Nantis

By FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 3 : Another love

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By FlorieC


— Génial ! S'exclama Ruben en reposant la feuille qu'il avait dans les mains sur le bureau de Belen, Tu as presque tout réussi.

— Presque ? Répéta la jeune fille, contrariée.

— Trois fois rien, la rassura le garçon en lui montrant de son index les équations qu'il avait soulignées en rouge, Regarde bien, je suis sûr que tu vas pouvoir réparer ton erreur.

La jolie brune attrapa sa feuiller pour relire la correction et Ruben l'observa d'un sourire complice. Belen avait fait de réels progrès ces derniers mois, c'était impressionnant. Bien sûr, il n'avait pas la prétention de dire qu'il y était pour quelque chose. Belen aurait réussi avec n'importe quel tuteur. C'était sa force de caractère et sa détermination qui l'avaient fait progresser aussi vite.

Laissant la jeune fille à sa correction, Ruben se releva de la chaise de bureau et se dirigea vers son lit pour s'y asseoir. Son regard parcourut le mur à côté de lui et il contempla les photographies qui y étaient accrochées. Elles étaient toutes en noir et blanc et ne concernaient principalement que Belen et ses amies. Cependant, une des images la représentait avec deux de ses frères sur laquelle il reconnut de suite Borja. Il supposa que la photographie avait dû être prise en Espagne car il reconnaissait vaguement un panneau derrière eux où l'inscription était en espagnole.

— Vous retournez souvent en Espagne ? L'interrogea-t-il, curieux.

— Oui, presque tous les ans, pendant l'été. Mais on évite d'aller en Andalousie. C'est la région de ma mère.

— Pourquoi vous n'y allez pas alors ?

— Ma mère a trop peur de retrouver son premier mari là-bas, le père de David et Borja.

— Je croyais qu'il était en prison, s'étonna Ruben.

— Ça fait presque dix ans, il est probablement sorti depuis.

— Et Borja n'a jamais voulu revoir son père ?

— Non, répondit-elle de suite, Jamais.

Le garçon se tut, continuant son introspection des photos sur le mur, tandis que Belen essaya de corriger ses erreurs sur sa feuille de brouillon.

— Je pense que c'est bon maintenant, déclara-t-elle après quelques minutes de silence en lui tendant sa feuille.

Ruben se releva du lit et attrapa le papier. Il parcourut rapidement les corrections qu'elle avait faites et un sourire se dessina sur ses lèvres du garçon :

— Oui c'est ça, parfait Belen.

— Cool, souffla la jeune fille, soulagée, en allant s'allonger sur son lit, Enfin fini !

— Comment ça « enfin fini » ? L'interrogea-t-il, Il reste encore un quart d'heure de cours là.

La jeune fille se releva de son lit, outrée, tandis que Ruben ajouta en riant :

— Mais non je plaisante, détends-toi !

— Je préfère, commenta-t-elle en se rallongeant.

— Allez je file, enchaina Ruben en attrapant son sac et sa veste en jean qu'il enfila par-dessus son pull-over gris, Bon week-end.

— Bon week-end à toi aussi ! Clama Belen sans bouger de sa position.

Ruben referma la porte de sa chambre puis il se dirigea vers la sortie. Mais en traversant le couloir, une porte s'ouvrit devant lui, ce qui lui barra le passage.

Borja se planta devant le garçon.

— Sérieux ? Souffla Ruben, blasé, en le contournant.

— Attends, l'arrêta Borja en le retenant par le poignet.

Ruben se retourna d'une lenteur exagérée vers le bel espagnol qui enchaina précipitamment :

— Je veux juste te parler deux minutes.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

— Quoi ? L'interpela-t-il, furieux, Il faut que tu ailles retrouver ton copain ? Il ne peut pas attendre deux putains de minutes ?

— Non, répondit Ruben, Je n'ai pas vraiment de copain.

— Comment ça ?

— Peu importe, souffla le garçon qui voulut reprendre sa route.

— Attends Ruben ! L'arrêta Borja de nouveau, C'est quoi cette histoire ? Tu es avec lui ou pas ?

— C'est compliqué.

— Réponds-moi par oui ou par non, ce n'est pas compliqué ça.

— Et toi, t'es homo ou pas ? Cracha Ruben.

— Quoi ?

— Réponds-moi par oui ou par non, répéta-t-il, On verra si ce n'est pas compliqué.

Face à l'absence de réponse de Borja, ce qui ne l'étonna pas d'ailleurs, Ruben tourna des talons et rejoignit le salon. Mais, sur ses pas, le bel espagnol enchaina :

— Peu importe, je m'en fiche de ton copain, je voulais te parler d'autres choses.

— Je n'ai pas le temps là.

— Ruben putain ! Explosa Borja, On a un problème avec...

— Mon seul problème, en ce moment, c'est que mon copain ne me fait pas confiance à cause de toi ! Le coupa sèchement Ruben en haussant le ton, Alors fous-moi la paix, Borja ! Merde !

Furieusement, le garçon sortit de son appartement en claquant la porte derrière lui, laissant Borja médusé dans son propre salon.

***

Anna Joly observa son reflet dans le miroir de sa chambre. Elle venait d'enfiler les sous-vêtements qu'elle s'était achetés hier en fin d'après-midi. L'ensemble était noir, en dentelle, sexy sans être vulgaire. La jeune fille se toisa sous toutes les coutures. Elle n'aimait pas son corps. Ses petites jambes blanches et potelées, ses poignées d'amour qu'on devinait facilement au niveau de la couture de sa culotte puisque sa peau formait un léger bourrelet tout autour, et ses seins minuscules. Anna poussa un soupir. Qu'allait penser Noah lorsqu'il verrait ce corps digne d'une enfant de douze ans ? Était-ce d'ailleurs la raison pour laquelle ils n'avaient toujours pas couché ensemble ?

Balayant ses questions déprimantes de ses pensées, Anna se concentra de nouveau sur l'ensemble qu'elle portait, essayant de trouver des points positifs. La dentelle noire mettait en valeur sa peau blanche et... Et elle ne trouva rien à ajouter. En soupirant, et décidant que la torture qu'elle était en train de s'infliger ne l'aidait pas, Anna s'éloigna de son miroir et se laissa tomber sur son lit.

C'était le premier jour des vacances et il y avait une soirée au Palace ce soir pour fêter l'évènement. D'autant plus qu'il s'agissait de leur dernier moment de pause avant de passer le baccalauréat. Noah partait en Italie rejoindre sa grand-mère le lendemain matin. Par conséquent, ce soir était le moment parfait pour passer à l'acte, songea la jeune fille en espérant que son petit-ami ait pensé à la même chose qu'elle. Hier soir, elle avait reçu un SMS de Noah pour lui dire qu'elle pourrait rester dormir au Palace après la soirée. Il n'était d'ailleurs pas trop tôt qu'il le lui propose, avait-elle songé avant de répondre à l'affirmative à sa proposition.

Anna redoutait pourtant le moment où Noah la verrait nue, mais avait-elle le choix ? S'interrogea-t-elle en s'allongeant de tout son long sur son lit. Il fallait bien que ce moment arrive un jour et cela ne servait à rien de le repousser. A quoi cela servirait-il d'attendre la fin de son voyage en Italie ? Ce n'était pas comme si elle allait perdre dix kilos en une semaine... A moins de se mettre au sport dès à présent.

Sur cette idée, Anna se releva légèrement de sa position allongée et leva ses jambes qu'elle croisa en l'air, commençant à faire des abdominaux. Complètement ridicule, constata-t-elle tout en continuant pourtant son exercice.

— Quatre, commença-t-elle à compter en grinçant déjà des dents car son dos la tirait douloureusement, Cinq... Six... Sept...

La jeune fille fut coupée dans son exercice par la porte de sa chambre qui s'ouvrit brusquement. Ophélie s'engouffra dans la pièce tandis que sa sœur poussa un cri de surprise en se cachant sous son drap.

— Putain ! S'exclama-t-elle, énervée, Tu pourrais frapper !

— Désolée, bégaya sa petite-sœur, surprise, Je ne m'attendais pas à ce que tu fasses des abdos en petite culotte.

— Qu'est-ce que tu veux ? Souffla Anna qui ne voulut pas entrer dans les détails.

— Prendre des nouvelles, rétorqua la jeune fille, J'ai vu que tu avais changé ton statut Facebook, insinua-t-elle ensuite en s'asseyant sur le rebord du lit de sa grande-sœur.

— Je ne sais même pas ce que ça veut dire.

— Ton statut en couple avec Noah, précisa Ophélie, blasée qu'elle soit si ignorante sur une technologie qui était presque devenue une norme, Vous vous êtes mis en couple. C'est officiel alors ?

— Oui.

— C'est qui qui a fait la demande ?

— La demande de quoi ?

— Mais pour vous mettre en couple sur Facebook ! Explosa Ophélie, excédée, Il faut que ce soit un de vous deux qui demande à l'autre.

— C'était Noah. Moi, je ne sais pas utiliser tout ça.

— Je vois ça, ironisa sa jeune sœur, Donc c'est du sérieux. Il t'a dit qu'il t'aimait ?

— Non ! Répliqua de suite Anna, T'es folle ! Je ne suis même pas sûre que ces mots sortent un jour de ses lèvres.

— Mais il tient à toi, non ? Il te l'a dit ? S'assura la jeune fille.

— Un peu.

— Comment ça un peu ?

Anna bifurqua son regard vers le reste de sa chambre. Comment exprimer le fond de sa pensée ?

— Qu'est-ce qu'il y a ? Enchaina Ophélie, Tu doutes de sa sincérité ?

— Non ! Enfin... Je ne sais pas si je peux t'en parler.

— Essaie toujours.

La jeune fille souffla un grand coup avant de répondre en plongeant son regard dans celui de sa jeune sœur :

— Voilà, Noah et moi on n'a encore jamais couché ensemble.

— Ça fait combien de temps que vous êtes en couple ?

— Une semaine... Aujourd'hui.

— Ça va, ce n'est pas énorme quand même, relativisa Ophélie.

— Mais il s'agit de Noah, précisa Anna.

— Pas faux.

Anna laissa sa tête tomber contre le mur derrière elle, toujours cachée dans son drap, et elle continua :

— Tu crois que je le dégoute ?

— Mais ça ne va pas ! S'exclama Ophélie, Pourquoi il sortirait avec toi si c'était le cas ? Tu te montes la tête pour rien Anna, arrête.

— Oui c'est facile pour toi de dire ça, tu as le corps d'un mannequin.

— Et toi, ce n'était pas comme si c'était ta première fois, Ethan t'a déjà fait une remarque ? L'interrogea Ophélie.

— Non... Mais Ethan n'est pas Noah.

— Si tu penses tant que ça que Noah n'est qu'un connard superficiel, pourquoi tu sors avec lui ?

La jeune fille bifurqua son regard vers Ophélie. Elle marquait un point. Dire qu'elle reprochait à Noah son manque de sincérité alors qu'elle était la seule à cet instant à douter de leur relation.

— Tu as raison, souffla-t-elle, Je suis bête. Je suis sûre que Noah ne me dira rien.

— Et puis n'exagère pas, enchaina Ophélie, Tu n'es pas si grosse quand même ! J'ai l'impression que tu te vois comme une baleine, mais tu es juste normale Anna. Ce sont les autres filles qui ne le sont pas.

— Sauf que vous êtes toutes comme ça, lui fit remarquer Anna, Vous avez déplacé la normalité, bande de pétasses.

Les deux jeunes sœurs pouffèrent de rire, puis Ophélie l'interrogea, curieuse :

— Au fait, maman est au courant pour Noah et toi ?

— Non ! Répondit de suite Anna, Il ne faut surtout pas qu'elle l'apprenne, elle le déteste lui et son père. Ça lui ferait péter un câble.

— J'avoue, commenta Ophélie, Surtout qu'elle a l'air de bien s'en sortir au boulot en ce moment. Il ne faudrait pas qu'elle se fâche de nouveau avec son patron.

Anna acquiesça d'un signe de la tête et sa sœur se releva du lit pour rejoindre sa chambre. D'un rapide coup d'œil, elle aperçut le tas de vêtement qu'Anna avait sorti de son placard, probablement pour se trouver une tenue pour ce soir.

— Tu sais comment tu vas t'habiller ? L'interrogea-t-elle en se retournant vers elle.

— Non.

— Tu veux que je te prête quelque chose ?

D'abord étonnée par sa proposition, Anna s'assit sur son lit avant de lui répondre :

— C'est gentil, mais je ne rentrerai pas dedans.

— Anna... souffla Ophélie, blasée, Tu peux toujours essayer !

— Oui allez vas-y, ramène tes fringues ! S'exclama-t-elle en repoussant son drap d'un coup sec pour s'extirper du lit, Je crois que je vais avoir besoin de ton aide, de toute façon.

Ravie de se savoir utile, spécialement quand il s'agissait de mode, Ophélie esquissa un sourire jusqu'aux oreilles et elle s'écria joyeusement tout en se précipitant dans sa chambre :

— Je te ramène ça tout de suite !

***

Ruben Greggs descendit l'immeuble de Borja en fulminant intérieurement. On était samedi et Gautier ne lui avait toujours pas reparlé depuis qu'il lui avait expliqué qu'il avait besoin de temps. Quatre jours s'étaient écoulés, manifestement, cela ne lui avait pas suffi.

Ruben enfonça ses mains dans les poches de son jean, traversant la grande place au milieu des HLM.

— Mais qu'est-ce que tu fous là ? Cingla soudainement la voix de son grand-frère derrière lui.

Sortant de ses pensées, Ruben se retourna vers Jared. Le garçon avait un œil au bord noir et, à la vue de sa couleur encore foncée, son petit-frère réalisa qu'il ne devait pas s'agir de celui de la dernière fois. Non, celui-là devait avoir deux jours, trois tout au plus.

— Putain, souffla-t-il en se plantant devant lui, Regarde ta tête Jared, tout ça devient ridicule.

— Ne t'occupe pas de ça.

— Non ! S'écria Ruben, Tu n'as qu'à les rembourser ! Pourquoi tu t'acharnes comme ça ?

— On appelle ça de la fierté, ironisa Jared.

— Moi, j'appelle ça de la connerie.

Jared ne répondit pas, se contentant d'observer son frère de bas en haut. Depuis qu'il avait déménagé chez Amine, ils ne se voyaient presque plus tous les deux.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? S'enquit Ruben.

— Je n'ai pas très envie d'en parler.

Soudainement, sa conversation avec Borja lui revint en mémoire et Ruben marqua un temps d'arrêt. Le problème dont il voulait lui parler, il était désormais quasiment sûr que c'était à propos de Jared. Il n'avait même pas cherché à l'écouter, fulmina-t-il intérieurement.

— Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? Enchaina Jared, Tu n'as rien à faire là.

— Je donne mes cours à Belen le samedi matin.

— Tu n'as pas encore arrêté ? Hallucina son frère.

— J'arrêterai quand elle aura passé le brevet.

Jared leva les yeux au ciel. Il trouvait ridicule que Ruben s'acharne de cette façon alors qu'il était évident que Borja n'admettrait jamais qu'il était gay. Cela ne lui traversa même pas l'esprit que son petit-frère pouvait faire ça simplement par intérêt pour Belen.

— Bref, enchaina-t-il, Et à la maison, ça va ?

— Normal, répondit Ruben, Je crois que papa commence à accepter le fait que je sois gay.

— Oui, de toute façon, il a toujours été moins coincé que maman.

— Ce n'est pas difficile de l'être, pouffa le garçon, Elle a un balai dans le cul.

— J'avoue, commenta Jared en se joignant à son rire.

Ils s'arrêtèrent tous les deux, songeant probablement que ce genre de conversation naturelle entre deux frères ne le soit plus, malheureusement.

— Je devrais y aller, continua Jared, On pourra se revoir dans la semaine, si tu veux ?

— Oui bonne idée, ça fait longtemps, approuva Ruben en esquissant un sourire.

Jared s'éloigna après un signe de la main et son frère l'observa partir un pincement au cœur. Devait-il lui dire ce qu'il avait en tête ? S'interrogea-t-il. De toute façon, il allait bien finir par l'apprendre et il était préférable que ce soit par lui.

— Attends ! S'exclama-t-il en le rejoignant.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Le questionna Jared, inquiet du malaise qu'il lisait dans le regard de son petit-frère.

— C'est... Je voulais te dire que... Noah et Anna sortent ensemble.

Le visage de Jared resta de marbre, mais Ruben le connaissait assez pour savoir ce que signifiait son regard sombre et sans vie.

— Je me suis dit qu'il était important que tu le saches.

— Ils sortent ensemble depuis quand ? L'interrogea-t-il, toujours aussi stoïque.

— Une semaine.

— Oh, murmura-t-il finalement, avec une expression qui dégagea enfin une émotion.

Mélange d'étonnement et de dégout.

— Ça va mal finir.

— Pas forcément, nuança Ruben.

— Si, ça va mal finir, lui assura Jared.

— Ne gâche pas sa relation.

Son regard vide ne laissa présager aucune réponse positive, donc Ruben insista :

— S'il-te-plait Jared, ne gâche pas sa relation. Elle est heureuse.

— Pas pour longtemps.

— Jared ! S'il-te-plait. Ça ne te regarde pas.

Le garçon se réveilla soudainement de ses sombres pensées et il posa ses yeux sur son petit-frère, avant de répondre, légèrement déconcerté :

— Oui tu as raison, ça ne me regarde pas.

Il s'éloigna sans rien ajouter de plus.

***

Anna Joly pénétra dans la boite de nuit du Palace, essayant de ne pas trop tituber. Elle avait osé. Ce soir, elle portait les chaussures à talons d'Ophélie. Des escarpins noirs qui n'étaient pourtant pas bien hauts, mais qui lui donnaient tout de même une démarche plus élégante. Elle avait grandi de cinq bons centimètres et, même si elle n'atteindrait pas la taille de Noah, elle aurait tout de même l'air moins ridicule devant lui.

La jeune fille avait enfilé avec ses escarpins un slim de la même couleur qui venait affiner ses jambes. En haut, elle avait emprunté un vêtement à sa petite-sœur, une tunique rose pâle qui s'accrochait au niveau du cou grâce à une bordure dorée, dévoilant le début de son dos. Pour ses cheveux, elle les avait lissés avec l'aide d'Ophélie, donc ils lui arrivaient, exceptionnellement, sous la poitrine.

La jeune fille s'engouffra plus loin dans la grande pièce surchauffée par les lumières et dont la musique était assourdissante. Elle aperçut Ellie et Esther au bar qui venaient juste de payer leurs boissons et rejoignaient leur table, dans le carré VIP, bien entendu.

Cherchant des yeux son petit-ami - et ne le trouvant pas - Anna décida de se prendre un verre à son tour. Elle se dirigea vers le bar et s'y accouda en attendant qu'un serveur lui prête enfin attention.

Après quelques minutes, un beau métis rasé l'interpela et elle lui cria pour qu'il entende sa commande, malgré la musique assourdissante :

— Vodka Red-Bull.

Le barman s'éloigna du comptoir pour lui préparer sa boisson, tapant la mesure de son pied au même rythme que le son qui sortait des baffes de la boite.

L'homme lui tendit le verre en ajoutant :

— Quinze euros.

Anna attrapa son billet de vingt qu'elle avait mis au fond de sa poche avant de partir. Deux heures de travail au McDonald qui partait dans une boisson, songea-t-elle, blasée, en tendant son billet au métis.

— Stop ! S'exclama une voix dans son dos.

Le bras de Noah Khan passa juste à côté de la jeune fille. Juste à temps pour attraper le poignet du barman qui se retourna vers le garçon brutalement :

— Elle ne paye pas, elle.

— Compris, déclara le métis en rendant le billet à Noah.

Il s'éloigna rapidement sans demander plus d'explications et rejoignit d'autres clients qui attendaient au bar.

Noah se retourna vers sa petite-amie pour lui rendre son argent.

— Ça ne m'impressionne pas, voulut-elle lui préciser avant de ranger son billet dans sa poche.

— Un « merci » aurait suffi, ironisa le garçon avant de l'embrasser.

Il glissa ensuite ses deux mains autour de ses hanches pour l'attraper et enchaina, amusé :

— Tu as mis des talons ?

— Je voulais essayer d'arriver à ta hauteur, plaisanta Anna, C'est encore raté.

— Tu n'es pas si loin, relativisa le garçon, Je peux presque t'embrasser sans me baisser.

Pour aligner ses gestes à ses paroles, il posa de nouveau ses lèvres sur les siennes et Anna se laissa aller à un véritable baiser. Son pouls s'accéléra à la simple pensée de cette nuit. Non, s'arrêta-t-elle, Elle aurait bien tout le temps de stresser pour ça plus tard. Pour le moment, il fallait qu'elle profite de sa dernière soirée avec Noah avant qu'il ne parte en Italie.

— Tes valises sont prêtes ? L'interrogea-t-elle lorsqu'il s'éloigna de ses lèvres.

— Presque, je finirai demain matin.

— Tu pars à quelle heure ?

— Mon avion est à neuf heures donc tôt sachant qu'il faut que je sois au moins deux heures avant à l'aéroport.

Il s'arrêta pour l'observer plus longuement, appréciant le fait qu'elle ait autant soigné son apparence, et il enchaina en passant une mèche de cheveux derrière son oreille gauche :

— Tu es jolie avec les cheveux lisses.

— Mais t'es fou ! S'exclama la jeune fille en rabattant de suite sa mèche de cheveux devant les oreilles, C'est trop moche de faire ça !

Noah pouffa de rire, halluciné qu'elle arrive toujours à gâcher leur moment de tendresse alors, qu'après tout, c'était elle la romantique dans l'histoire.

— Mais c'est vrai ! Se défendit la jeune fille, Regarde !

De ses deux mains, elle glissa ses cheveux de devant derrière ses oreilles et releva son regard vers lui. Avec sa raie au milieu, ses deux oreilles blanches qui ressortaient de sa chevelure châtain et les grands yeux de débiles qu'elle lui faisait pour appuyer son raisonnement, Noah devait reconnaître, qu'en effet, elle avait l'air plutôt ridicule.

— Arrête ça, souffla-t-il, hilare, en remettant ses cheveux en place, Tu es trop une mongole comme fille !

Il l'attrapa par la taille pour la diriger vers la table VIP où elle avait aperçu Ellie et Esther, il y avait quelques minutes de cela. Plutôt réticente, Anna ne fit pourtant aucun commentaire et le suivit sans rechigner.

Arrivés devant la table, Noah serra la main d'un ami à lui et Anna observa lentement les jeunes qui y étaient installés. Ethan n'était pas là, c'était déjà ça, constata-t-elle, rassurée. A part lui, Gabrielle, Esther, Ellie, Étienne et Yanis étaient au rendez-vous. Les autres autour de la table, elle ne les connaissait pas, ou alors très vaguement et de vue. Il devait probablement s'agir d'élèves qui étaient scolarisés dans un autre lycée que Saint-Richard.

— Tu peux t'asseoir, l'interpela Ellie, Les copines de Noah font partie de la bande aussi.

Bien sûr, Anna se doutait que la jeune fille avait fait exprès d'utiliser le pluriel. Elle posa son verre sur la table et s'installa à côté de Gabrielle qui ne lui accorda même pas un regard.

Ellie, qui était face à elle, enchaina en sirotant son verre de Mojito :

— Tu sais, il ne faut pas être impressionnée par notre petit groupe. Je sais qu'on est un peu clichés nous trois, continua-t-elle en désignant en même temps Gabrielle et Esther qui venaient de raccrocher à leur conversation, La belle blonde parfaite, la rousse rigolote et fofolle, et la brune froide et mystérieuse... Il nous manquait plus que la petite grosse châtain !

— Ellie, grinça Noah qui venait d'entendre sa dernière phrase, Arrête de...

— C'est marrant, le coupa Anna, Dans ma version, c'était plus un truc du genre : la blonde abandonnée, la rousse insignifiante et la brune suicidaire.

Le cynisme et la cruauté de sa répartie laissèrent tout le monde sans voix, y compris Noah qui fut ravi de constater qu'elle pouvait désormais se défendre sans lui.

Perplexes, Gabrielle et Esther se tassèrent dans leur siège, n'appréciant pas le bref résumé qu'on venait de faire de leur vie, tandis qu'Ellie esquissa un sourire en avalant une nouvelle gorgée de sa boisson à la menthe et au rhum. Un combat était toujours plus intéressant quand l'adversaire tentait coute que coute de se défendre. Après tout, où était le plaisir d'abattre une proie si on ne pouvait pas la regarder se débattre ?

— Il faut que j'aille voir un videur, l'informa Noah, Tu restes là ?

Anna regarda tout autour d'elle. La jeune fille n'avait précisément aucune envie de rester avec ces personnes.

— Euh... Oui, répondit-elle tout de même en attrapant son verre sur la table pour le siroter.

— Je reviens, murmura-t-il avant de l'embrasser au coin des lèvres, Je meurs de soif. Il y a de l'alcool dans ton verre ?

— Vodka.

— Tant pis, déclara-t-il en se relevant, A tout à l'heure.

Sa petite-amie l'observa s'éloigner en priant pour qu'il ne dure pas trop longtemps. Si elle avait accepté de venir, c'était uniquement pour Noah. Ruben avait refusé de l'accompagner au Palace car sa famille belge était descendue sur Paris pour les vacances et il avait eu envie de voir ses cousins. Par conséquent, Anna n'avait précisément aucun ami de présent ce soir. Pas moyen d'inviter Jared, et Lucas et Raphaël lui auraient éclaté de rire à la figure si seulement elle leur avait suggéré une soirée au Palace. C'était bien le seul endroit où ils ne mettraient plus jamais les pieds tous les deux. Bien sûr, elle devinait sur la piste de danse quelques personnes de sa classe, mais elle ne les connaissait pas assez pour s'incruster avec eux. Dans tous les cas, elle ne les aimait pas.

Anna tourna son regard vers la table. Ils avaient tous repris leur discussion, faisant comme si elle n'existait pas. Bien sûr, songea-t-elle en se sentant légèrement humiliée. Ils ne l'accepteraient jamais dans leur bande. Elle n'y avait pas sa place. Cela se voyait et se sentait aisément. Anna n'était pas habillée comme eux, elle ne parlait pas comme eux, d'ailleurs, elle ignorait même de quoi ils parlaient à cet instant précis. Quand elle était avec Ethan, elle n'avait pourtant jamais senti ce gouffre immense entre ce monde et le sien. Peut-être justement parce qu'Ethan Franck avait été un entre deux. Puisqu'ils ne s'étaient jamais quittés, Anna n'avait pas vécu l'expérience de se retrouver seule avec le reste de leur bande. Quand Noah et Ethan étaient avec elle, Anna avait sa légitimité. Dès qu'ils partaient, les autres ne se gênaient pas pour lui rappeler que cette légitimité était bien éphémère.

Lasse de se faire ignorer, Anna se releva de son siège avec son verre. Pas besoin de leur préciser qu'elle allait aux toilettes, ils n'auraient probablement pas écouté. La jeune fille se dirigea vers la petite pièce en fond de salle, buvant de nouveau son verre. Elle s'engouffra à l'intérieur, constata que toutes les toilettes étaient prises et que le grand miroir était occupé par une dizaines de filles qui se remaquillaient. Inutile de rester enfermée à l'intérieur, songea-t-elle en ressortant immédiatement de la pièce.

Anna s'adossa contre un mur, avala une nouvelle gorgée de sa vodka Red-Bull et poussa un soupir. La soirée allait être longue.

— Salut, déclara Étienne en s'adossant sur le mur, juste à côté d'elle.

— Tiens ! S'exclama la jeune fille en esquissant un sourire, contente que quelqu'un se préoccupe enfin de son existence, Comment va ta main ?

— Réparé, répondit le garçon en lui montrant sa paume recouverte d'une cicatrice, Merci encore.

— Ce n'était rien, lui assura-t-elle.

Ils restèrent tous les deux silencieux, reportant leur regard vers la piste de danse pour observer les danseurs.

Anna enchaina, trop curieuse pour ne pas lui poser la question qui lui brulait les lèvres :

— Tu es sûr de vouloir rester avec moi ? Tu as bien vu comment on réagit tes amis, j'ai l'impression d'être sur la liste noire ce soir.

— Pas que ce soir, lui confirma-t-il.

Anna grimaça, s'attendant pourtant à l'information, et Étienne continua :

— Ce ne sont pas vraiment mes amis. J'ai vu comment ils t'ont ignoré à table tout à l'heure. Je n'ai pas trouvé ça cool. Je ne suis pas si solidaire avec eux. Je me fiche de suivre leurs règles stupides.

— Ce ne sont pas tes amis ? S'étonna-t-elle, sincèrement, Tu es souvent avec eux pourtant.

— Parce qu'Esther est ma meilleure amie. C'est tout.

— C'est limite la pire de la bande, lui fit-elle remarquer, Sans vouloir être méchante.

— C'est méchant, mais oui, je confirme qu'elle est conne quand elle est avec eux. Quand on est que tous les deux, elle est hyper sympa comme fille.

— J'imagine que ce n'est pas la première à changer de masque quand elle est dans ce milieu, relativisa Anna.

— En effet. J'espère que tu feras partie de ces rares personnes qui ne changeront pas de masque, ajouta Étienne avec un sourire complice.

— Tu en as un toi ? L'interrogea la jeune fille, amusée.

— Ouais, quand je suis avec Noah et sa bande. Je suis un peu leur délire, mais ça ne me fait pas trop rire en vrai. Je préfère me marrer avec mes autres potes du lycée. C'est rare quand je fais des soirées avec eux.

— Moi aussi.

— Et comment tu te sens ?

— Seule, répondit-elle sans même y réfléchir.

— Oui, je comprends. Je ressentais la même chose.

— Tu parles au passé ? L'interrogea Anna, Est-ce que ça veut dire que maintenant ce sentiment est passé ?

— Non, murmura le garçon après y avoir réfléchi, Seulement, tu t'y habitues. Mais tu sais, plus tu te sentiras seule, plus tu leur ressembleras. C'est le paradoxe de ce monde. Tu dois le remplir à l'infini pour ne pas montrer à quel point il est vide.

Anna ne pouvait qu'approuver sa remarque. Noah était l'exemple parfait de ce qu'il venait de décrire. Son entourage était immense et, pourtant, il n'avait aucun ami. Hormis Ellie Lefevre, bien sûr, mais Anna ne préférait pas penser qu'il la considérait comme sa meilleure amie.

— Tu veux boire un autre verre ? L'interrogea Étienne.

La jeune fille reporta son regard vers son verre vide. Comment avait-elle fait pour le boire aussi vite ? S'interrogea-t-elle, hallucinée par sa descente.

— Si tu veux un autre conseil pour supporter ce genre de soirée, continua le garçon, Soule-toi. C'est le seul moyen pour que ça passe plus vite.

Anna esquissa un sourire, posant son verre sur une table qui était à quelques pas d'elle, et elle répondit en le rejoignant :

— Alors qu'est-ce qu'on attend ?

***

Son regard se troubla, si bien qu'Anna ne parvint pas à distinguer toutes les lumières colorées qui dansaient devant ses yeux. Sans réfléchir davantage, la jeune fille ferma ses paupières pour continuer à danser. Elle était persuadée que si elle les avait gardées ouvertes, elle n'aurait pas tardé à s'évanouir, vu comment la pièce tournait autour d'elle. La musique retentissait dans les baffes avec tellement de force qu'elle avait tout bonnement l'impression que les secousses pénétraient dans son corps et le faisaient bouger, sans qu'elle ne le contrôle.

Finalement, elle rouvrit doucement ses paupières. Étienne se tenait devant elle, dansant de cette même manière déconnectée de toute réalité. Anna constata qu'il devait être aussi ivre qu'elle. Noah n'était toujours pas réapparu et elle se demandait quelle heure il pouvait être. Deux heures ? Trois ? Quatre ? Elle n'avait plus aucune notion du temps. Par contre, elle pouvait encore compter aisément les verres qu'elle s'était enfilés. Heureusement, elle avait réussi à repérer le barman métis et avait donc pu avoir toutes ses boissons gratuitement. Étienne avait été dégouté de ce traitement de faveur, d'autant plus qu'il avait bu plus qu'elle et que l'addition devait être salée pour lui. Enfin, comme s'il n'avait pas l'argent de se le payer, relativisa la jeune fille en décidant de ne pas culpabiliser. La musique dans les baffes changea et ils poussèrent tous les deux un cri de joie avant de reprendre les paroles de Stromae : Te quiero.

Un jour je l'ai vu, j'ai tout de suite su que... Qu'on allait devoir faire ces jeux absurdes. Bijoux, bisous et tralalas, mots doux et coups bas, insultes, coups, etc, etc.

Ils continuèrent de chanter les paroles à tue-tête, se hurlant dans les oreilles à la même occasion, puis Anna sentit une main lui attraper le bras. Complètement ivre, elle voulut se retourner, mais elle fut déstabilisée par son propre mouvement et elle tomba légèrement vers l'avant, se vautrant contre Étienne qui tenta de la rattraper.

— Doucement, intervint de suite Noah en glissant la main qu'il avait posée sur le bras d'Anna jusqu'à son bas du dos pour la ramener vers lui, Tu es bourrée ?

— Non ! Mentit la jeune fille avant de s'esclaffer à l'unisson avec Étienne.

— Génial, grinça-t-il, Viens avec moi.

D'un pas ferme, Noah la sortit de la piste de danse, son bras toujours calé au niveau de sa taille, et il l'installa sur le premier fauteuil libre qu'il trouva, un peu à l'écart du brouhaha de la boite. Il s'agenouilla face au fauteuil pour se mettre à sa hauteur, mais elle était tellement ivre qu'il eut du mal à capter son regard.

— Anna, murmura-t-il calmement en posant une main sur son genoux, Anna, s'il-te-plait, regarde-moi.

— Je suis désolée, répondit la jeune fille qui continuant d'éviter son regard, J'ai l'air ridicule. Je ne voulais pas te faire honte, excuse-moi.

— Regarde-moi, insista-t-il.

Elle releva son regard vers le garçon. Noah esquissa un sourire pour la rassurer. Anna n'était pas la première fille complètement ivre au Palace, et loin de là.

— Tu as beaucoup bu ?

— Oui.

— Pourquoi ?

— Tu es parti si longtemps ! S'exclama-t-elle en tapant ses deux mains sur ses cuisses, Je ne savais pas quoi faire en t'attendant !

— Oui, excuse-moi, reprit Noah en attrapant ses mains pour éviter qu'elle se donne encore un coup, J'ai été pris longtemps en arrière salle et puis j'ai rencontré des potes. Je te voyais danser sur la piste. Je pensais que tu t'amusais. Je ne me suis pas inquiété.

— Non, ne t'inquiète pas, je m'amusais, l'arrêta la jeune fille, J'ai bien rigolé avec Étienne... Mais j'aurais préféré passer la soirée avec toi.

Mais la soirée n'était pas finie, songea-t-elle en sentant son cœur qui commençait déjà à s'accélérer dans sa poitrine.

— Oui moi aussi, lui assura le garçon.

— Il est quelle heure ? L'interrogea Anna.

— Trois heures trente. Tu te sens de te relever ?

— Oui.

Mais sa réponse ne s'aligna pas à ses gestes car elle perdit l'équilibre à l'instant même où elle se remit debout.

— Oh, oh, d'accord, pouffa Noah en la rattrapant, Tu es bien bourrée quand même.

— Stupides talons, grinça sa petite-amie en retirant ses chaussures de sa main droite.

Elle descendit de cinq centimètres, mais Noah ne fut pas dupe. Il savait pertinemment que ses talons n'avaient rien à avoir avec son manque d'équilibre.

— Tu es vraiment ivre Anna, enchaina-t-il, Je vais te ramener chez toi.

— QUOI ?! Explosa-t-elle, furieuse, en se retournant vers lui brutalement, NON ! Tu as dit que je pouvais dormir ici !

— Mais tu es complètement saoule, tu seras bien mieux dans ton lit. Et puis je vais te réveiller tôt en partant demain matin. On dormira ensemble une autre fois.

— Non ! Répéta Anna, les larmes aux yeux.

Noah essayait pourtant d'être gentil, mais il n'y avait rien à faire. La jeune fille avait l'impression qu'il lui enfonçait un poignard en plein dans le cœur.

— Anna ne soit pas ridicule, reprit-il plus fermement, Tu ne tiens même pas debout. Tu vas t'écrouler de sommeil à la minute où tu seras allongée.

— Non ! Je te jure ! Ça va !

Elle voulut le lui prouver en se détachant de son étreinte, mais elle tituba de nouveau. Cependant, cette fois, elle réussit à se stabiliser seule et releva son visage vers lui avec une pointe de défi dans le regard.

— Anna, souffla Noah, blasé, Je te ramène. Ce n'est pas négociable.

— Mais oui tiens ! S'emporta-t-elle, Tu as raison ! On ramène la grosse, comme ça, on ne se la tape pas !

— Pardon ? Bégaya le garçon, ahuri.

— Je suis peut-être moche, mais je ne suis pas débile, rétorqua Anna, cinglante, Dis-le si tu ne me désires pas. Ce sera plus simple.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? Souffla-t-il, toujours aussi abasourdi par ses propos.

— Je suis toujours la bonne copine à tes yeux, non ?

Noah s'arrêta devant elle, comprenant enfin pourquoi elle avait autant insisté pour rester dormir au Palace.

— Anna, quand on était ensemble, tu me reprochais de vouloir être avec toi juste pour la baise, se défendit-il, Maintenant qu'on est ensemble, tu me reproches de ne pas le vouloir. Ce n'est pas logique !

— C'est toi qui est illogique ! Reprit-elle, Pourquoi tu ne veux pas de moi ?

— Ça fait une semaine !

— Un temps que tu ne te donnes pas la peine de donner à tes autres conquêtes, lui fit-elle remarquer, sèchement.

— Et bien excuse-moi de te traiter avec plus de respect ! Hallucina-t-il.

Anna se tut, à court d'arguments. Elle devait vraiment passer pour une pauvre folle en manque de sexe, réalisa-t-elle brusquement.

— Désolée, cafouilla-t-elle en détournant son regard rouge de honte, Tu as raison, je devrais rentrée.

— Tu es sûre ? L'interrogea Noah, qui n'était pas vraiment plus à l'aise qu'elle, On peut en parler si tu veux, je...

— Non, l'interrompit-elle, Je suis fatiguée. Je veux rentrer.

— D'accord.

Noah passa une main dans son dos et Anna le suivit, toujours nu pied et ses chaussures à talons dans les mains. Ils sortirent par la porte de derrière qui était réservée au personnel et tombèrent directement sur le parking des employés. Noah glissa la main dans la poche de son jean pour en sortir ses clés de voiture et il appuya sur l'ouverture automatique des portes. La voiture se mit à clignoter dans la nuit et ils s'y dirigèrent, en silence. Les pieds nus d'Anna vinrent effleurer les graviers froids, mais la jeune fille ne s'en rendit même pas compte. Sortie de la boite, elle réalisait enfin à quel point sa tête lui tournait et qu'un haut le cœur commençait à la saisir. Pitié que je ne vomisse pas dans la voiture, songea-t-elle en s'installant dans le véhicule, côté passager.

— Ça va ? L'interrogea Noah avant de démarrer le moteur.

Anna se contenta de répondre par un bref mouvement de tête et le garçon enchaina :

— Dis-le-moi si tu veux qu'on s'arrête.

Aucune réponse. Il démarra le moteur et sortit la voiture de sa place de parking. La jeune fille venait de fermer les yeux et il n'osa pas engager la conversation. Il alluma la radio pour que le silence ne soit pas trop gênant. Il mit seulement une vingtaine de minutes pour rejoindre sa maison car le trafic n'était pas très dense ce soir. Et pour cause, la plupart des parisiens étaient partis en vacances en Province à cette époque de l'année.

Noah se gara devant la maison de la famille Joly et Anna rouvrit les yeux instantanément, ce qui lui fit réaliser qu'elle avait bien fait semblant de dormir. D'un côté, il comprenait qu'elle n'avait pas vraiment envie de parler de ce qu'il venait de se passer.

— Merci, murmura Anna en détachant sa ceinture.

— Tu veux que je t'accompagne jusqu'à ta chambre ?

— Non c'est bon, lui assura-t-elle en l'embrassant furtivement sur les lèvres.

Elle voulut actionner la poignée de la portière, mais Noah enchaina :

— Deux minutes. C'était quoi ce baiser ? On ne va pas se voir pendant une semaine.

Anna se retourna vers lui et posa ses lèvres tendrement sur les siennes. Noah attrapa sa nuque, essayant de mettre un peu plus de passion dans leur échange après la façon dont il venait de la rejeter. En se détachant de ses lèvres, Anna caressa sa joue tendrement et elle ajouta :

— Profite bien de ton voyage... Des monuments historiques bien sûr, pas des italiennes.

Noah esquissa un sourire en même temps que de frôler ses lèvres pour l'embrasser de nouveau et il lui répondit avant qu'elle ne s'échappe de la voiture :

— Je t'appelle dès que j'arrive à Florence.

Anna referma la portière du véhicule et Noah redémarra le moteur après que sa petite-amie ait disparu à l'intérieur de sa maison. Le trajet du retour se passa encore plus vite que l'allée, notamment car l'ambiance n'était plus aussi gênante.

Le garçon se gara à sa place habituelle sur le parking derrière le Palace et il s'extirpa du véhicule en le refermant derrière lui. Il était quatre heures vingt du matin et il n'avait pas très envie de retourner à la soirée. Et puis, il se levait tôt demain. Sur ces bonnes résolutions, Noah prit la direction du hall d'entrée pour rejoindre les ascenseurs.

Au milieu de la grande pièce ornée de blanc et d'or, il remarqua de suite la personne qui était vautrée par terre, assise en tailleur sur le sol sans aucune gêne par rapport à l'endroit où elle se trouvait.

— Ellie Lefevre, déclara-t-il en la rejoignant, Pourquoi ça ne m'étonne pas ?

— J'attends Gabi, lui rétorqua la belle brune en se relevant pour se mettre face à lui, Elle avait oublié son portable dans la boite, mais ça fait une demi-heure qu'elle est partie... Et toi alors ? Tu n'es pas avec ta petite-amie ?

Ce mot venait de lui écorcher les lèvres.

— Je viens de la ramener.

— Elle ne dort pas avec toi ? S'étonna Ellie, perplexe.

— Je pars tôt demain matin.

— Ça ne t'a jamais empêché de baiser toute la nuit, lui fit-elle remarquer.

Noah la regarda, blasé et ne tenant pas réellement à répondre, et Ellie ajouta pour changer de conversation :

— Tu pars en vacances ?

— Voir Aline, en Italie.

— Florence ? L'interrogea de suite sa meilleure amie.

— Oui.

Le regard d'Ellie perdit légèrement de sa lueur. Florence était la ville préférée de leurs grands-mères. Aline et Betty y avaient presque passé tous leurs étés. Elles louaient toujours la même villa dans les collines. C'était d'ailleurs probablement là qu'Aline Khan avait déposé ses valises.

— Je t'aurais bien proposé de nous rejoindre, mais je crois que ma grand-mère veut vraiment qu'on se retrouve tous les deux.

— Ne t'inquiète pas, je n'aurais pas aimé y retourner sans Betty de toute façon.

— Je comprends, lui assura Noah, Alors... Bonne nuit.

— Bonne nuit.

Le garçon rejoignit les ascenseurs, appuyant sur le bouton d'appel, tandis qu'Ellie se retourna, exaspérée, vers la sortie de la boite. Mais que foutait Gabrielle bon sang ? S'interrogea-t-elle, consternée.

— Tu avais raison Ellie.

La jeune fille se retourna vers son meilleur ami. Les portes de l'ascenseur venaient de s'ouvrir, mais Noah ne s'engouffra pas à l'intérieur.

Surprise, elle fit deux pas dans sa direction et plongea son regard dans le sien. Sans réellement comprendre comment cela était possible, elle devina le sujet auquel il faisait allusion.

— Tu as peur de coucher avec Anna, résuma-t-elle.

— Je ne sais pas ce qu'il m'arrive ! Souffla Noah en passant une main dans ses cheveux, Coucher avec Esther, Christelle, n'importe quelle fille, je m'en fiche ! Mais quand c'est toi ou elle, je bloque, je ne peux pas.

— Ça ne me fait pas très plaisir d'être mis sur le même plan qu'Anna, rétorqua Ellie en le rejoignant, Mais tant pis, je vais faire abstraction de l'insulte.

Noah la regarda, blasé. Son acharnement contre Anna devenait légèrement ridicule.

— Qu'est-ce qu'il m'arrive ? L'interrogea-t-il en plongeant son regard dans celui de sa meilleure amie.

— Tu as intériorisé le fait que baiser ne veut rien dire pour toi, lui répondit-elle, Tu as tellement désacralisé la dimension amoureuse de cet acte que tu n'arrives pas à concevoir que coucher avec elle, ou même coucher avec moi, est quelque chose de bien.

Son meilleur ami l'observa pendant un instant. Manifestement, ses séances chez le psychologue commençaient à la faire réfléchir plus qu'elle ne le devrait.

— Mais ça n'a pas à l'être Noah... Je veux dire, quelque chose de bien ou de mal. Ce n'est pas une question de morale. C'est juste... Un sentiment. Et parfois, ça se traduit en acte. Je ne dis pas qu'il y a des sentiments à chaque fois que tu baises quelqu'un, nuança-t-elle de suite, Je suis bien placée pour le savoir. Mais si tu as des sentiments, ça ne changera rien à l'acte en lui-même. Ne mets pas de la morale là où il n'y en a pas. Qu'il y ait des sentiments ou non, ça ne rend pas l'acte « bien » ou « mal ». Il reste le même. Si tu as envie de le faire avec elle, ne te pose pas de questions et fais-le. C'est tout.

— PUTAIN je l'ai retrouvé ! S'écria dans leur dos la voix stridente de Gabrielle Gallien.

Derechef, les deux meilleurs amis se retournèrent vers la belle blonde qui tenait son portable fièrement dans sa main gauche.

— Il était au bar en fait ! Quelqu'un l'avait ramené au barman.

— On s'en fout ? Proposa Noah.

— On va y aller, enchaina Ellie en lui lançant un regard complice, Passe de bonnes vacances. Et si tu ressens le besoin de baiser deux, trois italiennes, ne t'inquiète pas, je ne dirai rien à Anna.

— Tu t'empresserais de lui dire ! Rectifia-t-il.

— Pas faux.

Ellie se retourna vers sa meilleure amie tout en la rejoignant au milieu du hall :

— Tu sais que je t'ai attendu trois plombs toi ! Qu'est-ce que tu foutais, sérieux ?

— Désolée, mais il y avait trop de monde, et les barmans n'écoutaient pas à cause de la musique donc...

Leur conversation se fit plus indistincte et Noah appuya de nouveau sur le bouton d'appel de l'ascenseur. Mais, avant de s'engouffrer dans l'habitable d'acier, il lança un dernier coup d'œil à Ellie qui venait de franchir les portes du Palace pour rejoindre la rue.

Derrière les grandes vitres, il aperçut le regard de sa meilleure amie et il esquissa un sourire. En retour, le sien se devina sur ses lèvres. Mais Noah la connaissait assez pour savoir que ce n'était pas sincère. 

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