Celte Tome 2 : Les héritières...

By Evadu17

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Alors que Gwen pensait avoir retrouvé sa tranquillité, les ennuis reviennent au grand galop. Accompagné de d... More

Prochainement
Prologue
Monologue
Chapitre 1 : Métro, boulot, dodo
Chapitre 2 : Convocation
Chapitre 3 : Réunion druidique
Chapitre 4 : Une histoire de famille
Chapitre 5 : L'ASDCM
Chapitre 7 : Le trésor de l'île Godec
Chapitre 8 : Une nouvelle aventure

Chapitre 6 : Luca

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By Evadu17

Juste après mon annonce, Ninon pâlit d'un coup et se ratatina sur son siège. Cernunnos était perplexe, et son regard passa de mon père à mon amie plusieurs fois de suite, sans qu'il ne dise un mot. Devant le silence général, Orag s'avança.

– Il nous faut avant tour faire des tests, mais il y a de grandes chances pour que cela fonctionne. Cette jeune fille est la descendante directe de Belenos, sa magie doit donc être identique à la sienne.

– Ce serait trop demandé de me demander mon avis ? rétorqua Ninon. Et je vous prierais de vous adresser directement à moi, puisque c'est de moi qu'il s'agit.

Un duel de regard glacé s'installa alors entre eux. Puis, Orag parut se détendre et Ninon pu de nouveau prendre la parole.

– Je veux bien faire vos tests, mais tout dépend de quoi il s'agit. Alors si vous pouviez m'expliquer.

Ce fut mon père qui répondit.

– Tu ne devrais rien risquer avec ces examens. Nous les avons testés sur des druides, sur des créatures magiques, et les expériences se sont très bien passées. Cependant, je tiens à te dire que ta magie est différente de la nôtre, puisqu'elle s'apparente directement aux dieux. Alors nous ne pouvons pas prévoir ce qu'il se passera.

Elle parut pensive et me jeta un regard en coin. Je m'étais rassise, mais j'étais tellement tendue que j'avais l'impression d'être prête à exploser.

– Je risque quoi, au juste ?

Mon père avait regardé Orag, qui secoua la tête. L'ex-triton se racla la gorge.

– Rien de bien grave, je vous ...

– Ta magie pourrait dégénérer dans nos appareils et devenir instable, et nous blesser tous. Tu pourrais être blessée, toi. Voire pire.

Orag fusilla mon père du regard et je bondis sur mes pieds, Ether dégainée. Je ne m'étais même pas rendue compte de l'avoir fait. Des cris stressés s'élevèrent et je tendis le bras, menaçante, vers ce fichu ex-triton.

– C'est hors de question, m'égosillai-je, hors de moi. Ninon ne fera pas vous foutus tests, c'est trop dangereux.

– Je suis d'accord, avait renchéri Cernunnos, qui lui aussi avait recouvert son armure.

Un silence tendu s'installa dans la pièce, seulement brisé par ma respiration bruyante. Orag louchait sur Ether, mon père s'était mis malgré lui en position de combat face au dieu cerf, et, sur le côté, ma mère me couvait d'un regard fier, que j'essayais tant bien que mal d'ignorer. Elle était la seule qui n'avait pas réagi quand j'avais sorti la formidable lame de Gwydion. Dans un silence de mort, Ninon se leva.

-Je vais les faire, vos tests. Mais je vous préviens, dès que je sens l'entourloupe, je m'en vais. Si je le fais, c'est juste parce que ça peut nous aider pour en finir avec Merlin, pas pour vos beaux yeux.

Orag afficha un sourire satisfait sur sa vieille trogne et s'inclina légèrement, avant de quitter la pièce. La plupart des autres personnes présentes l'imitèrent, non sans me jeter un regard hostile. Mais je les avais déjà oubliés. Je ne pouvais m'empêcher de fixer Ninon. Bien droite, elle regardait la porte close, mais elle ne semblait pas la voir. Cernunnos la regardait aussi, et mes parents, les seuls à être restés, se faisaient tout petits dans un coin. Un long silence s'installa.

Très long.

– Mais merde, Ninon ! Qu'est-ce qui t'as pris de dire oui ? M'empourprai-je, n'y tenant plus.

Elle fit volteface et planta son regard azur dans le mien.

– Je veux être utile, Gwen. Et peu importe si c'est dangereux, si je peux essayer, je le fais.

– Mais ...

– Il n'y a pas de « mais » qui tienne ! Tu ne t'es pas privée, toi, pour affronter Merlin en duel ! Alors ne me donne pas de leçons, s'il te plaît !

J'écarquillai les yeux, bouche bée. Qu'est ce qui lui prenait ? Elle qui était si calme, habituellement, on aurait dit une lionne prête à me dévorer. Après un instant d'égarement, je repris mes esprits et fronçait les sourcils, défiant son regard.

– Je te préviens, s'il t'arrive un truc, je trucide cet enfoiré de triton. Et après, je te trucide, toi. Compris ?

Elle émit un petit rire avant de me sourire de toutes ses dents. Je détendis les épaules, légèrement détendue. Si elle avait peur, Ninon ne le montrait pas, et dans un sens, ça me rassurait. Si elle ne s'inquiétait pas, je n'avais pas besoin d'être inquiète, moi non plus. J'attachai le baudrier sur mes épaules, et pressais les doigts de Ninon dans les miens.

– Allons-y, dit-elle, incroyablement calme.

Mon père se leva de sa chaise et ouvrit la porte.

– Je vais vous montrer où se trouve la salle d'examens. Suivez-moi.

Nous obéîmes docilement, suivies par Cernunnos et ma mère, qui n'avait toujours pas ouvert la bouche. Sentir sa présence, juste derrière moi, me rendait un peu perplexe. Tout un tas de scénarios affluaient à mon cerveau, sur ce qu'elle me dirait, et sur ce que je lui répondrais. J'étais complètement perdue. D'un côté, elle était ma mère, et je l'aimais, malgré ses mensonges, et malgré le fait que je me sente trahie. Mais je ne voulais pas lui pardonner trop vite non plus. Elle aussi, avait le droit de souffrir, après ce qu'elle m'avait fait.

– Nous y sommes, dit enfin mon père, devant une porte bleue avec un petit écriteau.

Il nous laissa entrer. La pièce était sombre et bruyante. Une bonne dizaine de machines clignotaient et tintaient en un agaçant concert. Quelques scientifiques se trouvaient là, penchés sur leurs écrans ou triturant dans le ventre des bêtes de métal. L'un d'entre eux, un vieil homme aux mèches blanches légèrement roussies et aux airs de vieux fou, s'approcha de nous en essuyant ses mains noueuses sur un torchon plus tout à fait blanc.

– Vous voilà enfin ! Orag m'a prévenu. Je suppose que la Descendante est cette jeune fille. Et celle-ci est votre enfant. Elle vous ressemble. Bonjour, mesdemoiselles, je suis le professeur Isaac Prosper. Bien, venez par ici, nous allons commencer.

Il parlait à une vitesse affolante et d'un ton détaché que je n'aimais guère. A croire que nous n'étions que de simples cobayes dans son laboratoire. Mais ce que je trouvais étrange, c'est qu'il n'avait rien dit à propos de Cernunnos. Je me retournai vivement, pour réaliser que le grand dieu cerf n'était pas avec nous. Ma mère non plus, d'ailleurs. Je fronçais le nez, mais je n'eus pas le temps de m'attarder sur la question : le vieux taré était déjà en train d'inspecter Ninon sous toutes les coutures à l'aide de petits objets clignotants. Des commentaires incompréhensibles s'échappaient de ses lèvres, mais il semblait content. Tellement qu'il agita les mains d'un air conquis en se redressant.

– C'est parfait ! Vraiment parfait ! Nous allons pouvoir commencer.

Je blêmis de concert avec Ninon. Elle me lança un regard affolé. Visiblement, elle n'était plus du tout sûre de ce qu'elle faisait.

– Euh... Sauf votre respect, vous ne pourriez pas nous expliquer ce que vous comptez lui faire ? Juste pour s'assurer que tout se passera bien, demandai-je, la gorge nouée.

Le scientifique haussa un sourcil surpris.

– Je ne sais pas qui vous a affirmé qu'elle ne risquait rien, mais c'est un idiot. Nous n'avons jamais tenté d'extraire la magie des dieux de leur corps, et bien que votre amie n'ait que très peu de sang divin, cela ne change pas vraiment la donne. Sa magie reste extrêmement puissante et pourrait dégénérer à tout moment. Je suis là pour faire en sorte que tout se passe le plus normalement possible, mais les risques qu'une partie des équipements explose sous la puissance de sa magie reste importante.

Ninon déglutit avec difficulté et je crus qu'elle allait tomber dans les pommes.

– Ce n'est pas vraiment ce qu'on nous a vendu, déclara-t-elle d'une voix vibrante.

Le vieux fou nous considéra un instant avant de hurler :

– Assistante ! Nous allons commencer !

Ninon bondit sur son tabouret et mes yeux s'écarquillèrent d'un coup.

– Quoi ? Mais ça ne va pas ? Elle ne vous a pas dit qu'elle était d'accord ! hurlai-je, indignée.

Le regard du vieillard se fit plus dur. Il baissa le menton et me fixa par-dessus ses lunettes, ses sourcils blancs de hibou haussés d'un air menaçant.

– J'ai entendu parler de vous, gamine. La jeune druidesse qui a affronté Merlin, c'est ça. On m'avait prévenu que vous étiez impulsive. Mais vous plus que quiconque ici savez à quel point nous avons besoins de retrouver les dieux. Et leur magie est unique à chacun d'eux, même si elles ont quelques ressemblances. Nous aurions pu utiliser Cernunnos pour nos recherches, et nous l'aurions fait si la Descendante de Belenos n'avait pas été là. Mais le fait est qu'elle est présente, et qu'elle est un meilleur sujet pour le dieu cerf pour deux raisons. La première, c'est qu'elle est une des filles des Belenos, et donc sa magie et celle du dieu sont identiques. Il y a plus de 90% de chances, selon nos estimations, que l'on retrouve Bel grâce à elle. La deuxième, c'est que la magie de Cernunnos est au moins cent fois plus puissante que la sienne. Si elle risque de faire exploser quelques appareils, lui, il fera exploser la falaise toute entière. Votre amie va nous servir aussi à calibrer nos machines pour que nous puissions l'utiliser sur le dieu cerf. Vous comprenez ? Même si vous ne voulez pas subir ces examens, vous n'avez pas le choix.

Je restai de marbre, les dents serrées. Je détestais la manière qu'il avait de me montrer que j'avais tort. Et s'il conservait cet air supérieur plus de dix secondes, j'allais le frapper.

– Nous sommes en guerre, jeune fille. Ce n'est pas un jeu. La guerre est quelque chose d'horrible où les sacrifices ne sont pas une option. Je n'aurais pas besoin de vous l'expliquer.

Un grognement sourd s'échappa de ma gorge sans que je puisse le contrôler. J'avais assez perdu jusqu'ici pour savoir ce qu'était le sacrifice. Une main bienveillante se posa sur mon bras.

– Laisse, Gwen. Je n'ai pas peur. Ça va bien se passer, ne t'inquiètes pas.

Elle pressa les doigts sur ma manche et me sourit. Je soupirai, vaincue.

– Nous n'avons pas le choix, de toute façon.

Un silence s'installa entre nous, et l'assistante d'Isaac Prosper, une femme de grande taille aux cheveux bruns noués en un chignon sévère, s'approcha de Ninon.

– Je vais vous demander de quitter la pièce, déclara le scientifique, calmement. La magie que contient votre épée pourrait rentrer en résonnance avec la sienne, et augmenter les risques que tout ne se passe bien.

Je lui jetai un coup d'œil assassin avant de quitter la pièce, non sans m'assurer que Ninon se sentait bien. Je savais que ce n'était pas vraiment le cas, qu'elle était morte de trouille, mais je n'avais pas le choix. La seule chose que je pouvais faire, c'était prier pour que tout se passe bien. Une jeune fille blonde me raccompagna jusqu'à la porte. Mon père était déjà parti, et je ne m'en étais même pas rendue compte. Avec un grand sourire, la fille referma la porte derrière moi. J'eus juste le temps d'apercevoir la mine faussement confiante de Ninon, dont les lèvres étaient retroussées en un semblant de sourire angoissé. Puis elle disparut et il n'y eu plus que la porte bleue et son écriteau.

– Ça va, ma chérie ?

Je reconnus immédiatement cette voix, avant même de me retourner. L'appréhension vint mordre mes entrailles. Je n'avais pas envie de lui parler, je voulais repousser l'échéance, mais visiblement, je ne pouvais pas. J'inspirai profondément, à tel point que mes poumons me firent mal, et je me retournai. Le visage doux aux yeux noisette emplis d'amour me souriait.

– Pas vraiment, maman, répondis-je, les épaules affaissées. Tu sais où est Cernunnos ?

Elle pencha la tête sur le côté.

– Non, je ne sais pas.

– Je dois lui parler, déclarai-je d'une voix froide. Je vais le chercher.

C'était la seule possibilité que j'avais d'échapper à cette discussion, que je n'avais absolument pas envie d'avoir. A grands pas, je m'éloignai dans le couloir. Je n'avais aucune idée de là où j'allais aller. Tout se ressemblait terriblement, et j'avais une chance sur deux de me perdre pour toujours dans cet horrible dédale, mais cela valait toujours mieux que d'affronter ma mère.

– Gwen ! Attends ! s'exclama-t-elle alors.

Je me retournai le plus lentement du monde. Elle n'avait pas bougé d'un pouce, et me fixait avec cet air triste qui me transperçait le cœur.

– Nous allons devoir parler, à un moment donné. Tu ne peux pas me fuir éternellement. Je comprends ta colère, mais tu dois me laisser un moment de m'expliquer.

Je sursautai. Lui laisser un moment de s'expliquer ? Mais expliquer quoi ? Qu'elle m'avait menti toute sa vie ? Ça, je le savais déjà, et même si elle avait des explications à me donner, je n'avais pas vraiment envie de les entendre. Je mis un instant à lui répondre. Il me fallait quelques instant pour me calmer et ne pas lui hurler dessus. Je n'avais pas envie de me faire remarquer par tous ces gens qui défilaient dans ce fichu couloir.

– On parlera. Mais pas tout de suite. J'ai des choses à faire. Et je suis trop énervée. Je n'ai pas envie de te crier dessus.

Je venais de parler comme un robot, les dents serrées, les poings fermés. Après un dernier regard, je tournai les talons et m'éloignai, le dos raide. Ma mère ne me suivit pas, et je l'en remerciai. Visiblement, elle semblait comprendre ce que je ressentais. Elle se sentait coupable, sans doute. Mes pas me menèrent dans un autre couloir perpendiculaire à celui dans lequel j'avais laissé ma mère. Tout au bout, une large salle s'ouvrait, avec des machines clignotantes pareilles à celles du laboratoire où j'avais laissé Ninon. Dans le fond de la pièce se trouvaient deux bureaux. L'un était vide, et une vieille dame était assise à l'autre, l'œil morne fixé sur l'écran de son ordinateur. Derrière elle, il y avait un petit comptoir sur lequel s'entassait un millier de feuilles volantes. Personne ne rôdait autour, et l'idée me vint que personne ne me verrait, si je m'asseyais derrière. A grands pas, je me dirigeai donc vers ma cachette improvisée. Les rares travailleurs ne remarquèrent même pas ma présence, sans parler d la vieille et grosse dame qui, en réalité, jouait au solitaire, la joue écrasée dans sa main graisseuse. Je me glissai derrière, et m'installait dans l'ombre de la pièce. Seuls les clics de la mégère et les chuchotements des autres troublaient le silence. C'en était presque reposant.

Puis, l'endroit où je me trouvais me revint en mémoire. L'ASDCM. Une sorte de FBI druidique. J'étais de nouveau tombée dans le surnaturel, bien profond. Et dire que je voulais vivre une vie normale, tant que Merlin n'était pas de retour. J'aurais pensé avoir plus de six mois devant moi. Mais non. Exaspérée, je cognai ma tête contre le mur. Le bruit du choc ne fit même pas tressaillir la grosse bonne femme.

Elle me faisait penser à Grasdubide, ma charmante collègue caissière à l'élégant triple-menton garni de poils bruns et drus. Elle avait autant la trogne d'un cochon qu'elle en avait le caractère. D'ailleurs, j'allais devoir appeler le magasin, parce qu'il était évident que je n'allais pas pouvoir y retourner. Non seulement, nous nous étions fait attaqués, ce qui n'allait sûrement pas tarder à recommencer, mais en plus, j'étais presque sûre que Cernunnos allait nous embarquer dans une sombre histoire de chasse aux dieux perdus. Avec lenteur, j'attrapais mon téléphone, coincé dans la poche de mon pantalon. Je cherchai dans le répertoire le numéro de l'accueil du magasin. Mon doigt resta suspendu en l'air un instant au-dessus de l'icône d'appel. Je n'avais aucune idée du mensonge que j'allais pouvoir sortir pour justifier ma démission. Surtout qu'avec mon don du mensonge surdéveloppé, je n'allais pas aller bien loin.

Au bout de près d'une minute, sans avoir aucune idée valable, je me lançai. Mon cœur se mit à battre plus fort quand les sonneries retentirent. Après deux bips, une petite musique retentit et une voix de robot m'informa qu'on allait prendre mon appel. A peine trente seconde plus tard, quelqu'un décrocha.

− Bonjour, Mélanie à votre écoute, que puis-je pour vous ?

− Euh ... Bonjour, Mel, c'est Gwenaëlle de la caisse.

La vieille femme pris enfin conscience de ma présence, au son de ma voix, et fit un bond extraordinaire sur sa chaise, dans un vacarme assourdissant. J'eus toutes les peines du monde à me retenir de rire, mais vu son regard noir, j'avais plutôt intérêt à ravaler mon gloussement si je ne voulais pas qu'elle m'étrangle.

−Ah, Gwen ! s'exclama Mélanie, à l'autre bout du fil. Tu vas mieux ? On nous a appelés pour nous dire que tu étais souffrante.

−Euh ... Oui, je vais un peu mieux, répondis-je, gênée. Mais je t'appelle pour te dire que je ne viendrais plus travailler. Il faudrait que tu préviennes monsieur Chimet que je passerais déposer ma démission.

Un silence perturbant suivit mes paroles.

− Je me doutais que tu ne resterais pas longtemps ici. Tu n'avais pas l'air à l'aise dans l'équipe. Enfin, surtout avec Rachel.

− Grasdubide, rectifiai-je intérieurement.

− Je suppose que tu as trouvé quelque chose de mieux, repris Mel qui, heureusement, ne pouvait pas lire dans mes pensées.

− Je ne sais pas vraiment si c'est mieux, déclarai-je. C'est différent, ça c'est sûr, mais je ne sais pas si je serais plus à l'aise. En tout cas, je ne pourrais pas savoir avant d'avoir essayé.

− C'est vrai ! s'exclama Mel. Je dirai tout cela à monsieur le directeur. Est-ce que tu as une idée de quand tu passeras ?

− Je ne sais pas vraiment. J'ai pas mal de chose à régler, peut-être après-demain.

− C'est entendu, Gwen.

− Super, merci. A bientôt, alors.

− Oui, à bientôt.

Elle raccrocha et je laissai retomber mon bras sur ma cuisse. Voilà, une bonne chose de faite. Il ne me restait plus qu'à écrire cette fichue lettre de démission. Je soupirais. Je venais tout juste de me couper totalement du monde réel, et je le regrettai déjà. J'étais même sûre que, d'ici quelques jours, Grasdubide commencerait à me manquer.

Quoi que ...

Mon portable se mit alors à vibrer. D'après le message de Ninon, elle avait terminé ses tests. D'un bond, je me relevai et fusait à travers la salle, sous le regard réprobateur de la joueuse de solitaire. Je bousculai une femme aux cheveux vert feuille, qui devait certainement être une dryade, et parvint à la porte bleue. Je rentrai dans le labo, et découvrit, à mon grand soulagement, que tout était encore à sa place. Visiblement, rien n'avait explosé. Je ne voyais pas le fou furieux de scientifique, qui devait surement être parti analyser les résultats. Ninon était toujours assise sur son tabouret, et l'assistante lui décollait des électrodes du biceps. Je m'approchai doucement, et dès qu'elle m'aperçut, un grand sourire illumina son visage.

− Gwen ! Tout s'est très bien passé, je n'ai même pas eu mal, et rien n'a explosé.

Je lui rendis son sourire et vint m'asseoir à côté d'elle, sur un petit tabouret grinçant.

− Je suis contente, déclarai-je en étendant mes jambes. De mon côté, j'ai appelé le magasin. Je démissionne. C'est ça où je me faisais virée pour absentéisme, alors j'ai préféré prendre les devants.

Ninon pris une mine désolée.

− Tu n'es pas trop triste, au moins ?

Je haussai les épaules avec indifférence.

− On ne peut pas vraiment dire que j'aimais ce boulot, alors je ne suis pas vraiment gênée de le quitter. Ce qui me dérange, c'est la signification de cette démission, parce que cela veut dire que je suis à nouveau dispos pour me lancer dans leur fichue histoire de druides. J'avais envie de vivre une vie normale, rien que quelques mois, mais ça n'aura pas duré.

Mon amie fit la moue, mais elle ne répondit pas. Un long silence s'installa entre nous, et il fut troublé par le professeur Prosper, qui revenait à grands pas vers nous. Il était accompagné d'un grand garçon à l'épaisse tignasse brune et bouclée. Son visage carré et ses grands yeux bleus où brillait un clair de malice me disaient vaguement quelque chose. Je le fixai, tandis que le scientifique s'approchai de nous, une petite fiole remplie d'un liquide doré à la main. Le garçon ne semblait même pas m'avoir remarquée. Pourtant, plus je réfléchissais, plus j'avais l'impression de reconnaitre ce visage.

− Voici, chère Ninon, l'essence de votre magie ! s'exclama le vieil homme fier de lui.

Mon amie loucha sur le petit réceptacle de verre, tandis que j'essayais désespérément de me souvenir de qui pouvait bien être ce garçon.

− Et c'est ça qui vas nous aider à retrouver Belenos ? demanda Ninon, visiblement fascinée.

− C'est ce que je crois, affirma Isaac Prosper avec un grand sourire. Je dois encore réaliser quelques tests, puis nous pourrons tenter l'expérience. Vous pouvez retourner dans vos appartements, Luca va vous montrer le chemin.

Le garçon n'eus pas le temps de faire un geste, que je bondis sur mes pieds, presque hystérique.

− Luca, c'est ça ! Tu es Luca Sanchez, le voisin de ma grand-mère ! Je me disais bien que je me souvenais de toi ! hurlai-je.

Vu son regard étonné et la bouche béante de Ninon, je devais passer pour une folle, mais je m'en fichai. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas revu mon ami d'enfance ! A l'époque, il n'était pas aussi élancé et arborait un ventre tout rond et de bonne joues constamment rouges. Il me regarda longuement, sans sembler me reconnaitre. Puis, après de longues secondes d'attente, la mémoire dû lui revenir, parce qu'il me sauta dessus en hurlant.

− Gwenny ! C'est toi ? Oh, ce que je suis content de te voir !

Ses bras m'enserrèrent si fort que je crus qu'il allait me briser une côte. Il me lâcha enfin, me reposant au sol.

− Oh, Gwenny, si tu savais, j'ai tant de choses à te raconter. Viens avec moi, nous allons parler.

Et sur ce, il m'entraîna par le bras, sans que j'eus le temps de protester. Ninon me lança un regard ahuri, et je luis fit signe de nous suivre. Luca nous mena jusqu'à une petite chambre semblable à celle dans laquelle nous nous étions reposées. Je m'installai sur le lit, et Luca pris place face à moi, tandis que Ninon s'installait à mes côtés.

− Ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vus ! s'exclama le garçon et m'attrapant les mains. Tu m'as vraiment manqué, tu sais.

− Toi aussi, tu m'as manqué. Cela fait si longtemps. Je me souviens que tu venais tous les étés chez ton père, passer quelques semaines, pendant que j'étais chez Mamie. Comment cela se fait-il que tu ne sois jamais revenu, après tes dix ans ? demandai-je avec étonnement.

Son sourire s'affaissa d'un coup. Il se tortilla sur le lit.

− Oh, ça, répondit-il, gêné. En fait, c'est parce que tout le monde dans ma famille me croit mort.

***

Holà ! Alors me revoilà après une absence plutôt longue, je le sais, mais comme je l'ai dit a certains, j'ai vraiment beaucoup de travail en ce moment, et comme mes études restent ma priorité, l'écriture passe après. Enfin, toujours est-il que je suis de retour avec ce tout nouveau chapitre qui, j'espère, vous aura plu ! En tout cas, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez :)

Ciao ! <3

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