Nantis

By FlorieC

114K 7.9K 2.8K

La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 5 : A drop in the ocean

905 72 24
By FlorieC



                Le bruit des cuillères dans les bols et les tasses venait remplir le silence pesant qui s'était imposé dans la cuisine de la famille Joly. On était mercredi matin et les quatre jeunes occupants de la maison prenaient leur petit déjeuner, les traits fatigués et les joues creusées.

— Maman ne veut toujours pas se lever, informa Ophélie, ce qui fit relever les yeux de sa sœur dans sa direction, Elle dit qu'elle est encore malade.

— Ce n'est pas grave, souffla Anna, blasée, Laisse-la.

— Lundi, elle nous a promis qu'elle chercherait du travail et aujourd'hui elle est encore dans son lit ! Insista la jeune fille, les larmes aux yeux, J'en ai marre Anna. Ça devient du n'importe quoi !

— Ophé, j'ai bossé jusqu'à tard hier soir et là je n'en ai strictement rien à foutre des problèmes que s'inventent Cécile. Je veux juste profiter de ces quelques minutes de silence pour compléter ma nuit.

— Ce n'est pas parce que tu t'es fait larguer par Noah Khan que tu dois rejeter ta mauvaise humeur sur nous, commenta sa petite-sœur, cinglante, Ça fait deux jours que tu es totalement insupportable !

— Noah t'a larguée ? S'intrigua Jared qui semblait sortir soudainement de ses pensées, Tu sortais avec lui ? Je croyais que tu étais avec Ethan.

— Je suis encore avec Ethan.

Même si depuis leur dernière dispute au réfectoire, ils ne s'étaient plus adressés la parole.

— Ok, pouffa Jared avant de se replonger vers son bol de céréale.

— Quoi ? L'interrogea Anna, sceptique.

— Rien, je me disais juste qu'Ethan devait être le petit-ami le plus inexistant du monde, rétorqua le garçon en plongeant son regard dans celui de la jeune fille, Sérieux, tout le monde oublie que tu sors avec ce type tellement tu n'en parles jamais. Enfin, je veux dire... Vous vous voyez de temps en temps ou comment ça se passe ? Tu ne vas jamais chez lui ? Il ne vient jamais ici ? Comment vous fonctionnez ? Une relation à distance qui n'en est pas une ? Explique-moi ça m'intéresse.

— Ta gueule, grinça Anna qui n'avait pas envie d'entrer dans ce genre de conversation avec ce crétin dès sept heures du matin.

— Non, mais c'est quand même bizarre, je...

— Mais qu'est-ce que tu fais debout de toute façon ? Le coupa-t-elle, sèchement, Tu n'as même pas cours !

— J'ai des choses à faire aujourd'hui, répondit le garçon, vexé, Merci de ne pas insinuer que je ne suis qu'un pauvre glandeur juste parce que je ne fais pas d'études.

— Tu es un glandeur, commenta son petit-frère à ses côtés.

— Et depuis quand tu donnes ton avis, toi ? L'interrogea Jared, sèchement, en se retournant vers lui.

Ruben ne voulut pas répondre à ça et un nouveau blanc s'imposa autour de la table. Du moins, jusqu'à ce que Jared reprenne la conversation en bifurquant son regard vers Anna qui était sur le point de s'endormir sur sa tartine de Nutella.

— Et du coup Noah ? Qu'est-ce qu'il s'est passé au juste ?

— Je n'ai pas envie d'en parler maintenant, marmonna Anna dans un demi sommeil.

— Mais ça m'intéresse.

— Je sais, je n'ai jamais dit le contraire.

— Alors dis-moi, insista le garçon.

— Pourquoi ? Pour que tu puisses te moquer de moi ?

— Ce n'est pas mon genre.

— Oh non, bien sûr ! Ironisa la jeune fille.

Elle plongea son regard dans celui de Jared et s'arrêta un instant. Étrangement, il paraissait sincère, comme s'il s'inquiétait réellement de ce qui avait pu se passer entre elle et Noah.

— En fait, reprit-elle plus calmement, Il avait laissé sous-entendre que si je rompais avec Ethan, je pourrais être avec lui.

— Et c'était une blague ? L'interrogea Jared qui semblait énervé de l'apprendre.

— Non, enfin, je ne sais pas, il a juste changé d'avis, il n'a pas vraiment donné d'explications et puis, je suis partie avant qu'il puisse m'en donner, l'informa Anna, Plus tard, par SMS, il m'a expliquée qu'Ellie n'allait pas bien en ce moment et qu'il préférait s'occuper d'elle. Je pense que c'est plus une bonne excuse qu'autres choses.

Au nom d'Ellie Lefevre, Jared venait de se refermer et c'est son petit-frère qui continua à sa place :

— Pourquoi tu penses que c'est une bonne excuse ? Il y a une rumeur qui dit qu'elle aurait essayé de se suicider, la connaissant, ça pourrait être possible.

— Ellie a essayé de se suicider ? S'alarma Ophélie qui venait de raccrocher à la conversation.

— C'est des rumeurs, rétorqua sa sœur, Et puis, dans tous les cas, je ne vois pas le rapport avec moi.

— Noah doit se sentir coupable de n'avoir rien vu, parce qu'il trainait avec toi, continua Ruben qui faisait preuve d'une lucidité qu'on ne lui connaissait pas encore, C'est sa manière à lui de rattraper sa faute. Tu sais, lui et Ellie sont copains comme cochons. Ça ne m'étonne pas qu'il essaye de la protéger.

Copains comme cochons ? Répéta Anna, Ruben, si tu utilises encore une fois cette expression, je te tue.

Depuis son enfance, le garçon adorait utiliser des expressions vieillottes. C'était comme s'il avait décidé, un beau jour, de les apprendre toutes par cœur, juste pour emmerder le monde.

— Bref, enchaina Ruben en se relevant de sa chaise, Je ferai mieux de filer à la douche, si je ne veux pas être en retard.

— Oui, je te suis aussi, continua Ophélie en sortant de la pièce à son tour.

Anna releva son regard vers le dernier occupant de la pièce, celui-ci semblait complètement perdu dans ses pensées. Le visage tiré par l'inquiétude et la peine.

— Jared, ça va ? S'enquit la jeune fille, inquiète.

— Tu crois que ce ne sont que des rumeurs ? L'interrogea Jared, le regard dans le vide, La tentative de suicide d'Ellie ?

— Bien sûr ! S'exclama Anna, Ne fais pas cette tête, voyons ! Tu connais Ellie, c'est elle qui a dû alimenter la rumeur pour se rendre intéressante.

— Pourquoi tu es si sûre de toi ? Tu ne la connais pas comme moi.

— Tu es amoureux d'elle, l'arrêta Anna, Ton jugement n'est pas neutre. Elle a inventé ça pour que tu t'inquiètes pour elle et que tu reviennes. Ça a manifestement marché avec Noah et Dieu merci, je crois que Lucas est passé à côté de la nouvelle. Ne tombe pas dans le piège, toi aussi.

— Elle a déjà essayé de se tuer, rétorqua-t-il pour simple réponse, J'étais là.

— Jared...

— J'étais là, répéta-t-il le regard perdu, Je ne sais plus quoi faire pour elle.

— Laisser tomber ? Proposa la jeune fille.

— Tu parles... Commenta-t-il, Tu n'y arrives même pas avec Noah.

— Sauf que toi, ça fait deux ans, Jared, deux ans que tu aimes cette fille en sens unique. C'est trop long, beaucoup trop long. Je sais que c'est difficile, je sais que tu l'as aimé et que tu l'aimes encore comme un fou, mais ça ne lui donne pas le droit de te prendre tout ce temps. Tu n'as pas la force de le croire, mais Ellie, elle n'en vaut pas tant que ça la peine... Je sais que tu te perds dans tout ça et que, d'un côté, ça t'arrange bien. Ça t'arrange, parce que c'est tellement plus facile de jouer au mec maudit plutôt que de se relever et de construire quelque chose de nouveau, quelque chose de neuf. Au final, je sais que tu veux juste prouver à tes parents que tu n'es pas un raté, c'est pour ça que tu es parti du jour au lendemain. Mais le résultat que tu attends ne colle pas avec ton raisonnement. Tu ne peux pas t'en sortir en restant accroché à ton passé.

La jeune fille se tut pour observer le visage du garçon, déformé par la douleur, et elle enchaina, surprise :

— Attends... Tu pleures ?

— J'ai merdé dans le passé, Anna, murmura le garçon en se frottant les yeux avec rage, Tellement merdé. Je n'arrive pas à m'en sortir.

— Alors oublie-la, oublie cette fille une bonne fois pour toute ! Renchérit Anna en se rapprochant de lui, Tu peux le faire.

— Non, je ne peux pas. Je ne peux pas oublier ni elle, ni ce que j'ai fait.

Sans réfléchir, la jeune fille se planta devant lui et fit basculer la tête du garçon contre son ventre pour le serrer contre lui. Timidement, elle passa une main dans ses cheveux dont elle apprécia la douceur et elle sentit Jared se calmer légèrement.

— Putain, souffla-t-il, Je ne sais même pas pourquoi je chiale là.

— Parce que t'es moche, non ? Plaisanta Anna.

Pouffant de rire, le garçon se détacha finalement de son étreinte et se releva pour lui faire face. Désormais, il la dépassait bien d'une tête. Il enchaina en plongeant son regard dans le sien :

— Merci pour tout ce que tu fais pour moi et mon frère. Je sais que c'est encore trop tôt pour toi, mais si tu pouvais garder un peu de ton discours dans un coin de la tête à chaque fois que tu souffriras à cause de ce connard d'indien, ce serait une bonne chose.

— Il est pakistanais.

— Peu importe.

— ... Noah et Ellie, commenta Anna en un sourire complice, Manquerait plus qu'ils sortent ensemble, tous les deux.

— Non, pouffa Jared, Pas moyen.

***

Lucas avança dans les couloirs du lycée, son sac pendant sur la partie gauche de son épaule et il s'arrêta devant le casier de Raphaël Lesage. Au début, celui-ci ne le remarqua pas et continua de ranger ses affaires dans son sac tout en sifflotant. Faisait-il exprès de l'ignorer ? S'interrogea Lucas. D'un côté, il réalisa que cela n'aurait pas été surprenant. Depuis qu'il avait empêché Ellie de partir à Orléans, c'était à peine s'il lui avait adressé la parole.

— Hey, salut ! Tenta-t-il tout de même.

Raphaël se retourna vers lui, sans même paraître surpris, ce qui confirma, en effet, qu'il l'avait bien ignoré, puisqu'il savait que Lucas s'était arrêté juste à côté de lui.

— Tiens, lança-t-il, sèchement, en refermant la porte de son casier, Tu es encore vivant ?

— Pourquoi tu dis ça ?

— Je ne sais pas, ça doit faire bien trois semaines que je n'ai pas eu de tes nouvelles, lui répondit-il en continuant sa route dans les couloirs du lycée, Puisque tu es toujours collée à cette salope.

— Rapha, s'il-te-plait, enchaina Lucas sur ses talons, Je sais que...

— C'est pour ça que j'en ai conclu que tu étais mort, l'interrompit Raphaël en se retournant vers lui pour faire face à son meilleur ami, Ou ce qui y ressemblerait beaucoup : que tu ne vies plus que pour Ellie Lefevre ?

Lucas resta silencieux un instant, ce qui lui prouva qu'il ne devait pas totalement avoir tort.

— Mec, reprit-il, mal à l'aise, Je sais que je t'ai lâché du jour au lendemain, mais j'étais...

— Amoureux ? L'interrompit Raphaël, Je sais.

— C'est con, putain, souffla Lucas, Je sais que c'est tellement con d'être tombé amoureux de cette fille. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

— Tu sais, enchaina son ami en esquissant un sourire, Je ne suis pas le mieux placé pour te critiquer. J'étais amoureux de Gabrielle aussi.

— Et maintenant ?

— Ça passe, murmura-t-il, C'est dur, au début, et puis, on finit par oublier. Regarde, Gabi ne me calcule plus du tout. Je finis par me demander si ce qu'on a eu tous les deux à réellement existé.

— Elle ne te méritait pas, lui assura Lucas.

— Ellie non plus ne te méritait pas.

— Oui, mais partir au moment où sa grand-mère meurt, enchaina Lucas, empli de remords, Je me sens lâche. C'était trop facile de partir comme ça, trop facile de la pousser à bout pour la faire rompre avec moi et lui donner le mauvais rôle, encore une fois.

— Tu as tout fait pour l'aider, l'arrêta son meilleur ami, Arrête de te culpabiliser pour tout ce qui se passe autour de toi.

— Mais...

— Lucas, l'arrêta à nouveau Raphaël, Ses parents sont partis sans lui donner de nouvelles, sa grand-mère a toujours été la seule personne à s'occuper d'elle, son meilleur ami a un pouvoir absolu sur elle et le petit-ami qu'elle a eu le plus longtemps était un dealer. Je sais que tu te bornes à croire que tu apportes le malheur dans la vie des gens, mais Ellie, pour le coup, elle le connaissait déjà. Ce n'est pas de ta faute si elle a tenté de se suicider...

— Elle a quoi ?! S'exclama Lucas, ahuri.

— Oh... Blêmit son ami, brutalement, Je pensais que c'était de ça dont tu parlais.

— Ellie a essayé de se suicider ? S'alarma le garçon, complètement paniqué, Mais elle va bien ? Je veux dire, comment tu le sais ?

— Non, ce sont des rumeurs que j'ai entendues, tenta de l'apaiser Raphaël, surpris de le voir aussi mal en point, Désolé, mais tu paraissais si déprimé, j'ai pensé que les rumeurs devaient être vraies, mais ce n'est peut-être pas le cas !

— Pourtant elle n'est toujours pas au lycée, commenta-t-il sceptique, bien qu'un peu soulagé.

— Noah non plus. Ne t'inquiète pas... Je ne pense pas qu'Ellie aurait eu le courage de faire ça, de toute façon.

— Je.. Je dois y aller, murmura Lucas en s'éloignant d'un pas, On se retrouve en cours ?

— Mais tu ne veux pas venir manger ? L'interrogea son meilleur ami, surpris, On a qu'une heure de pause ce midi.

— Non, non, je n'ai pas faim, lui assura-t-il, A plus Rapha.

Le garçon l'observa s'éloigner et poussa un soupir de résignation. Dire que Lucas avait tenté d'oublier Ellie Lefevre, il venait de le replonger dedans en même pas deux secondes. C'était évident, Raphaël devait être le pire meilleur ami qui soit... Mais pour se rassurer, il songea en observant Lucas que, lui non plus, n'était pas vraiment un exemple à prendre en matière d'amitié. La preuve ? Il n'avait aucun ami à part lui.

***

Jared Greggs s'arrêta quelques instants devant la porte du bar dans lequel il avait l'habitude de se rendre ces derniers temps. Un établissement simple dans le dix-neuvième arrondissement, loin des strasses parisiennes et de sa bourgeoisie à la con. Il respira un grand coup et posa finalement sa main sur la poignée pour s'engouffrer à l'intérieur. Au début, il avait été étonné qu'Ellie accepte de le retrouver ici, mais lorsqu'il repéra la jeune fille dans le fond de la salle, munie d'un tee-shirt blanc qui lui tombait légèrement sur les épaules et d'un slim noir, il se remémora pourquoi il l'avait tant aimé. Tout en étant le portrait le plus caricatural de la jeunesse dorée parisienne, les tenues vestimentaires d'Ellie était souvent d'une banalité affligeante, comme toutes les adolescentes lambda de son âge. C'était d'ailleurs ce qui l'avait rendu si célèbre, puisqu'en comparaison aux autres, cette normalité avait fini par sortir de la norme. Quand ils étaient sortis ensemble, ils s'étaient imposés comme le couple le moins conforme aux exigences de la haute société parisienne, principalement car ils avaient fui les grandes soirées où il faisait bon de se faire voir pour trainer en banlieue. Ça ne leur avait pas toujours réussi.

Jared s'installa face à la jeune fille dans la table du fond. Ellie avait déjà commandé un verre de bière.

— Tu m'attends depuis longtemps ? Interrogea Jared en observant le verre pratiquement vide devant elle.

— Non, à peine cinq minutes, l'informa Ellie.

Jared releva son regard vers elle en esquissant un sourire. Cette fille était une véritable alcoolique.

— Alors pourquoi tu voulais me voir ? Le questionna-t-elle en attrapant sa longue chevelure brune pour s'en faire un chignon au-dessus de la tête.

Le garçon sentit son cœur ralentir lorsqu'il aperçut à son bras gauche un large pansement blanc. Devant son visage décomposé, Ellie comprit de suite ce qu'il venait de voir et elle rebaissa ses deux bras, mal à l'aise.

— Alors ce ne sont pas des rumeurs ? L'interrogea-t-il, un trémolo dans la voix.

— Je n'ai pas...

— Arrête, la coupa-t-il avant qu'elle n'ait le temps de dire quoi que ce soit, Arrête avec tes mensonges... Tu me fais pitié El'.

— Je te fais pitié ? S'étrangla-t-elle de stupeur, Mais va te faire foutre, Jared. Je n'ai pas accepté de te rencontrer pour me faire insulter ! Et puis, pourquoi tu m'as appelée, d'abord ? Tu crois que je n'ai rien d'autre à foutre que de discuter avec toi ?!

— C'est comme ça que tu me remercies de t'avoir aidée après la mort de Betty ? L'interrogea le garçon, plein de rancœur, Après tout ce que j'ai fait pour toi.

— Oh je t'en prie, ne joue pas aux héros. On sait tous les deux que tu es très loin d'en être un, alors fous-moi la paix avec ta morale à la con.

— Ouais, t'as raison, cracha-t-il, Tu n'as pas besoin de moi. Tu n'as besoin de personne, toi. Ça tombe bien parce que c'était ce que j'étais venu te dire, de toute manière.

— Me dire quoi ?

— Que tout était fini entre nous. Pour de bon. Je ne veux plus jamais avoir te revoir.

— Oui, ça fait six mois que tu me dis ça, mais personne n'y croit, à commencer par toi, ironisa-t-elle en esquissant un sourire.

— Non, j'ai ouvert les yeux maintenant, reprit Jared, Je ne me ferai plus avoir. Tu m'as tellement pourri la vie. Je ne veux plus jamais te revoir.

— Ok, souffla-t-elle, complètement indifférente, Tu crois que ça va me faire pleurer ? Ça fait un an que j'essaie de me débarrasser de toi. Je devrais organiser un pot de départ ! Que tout le monde puisse se réjouir de cette excellente nouvelle !

— Oh je t'en prie El', pas de sarcasme avec moi.

— Mais ce n'en ait pas, l'arrêta-t-elle, sèchement, Je n'ai pas besoin de toi Jared. Et comme tu l'as très bien dit tout à l'heure, je n'ai besoin de personne.

— C'était de l'ironie, chérie.

— Je suis sérieuse, je n'ai besoin de personne et surtout pas de toi.

Jared leva les yeux au ciel en retenant un rire d'exaspération et Ellie enchaina légèrement, vexée :

— Arrête de te croire indispensable, crétin. T'as vingt ans et aucun avenir. Qu'est-ce que tu as à offrir, sérieusement ? T'es juste un boulet pour tout le monde.

— Du Ellie Lefevre tout craché, commenta le garçon en replongeant son regard dans le sien, Quand la conversation t'échappe, tu tapes là où ça fait mal pour détourner l'attention. Mais ça ne marchera pas avec moi.

— Je ne m'échappe pas ! S'indigna la jeune fille, Je le dis et je le pense : je n'ai besoin de personne en ce moment. Et je ne te dois rien du tout, même si tu étais là après la mort de Betty. C'est toi qui a décidé de rester avec moi. Je ne t'ai rien demandé. Libre arbitre mon gars. Tu fais tes propres choix et tu en es le seul responsable.

— Et tu ne te sens pas responsable de ce que les autres font pour toi ?

— Non, techniquement, je ne suis responsable que de mes propres actions.

— Parce que tu es responsable maintenant ? Ironisa Jared, halluciné, Tu es un véritable déchet, Ellie. Et tu veux que je te dise ? Même si ça me fait du mal de l'avouer, je pense que si Noah n'avait pas été là pour toi pendant toute ta vie, tu serais probablement déjà morte d'une overdose ou d'une connerie comme ça !

— C'est bien à toi de dire ça...

— Comment oses-tu dire que tu responsable de tes choix, Ellie ? Continua-t-il, ignorant son commentaire, Tu n'es pas capable de rester seule sans te foutre en l'air ! Tu es la personne qui dépend le plus des autres : de Noah, de moi, et même de Lucas ! Mais est-ce que tu te rends compte à quel point c'est pathétique ?

— Cette conversation est close, rétorqua-t-elle en se relevant subitement de sa chaise.

— Tiens, tu vois ! S'écria-t-il en se relevant à son tour, Tu t'échappes quand ça devient sérieux !

— Je ne m'échappe pas ! Hurla-t-elle furieuse en faisant demi-tour pour se planter devant lui.

— Ah oui ? Et c'est quoi ça alors ? S'emporta-t-il en s'emparant de son poignet blessé, C'est quoi ça ? Répéta Jared ivre de rage, Quand est-ce que tu vas arrêter de faire comme si tout allait bien, putain ? T'es malade Ellie !

— Ne fais pas comme si tu t'inquiétais pour moi, grinça-t-elle sèchement entre ces dents, Tu viens juste de me dire que tu n'en avais plus rien à faire de moi. Alors fous-moi la paix Jared !

— Je ne peux pas ! Explosa le garçon, Ce n'est même pas que je sois encore amoureux de toi, mais c'est juste que ça me tue tellement de te voir nier l'évidence à ce point ! Pourquoi tu refuses de réagir, Ellie ?

— Mais qu'est-ce que tu veux à la fin ? S'emporta la jeune fille, Que je pleure sur ma misérable vie ? Tu crois que je n'ai pas assez pleuré depuis la mort de Betty ?

— Tu prends la mort de ta grand-mère comme le plus gros malheur de ton existence, mais, putain, il y a eu tellement pire dans ta vie ! Ce qui me tue, c'est que tu utilises sa mort pour justifier le fait que tu sois trop mal aujourd'hui, alors qu'on sait tous les deux que ce n'est pas Betty qui a déclenché tout ça. Pourquoi est-ce que tu refuses encore d'en parler ?

— Parce qu'on a fait un pacte, Jared ! Explosa la jeune fille, Et on s'est promis qu'on n'en parlerait plus jamais, ni, ni moi, ni Noah, alors c'est ce que je fais !

— Mais regarde dans quel état ça te met ! Tu vas devenir complètement folle ! Si ce n'est pas déjà le cas, d'ailleurs !

— Non, je vais bien, grinça-t-elle entre ses dents pour la énième fois, Arrêtez de me voir tous comme une pauvre petite fille incapable de se maitriser elle-même. J'ai grandi sans mes parents, je me suis occupée de moi toute seule, j'ai appris à avancer sans eux. Tu crois réellement que je ne suis pas capable de me débrouiller maintenant ? Alors que ça fait bientôt dix-huit ans que je le fais ?

— Tu n'es qu'une menteuse, Ellie, tu ne sais faire que ça, tu mens comme tu respires.

— Je ne mens pas.

— Si tu le fais... Tu le fais incessamment. Tu ne peux pas t'en empêcher. Toutes ces belles paroles sur ton indépendance, c'est de la connerie, ça te rassure peut-être dans la haute image que tu te fais de toi-même, mais c'est du vent El'. Tu t'entends parler ? Mais d'où tu as appris à avancer toute seule ? C'est tellement faux. Depuis le jour où toute cette merde nous est tombés dessus, tu ne t'es jamais relevée. T'es restée au même stade et tu attends encore qu'on vienne t'aider. Tu ne t'es pas secourue toi-même et tu n'as pas avancé. Tu as juste appelé à l'aide et, la vérité, c'est que personne n'est venue te chercher. Alors toi, t'es restée à terre, te contentant de crier plus fort pour qu'on te remarque... Et c'est ce que tu fais encore aujourd'hui. Ce que tu feras toujours, d'ailleurs, car je crois que jamais personne ne se retournera pour te prendre la main. Alors Ellie, non, tu ne vas pas bien, et n'essaie pas de me faire croire le contraire. Pas à moi en tout cas.

La jeune fille avala sa salive, mal à l'aise, tout en détournant son regard de celui de Jared.

— Arrête de faire semblant, reprit le garçon, Je suis bien placé pour savoir ce que tu ressens. Dis-le-moi. Dis-le-moi juste une fois.

— Pourquoi ? Qu'est-ce que ça changerait ?

— Tellement de choses, souffla-t-il, Il faut que tu te libères de ce poids. Tu ne pourras pas toujours faire semblant que tout va bien.

— Pourtant, c'est bien ce que je compte faire, le coupa-t-elle avant de tourner des talons.

— Ellie ! Attends !

— Et s'il-te-plait, enchaina-t-elle en se retournant vers lui, Pour une fois dans ta vie, mets en application ce que tu viens de dire... Et laisse-moi tranquille.

Jared l'observa sortir du bar, un pincement au cœur. Oui, elle était en train de foutre sa vie en l'air, mais il allait laisser tomber. Il s'était trop battu pour elle et, si Ellie refusait son aide, elle n'avait qu'à s'enfermer dans son mensonge. Tant mieux pour elle si cela lui suffisait, mais lui avait besoin d'avancer, de passer à autre chose. Il ferma les yeux un instant et murmura du bout des lèvres, comme pour s'en convaincre lui-même :

— Ellie Lefevre. Tu n'existes plus pour moi.

***

— Oh mon Dieu ça faisait tellement longtemps, souffla Noah en tirant une taffe sur le joint que venait de lui tendre sa meilleure amie.

— De quoi tu parles ? Explosa celle-ci en titubant, complètement défoncée.

Tout comme Noah, au passage.

— Tout ça ! Lui répondit le garçon en levant les bras vers le ciel étoilé, Nous deux. Le joint. La nuit. Toi et moi, comme avant.

— Non, on était moins ridicules quand on avait seize ans.

Ellie s'arrêta, perplexe, et rectifia aussitôt en riant :

— Non, mais qu'est-ce que je raconte ? On a toujours été pathétiques. Seize ou dix-huit ans, on reste des têtes de cons.

Noah pouffa de rire à son tour et en tomba à la renverse. Son cerveau n'arrivant plus réellement à commander les gestes de son corps.

— Khan ! Explosa de rire Ellie en sortant son téléphone portable pour le mitrailler de photos, J'ai du dossier là !

— Hey, tu veux qu'on parle de la manière dont le barman t'a foutue dehors ? S'indigna le garçon en essayant de se relever, à l'aide du mur.

— Pardon ? S'offusqua-t-elle, Mais je te signale que c'est à cause de toi qu'on s'est fait virer ! Tu as vu comment tu l'as pris de haut ?

— Oui, je sais, lui accorda-t-il, Mais c'est toi qui a voulu te battre avec lui ! S'offusqua-t-il ensuite en se remémorant la scène.

— Je n'aime pas quand on t'embête, mon petit, ironisa la jeune fille.

— J'hallucine, souffla-t-il, incrédule, Tu te prends pour qui ? Ma mère ?

— Je pourrais... Vu que tu n'en as jamais eue, commenta Ellie.

— Et moi, je pourrais peut-être prendre le rôle de ta grand-mère du coup ? Lança le garçon sur le même ton.

Ils s'arrêtèrent tous les deux, pendant quelques secondes, puis Noah fut le premier à rompre le blanc :

— Non, ce n'est pas très drôle. On change de sujet ?

— Oui, répondit Ellie derechef en s'emparant de sa main.

Ils marchèrent en silence sur le trottoir puis, repérant un banc dans un abris bus, ils s'y installèrent pour prendre une pause. Noah tira une dernière fois sur le joint et le passa ensuite à la jeune fille qui le coinça entre ses lèvres fines.

— Tu te souviens qu'on a dit vouloir rater notre vie ensemble ? L'interrogea le garçon.

— Hum, approuva-t-elle en tirant sur la cigarette.

— Je trouve qu'on s'en sort plutôt bien, c'est presque agréable, en fait.

— De rater ta vie ? S'étonna la jeune fille en se retournant vers lui.

— Oui, avec toi... Ça ne me semble pas si mal.

Ellie ne répondit pas et se contenta de terminer le joint qu'elle laissa tomber à ses pieds pour l'écraser avec la semelle de ses converses complètement défoncées.

— Tu as parlé à Anna ?

— A propos ?

— Nous deux, précisa Ellie, Notre relation.

— Non... Je croyais qu'on était d'accord pour n'en parler à personne. Tu as changé d'avis ?

— Non, non, l'arrêta-t-elle en venant déposer un baiser sur ses lèvres, Personne ne comprendrait notre délire de relation libre. Les gens sont trop...

— Coincés ? Termina-t-il à sa place.

— Exactement !

D'un commun accord, ils se relevèrent tous les deux du banc pour continuer à marcher et Noah enchaina :

— Et tes parents en fait ? Comment ça se passe avec eux ?

— Mal.

— Le contraire aurait été étonnant, ajouta le garçon en passant son bras autour de son cou.

Ellie posa la tête sur son épaule et elle continua, mal à l'aise :

— Ils n'ont même pas osé me parler de... Ça.

Elle désigna son poignet gauche qui était encore enroulé d'un pansement.

— Qu'est-ce que tu leur as dit ? S'intrigua Noah.

— Que je m'étais coupée. Ils ont fait semblant de me croire.

— Tes parents sont tellement cons, souffla-t-il.

— Oui, je sais. Le pire, c'est qu'en ce moment, ils sont entrés dans une sorte de duel, commença-t-elle à se confier, Ils se rejettent la faute l'un sur l'autre, ils cherchent à savoir qui a raté mon éducation et pourquoi est-ce que je suis devenue comme ça... Ils sont ridicules, ils refusent tellement de reconnaître leur culpabilité à tous les deux qu'ils préfèrent rejeter la faute sur l'autre. C'est plus facile et ça leur fait moins de mal que de voir leurs propres erreurs.

Noah acquiesça d'un signe de tête sans relever la conversation puis réalisa soudainement qu'il venait d'arriver devant le Palace.

— Tu veux rester dormir avec moi ?

Ellie se retourna vers lui, surprise. Depuis qu'ils s'étaient décidés à se mettre en relation libre, ils n'avaient encore jamais parlé du fait de coucher ensemble. A cette pensée, Ellie ne put s'empêcher de rougir, presque mal à l'aise, et Noah rectifia, aussitôt :

— Non, enfin, si tu trouves que ça va trop vite, on peut juste... Dormir ?

— Comme au bon vieux temps, répondit-elle en le suivant à l'intérieur du grand bâtiment de marbre.

En silence, ils rejoignirent l'appartement des Khan au dernier étage et s'engouffrèrent à l'intérieur en ôtant leurs chaussures, pour éviter de réveiller tout le monde.

Malheureusement, Paul était assis sur le canapé du salon, attendant visiblement leur arrivée.

— Mais bien sûr ! S'exclama-t-il soudainement en se relevant pour leur faire face, Noah et Ellie. Les inséparables... Surtout pour les conneries.

— Qu'est-ce que tu racontes, papa ? Souffla Noah, blasé, en allumant la lumière du salon car l'ambiance était légèrement glauque quand l'appartement était plongé dans le noir.

— Je peux savoir où vous étiez ?

— Rien, on est juste sortis, l'informa son fils qui ne comprenait pas ce ton dédaigneux, Comme d'habitude.

— Comme d'habitude ? Répéta Paul, Oui, c'est vrai que tu as l'habitude de rentrer à une heure du matin un mercredi soir ? Alors que tu as lycée demain ? D'ailleurs, en passant, j'aimerais bien savoir si tu y es retourné ?

— Et bien non, je n'y suis pas retourné, rétorqua Noah, Et pour ce qui est des sorties les soirs de semaine, oui, c'est une habitude chez moi et ça tu le saurais peut-être si tu étais plus souvent là.

— Oh pas de sarcasme avec moi ! L'interrompit son père, furieux, Et puis, je peux savoir ce qu'elle fout ici elle ?

— Elle, c'est Ellie ! S'exclama le garçon, Et elle est devant toi je te signale donc si tu as quelque chose à lui dire, tu peux le faire en face !

Paul se retourna vers la jeune fille qui n'osait pas ouvrir la bouche depuis qu'elle était entrée et il enchaina :

— Qu'est-ce que tu fais là à cette heure, Ellie ?

— Noah m'a proposée de rester dormir, répondit-elle, mal à l'aise.

— Oh comme il est gentil, ironisa Paul en se tournant vers son fils, Et tu comptes la faire dormir dans ton lit ou dans celui de Jonas ?

— Oh putain, souffla Noah en se passant les mains sur le visage.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? S'intrigua la jeune fille en bifurquant son regard vers son meilleur ami.

— Jonas dort dans la chambre de Noah en ce moment, l'informa Paul, J'imagine qu'il avait oublié de te préciser ce détail.

— J'avais tout simplement oublié ce détail, cracha le concerner, furieux, Mais quand est-ce que ce crétin va retrouver sa chambre, après tout ?

— Quand Aline aura fait le deuil de Betty, rétorqua Paul, sèchement, Et si tu passais un peu plus de temps avec ta grand-mère, tu saurais que ce n'est pas prêt d'arriver. Donc fais un petit effort si tu veux que Jonas retrouve sa chambre.

— Je préférerais même qu'il retrouve sa campagne profonde, cracha Noah avec dédain.

— Euh, les interrompit soudainement Ellie qu'ils avaient presque fini par oublier, Je vais vous laisser alors.

— Bonne idée...

— Non ! S'exclama Noah, Jonas est un invité aussi, au même titre que toi. Ce n'est pas à toi de partir.

— Je n'aime pas être malpolie, reprit Paul en se tournant vers Ellie, Mais si, c'est à toi de partir. Jonas habite ici. Que ça plaise à Noah ou non.

— Non, papa !

— Noah, tu es ridicule ! Tu ne vas pas faire dormir ta copine dans ton lit alors que Jonas est à quelques mètres ! Un peu de décence !

— On va juste dormir.

Son père leva les yeux au ciel, exaspéré.

— C'est bon Noah, reprit Ellie, Tu vas réveiller tout le monde à crier comme ça et puis, je peux rentrer chez moi, j'habite juste à côté.

— Non, je refuse, je...

Mais Noah fut coupé par une sonnerie de téléphone. Après quelques secondes de vibration, Ellie réalisa soudainement qu'il s'agissait du sien et le sortit de son sac à main pour lire le nom du destinataire. Soulagée par cette alternative qui s'offrait à elle, la jeune fille commença à décrocher et rétorqua aux deux membres de la famille Khan qui l'observaient rejoindre la porte d'entrée :

— Il faut que je prenne cet appel, désolée. On se voit plus tard Noah !

Elle sortit de l'appartement en fermant la porte derrière elle. Se retrouvant désormais tous les deux, Paul se retourna vers son fils pour l'observer et s'étonna de son air grave. Noah était visiblement très énervé. En effet, il était en train de se demander quel abruti pouvait appeler Ellie à cette heure si tardive.

Bien sûr, ils avaient décidé d'un commun accord d'être dans une relation libre pour pouvoir profiter de la vie, mais il n'aimait pas qu'elle garde des secrets. Ils s'étaient promis en échange de cet accord de ne jamais se mentir sur leurs autres conquêtes, mais, connaissant la jeune fille, Noah savait qu'elle ne tiendrait pas cette partie du contrat. En même temps, il ne pouvait pas réellement le lui en vouloir. Il était tellement possessif comme garçon qu'il fallait mieux parfois ne pas lui confier ce genre de secrets pour éviter qu'il gâche tout. Cette crainte était mille fois légitime, puisque c'était ce qu'il faisait à chaque fois. Personne ne lui semblait assez bien pour Ellie, à part Jared qu'il avait à peu près tolérer au début de leur relation, et encore le mot était fort vu la haine qu'il lui vouait désormais.

— Noah ? Le sortit soudainement son père de ses pensées.

— Hein ? Quoi ? Se réveilla le garçon en se retournant vers lui.

— Je peux savoir ce qu'il se passe avec Ellie ? Pourquoi tu la revois comme ça ?

— La revoir ? Répéta Noah, sans comprendre, C'est ma meilleure amie, je l'ai toujours vue.

— Moins ces derniers temps quand même, insinua-t-il, Tu t'étais calmé sur les sorties... Mais, qu'est-ce que tu ressens pour Ellie ?

— Pardon ? S'offusqua le garçon.

— Non, parce que j'ai l'impression que cette fille t'emmène plus vers le fond qu'elle ne t'aide réellement ! S'énerva Paul d'un seul coup, sous les yeux ahuris de son fils, Alors je sais que vous vous connaissez depuis longtemps, mais tu ne penses pas qu'il serait temps de la lâcher ? D'aller voir ailleurs ?

— Papa, souffla Noah, estomaqué par ce qu'il venait d'entendre, Ellie est la famille que je n'ai pas eue la chance d'avoir. Comment tu oses dire ça ?

— Arrête un peu ton...

— Pour cette raison, l'interrompit-il, sèchement, Je ne la laisserai jamais tomber.

Paul poussa un long soupir et s'éloigna d'un pas, comme pour prendre du recul par rapport à leur conversation, avant d'enchainer :

— C'est ma faute. On n'aurait jamais dû laisser Aline et Betty vous forcer à vous fréquenter.

— Elles ne nous ont pas forcés, elles...

— Mais arrête, le coupa son père, Depuis que vous êtes mômes, elles vous mettent dans la tête qu'il faut que vous vous mariiez. Elles s'adorent tellement toutes les deux qu'elles veulent absolument être de la même famille. Elles ont fait pareil quand elles avaient vingt ans, Aline avec moi et Betty avec Daniel. Elles nous ont forcés à être amis toute notre enfance et regarde où on en est maintenant ! On n'arrive même plus à se supporter avec Dani !

— Ça, c'est parce que tu n'arrives plus à supporter personne, spécialement les personnes qui ont mieux réussi que toi, ironisa son fils.

— N'importe quoi, souffla son père, Et puis, ne détourne pas le sujet de conversation. Je te dis et je te le redis, je suis persuadé qu'Ellie a une mauvaise influence sur toi.

— Et si c'était moi qui avait une mauvaise influence sur elle ? L'interrogea Noah.

— Non, l'arrêta son père, Quand tu n'es pas avec Ellie, tu deviens raisonnable... Mais dès que cette fille revient dans ta vie, tu repars au quart de tour et tu fais n'importe quoi ! Tu ne vas pas nier ce fait ! Enfin, regarde-toi ! Regarde tes yeux ! Tu es complètement défoncé Noah !

— Et alors ? S'emporta le garçon à son tour, Ellie est la seule personne qui m'a vu grandir, alors peu importe si elle ne te plait pas ! Ce n'est pas parce que tu as trouvé la femme parfaite qu'on va devenir une famille du jour au lendemain ! Si tu voulais vraiment jouer au papa modèle, il fallait le faire quand j'étais petit ! Maintenant, j'ai passé l'âge de ces conneries familiales !

— Non, justement Noah, tu n'as jamais cessé d'être un enfant. Tu crois encore que le monde ne tourne qu'autour de toi !

— Mais tu voulais qu'il tourne autour de qui mon monde ? S'emporta son fils, ivre de rage, J'ai toujours été tout seul ! Et Ellie aussi a toujours été toute seule ! Alors voilà où ça nous a menés. Ça vous dérange tant que ça ? Et bien tant mieux, parce que c'est votre faute.

Paul ne répondit pas et le garçon resta silencieux face à lui. Son père était exactement comme les parents d'Ellie, réalisa Noah, Il préférait rejeter la faute sur les autres plutôt de que se remettre en cause et de se rendre compte à quel point il s'était trompé. Furieux, Noah l'incendia du regard et entreprit de rejoindre sa chambre. Mais lorsqu'il passa à côté de Paul, celui-ci lui attrapa le bras et grinça entre ses dents, comme si ça lui arrachait le cœur :

— Parfois, j'aimerais que ta mère soit encore là pour qu'elle voit quel petit con tu es devenu.

— La faute à qui ? Lança Noah avec ironie en se dégageant de son emprise par un coup de bras rageur, Tu ne m'as pas élevé pour devenir une bonne personne... Non, en fait, tu ne m'as pas élevé du tout.

— Noah ! Hurla Paul, furieux, Je sais que j'ai été absent, mais maintenant je suis là. Et maintenant, je vais...

— Maintenant ? Hallucina son fils, Mais tu ne contrôles plus rien du tout papa... Même ce mot m'écorche la bouche. « Papa », répéta-t-il avec une grimace de dégoût, Tu n'as rien d'un père... T'étais où toutes ces années où je rentrais le soir à pas d'heure, complètement défoncé ? T'étais où quand j'avais des matchs de rugby le dimanche matin ? Qu'est-ce que tu faisais quand je rentrais couvert de sang et de bleus parce que je me battais dans cette banlieue de merde où je traînais juste pour que tu me remarques ? Qu'est-ce que tu faisais quand je vomissais mes tripes dans les toilettes de la salle de bains après avoir mangé ?

Son père fronça les sourcils, incrédule, pas certain de comprendre ce que signifiait cette dernière question, et Noah enchaîna, furieux :

— Tu sais ce que tu faisais, papa ? Tu ne faisais rien parce que t'étais pas là... Mais ce n'est pas parce que tu ne le savais pas, c'est juste que tu n'avais pas envie de le savoir.

— T'as raison, souffla Paul, froidement, Je n'avais pas envie de savoir que mon fils était un raté.

— Que tu m'avais raté, rectifia Noah en lui crachant presque au visage tant il le dégoutait à présent, Je comprends que ça te fasse mal de voir tes propres erreurs. Parce que je ne suis jamais que ce que tu as fait de moi... Rien.

— Ne dis pas ça, siffla Paul, furieux, Tu oses me critiquer quand tu sais ce que le père de Jonas lui a fait pendant toute son enfance ? Tu ne vas pas me dire que ce que j'ai fait était pire que ça ? Je ne me suis jamais abaissé à te frapper moi... Pourtant, tu l'aurais mérité des fois.

— Me frapper ? Répéta-t-il, Pour ça, il faudrait déjà que tu poses les yeux sur moi !

— Arrête Noah d'être toujours plus malheureux que tout le monde ! Explosa Paul, excédé, Tu aurais préféré que je te frappe peut-être ? C'est ça que tu es en train de me dire ?

— Non papa, mais il y a un juste milieu entre frapper quelqu'un et l'ignorer totalement ! Et oui, je pense que l'indifférence peut faire plus de ravage que la haine quelque fois.

— L'indifférence, répéta Paul, dégouté, La vraie indifférence, c'est ta mère qui nous l'a imposé. Ne me compare pas à elle. Je t'en prie.

Ils se turent tous les deux, épuisés, puis Noah reprit si faiblement que son père eut du mal à entendre sa question :

— Pourquoi elle est partie, maman ?

Paul Khan resta estomaqué face à la demande de son fils. En dix-huit années d'existence, il ne l'avait jamais entendu parler de sa mère, encore moins devant lui et encore moins de son absence qui se faisait de plus en plus criante au fil des années. Noah avait grandi depuis toujours avec l'idée qu'il n'avait jamais eu de mère et, au final, Paul avait fini par le croire lui aussi. Comme si son fils n'avait été qu'un don du ciel. Jamais il ne s'était demandé si son enfant avait besoin d'une mère, jamais il ne s'était demandé si elle lui manquait, ou même si eux, lui manquait à elle. Paul l'avait rayée de son existence, croyant bêtement que le mécanisme serait le même sur son fils.

— Pourquoi elle nous a abandonnés ? Enchaina Noah.

Il n'avait encore jamais osé poser la question à voix haute et, pourtant, qui sait combien il désirait en connaître la réponse.

— Je ne sais pas, murmura son père.

— Est-ce que c'était ma faute ?

— Non ! S'exclama Paul en attrapant son fils pour le serrer dans ses bras, Non, non, non, répéta-t-il en empoignant le cou de Noah de sa main puissante, Ne redis jamais ça. Ce n'était pas ta faute.

— Alors ça l'était, comprit le garçon en se reculant de son étreinte.

— Non, pourquoi tu...

— C'était ma faute, papa, le coupa-t-il à nouveau, Elle est partie à ma naissance. C'était forcément à cause de moi.

Une grimace se devina sur le visage de Paul et il avala sa salive, mal à l'aise. Il était temps que Noah apprenne la vérité sur sa mère, songea-t-il en posant une main sur son épaule.

— Noah, ta mère était...

— Je ne veux pas savoir ce qu'elle était, l'interrompit son fils, Je ne veux pas qu'elle ait une existence. Je ne veux pas savoir son nom, son métier, ni même la couleur de ses cheveux. Je ne veux pas qu'elle existe.

— Mais elle existe pourtant.

— Non, pas pour moi, je n'aurais pas dû poser la question.

— Tu as le droit de savoir, reprit son père, Je ne t'en veux pas d'avoir posé la question.

— Oui, j'ai le droit de savoir... Je n'en ai juste pas envie, lui répondit Noah, Je vais me coucher.

— Bonne nuit fiston, murmura Paul en l'observant partir, un pincement au cœur.

Lentement, son visage se décomposa. Depuis toujours, Paul avait toujours redouté ce moment. Ce moment précis où son fils voudrait connaitre sa mère. Puis avec le temps, il avait fini par croire que Noah ne voudrait jamais le savoir. Mais connaissant son fils, cela n'allait plus durer. Maintenant qu'il avait franchi le cap en évoquant sa mère pour la première fois, Paul savait qu'il ne laisserait pas tomber si facilement. Et c'était bien ça qui lui faisait peur.

***

Ellie sortit de l'appartement des Khan, accrochée à son téléphone portable. Sauvée par le gong, il n'y avait pas de meilleures expressions pour désigner ce coup de fil inattendu qui lui avait permis de s'échapper de Noah et son père.

— Allô ? Interrogea-t-elle dans le combiné, se remémorant qu'elle avait tout de même décrochée.

— El' c'est moi, Lucas.

La jeune fille ne répondit pas tout de suite, se demandant pourquoi il l'appelait à cette heure de la nuit, et le garçon enchaina :

— Tu vas bien ?

— Oui merci, murmura Ellie, un peu prise au dépourvue, Je suis étonnée que tu m'appelles. Tu as été clair la dernière fois.

— Non, c'est toi qui l'a été, nuança Lucas, Tu as rompu avec moi... Encore. Je ne compte même plus si tu veux savoir.

Ellie pouffa de rire au téléphone, oubliant presque à quel point elle avait été salope avec lui, et actionna le bouton de l'ascenseur tout en interrogeant le garçon :

— Pourquoi tu m'appelles maintenant Lucas ?

— Parce que tu es occupée ?

La jeune fille s'engouffra dans le petit habitacle rempli de miroir et observa son reflet un instant. Ses yeux étaient encore rouges, ses pupilles dilatées et ses cheveux emmêlés au possible. Seule face à elle-même, elle répondit, blasée :

— Non, pas vraiment.

— Tu es chez toi ?

— Pas vraiment non plus, répondit-elle vaguement, Mais j'y vais.

— Tu as bu ?

— Non, malheureusement, j'étais avec ce crétin de pakistanais. Tu sais bien qu'il ne boit pas d'alcool, alors je me sens obligée de suivre.

— Pour une fois qu'il t'apporte quelque chose de bien celui-là, commenta Lucas.

— Mais on a fumé à la place, je suis encore défoncée.

— Ah oui, ça m'aurait étonné aussi, soupira Lucas, résigné, Merci pour lui de l'avoir remonté dans mon estime l'espace d'une demi-seconde... C'était déjà beaucoup trop.

Ellie pouffa de rire une nouvelle fois en sortant de l'ascenseur et se précipita dans la rue. Elle avait vraiment besoin d'un peu de vent frais sur son visage. Elle ferma les yeux, profita de cet instant de calme, et - face à l'absence de réponse du garçon au bout du fil - elle enchaina :

— Je n'ai jamais voulu te blesser, Lucas.

— Manquerait plus que ce soit volontaire.

— T'es con.

Ils restèrent silencieux un instant, elle sur son bout de trottoir et Lucas, allongé sur son lit.

— Mais tu l'as pourtant fait, reprit-il, Me blesser. Plusieurs fois.

— Je sais, murmura Ellie, C'était peut-être une bonne raison de te quitter, tu ne crois pas ? Pour arrêter enfin de te faire du mal ?

— Ce serait une bonne raison si ça ne faisait pas aussi mal que tout le reste, commenta le garçon, amusé, Mais ce n'est pas le cas.

— Alors qu'est-ce que je peux faire d'autre ? L'interrogea-t-elle.

— Déjà, si tu pouvais arrêter de te couper les veines, ça m'arrangerait.

Le visage de la jeune fille s'assombrit à l'instant. Bien sûr, il était au courant. Quelle autre raison l'aurait-il poussé à appeler aussi tard ? Noah n'en avait pourtant parlé à personne, comment cette histoire avait-elle pu se propager ? S'interrogea Ellie, exaspérée. C'était ridicule, elle n'avait même pas voulu se suicider, elle s'était juste volontairement blessée pour se punir. Pas besoin d'en faire un drame.

Pourtant, Ellie le savait, les gens de son monde ne fonctionnaient pas comme ça, pour eux c'était tout ou rien. Peu importe ce qu'il pouvait arriver, soit l'évènement prenait une tournure dramatique, exagéré par les ragots de l'élite parisienne, soit – et c'était d'ailleurs ce qui se passait le plus souvent – il passait à la trappe, noyé sous l'indifférence générale de ce milieu bourgeois et confiné. En outre, tout ce qui pouvait vous arriver dans ce monde était exagéré ou omis, ce choix dépendant de l'importance de la personne concernée. Et depuis toujours, Ellie faisait partie de la première catégorie. Ce n'était pas qu'elle s'en plaignait, bien au contraire, mais elle devait reconnaître que parfois la popularité pouvait être lourde à porter.

— El' ? Interrogea Lucas, Je sais que j'ai dit ça un peu brutalement pour l'effet de surprise, mais ne me fais pas un arrêt cardiaque... Ou fais-en un si tu veux. Ça sera peut-être plus rapide que de se couper les veines.

— Je t'emmerde.

Lucas pouvait être si déconcertant dans ses propos, quelques fois, elle en avait presque oublié à quel point il était aussi taré qu'elle.

— Enfin, je dis ça sur le ton de la plaisanterie, mais ça ne m'a vraiment pas faire rire quand je l'ai appris, reprit-il plus sérieusement.

— Qui te l'a dit ?

— Ça a de l'importance ?

— Ouais, peu importe, lui accorda-t-elle, De toute façon, je suis sûre que tout le lycée est déjà au courant.

— Oui je crois, lui confirma Lucas, Tout le monde ne parlait que de toi aujourd'hui.

— Non, mais ça c'est habituel.

Elle était presque sûre qu'il avait esquissé un sourire.

— C'est pour ça que tu m'as appelée ? Pour vérifier si j'étais toujours en vie ?

— Non, pour te demander l'heure, ironisa Lucas, Tu vois, moi aussi, je peux faire des blagues pourries.

— Ce n'était pas vraiment une blague, avoue que tout le monde parle de moi au lycée.

— Quelle prétentieuse...

— Avoue.

— D'accord ! S'exclama-t-il en riant, Tu es la star du lycée, ça te va ? Même si, franchement, je ne comprends pas leur choix. Tu es loin d'être un modèle pour la future génération.

— Justement, tu ne penses pas que les gens en ont marre des modèles ? C'est peut-être pour ça qu'ils me préfèrent à Gabi. Cette fille est trop parfaite pour être réelle.

— Moi, je trouve qu'elle est loin d'être parfaite, l'arrêta Lucas.

— C'est ta cousine et tu la détestes, tu n'es pas objectif.

— C'est ta meilleure amie et tu la détestes, rectifia le garçon, Tu n'es pas objectif non plus.

— Je ne la déteste pas ! S'offusqua Ellie, surprise.

— Ne me mens pas, je te connais trop bien maintenant.

— Alors pourquoi je la détesterais monsieur le psy ? Ironisa la jeune fille.

— Tu l'as dit toi-même, tu la trouves parfaite.

Ellie se mordilla la lèvre inférieure, pour le coup, elle s'était bien faite avoir.

— Oui, mais je n'ai jamais dit que je voulais être parfaite, je...

— Laisse tomber, la coupa Lucas, Tu as tort.

— Je suis Ellie Lefevre, je ne cherche pas à ressembler à qui que ce soit, rétorqua la jeune fille, vexée.

— Oui, tu es Ellie Lefevre, répéta Lucas, exaspéré, Et tu veux que je te dise ? Ellie Lefevre, elle a un cœur, comme tout le monde, et il faudra bien qu'il lui serve un jour.

La jeune fille ne répondit pas tout de suite, ignorant d'ailleurs ce qu'elle pouvait bien rétorquer, et Lucas enchaina :

— Bref, je devrais te laisser. Bonne nuit El'.

— Oui, bonne nuit, crétin, murmura-t-elle en raccrochant rapidement, évitant ainsi de se faire insulter à son tour.

C'était un fait, Ellie adorait avoir le dernier mot.  

Continue Reading

You'll Also Like

241K 31.6K 44
-C'EST TRES BEAU, ai-je dit très fort. -JE SAIS. Il s'est assis sur un banc au bord de l'eau calme et je l'ai imité. Il a souri. J'ai souri. Le héro...
42.4K 2.5K 22
Une histoire centrée sur saphael mais tous les petits chouchous y sont aussi Simon a donné sa marque de Cain pour obtenir l'épée qui a tué Jo...
8.6M 217K 73
Une jeune fille d'origine Algérienne est mariée de force a son pire ennemi à cause de son père. Acceptera t'elle ? Pardonnera t'elle à sa famille...
5.7K 142 10
{TERMINÉ} Lucy viens d'arriver à sa nouvelle école et rencontre un bad boy qui pourrait peut-être s'intéresser à elle. Au début elle le trouve idiot...