L'alcool coulait dans mes veines me brûlant le corps avec délice. Ma vue était trouble et ma stabilité était quasi nulle. Quand j'essayais de marcher, je ressemblais plus à une autruche qu'autre chose. Mais je m'en fichais. J'étais bien trop aveuglé par l'alcool pour me soucier de ce petit détail.
Je dansais, ou plutôt bougeais mes hanches dans des mouvements saccadés qui ressemblaient à rien. Noyée dans l'alcool, je pensais suivre les sons lourds de la musique, mais la réalité était tout autre.
En réalité, j'avais l'air d'une parfaite idiote sur la piste de danse. J'étais même la pire danseuse de cette boite. Mais cela ne semblait pas déranger le garçon avec qui je dansais. Et moi, j'étais bien trop saoul pour m'en rendre compte.
Le blond avec qui je dansais laissait ses mains baladeuses explorer mon corps avec envie. Habituellement je ne laissais jamais un homme me toucher ainsi, mais là j'étais bien trop amochée pour me défendre.
Tout ce que je voulais ce soir, c'était oublier.
Le blond, avide de ma peau, déposa des baisers humides dans ma nuque alors que ses mains accompagnaient mes affreux déhanchés.
Mais rapidement j'eus un haut le coeur. Instinctivement, je posai ma main sur mon ventre me retenant de déverser mon déjeuner sur la piste de danse.
Mon amie Alex, me voyant en mauvaise posture accourra vers moi en empoignant mon épaule. Je me sentais vraiment mal subitement.
Les mauvais effets de l'alcool venaient à moi, me retournant le ventre.
Alex m'accompagna hors de la boite pour me permettre de prendre l'air afin que je puisse prendre une bouffé d'air frais, mais surtout que je puisse vomir en paix, loin de regard curieux.
Je me tenai le ventre tout en grimaçant. Je ne tenais vraiment pas l'alcool. Je détestais çà même. Mais c'était la seule chose qui me permettait d'oublier ma misérable vie le temps d'une soirée.
Dans un mouvement brusque, je me penchai en avant et laissai mon déjeuner se déverser sur le sol alors qu'Alex me tenait les cheveux avec précaution.
Les larmes aux yeux, je me redressai la regardant. Je détestais ce que j'étais devenue. Depuis ce tragique accident, je n'étais plus la même. Et plus les jours passaient, plus je tombais un peu plus dans ce gouffre que je trouvais bien trop profond. Je me demandais même si il avait une fin.
Probablement que non.
« Je vais te chercher un mouchoir, d'accord? » me dit Alex, les yeux remplis de compassion.
J'hochai positivement de la tête. Elle passa affectueusement sa main sur ma joue se voulant rassurante, puis elle se dirigea avec empressement de nouveau dans la boite.
J'essuyai du revers de ma main mes lèvres avant de souffler bruyamment.
Comment ais-je pu finir ainsi? Je me suis demandée à moi-même.
Je laissai mon regard se balader le long de l'immeuble devant moi, arrivant au niveau du ciel où la lune brillait de mille feu.
Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je réalisais que c'était la pleine lune.
Les loups garous sont de sortie, je rigolai de ma propre blague.
C'est quand j'entendis la voix d'une femme apeurée résonner près de mes oreilles que je perdis mon sourire idiot, me faisant même sursauter de surprise.
Je fixai la ruelle où le son provenait avec inquiétude. Je me demandais si j'avais réellement entendu cette voix où si c'était l'alcool qui se jouait une nouvelle fois de moi. Mais avant que je pèse le pour ou le contre, mes jambes me portèrent jusqu'à la ruelle sans que je m'en rende compte.
Mon rythme cardiaque augmentait considérablement. À petit pas, je m'engouffrais dans la ruelle, laissant ma curiosité me guider. Il faisait affreusement sombre et je ne voyais strictement rien.
Je plissai les yeux légèrement, cherchant du regard la fameuse femme que j'avais entendue. Malgré ma faible stabilité, j'avançai encore, passant devant les poubelles de la boite de nuit.
Soudain, je vis une silhouette se dessiner un peu plus loin dans la ruelle. La fumée blanche qui s'échappait du bâtiment m'empêchait de distinguer parfaitement cette silhouette.
Tout ce que je pouvais savoir c'est que cette silhouette appartenait à un homme. J'en étais certaine.
La brume s'estompa un peu et là, je pus distinguer une seconde personne. Une femme.
D'où je me tenais, j'avais l'impression que cet homme et cette femme se câlinaient. Mais c'est quand j'entendis la femme gémir de douleur que je me rendis compte que j'avais faux.
En quelque secondes le corps de la femme s'effondra lourdement contre le sol. Mon coeur chuta à cet horrible spectacle qui se déroulait devant mes yeux.
L'homme qui était toujours de dos ne semblait pas du tout affecté par ce qu'il venait de faire. Il restait là, fixe, comme-ci rien ne venait de se passer.
Je venais d'assister à un meurtre.
Voilà ce que tu récoltes à être trop curieuse, ma conscience me faisait la morale.
Je portai mes mains à ma bouche les compressant contre mes lèvres étouffant un cri d'effroi. Puis, d'un pas lent, je me reculai surveillant la silhouette qui était toujours de dos.
Mon talon écrasa du verre qui traînait sur le sol brisant le silence qui régnait dans cette sombre ruelle. Instinctivement, je fermai les yeux essayant de me dire que j'étais simplement dans un cauchemar.
Et étrangement rien ne vient. J'ouvris alors les yeux doucement réalisant que j'étais bel et bien toujours vivante. J'eus l'affreuse surprise de voir que l'homme avait disparu, ainsi que le corps sans vie de la femme.
Venais-je de rêver?
Je laissai un souffle lourd s'échapper de mes lèvres rassurée. Je pivotai ensuite sur mes talons prête à retourner voir Alex, quand je constatai avec horreur que l'homme qui était un peu plus tôt dos à moi était désormais face à moi.
J'eue un mouvement de recul spontanément alors qu'un cri aigu de surprise s'échappa de mes lèvres. Je portai rapidement ma main à ma bouche surprise du son que je venais de faire résonner.
Mes yeux restaient bloqués sur l'homme qui se tenait devant moi. Tout ce que je pouvais voir était ses yeux rouges qui perçaient l'obscurité de la nuit.
Comment était-ce possible qu'il ait les yeux rouges?
Je restai figée, comme une parfaite statue de pierre. J'étais pétrifiée par la peur. Rien que la couleur de ses yeux me faisait peur, alors je redoutais le reste de son visage.
C'est quand il fit un pas vers moi que je pus enfin voir son visage. Et c'est avec surprise que je découvris un magnifique eurasien. Je ne savais pas de quelle nationalité il était, mais son teint halé me prouvait qu'il était bien issu d'un mélange europe/asie.
Du sang était encore présent sur ses lèvres ce qui fit grandir ma peur.
Sa peau semblait incroyablement parfaite. Je ne pouvais distinguer aucunes imperfections, aucuns boutons ou plaques rouges. Ses traits étaient fins, doux et parfaitement dessinés. Si on lui enlevait ses yeux rouges on aurait pu dire que c'était un ange tellement sa beauté était flagrante.
Mais ce n'était pas un ange. Un ange çà ne tue pas.
Ses yeux rouges me fixaient alors que j'avalais difficilement ma salive.
Allait-il me tuer?
Non, je ne veux pas finir comme cette femme. Je ne veux pas mourir dans une stupide ruelle sombre toute dégoûtante. C'est trop pathétique comme mort! Je pensais.
Il se rapprocha dangereusement de moi avant de me regarder une nouvelle fois en fronçant des sourcils.
Quoi? Qu'est-ce que tu as à me regarder comme çà toi? Je pensais toujours, l'alcool me donnant de l'assurance.
Malheureusement, l'alcool n'était pas assez puissant pour me donner le courage de partir en courant. Tout ce que je pouvais faire c'était rester là, à attendre qu'il se décide à me tuer.
Il continuait de me fixer et ce qui était étrange c'est qu'il semblait drôlement concentré sur moi.
Que faisait-il?
Il plissa une nouvelle fois ses sourcils alors que je le regardais totalement perdu. Je me demandais ce qu'il faisait et surtout ce qu'il attendait pour me tuer.
« Maddy où es-tu? » la voix d'Alex résonna jusqu'à mes oreilles.
Je priais de toutes mes forces pour qu'elle ne vienne pas à moi. J'avais bien trop peur que cet homme ou ce je ne sais quoi, la tue elle aussi.
Mais à ma grande surprise, en un clignement d'œil, l'homme aux yeux rouges disparu. Je vis quelques secondes après Alex surgir dans la ruelle totalement apeurée.
« Que fais-tu ici ? » elle s'approcha de moi, entourant mes épaules de ses mains.
Perdue, je papillonnai des yeux cherchant une explication logique à ce que je venais de vivre. Avais rêvé? Étais-ce à cause de l'alcool? Tout était confus dans ma tête.
« Je-je ne sais pas. » fut les seuls mots que je pus répondre.
Je ne voulais pas la mêler à cette histoire. Surtout que je n'étais pas moi-même sûr, que ce que je venais de voir était réel ou simplement une illusion due au taux d'alcool que j'avais dans le sang.