Assise auprès de ma fenêtre, j'observe silencieusement la neige tombant du ciel. Une tasse de thé entre mes mains me réchauffe et je me perds très vite dans mes pensées.
Lors de la période des fêtes de fin d'année, je suis tout le temps heureuse. Aussi loin que je m'en souvienne, le mois de décembre a toujours été un mois que j'attendais avec impatience. Même lorsque j'étais petite et que je ne vivais pas encore en Europe.
J'ai grandi en Californie, à l'ouest des Etats-Unis. Je suis née à San Diego où j'ai vécu pendant les cinq premières années de ma vie avant de déménager à Palm Springs, dans le nord de l'Etat, suite au changement de travail de mon père qui avait reçu une belle opportunité.
Je n'ai pas eu de regret quand l'année de mes cinq ans nous avons déménagé, parce que je n'avais pas beaucoup d'amis et qu'une nouvelle ville semblait être bien pour un nouveau départ. Mais lorsque j'ai eu vingt ans et que j'ai suivi mon petit-ami pour aller vivre en Europe avec lui, j'ai passé plusieurs semaines à me demander si j'avais vraiment fait le bon choix. Je sais dorénavant que oui, j'ai fais le bon choix en venant m'installer à Vienne avec lui, puisque c'était il y onze ans et que nous sommes maintenant mariés avec des enfants.
Quand je repense à cette époque, je pense toujours à la fois où j'ai vu de la neige pour la première fois. En Californie, nous avions toujours du soleil pour Noël et non pas de la neige, quoique nous n'avions jamais de neige d'ailleurs. Je n'avais donc jamais vu de neige puisque jusqu'à mes vingt ans je n'avais jamais quitté la Californie, néanmoins je savais à quoi ça ressemblait. Vous savez tous à quoi ressemble un désert sans forcément y être allé dans le Sahara, c'était la même chose pour moi et la neige.
C'était quelques mois avant notre arrivée en Autriche, Nicolas –mon seul et unique- et moi revenions d'un repas chez des amis. A l'époque, nous n'avions pas de voiture et en vue de l'heure plutôt tardive, les services de bus étaient fermés. Nous marchions donc main dans la main en direction de l'appartement que nous partagions. Il devait être presque quatre heures du matin et je commençais à fatiguer un peu, je le reconnais.
Néanmoins, en voyant les premiers flocons de neige de la saison tomber du ciel, ma fatigue est repartie laissant place à une joie immense. Bien entendu, Nicolas était habitué à quelques flocons et continua son chemin comme si de rien n'était alors que je m'étais arrêtée pour observer ces fines particules d'eau gelé.
Après quelques secondes, voyant que je ne le suivais pas, il s'arrêta et se tourna pour me voir en train d'attraper les flocons dans ma main –et les faisant donc fondre- avec admiration.
« Tarah ? » M'avait-il alors appelée, un sourire sur le visage.
« Oui ? » J'ai simplement répondu en me tournant vers lui, rayonnante de bonheur.
Il s'approcha un peu plus et passa sa main autour de ma taille, me rapprochant de lui.
« Première neige ? » Avait-il demandé tandis que je répondis d'un simple hochement de tête positif, souriante. « Tu verras, tu vas vite t'habituer. » Il avait alors ajouté avant de regarder à son tour les flocons. « Tu vas t'habituer, mais jamais te lasser, crois moi. »
Donc maintenant, lorsque je regarde le manteau blanc qui a recouvert la ville, je sais qu'il avait raison. Je ne me lasserai jamais de ce beau spectacle.