle de bains s'ouvre sur Noah qui venait de finir sa douche. Il avait enroulé sa serviette de toilettes autour de ses hanches. De fines gouttes d'eau glissaient le long de son torse et il s'étira en pénétrant dans la pièce. Des soupirs parvinrent à son oreille et Noah se retourna brusquement vers le lit où trois têtes qui sortaient des couvertures le dévorèrent du regard.

— Vous êtes sérieux ? Les interrogea-t-il, fatigué lui-même d'être toujours aussi blasé.

— Rejoins-nous, proposa Anna en sachant pourtant que la proposition le mettrait dans tous ses états.

— Plutôt crevé, rétorqua le garçon, sèchement.

— C'est dommage... Reprit Ruben en caressant la couverture, On aurait pu bien s'amuser. Tu sais, moi, Anna et...

Le garçon laissa sa phrase en suspens et Noah se retourna vers lui, craignant de comprendre l'insinuation.

— Tu lui as dit ?! Explosa-t-il en se retournant vers sa petite-amie.

— Désolée mais je devais lui dire. C'était tellement drôle que tu aies pu imaginer un plan à trois, incluant Ruben.

— Tu es à poil avec deux mecs dans un lit, rétorqua-t-il, Difficile de ne pas l'imaginer, non ?

— Je me suis rhabillée, précisa Anna.

— Enfin tout de même, enchaina Ruben, Comment as-tu pu penser à un truc pareil Noah ?

Le garçon l'incendia du regard pour simple réponse.

— Pourquoi je ne comprends rien ? Interrogea Gautier, perplexe.

— Non, rien mon chou, lui répondit Ruben en l'embrassant furtivement sur les lèvres, Oublie ça.

— Allez, dégagez de la chambre, reprit Noah, Je veux m'habiller.

— Personnellement, ça ne me dérange pas, murmura Ruben en se blottissant dans les bras de son petit-ami.

Noah ferma les yeux en tentant de respirer tranquillement. L'envie de lui en foutre une devenait de plus en plus violente. Ruben était probablement plus détestable que toutes les personnes qu'il détestait déjà, toutes ces personnes réunies, bien-entendu.

***

Anna attrapa une assiette au fond de l'évier pour frotter la sauce qui collait au bord, tout en fredonnant une chanson. Noah, quant à lui, était de corvée essuyage et effectuait sa tâche avec moins d'entrain que sa petite-amie.

Ruben dévala les escaliers quatre à quatre pour débarquer dans la cuisine. Il portait sa combinaison pour faire de la planche à voile, mais n'avait enfilé que les jambes, si bien que le reste du vêtement pendait autour de son torse nu.

— Où est Gautier ? Interrogea-t-il sa meilleure amie d'un air inquiet.

— Comment ça il est où ? Rétorqua Anna en reprenant sa vaisselle, Il est parti sur la plage.

— Déjà ?!

— Oui... Je pensais que vous étiez partis ensemble ? S'étonna la jeune fille en se retournant vers lui.

Eliott, songea aussitôt le garçon.

— Il y a un problème ? Enchaina sa meilleure amie, inquiète.

— Le fourbe, siffla-t-il avant de disparaître de la pièce.

Ruben se précipita dans les escaliers pour finir de se préparer au plus vite. Il n'en revenait pas que Gautier soit parti plus tôt pour prendre de l'avance sur lui. Mais pourquoi l'avait-il mis au défi de draguer ce mec ? S'interrogea-t-il, exaspéré par sa stupidité. Ce qui lui avait semblé amusant hier soir ne le faisait soudainement plus rire. Était-il jaloux ? Non, il n'avait pas le temps de répondre à la question.

Il s'engouffra dans sa chambre, attrapa le bandeau qui servait à lui retenir les cheveux lorsqu'il faisait du sport et l'enfila rapidement devant le miroir de la chambre. Il remonta les manches de sa combinaison et referma la fermeture éclaire à une vitesse dont il ne serait jamais cru capable. Il avait toujours galéré à enfiler ce genre de vêtement extrêmement moulant.

Ruben redescendit l'escalier pour rejoindre la sortie, ne prenant même pas la peine de mettre des chaussures. Dans tous les cas, la maison de Gautier se trouvait juste à côté de la plage où ils faisaient de la planche à voile, à même pas cinq minutes de marche dont la moitié du chemin était du sable.

Au loin, il aperçut son petit-ami qui discutait au bord de l'eau avec Eliott. Son cœur se resserra dans sa poitrine et il augmenta ses foulées, pas loin de piquer un sprint. Réalisant soudainement qu'il avait l'air complètement stupide, Ruben s'arrêta brutalement. Si brutalement d'ailleurs qu'il tomba sur la plage, tête la première dans le sable. Il se releva rapidement, priant pour que Gautier et Eliott n'aient pas assisté à cette scène. Ce qui semblait être le cas puisque les deux garçons continuaient de discuter tranquillement, sans même remarquer sa présence.

Ruben se releva, cracha par terre pour ôter les grains de sable dans sa bouche, et épousseta sa combinaison avec ses mains. Se ressaisissant, il poussa un soupir pour se calmer et les rejoignit à une allure normale, bien qu'il boitât légèrement du pied droit à cause de sa chute malheureuse.

— Salut, rétorqua-t-il en arrivant à hauteur des deux garçons.

— Salut Ruben ! S'exclama Eliott, enthousiaste, Content que tu aies pu venir !

— Comment ça ? S'intrigua le garçon en se retournant vers son petit-ami d'un air outré.

— Gautier m'a dit que tu faisais une sieste quand il est parti. Je ne savais pas si tu venais du coup.

— Bien sûr que je viens, répliqua-t-il, bien qu'il continuât de regarder Gautier avec insistance.

— D'accord, murmura Eliott, perplexe face à sa réaction, Où est ta planche alors ?

— Ma planche ?

— Oui... Ta planche à voile.

— Oh ça ! Réalisa Ruben en remarquant que les planches de Gautier et d'Eliott flottaient tranquillement à la surface de l'eau.

Gautier leva les yeux au ciel en retenant un rire tandis que celui-ci enchaina en se retournant vers Eliott :

— Besoin d'un coup de main !

— Pas de problème, lui assura le garçon en s'éloignant de la mer, Je t'accompagne. Gautier, tu peux vérifier que ma planche ne s'éloigne pas trop du bord s'il-te-plait ?

— Oui, grinça le garçon en fusillant son petit-ami du regard.

Ruben et Eliott s'éloignèrent tous les deux pour rejoindre la cabane de location en bois en haut de la plage, le lieu même où ils s'étaient rencontrés la veille.

Eliott était un garçon d'une vingtaine d'années qui était en vacances chez son oncle et sa tante pour la semaine. Il était un mordu de planche à voile et avait demandé à Ruben et Gautier s'il pouvait les accompagner, vu qu'il ne connaissait personne dans le village. Eliott était grand, musclé, des cheveux châtains, aux yeux verts et un sourire d'ange. Ils avaient accepté sans même y réfléchir.

— Vous avez fait quoi hier soir ? Interrogea-t-il Ruben.

— Pardon ?

— Pour avoir besoin d'une sieste, précisa Eliott, Vous avez dû sortir, non ?

— On est restés dans la maison, répondit-il, Juste entre... Potes.

Il s'étonna lui-même d'en venir à mentir juste pour gagner ce stupide pari.

— Et ce soir ?

— Ce soir ? Répéta Ruben, On pensait sortir justement, c'est notre dernière soirée ici.

— Moi aussi.

— Tu as quelque chose à nous proposer ?

— J'ai entendu parler d'une soirée, répondit le garçon, Ici, sur la plage.

— Génial ! S'enthousiasma Ruben en pénétrant dans la location.

— Alors on fait ça ce soir ? Enchaina Eliott, On se retrouve sur la plage ?

— Oui bonne idée ! Enfin, je dois en parler à mes autres amis avant mais... Écoute, si tu veux, file-moi ton numéro comme ça on se tient au courant.

Eliott approuva d'un signe de la tête et se dirigea vers son sac à dos qu'il avait laissé dans la cabane en bois. Il en sortit son téléphone portable et le tendit à Ruben qui enregistra son numéro dans les contacts. Puis les deux garçons rejoignirent la personne qui tenait l'accueil pour l'informer qu'il prenait une planche pour l'après-midi. Avec son aide, ils sortirent tout le matériel nécessaire et trainèrent la planche jusqu'à la mer, tout en continuant de discuter.

Arrivés au bord, Ruben plongea sa cheville droite dans l'eau froide et il esquissa discrètement un sourire de soulagement. Il ne s'était pas loupé en tombant.

Gautier les rejoignit pour les aider à mettre la voile bien à plat à la surface de l'eau.

— Pas beaucoup de vent, commenta Eliott en observant le ciel.

— Non, il va falloir attendre un peu avant de monter dessus, approuva Gautier.

Toutefois, le garçon s'installa à califourchon sur sa planche et leva son visage vers les rayons du soleil pour en apprécier la chaleur.

— Il fait chaud, enchaina-t-il en faisant glisser la fermeture éclaire de sa combinaison, Autant en profiter pour bronzer.

Tout en disant cela, il ôta les manches et descendit sa combinaison jusqu'à sa taille, laissant apparaître son torse musclé par la planche à voile et le handball.

Ruben parcourut la perfection de son corps en retenant un soupir d'aise, jusqu'à ce qu'il réalise brutalement que Gautier ne s'était vraisemblablement pas déshabillé pour lui et son regard bifurqua de suite vers Eliott qui ne se gênait pas non plus pour observer son petit-ami.

Furieux, Ruben se racla la gorge ce qui attira l'attention sur lui.

— Euh, murmura-t-il alors que les deux garçons étaient tournés vers lui, J'ai un chat dans la gorge.

— Il faudrait que je passe un coup de fil à ma tante, songea Eliott, Je peux vous laisser ma planche le temps de l'appeler ?

— Bien sûr, répondirent-ils en chœur.

Comme Gautier était assis sur sa planche, Eliott se contenta de faire glisser la sienne jusqu'à Ruben qui était toujours debout, l'eau de la mer lui arrivant à la taille. Il s'éloigna pour rejoindre la plage tandis que Ruben avança de quelques pas pour attraper la planche du garçon.

— Qu'est-ce que tu t'es fait à la cheville ? S'inquiéta Gautier.

La grimace, pourtant discrète, de son petit-ami n'aurait pu en aucun cas lui échapper.

— Rien, répondit Ruben.

Gautier sauta de sa planche pour le rejoindre et il répéta :

— Qu'est-ce que tu t'es fait ?

— Tu as enlevé ton tee-shirt ?! Rétorqua Ruben pour simple réponse.

— Tu lui as bien fait le coup du sourire !

— Le coup du sourire ? Répéta le garçon, hébété, C'est quoi le coup du sourire ? Je souris tout le temps !

— Non pas comme ça, réfuta Gautier, Ce sourire-là... C'est le mien.

Ruben pointa son doigt vers les abdominaux de son petit-ami, le faisant glisser jusqu'à son nombril, et rétorqua :

— Ça aussi, c'est à moi.

Les deux garçons s'observèrent dans le blanc des yeux pendant quelques secondes, en silence.

— C'est ridicule, souffla Gautier, Qu'est-ce qu'on cherche à prouver au juste ?

— Que j'ai plus de charme que toi, répondit Ruben de suite, Ce qui me semble plutôt bien parti.

— Et pourquoi ça ?

— Eliott vient de prendre mon numéro pour ce soir... Et je n'ai pas eu besoin de me déshabiller pour ça.

Le visage de Gautier marqua un rictus d'énervement tandis qu'il lâcha, sarcastique :

— Est-ce que tu viens de me traiter de gigolo ?

— Non. J'insinue juste qu'on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, répondit Ruben, Maintenant range-moi tes biscoteaux et laisse mon sourire naturel faire tout le travail.

— Je risque de les ranger pour un assez long moment si tu continues comme ça.

— Tu me fais du chantage sexuel ? Hallucina-t-il.

— J'insinue juste que je ferai ce que je veux avec ce que j'ai, rétorqua Gautier en reprenant ses mots.

Ruben resta planté en face de lui. Il n'aimait pas quand il se fâchait avec Gautier, spécialement quand le sujet de leur dispute était aussi pitoyable que celui qu'ils venaient de s'inventer.

— J'ai mal à ma cheville, murmura-t-il en derniers recours.

— Que... Quoi ? Bégaya Gautier, T'es sérieux là ? Tu vas m'attendrir comme ça ?

— J'ai mal.

— Tu... Bon sang, tu m'énerves quand tu fais ça ! S'exclama Gautier, halluciné par la moue dessinée sur son visage, Mais qu'est-ce que tu t'es fait ?

— Je suis tombé, répondit Ruben en se rapprochant de lui doucement, Je crois que je me suis tordu la cheville.

— Si c'était vraiment le cas, tu n'aurais pas réussi à marcher jusqu'à la cabane de location avec Eliott, le rembarra-t-il.

— Je souffre, insista-t-il.

— Je te déteste Ruben.

— ... Terriblement.

A bout d'argument, et ne trouvant plus la force de le rembarrer, Gautier se contenta d'ouvrir ses bras et Ruben se lova à l'intérieur en souriant.

— Je te préviens, rétorqua-t-il en refermant son étreinte sur le corps de son petit-ami, Je ne laisse pas tomber ce pari. Je te prouverai que j'ai autant de charme que toi.

***

Anna ferma les yeux, appréciant la sensation des rayons du soleil qui s'échouaient sur son visage. Elle avait enfilé un haut de maillot de bain, mais avait gardé son short en jean. Elle était allongée sur sa serviette, en face de la mer, et ses mains jouèrent avec le sable qu'elle faisait glisser entre ses doigts. Soudainement, elle sentit un contact humain. Une main venait d'attraper la sienne. Elle ouvrit les yeux, observant son petit-ami allongé à ses côtés. Noah venait d'enfiler ses lunettes de soleil Rayban. Il était torse nu. Beau comme un Dieu.

Anna détacha son regard de son corps parfait pour se retrouver sur le dos. La jeune fille observa le ciel bleu et les quelques nuages qui avaient la désagréable tendance à cacher les rayons de soleil, à intervalles irréguliers.

— Tu sais, murmura-t-elle en continuant de fixer le nuage avec intensité, Quand je regarde le ciel comme ça, je m'imagine un homme en costard en train de tomber sur moi.

— Pourquoi tu imagines un truc pareil ?

— Je ne sais pas... Tu vois quoi toi, quand tu regardes le ciel ?

— Des oiseaux, des nuages, des avions, ironisa Noah.

— Qu'est-ce que tu es rationnel ! Tu ne veux pas laisser libre court à ton imagination des fois ?

— Je crois en Dieu Anna, il existe moins rationnel ?

La jeune fille resta silencieuse.

— Pas faux, lui accorda-t-elle après un instant.

Elle se retourna vers Noah, glissant une de ses mains sur sa joue pour s'en faire un oreiller, et songea qu'elle allait poser une des questions les plus stupides qu'elle n'ait encore jamais posées :

— Pourquoi tu crois en Dieu ?

— Au cas où, répondit le garçon sans même se retourner vers elle.

Anna esquissa un sourire avant de se relever légèrement de sa serviette. Au loin, elle apercevait Gautier, Ruben et un garçon qu'elle n'avait jamais vu en train de monter sur leurs planches. Manifestement, il n'y avait pas assez de vent pour qu'ils puissent avancer.

— Quand j'étais petit et que je regardais le ciel, reprit Noah, ce qui la fit se retourner vers lui, J'imaginais ma mère. Comme je disais à tout le monde qu'elle était morte, je ne sais pas, je crois qu'une partie de moi avait fini par y croire. Alors je l'imaginais dans le ciel... Jusqu'à ce que j'apprenne qu'elle était sur les trottoirs.

— Tu as envie de la rencontrer ? L'interrogea Anna en se rallongeant sur sa serviette.

— Tu as envie de revoir ton père, toi ?

— Non, mais ce n'est pas pareil. Moi, je l'ai déjà connu mon père. Toi, tu pourrais peut-être apprendre à la connaître.

— C'est une pute.

— Oui et bien le monde n'est pas tout rose, relativisa sa petite-amie, Grandis avec.

Noah releva ses lunettes de soleil sur son crane en pouffant de rire. Il se releva de sa serviette, monta par-dessus la jeune fille et l'embrassa tendrement sur les lèvres. Son torse brulant par les rayons du soleil vint la réchauffer et Anna referma ses bras autour de lui pour l'emprisonner dans son étreinte. Le garçon déplaça ses lèvres jusque dans son cou et embrassa sa peau, commençant peu à peu un suçon jusqu'à ce qu'une voix masculine ne résonne derrière eux.

— Le porno sur la plage, ce n'est pas le moment.

Ils sursautèrent tous les deux, se retournant vers Gautier qui venait de s'asseoir sur la serviette de Noah, la mouillant au passage, puisqu'il portait encore sa combinaison.

— Et bien quelle humeur, ironisa Anna alors que Noah venait de se relever pour s'asseoir au bout de sa serviette.

— C'est à cause de Ruben et ce type, grommela-t-il en désignant d'un vague geste de la main le bord de l'eau où les deux garçons étaient en train de discuter, assis sur leurs planches respectives.

— Tu ne veux pas nous expliquer votre jeu débile avant ? L'interrogea la jeune fille.

— On fait juste un pari pour savoir lequel de nous deux sait le mieux draguer, répondit Gautier, Franchement... On peut être sérieux deux minutes, qui est le plus beau de nous deux ?

— Toi, répondirent Anna et Noah à l'unisson, et ce, sans une once d'hésitation.

— On est d'accord, rétorqua Gautier en frappant le sable d'un coup de main.

— Mais Ruben a plus de charme, commenta Anna.

— Non, je ne trouve pas, nuança Noah, Il a vraiment une gueule de con.

— Merci ! S'exclama Gautier... Enfin non ! Retire ce que tu viens de dire !

Noah bifurqua son regard vers l'océan, loin d'aller à l'encontre de ce qu'il venait de dire, et Gautier décida de laisser tomber. De toute façon, Noah n'était pas objectif vis à vis de Ruben. Il bifurqua son regard vers Anna qui venait de s'asseoir en tailleur sur sa serviette et enchaina :

— Tu penses qu'il va gagner du coup ?

— Je ne sais pas, je ne connais même pas le type que vous draguez.

— Comment vous savez qu'il est gay d'abord ? Enchaina Noah en se retournant vers eux deux.

— Gay-radar, répondit Gautier en montrant le bout de son nez comme pour indiquer qu'il avait le flair pour ça.

Peu convaincu par la réponse, et n'appréciant pas réellement le sujet de conversation, Noah se releva de la serviette de sa petite-amie et étira son dos, face à la mer.

— En même temps, si tu as tellement peur qu'il gagne, pourquoi est-ce que tu viens de les laisser que tous les deux ? L'interrogea Anna, surprise.

— Il faut que je passe à la pharmacie.

— Pourquoi ? Tu t'es blessé ?

— Non, mais Ruben a mal à la cheville, je vais voir ce qu'ils ont.

— Alors c'est toi qui te charge de la corvée pendant qu'il se la coule douce avec l'autre mec ? Hallucina Noah.

— Non, il ne sait pas que j'y vais, il n'aurait pas voulu sinon.

Anna observa le garçon pendant un instant. Gautier était comme... La perfection incarnée. Prévenant, protecteur, adorable, il était vraiment fou amoureux de Ruben. Même après tout ce que le garçon lui avait fait subir avec Borja.

— Il ne te mérite pas, murmura-t-elle, amusée.

Bien qu'au fond, elle doutât elle-même qu'elle était en train de plaisanter.

— Je sais, déclara Gautier en se relevant, Je prends la voiture du coup. Noah, ça ne te dérange pas ?

— Non, vas-y.

Le garçon s'éloigna, sa combinaison gouttant sur le sable de la plage qu'il traversait à vive allure pour rejoindre la maison.

— Ils sont cons quand même, murmura Anna lorsqu'il fut assez loin pour ne pas l'entendre, Imagine si on jouait à ce jeu-là, nous aussi.

— Où serait l'intérêt ? L'interrogea Noah, On est sûr que je gagnerai.

La jeune fille l'incendia du regard pour simple réponse et elle se rallongea sur sa serviette, en profitant pour assener un coup de pied dans les jambes de Noah qui se tenait juste devant elle.

— Hey ! S'exclama-t-il en reculant d'un pas, Doucement !

— Crétin, siffla-t-elle en fermant ses yeux.

— On reprend où on en était ?

— Non, rétorqua-t-elle, vexée, Je ne veux plus.

Noah esquissa un sourire avant de glisser vers sa petite-amie pour l'embrasser. Il ne l'avait pas cru une seule seconde.

***

Ruben se servit un fond de tequila avant d'en verser un peu dans le verre de sa meilleure amie. Il y avait une quinzaine de jeunes sur la plage, ce soir. C'était certes loin d'être la fête de l'année, mais l'ambiance était conviviale et le paysage parfait : le soleil couchant au bord de la mer. Il faisait beau et il y avait juste ce qu'il fallait de vent frais pour justifier leur prise d'alcool pour se réchauffer.

Les deux amis avalèrent le contenu de leur verre après avoir trinqué dans leur gobelet en plastique. L'alcool passa leur œsophage, leur extirpant une grimace, et ils se retournèrent tous les deux vers le coucher de soleil pour apprécier la beauté de cet instant.

Anna sentit Ruben glisser sa main dans la sienne et le garçon murmura, le regard toujours plongé vers l'horizon.

— Je n'ai pas envie de rentrer sur Paris.

— Moi non plus.

Ils se retournèrent l'un vers l'autre, esquissant un sourire, puis reposèrent leur gobelet vide sur la table de camping installé pour l'occasion sur la plage.

— Alors, il est venu votre gars ? Enchaina Anna, curieuse, en jetant un coup d'œil autour d'elle.

— Non, il n'est pas encore là, répondit Ruben, Au fait... Rien à voir, mais je te trouve magnifique ce soir.

— Merci, sourit la jeune fille en s'empourprant légèrement.

Sur les conseils de son meilleur ami, Anna s'était lissée les cheveux. Elle portait une robe blanche cintrée juste en dessous de la poitrine et évasée sur les hanches. Sa peau avait légèrement bronzée pendant ces quelques jours de soleil. Et, comme à son habitude, elle ne portait que très peu de maquillage, juste un peu d'eye-liner au-dessus des cils.

— Où est Noah ? L'interrogea-t-il.

— Je crois qu'il est rentré à la maison pour se changer, quelqu'un lui a renversé son verre dessus. Ça va ta cheville ?

— Oui, Gautier a pris de la crème à la pharmacie et maintenant ça va mieux.

Anna voulut lui répondre, mais Ruben attrapa son bras, lui désignant d'un geste de la tête les deux personnes qui venaient d'arriver.

— Il est là.

— Eliott ? Comprit-elle en se retournant vers la direction qu'il lui indiquait.

Le visage de la jeune fille marqua un temps d'arrêt. Celui où elle se retint pour ne pas exploser de rire.

— Mais... Bégaya Ruben.

N'en pouvant plus, un rire s'échappa de sa gorge et Anna se retourna vers son meilleur ami dont le visage se décomposait peu à peu.

— Vous avez vu ?! S'exclama Gautier en débarquant à côté d'eux.

— Il a une copine ? Balbutia Ruben, encore sous le choc.

Anna éclata de rire de nouveau en se tenant les côtes tandis que les deux garçons reportèrent leur attention sur le couple qui venait d'arriver sur la plage. Eliott et la magnifique jeune fille asiatique à laquelle il tenait la main.

— Putain, il n'est pas gay, souffla Gautier sous le choc en posant sa main sur l'épaule de son petit-ami, C'est la première fois que je me trompe sur quelqu'un.

— C'est génial, pouffa Anna, toujours morte de rire.

— C'est bon, tais-toi, grommela Ruben, vexé.

La jeune fille s'arrêta de rire, bifurquant son regard vers la plage. Une partie de volley-ball était en train de se préparer et elle enchaina, joyeusement, pour leur faire oublier leur violente désillusion :

— Allez venez, on va faire une partie !

— On te rejoint après, murmura Ruben.

— Ce n'est pas la mort, souffla la jeune fille, Estimez-vous heureux, au moins, il n'y a ni perdant, ni gagnant !

— Ouais, marmonna Gautier, sceptique.

— Moi j'y vais en tout cas ! S'exclama la jeune fille en les quittant pour rejoindre la partie.

Elle débarqua précisément au moment où Eliott et sa petite-amie arrivèrent à leur tour sur le terrain et elle les salua sous le regard perplexe de Ruben et Gautier.

— Bien, commenta Gautier, On n'aura jamais de réponse du coup.

Ruben se retourna vers son petit-ami, lançant un coup d'œil à la table derrière lui, et il enchaina :

— On se prend un autre verre ?

— Non merci. J'ai assez bu hier soir, je m'en passerai.

— Allez, ne fais pas ta tapette ! Pouffa Ruben en attrapant une bouteille d'alcool.

Gautier leva les yeux au ciel, rejoignant le garçon.

— T'es con.

— Tu veux quoi ? Enchaina Ruben.

— Non vraiment, je n'ai pas envie de boire.

— Sérieux ? Souffla-t-il, déçu, Tu ne vas pas nous la jouer comme Noah !

— Comme Noah ? Répéta Gautier, Quel rapport ?

— Parce qu'il ne boit jamais d'alcool.

— Quoi ? Mais si, j'ai fait un jeu hier soir avec lui !

Le visage de Ruben se referma. Il avait oublié cet élément de l'histoire.

— A ce propos, murmura-t-il, gêné, Il s'est foutu de toi. Ce n'était pas de l'alcool dans son verre, il ne boit jamais.

— Quoi ? Tu le savais ?

— Je n'étais pas avec vous au moment du jeu, relativisa Ruben, Et puis une fois que c'était fait, c'était trop tard. Qu'est-ce que ça aurait changé que je te le dise ?

— Pleins de trucs ! Je passe pour un con moi ! Il est où ?

— Qui ?

— Mais Noah !

— Il est rentré à la maison pour se changer ou je ne sais quoi.

— J'y vais.

— Mais où ça ? S'étonna Ruben.

— Mais à la maison ! Explosa Gautier, Arrête de boire sérieux, tu ne captes rien ce soir !

Il embrassa son petit-ami sur les lèvres en lui retirant le verre des mains, ce qui fit grogner Ruben. Gautier vida le contenu de son verre sur le sable sans se laisser amadouer, puis il s'éloigna pour rejoindre la sortie de la plage.

D'un pas tranquille, il rejoignit sa maison de vacances et pénétra à l'intérieur. La pièce était dans le noir et il s'étonna de n'y entendre aucun bruit. Noah était-il reparti en laissant la porte ouverte ?

Un bruit résonna à l'étage et il monta les escaliers quatre à quatre. Il tomba nez à nez avec Noah dans le couloir. Le garçon venait de se racler la gorge, les yeux rougies, et il s'arrêta un instant devant lui.

Une sensation étrange saisit Gautier, perdu dans ce regard qu'il avait l'impression d'avoir déjà vu quelque part. Un mélange de culpabilité et de honte au fond des pupilles.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? Grinça Noah.

— Rien, balbutia-t-il.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je... Je ne sais plus.

Noah le toisa de bas en haut d'un air suspect. L'avait-il entendu ? S'interrogea le garçon, inquiet, en ravalant sa salive. Geste qui lui brula la gorge et il toussa de nouveau en détournant son regard.

— Je retourne sur la plage.

— Attends, murmura Gautier.

— Quoi encore ?

Gautier attrapa la main de Noah sans réfléchir. Au niveau des phalanges, une fine trace de dent apparaissait sur la peau.

— Tu t'es fait vomir ?

— Quoi ?! S'exclama Noah en retirant sa main brusquement, Mais non ! Ta gueule !

Le garçon s'était reculé de pratiquement deux pas, mais c'était une distance qui ne lui suffisait pas. Ça ne suffisait pas à cacher le regard de Gautier. Un regard empli de peine et de pitié. Il haïssait ce regard.

— Je... Reprit Gautier, Ma cousine était boulimique.

— Je m'en fous, siffla-t-il, Je ne le suis pas. Tu délires.

— Noah. Je connais ce regard.

— Non, réfuta-t-il, Non.

Gautier resta silencieux, observant le garçon d'un air attristé avant d'énumérer calmement :

— Tu viens de vomir, tu as une trace sur les doigts, tu pleures.

— Je ne pleure pas.

— Pourquoi tu...

— Je t'interdis de parler de ça à quelqu'un, reprit Noah, sèchement, en posant sa main sur le torse du garçon pour le plaquer violemment contre le mur derrière eux.

— Calme-toi, souffla Gautier dont le coup venait de lui extirper une grimace, Calme-toi.

— Rien, répéta Noah, Il ne s'est rien passé.

— D'accord, accepta-t-il dans l'espoir qu'il le relâche.

Ce qu'il fit aussitôt, puisque Noah se recula d'un pas avant de dévaler les marches des escaliers les unes après les autres, sans même se retourner vers lui.

Le garçon se précipita vers la porte d'entrée, l'ouvrit en grand, et sortit de la maison en la claquant derrière lui. Le vent frais qui souffla sur son visage lui rappela de respirer et Noah inspira un grand coup en sentant ses jambes défaillir. Il se retourna vers la maison, guettant que Gautier n'en sorte pas, puis il se précipita vers la plage.

Le soleil s'était définitivement couché à l'horizon, mais le ciel avait encore cette couleur orangée au bord de l'eau. Le reste du ciel était gris, presque noir, et rempli d'étoiles scintillantes.

Noah s'arrêta au bord du sable, réalisant qu'il avait couru pour arriver jusqu'ici. Il lança de rapides coups d'œil autour de lui, cherchant Anna des yeux. Il ne la trouva pas. Il avança de quelques pas entre les jeunes qui dansaient sur la plage, une musique venant probablement d'un Ipod résonnait à côté de lui, et il arrêta un garçon à l'air familier.

— Eliott, n'est-ce pas ? L'interrogea-t-il.

— Oui, c'est moi.

— Tu sais où est ma copine ?

— Elle fait un bain de minuit avec Ruben, l'informa le garçon en lui désignant les deux têtes brunes qui sortaient de la surface de la mer.

— Il n'est pas minuit, balbutia Noah.

Il s'arrêta en se demandant pourquoi il l'avait précisé. Comme si ça avait une quelconque importance à cet instant.

— Merci, reprit-il avant de quitter Eliott pour rejoindre le bord de l'eau.

Il entendit les rires de Ruben et Anna qui se furent plus distincts à mesure qu'il se rapprochait d'eux et songea qu'ils étaient probablement en état d'ébriété. Le rire de sa petite-amie était différent quand elle était saoule.

Noah ôta ses espadrilles et plongea ses orteils dans la mer. Elle était gelée, littéralement, ce qui n'était pas étonnant puisqu'on n'était que fin avril et qu'il s'agissait de la Manche. Désormais, il avait la certitude que Ruben et Anna étaient bels et bien ivres. Aucun de deux n'aurait pu supporter cette température dans le cas contraire.

— Anna ? Appela-t-il.

La jeune fille se retourna vers lui et, lorsqu'elle l'aperçut au bord de l'eau, elle se releva pour lui faire un signe de la main. La mâchoire de Noah se décrocha de stupeur tandis que Ruben explosa de rire. Anna, quant à elle, replongea immédiatement sous l'eau en cachant sa poitrine.

— Vous êtes nus ?! Hallucina Noah.

Son regard tomba sur le tas de vêtement à côté de lui. Pourquoi ne l'avait-il pas remarqué avant ? S'interrogea le garçon en donnant un léger coup de pied dans le sol pour recouvrir de sable le tee-shirt qui semblait appartenir à Ruben.

— Je rêve, souffla-t-il en esquissant toutefois un sourire.

— Il est où Gautier ? L'interrogea Ruben au loin.

— Je ne sais pas, marmonna Noah en se refermant aussitôt.

— Tu nous rejoins ? Enchaina Anna en faisant glisser sa main à la surface de l'eau, Elle est trop bonne !

— J'en doute, ironisa-t-il.

— Si c'est moi qui te gêne, je peux partir ! Intervint Ruben.

Noah se retourna vers lui et le garçon l'interrogea, incrédule :

— Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?

— Si tu savais combien de fois j'ai rêvé de t'entendre me dire ça.

— Ah, ah, ironisa Ruben, Allez, de toute façon, je vous laisse. Il faudrait quand même que j'aille parler à Eliott moi !

Avec difficulté, et probablement parce qu'il était bourré et que ses jambes en état d'hypothermie avaient vraisemblablement du mal à le faire tenir debout, Ruben s'échappa des vagues à une lenteur exaspérante. Noah détourna son regard lorsque sa taille commença à sortir de l'eau même s'il devait lutter contre une certaine curiosité qu'il n'aurait jamais assumée.

Ruben débarqua sur la plage après quelques minutes, se précipita sur ses vêtements plein de sable, et il les enfila sans même chercher à s'essuyer.

— Vas-y Noah, elle est vraiment bonne.

— Qui ça ? Ma copine ?

— Mais non la mer ! S'exclama Ruben avant de pouffer de rire.

Il s'éloigna en riant pour rejoindre la soirée et Noah l'observa tituber au loin sans rien dire. Au fil du temps, il devait reconnaître qu'il arrivait un peu plus à le supporter.

Le garçon se laissa tomber sur le sable fin, observant sa petite-amie qui continuait de nager au loin, et il l'interrogea :

— Tu vas vraiment rester dans l'eau toute seule ?

— Pas toute seule, rétorqua-t-elle en se retournant vers lui, Tu vas me rejoindre.

— Non.

Noah ne se cru pas lui-même et il ôta son tee-shirt qu'il posa à côté de la robe blanche de la jeune fille. Il lança un rapide coup d'œil derrière lui pour voir si on le regardait. Ce n'était pas le cas. La fête battait son plein bien plus haut sur la plage et il faisait désormais trop sombre pour qu'on puisse les voir de là-bas. Rapidement, le garçon retira son jean et son caleçon. Il plongea un pied dans l'eau, frissonnant à son contact, et réalisa qu'il n'était pas prêt de rejoindre Anna s'il rechignait autant. Il expira un grand coup et s'enfonça dans l'océan. La scène qui venait de se passer avec Gautier lui revint en mémoire et le froid lui permit de ne pas s'effondrer dans l'eau. Allait-il en parler à quelqu'un ? S'interrogea Noah, la mâchoire crispée. Bien sûr, songea-t-il, exaspéré, A Ruben du moins... Qui en parlerait à Anna, qui en toucherait probablement un mot à son père, et puis tout le monde finirait par être au courant.

— Noah, ça va ? Interrogea Anna en le rejoignant, Elle est si froide que ça ?

Le garçon se mit à trembler, non pas à cause de cette mer glaciale, mais par la catastrophe qui l'attendait. Il resserra ses poings tandis que sa petite-amie le rejoignit de plus en plus inquiète. Noah sentit des larmes lui piquer le coin des yeux. Lui qui avait toujours réussi à tout contrôler. L'avenir lui échappait soudainement. Tout pouvait s'effondrer d'un moment à l'autre.

Anna s'arrêta devant lui et, sans réfléchir, il attrapa la jeune fille dans ses bras et les plongea tous les deux dans la mer. Leurs corps claquèrent à la surface de l'eau plus violemment qu'il ne l'avait voulu. Anna avait déjà le visage mouillé, le choc thermique fut donc plus douloureux pour Noah. Le froid venait d'entrer brutalement dans ses narines, sa bouche, ses paupières, paralysant chaque muscle de son visage. Pourtant, la sensation le soulagea. Il remonta à la surface, Anna toujours dans ses bras, et il sentit la jeune fille lui cracher de l'eau de mer à la figure.

— Pourquoi tu as fait ça ? L'interrogea-t-elle, ahurie, en passant une main dans ses cheveux mouillés pour les faire tenir en arrière.

Bonne question, songea-t-il. Peut-être était ce le seul moyen qu'il avait trouvé pour ne pas exploser en sanglots, là, tout de suite.

Noah relâcha son étreinte et Anna se recula légèrement du garçon. Il passa une main dans ses cheveux, faisant voler autour de lui des fines gouttelettes d'eau.

Anna l'observa en silence. La lumière de la lune se reflétait sur l'eau et venait éclairer son visage. Ses traits durs contrastaient avec la beauté de son regard. De grands yeux noirs en amendes, des cils fins, et le regard perdu dans ses pensées.

— Tu es vraiment beau, se surprit-elle à prononcer à voix haute.

Le regard de Noah s'arrêta sur sa petite-amie.

— Oui tu le sais déjà, reprit Anna, Mais...

— Tu te trompes, l'interrompit-il, Ça me fait vraiment plaisir de te l'entendre dire.

Anna glissa son regard vers la surface de l'eau. Pourquoi n'osait-elle pas soutenir son regard ? Elle vit sa main trembler sous l'eau. Elle était gênée parce qu'elle sentait les yeux de Noah se poser sur elle avec insistance. Ils étaient ensemble, songea-t-elle, Pourquoi était-elle si timide d'un seul coup ?

— Je sais que tu ne veux pas que je te compare, reprit Noah en se rapprochant d'elle, Mais je te trouve plus belle que Gabrielle et Christelle.

Noah n'avait pas évoqué le nom de sa meilleure amie, mais Anna ne trouva pas la force de le lui faire remarquer. Il fallait bien reconnaître qu'Ellie Lefevre était la beauté incarnée. Même elle l'admettait malgré toute la haine qu'elle lui vouait.

— Tu as quelque chose de spécial Anna, continua Noah en s'arrêtant devant elle, Tu es... ? Je ne sais pas... Réelle, en quelque sorte.

— Réelle ? Répéta-t-elle, surprise.

— Chez toutes les autres filles que j'ai rencontrées, il y avait l'image qu'elles donnaient et celle qu'elles étaient vraiment. Chez toi, j'ai l'impression que ces deux images sont les mêmes. Malgré tous les efforts que tu peux faire, tu n'arrives pas à cacher ce que tu ressens. On lit en toi comme dans un livre ouvert.

— A t'entendre, on pourrait croire que je suis quelqu'un de simple... Pourtant j'ai souvent du mal à me comprendre moi-même.

— Non, ce n'est pas ce que j'ai dit, réfuta-t-il, Tu vis les choses au moment où tu les ressens. Tu n'es pas simple au contraire, tu es des millions de choses à la fois : intello, parano, chiante, folle, jalouse...

Que des compliments, constata-t-elle en silence.

— Mais tout ça, tous ces aspects de ta personnalité, c'est vrai. Ce n'est pas un masque que tu montres, c'est juste... Toi. Et j'aime ça.

— Tu portes un masque toi ?

— Je crois, oui, lui répondit-il en faisant glisser ses deux mains à la surface de l'eau.

— Pourquoi ?

— J'ai du mal à exprimer mes émotions, pas au bon moment en tout cas.

Noah plongea ses deux bras dans l'eau, cherchant les hanches de sa petite-amie, et la colla à lui lorsqu'il effleura sa peau.

— Alors, par exemple, murmura Anna dans ses bras, Essaie de me dire ce que tu ressens à cet instant précis ?

— J'ai froid.

— Quelque chose de moins évident ? L'interrompit-elle en plongeant ses yeux noisette dans les siens.

— ... J'ai peur, murmura-t-il.

Un froncement de sourcil de la part de sa petite-amie lui fit comprendre qu'elle attendait plus d'explications et il enchaina en se retournant vers le ciel.

— C'est la pleine lune ce soir et on ne sait jamais ce qu'il peut se passer.

— Noah, s'il-te-plait... De quoi est-ce que tu as peur ?

Le garçon bifurqua son regard vers elle. Ce n'était plus le moment de plaisanter, Anna avait raison. Trop de choses lui échappaient, mais il avait encore ce pouvoir là. Celui de dire ce qu'il avait sur le cœur.

— J'ai peur de tout ce qui change dans ma vie.

— Des nouvelles choses que tu découvres ?

— Non, au contraire, murmura-t-il, J'ai peur de perdre tout ce que je suis en train d'abandonner pour ça.

— Ellie ? Souffla-t-elle.

— Elle et tout le reste, approuva Noah, Ce n'est pas contre toi Anna, mais ça me fait peur, c'est tout, je ne peux pas le contrôler. Si je devais enlever mon masque, ce serait ça que tu verrais.

— Alors enlève-le.

Anna glissa un doigt le long de sa joue, son regard perdu dans le sien, des yeux mouillés de larmes que l'eau de mer ne pouvait plus masquer désormais.

Dans le creux de ses bras, elle entendit son cœur qui bat. Mais, dans le silence de la nuit, elle comprit qu'il ne battait pas pour elle.

***

Ruben tituba en grattant sa cuisse violemment. Son slim lui collait à la peau de la manière la plus désagréable qu'il soit et les grains de sable qui recouvraient son corps le démangeaient. L'eau imbibé dans son jean qui dégoulinait sur la plage alourdissait considérablement le poids du vêtement. Chaque pas semblait lui peser une tonne et le garçon eut du mal à rejoindre le haut de la plage sans être essoufflé. Sa vision était brouillée à cause de l'alcool et il remarqua, surpris, les poils hérissés sur ses avant-bras. Il n'avait pas l'impression d'avoir froid. Pourtant, son corps tremblait. Il releva son regard vers la soirée, croisa le regard amusé de certains jeunes qui devaient probablement penser qu'il s'était jeté dans la mer avec ses vêtements, puis tomba sur Eliott. Il était seul. Sans réfléchir davantage, il se précipita vers lui :

— Salut.

— Tiens salut, ça va ? Elle était bonne ?

— Excellente, tu aurais dû nous rejoindre.

— Tu as les lèvres bleues, lui fit remarquer le garçon, Elle n'a pas l'air d'être si chaude que ça.

— Si... Si je t'assure, c'est sur la plage qu'il fait froid ! C'est quoi tout ce vent après tout ?

— L'air marin, ironisa Eliott.

Ruben eut un nouveau tremblement et le garçon enchaina :

— Tu n'as pas pris de pull ?

— Si, non, je ne sais plus, bafouilla-t-il, Je devrais retourner à la maison pour en prendre un, mais j'ai peur de me perdre. Je suis...

— Bourré ? Proposa Eliott en retenant un rire.

— Oui, je crois.

Comme pour affirmer ce qu'il venait de dire, Ruben se laissa tomber sur la plage. De toute façon, ses vêtements étaient déjà plein de sable. Il s'allongea en frissonnant tandis qu'Eliott s'assit à côté de lui, son regard porté vers l'horizon.

— J'adore cet endroit.

— Moi aussi, murmura Ruben, les yeux clos.

— Tu devrais rentrer te coucher, tu as l'air mort.

— Parce que je suis blanc comme un cadavre ? L'interrogea le garçon.

— Euh... Non c'était plutôt une expression pour dire que tu avais l'air fatigué, mais oui, vu comme ça, tu n'as pas tort.

Ruben esquissa un sourire et un énième tremblement secoua son corps. Cette fois, il avait pleinement pris conscience du froid qu'il faisait. Il ferma les yeux, mais sa tête tournait et il se sentit de plus en plus gelé. Ses vêtements étaient comme des glaçons et le vent frais qui se glissait à l'intérieur n'arrangeait pas les choses. Il grinça des dents, serrant la mâchoire, et la pensée de Gautier lui réchauffa la poitrine l'espace d'un instant. S'il en avait eu la force, il se serait levé sur le champ et l'aurait cherché sur la plage pour le serrer dans ses bras. Mais il n'avait pas cette force là et il pria pour que le garçon tombe sur lui par pur hasard.

— Tu veux que j'aille chercher ton copain ? L'interrogea Eliott.

— Comment tu le sais ? S'étonna Ruben en rouvrant les yeux, perplexe.

— Tu viens de murmurer son nom.

— Vraiment ?

Eliott pouffa de rire avant de se relever et de lancer un coup d'œil circulaire à la plage.

— Ne bouge pas.

— Je ne risque pas, ironisa Ruben en frissonnant de nouveau.

Il sentit Eliott s'éloigner et le froid lui parut encore plus insupportable. Et dire qu'il avait laissé sa meilleure amie dans cette eau glacée. N'était-elle pas morte d'hypothermie à l'heure qu'il est ? S'interrogea-t-il, paniqué, tout en ne trouvant pas la volonté d'aller vérifier.

Ruben claqua des dents, puisant dans ses dernières forces pour se recroqueviller sur lui-même. Il avait conscience d'avoir l'air d'un détraqué, mais c'était bien le cadet de ses soucis à cet instant. Sa tête lui tournait encore à cause de l'alcool et une nausée commençait à le prendre. Il avait vraiment trop bu et la fatigue de ces derniers jours n'avaient pas arrangé son état.

Ruben bougea ses doigts un à un, peut-être cherchait-il à vérifier qu'ils étaient encore tous là, ou alors voulait-il simplement s'occuper ? Il l'ignora, mais continua son activité, comptant dans sa tête, ce qui lui permettait de rester accroché à la réalité.

Un frisson de trop le parcourut du bout des orteils jusqu'à la pointe de ses bouclettes brunes et Ruben crispa ses doigts entre le sable qui lui échappait. Il se retourna, ses lèvres à quelques centimètres du sol, et régurgita tout ce qu'il avait avalé dans la soirée. La position était inconfortable au possible, mais il trouva la force nécessaire pour ne pas écraser son visage dans le sable où il venait de vomir. L'odeur lui monta jusqu'au narine et son estomac se retourna de nouveau. Les larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux et le vomi passa son œsophage avec encore plus de brutalité que la première fois.

Une main se posa sur son front pour retenir sa tête en arrière.

— Je suis là, Ruben.

Gautier releva les bouclettes brunes qui tombaient sur son front, serrant son corps gelé contre le sien, et l'aida à s'agenouiller pour qu'il termine de vomir. Il frotta son dos énergiquement tout en continuant à murmurer calmement :

— Je suis là, je vais m'occuper de toi.

Ruben cracha sur le sable ce qu'il lui restait dans la bouche, mais sa salive, mélangée au vomi, continuait de dégouliner le long de ses lèvres.

— Tiens attends, l'arrêta Gautier en plongeant la main dans sa veste en jean, Prends ça.

Son petit-ami attrapa le mouchoir en papier et s'essuya les lèvres avec soulagement. Le goût immonde du vomi avait pu quitter ses lèvres et, même si l'arrière goût amer dans sa bouche était loin d'être agréable, c'était mieux que tout à l'heure.

Ruben laissa le mouchoir tomber sur la plage et il essuya du revers de sa main le coin de ses yeux. Il se mit plein de sable sur la figure et Gautier repassa derrière lui pour ôter les grains sur ses joues mouillées par les larmes.

— Désolé, murmura Ruben, Je ne voulais pas que tu me voies comme ça.

— Je vais m'en remettre.

Ils se levèrent tous les deux en titubant et Gautier passa le bras de son petit-ami sur ses épaules. Ils se dirigèrent en silence jusqu'à la maison de vacances. Ruben pu se dégourdir les jambes. Le vent frais sur son visage le tenait éveillé.

Gautier poussa la porte de la maison et il se dirigea directement vers les escaliers pour rejoindre la salle de bains. Il installa son petit-ami sur le bord de faïence de la baignoire.

— Déshabille-toi.

— Tout de suite, chef.

Gautier se retourna vers lui en soupirant. Même à l'article de la mort, Ruben arrivait toujours à sortir des conneries.

— Je ne plaisante pas, reprit-il, Il faut que tu prennes un bain chaud. Tu es gelé.

— Rejoins-moi, susurra Ruben en ôtant son tee-shirt qu'il laissa tomber sur le carrelage de la salle de bains.

— Et plein de vomi mec, ajouta Gautier d'un air dégouté.

Comprenant sa réaction, Ruben se contenta d'enlever tout ses vêtements en silence et s'allongea dans la baignoire après avoir attrapé le pommeau de douche. Il fit couler l'eau au plus chaud et se passa le jet sur le visage, les cheveux, le torse, poussant un soupir de bien-être lorsque la chaleur commença à se répartir sur son corps nu.

— T'es con, soupira Gautier, Mets le bouchon avant de faire couler l'eau. C'est quoi le principe d'un bain pour toi ?

Le garçon attrapa le bouchon noir posé sur l'évier et l'enfonça dans le siphon pour retenir l'eau du bain. En retirant sa main, il effleura la cuisse de Ruben qui se mit à glousser.

— T'es sérieux ?

— Tu me fais de l'effet.

— T'es vraiment relou quand t'es bourré, tu sais.

Ruben éclata de rire et Gautier l'observa, consterné par sa faculté à passer d'un état totalement dépravé à cette hilarité joyeuse. N'était-ce pas l'inverse qui se produisait d'habitude ? S'interrogea le garçon en s'asseyant sur le rebord de la baignoire.

Il posa une main sur les cheveux mouillés de Ruben, embrassa son front, et son regard s'arrêta sur les toilettes dans un coin de la pièce.

— Il faudra que je te parle d'un truc après.

— Dis-moi.

Gautier se retourna vers son petit-ami. Il venait de fermer les yeux. La nuque calée contre la faïence de la baignoire.

— Non, ça ne presse pas, rectifia le garçon, Je t'en parlerai quand tu seras dans un meilleur état.

Gautier entendit la porte de la maison s'ouvrir et les voix de Noah et Anna se firent plus distinctes à mesure qu'ils montaient les escaliers. Ils débarquèrent tous les deux dans la salle de bains, tout aussi trempés que ne l'avait été Ruben, et s'arrêtèrent devant la scène qu'ils avaient sous les yeux. Ruben colmatant dans la baignoire et son petit-ami assis à même le sol.

— Déjà pris, ironisa Gautier.

— Fais chier, grinça Noah, Il fait trop froid. Il ne peut pas prendre une douche comme tout le monde ?

— Il est bourré.

— Il n'est pas le seul, rétorqua Noah en jetant un coup d'œil à Anna.

Celle-ci ne prit pas la peine de répondre, jetant simplement son regard avec désespoir vers la fumée qui sortait du bain de son meilleur ami.

— L'avantage, ajouta Gautier, C'est qu'au moins, on pourra se coucher avant vous et reprendre la chambre.

Le visage de Noah s'assombrit tandis qu'il plongea son regard dans celui du garçon. Gautier se sentit mal à l'aise. Il culpabilisait tout d'un coup. Noah devait croire qu'il lui faisait une sorte de chantage, ce qui, en réalité, ne lui était pas du tout passé par l'esprit.

— Parce que notre jeu était truqué, précisa-t-il de suite face à son regard assassin, Notre pari ne tient plus. Tu ne buvais pas d'alcool.

— Tu n'auras pas la chambre.

— Noah, tu es lourd à la fin, souffla Anna.

— J'aimerais bien voir ça, ironisa Gautier, Dès que Ruben sort du bain. Je prends la chambre de mes parents, ça m'étonnerait que tu viennes nous sortir du lit après ça.

Les traits du garçon se durcirent tandis qu'il attrapa la main de sa petite-amie.

— Très bien, siffla-t-il, Alors on va dans la chambre maintenant, tant pis pour la douche.

— Quoi ?! Explosa la jeune fille, Noah, on est dégueulasses ! Il faut qu'on se lave !

— Ça attendra demain, il n'est pas question que je dorme dans un lit une place.

A contrecœur, et trop fatiguée pour protester davantage, Anna finit par le suivre hors de la salle de bains et Gautier entendit la porte de la chambre claquer derrière eux. Quel connard, songea-t-il en se demandant réellement pourquoi il se retenait encore de ne pas dire à tout le monde qu'il était boulimique. Il s'arrêta. Il savait très bien pourquoi il ne le faisait pas. Il n'était pas de ce genre là, à se venger à tout bout de champ dès que quelque chose n'allait pas dans son sens.

— On peut aller dormir ? L'interrogea Ruben, les yeux toujours clos.

— Il faut que je te sorte de ton bain en plus ?

— Non. Mais je n'ai pas mon pyjama.

Gautier attrapa ses vêtements sales sur le carrelage et les posa dans l'évier avant de quitter la salle de bains. Il se dirigea vers sa chambre d'enfance, celle qu'il partageait autrefois avec sa grande sœur, et prit le short et le tee-shirt posés négligemment sur la couverture. Il revint dans la salle de bains, posa le pyjama sur un meuble de la pièce tandis que Ruben se séchait avec sa serviette de toilette. Il embrassa le garçon en passant à côté de lui puis rejoignit de nouveau la chambre. Gautier ôta rapidement ses vêtements et enfila un jogging.

Peu de temps après, Ruben débarqua dans la chambre et referma la porte derrière lui. Gautier le laissa passer et le garçon s'effondra dans le lit du bas, remontant la couverture jusqu'à son cou en frissonnant.

— Bonne nuit, lui murmura Gautier en grimpant sur la première barre de l'échelle du lit superposé.

— Reste avec moi.

— On a trop mal dormi hier soir et je ne veux pas que tu me vomisses dessus.

— J'ai déjà vomi, je ne vais pas revomir, promis.

— Tu as besoin de dormir Ruben, on dormira mieux séparément.

— Mes meilleures nuits sont toujours celles que je passe avec toi.

Gautier s'arrêta au milieu de l'échelle. Comment ne pas craquer ? Il redescendit aussitôt puis se glissa dans le lit du bas, remontant la couverture sur lui, et se retourna vers Ruben. Le garçon se lova dans ses bras après avoir happé ses lèvres au passage.

— Merci, souffla-t-il en posant sa tête contre son épaule.

— Pour t'avoir ramené sain et sauf ici ?

— Pour m'avoir pardonné, rectifia Ruben, Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie. Merci de m'avoir donné une seconde chance.

Son petit-ami glissa sa main dans ses bouclettes brunes encore mouillées. Il les fit rouler sur son doigt et murmura du bout des lèvres :

— C'est parce que je t'aime, ne me remercie pas comme si je t'avais fait une faveur.

Ruben esquissa un sourire, mais il ne trouva pas la force de répondre.

— Si Eliott avait été gay, reprit Gautier, Il aurait craqué sur toi.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce qu'on est obligé de craquer sur toi, rétorqua-t-il en le serrant encore un peu plus fort dans ses bras.

Gautier ferma les yeux, le souffle déjà endormi de son petit-ami dans son cou. Derrière le mur, il entendait Noah et Anna qui venaient de se relever pour prendre leur douche, probablement contents de leur mise en scène. Mais, à cet instant précis, il s'en fichait éperdument. Pour rien au monde il n'aurait échangé sa place. 


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