Nantis

By FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 22 : Yesterday

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By FlorieC



Ellie Lefevre glissa sa main vers sa queue de cheval pour tenter d'y faire entrer une mèche de cheveux qui s'y était échappée. Grimaçant à cause de sa manœuvre qui s'avérait compliquée depuis que la hanse de son sac venait de glisser de son épaule, buttant contre ses jambes par la même occasion, elle grommela et laissa son sac finir sa course sur le trottoir, juste devant le portail du lycée Saint-Richard. On était mercredi matin et, comme d'habitude, la jeune fille était en retard. Ce n'était pas son cours de chimie qui allait la presser davantage. Ellie avait toujours détesté les matières scientifiques, même si elle avait paradoxalement une certaine facilité à les exercer. Ce qui était réellement exaspérant pour la moitié de sa classe qui galérait la plupart du temps à suivre un cours où la jeune fille ne se donnait même pas la peine d'y mettre les pieds.

Parvenant enfin à réajuster sa coiffure, Ellie secoua légèrement la tête pour que sa queue de cheval se remette bien en place à l'arrière de son crâne et elle pénétra dans la cour, un sourire déjà blasé sur les lèvres. Elle hésitait d'ailleurs à se rendre directement dans le bureau de la CPE puisqu'elle était persuadée que son professeur le lui demanderait. Réalisant que si ce fut le cas, elle perdrait encore plus de temps sur l'heure de cours, elle se dirigea finalement vers sa salle de classe.

— Ellie ! L'interrompit soudainement une voix dans le couloir.

Se croyant seule, la jeune fille sursauta et se retourna vers son interlocuteur. Sa mâchoire se décrocha de stupéfaction et elle s'exclama, hébétée :

— Putain, mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? On t'a roulé dessus ou quoi ?

Maxime Deleterre s'arrêta juste devant elle, le visage encore tuméfié par l'attaque de Noah de la semaine dernière, et son sourire d'habitude joviale se crispa instantanément. Ce n'était pas très drôle comme remarque, parce que, franchement, ça aurait pu être le cas. D'ailleurs, ce fut ce qu'Ellie pensa à l'instant même, puisqu'elle répéta, horrifiée :

— Oh mon Dieu, on t'a roulé dessus !

— Je t'en prie, grimaça-t-il, Tu sais très bien ce qui m'a roulé dessus.

— Un camion ? Proposa la jeune fille, n'ayant réellement aucune idée de ce à quoi il faisait allusion.

Le garçon l'observa un instant, perplexe. Depuis que Noah l'avait frappé, il y avait maintenant une semaine et demi, Maxime n'avait pas osé remettre les pieds au lycée. Il avait d'ailleurs dû supporter l'inquiétude de ses parents qui étaient désormais persuadé que leur fils n'était qu'un looser qui se faisait racketter. Il avait, par chance, échappé de peu à aller voir un psychologue. Pourtant, malgré l'enfer qu'il venait de traverser et la profonde panique qui l'envahissait lorsqu'il songeait à cette fin d'année, personne dans ce lycée ne semblait avoir remarqué son absence, pas même Ellie qui était tout de même dans sa classe.

— Tu es sérieuse ? L'interrogea-t-il, Il ne t'a rien dit ?

— Tu parles de qui là ?

— De Noah ! Explosa Maxime, furieux, C'est lui qui m'a fait ça !

— Pourquoi ?

Dans sa voix, ni surprise ou inquiétude, comme si elle se fichait éperdument de la réponse qu'il allait pouvoir lui donner.

— Mais parce qu'on a couché ensemble ! S'exclama-t-il, ahuri que cette histoire ait l'air d'avoir été complètement oubliée de tous.

— Ah oui, se remémora la jeune fille, On n'avait pas dit qu'on n'en parlerait plus d'ailleurs ?

Maxime s'arrêta, pas certain de suivre le fil de la conversation. Ellie venait d'apprendre que son meilleur ami était un parfait psychopathe manipulateur et possessif, mais cela ne semblait pas la contrarier le moins du monde. Cette fille était encore plus tordue que tout ce qu'il avait imaginé.

— C'est tout ? Tu ne vas rien lui dire ?

— Qu'est-ce que tu veux que je lui dise ? Il est impulsif.

— Il est MALADE ! Rectifia le garçon, exaspéré, Complètement MALADE ! Mais enfin Ellie, ouvre les yeux ! Tu ne peux pas être aussi aveugle.

Il s'était retenu d'employer un autre terme, moins sympathique.

— C'est toujours le même problème avec lui, enchaina Maxime, furieux, Il pense que tout lui appartient et il s'emporte comme un chien enragé lorsqu'on lui pique ses biens. Tu n'es pas un jouet Ellie, réveille-toi, tu es un être humain ! Tu dois te défendre !

— En attendant, c'est plutôt toi qui aurait dû apprendre à te défendre, ironisa-t-elle en inspectant les plaies encore non cicatrisées sur son visage.

— J'hallucine, tu le défends en plus...

— Je ne le défends pas, l'arrêta-t-elle, Je dis juste que tu ne m'intéresses pas assez pour que je me préoccupe de ce qu'il t'a fait. Alors arrête de t'inquiéter pour moi, je sais très bien me défendre quand mes intérêts sont en jeux... Et ta cause me passe complètement au-dessus. Maintenant on devrait plutôt penser à rejoindre ce putain de cours de chimie.

Maxime l'observa tourner des talons et continuer son chemin, encore abasourdi par son égoïsme et sa cruauté. Perplexe, il balbutia du bout des lèvres :

— On a couché ensemble, je te rappelle. Comment ma cause peut t'indifférer à ce point ? Tout ce qu'il se passe dans ma vie en ce moment, c'est à cause de toi.

— Je sais, murmura la jeune fille en se retournant vers lui, un sourire faussement compatissant sur les lèvres, Et au passage, si on a couché ensemble, c'est parce que j'étais ivre et je n'ai jamais ressenti ne serait-ce que la moindre étincelle d'attirance pour toi.

La jeune fille avança encore d'un pas dans le couloir, rejoignant la porte de leur salle de classe. Mais avant de frapper sur le battant, elle ajouta sèchement à son attention :

— Que ce soit clair Max, tu me répugnes tellement que je ne voudrais même pas te toucher avec un bâton.

Puis Ellie frappa deux coups secs sur la porte, pénétrant dans sa salle de classe sous le regard interloqué de Maxime Deleterre qui balbutia, ahuri :

— Un bâton ?!

***

Anna referma sa caisse en baillant. Il était minuit moins le quart et il lui restait donc une quinzaine de minutes avant de terminer son service. Elle réajusta sa casquette avant de se retourner de nouveau vers le comptoir où les clients attendaient leur tour. Elle passa une nouvelle commande, ravie de constater qu'il y avait de moins en moins de clients derrière les caisses. Rapidement, Anna remplit le plateau du jeune couple qui était devant elle, priant pour que ce soit la dernière fois de la soirée.

— Voilà bon appétit ! S'exclama-t-elle en essayant de paraître enjouée.

Anna leur tendit le plateau et, sachant que Maëva Leblanc n'était sûrement pas bien loin, elle tira encore un peu plus sur les muscles de son sourire pour ne pas montrer qu'elle était à deux doigts de s'endormir sur sa caisse.

Le couple s'éloigna et Anna enchaina à l'attention de la personne qui se trouvait derrière eux :

— Bonsoir, qu'est-ce que je...

La jeune fille s'arrêta en plein milieu de sa phrase, perplexe, et reprit après quelques secondes de blanc :

— Mais qu'est-ce que tu fais là ?

— L'uniforme te va tellement bien.

— Qu'est-ce que tu fais là Noah ? Répéta Anna, exaspérée.

Ce qui l'énervait, en réalité, était simplement le fait qu'il la voit dans son accoutrement ridicule, les cheveux collés sur son front à cause de la sueur, sentant les frites à faire vomir quiconque s'approchant trop près et moulée dans un tee-shirt verdâtre dégueulasse.

— J'étais chez moi ce soir et je ne savais pas quoi faire alors je me suis dit que j'allais passer te voir.

— Il est minuit et on est mercredi, puis-je te proposer d'aller dormir comme n'importe quel lycéen normal ? Ironisa la jeune fille qui aurait tout fait pour échanger ce stupide travail contre quelques heures de sommeils dont il ne semblait même pas vouloir profiter.

— Je ne suis pas fatigué.

Sentant le regard de Maëva posé sur elle, Anna jeta un rapide coup d'œil derrière Noah. Il n'y avait pas de nouveaux clients donc, de toute manière, elle n'avait rien à lui reprocher.

Elle continua :

— Et tu veux manger un hamburger du coup ?

— Non, c'est juste que je pensais à toi.

— Tu penses à moi ? L'interrompit-elle, amusée.

— Seulement quand je m'ennuie, lui précisa le garçon, J'étais dans mon lit et je t'imaginais devoir rentrer chez toi, avec le dernier TER, sous la pluie... J'ai eu pitié. Je me suis dit que je pouvais te ramener.

Surprise, Anna l'observa prendre quelque chose dans la poche de son blouson noir et Noah en sortit son trousseau de clef de voiture, le faisant tourner autour de son index.

— Et puis j'ai envie de conduire, ajouta-t-il en un demi sourire.

— Sérieux ? Tu me ramènes chez moi ?

— A votre service mademoiselle, murmura Noah en lui faisant un clin d'œil.

La jeune fille se retourna vers la grande horloge qui trônait sur un mur et elle ajouta :

— Alors tu vas devoir attendre dix minutes, je termine à minuit.

— Il n'y a personne ! S'exclama Noah en se retournant vers la pièce quasiment vide.

— C'est ça, parle en à ma chef, elle va partager ton point de vue, ironisa-t-elle.

— Pourquoi ?

— C'est la fille la plus conne de ce pays, rétorqua Anna, Enfin non, après Ellie en fait.

Noah la gratifia d'un sourire exagéré, puis il enchaina rapidement :

— C'est qui ta chef ?

— La petite brune là-bas.

— La moche ?

Anna se retourna vers lui d'un air blasé et commenta :

— Il n'y a qu'une seule personne là-bas, c'était utile de le préciser ?

— Oui, la nargua Noah en s'éloignant soudainement du comptoir pour aller rejoindre Maëva.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? Bégaya Anna, Reviens !

Trop tard, cependant, car Noah venait d'interpeler la jeune femme. Maëva, qui était occupée à écrire sur une feuille de planning, releva son regard vers la personne venant de l'interrompre. Elle se figea l'espace d'une demi-seconde. Noah esquissa un sourire, ravi de constater que son charme était toujours aussi efficace pour captiver l'attention de son interlocuteur. Plongeant son regard dans ses yeux sombres, Maëva sentit son pouls s'accélérer. Elle n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi beau. Une peau basanée, des yeux noirs en amandes, de longs cils soyeux, une barbe naissante encadrant sa mâchoire carrée et des cheveux ébènes et brillants éparpillés sur le dessus de son crâne.

— Excusez-moi, murmura le garçon à son attention, Il faudrait que je ramène Anna chez elle et je voulais savoir si vous accepteriez qu'elle parte cinq minutes plus tôt car je suis garé en double file dans la rue.

— Euh... Oui... Mais c'est qu'elle n'a pas encore terminé son service là.

Noah lança un coup d'œil à sa montre avant d'ajouter d'une voix mielleuse :

— Dans huit minutes... S'il-vous-plait.

— D'accord, souffla Maëva, complètement absorbée par son regard.

Le garçon la remercia du bout des lèvres et la jeune femme esquissa un sourire. Ce n'était pas dans son habitude d'être souple sur les horaires, mais comment aurait-elle pu passer pour une maniaque autoritaire devant cet Apollon ?

— Merci, répéta Noah avec un sourire en coin, ce qui fit repartir son cœur dans une course folle, Bonne soirée.

— Bonne soirée à vous aussi, bégaya-t-elle, encore prise au dépourvue.

Le garçon rejoignit la caisse d'Anna où la jeune fille venait de les observer d'un air sceptique.

Noah commenta en arrivant à sa hauteur :

— Prends tes affaires.

— Quoi ? Sérieux ?

— Je peux être très convaincant.

— Tu parles, souffla Anna, Tu l'as juste draguée.

— Et ce n'est pas une manière d'être convaincant ? L'interrogea-t-il.

— C'est cruel.

— Efficace.

Ne voulant pas continuer cette conversation, Anna se contenta d'enlever sa casquette et elle ajouta avant de s'éloigner de sa caisse :

— Je vais me changer, attends-moi là.

Elle rejoignit le vestiaire au fond de la pièce. Se dirigeant vers son casier, Anna actionna le code pour récupérer ses vêtements et son sac lorsqu'une voix résonna dans son dos :

— Tu pars déjà ?

Se retournant vers Alexandre, elle lui répondit en refermant la porte du casier :

— Ouais.

— Tu bosses ce week-end ? L'interrogea Alexandre.

— Oui, j'ai vu qu'on était tous les deux en caisses.

— Cool.

La jeune fille donna un coup de main dans ses cheveux pour essayer de leur redonner une forme acceptable, puis elle s'observa dans le miroir de la pièce. C'était raté. Elle ressemblait à un épouvantail. Attrapant son élastique dans la poche de son jean, elle se fit un chignon au-dessus de la tête et essuya les traces de maquillage qui avaient coulé sous ses yeux. Elle attrapa son eye liner dans son sac pour se redessiner un trait au-dessus des paupières, doutant pourtant que ça allait pouvoir cacher ses cernes et sa tête de déterrée.

— Tu sors ? La questionna Alexandre, amusé.

— Non, je rentre chez moi.

— C'est la première fois que je te vois te préparer pour rentrer chez toi.

— Pas du tout, mentit-elle en laissant son crayon tomber au fond de son sac, Je file, bonne soirée !

— Salut.

Anna s'extirpa de la pièce puis chercha des yeux Noah. Celui-ci l'attendait dehors, une cigarette entre les lèvres. Elle le rejoignit en enfilant sa cape beige et enfonça ses mains dans ses gants en laine.

— Je suis prête.

— Je termine dans deux secondes, rétorqua-t-il en soufflant la fumée de sa cigarette dans les airs.

— Tu sais que Ruben essaye d'arrêter de fumer ?

— Et je devrais le savoir parce que... ? Ironisa le garçon.

— Rien, souffla-t-elle, C'est juste qu'il est trop marrant en ce moment. Ça le fait péter des plombs.

Noah ne releva pas la conversation, signe que le sujet ne l'intéressait pas vraiment, puis il ajouta en laissant tomber sa cigarette sur le sol :

— Tu viens à l'anniversaire d'Esther samedi ?

— Il y avait une poubelle à côté de toi.

— Pardon ?

— Pour ta cigarette, précisa Anna, Il y avait une poubelle juste à côté de toi.

— On s'en fout, alors tu viens ou pas ?

— Non, je travaille.

Noah sortit ses clefs de voiture de sa poche puis se dirigea vers l'endroit où il l'avait garé, suivi de près par Anna, puis il enchaina :

— Tu termines à quelle heure ?

— Minuit.

— Alors tu peux venir après.

— Trop la flemme.

— Allez viens, souffla-t-il en appuyant sur l'ouverture automatique des portes.

La voiture clignota quelques mètres devant eux et il enchaina en rejoignant le véhicule :

— On va trop se marrer.

— Ce ne sont même pas mes amis.

— Ce ne sont pas les miens non plus, lui assura le garçon, La plupart me déteste maintenant.

— Alors pourquoi tu veux y aller ?

— Parce que j'adore les soirées.

— Pourquoi ne pas aller au Palace ? L'interrogea-t-elle en s'arrêtant devant sa voiture.

— Tout le monde sera chez Esther et Yanis, rétorqua le garçon en pénétrant à l'intérieur.

Anna actionna la poignée, s'engouffrant dans le véhicule à son tour, puis elle accrocha sa ceinture tandis que Noah alluma le moteur et les feux.

La radio se mit automatiquement en route et Anna baissa le volume pour continuer leur conversation :

— Je ne crois pas qu'Ethan va apprécier le fait qu'on y aille tous les deux.

— Être tous les deux à la même soirée ne veut pas dire qu'on y a été ensemble, lui fit remarquer Noah en commençant sa manœuvre pour sortir de son créneau, Et puis je t'ai dit, tu peux toujours y aller avec Ruben et son copain.

— Je ne sais pas.

— Ce sera samedi, tu auras le temps de te reposer dimanche. D'ailleurs, tu peux venir chez moi pour dormir si tu ne veux pas rentrer chez toi en plein milieu de la nuit.

Anna lui lança un regard en biais. Il était tellement beau, prévenant, convaincant... Comment lui dire non ? S'interrogea-t-elle en réalisant qu'elle ne valait pas mieux que Maëva Leblay.

— Ok, accepta-t-elle, Je passerai après mon service. Ils habitent où ?

— Vingtième.

— Oh génial, souffla la jeune fille en songeant qu'elle aurait à traverser tout Paris pour rejoindre la soirée.

— Tu veux que je passe te chercher ?

— Non, c'est bon, lui assura-t-elle.

La jeune fille en avait marre de passer pour la gamine incapable de se débrouiller sans lui. Anna se retourna vers la vitre de la voiture, observant la capitale plongée dans l'obscurité. Dehors, l'averse était terminée, mais il tombait encore des petites gouttes d'eau à intervalles irréguliers.

Fermant les yeux, la jeune fille se laissa porter par le moteur de la voiture et la musique dans l'autoradio. Elle resta ainsi pendant quelques minutes jusqu'à ce que Noah ne vienne l'interrompre dans son demi-sommeil :

— Ça va en fait ?

— Comment ça ? S'intrigua-t-elle en se relevant légèrement du fauteuil.

— Et bien, je veux dire, ta mère qui pète un plomb, ton père, sa meuf, le futur bébé, ta petite sœur, tout ça quoi... Ça va ?

— Je commence à m'y faire, lui avoua-t-elle, J'évite tous les appels de mon père donc pour l'instant pas de nouvelles, ma mère va un peu mieux depuis qu'elle a son boulot, même si elle maudit ton père tous les soirs avec une sorte d'encens et des formules magiques et ma sœur... Reste ma sœur, mais sa présence est moins insupportable qu'avant.

— Attends... Ta mère maudit mon père avec de la magie noire et elle va mieux ?

— Tout est relatif dans le cas de Cécile Joly, ironisa Anna.

Noah esquissa un sourire, ignorant s'il devait s'inquiéter que la jeune fille vive réellement dans une maison de tarés, puis il augmenta légèrement le volume de la radio. Ils continuèrent de discuter tout au long du trajet, bien qu'Anna luttât désespérément contre l'envie de s'endormir. Puis ils arrivèrent devant la maison de la jeune fille. Noah coupa le moteur et Anna détacha sa ceinture, se retournant vers lui, un sourire de remerciement au coin des lèvres. Peu importe à quel point Noah pouvait être égoïste et imbu de lui-même, il était parfois totalement adorable.

— Merci beaucoup pour le trajet, tu m'as bien gagné vingt minutes de plus de sommeil.

— Est-ce que j'ai le droit d'utiliser un peu de ces vingt minutes pour m'incruster chez toi ? Je suis mort de soif.

— Oui bien sûr, viens.

Ils sortirent tous les deux de la voiture, courant jusqu'à la porte d'entrée car la pluie était repartie de plus belle.

Anna posa sa main sur la poignée, cependant, celle-ci s'abaissa avant même qu'elle n'eut le temps d'appuyer dessus et le visage d'Ophélie apparut derrière la porte, en larmes et totalement paniquée.

— Mais putain Anna tu étais où ? Explosa la jeune fille en pleine crise de panique, Ça fait des heures que j'essaie de t'appeler !

— Que... Quoi ? Bégaya sa grande-sœur, prise au dépourvue, Désolée mon portable est éteint pendant que je travaille, je n'ai pas pensé à le rallumer.

— Mais qu'est-ce qu'il fait là lui de toute façon ? Enchaina Ophélie qui ne semblait pas prête à se calmer.

— Moi ? S'exclama Noah, surpris d'être pris à parti, Je suis juste venu ramener ta sœur.

— Qu'est-ce qu'il se passe Ophé ? Enchaina Anna, de plus en plus inquiète, Pourquoi tu pleures ?

— Mais c'est maman ! Explosa la jeune fille en repartant de plus belle dans une crise de larmes.

— Quoi maman ? Qu'est-ce qu'elle a ?

— Il y a un mec qui a appelé ce soir, répondit Ophélie en tentant de retrouver son sang-froid, Il a dit qu'il allait appeler les flics. Il faut qu'on y aille.

— Quoi ? S'exclama Anna, Mais parle plus clairement, je ne comprends rien !

— Vous ne voulez pas qu'on en parle à l'intérieur ? Proposa Noah, Ça ne sert à rien de rester là sous la pluie.

— Toi, ta gueule ! Explosa Ophélie en se retournant vers lui, Tout ça, c'est la faute de ton père !

— Qu'est-ce que mon père vient faire là-dedans ?

— Il l'a viré ! Enchaina la belle brune dont les larmes continuaient de couler sur ses joues, Aujourd'hui, il l'a mis à la porte !

— Quoi ? Mais pourquoi ? L'interrogea Anna, hébétée.

— Je n'en sais rien ! Tu n'as pas reçu son SMS ? Elle l'a envoyé vers dix-neuf heures et elle a dit qu'elle était désolée. J'ai essayé de l'appeler depuis, mais elle n'a pas répondu.

— J'ai commencé mon service à dix-huit heures... Murmura la jeune fille en cherchant son portable au fond de son sac, Et maintenant elle est où maman ? C'est qui ce mec dont tu parlais ?

Ophélie sécha les larmes sur ses joues, tentant de reprendre une respiration normale avant de lui répondre :

— Un barman. Il a appelé il y a une heure. Maman est complètement bourrée dans un bar et il n'arrive pas à la faire partir. Il a dit qu'il fermait vers une heure trente et que si elle n'était toujours pas sortie avant la fermeture il appellerait les flics. Il faut qu'on aille la chercher. C'est pour ça que je t'ai appelé. Tu étais dans le centre, tu aurais pu y aller.

— Putain, souffla Anna, Elle est dans quel bar ?

— Au « Zig Zag », dans le quinzième.

— Je vois où il est, rétorqua Noah, Je peux vous emmener.

— Tu es sûr ? L'interrogea Anna, inquiète, Tu n'es pas obligé.

— J'ai la voiture, ça ira plus vite.

La jeune fille se retourna vers sa sœur qui la suppliait du regard d'accepter. Ophélie savait qu'Anna ne voulait pas que Noah voie sa mère dans cet état-là, c'était compréhensif, mais elles ne pouvaient pas réellement se permettre de refuser une telle offre.

— D'accord, souffla Anna en bifurquant son regard vers le garçon, On y va tous les trois.

***

Gautier laissa son doigt glisser le long du torse de son petit-ami tandis que Ruben ferma les yeux en esquissant un sourire. Les deux garçons étaient allongés dans le lit de Gautier car les parents de ce dernier s'étaient absentés pour la semaine, ils avaient donc eu la soirée rien que pour eux. Gautier monta sur le torse de Ruben, embrassant son ventre du bout des lèvres, puis vint poser ses lèvres sur les siennes. Ils s'embrassèrent pendant quelques minutes, profitant de cet instant où tout était enfin calme. Depuis que Gautier avait appris que Ruben lui avait menti à propos de Borja, leur relation n'était plus la même. Ils passaient presque tout leur temps à s'engueuler ou se lancer des piques et seuls leurs quelques moments d'intimité venaient leur rappeler pourquoi ils étaient un couple.

— Tu as revu Jared depuis la soirée ? Interrogea Gautier en s'éloignant du torse de son petit-ami pour s'allonger à côté de lui.

— Non.

— Et tu sais s'il va mieux ?

— Oui, il m'a dit que ses blessures cicatrisaient, murmura Ruben en se retournant vers le garçon, Je le vois demain soir normalement.

— C'est bien, lui répondit Gautier en passant un doigt sur ses lèvres, J'espère qu'il va arrêter ses conneries maintenant.

— J'en doute fortement, rétorqua Ruben avant de l'embrasser furtivement.

Puis il s'éloigna, posant sa tête sur l'oreiller pour observer le plafond d'un air absent.

— Tu comptes faire quelque chose ?

— Pour ? Interrogea Ruben.

— Je ne sais pas, le sortir de cette histoire de drogue.

— Tu serais d'accord avec le fait que je fasse quelque chose pour l'en sortir ? S'intrigua le garçon en bifurquant son regard vers Gautier.

— Non, absolument pas, lui avoua son petit-ami, Mais comme je te connais et que je sais que tu ne vas pas m'écouter, j'aimerais être de la partie, si jamais tu fais quelque chose.

— Sérieusement ? Souffla-t-il, Ce n'est pas ce que tu avais l'air de dire le week-end dernier.

— Tu m'avais pris au dépourvu.

— Oui, je sais.

Ruben se retourna de nouveau vers le plafond de la chambre, observant l'abat-jour en silence. Il ignorait encore s'il allait essayer de sortir son frère de cette histoire. Au fond, Jared l'avait bien cherché et il ne voyait pas vraiment ce que lui, un adolescent de dix-sept ans, allait bien pouvoir faire contre un trafic de drogue de cette envergure. Dans tous les cas, Ruben savait qu'il ne pouvait pas agir seul et que l'unique personne capable de l'aider était aussi celle que Gautier n'accepterait jamais. Borja était du quartier, il connaissait Jared et les types du trafic, il avait des relations et savait comment tout cela marchait. Même si le courage n'était pas son point fort, il était bien la seule personne capable d'agir. Et ça, Gautier le savait pertinemment. C'était d'ailleurs pour cela qu'il venait de lui poser la question.

Fatigué, Ruben se retourna vers le garçon, hésitant à lui exprimer le fond de sa pensée.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Interrogea Gautier du bout des lèvres en comprenant pourtant d'où venait ce regard réprobateur.

— Rien, commenta-t-il en se relevant brusquement du lit.

— Tu fais quoi ? Hallucina le garçon en observant son petit-ami complètement nu au milieu de la pièce.

Sans répondre, Ruben attrapa son short de sport qui était étalé sur la moquette et il l'enfila rapidement. Il se dirigea vers son sac pour attraper son paquet de cigarettes.

Gautier lâcha un soupir de déception tout en observant Ruben se poster à la fenêtre de sa chambre pour l'ouvrir.

— Je croyais que tu avais arrêté, commenta Gautier en s'enfonçant sous sa couverture à cause du vent frais qui entrait désormais dans la pièce.

Ruben alluma sa cigarette, la première depuis déjà deux semaines, et il se calma instantanément lorsque la fumée pénétra dans ses poumons.

Le garçon était torse nu devant la fenêtre alors qu'il pleuvait abondamment, mais il ne s'était jamais senti aussi bien qu'à cet instant.

— Ne fais pas chier, grinça-t-il sans même se donner la peine de se retourner vers le lit.

— Ce n'était pas un reproche, juste une constatation, commenta Gautier, vexé qu'il prenne ce ton dédaigneux avec lui.

— Tu parles que ce n'était pas un reproche, ironisa Ruben, observant les gouttes de pluies tomber sur le trottoir quelques mètres plus bas.

— Au pire, tu peux me regarder en face si tu as quelque chose à me dire.

Ruben tira une nouvelle taffe sur sa cigarette, sentant déjà que l'énervement qui ne le lâchait plus depuis qu'il avait essayé d'arrêter de fumer revenait brutalement, passant dans tous les nerfs de son corps comme des étincelles d'électricité.

Il ferma les yeux, tira une nouvelle taffe pour se détendre, puis répondit en se retournant tout doucement vers son petit-ami :

— Pourquoi je devrais te regarder en face ? Pour voir cet air suspicieux sur ton visage qui ne te quitte plus depuis qu'on est revenu de cette soirée ? Excuse-moi, mais j'en passerais très bien.

— Quel air suspicieux ? Répéta Gautier en enfilant à son tour son short de pyjama.

Sa nudité ne semblait pas être en adéquation avec la future dispute qui se préparait et Gautier tenait à rester crédible en toutes circonstances.

— Tu sais très bien de quoi je parle, grinça Ruben, Et puis je fume si j'ai envie !

— Mais je ne t'ai jamais demandé d'arrêter de fumer, hallucina son petit-ami, C'est trop facile de me mettre ça sur le dos maintenant ! C'est toi qui a voulu arrêter pour moi !

— Oui et bien je n'aurais peut-être pas dû, lâcha-t-il en se retournant vers la fenêtre pour souffler sa fumée dans les airs.

— Et pourquoi ça ?

— Vu comment tu me fais confiance, je ne vois pas pourquoi je devrais foutre ma santé en l'air pour toi.

— Tu déconnes ? Pouffa Gautier, perplexe, C'est arrêter de fumer qui fout ta santé en l'air ?

— Arrête avec ce ton Monsieur-je-sais-tout ! S'exclama Ruben, énervé, Ça m'irrite de ne plus fumer ! Je suis toujours fatigué et frustré. Et puis tout m'énerve tout le temps !

— Oui ça se voit, ironisa son petit-ami.

— Mais ta gueule !

— Casse-toi si c'est pour être dans cet état-là ! Explosa Gautier en se décidant finalement à se mettre en colère.

Si le garçon avait toujours été patient avec Ruben, il y avait bien une seule chose qu'il ne pouvait supporter : qu'on l'insulte.

— Tu ne veux peut-être pas voir mon « air suspicieux », mais moi, je me passerais bien aussi de ton sale caractère ! Enchaina-t-il de plus en plus furieux, Je ne suis pas un punching-ball Ruben. Si ton frère fait des conneries, ce n'est pas ma faute !

— Ok comme tu veux, souffla son petit-ami en écrasant sa cigarette sur le mur extérieur, Alors je me casse.

Ruben referma la fenêtre brutalement, se dirigeant vers le reste de ses affaires pour s'habiller, et Gautier reprit d'un air blasé :

— Mais où est-ce que tu veux aller ? Il est minuit passé !

— C'est toi qui me fout dehors, grinça Ruben en ôtant son short de sport pour enfiler son caleçon puis son pantalon en jean, Sois cohérent et ne pose pas ce genre de question.

— C'était une façon de parler, je ne vais pas te mettre à la rue en plein milieu de la nuit !

— Au cas où ça t'aurait échappé j'ai quand même une maison. Merci de ne pas insinuer que je suis un clochard.

— Tu habites loin, tu ne vas pas rentrer maintenant... Et puis il pleut.

— Je ne suis pas en sucre, je ne vais pas fondre, rétorqua Ruben en glissant sa tête dans son pull gris taupe.

Il enfila son blouson en cuir par-dessus, passant une main dans sa touffe de cheveux bouclée pour les ébouriffer, avant de mettre son bonnet en laine sur sa tête. Ce qui rendit le geste précédent totalement inutile, mais il était déjà si énervé que Gautier ne voulut pas relever l'incohérence.

— S'il-te-plait Ruben, calme-toi, tu t'emballes vraiment pour rien là !

— Ah oui, tu trouves ? S'énerva le garçon dont les yeux commençaient à se brouiller légèrement, Mes parents n'acceptent pas mon homosexualité et font comme si j'étais un étranger, mon frère m'a laissé complètement tomber pour un putain de trafic de drogue, le premier mec dont j'ai été amoureux m'a laissé me faire tabasser - deux fois - et mon petit-ami actuel n'est même pas foutu de me faire confiance... Comme si j'avais réellement envie de retourner avec ce taré. Alors là, non, tu vois, je ne m'emballe pas, je m'exprime ! Parce que j'en ai marre de toujours passer pour le pd joviale qui réconforte tout le monde et à qui il n'arrive jamais rien ! Moi aussi j'ai des problèmes et je ne vais pas faire comme si tout allait dans le meilleur des mondes juste pour ne pas vous bousculer !

Gautier l'observa interdit pendant un instant. Les larmes s'étaient finalement mises à couler sur les joues du garçon et il ne sut quoi lui répondre.

— Alors non, je ne m'emballe pas, répéta Ruben en essuyant ses larmes d'un revers de la manche.

— Pourquoi tu ne m'as pas parlé de tout ça plus tôt ? Bégaya Gautier, la gorge nouée.

— Mais tout le monde le sait ça ! Explosa Ruben, Toi, Jared, Anna, vous le savez tout ça ! Comment est-ce que vous avez pu penser que ça ne me ferait pas de mal ? Bien sûr que je souffre, c'est tellement évident, je ne comprends même pas comment tu peux t'en étonner ! Tu le supporterais tout ça, toi ? Que tes parents ne te parlent plus ? Que ton frère t'abandonne de plus en plus ? Que ton petit-ami soit...

Le garçon ne put terminer sa phrase car Gautier venait de le prendre dans ses bras, le serrant contre lui de toutes ses forces.

— Je suis désolé, murmura-t-il à son oreille tout en passant une main tendrement dans ses cheveux, Je suis vraiment désolé. Pardonne-moi.

Doucement, Ruben sentit son cœur ralentir dans sa poitrine et il laissa ses larmes couler librement sur ses joues tremblantes. Il en avait assez de faire comme si tout allait bien et assez que son entourage prétende que ce soit le cas. Il était juste vidé et épuisé.

— Je suis là moi, enchaina Gautier à son oreille, Je ne te lâcherai pas. Je ne suis pas Jared et encore moins Borja. Je ne te lâcherai pas, répéta-t-il, Je te le promets.

***

Anna, Noah et Ophélie poussèrent les portes du bar « Zig Zag café », boulevard Garibaldi, et s'engouffrèrent à l'intérieur de la pièce où ils se retrouvèrent à l'abri de la pluie. Passant ses doigts dans ses cheveux pour ôter l'eau qui s'y était déposé, Noah les ébouriffa d'un coup sec puis il posa sa main dans le dos d'Anna, l'amenant vers lui. La jeune fille passa devant le garçon puis ils avancèrent tous les deux vers le fond de la pièce, cherchant Cécile des yeux.

— Elle est là-bas, murmura soudainement Ophélie en se ruant vers une table dans le fond du bar.

Derechef, Anna s'éloigna du corps de Noah pour rejoindre sa sœur et le garçon resta à l'écart, sachant pertinemment qu'il serait de trop dans la conversation.

— Maman ! S'exclama la jolie brune en posant une main sur l'épaule de Cécile qui était avachie contre la table en bois, Tu vas bien ?

Sa mère releva légèrement son visage vers sa fille. Elle avait les yeux gonflés, les joues rouges, et le regard complètement à l'ouest.

— Oh mon Dieu, souffla Anna en les rejoignant, Mais pourquoi tu as bu autant ?

— Je suis désolée, grimaça Cécile en se laissant retomber sur la table.

— Maman ! S'exclama Ophélie, horrifiée, Enfin mais tiens-toi ! Tout le monde nous regarde !

— C'est vous qui venez la chercher ? Les interrompit soudainement une voix masculine.

Les deux sœurs se retournèrent vers l'homme imposant, un plateau dans les mains, et qui devait être probablement le gérant du bar.

— Pas trop tôt, enchaina-t-il en toisant Cécile d'un air mauvais, Débarrassez-moi d'elle !

— Hey ! L'interrompit brusquement Noah en faisant irruption à côté d'eux, Ne leur parlez pas comme ça. C'est de votre faute si elle est dans cet état-là ! Vous gérez un bar, c'est à vous de refuser de servir les personnes ivres !

— Je ne lui ai servi que deux verres, rétorqua l'homme, sèchement, Si elle est dans cet état, c'est parce qu'elle ne doit pas consommer que de l'alcool si vous voulez mon avis et ça, ce n'est pas mon problème !

— Mais ça va l'être si vous continuez de me parler sur ce ton espèce de...

— Noah ! Le coupa Anna, Laisse tomber, s'il-te-plait. Ce n'est vraiment pas le moment.

Le garçon desserra le poing qu'il venait de fermer et se retourna vers la jeune fille et sa sœur. Il était clair qu'il y avait des choses plus importantes à faire que de régler son compte à cet abruti de première... Et, dans tous les cas, Noah ne faisait pas le poids face au colosse qui se trouvait devant lui, mais ça, c'était une raison moins officielle.

— Tu peux nous aider à l'emmener à la voiture ? Enchaina Ophélie en passant ses deux mains sous les aisselles de sa mère pour tenter de la relever.

Mais sa tentative échoua lamentablement et Cécile repartit de plus belle dans une crise de sanglots.

— Oui laisse, je vais le faire, s'empressa de lui répondre Noah en se dirigeant vers la table.

Le garçon attrapa le bras de Cécile, le posant sur son épaule, et tira de toutes ses forces pour la relever de sa chaise. Elle s'échoua sur son épaule et il passa derechef sa main dans son dos pour la maintenir debout.

— Elle tient ? L'interrogea Anna en commençant à leur frayer un chemin vers la sortie.

— Oui c'est bon, on se casse.

Ils sortirent tous les quatre du bar, sous le regard réprobateur des gens qui étaient à l'intérieur. D'un côté, Anna ne pouvait pas vraiment le leur reprocher. Quel autre sentiment que le dédain et la pitié pouvaient ressortir de cette situation ridicule ? Songea-t-elle, résignée, en recevant tous leurs regards comme des coups de couteau. Des enfants qui vont chercher leur mère alcoolique et droguée dans un bar en plein milieu de la nuit, c'était profondément pathétique. Puis, réalisant que ce n'était pas encore le moment de se morfondre, elle bifurqua son regard devant elle. Ophélie venait d'ouvrir la porte du bar pour que Noah puisse en sortir avec leur mère et elle les suivit en silence malgré les grognements de Cécile. Anna laissa ensuite la porte se refermer toute seule derrière elle, se fichant bien qu'elle claque au nez de tous ces voyeurs.

— Il faut peut-être qu'elle vomisse avant d'entrer dans la voiture, proposa Ophélie lorsqu'ils traversèrent la route pour rejoindre le trottoir d'en face, là où était garé le véhicule de Noah.

— Maman, tu as envie de vomir ? L'interrogea Anna en avançant plus rapidement pour rejoindre leur hauteur.

— Et si on lui proposait une fois qu'elle ne sera plus avachie contre moi ? Proposa Noah en grimaçant.

Ils s'arrêtèrent sur le trottoir et Noah retira le bras de Cécile de son épaule, la laissant s'affaisser contre le coffre.

— Maman tu veux vomir avant qu'on n'entre dans la voiture ? Répéta Anna en se postant devant elle, l'obligeant de son index à relever son visage vers elle.

Mais Cécile détourna ses yeux rapidement, préférant fuir le regard de pitié de sa fille ainée.

— Maman réponds-nous, reprit Ophélie, On ne va pas attendre sous la pluie pendant des heures. Tu veux vomir ou pas ?

— J'ai déjà vomi dans les toilettes du bar, murmura Cécile, honteuse.

— En voiture alors, déclara Noah en ouvrant la portière arrière, Qui monte derrière avec elle ?

— Moi, rétorqua de suite Ophélie, Allez viens maman.

La jeune fille attrapa la main de sa mère qui tituba en faisant un pas vers elle. Ophélie se recula légèrement pour la laisser s'engouffrer à l'intérieur du véhicule puis elle s'installa à son tour. Noah referma la portière, se retournant vers Anna qui était restée sous la pluie.

— Je suis désolée de t'infliger ça, murmura la jeune fille du bout des lèvres, Je suis vraiment désolée.

— Ne craque pas maintenant Anna, l'arrêta-t-il en se plantant devant elle, Ça va aller.

— Non ça ne va pas, tu as vu son état, elle est complètement...

— Pas maintenant, répéta Noah, Tu craqueras après. Pas maintenant. Ne me laisse pas gérer la situation tout seul. J'ai besoin de toi.

— D'accord, se ressaisit-elle aussitôt en soufflant un grand coup, Tu as raison. Je n'ai pas à t'infliger ça.

— Bien, commenta-t-il en glissant son doigt sur ses lèvres mouillées, En voiture.

Anna acquiesça d'un signe de la tête puis elle se dirigea vers la portière avant, laissant le doigt de Noah retomber dans le vide. Amusé, le garçon marqua une demi-seconde de surprise puis il se rendit à son tour dans la voiture, prenant place côté conducteur. Il tourna les clefs pour démarrer le moteur puis appuya sur les pédales pour sortir du trottoir sur lequel il s'était garé n'importe comment.

— Surtout Cécile, vous faites signes si vous avez envie de vomir, précisa Noah en lançant un rapide coup d'œil à son rétroviseur pour observer si ce n'était pas déjà trop tard.

— Oui, grimaça-t-elle alors qu'elle venait de fermer les yeux, laissant sa tête tomber sur le revêtement en cuir de la banquette arrière.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé maman ? L'interrogea Ophélie, Pourquoi tu t'es mis dans cet état-là ?

— J'ai vu votre père aujourd'hui.

— Encore lui, grinça Anna en serrant des dents.

— Il était avec sa nouvelle copine, enchaina Cécile, les yeux toujours clos, l'air de revivre cette scène avec autant de douleur que la première fois, Je ne l'avais jamais vu encore. Elle est belle.

— Arrête maman, elle est trop moche cette fille, commenta Anna en se retournant vers l'arrière du véhicule.

— Peut-être, commenta sa mère vaguement, Mais elle est plus jeune en tout cas. Et son ventre commence à avoir une petite forme.

— On s'en fiche putain, souffla Ophélie à ses côtés, Ne te mets pas dans cet état à cause de ce connard.

— Et Paul alors ? Enchaina Anna, C'est quoi le rapport avec lui ? Pourquoi il t'a viré ?

— Après avoir vu Marc et cette fille, j'ai... J'ai pris quelques pilules, pour me détendre. Et... Et juste un verre de vin.

— Oh non... comprit Anna.

— Oui le mélange m'a mis dans un sale état, lui assura Cécile en grimaçant de douleur, Il y avait une réunion au bureau en fin de journée, avec des investisseurs importants, des américains ou je ne sais pas quoi. Je suis arrivée complètement défoncée et ils ont dû tout annuler. Paul m'a licenciée tout de suite après.

— Il a le droit de faire ça ? Interrogea Anna en se retournant vers Noah qui n'avait pas quitté la route du regard.

— Oui c'est une faute professionnelle, ça devait être marqué dans le contrat.

Le garçon se retourna vers la jeune fille et il ajouta du bout des lèvres :

— Désolé.

— Ce n'est pas de ta faute, lui assura-t-elle.

Le reste du trajet se passa dans un silence complet, alimenté par les rafles de douleur de Cécile lorsque la voiture la secouait et les pleures d'Ophélie qui ne supportait pas de voir sa mère dans cet état.

Arrivés à destination, Noah se gara sur le trottoir juste en face de leur maison et ils s'extirpèrent tous les quatre du véhicule. Le calme du trajet avait permis à Cécile de décuver légèrement et elle arrivait désormais à avancer toute seule. Ils entrèrent donc à l'intérieur de la maison, personne ne voulant relever l'absurdité de la situation.

— Viens maman, on va te mettre au lit, murmura Ophélie en reprenant la parole.

La jeune fille attrapa la main de sa mère pour la diriger vers sa chambre et Anna les suivit, laissant Noah seul dans le salon. Les deux sœurs revinrent quelques minutes plus tard et le garçon constata qu'Ophélie avait arrêté de pleurer.

La jeune fille s'arrêta devant lui, esquissa un sourire malgré la tristesse qu'on pouvait lire dans ses yeux, et elle murmura, la gorge nouée :

— Merci pour ton aide Noah.

— De rien.

— Je vais me coucher, enchaina-t-elle ensuite en se retournant vers sa grande-sœur.

— Bonne nuit et encore désolée de ne pas avoir regardé mon portable. On n'aurait pas eu besoin de faire tout ça.

— C'est bon, ne t'inquiète pas, lui assura la belle brune en grimpant les marches de l'escalier pour rejoindre sa chambre à l'étage.

Noah et Anna se retrouvèrent tous les deux au milieu du salon de la jeune fille. Un silence gênant régnait dans la pièce et seul le bruit des aiguilles de l'horloge de la cuisine venait leur rappeler que le temps était en train de s'écouler. Noah observa Anna en silence. Il voyait la détresse dans les yeux de la jeune fille et ses lèvres trembler, pourtant, il ne bougea pas, restant stoïque face à elle. Parce qu'en réalité, la seule chose à laquelle il pensait, la seule chose à laquelle il essayait de résister coute que coute, c'était ce désir incontrôlable de l'embrasser, là, tout de suite. De la prendre dans ses bras, de poser ses lèvres sur les siennes, et que ce désir qui le dévorait arrête de le faire souffrir. Mais ce n'était pas de lui qu'il s'agissait et il lui avait promis de se comporter comme un véritable ami.

— Tu veux craquer ? L'interrogea-t-il en brisant enfin le silence pesant de la pièce.

— Tu peux partir avant que ça n'arrive.

— Non.

— Tu es sûr que tu veux assister à ça ?

Le garçon se rapprocha d'elle, s'arrêtant à quelques centimètres de son visage, et il rectifia :

— Je vais remédier à ça.

Noah passa sa main droite derrière sa nuque et la tira vers lui fermement pour la serrer dans l'étau de ses bras. Anna explosa en sanglots, camouflant son visage dans sa nuque, et elle balbutia entre ses larmes :

— Pourquoi est-ce que je n'ai pas le droit à une famille normale ? Je voulais juste... Une mère, comme les autres.

— Ta mère t'aime Anna, ce n'est déjà pas donné à tout le monde.

— Comment elle pourrait sincèrement aimer ses enfants alors que ce n'est qu'une pauvre folle alcoolique et droguée ? Elle ne nous aime pas Noah. Elle ne ferait pas ça si elle nous aimait réellement.

Derrière le mur, là où les paroles de la jeune fille avaient traversé la cloison, Cécile Joly camoufla un sanglot dans la taie de son oreiller.

***

Noah poussa la porte d'entrée de son appartement plongé dans le noir. Il était presque trois heures du matin et il avait bien passé une demi-heure à consoler Anna dans le salon de la jeune fille. La voyant tomber de fatigue, il avait décidé de la laisser pour qu'elle se repose tranquillement dans son lit.

Pénétrant à tâtons dans son appartement pour ne pas réveiller toute sa famille, Noah ôta ses baskets et laissa ses chaussures à l'entrée. Il avança ensuite vers le salon et marqua un arrêt de surprise lorsqu'il tomba sur son père, en pyjama, en train de boire un verre d'eau dans la cuisine.

— Putain, tu m'as fait peur, souffla-t-il en reculant d'un pas.

— C'est à cette heure-là que tu rentres ? Grinça Paul en reposant son verre vide dans l'évier.

— Oui parlons-en justement, ironisa Noah en allumant la lumière de la cuisine, ce qui fit cligner des yeux son père, Tu sais où j'étais ce soir ?

— Pas là où tu aurais dû être en tout cas, c'est à dire, dans ton lit.

— J'ai été récupéré Cécile Joly que tu as viré comme une merde et qui était en train de se saouler dans un bar.

Paul s'arrêta pendant quelques instants, observant son fils en biais, avant de l'interroger, perplexe :

— Est-ce que je dois m'inquiéter de ce que tu fais de tes soirées ?

— Tu sais très bien que j'étais avec Anna, rétorqua Noah, blasé, Pourquoi tu l'as viré comme ça ? A quoi tu pensais ? Tout le monde fait des erreurs.

— Je me trompe où tu savais avant de me demander de l'embaucher que Cécile était une droguée ? L'interrogea son père, suspicieux.

— Droguée est un peu exagéré.

— Noah ! S'exclama Paul, Comment as-tu osé me cacher ça ? Tu sais à quel point je tiens à ma société pourtant ! C'était quoi ton but ? Tout détruire ?

— Et ça ne te vient même pas à l'idée que j'aime peut-être plus cette fille que ta putain de société ?

— A Anna ? Hallucina Paul, perplexe, Tu passes ton temps à dire que ce n'est pas ta copine !

Noah ne répondit pas, conscient que son père n'avait pas vraiment tort pour une fois, et Paul enchaina, furieux :

— Est-ce que tu as la moindre idée de ce qu'elle a fait aujourd'hui ?

— Ça va, elle a gâché une réunion, tu en fais tous les jours des réunions !

— Sauf que ce n'était pas n'importe quelle réunion Noah, rétorqua-t-il, On rencontrait les investisseurs américains qui ont racheté l'entreprise de ton oncle. Tu sais à quel point ça me tient à cœur de travailler avec eux, c'était important pour moi.

Son fils baissa les yeux, mal à l'aise. Paul parlait très peu de la mort de son frère, Benoit, décédé d'un cancer de l'estomac il y avait maintenant un an et demi. D'ailleurs, il ne s'était jamais vraiment remis de sa mort, ni du fait qu'il avait été obligé de vendre son entreprise qu'il avait reçu en héritage. Pourtant, il n'avait pas eu le choix. Sa vie était devenue insoutenable lorsqu'il avait dû gérer deux entreprises à l'opposée l'une de l'autre de la planète. Paul avait fini par vendre l'entreprise de son frère, un choix qu'il n'avait jamais vraiment supporté et dont il se sentait terriblement coupable.

— Et c'est vraiment mort pour travailler avec eux ? L'interrogea Noah.

— Je n'en sais rien pour l'instant, mais c'est plutôt mal parti.

Paul s'adossa contre l'évier, poussant un soupir de frustration, puis il enchaina à l'attention de son fils :

— Qu'est-ce qu'elle a Cécile ?

— Son mari l'a quitté pour une étudiante qui est enceinte, lui répondit-il, Il s'est barré pendant longtemps donc ils ont eu des problèmes d'argent.

— Elle est alcoolique ?

— Non... Mais accro aux médocs je pense... Écoute papa, je sais qu'elle est totalement insupportable, mais elle n'est pas si mauvaise cette femme. Jared et Ruben. Tu vois qui ils sont ?

— Oui, les enfants des Greggs.

— Ruben est gay et ils les ont mis à la porte il n'y a pas si longtemps, enchaina Noah, C'est Cécile qui les accueilli pendant plusieurs semaines, malgré leur problème d'argent. Je sais qu'elle a fait une erreur, mais ils ont vraiment besoin d'aide dans cette famille. Toi, tu en as plein de l'argent papa. A quoi ça peut bien te servir si ce n'est pas pour aider les gens ?

— Tu es sérieux ? Souffla Paul, hébété, C'est la première fois que je t'entends parler ainsi. C'est Chloé qui serait contente de t'entendre dire ça.

Noah esquissa un sourire, ne se donnant pas la peine de le contredire bien qu'il ne supportait pas l'idée que lui et Chloé soit d'accord sur quelque chose, puis il enchaina :

— Donne-lui juste une seconde chance.

— Je vais y réfléchir.

Son fils passa sa main sur ses yeux qui se fermaient tout seul à cause de la fatigue et Paul le questionna :

— Tu as cours à huit heures demain ?

— Ouais.

— Tu vas y aller ? S'assura-t-il.

— Oui.

Paul s'arrêta perplexe face à Noah, ne reconnaissant pas son propre fils.

— Il y a quelques mois, tu n'aurais jamais répondu ça. Qu'est-ce qu'elle t'a fait cette fille ?

— Mais rien, souffla le garçon, amusé, C'est une très bonne amie, c'est tout.

— Tu as l'air de l'aimer beaucoup, commenta son père, Je ne comprends pas pourquoi tu ne veux pas aller plus loin avec elle.

— Parce que je...

Noah s'arrêta au milieu de sa phrase, conscient que ce qu'il allait répondre était totalement cliché, mais il se lança tout de même :

— Parce que je ne veux pas m'engager. Je suis jeune, j'ai juste envie de vivre au jour le jour, de profiter de chaque moment. C'est ça que je veux.

— Ce que tu demandes est impossible fils. Comment profiter du moment présent si tu ne lui donnes aucun avenir ?

Le garçon resta stoïque face à son paternel, pas certain de comprendre le fond de sa pensée, et Paul enchaina :

— Je t'en prie Noah. Ne tombe pas dans leur piège. C'est une connerie des hippies le carpe diem. Il ne faut pas les écouter... Profiter du moment présent sans jamais s'engager, ce n'est pas une manière de vivre libre ça, c'est une manière de vivre lâchement. C'est un foutage de gueule. C'est le contraire même de vivre ! Non mais c'est sorti d'où cette idée de vivre en se disant qu'il n'y aura peut-être pas de lendemain ? Heureusement qu'on arrive encore à croire qu'il y en a un. Comment tu veux prendre ta vie en main sinon ? C'est trop facile de laisser couler. Si tu n'arrives pas à te battre pour ce que tu veux, ce n'est pas la vie ça. Je sais bien que c'est plus facile de vivre sans savoir ce qui se passera demain. C'est facile de ne pas se poser trop de questions. Assume ce lendemain qui t'effraie Noah, c'est seulement comme ça que tu pourras profiter du moment présent... Parce que tu auras pris des risques. Le risque d'avoir fait une connerie, le risque de la faire souffrir plus tard, le risque de te rendre compte que ce n'était pas ça que tu voulais, mais le risque d'y avoir cru aussi. Et ça, ça sera toujours plus fort et plus vivant que n'importe quel carpe diem, parce que c'est toi qui aura décidé de le faire exister dans ta vie et parce que tu lui auras donné la chance d'avoir une suite.

Noah resta silencieux face à son paternel, n'ayant pas réellement l'habitude de ce genre de discours philosophique, et il murmura du bout des lèvres :

— Sur ces bonnes paroles, je vais aller dormir.

— Noah ! Reprit Paul alors que le garçon commençait à s'éloigner, L'avenir donne de l'importance à tout ce que tu entreprendras, ne l'oublie jamais.

— Non Papa, on va s'arrêter là, je t'assure, ironisa le garçon en rejoignant le couloir.

Il crut entendre son père l'insulter dans son dos, mais décida de ne pas relever. Noah pénétra dans sa chambre, refermant la porte derrière lui, et constata une fois de plus à quel point il appréciait de l'avoir retrouvé pour lui tout seul. Bien sûr, Aline était en voyage pour le moment et la question de son possible retour dans la chambre de Jonas ne s'était pas encore posée, mais Noah comptait bien en profiter un maximum.

Fatigué, il ôta rapidement ses vêtements avant de s'allonger dans ses draps. Le garçon ferma les yeux, repensant soudainement à ce que venait de lui dire son père. Pourquoi ne tentait-il pas le coup avec Anna ? S'interrogea-t-il sincèrement. Il lui semblait évident qu'elle était amoureuse de lui et, même s'il ne pouvait pas en dire autant de son côté, Noah commençait enfin à reconnaître qu'elle ne le laissait pas indifférent. Et puis, après tout, Ellie aussi avait pris des risques dans ses relations, Jared et Lucas étant les deux copains les plus sérieux qu'elle avait eus depuis le lycée. Pourquoi n'aurait-il pas le droit de faire pareil ? Qui pourrait réellement le lui reprocher ? Certainement pas elle d'ailleurs, se répondit-il.

Incapable de s'endormir, il se releva soudainement de son lit et se dirigea vers son jean qu'il avait laissé sur le sol de sa chambre. Il attrapa son téléphone portable à l'intérieur de la poche droite puis retourna sous la couette pour rester au chaud.

Le garçon sélectionna ensuite ses messages puis il écrivit rapidement après avoir ajouté le nom d'Anna au destinataire :

« Encore désolé pour ce qu'il s'est passé ce soir, j'ai parlé à mon père et je pense que la situation pourra s'arranger. Demain il faudra que je te parle d'autre chose... J'ai peut-être fait des conclusions un peu hâtives en prétendant que je ne sortirai jamais avec toi... Bref on parlera de ça demain. Bisous ».

Noah relut son message, une première fois puis une deuxième. Mais que lui arrivait-il, bon sang ? Se questionna-t-il, choqué de son comportement d'adolescent pré-pubère. Il ne s'était encore jamais posé la question de comment écrire un foutu SMS. En soupirant, il sélectionna l'intégralité du texte et effaça tout le message.

Il écrivit à la place :

« Bonne nuit Anna ».

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