Nantis

By FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 17 : How you remind me

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By FlorieC



La musique se mit soudainement à retentir dans la salle de danse et une vingtaine de corps se mut au même instant, en un geste gracieux et ferme. De suite, Ruben et Borja bifurquèrent leur regard vers Belen qui était au centre de la chorégraphie. La petite brune avait la fâcheuse tendance à attirer l'attention, faisant presque oublier les autres danseurs autour d'elle.

Suivant du regard sa petite-sœur, Borja sentit son cœur se resserrer de fierté et d'admiration. Esquissant un sourire, il se retourna vers Ruben qui observait la jeune fille avec la même lueur au fond des yeux. Depuis qu'il avait appris pour les cours particuliers et accepté cette situation absurde, Belen et Ruben n'avaient plus à se cacher. Le garçon s'était pourtant rendu à la salle de danse en avance pour pouvoir regarder la chorégraphie de sa jeune élève. C'était dire qu'il s'était habitué à assister à ses séances du samedi matin.

Borja, quant à lui, avait eu vent que Ruben avait reçu l'autorisation de la professeure de rester pendant le cours, il avait donc trouvé tout naturel qu'il dispose du même droit. Les deux garçons étaient, donc, tous les deux assis sur le parquet, dans un coin de la salle depuis bientôt une heure.

— Elle est douée, murmura Ruben à l'attention de Borja sans pourtant quitter la chorégraphie des yeux.

— Je sais.

La musique se fit plus oppressante et un certain nombre de danseurs quittèrent le centre de la salle, laissant quatre jeunes continuer la danse sans eux. Les deux seuls garçons du cours de danse étaient restés, ainsi que Belen et une autre fille qui semblait plus âgée qu'elle. Ensemble, les deux jeunes filles coururent vers les garçons qui se penchèrent vers l'avant, le dos droit, permettant à leurs deux partenaires de leur passer par-dessus, dos contre dos, avant de s'écrouler toutes les deux vers le sol. Les garçons se relevèrent puis avancèrent vers elle, glissant leurs bras sous leurs aisselles pour les relever. De nouveau, les deux jeunes filles s'éloignèrent en effectuant deux rotations à l'unisson, puis s'arrêtèrent à l'autre bout de la salle au moment où la musique s'arrêta soudainement. Ruben et Borja étaient tellement absorbés par la chorégraphie qu'ils en oublièrent presque de respirer. Le son reprit avec force et les deux jeunes filles coururent vers leur partenaire, se lançant dans les airs sans retenue – ce qui laissa échapper à Borja un crissement à peine perceptible – et elles se firent rattraper de justesse par les deux garçons. La musique se stoppa ensuite définitivement et la professeure se mit à applaudir dans ses mains, ravie de ses jeunes élèves.

— C'était vraiment super, merci beaucoup, les complimenta Angèle Evain, émue, Le cours est fini pour aujourd'hui, encore bravo.

Un soupir de soulagement général résonna entre les murs et tous les danseurs se ruèrent vers leur bouteille d'eau dans un coin de la salle.

Borja enchaina à l'attention de Ruben :

— Si ce mec ne l'avait pas bien rattrapé, je l'aurais tué.

— Pour ça il faudrait peut-être que tu retrouves ta paire de couille, ironisa le garçon à ses côtés.

Borja se retourna vers lui, pas le moins du monde amusé par la plaisanterie – si toutefois cela en était une – puis il baissa la tête, mal à l'aise. Bien sûr, ce n'était pas étonnant que Ruben n'ait toujours pas digéré le fait qu'il se soit fait tabasser sans que le garçon ne lui soit venu en aide.

— Je me suis déjà excusé pour ça, cracha-t-il.

— Non justement, le coupa Ruben, Tu ne l'as pas fait.

— Qu'est-ce que ça changerait ?

— Tu en aurais au moins retrouvé une.

— Tu parles encore de mes couilles ? Souffla Borja, excédé.

— Je suis gay, ironisa Ruben en mimant un baiser avec ses lèvres.

Ce qui était d'ailleurs plus une façon de le mettre mal à l'aise qu'autre chose. Et il avait réussi puisque Borja détourna son regard, gêné.

— Hey salut ! Lança Belen lorsqu'elle rejoignit les deux garçons en feintant ne pas remarquer le climat de tension, Je vais juste prendre une douche et je reviens. Vous m'attendez là ?

— On va aller fumer dehors, lui répondit son grand-frère en se relevant de sa position.

— Tu vas fumer, rectifia Ruben, J'essaie d'arrêter.

— Bravo ! S'exclama Belen en se retournant vers lui, Je suis sûre que Gautier en est pour quelque chose, le taquina-t-elle ensuite en esquissant un sourire.

— Gautier ? Interrogea Borja avant de se renfrogner aussitôt.

Bien sûr, songea-t-il, Son nouveau copain. Qui d'autre pourrait avoir un nom aussi con que celui-là ?

— Bref, abrégea-t-il, sèchement, Dépêche-toi Belen.

— Mais qu'est-ce que tu fais là toi après tout ? L'interrogea sa sœur sur le même ton, Je ne t'ai pas demandé de venir.

Borja l'incendia du regard puis tourna des talons sans rien ajouter davantage, tandis que Ruben se retourna vers la jeune fille pour enchainer :

— Il a raison Belen, on a du travail qui nous attend chez toi. Le brevet est dans quelques mois.

— Ok j'y vais c'est bon, souffla la jeune fille, vexée, en rejoignant les vestiaires avec les autres filles de son cours de danse.

Ruben l'observa s'éloigner puis fit demi-tour pour rejoindre Borja qui était resté à l'entrée du bâtiment, une cigarette entre les lèvres.

— Ne le prends pas mal, murmura le garçon en se plantant devant lui, Belen est assez brutale ces derniers temps, mais c'est parce qu'elle est stressée. Elle a vraiment envie d'intégrer son école et elle se met beaucoup de pression.

— Tu penses connaître ma sœur mieux que moi ? Le questionna sèchement Borja en retour.

— La connaître, probablement pas, mais je pense savoir mieux ce qu'elle ressent que toi.

— Pourquoi ça ? Tu penses que je suis un tel idiot que je suis incapable de savoir ce que signifie le stresse de faire des études ?

— Je n'ai pas dit ça.

— Tu l'as pensé trop fort.

— Oui c'est probable, lui confirma le garçon, ce qui exaspéra Borja.

Ils restèrent ensuite silencieux pendant un long moment, jusqu'à ce que le bel espagnol termine sa cigarette pour l'écraser sur le sol à l'aide de sa chaussure, et qu'il continue :

— Très bien, j'ai compris, tu me détestes. Alors pourquoi tu attends avec moi ?

— Théoriquement j'attends ta sœur, rétorqua Ruben, Donc, toi, pourquoi tu attends avec moi ?

— J'attends Belen aussi.

— Je viens avec elle chez vous pour ses cours particuliers, on n'a pas besoin d'un chaperon sur le trajet, cingla Ruben.

— J'ai mes raisons de vous surveiller.

— Quoi ? Pouffa l'autre, Tu as peur que je lui dise que je suis gay ? Tu as un temps de retard mec, elle le sait déjà.

Borja fronça les sourcils d'un air inquiet et Ruben précisa de suite :

— Ne t'inquiète pas, je ne lui ai rien dit à propos de nous... Mais je crois qu'elle a deviné toute seule.

— Il n'y a pas de « nous », l'arrêta Borja, sèchement.

— Vrai.

Ils se turent de nouveau pendant un instant, chacun sortant son téléphone portable pour feindre être occupés par autre chose, puis Ruben ajouta :

— En fait, ça tombe bien que tu sois là, j'ai quelque chose à te demander.

— Laquelle ?

— Jared, lâcha le garçon, Je veux savoir ce qu'il se passe.

— Comment ça ce qu'il se passe ?

— Votre trafic de drogue, précisa Ruben, Je veux savoir tout ce qui se trame autour de lui. Il n'était pas comme ça avant.

— On ne bosse plus ensemble, je n'ai rien à te dire.

— Tu m'as promis de le faire.

— Je t'ai promis que je garderai un œil sur lui, rectifia Borja, Ce n'est pas de ma faute s'il est parti se foutre dans une histoire de merde !

— Quelle histoire ? S'intrigua Ruben, inquiet.

— Rien, j'en ai trop dit.

— Pas assez tu veux dire ! Explosa le garçon, furieux, Je donne des cours à ta sœur depuis des mois sans rien demander en échange ! Tu pourrais au moins me dire ce que tu sais.

— Sans rien demander en échange ? Répéta Borja, moqueur, Et ce n'est pas ce que tu es en train de faire là ?

— S'il-te-plait, insista-t-il, Je m'inquiète pour lui.

— Jared a changé de trafic, je ne peux pas t'aider.

— Dis-moi au moins ce que tu sais, le supplia Ruben, Dis-moi ce qu'il se passe, je t'en prie.

Borja l'observa dans les yeux, lisant clairement une profonde inquiétude à son sujet. Il hésita pendant quelques secondes puis se décida finalement à tout lâcher :

— Très bien, comme tu veux.

— Oh merci, souffla Ruben, soulagé.

— Je ne sais pas si ça va t'aider, mais voilà ce que je sais, reprit Borja en sortant une nouvelle cigarette de son paquet, Il y a quelques années, ton frère était un petit dealer, comme nous tous, on bossait pour des mecs un peu plus haut placé, enfin sans importance. Quand cette salope l'a largué, il a pété un câble et...

— Attends, l'interrompit Ruben, Cette salope dont tu parles, c'est Ellie Lefevre ?

— Oui.

— Tu la connais ?

— Bien sûr, elle passait tous ses week-ends ici. Elle et son pote, je ne sais plus...

— Noah Khan ? Compléta Ruben.

— Oui voilà, enfin bref, quand elle l'a largué, Jared est devenu fou et il est entré à fond dans le trafic, il a monté des échelons et il est devenu un dealer important de... Vous tous.

— Nous tous ? Répéta-t-il sans comprendre.

— Oh tu vois de quoi je parle, la « jeunesse dorée », lâcha Borja en mimant avec ses doigts une mise entre parenthèse pour marquer son scepticisme.

— Je ne me considère pas comme tel.

— Bien sûr, ironisa le garçon avant de continuer, Les mecs de la bande étaient contents de lui car il ramenait une clientèle dont on n'avait pas l'habitude par ici.

— Alors qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi ça a changé depuis ?

— Je ne sais pas trop, lui avoua le garçon en allumant sa cigarette qu'il coinça entre ses lèvres, Il y a quelques mois, Jared a commencé à lâcher le business. Il disait qu'il ne voulait plus aller à vos soirées, vous fréquenter. D'un seul coup, le réseau a perdu toute sa clientèle de bobo parisien. Nos chefs ont essayé de remplacer Jared comme ils ont pu, mais ça n'a pas marché. Les réseaux sont les seuls moyens pour entrer dans votre cercle, les gens n'avaient pas assez confiance. D'ailleurs, c'est quasiment impossible d'entrer dans vos soirées quand on ne fait pas partie du milieu.

Borja tira une taffe sur sa cigarette puis il enchaina après avoir soufflé la fumée dans les airs :

— Les mecs du trafic ont estimé que Jared leur avait fait perdre presque un tiers de la clientèle et ils veulent qu'il les rembourse.

— Alors c'est pour ça qu'il a repris le trafic aujourd'hui ? L'interrogea Ruben.

— Non, l'arrêta-t-il, Il agit à son compte maintenant. Il veut être indépendant et refuse de leur payer quoi que ce soit. Il s'est même trouvé un autre fournisseur.

— Mais pourquoi il fait ça ? Il veut signer son arrêt de mort ou quoi ?

— Oui nous aussi on a essayé de le dissuader avec Amine, mais tu connais ton frère, il est bien trop fier pour écouter ce qu'on lui dit.

— Qu'est-ce qu'il va se passer alors ?

— Je ne sais pas, les mecs vont probablement vouloir leur remboursement, murmura Borja en tirant une nouvelle taffe sur sa cigarette, Mais ne t'inquiète pas, avec mes potes, on est prêts à le protéger. On ne laisse pas tomber nos amis par ici.

— Ces mecs, répéta Ruben, Ce sont eux qui m'ont tabassé dans cet immeuble quand ils ont su que j'étais le frère de Jared, n'est-ce pas ? C'était un moyen de lui faire passer le message ?

— Oui.

— Alors si je dois attendre que tu le protèges, je crois que j'ai des raisons de m'inquiéter.

— Ruben...

— Qu'est-ce que je peux faire ? Le coupa-t-il, Comment je peux arrêter ça ?

— Tu ne le peux pas, l'arrêta Borja, derechef, Tu n'en as pas les moyens.

— Parce que toi, tu les as peut-être ? Hallucina-t-il, furieux.

— Tu dois me faire confiance Ruben, c'est tout ce que tu peux faire.

— Ce n'est pas assez.

— Ce sera suffisant.

— Non, je...

Ruben fut interrompu par la porte de la salle de danse qui s'ouvrit brutalement. Belen sortit du bâtiment avec son sac de sport sur l'épaule et ses longs cheveux bruns mouillés pendant de part et d'autre de ses épaules.

—Je suis prête ! S'exclama-t-elle joyeusement, préférant une nouvelle fois ignorer l'atmosphère glauque qui régnait à chaque fois qu'elle interrompait une de leur conversation, Ruben, on y va ?

— Oui vous devriez y aller, insista Borja en lançant un regard plein de sous-entendu au garçon.

— Si tu penses que je vais laisser tomber, tu te mets le doigt dans l'œil, cracha Ruben en passant à côté de lui, Viens Belen, on y va !

Ruben partit en premier, les mains dans les poches pour s'empêcher de trembler. Cela faisait trois jours qu'il n'avait pas touché à une cigarette et ses nerfs commençaient de plus en plus à être à vifs. Belen le suivit du regard, légèrement inquiète, mais quand elle voulut le rejoindre, elle sentit une pression la retenir au niveau du poignet et la jeune fille se retourna, surprise, vers son grand-frère :

— Quoi ? Lança-t-elle en dégageant sa main brusquement.

— Si tu vois Ruben trainer par ici en dehors de tes cours particuliers, préviens-moi tout de suite.

— Pourquoi ça ?

— Juste fais-le Belen, lui ordonna Borja en attrapant de nouveau son poignet pour l'obliger à le regarder dans les yeux, Préviens-moi où tu pourrais l'avoir sur la conscience.

— Il a des problèmes ? S'inquiéta la jeune fille.

— Il pourrait en avoir, juste, dis-le-moi si tu vois quelque chose d'anormal.

— Belen ! S'écria Ruben au loin, Je ne vais pas attendre la Saint-Glinglin !

— D'accord, souffla Belen à l'attention de son frère, Je le ferai.

— Merci, murmura-t-il du bout des lèvres en lâchant son étreinte doucement.

***

— Tu sors comme ça ?

La question de Noah résonna dans l'air comme une bombe explosant sur un champ de bataille. Ellie, affublée devant le miroir de sa salle de bains, se retourna vers lui, les yeux exorbités de stupeur.

Elle lâcha, cinglante, en reposant son mascara sur le rebord du lavabo :

— Tu plaisantes ?

Noah s'adossa contre l'encadrement de la porte, la toisant de haut en bas. Sa meilleure amie portait une mini-jupe noire montante ainsi qu'un tee-shirt style hippie très court qui mettait son teint pêche en valeur. La jeune fille avait tressé ses longs cheveux noirs qu'elle avait laissé tomber contre son épaule gauche tandis que quelques mèches discrètes encadraient son visage angélique. Elle portait des collants fins et des converses beiges abimées trônaient dans ses pieds. A son poignet, une ribambelle de bracelets en cuirs et en perles venaient cacher ses cicatrices disgracieuses.

— Pas vraiment, murmura Noah, en sachant très bien que cela allait provoquer chez elle une fureur qui allait retourner toute la chambre.

— Écoute-moi crétin, grinça-t-elle en se retournant vers lui, On ne m'a jamais imposé quoi que ce soit donc ce n'est pas toi qui va commencer à propos de mes tenues vestimentaires... Et puis sincèrement, j'ai déjà fait pire que ça.

— Je sais, commenta-t-il en pénétrant dans la salle de bains pour la rejoindre, Je plaisantais. Et puis tu es magnifique, comme toujours.

Ellie Lefevre se retourna vers son lavabo, s'emparant de son mascara, et termina son deuxième œil sous le regard protecteur de son meilleur ami.

— Quoi ? Lâcha-t-elle encore.

— Rien, je te regarde, c'est tout.

— Et ce romantisme me répugne, cingla la jeune fille en reposant son mascara dans sa trousse de toilette.

— Qui a parlé de romantisme ? Je t'imaginais nue.

Amusée, Ellie se retourna vers lui et elle lâcha, ironique :

— Dommage pour toi que tu ne t'en souviennes plus.

Puis elle lui happa les lèvres en riant. Surpris, le garçon recula d'un pas et observa ses iris bleues émeraudes tandis que la jeune fille l'interrogea, intriguée :

— Quoi ? Tu n'aimes pas que je t'embrasse ?

— Qui n'aimerait pas ça ?

— Alors pourquoi tu fais cette tête ?

— Je ne sais pas, répondit-il finalement en détournant son regard, Je pensais que nous deux... Enfin qu'on avait...

— Rompu ? Termina Ellie à sa place, C'est le cas. Mais est-ce que c'est une raison pour arrêter de se faire plaisir ?

— Théoriquement oui, c'est ce que signifie une rupture, en général, ironisa le garçon.

— On n'a jamais vraiment été un couple traditionnel, nuança la jeune fille, Je ne vois pas pourquoi notre rupture devrait l'être. Un peu d'imagination Khan.

Sur ce, la jeune fille jeta un dernier coup d'œil à son image dans le miroir de sa salle de bains, plutôt satisfaite du résultat. Elle et Noah se rendaient à la soirée de Maxime Deleterre ce soir, un élève de Saint-Richard qui était plus réputé pour ses soirées déjantées que pour ses résultats scolaires.

Ellie se dirigea vers son bureau dans un coin de sa chambre et s'empara de boucles d'oreilles en plume blanche qu'elle enfila. Noah sortit à son tour de sa salle de bains, il n'avait pas vraiment fait d'effort sur sa tenue. Dans tous les cas, rien ne l'empêchait vraiment d'avoir la classe. Le garçon portait un jean légèrement taille basse et déchiré au niveau du genou. En haut, il avait un tee-shirt manche longue beige qu'il avait remonté le long de ses avant-bras. Noah avait déboutonné les premières pressions du vêtement, ainsi on apercevait sur son torse mate son pendentif et, comme d'habitude, ses bracelets en cuir ne quittaient jamais son poignet droit.

— Enfin, reprit Ellie en se retournant vers lui lorsqu'il s'allongea sur le lit de la jeune fille, C'est comme ça que je le vois. Après je comprendrais que tu aies besoin d'autre chose.

— Est-ce que tu es encore en train de faire allusion à Anna ? Grinça le garçon, sèchement.

— Tu as fait la conclusion tout seul, lui fit-elle remarquer en le rejoignant, s'asseyant sur sa couverture blanche.

— Putain El', souffla-t-il en passant ses mains sur son visage, Arrête avec ça.

— Et toi, ouvre les yeux ! Scanda sa meilleure amie en lui balançant un de ses oreillers dans la figure.

— Hey ! S'offusqua-t-il en attrapant le coussin pour le lui renvoyer, Et toi, essaye d'être cohérente. Tu m'embrasses et tu me pousses dans les bras dans cette fille !

— La logique n'a jamais été mon truc Khan, et puis non, je ne te pousse pas dans ses bras.

— Alors qu'est-ce que tu veux ?

— Avoir raison, lui répondit-elle comme si c'était évident.

— N'importe quoi ! Souffla le garçon en se laissant tomber sur les coussins derrière lui, T'es vraiment dérangée comme meuf.

— Et toi, borné, ajouta Ellie en se relevant du lit pour se diriger vers son bureau sur lequel trônait son ordinateur portable, Reconnais que tu apprécies cette fille, enchaina-t-elle ensuite en se connectant sur Facebook.

— Quand bien même... Qu'est-ce que ça changerait ?

— Ça changerait que j'ai eue raison, rétorqua-t-elle en jetant un coup d'œil rapide à ces notifications, Et tu sais que j'adore ça.

— Et bien désolé de ne pas te donner cette satisfaction.

— Noah ! S'exclama sa meilleure amie en quittant son écran des yeux pour se retourner vers lui, Admets-le ! Tu te préoccupes de cette fille !

— Pas du tout.

— Et bien tu devrais.

— Oh je t'en prie, pouffa-t-il en se relevant du lit pour adopter une position assise, Tu ne la connais même pas.

— Assez pour savoir qu'elle pète un plomb.

Noah fronça les sourcils d'un air étonné. Pour une fois, dans son ton, il n'entendait pas cette ironie dédaigneuse qui lui indiquait que sa meilleure amie ne savait pas de quoi elle parlait.

— Comment ça ? S'étonna-t-il en se remettant debout pour la rejoindre devant son bureau, Tu sais quelque chose que j'ignore ?

— Rien de bien important, souffla la jeune fille, J'ai juste oublié de t'en parler.

— Me parler de quoi ?

— Le week-end dernier, Anna est venue me voir, commença Ellie, Tu lui as dit que je ne prenais pas mes antidépresseurs et elle voulait récupérer mes boites parce qu'elle n'avait pas d'ordonnances ou je ne sais quoi.

— Putain, pouffa le garçon, Elle doit vraiment te détester maintenant.

— Pourquoi ?

— Parce que tu ne les lui as pas données.

Un « hum » qu'il ne connaissait que trop bien s'échappa des lèvres de sa meilleure amie et il se retourna vers elle pour l'interroger, sèchement :

— Parce que tu ne lui en as pas donné, n'est-ce pas ?

— Je ne les prends pas ces médicaments.

— Ellie !

— Quoi ? Pour une fois que j'étais gentille avec elle.

— Gentille ? Répéta Noah, indigné, tandis que la jeune fille reporta son regard sur son ordinateur portable pour ne pas avoir à croiser celui incendiaire de son meilleur ami, Mais pourquoi tu lui as donné ? Enchaina le garçon, Tu la détestes !

— Oui et bien, cette fois, elle m'a demandé de l'aide et je l'ai fait.

— Une aide empoisonnée oui ! Et regarde-moi quand je te parle, putain ! Explosa-t-il en frappant son poing sur le bureau de la jeune fille.

Surprise, Ellie sursauta et se retourna vers lui. Les traits de colère se devinaient aisément sur le visage du garçon et elle se releva pour lui faire face, le défiant du regard.

— Et bien sûr cette fureur dans ton regard n'a rien à voir avec ce que tu ressens pour cette fille, ironisa-t-elle, cinglante.

— Non, ça n'a rien à voir, grinça-t-il en retour, C'est juste que c'est complètement con ce que tu as fait. C'est dangereux, putain. Pourquoi il faut une ordonnance du médecin à ton avis ? C'était pour elle les médocs ?

— Je n'en sais rien, je ne me suis pas posée la question.

— Mais t'es vraiment inconsciente ma parole ! Et si elle te les a demandés pour se foutre en l'air ? Tu y as pensé au moins ?

— Oh ça va, relativisa Ellie en levant les yeux au ciel d'un air blasé, Ce sont des antidépresseurs, pas du poison. Il ne va rien lui arriver à ta chérie.

— Et si elle les mélange avec de l'alcool ? Et si elle avale la boite en entier ? Il ne va rien lui arriver à ton avis ? Explosa Noah, excédé.

— Ouais et bien excuse-moi, mais ce serait complètement con d'avaler une boite en entier, qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Ce n'est pas de ma faute si c'est une abrutie !

— Une abrutie ? Répéta-t-il, déconcerté, Mais, putain, c'est qui l'abrutie qui s'est coupée les veines avec un rasoir dans sa salle de bains il y a à peine trois semaines ?!

— Ce n'était pas un suicide, l'arrêta sa meilleure amie, J'ai fait une crise d'angoisse.

— Oh putain Ellie, arrête deux secondes ! Qui est-ce que tu essayes de convaincre là ?

— Ce n'était pas un suicide, répéta la jeune fille, sèchement.

— Oui je sais, c'était seulement un appel à l'aide... Mais le pire dans tout ça, c'est que ça rend ton geste encore plus pathétique que le simple fait d'avoir voulu en finir, cracha Noah... Toi, tu ne veux même pas en finir, t'en aurais même pas le courage, toi, tu veux juste... Tu veux juste qu'on te regarde, tout le temps, qu'on te plaigne. Tout ça... Cette dépression, ta débauche, ce n'est même pas pour te déculpabiliser de tout ce que tu as fait, mais pour que nous on culpabilise à ta place. Tu arrives toujours à retourner la situation à ton avantage, quoi que tu fasses, à la fin, c'est moi qui me sens coupable. Assume ta merde Ellie et arrête de la reposer sur les autres.

— Est-ce qu'on parle toujours de Anna là ? L'interrogea la jeune fille la gorge nouée.

— Oui et non, répondit-il, Au fond c'est toujours la même chose, tu ne penses qu'à toi.

Ellie Lefevre avala sa salive mal à l'aise, puis elle détourna son regard pour se concentrer de nouveau sur son ordinateur portable. Noah l'observa pendant quelques instants, digérant leur conversation, et la jeune fille enchaina soudainement :

— Oh regarde la photo que Gabi a publié sur son mur, elle est géniale.

— Sérieusement ? Souffla-t-il sans même prêter attention à ce qu'elle lui montrait à l'écran, Tu vas faire comme si rien ne s'était passé ?

— Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ? Cracha-t-elle en reprenant son air glacial, J'ai fait une erreur, d'accord, mais, maintenant, c'est trop tard donc si tu t'inquiètes tant que ça pour Anna, va la rejoindre et assure-toi qu'elle n'a pas avalé cette putain de boite de pilules.

— Parce que ça t'amuse en plus ? L'interrogea Noah en observant le sourire qui était dessiné sur les lèvres de sa meilleure amie, C'est ton kiff en fait d'avoir des morts sur la conscience ?

Lentement, le visage d'Ellie se décomposa et Noah enchaina sur le même ton, ironique et sec :

— Je ne sais pas, explique-moi, comment ça se passe ? Tu te sens vivante à côté ?

— Dégage d'ici, souffla la jeune fille, estomaquée.

Face à son regard désemparé, Noah comprit qu'il avait été trop loin.

— Non, attends...

— Dégage, l'interrompit-elle, catégorique, Dégage d'ici.

Ne se faisant pas prier, Noah fit demi-tour et s'empara de son sac à dos qui traînait dans la chambre de la jeune fille avant de quitter la pièce, refermant la porte derrière lui. Celle-ci claqua bruyamment, ce qui fit sursauter Ellie qui était toujours installée devant son ordinateur. Une larme fine coula le long de sa joue et elle s'empressa de l'essuyer.

***

Gabrielle et Esther pénétrèrent toutes les deux dans l'appartement enfumé de Maxime Deleterre. Une musique forte, presque assourdissante, résonnait entre les murs tapissés, ce qui faisait trembler les vases en porcelaine exposées derrière une vitrine transparence. Une épaisse fumée s'était formée au-dessus des danseurs, mélange de tabac, drogue et autres fumettes en tout genre. Une odeur de transpiration, mais aussi de chaleur, d'alcool, d'ivresse planait dans l'immense pièce. Comme il était coutume pour une soirée organisée par Maxime, des couples s'embrassaient à pleine bouche sans aucune pudeur dans plusieurs coins de l'appartement, des danseurs ivres morts bougeaient au rythme de la musique, se mouvant sur le bar de la cuisine ou même sur la petite table du salon alors qu'il n'était que vingt-deux heures. Et, pourtant, malgré cette sensation oppressante et glauque, les gens riaient, chantant et criant les paroles de musique qu'ils ne comprenaient pas toujours. Ils se lâchaient, s'amusaient, en quelque sort. Comme cela n'était pas permis dans leur monde bien rangé et droit. C'était à ce genre de soirée qu'on découvrait – ou plutôt redécouvrait car il ne les quittait jamais vraiment – le côté sombre et obscure de leur vie de luxe. Jouir d'un plaisir malsain jusqu'à l'excès était l'unique objectif de ce genre de soirées de débauches qui arrivaient trop peu souvent aux gouts de certains.

— J'adore ce type ! Souffla Esther émerveillée en esquissant un sourire pour Gabrielle qui se tenait à côté d'elle.

— Allons boire, proposa de suite la belle blonde, car elle voyait mal comment elle pourrait apprécier ce genre d'ambiance à moins d'avoir deux grammes d'alcool dans le sang.

Elles se dirigèrent toutes les deux vers la cuisine et Esther s'empara d'une bouteille de tequila sur la table pour remplir deux gobelets, tandis que Gabrielle s'occupa de prendre les tranches de citron déjà coupées et un peu de sel. Répartissant les grains sur leurs mains respectives, elles léchèrent le sel d'un commun accord et portèrent à leurs lèvres le verre d'alcool, avalant rapidement tout le liquide brulant et infect, puis croquèrent dans le fruit à pleine dent.

— Maintenant, on est prêtes ! Clama Gabrielle en reposant son verre désormais vide sur la table.

— Alors qu'est-ce qu'on attend ? S'empressa de rétorquer Esther en prenant la main de son amie pour l'emmener avec elle vers la piste de danse.

Mais alors qu'elles avaient voulu rejoindre le salon, Yanis et Ethan pénétrèrent dans la cuisine, leur faisant face brutalement.

— Mais qu'est-ce que tu fous là ? S'étrangla Esther, furieuse de réaliser qu'elle ne pouvait pas faire un pas sans que son imbécile de demi-frère ne soit présent, Je croyais que tu ne voulais pas que Rachel vienne à cette soirée !

— Mais Rachel n'est pas là, lui confirma le garçon.

— Tu te débarrasses de ta petite-amie pour pouvoir faire la fête tranquille, commenta la jeune rousse, amusée, Très classe.

— D'un côté il avait plutôt intérêt, grinça Gabrielle à ses côtés, Pas moyen que ma cousine vienne à ce genre de soirée.

— Oh regardez-moi la prude, ironisa Ethan en intervenant soudainement dans la conversation, C'est qu'on y croirait presque.

— On se déteste en ce moment ? L'interrogea la jeune fille, curieuse.

— Il déteste tout le monde en ce moment, intervient Yanis à la place de son meilleur ami, Il vient de rompre avec Anna.

— D'accord, murmura la jeune fille, Donc disons que je vais être clémente pour cette fois et que je ne relèverai pas cette remarque déplacée.

— Dans cette tenue, ne t'inquiète pas, tu relèveras bien autre chose chez les hommes, lança Ethan en lui souriant, ironique.

Gabrielle poussa un soupir d'exaspération tout en jetant un rapide coup d'œil à sa tenue, une petite robe de soirée bordeaux qui lui arrivait juste sous les fesses.

— Bien joué Ethan, c'est tellement vulgaire que ça aurait pu être de moi ! S'exclama soudainement Noah qui venait à l'instant de pénétrer dans la cuisine.

— Est-ce que tu viens réellement de m'adresser la parole ? Hallucina le garçon.

— Oh oui, c'est vrai, j'avais oublié qu'on ne se parlait plus.

Et aussi vite qu'ils étaient apparus, Yanis et Ethan disparurent de la cuisine sans relever sa remarque.

Noah se retourna vers les deux jeunes filles et il les interrogea :

— Ellie est là ?

— Pas encore arrivée, lui répondit Gabrielle, Mais elle va venir, elle m'a envoyé un message ce matin.

— Je sais, mais depuis qu'on s'est engueulés, j'en suis moins sûr.

— J'ignorais même que vous vous étiez réconciliés à la base, commenta la jeune fille, sèchement.

Noah fronça les sourcils d'un air étonné et Gabrielle précisa :

— Je sais que tu as couché avec Christelle quand vous étiez ensemble.

— Ah oui ça, se remémora le garçon, D'ailleurs en parlant d'elle... Christelle est là ?

— Noah ! S'offusqua la belle blonde.

— Oh ça va je plaisantais, pouffa-t-il, Je sais bien que Chris ne vient pas à ce genre de soirée. Elle est bien trop classe pour ça... D'ailleurs, qu'est-ce que toi tu fiches ici ? S'intrigua-t-il soudainement.

Puis le garçon se retourna vers Esther et il ajouta :

— Toi, par contre, ta présence ne m'étonne pas... Enfin si, en fait, je suis plutôt étonné que tu n'aies pas encore lancé ta petite culotte au premier imbécile qui passait par là.

— Je m'apprêtais justement à te la lancer, ironisa la jeune fille en l'incendiant du regard.

— Bonne répartie, murmura Noah en esquissant un sourire, On remet ça quand tu veux chérie. J'ai plutôt bon souvenir de notre dernier entretien.

— Tu ne m'auras pas Khan, l'arrêta Esther.

— Peu importe, je t'ai déjà eu.

Il s'arrêta puis enchaina à l'attention de Gabrielle :

— Toi aussi d'ailleurs... Donc, bonne soirée les filles.

Noah fit demi-tour pour rejoindre le salon, laissant les deux amies sans voix dans la cuisine.

— Je le déteste.

— Pire que ça.

— On reprend un verre ? Proposa Esther.

Gabrielle acquiesça d'un signe de la tête et les deux jeunes filles se retournèrent pour rejoindre la table de la cuisine, se préparant un deuxième verre de tequila, tandis qu'une voix familière s'exclama dans leur dos :

— Hey les filles vous êtes là ?

— Noah te cherche, rétorqua simplement Gabrielle, sans même se retourner vers la jeune fille.

— Je sais, j'ai essayé de l'éviter, répondit Ellie, Vous me préparez un verre aussi ?

Esther lui tendit son gobelet en plastique dans lequel il y avait un fond de tequila et répartit du sel sur sa main. Elle effectua ensuite le même geste sur la main de Gabrielle puis la sienne et les trois filles s'écrièrent au même instant :

— Tequila, tequila, tequila !

Suivant le même procédé que la dernière fois, elles avalèrent le contenu de leur verre avec une grimace de dégout et les reposèrent sur la table.

— On va danser ? Proposa Esther.

— Allez-y, moi, je vais boire encore un peu, les incita Ellie en attrapant la bouteille sur la table pour se remplir un nouveau verre.

— Comme tu veux, souffla Gabrielle en s'éloignant avec la jeune rousse pour rejoindre le salon.

Ellie avala son verre d'une traite, laissant le liquide chaud venir bruler son œsophage et elle ne put retenir une grimace. Pourtant, sans réfléchir, elle se resservit un verre et le porta à ses lèvres. La jeune fille avait longuement hésité avant de venir à la soirée, ne serait-ce parce qu'elle refusait catégoriquement de revoir Noah. Elle était loin d'avoir digéré l'affront qu'il lui avait fait plus tôt en fin d'après-midi. Et boire lui semblait d'ailleurs une bonne solution pour oublier cet épisode de sa mémoire.

— Bonsoir, murmura une voix suave dans son dos.

— Qu'est-ce que tu me veux Max ? Lança-t-elle, sèchement, à l'organisateur de la soirée.

— Juste te saluer, se défendit le garçon, outré, Tu es tellement paranoïaque.

— Et toi, un sale pervers, dégage de ma vue.

Maxime Deleterre avait toujours craqué pour Ellie Lefevre, comme à peu près tous les garçons qui la connaissaient. Cependant, lui se démarquait du lot par ses blagues salasses et son comportement de goujat. En réalité, Max ressemblait un peu à Noah Khan. Il était arrogant, prétentieux, hautain, et égocentrique. Ce qui le différenciait était cependant son physique ingrat. C'était un fait, Maxime était très laid, ce qui l'avait toujours empêché d'atteindre le statut de Noah ou même d'Ethan. Depuis toujours, il avait été relégué au bon copain boutonneux qui n'aurait jamais vraiment sa place parmi leur bande d'amis. Place qu'il avait pourtant essayé de gagner coute que coute, jusqu'à ce qu'il se réduise au rôle qu'on avait bien voulu lui donner : l'organisateur de soirées de débauches, lui laissant ainsi une image sans cesse plus dégradante auprès de la gente féminine, mais appréciée de la masculine.

— C'est ma soirée, précisa Maxime, vexé, Je dégage si je veux.

— Alors pourquoi tu restes planté devant moi ?

— Je comptais t'offrir un verre.

— En plus d'être con, tu es aveugle ? L'interrogea Ellie, Tu ne vois pas que j'en ai déjà un dans les mains ?

— Mais tu bois seule, c'est triste.

— Tu m'excuseras, mais je préfère ça à ta compagnie, ironisa la jeune fille en passant à ses côtés pour rejoindre le salon.

Cependant, elle s'arrêta sur le pas de la porte car elle venait d'apercevoir Noah au loin. Elle se recula brutalement lorsqu'il tourna son visage vers la cuisine.

— Finalement, murmura Ellie en se retournant vers Maxime, Est-ce qu'il y a un endroit dans cet appartement où on pourrait discuter tranquillement ?

Le cœur du garçon loupa un battement dans sa poitrine tant il ne s'attendait pas à cette question et il bégaya, pris au dépourvu :

— Il y a une sorte de balcon après la buanderie où ma mère étend son linge.

— On est obligés de passer par le salon ?

— Non, on y a accès par la cuisine.

— Parfait, commenta Ellie en attrapant la bouteille de tequila sur la table, Qu'est-ce qu'on attend alors ?

***

Anna coinça une mèche de ses cheveux frisés dans la casquette qui faisait partie de son affreux uniforme de travail. Derrière son comptoir, l'odeur de friture commençait légèrement à lui retourner l'estomac, d'autant plus qu'elle n'avait pas encore mangé alors qu'il était bientôt vingt-trois heures. Bien sûr, le fast food leur offrait des repas, mais Anna avait toujours refusé d'y manger, elle se trouvait déjà bien assez boudinée comme ça.

Fatiguée, elle jeta pour la énième fois de la soirée un regard à la grande horloge au fond de la salle. On était samedi et, comme d'habitude, la soirée avait été très longue, même si les clients commençaient légèrement à se réduire puisque la plupart était en train de terminer leur repas avant de partir en soirée. Le coup de feu allait d'ailleurs probablement repartir vers les trois heures du matin, lorsque les jeunes sortent de boite, affamés. Néanmoins, Anna n'avait encore jamais eu à travailler de nuit et elle n'allait pas s'en plaindre. Elle terminait au plus tard à minuit, ce qui lui laissait d'ailleurs encore une heure de travail. Profitant de l'absence de client aux caisses, elle se retourna vers les cuisines et se laissa tomber contre le mur pour observer ses collègues préparer la nourriture.

— Qu'est-ce qu'il y a ma belle ? Déjà fatiguée ? Ironisa Alexandre en passant devant la jeune fille avec un énorme paquet de frites congelés dans les mains, Tu ne sors pas après ?

— Non, t'es fou, lui répondit-elle en l'observant verser son paquet dans l'huile bouillante, Je ne pourrais pas tenir. Je ne sais pas comment tu fais.

— On s'habitue, rétorqua le garçon en jetant le sachet vide à la poubelle.

Alexandre Revot était âgé de vingt-six ans et travaillait au McDo depuis déjà cinq ans. Il suivait en parallèle des études de psychologie à la Sorbonne. C'était un homme plutôt grand et fin, un physique assez peu avantageux, mais le cœur sur la main. Anna et lui s'étaient tout de suite bien entendu car ils avaient tout de suite remarqué qu'ils partageaient le même intérêt pour toutes les matières littéraires. Les soirs où le travail était moins intense, ils aimaient discuter tous les deux de sujet philosophique sur l'existence du monde ou la dualité entre le Bien et le Mal. Bien sûr, ils passaient pour de véritables débiles auprès des autres employés de la chaine, mais ils aimaient ces discussions spirituelles qui leur permettaient d'échapper un tant soit peu à la misère de leur existence.

— Tu pourrais m'accompagner un soir si tu veux, enchaina-t-il en se retournant vers la jeune fille, Tu sais, j'ai passé l'âge des sorties en boite. Je vais juste boire un coup avec des amis dans un bar. Ils sont sympas, ils t'apprécieraient.

— C'est gentil, mais je ne pense pas avoir la force de sortir un soir après le boulot, en plus j'ai du sport le lendemain.

— Ah ouais ? S'étonna-t-il, Quel genre ?

— Ju-jitsu.

Alexandre voulut lui répondre, mais Maëva, la chef du service, s'arrêta à leur hauteur et les interrogea, cinglante :

— Vous pensez que vous êtes payés à discuter ?

— Les frites sont en train de cuire, rétorqua Alexandre, sèchement.

Maëva incendia du regard le garçon tandis qu'Anna esquissa un sourire discrètement. Le garçon lui avait confié il y a peu qu'ils avaient eu un passé plutôt tumultueux tous les deux. Maëva et Alexandre s'étaient rencontrés alors qu'ils commençaient tout juste à travailler au Mc Do, ils étaient sortis ensemble au bout de quelques semaines puis Maëva l'avait largué sans raison particulière. Plus tard, Alexandre s'était trouvé une nouvelle copine – avec laquelle il était toujours en couple aujourd'hui – et Maëva n'avait pas supporté. Entre temps, malheureusement, elle était devenue chef de service et s'amusait régulièrement à lui rendre la vie impossible.

— Et bien surveille-les, grinça-t-elle sur le même ton, Et toi, Anna, il y a des gens qui viennent de rentrer.

En poussant un soupir, la jeune fille réajusta sa casquette et rentra une partie de son polo qui s'était échappée dans son pantalon avant de retourner derrière sa caisse.

— C'est une blague ? Cracha-t-elle au client qui venait de se planter devant elle.

— Anna, s'il-te-plait...

— Papa, tu n'as jamais autant mangé au McDo depuis que j'y travaille, grinça la jeune fille en jetant un rapide coup d'œil derrière lui.

— Caroline n'est pas là, précisa Marc.

— Je m'en fiche.

— Non, tu regardais derrière moi.

— C'est faux, mentit-elle.

Son père ne répondit pas, histoire d'appuyer le fait qu'il ne la croyait pas du tout, et sa fille ajouta :

— Qu'est-ce que tu veux manger ?

— Je ne veux pas manger.

— Comme c'est étonnant, ironisa Anna en levant les yeux au ciel.

— S'il-te-plait, insista Marc, C'est le seul moment où j'arrive à t'adresser la parole.

— Je travaille, je ne peux pas te parler, le coupa-t-elle, catégorique.

Marc lui lança un regard attristé et Anna esquissa un sourire, fière de réaliser qu'elle arrivait plutôt à lui tenir tête. Mais au même instant, Maëva qui ne s'était pas gênée pour écouter toute la conversation, arriva derrière la jeune fille et lâcha avec un sourire amusé à son attention :

— Non, tu peux prendre ta pause Anna.

— Tu déconnes ? Souffla-t-elle, consternée, Tu viens juste de me dire que je devais aller aux caisses !

— Il y a peu de monde, Clara pourra se débrouiller toute seule quelques minutes. Je ne vais pas te priver d'une conversation avec ton père.

— Tu es encore plus diabolique que je ne l'imaginais, murmura la jeune fille, déconcertée.

— De rien, ironisa-t-elle, Et ne perds pas une minute, je sens que vous avez beaucoup de choses à vous dire.

Puis Maëva s'éloigna fière d'elle, passant devant Alexandre qui lui lança un regard dédaigneux, tandis qu'Anna se retourna blasée vers son père.

— Très bien, cinq minutes.

Anna ôta sa casquette pour laisser son front respirer et quitta le comptoir pour rejoindre la salle du restaurant. Elle s'éloigna des caisses, évitant ainsi au possible le démon Maëva Leblay.

— Qu'est-ce que tu me veux ? Interrogea-t-elle ensuite son père en se laissant tomber contre une poubelle derrière elle.

De toute façon elle se sentait tellement sale que cela l'importait peu.

— Juste te parler. Tu me manques.

— Ce n'était pas ce que tu avais l'air de penser quand tu étais occupé à pondre un autre gosse à une gamine de vingt-trois ans.

— Anna, rétorqua Marc, fermement, Il va vraiment falloir que tu passes au-dessus. Tu ne peux pas ruminer cette histoire éternellement. Apprends à pardonner.

— Je ne peux pas. Alors arrête de l'évoquer.

— Très bien, de toute façon, ce n'est pas de ça dont je voulais te parler.

— On a encore un autre sujet de discussion possible hormis celui-là ? S'étonna-t-elle sincèrement, Je n'ai pas l'impression de partager autre chose avec toi ces derniers temps.

— Le procès.

— Oui, murmura la jeune fille, C'est bien ce que je disais. Ce sujet de conversation découle directement de l'autre.

— Écoute, reprit Marc, Je sais que tu m'en veux énormément et que tu ne comprends pas pourquoi je veux reprendre votre garde, mais je connais Cécile et tu dois me faire confiance.

— Développe.

— Avant ta naissance, je l'ai déjà connu dans cet état-là, dépressive et accro aux médicaments. Je l'ai aidée et elle s'en est sortie. Mais toute seule avec ta sœur, je doute que vous y arriviez. C'est grave Anna, il ne faut pas prendre ça à la légère. Et je m'inquiète pour vous trois.

— Maman prend des antidépresseurs, l'arrêta sa fille, Elle commence à aller mieux.

— Ce n'est pas de médicaments dont elle a besoin, mais d'un véritable soutien, renchérit Marc, Vous êtes à l'école dans la journée et vous avez probablement des soirées le week-end. Je ne peux pas vous blâmer pour ça. Mais la solitude est vraiment la pire des choses qui peut arriver à ta mère.

— Alors qu'est-ce que tu proposes monsieur le génie ? Lui enlever la garde de ses propres filles pour qu'elle mette fin définitivement à ces jours ? Pour t'en débarrasser ?

— Anna ! S'offusqua son père, outré, Comment oses-tu dire ça ?

— Et comment oses-tu prétendre l'aider alors que tu veux la rendre encore plus seule qu'elle ne l'est déjà ?

— Cécile a besoin d'une thérapie, d'un suivi médical, reprit Marc, Peut-être même d'un séjour à l'hôpital pour la désensibiliser aux médicaments. Elle ne peut pas le faire si vous êtes avec elles. Réfléchis, ta mère n'acceptera jamais de se faire soigner en vous laissant seules à la maison.

— Elle n'acceptera pas non plus en nous sachant avec toi.

— Elle se fera une raison, murmura Marc, Cécile sait que c'est pour votre bien.

Anna resta silencieuse pendant un instant, retenant les larmes qui la démangeaient, et elle enchaina en tentant de ne pas paraître touchée par son petit discours :

— Si tu savais que maman était comme ça, pourquoi tu nous as laissés seules avec elle ?

— Je m'en veux.

— Ça ne répond pas à la question, le coupa Anna.

— Parce que je n'ai aucune réponse, lui avoua son père, Je ne sais toujours pas ce qui m'a pris.

La porte d'entrée du fast-food s'ouvrit sur une bande de jeunes et Anna poussa un soupir de soulagement, ravie de cette alternative.

— Je dois retourner travailler.

— Anna, l'arrêta son père en la retenant par le bras, Je t'en prie. Toi seule peut raisonner ta mère.

— Au cas où tu ne l'aurais pas encore compris, je ne veux pas que tu aies notre garde.

— Mais pense à ta sœur ! S'exclama Marc, Toi, tu t'en sors bien, tu es forte, courageuse, tu fais de bonnes études. Tu es assez indépendante pour vivre toute seule, mais Ophélie a besoin d'un modèle.

— Un modèle ? Répéta sa fille, surprise, Papa, tu es loin d'être le modèle dont on a besoin.

— Cécile non plus, lui fit-il remarquer.

— Je sais, cingla Anna en retirant son poignet de son étreinte, Quelle heureuse famille ! Ironisa-t-elle en se dirigeant vers les caisses, sans même se retourner vers son paternel.

***

Ivre de la musique et de l'alcool, Ellie Lefevre ferma les yeux et laissa son corps se trémousser au rythme de la chanson. Passé le début de soirée, la musique se réduisait désormais à une techno crachée dans les baffes de la stéréo. La jeune fille rouvrit les yeux, réalisant qu'elle était debout sur la table basse du salon, avec Gabrielle qui semblait tout aussi bourrée qu'elle. La belle blonde avait encore une bouteille en plastique dans la main et elle dansait en même temps que d'avaler son contenu, un whisky coca tiédasse. Esther, quant à elle, dansait juste à côté de la petite table, nue pied sur la moquette qui ne ressemblait plus à rien. La jeune rousse avait une chaussure dans la main et l'autre manifestement perdue dans le reste de la pièce où elle avait dû la lancer.

— Ellie ! S'écria soudainement une voix, la ramenant à la réalité, Descends de là !

Se concentrant sur la provenance du son qui s'était distingué malgré la musique assourdissante, Ellie baissa légèrement la tête et aperçut Noah qui venait de se planter devant la table basse.

— Descends, répéta-t-il fermement.

— Non.

— Descends, putain.

— Mais quoi ?! Explosa la jeune fille, furieuse, Laisse-moi tranquille !

— Tu rêves, l'arrêta-t-il, catégorique, Je ne te laisse pas comme ça.

Pour appuyer son affirmation, il attrapa le poignet de sa meilleure amie et la tira vers lui pour l'obliger à descendre. A contrecœur, et trop ivre pour pouvoir protester, Ellie suivit le garçon jusqu'à un coin plus reculé de l'appartement en titubant à cause de sa vision troublée. Noah pénétra ensuite dans la salle de bains et referma la porte derrière lui.

— Mais ça ne va pas ! S'énerva Ellie alors qu'il se décida enfin à la lâcher, Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

— Tu ne m'as pas laissé le choix, rétorqua-t-il, furieux, Maintenant, tu te calmes et tu m'écoutes.

— Pardon ? S'offusqua la jeune fille, Tu te prends pour qui ?

— Putain El', regarde-toi, on dirait un déchet ! Tu n'arrives même pas à regarder droit !

— Et alors ? Qu'est-ce que ça peut te faire ?

— Crois-le ou non, mais je m'inquiète pour toi.

— Tu m'as traité de meurtrière, lui rappela-t-elle sourdement, Tu pensais vraiment que j'allais laisser passer ça ?

— Pourquoi ça te touche tant que ça si tu penses que j'ai tort ?

— Ça ne me touche pas, mentit-elle.

— C'est pour ça que tu as bu comme un trou pour oublier, ironisa-t-il, Allez c'est bon, on rentre, je te ramène.

— Non ! S'offusqua-t-elle en se reculant d'un pas, Je ne vais nulle part ! Et surtout pas avec toi !

— Ellie, grinça-t-il, Arrête tes conneries, on rentre.

— Non, répéta-t-elle, fermement, Et puis, pourquoi tu veux rentrer aussi tôt d'abord ? Il n'est même pas deux heures du matin !

— J'ai quelque chose à faire demain matin.

— Un dimanche ? Souffla-t-elle, blasée, Je peux savoir ce que tu comptes faire à part te vautrer devant ta télévision ?

— Rattraper tes conneries, répondit-il, Comme d'habitude.

Ellie se recula d'un pas, tournant légèrement son visage pour pouvoir apercevoir son reflet dans le miroir au-dessus du lavabo. A force d'avoir dansé, sa tresse était défaite et quelques mèches avaient frisées à cause de la transpiration. Son mascara avait coulé sous ses yeux, lui laissant un regard encore plus sombre et troublant. Mais, bien sûr, elle restait tragiquement magnifique.

— Débrouille-toi tout seul dans ta mission « sauver Anna », lâcha-t-elle, Moi, je reste.

— Mais c'est ta faute.

La jeune fille esquissa un sourire et elle ajouta, amusée :

— Je lui ai peut-être donné ces foutues pilules, mais je ne suis certainement pas la raison qui l'a poussé à les prendre. Et là, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, Superman.

Sur ce, elle le repoussa avec sa main pour pouvoir se frayer un chemin jusqu'à la porte et rejoindre le salon. En traversant la pièce jonchée de bouteilles d'alcool et de mégots de cigarettes, elle réalisa qu'elle avait bien envie de se servir un nouveau verre et se dirigea vers la cuisine.

Arrivée à destination, la jeune fille constata avec amertume que toutes les bouteilles d'alcools étaient vides et qu'il restait seulement des mélanges douteux au fond de bouteilles en plastique ou des verres pas terminés.

— Génial, grinça-t-elle en soulevant les bouteilles une par une pour vérifier qu'il n'y restait pas un petit fond.

Entendant un bruit derrière elle, Ellie se retourna vers le fond de la pièce et aperçut Maxime Deleterre qu'elle interpela au loin :

— Hey Max, attends !

— Tiens ? S'étonna-t-il en se retournant vers la jeune fille, Ellie Lefevre qui fait attention à quelqu'un en soirée ? C'est étrange, toi qui est trop occupée à t'admirer pour faire attention aux autres.

— Il n'y a plus d'alcool, rétorqua-t-elle pour simple réponse en passant outre le reproche, Tu n'as pas une planque chez toi ?

— Bien sûr, ironisa-t-il, C'était intéressé. Pour quelle autre raison m'aurais-tu adressé la parole ?

— Tu neplais à personne Max, fais-toi à l'idée.


Le garçon reçut comme une gifle en plein visage et Ellie enchaina, sans même réaliser la cruauté de sa remarque précédente :

— Alors il reste de l'alcool ou quoi ?

— On a une cave au sous-sol de l'immeuble, répondit Maxime car, au fond, il ne pouvait pas vraiment la contredire.

Donc autant se contenter de ce qu'il avait, songea-t-il, Du fric et de l'alcool en réserve dans un coin sombre du sous-sol.

— Qu'est-ce qu'on attend pour y aller ?

— Je te suis ou tu me suis ? L'interrogea-t-il en esquissant un sourire, lui montrant le chemin à prendre d'un geste de la main.

— Tu me répugnes surtout, ironisa la jeune fille en passant devant lui.


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