Nantis

By FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 6 : Don't lie

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By FlorieC


                Jared plongea sa frite dans le ketchup étalé sur son plateau et croqua dedans avec gourmandise. Il bifurqua son regard vers Anna, occupée à mastiquer son hamburger d'un air absent.

Il l'interrogea après avoir avalé sa bouchée :

— Tu n'as pas faim ?

— A force de travailler ici, je suis incapable d'avaler quoi que ce soit qui vienne des cuisines.

Tout en lui disant cela, elle lui tendit son plateau d'un air dégouté.

— Si ce n'est pas malheureux, commenta Jared à qui l'appétit ne manquait jamais, Et dire que tu as un repas gratuit tous les jours.

— Seulement ceux où je travaille.

— Oui, tous les jours.

Anna esquissa un sourire, réalisant qu'il n'avait pas totalement tort. Elle devait certainement passer plus de temps dans ce fast-food que dans sa propre chambre.

— Et sinon, si tu me disais la vraie raison pour laquelle tu ne manges pas ? L'interrogea Jared en s'emparant de hamburger qu'elle venait de lui refiler.

— Rien de spécial, marmonna Anna.

— Donc Noah ? En conclut le garçon en croquant à pleine dent dans son Big Mac.

— Tu veux vraiment qu'on parle de lui ? L'interrogea la jeune fille, surprise.

— Ouais, répondit-il après y avoir tout de même réfléchi, Il s'est passé un truc ?

Anna sentit la boule au ventre qu'elle avait depuis ce matin se dénouer légèrement. Enfin, elle allait pouvoir en parler à quelqu'un. Bien sûr, Jared n'était certainement pas la personne la mieux placée, mais Anna avait tenté d'appeler son meilleur ami ce matin et il n'avait pas répondu. Vraisemblablement, elle avait Jared sous la main pour encore une bonne demi-heure, vu ce qu'il restait sur son plateau.

Elle lui résuma brièvement après avoir pris une gorgée de coca-cola :

— Hier soir, Ellie est venue me parler. Elle m'a dit que Noah jouait avec moi, enfin son discours habituel. Mais, je ne sais pas pourquoi, j'ai flippé. J'ai appelé Noah pour lui raconter et il a mal pris le fait que je crois Ellie. Du coup, il m'a raccroché au nez. Je lui ai renvoyé pleins de messages pour m'excuser, mais il n'a pas répondu. Et je n'ai plus beaucoup d'espoir.

— Hum, commenta Jared d'un air absent.

— Franchement, cette fille est tellement une connasse... Comment as-tu pu sortir avec elle ?

— Tu déconnes ? Souffla le garçon en reposant son hamburger sur son plateau, Tu sors avec Noah !

— Je ne suis pas certaine de sortir encore avec lui, nuança-t-elle, Mais, dans tous les cas, non, ils ne sont pas pareils.

— Ils sont exactement pareils ! Rectifia Jared.

Il s'arrêta un instant, remarquant enfin les yeux rouges et cernés de la jeune fille.

Il souffla, blasé :

— Tu l'idéalises trop Anna. C'est pour ça que tu ne crois pas qu'il va rester avec toi.

— Non, ce n'est pas ça...

— Le simple fait que tu te poses la question de sa sincérité prouve que la réponse est négative, la coupa-t-il, Tu ne le crois pas, Anna. Au plus profond de toi, tu ne le crois pas. Tu sais, si je dis à tout le monde que ça ne durera pas entre vous, je n'ai jamais cru que ce serait par la faute de Noah. C'est toi le problème, tu ne peux pas sortir avec quelqu'un que tu ne considères pas comme un égal.

— Mais quand je suis avec lui, ça se passe bien, se défendit la jeune fille, vexée, Je suis normal. C'est quand il y a les gens autour de nous, quand ils me regardent comme si je n'avais pas le droit d'être avec lui, comme si c'était qu'un putain de privilège, je finis par y croire.

— Arrête, tu y as toujours cru.

— De quoi ?

— Que c'était un privilège, cracha Jared dont le ton sec et sarcastique montrait clairement le fond de sa pensée.

Anna s'empara de son gobelet pour avaler une nouvelle gorgée. Les bulles pétillantes lui passèrent difficilement en travers de la gorge et elle manqua de peu de s'étouffer.

— Pourquoi tu penses ça Anna ? Reprit le garçon qui ne la lâchait pas du regard, Ce type est un connard... Est-ce que le simple fait qu'il ne te traite pas comme toutes les autres constitue un privilège ?

— Il faut croire, murmura-t-elle.

— Alors parce qu'il te respecte, ça occulte le fait qu'il ne respecte personne d'autres ? Tu te contentes de fermer les yeux parce que, tant que ça ne te touche pas, ça ne te concerne pas ?

La jeune fille esquissa un sourire, malgré son ton empli de reproches, et Jared enchaina, ahuri :

— Ça t'amuse en plus ?

— Il n'y a pas que pour lui que je ferme les yeux, rétorqua-t-elle, Après tout, je ne sais toujours pas ce que tu as fait à Ellie, mais je pense savoir que c'est bien loin de ce que tu dis être « respectable ».

Cette fois, Jared resta silencieux. Il attrapa de nouveau une frite, mais l'avala avec moins d'enthousiasme que tout à l'heure.

Le silence gênant fut interrompu par la sonnerie d'un téléphone portable et Anna sortit le sien de la poche de son uniforme de travail, observant le nom de son meilleur ami sur l'écran.

— Oui ? Décrocha-t-elle, ravie de cet échappatoire.

— C'est moi, je viens juste de voir ton appel, désolé. Ça va ?

— Oui ce n'était rien de spécial, mentit-elle.

Elle connaissait assez Ruben Greggs pour savoir qu'elle se taperait une deuxième leçon de morale si elle lui racontait son histoire avec Noah et Ellie.

— D'accord, je t'appelle car j'ai quelque chose à te demander par rapport à Jared.

— Et bien il est devant moi, l'informa Anna.

Le concentré releva son visage de son plateau, comprenant qu'il s'agissait de son petit-frère, et il fronça les sourcils d'un air curieux.

— Pas bon, entendit Anna à l'autre bout du fil, Il ne faut pas qu'il entende ce que je te dise.

— Hum, commenta la jeune fille qui ne savait plus très bien ce qu'elle pouvait répondre, vu que Jared continuait de l'interroger du regard.

— Trouve un truc pour partir, enchaina Ruben dans le téléphone.

— D'accord... Bien, commença Anna en se relevant de sa chaise, Je ne sais pas si je l'ai encore. Je vais regarder dans mes affaires... Je reviens, enchaina-t-elle à l'attention de Jared, Finis mes frites si tu veux.

Au moins, ça allait l'occuper... Et visiblement lui faire oublier qu'il était l'objet de leur discussion puisqu'il attrapa son plateau avec une telle conviction qu'il sembla peu se soucier de son départ, constata Anna.

— Bref, continua-t-elle en se dirigeant vers les vestiaires du fast-food.

Elle tapa le code puis pénétra à l'intérieur.

— Qu'est-ce que tu veux me dire de si secret ?

— Par rapport à son trafic de drogue, j'ai peut-être quelque chose pour l'aider à en sortir.

— Quelque chose ? Répéta-t-elle, sceptique.

— De l'argent, précisa de suite Ruben.

Bien sûr, songea la jeune fille en levant les yeux au ciel, Quoi d'autre que l'argent pour résoudre les problèmes ?

— Et ? Le questionna-t-elle.

— Je vais aller retrouver les quatre mecs de la soirée, je vais leur demander combien ils veulent pour laisser mon frère tranquille.

— Comment tu peux être sûr qu'ils accepteront cette offre ?

— Je ne le suis pas, l'informa son meilleur ami, Mais on peut toujours essayer. Franchement je ne crois pas que ces types soient en haut de la pyramide de ce trafic, c'est à peine s'ils ont le contrôle du quartier. A mon avis, ils ont plus besoin de fric que ce qu'ils prétendent. Ils ne pourront pas dire non.

— Qu'est-ce que tes parents vont dire quand ils verront que tu as vidé ton compte ?

— Aucune idée, j'improviserai.

— Ouais, marmonna Anna, pas vraiment convaincue par le plan, Et moi alors, je fais quoi dans tout ça ? Je dois occuper Jared pendant que tu y vas ?

— Non pas spécialement, vu que je t'ai demandé d'arrêter de trainer avec lui, ironisa Ruben, Mais visiblement, tu ne m'écoute jamais.

— Ce n'est qu'un McDo, le coupa-t-elle, Arrête d'être parano. Et puis, je suis juste en pause, c'est Jared qui s'est incrusté.

— Oui si tu veux, souffla-t-il, blasé, en levant les yeux au ciel.

Ce que, bien sûr, elle ne put percevoir.

— Enfin bref... Non, j'ai besoin que tu m'accompagnes.

— Pardon ?

— Je ne peux pas y aller tout seul Anna, tu l'as dit toi-même, on ne sait jamais comment ils vont réagir.

— Et pourquoi moi ?

— Tu es ma seule amie.

Pas faux, songea-t-elle.

— Borja ne veut pas venir avec moi. C'est un de leur dealer régulier. Il ne veut pas qu'on l'assimile au problème de Jared.

— Oui et puis tu peux ajouter qu'on ne peut absolument pas lui faire confiance aussi, ironisa Anna.

— Alors tu veux bien venir ?

— Ces types ne me connaissent pas, ils vont trouver ça suspect, lui fit-elle remarquer.

— Je dirais que tu es ma copine, on s'en fout.

— Mais pourquoi tu m'emmènerais alors ? Ce n'est pas logique.

— Je sais Anna, reprit son meilleur ami, Mais... S'il-te-plait, je suis mort de trouille.

— Alors ne le fais pas ! S'exclama-t-elle, ahurie, C'est une mauvaise idée de toute façon !

— Jared a fait pleins de trucs pour moi, l'interrompit Ruben, Il a quitté la maison quand mes parents ont refusé mon homosexualité et, maintenant, c'est lui qui n'a plus le droit d'y revenir. Si tu viens de manger avec lui, t'as bien vu qu'il avait encore un coquart à l'œil. C'est n'importe quoi sa vie en ce moment, je veux faire quelque chose pour lui.

Anna poussa un long soupir en se laissant tomber contre le banc derrière elle. Elle observa l'horloge accrochée sur le mur et constata qu'elle devait reprendre son service dans une dizaine de minutes.

— Tu veux faire ça quand ? Lâcha-t-elle, résignée.

— Seize heures, aujourd'hui, Borja m'a donné un coin dans lequel ils allaient souvent. Ils y seront normalement. Ce sera un lieu public.

— Je termine à quinze heures trente, je ne serai probablement pas à l'heure.

— Alors tu viens ? S'exclama-t-il, ravi, Pas grave, je t'attendrai !

— Oui je viens, marmonna-t-elle en regrettant déjà sa décision, Mais je te préviens, s'ils disent non directement, on n'insiste pas et on se barre.

— Oui promis, merci, je t'adore, souffla-t-il, soulagé.

La jeune fille se releva de son banc, se dirigeant vers la porte pour rejoindre la salle de restauration, et Ruben enchaina :

— Et avec Noah, ça va ?

— Toujours en Italie, répondit-elle vaguement.

— Tu as eu des nouvelles ?

— Un peu hier... Et toi Gautier ?

— Toujours en réflexion je suppose, ironisa-t-il, Mais je...

Anna n'entendit plus rien au bout du fil et elle interrogea :

— Ruben ?

— Oui désolé, ça vient de sonner en bas, il faut que j'aille ouvrir, mes parents ne sont pas là. Tu veux que je te rappelle après ?

— Non, pas la peine, je reprends le boulot.

— Bien, je t'envoie l'adresse par SMS, à cet après-midi !

— Oui, à tout à l'heure, lui confirma la jeune fille en raccrochant.

Elle rangea son portable dans le fond de sa poche et actionna la poignée pour sortir du vestiaire.

***

Ruben raccrocha son téléphone qu'il balança sur le lit et sortit de sa chambre rapidement pour rejoindre le hall d'entrée. Une nouvelle sonnerie venait de retentir et lui indiquait que la personne derrière la porte était vraisemblablement impatiente de rentrer. Il accéléra ses foulées dans les escaliers et trébucha sur la dernière marche. Le garçon se rattrapa de justesse au porte-manteau qu'il fit écrouler avec lui. Un bruit sourd résonna sur le carrelage tandis qu'il s'enfonçait dans le manteau à fourrure abominable de sa mère.

La sonnerie de l'entrée résonna de nouveau et Ruben se releva, furieux. Il avait un poil de manteau dans la bouche et commença à le retirer en grimaçant tout en se dirigeant vers la porte qu'il ouvrit brusquement.

Son pouce et son index dans la bouche, le garçon resta hébété devant la personne qui se trouvait devant lui.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? S'exclama Gautier.

— Zé un poil dans la bousse, répondit Ruben en se demandant pourquoi il n'avait pas retiré ses doigts avant de répondre.

S'exécutant avec un peu de retard, il frotta ses deux doigts sur son jean pour les essuyer et reprit plus sérieusement, bien que Gautier continuât de l'observer d'un air déconcerté :

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je ne te demande pas pourquoi tu as un poil dans la bouche, commenta le garçon avec ironie.

— Ma mère, souffla Ruben.

Face aux yeux exorbités de Gautier, il ajouta de suite :

— Son manteau !

— Ah... D'accord.

— C'était quoi cette insinuation dégueulasse ? S'offusqua Ruben, une grimace d'indécence sur le visage.

— Rien, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. Avec toi, je crois que j'ai pris l'habitude de...

— De quoi ? Blêmit Ruben, perplexe.

— Mais non ! S'offusqua à son tour Gautier en comprenant ce qu'il venait d'insinuer, Je parlais de tes cheveux, pas d'autres choses !

— De mes cheveux ? Répéta-t-il, surpris.

— Oui ! Tu passais ton temps à me les foutre dans la bouche, ou même dans mon lit, dans ma chambre, dans ma douche, énuméra Gautier, soudainement furieux.

— C'est faux, siffla-t-il, vexé, Mes cheveux tiennent très bien sur ma tête.

— Et moi, je peux t'assurer que non !

— Si ça se trouve, c'était les tiens, on a presque la même couleur de cheveux, lui fit remarquer Ruben en s'adossant contre la porte.

— Non, les miens ne sont pas bouclés comme les tiens, réfuta Gautier.

— Mais ils tombent.

— Non.

— Tu n'en prends pas soin, bien sûr qu'ils tombent, répéta Ruben d'un air assuré.

— Non, soutint Gautier, Regarde !

Le garçon approcha ses deux mains du crane de Ruben avant de les plonger dans sa chevelure pour la secouer. Puis il les retira et observa si quelques cheveux n'étaient pas restés collés entre ses doigts.

— Tu vois, commenta Ruben avec une pointe de défi dans le regard, Aucun cheveux... Et tu as même pu constater à quel point ils sont soyeux.

— Ouais, marmonna le garçon, vexé, Mais vas-y, fais-le avec moi, tu verras qu'ils ne tomberont pas non plus.

Ne se faisant pas prier, Ruben glissa doucement ses doigts au niveau des tempes du garçon jusqu'à l'arrière de son crane qu'il maintint fermement devant lui.

— Tu n'es pas venu me parler de la qualité de mon cuir chevelu, n'est-ce pas ? L'interrogea-t-il en plongeant son regard dans le sien.

— Non, lui avoua Gautier.

— Tu as réfléchi ?

— Oui.

— Et ? Interrogea Ruben qui sentait que son pouls commençait déjà à s'accélérer.

Il avait gardé ses mains à l'arrière de son crâne et, tandis que le garçon restait silencieux, il les glissa jusqu'à son cou.

— Je ne peux pas ressortir avec toi Ruben, lâcha Gautier sourdement.

La boule au ventre et la gorge nouée, le garçon détacha ses doigts de son étreinte et ses bras retombèrent le long de son corps aussi lourdement que la baffe qu'il venait de se prendre.

— Je suis désolé. Je pense qu'on a été trop vite.

— Pardon ?

— Quand on y réfléchit, on se connait que depuis un mois, reprit-il, Et on est sorti ensemble seulement au bout de quelques jours. On n'est pas passés par les étapes intermédiaires.

— Quelles étapes intermédiaires ? Cracha Ruben, frustré de cette excuse toute nouvelle, mais tout aussi bidon que les autres.

— Apprendre à se connaître, rencontrer nos amis, notre famille, faire connaissance du passé de l'autre, énuméra Gautier, Tu m'as dit que tu ne connaissais rien sur mes ex, et le fait que je ne sache rien sur le tien non plus m'a fait complètement péter un plomb.

— Et le temps aurait changé quelque chose à ta jalousie maladive ? Ironisa Ruben.

— Peut-être... Je n'en sais rien.

— Alors qu'est-ce que tu proposes ?

— Soyons amis, répondit Gautier en soutenant son regard, Reprenons au début.

— Amis ? Répéta le garçon, sceptique, On ne l'a jamais été... Tu crois qu'on y arrivera ?

— Il n'y a pas de mal à essayer.

Ruben s'arrêta pour réfléchir. Gautier avait raison, c'était probablement mieux que rien, vu qu'il ne semblait pas vouloir lui pardonner pour le moment.

— On fait comme ça.

Un sourire se dessina sur le visage de Gautier, soulagé par l'alternative qui s'offrait à lui, et il proposa de suite :

— Si tu veux, on va faire une partie de squash avec mes amis en fin d'après-midi, tu peux nous rejoindre. On pourra sa mettre dans la même équipe.

Ruben voulu accepter, mais sa conversation avec Anna deux minutes plus tôt lui revint en mémoire et il grimaça.

— Tu ne peux pas ? En conclut Gautier.

— Non... Pas cet après-midi. Désolé.

Face à l'absence d'explication, Gautier préféra ne pas insister. Il fit un pas en arrière pour s'éloigner de la maison et enchaina juste avant de se retourner :

— Juste... Je ne l'ai pas précisé, mais cela me semble évident... Même si on n'est que amis, il ne doit plus y avoir aucun mensonge entre nous.

— Je sais.

— Que ce soit Anna, Jared ou Borja, je veux que tu me dises tout Ruben.

Le garçon acquiesça de la tête, mais comme Gautier ne semblait pas vouloir partir sans l'avoir entendu de sa propre bouche, il ajouta finalement :

— Je vais juste voir Anna cet après-midi, c'est tout.

— Je te crois.

Gautier s'éloigna et Ruben lui fit un léger signe d'au revoir, tout en ayant la désagréable sensation d'être le plus gros connard que la terre n'ait jamais porté.

***

Anna traversa la grande place entourée de bâtiments HLM. Entre les murs de bétons, elle entendait les rires des enfants qui jouaient dans le parc à côté et reporta leur regard vers eux, les observant pendant quelques minutes jusqu'à ce qu'elle se souvienne pourquoi elle était ici.

Elle détourna son regard et chercha des yeux son meilleur ami. Avec ses bouclettes châtains, Anna le repéra aisément, nonchalamment vautré contre un mur d'immeuble, une main dans la poche de son jean et l'autre à tenir sa cigarette. Elle s'approcha de lui et déclara en arrivant à sa hauteur :

— Je croyais que tu avais arrêté.

— Gautier veut qu'on soit amis, répondit-il pour simple explication.

— C'est mieux que rien non ? Tenta la jeune fille en se demandant si elle allait se faire incendier pour cette remarque.

Mais il n'en fut rien car Ruben se contenta de laisser tomber sa cigarette sur le sol pour l'écraser avec la semelle de ses chaussures. Anna remarqua qu'il n'était pas habillé comme d'ordinaire. Il était étrangement sobre, pour une fois. Un jean simple et pas aussi serré que ce qu'il avait l'habitude de porter et un pull gris clair en coton. Probablement qu'il n'avait pas voulu attirer l'attention sur lui.

La jeune fille porta soudainement un regard à sa tenue, songeant qu'elle n'avait pas du tout pensé à cela. Elle réalisa rapidement qu'elle n'avait pas vraiment de soucis à se faire, Anna était toujours aussi banale, mais quand elle ne cherchait pas particulièrement à l'être.

— On y va ? Abrégea Ruben en s'écartant du mur.

— Et où est-ce qu'on va ? S'enquit sa meilleure amie en le suivant.

— Sur le terrain de basket derrière l'immeuble, apparemment ils y sont toujours.

— Je suppose que c'est Borja qui te l'a dit ?

— Pourquoi tu me poses la question si tu connais déjà la réponse ?

Anna se tut. Ruben avait vraiment l'air de mauvaise humeur et elle supposa qu'il n'avait pas vraiment digéré ce que lui avait dit Gautier. Cela se comprenait aisément. Pas plus tard qu'hier, le garçon croyait encore qu'ils se remettraient ensemble tous les deux.

— Tu sais, renchérit Anna pour le faire relativiser, Je ne suis probablement plus avec Noah.

— Quoi ?! S'exclama-t-il en se plantant devant elle, Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?!

— Je lui ai fait sous-entendre que je ne lui faisais pas confiance vis à vis d'Ellie.

— Et ? Enchaina Ruben, curieux.

— Il m'a raccroché au nez, conclut Anna.

— C'était quand ?

— Hier.

Ruben approuva sa remarque d'un hochement de tête puis ils se remirent à marcher en direction du terrain de basket, en silence et probablement en train de songer à quel point leur vie était merdique. Ce qui était d'ailleurs plutôt cohérent avec ce qu'ils s'apprêtaient à faire.

Ruben s'arrêta une fois qu'ils aperçurent le terrain, lançant un rapide coup d'œil aux différents groupes qui jouaient sur le béton. Derechef, il reconnut de suite les quatre garçons du trafic qu'il avait croisé rapidement à leur dernière soirée dans la banlieue parisienne.

— Bien, souffla-t-il pour se donner du courage, On y va ?

— Ils t'ont déjà frappé Ruben, murmura sa meilleure amie, Tu es sûr que tu veux y retourner ? Et s'ils voulaient repasser un message à Jared comme la dernière fois ?

— Tu appelleras la police ? Proposa-t-il.

— Et s'ils me frappent aussi ?

— Ils ne le feront pas.

— Comment tu le sais ?

— Parce qu'ils ne le feront pas, lui assura-t-il, Allez on y va.

Sur ces mots, Ruben avança d'un pas décidé vers le terrain et Anna le suivit à contrecœur. Elle n'aimait pas du tout ce plan et elle se demandait à l'instant pourquoi elle avait accepté de venir.

— Excusez-moi, commença Ruben en se rapprochant du panier de basket où les quatre jeunes étaient en train de jouer, Je peux vous interrompre deux minutes ?

Un petit garçon trapu qui venait de faire rentrer le ballon de basket dans le filet le rattrapa et il se retourna, furieux, vers la personne qui venait de l'interrompre.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Parler.

— Attends... Mais t'es le frère de Jared ?! S'exclama un deuxième gars en se rapprochant d'eux.

Anna sentit son sang battre dans ses veines et elle attrapa son téléphone dans la poche de sa veste en jean.

— T'es suicidaire comme type ? Enchaina le petit trapu.

— Je viens vous proposer un deal.

— On n'a assez de ton frère qui ne respecte pas ses promesses, cracha un des deux derniers types qui venaient de les rejoindre, Casse-toi d'ici avant qu'on ne te rappelle que tu n'as rien à foutre chez nous.

— Je peux vous rembourser tout ce que Jared vous doit, enchaina Ruben sans se laisser démonter.

Même si, en réalité, il n'était pas loin de se pisser dessus, totalement terrorisé par les quatre hommes qui se tenaient devant lui.

— Nous rembourser ? Répéta sceptique un des gars, Tu ne sais même pas combien il nous doit.

— J'ai plein d'argent, assura Ruben tandis qu'Anna resta complètement silencieuse, constatant à quel point sa présence était inutile.

— Ce n'est pas d'argent dont on a besoin, cracha le petit trapu, Ton frère nous a humiliés et nous a fait perdre toute notre clientèle de bobos parisiens.

— Alors je peux vous la retrouver.

Un cri d'indignation resta coincé en travers de la gorge de sa meilleure amie qui resta prostrée de stupéfaction, tandis qu'un de types fronça ses sourcils d'un air intéressé.

— Comment ça ?

— Toutes les soirées où Jared était invité, expliqua Ruben, Je peux y aller aussi. Je peux recréer la clientèle que vous avez perdue. Les gens savent que je suis le frère de Jared, ils auront confiance en moi.

— Ouais... Ça se tient.

— Quoi ?! Explosa Anna, dont ils entendirent le son de sa voix pour la première fois.

Ils remarquèrent également sa présence, vu la manière dont ils venaient tous les quatre de se retourner dans sa direction.

— C'est qui, elle ?

— Moi, je n'ai rien à voir là-dedans ! S'exclama la jeune fille, Je suis seulement son...

— C'est la copine de Noah Khan, l'interrompit son meilleur ami.

Les quatre types s'arrêtèrent un instant pour l'observer, se demandant probablement s'il s'agissait d'une blague. Bien sûr, ils ne connaissaient pas Noah personnellement, mais ils savaient pertinemment ce que signifiait son nom de famille, associé depuis quelques années au prestige du Palace. Le repère de l'élite parisienne par excellence.

— Anna pourra me faire entrer sans problème aux soirées de Noah, reprit Ruben, Personne ne la soupçonnera.

— C'est vrai ? Interrogea un des types en se rapprochant d'Anna, Tu es la copine de Khan ?

La jeune fille se contenta de fusiller du regard son meilleur ami, ne réalisant même pas qu'on était en train de lui parler. Elle n'en revenait pas que Ruben lui ait fait un tel coup, sans même lui en parler. Venait-il réellement de la faire entrer dans un trafic de drogue dont elle ignorait tout ?

— Oui, elle l'est, répondit le garçon à sa place, tandis que la jeune fille était toujours dans l'incapacité de sortir le moindre mot.

— D'accord, déclara le petit trapu, On te donne une chance d'essayer. Mais je vous préviens que si vous nous dénoncez, vous êtes morts. Toi, Jared et toi, cracha-t-il en se tournant vers Anna.

Pas la peine, songea-t-elle, Elle se serait probablement suicidée avant que cela n'arrive.

— Qu'est-ce qu'on doit faire ? Enchaina Ruben.

— Pas ici, déclara un des types, Tu nous rejoins ce soir dans l'immeuble désaffecté, on te donnera les consignes.

— D'accord.

— Maintenant, disparaissez avant que ça ne devienne suspect, continua-t-il en attrapant le ballon dans les mains du petit trapu pour le lancer dans le filet.

Ses trois autres amis le suivirent sur le terrain et Ruben s'éloigna d'un pas. Remarquant qu'Anna était restée plantée sur le bord du terrain, le garçon fit demi-tour et lui attrapa le bras pour l'emmener avec lui.

Il déclara, sèchement :

— Arrête de faire cette tête, tu vas nous griller !

L'indignation, la peur et la haine qu'Anna ressentait en cet instant et qui s'exprimaient sur son visage par une grimace hideuse disparut peu à peu de ses traits et elle se retourna vers son meilleur ami. Celui-ci était d'ailleurs étrangement calme pour quelqu'un qui venait de s'infiltrer dans un trafic de drogue dont les principaux dealers voulaient la peau de son frère.

En l'observant plus longuement, la jeune fille crut presque voir un sourire se deviner sur ses lèvres, comme si tout se déroulait comme il l'avait prévu.

— Tu le savais, souffla-t-elle, perplexe, tandis qu'il continuait de l'éloigner du terrain de basket pour éviter qu'elle ne fasse une crise devant tout le monde, Tu le savais qu'ils ne voulaient pas d'argent en réalité ?

— Oui, lui avoua Ruben, Je m'en doutais fortement.

— Alors c'est pour ça que tu m'as amené avec toi ? Enchaina-t-elle de plus en plus indignée, Tu t'es servi du fait que je sortais avec Noah pour être plus crédible devant eux ?

— Non, ne le prends pas comme ça.

— Mais tu me dégoutes Ruben ! Explosa-t-elle en retirant son bras fermement, Je n'ai pas signé pour être une putain de dealeuse !

— Mais tais-toi ! S'exclama le garçon à son tour en reportant son regard de gauche à droite pour s'assurer que personne ne l'avait entendu.

Il se rapprocha ensuite de la jeune fille, posa ses deux mains sur ses joues pour la détendre, et continua d'une voix calme et assurée :

— Je suis là Anna, je t'assure que ça va bien se passer. Jared l'a fait pendant des années, et nous, c'est temporaire. Il ne nous arrivera rien. Ne me laisse pas tout seul, je t'en prie.

— Mais tu aurais pu au moins m'en parler ! Explosa la jeune fille que rien ne pouvait calmer, Tu m'as laissé sur le fait accompli Ruben ! C'est nul et lâche de faire ça !

— Si je t'en avais parlé, tu n'aurais jamais accepté.

— Mais bien sûr ! S'exclama-t-elle, Tu te rends compte de ce que tu viens de nous faire ? On est des dealeurs ! Des putains de dealeurs ! Répéta-t-elle en sentant une crise d'angoisse monter peu à peu, C'est un délit Ruben, on risque la prison si on se fait prendre ! Mais putain, ouvre les yeux ! Je suis désolée, mais non, je ne te suis pas sur ce coup-là. Débrouille-toi tout seul !

— Et bien merci pour la solidarité, ironisa-t-il.

— Quelle solidarité ? Siffla-t-elle, furieuse, Tu n'as pensé qu'à toi. Je t'ai toujours soutenu, mais là, tu vas trop loin. Je ne le ferai pas. Et tu ne le devrais pas non plus. De toute façon, je t'en empêcherai.

— C'est trop tard maintenant, lui fit-il remarquer.

— Non, ils détestent déjà Jared, ça ne changera pas grand-chose.

— Je le ferai Anna, pour mon frère, je vais le faire.

— Je t'en empêcherai, répéta-t-elle.

— Si tu fais ça, la mit en garde Ruben, Tu sais très bien ce qui va se passer. Ils vont péter un câble. C'est Jared qui pourrait prendre à ma place.

— Je sais, cracha-t-elle, Et c'est pour ça que je t'en aurais empêché avant si tu avais eu l'intelligence de m'en parler !

Anna s'arrêta de crier pour passer ses mains sur son visage. Elle remarqua à l'instant que celles-ci tremblaient et son meilleur ami les lui attrapa pour les serrer dans les siennes.

— Je suis désolé Anna de t'avoir mis sur le fait accompli. Mais il fallait que je fasse quelque chose pour Jared.

— Mais pas ça putain, bégaya la jeune fille dont les larmes commençaient à brouiller la vue, Pas ça Ruben. C'est trop dangereux.

— C'est temporaire.

— Mais non, ça ne l'est pas ! Explosa-t-elle de nouveau en retirant ses mains, On ne pourra jamais sortir de ce truc maintenant !

— Bien sûr que si, c'est juste le temps de leur refaire une clientèle !

— Et après, abruti ? S'écria Anna, excédée, En supposant que tu y parviennes, tu crois qu'ils vont te lâcher comme ça, reperdre encore une fois leur clientèle comme avec Jared. T'es débile ou quoi Ruben ? Ils l'ont dit en plus qu'ils avaient besoin de gens comme nous pour rentrer dans les soirées bourges de Paris, ils ne te laisseront jamais partir maintenant que tu es avec eux !

— Calme-toi Anna, j'y ai déjà réfléchi.

— Oh tu as réfléchi ? Ironisa-t-elle, Permets-moi de douter qu'une seule réflexion t'ait traversé l'esprit.

— Borja est avec nous, l'informa-t-il.

— Que... Quoi ? Bégaya-t-elle, Comment ça il est avec nous ?

— Une fois qu'on aura refait une clientèle, Borja me remplacera.

— Et comment il fera ? L'interrogea la jeune fille, sceptique, Il est loin de faire partie de la liste du Palace.

— C'est pour ça qu'il va nous accompagner toute cette semaine, lui expliqua Ruben, Avec toi et moi, il rentrera sans problème. Les gens qui nous achèteront de la drogue nous verront avec lui. Ils lui feront confiance peu à peu. Une fois qu'il sera totalement intégré au réseau du Palace, il pourra récupérer la place qu'avait Jared.

Lentement, le visage d'Anna se décomposa peu à peu. Cette réflexion était bien trop réfléchie pour venir de son meilleur ami.

— Alors Borja est dans le coup depuis le début ? Murmura-t-elle, le souffle coupé, Vous avez monté ce plan tordu tous les deux ?

— Oui.

— J'hallucine... Vous vous êtes totalement servi de moi alors ? Pourquoi ce n'est pas lui qui t'a accompagné ? Qu'est-ce que je viens faire là-dedans ?

— On a besoin de toi pour rentrer au Palace.

— Conneries ! S'écria-t-elle, furieuse.

— Et pense à Jared, c'est pour lui qu'on fait ça !

— Pour Jared ? Répéta-t-elle, hallucinée, Mais pourquoi Borja aiderait Jared ? C'est pour passer plus de temps avec toi qu'il fait ça, et gagner plus de tunes probablement ! T'es aveugle Ruben, Borja n'en a rien à foutre de Jared. Il te l'a déjà prouvé plusieurs fois.

— Oui et bien peu importe, nous, on sait pourquoi on fait ça.

— Nous ? Reprit-elle, outrée, Ne fais pas comme si je faisais partie de tout ça.

— S'il-te-plait Anna, reprit Ruben d'un ton suppliant, J'ai besoin de toi. Tu n'auras rien à faire. Juste à faire entrer Borja au Palace. Après, tu nous laisses nous débrouiller pendant la soirée. Tu n'es même pas obligée de rester. Il ne t'arrivera rien. Et si jamais on se fait prendre, tu n'auras qu'à faire comme si tu n'étais au courant de rien.

— Pour ça, compte sur moi ! S'exclama-t-elle.

— Alors ça veut dire que tu veux bien ?

— Quoi ? Non, ce n'est pas ce que j'ai dit !

La jeune fille détacha son regard de celui suppliant de son meilleur ami, réalisant qu'ils avaient continué à marcher et qu'ils étaient désormais au milieu du parc pour enfants. Un petit garçon passa à côté d'elle à vive allure ce qui la sortit soudainement de sa torpeur. Elle se retourna ensuite vers Ruben qui continuait de l'observer, comme si elle était son unique espoir sur terre.

— Je sais que ce que je te demande est énorme pour toi, mais...

— C'est surtout illégal Ruben, le coupa-t-elle.

— La raison de Borja n'est peut-être pas très claire, mais tu connais la mienne. Je veux juste aider mon frère.

— Il nous tuera quand il le saura.

— Il ne le saura peut-être pas, relativisa-t-il.

Anna leva les yeux au ciel. Bien sûr qu'il le saurait.

— On commence quand ? L'interrogea-t-elle à court d'argument. Un sourire de soulagement s'étala sur le visage de son meilleur ami tandis qu'il lui répondit :

— Ce soir... Je suppose.

***

Frénétique, Anna tapota ses doigts sur le bar en bois d'acajou de la boite de nuit du Palace. Quelques secondes plus tard, le serveur lui apporta son verre et la jeune fille l'attrapa presque avec désespoir, avalant son contenu alcoolisé sous le regard perplexe du barman auquel elle tendit sa carte de crédit. Celui-ci la saisit sans commentaire et l'enfonça dans la machine pour qu'elle puisse taper son code. Puis il la lui rendit et laissa la jeune fille terminer son verre aussi vite qu'elle venait de le payer. Ce n'était pourtant pas dans son habitude de se réfugier dans l'alcool lorsqu'elle était stressée ou déprimée, mais, ce soir, Anna sentait que ses deux états étaient si avancés qu'il valait mieux y remédier par l'oubli. Elle était complice d'un trafic de drogue. Elle qui n'avait jamais rien demandé à personne.

Anna sentit son pouls s'accélérer et une goutte de sueur lui coula le long du dos. L'alcool ne l'avait pas réellement aidé à se sentir mieux. Au contraire, elle avait l'impression d'avoir la gorge en feu et avait terriblement chaud.

Poussant un soupir pour se calmer, elle bifurqua son regard vers Ruben et Borja qui discutaient dans un coin de la boîte. Ce dernier devait probablement donner des conseils au premier. C'était ridicule, songea Anna en reposant son verre tragiquement vide sur le comptoir du bar derrière elle, Ruben était tout ce qu'il y avait de plus innocent au monde. Il n'était décidément pas crédible dans le rôle du dealer de la jeunesse dorée. Les gens allaient tout simplement croire à une blague. Par contre, Anna devait reconnaître que Borja avait une certaine allure qui ne la laissait pas indifférente. Il fallait bien reconnaître que toute fille sage dans son genre avait toujours eu un faible pour les mauvais garçons. Le bel espagnol avait échangé son éternel jogging pour une tenue un peu plus en adéquation avec le lieu dans lequel il se trouvait : un jean noir qui lui tombait légèrement sur les hanches et un sweat-shirt gris taupe dont il avait remonté les manches, ce qui laissait apparaître ses avant-bras bronzés et musclés.

Anna détourna son regard pour se concentrer de nouveau sur le reste de la boîte. On était mercredi soir, pendant les vacances de Pâques, il n'y avait pas foule, constata-t-elle en songeant que cela était plutôt rassurant. Aucune trace d'ailleurs de la bande habituelle. Noah était absent, mais ça n'empêchait en rien que ses amis continuent de faire la fête sans lui... Quoi qu'on pût peut-être en douter, vu que la jeune fille n'avait aperçu aucun visage familier de toute la soirée.

Anna bifurqua son regard vers sa montre. Il était une heure du matin et elle s'ennuyait à mourir. Bien sûr, elle aurait pu rentrer chez elle, mais Anna n'aimait pas l'idée de laisser Ruben seul avec Borja... Bien qu'elle aurait été aussi transparente chez elle que prostrée à côté du bar comme elle le faisait depuis bientôt une heure, songea-t-elle, résignée.

Finalement, elle aperçut Ruben s'éloigner de Borja pour rejoindre une bande d'amis installée sur une des tables à l'extérieur de la piste de danse. Borja le suivit du regard puis bifurqua son regard vers Anna qu'il rejoignit après avoir traversé la piste de danse.

Le garçon s'accouda au comptoir du bar, commanda une bière, puis se retourna vers la jeune fille dont le silence dédaigneux valait bien toutes les insultes du monde.

— Crois-moi, cette situation ne me plait pas non plus.

— J'en doute, siffla Anna en l'observant en biais tandis qu'il payait sa boisson.

Sa bouteille de bière dans les mains, Borja rejoignit Anna qui observait Ruben au loin, et il enchaina :

— Si je fais ça, c'est parce que je veux le surveiller. Je savais que c'était dangereux.

— Alors pourquoi tu lui as proposé ce plan à la base ? L'interrogea-t-elle, sèchement, Parce que tu ne me feras pas croire que c'est Ruben qui a eu cette idée.

— Je veux le protéger Anna, je ne te demande pas de croire autre chose.

— Tu ne veux pas le protéger, tu veux le garder pour toi, rectifia la jeune fille, Et tu es prêt à le mettre en danger pour ça, donc, non, je ne risque pas de te croire.

Borja ne voulut pas répondre et il se contenta d'avaler une nouvelle gorgée de sa bière tandis qu'Anna ajouta :

— Ruben est amoureux de Gautier.

— Tu n'en sais rien.

— C'est mon meilleur ami, précisa-t-elle, Je le sais.

— Alors tu devrais savoir qu'il m'aime aussi.

Ce ton prétentieux et vaniteux auquel on ne pouvait rien rétorquer lui fit lever les yeux au ciel tandis qu'elle réalisa que Borja n'était pas très loin de Noah Khan en termes d'égo.

— Je n'ai qu'un mot à dire à la sécurité et tu es viré définitivement du Palace, rétorqua-t-elle après un instant en se retournant vers lui.

— Tu ne ferais pas ça, tu ne laisserais pas Ruben se débrouiller tout seul là-dedans.

— Je ne me gênerai pas Borja, l'arrêta-t-elle, Tu n'as jamais été capable de protéger Ruben et tu le sais très bien. Si jamais il se faisait prendre ce soir, tu n'y changerais absolument rien car tu te contenterais de faire comme à ton habitude : fuir. Tu ne m'auras pas avec ce chantage affectif à la con.

Borja l'observa avec dédain et frustration. Il avala une autre gorgée de sa bière et enchaina, sèchement, après avoir retiré le goulot en verre de ses lèvres :

— Je ne comprends vraiment pas ce que Jared peut te trouver.

Il la planta là sans d'autres explications.

***

Ruben Greggs poussa un long soupir tout en se laissant tomber contre un mur tapissé derrière lui. Il était cinq heures du matin et la fatigue commençait à se faire sentir. Ses jambes étaient lourdes et ses paupières tombaient lourdement sur ses yeux. Un bâillement s'échappa de ses lèvres et Borja le rejoignit à cet instant, s'affalant à côté de lui :

— Alors ça se passe bien ?

— Bof, les gens m'ont pas mal ignoré.

— Normal, lui assura le bel espagnol, Ils ne te connaissent pas bien, ils n'ont pas encore confiance.

Ruben approuva sa remarque d'un signe de la tête, l'air d'avoir plus envie d'y croire qu'autre chose.

— Bref, enchaina-t-il après un deuxième bâillement, Je crois qu'on peut rentrer maintenant, il n'y a plus personne de toute façon.

Hormis les gens complètement ivres sur la piste de danse qui représentaient, en réalité, la moitié de la soirée.

— Comme tu veux, commenta Borja qui ne semblait pas le moins du monde fatigué, En tout cas, moi, je trouve ça bien pour un premier soir. Demain ira mieux.

— Demain ? répéta Ruben, surpris.

— Demain et tous les autres soirs de la semaine, rectifia Borja, Il faut qu'on profite de l'absence de Noah maintenant. Il n'est pas con, le garçon. Il va nous cramer dès qu'il reviendra.

— Il n'est pas le seul à ne pas être con dans cette histoire, répondit Ruben alors qu'ils s'éloignaient tous les deux vers le hall d'entrée, Les mecs du trafic... Comment on peut être sûr qu'ils vont me laisser tomber ? Qu'ils accepteront de te remplacer par Jared ?

— Ne t'inquiète pas, ça passera, ils ont confiance en moi. Je ne leur ai jamais créé de problèmes.

— Ça c'est clair que tu n'as jamais eu le cran de leur tenir tête, ironisa Ruben avec un sourire en coin.

Borja s'arrêta de marcher, le toisant d'un air mauvais, avant de répliquer, sèchement :

— Je ne pouvais pas te défendre. Pas alors qu'ils savaient que tu étais le frère de Jared. J'aurais été totalement mis hors-circuit moi aussi.

— Pourquoi tu ne me dis pas la vérité ? L'interrogea Ruben en se retournant vers le garçon pour lui faire face.

— C'est la vérité.

— Alors l'autre vérité ?

— Quelle autre vérité ? De quoi tu parles ? Commença à s'emporter Borja.

— Que tu as peur de te battre.

— Pardon ?

— Belen m'a parlé de ton père, l'informa Ruben.

— Elle a quatorze ans, grinça le garçon entre ses dents, Tu ne vas pas croire la psychologie de comptoir d'une collégienne qui ne sait même pas de quoi elle parle.

Ruben ne trouva pas la force de lui répondre. Il était fatigué et, plus honnêtement encore, il ne songea pas que cela eut été pertinent. Borja n'était pas à un mensonge près sur sa vie.

— Il faut retrouver Anna, enchaina-t-il pour changer de sujet, Elle doit péter un plomb vu l'heure qu'il est.

— Elle s'est endormie sur une banquète de la boîte, l'informa Borja, Je l'ai vu tout à l'heure en passant.

— Sérieux ? Pouffa Ruben en visualisant la scène dans sa tête.

— Ouais, viens.

Ils s'avancèrent tous les deux vers un coin plus tranquille de la boîte, passant près des tables VIP, puis s'arrêtèrent devant une banquette en velours rouge sur laquelle Anna semblait profondément endormie.

Doucement, Ruben se rapprocha de sa meilleure amie et il secoua son épaule gentiment pour la réveiller, se retenant de ne pas exploser de rire. Elle avait vraiment l'air d'une enfant dans cette position.

Après quelques secondes, la jeune fille sembla émerger et elle ouvrit les yeux doucement, plissant les sourcils à mesure qu'elle comprenait dans quel endroit elle se trouvait. Subitement, elle se releva en passant une main dans ses cheveux pour leur redonner une forme convenable. Anna lança un rapide coup d'œil tout autour d'elle d'un air paniqué.

— Ne t'inquiète pas, lui assura Ruben, Il n'y a plus personne.

— J'ai dormi ? Interrogea-t-elle, surprise.

— Oui, commenta Borja sans cacher la moquerie dans sa voix.

— Ce n'est pas grave Anna, il n'y avait personne d'important ce soir.

— Il est quelle heure ? Enchaina la jeune fille qui, en réalité, se fichait éperdument qu'on l'ait vu ou non.

— Bientôt six heures, lui répondit son meilleur ami après un regard à sa montre.

— Merde, souffla la jeune fille, surprise, Déjà ?

— Tu as dormi presque toute la soirée, rétorqua Borja.

— Et alors, comment ça s'est passé ? S'inquiéta-t-elle en se retournant vers Ruben.

— Pas trop mal... Selon Borja en tout cas.

Anna lui lança un regard en coin, lui faisant ainsi comprendre, qu'en effet, elle doutait de sa parole elle aussi. Le garçon ne voulut pas relever.

Ils sortirent tous les trois de la boîte, se retrouvant rapidement dans le hall du Palace, tandis que la jeune fille continua :

— Quand est-ce qu'on remet ça ?

— Demain.

— Quoi ?! S'énerva-t-elle en se retournant vers les deux garçons, Vous déconnez ? On ne va pas faire ça tous les soirs ! Je travaille moi !

— Tu m'as dit que tu bossais du soir à partir de demain, répondit Ruben, Tu peux venir après ton service et dormir toute la journée.

— J'ai un BAC à réviser, l'interrompit-elle, sèchement, Je ne vais pas faire des nuits blanches toute la semaine.

— Tant que tu nous laisses entrer, tu peux repartir après, il n'y a pas de problème, intervint Borja.

Elle l'incendia du regard. Bien sûr qu'il n'y avait pas de problème pour qu'elle lui laisse Ruben toute la soirée, songea-t-elle, blasée. Bien que ce fût effectivement ce qu'elle avait fait ce soir, puisqu'elle avait dormi la moitié de la nuit.

— Non, déclara-t-elle en ne quittant pas Borja du regard, Je reste.

— Parfait ! S'exclama Ruben, qui ne capta même pas ce qui était en train de se passer, Anna, tu veux rester dormir chez moi ?

— Non, c'est bon, je vais prendre les premiers métros, vu l'heure qu'il est maintenant.

Les trois jeunes rejoignirent les grandes portes en verre pour sortir du bâtiment lorsqu'une tête brune qu'ils ne connaissaient que trop bien déboula soudainement devant eux, traversant le hall sur ses hauts talons aiguilles.

— Maman ?! S'égosilla Anna, perplexe.

— Chérie ? S'exclama celle-ci sur le même ton.

Cécile Joly reporta son regard vers les deux garçons qui accompagnaient sa fille ainée et elle reconnut de suite la touffe bouclée qui se tenait devant elle.

— Ruben ! Ça me fait plaisir de te revoir !

Elle se jeta dans ses bras pour le serrer contre sa poitrine rebondie et Borja se recula d'un pas en les toisant tous les deux d'un air mauvais.

— Bonsoir Madame Joly, enchaina Ruben, légèrement mal à l'aise de sentir ses seins collés contre son torse.

— Tu peux dire bonjour vu l'heure qu'il est, rétorqua Cécile en s'éloignant du garçon, Vous sortez de boîte ?

— Oui, répondit Anna, Mais toi, qu'est-ce que tu fais ici ?

— Il y a une réunion importante ce matin avec les investisseurs américains de la dernière fois, commença-t-elle à lui expliquer, Je veux faire bonne impression et je dois retoucher quelques dossiers avant qu'ils n'arrivent... Et au moins, je suis sûre de ne pas être en retard !

— Ça ne risque pas, commenta sa fille, Il est à peine six heures du matin.

Cécile voulut répondre, mais une voix masculine fit soudainement irruption à côté de leur petite troupe et ce fut, totalement effarée, qu'Anna réalisa qu'il s'agissait de Paul Khan. Le propriétaire de l'endroit où elle venait de participer à un trafic de drogue. Bien sûr, elle fut la seule à se décomposer, puisque ni Ruben, ni Borja ne savaient que cet homme était le père de Noah. Bien que son teint basané et son air arrogant ne laissait que peu de doutes sur leur lien de parenté.

— Qu'est-ce que vous faites là si tôt ? S'étonna-t-il en s'adressant à Cécile.

— J'ai du travail à faire, répondit-elle sans entrer dans les détails, ne préférant pas préciser qu'elle n'avait pas terminé celui qu'elle devait rendre dans deux petites heures.

— Bien, et toi ? Interrogea Paul en se retournant vers Anna, C'est à cette heure-là que tu sors de boîte ?

— Euh... Oui, lui répondit-elle en ne voyant pas très bien où serait l'intérêt de mentir puisque, clairement, elle n'avait aucune autre excuse pour être ici.

— Tu as l'air épuisée, enchaina-t-il, Tu veux dormir dans la chambre de Noah ? L'appartement est ouvert, il y a Jonas ce matin.

— Mais pourquoi ma fille irait dormir avec votre fils ?! S'exclama Cécile, totalement hébétée, en se retournant vers lui.

Paul Khan fronça des sourcils d'un air étonné tandis qu'Anna lui fit signe de ne rien dire, lui faisant ainsi comprendre que sa mère n'était pas au courant de leur relation.

— Ça ne va pas dans votre tête ! Continua Cécile, furieuse.

— Noah n'est pas en France en ce moment, reprit Paul, Je lui proposais juste la chambre.

— C'est totalement déplacé.

— Ma bonté d'âme me perdra, ironisa-t-il simplement en espérant que cela allait abréger la conversation.

Ce fut le cas, puisque Cécile se contenta de hausser les sourcils en soupirant. Elle marmonna un « ridicule » entre ses lèvres pincées puis embrassa sa fille qu'elle soma de rentrer immédiatement. Anna acquiesça de la tête et sa mère s'éloigna de sa démarche fière pour rejoindre les bureaux de l'entreprise. Paul, quant à lui, se retourna vers la jeune fille pour l'interroger :

— Pourquoi ta relation avec mon fils est-elle un secret ?

— Ma mère est folle et elle déteste Noah.

— Pas faux, répondit Paul à qui l'explication semblait convenir.

Il s'éloigna des trois jeunes pour rejoindre un agent de la sécurité qui se trouvait près des portes de l'entrée de la boîte de nuit. Anna l'observa partir et sentit son cœur s'accélérer dans sa poitrine, une vision lui venant soudainement en mémoire.

— Ils ont des caméras de surveillance ici, non ?

— Bien sûr, comme toutes les boîtes, murmura Ruben qui venait vraisemblablement de penser à la même chose qu'elle.

— Tu crois qu'ils nous ont vu ?

— N'importe quoi ! S'exclama Borja, Ils ont autre chose à foutre que de regarder des vidéos !

— Il y a des gens payés pour ça crétin, siffla Anna en se retournant vers lui.

— S'ils étaient aussi bien payés que ça, ils seraient avec nous en ce moment et pas dans leur putain de bureau, rétorqua-t-il, Arrêtez avec votre paranoïa tous les deux.

Le bel espagnol s'éloigna de plusieurs pas avant de répéter pour la énième fois de la soirée :

— Le plan se passe comme prévu. Arrêtez avec cette gueule de déterrés. Tout va bien. On se retrouve demain soir.

— Ou pas, commenta Anna.

— J'en doute.

La jeune fille se retourna vers son meilleur ami, attendant qu'il lui donne l'approbation pour se débarrasser de ce crétin, mais Ruben lui murmura du bout des lèvres :

— Tu sais qu'on a besoin de lui.

Anna leva les yeux au ciel, mais son absence de réponse trahissait le véritable fond de sa pensée.

— Je vais dormir, déclara-t-elle en rejoignant les portes d'entrées, À demain soir. 


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