Nantis

Door FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... Meer

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 4 : I want to break free

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Door FlorieC



La nuque engourdit, Noah Khan ouvrit les yeux et se remémora pourquoi il arborait une position aussi inconfortable. Il était en train de passer la nuit dans un lit d'hôpital, à côté de sa meilleure amie. Passant une main sur son visage, il chercha ensuite la jeune fille en caressant la couverture, mais ne trouva que le rebord du lit. Surpris, il ouvrit les yeux et se releva, jetant de rapides coups d'œil autour de lui. La pièce était vide et seule la lumière de la lune venait éclairer la petite pièce. Il tourna son regard vers la table de chevet, lisant l'heure sur le radio réveil qui indiquait quatre heures du matin. Il bifurqua son regard vers la salle de bains. Elle était peut-être partie aux toilettes, tenta-t-il de se rassurer en se levant toutefois pour vérifier.

— Ellie ? Interrogea-t-il avant d'ouvrir la porte.

Mais la salle de bains était vide, elle aussi. Commençant à paniquer, le garçon alluma la lumière de la chambre et regarda pour la énième fois tout autour de lui. Cette fois, son regard se stoppa sur une feuille pliée en quatre et posée au pied du lit. Derechef, il se précipita dessus et lut rapidement : « Noah, ne perds pas ton temps à sauver ce qui est déjà perdu, Ellie. »

Furieux, le garçon déchira le mot avant de laisser les différents morceaux de papiers tomber sur le sol de la chambre. Il se précipita vers le fauteuil où il avait laissé ses affaires et s'habilla rapidement. Et si elle était repartie faire une connerie ? Et s'il n'arrivait pas à temps ? S'interrogea-t-il, paniqué, avant de se calmer.

Ellie lui avait promis de ne jamais se remettre en danger, elle ne pouvait pas le trahir de cette façon. Il s'arrêta un instant, dubitatif. Ellie lui avait aussi promis de ne jamais sortir avec Lucas et, pourtant, elle lui avait menti à maintes reprises à ce sujet, réalisa-t-il, résigné d'avoir choisi une meilleure amie aussi peu digne de confiance.

N'en pouvant plus de se poser tant de questions, Noah se précipita sur la porte et se rua à l'extérieur du bâtiment. Lorsqu'il arriva sur le parking désert, il regarda tout autour de lui d'un air paniqué. On était en plein milieu de la nuit et il commençait à pleuvoir. Il n'avait aucune idée de l'endroit où chercher. Noah avait toujours eu l'habitude de dire que Paris était bien plus petit qu'on ne le pensait, mais, cette nuit, la ville lui paraissait immense.

Il sortit son téléphone portable de sa poche tout en se maudissant de ne pas y avoir pensé avant et sélectionna le numéro de sa meilleure amie. Après plusieurs sonneries dans le vide, il tomba sur son répondeur et poussa un soupir d'exaspération avant de laisser un message :

— El', c'est moi, Noah. Je ne sais pas quelle foutue connerie tu es en train de me faire, mais je te jure que si tu ne t'es pas tuée avant que je n'arrive, c'est moi qui m'en chargerai.

Puis il raccrocha, furieux, et rangea son portable dans sa poche.

***

Le réveil sur sa table de nuit sonna en un bruit strident et Anna Joly l'éteignit rapidement pour pouvoir cacher son visage dans son oreiller. Il était cinq heures trente du matin et, comme tous les matins depuis qu'elle allait à l'école, elle était obligée de se lever à l'aube pour rejoindre son lycée privé en plein centre-ville. Cela ne lui avait jamais réellement posé de problèmes, mais depuis que Jared et Ruben s'étaient installés chez elle, les soirées avaient tendance à s'éterniser et elle dormait de moins en moins. Grommelant sous ses couvertures, elle dû se faire violence pour quitter son cocon et attrapa son peignoir pour s'en recouvrir. Lentement, elle se dirigea vers la cuisine, au rez-de-chaussée. Tant qu'elle n'avait pas bu son café, elle était incapable de quoi que ce soit.

Arrivée dans la pièce, Anna aperçut sa petite-sœur installée à la table. Son regard vide était perdu dans la contemplation de ces céréales et la jeune fille ne l'entendit même pas arriver dans la cuisine. Comme elles se supportaient de mieux en mieux ces derniers temps, Ophélie avait pris l'habitude de rester avec sa sœur et ses deux amis, le soir, donc autant dire qu'elle se couchait aussi tard qu'eux. En plus, la belle brune était plus coquette que son ainé et se levait donc une demi-heure plus tôt, pour avoir le temps de se coiffer et se maquiller, lorsqu'Anna ne passait qu'un rapide coup de peigne dans ses cheveux, le maquillage étant aussi banni de son visage.

— Hey, murmura Anna pour faire réagir sa sœur.

Ophélie releva subitement son regard vers elle et sembla sortir de son demi-sommeil.

— Bien dormie ? Enchaina sa grande-sœur en se servant une tasse de café.

— Ça se voit non ? Ironisa la jeune fille.

— Non, ça ne se voit pas, puisque ton visage est recouvert de fond de teint, renchérit sa sœur sans même vouloir paraître ironique.

— Oh moins, je n'ai pas ton visage de zombie, rétorqua Ophélie, vexée.

Anna ne voulut pas relever le commentaire et préféra en rester là. Elle embarqua sa tasse de café pour la monter à l'étage et pouvoir se préparer en même temps, mais sa sœur l'arrêta avant qu'elle ne sorte de la cuisine :

— Les garçons ne sont pas levés ?

— Jared va probablement dormir jusqu'à midi, vu qu'il ne fait rien de ses journées et Ruben commence plus tard le lundi matin, lui répondit Anna.

— Oh ok... Et aussi, reprit la jeune fille lorsque sa sœur voulut sortir à nouveau de la pièce, Maman m'a demandé d'aller la réveiller car elle n'entend jamais son réveil.

— Et pourquoi tu ne l'as pas fait ?

— Je l'ai fait, la coupa Ophélie, Elle dort si profondément... Je n'ai pas réussi. Il y avait des mouchoirs froissés partout dans son lit, je pense qu'elle a pleuré toute la nuit. Il faudrait peut-être qu'on fasse quelque chose ?

— Je vais aller la réveiller, répondit Anna, ce qui ne répondait d'ailleurs pas à la question.

La jeune fille sortit de la pièce, suivie de près par sa petite-sœur, et Anna frappa à la porte de la chambre de Cécile. Aucun autre bruit que son ronflement ne leur parvint et les deux sœurs s'engouffrèrent dans la pièce. Celle-ci sentait le renfermé, ainsi que le tabac froid.

— Je ne savais pas que maman avait recommencé à fumer, murmura Anna à Ophélie.

— Elle a repris il y a quelques jours, désolée, j'aurais dû te tenir au courant.

— Comme si on avait besoin qu'elle balance le fric dans les clopes en ce moment, grinça la jeune fille, furieuse.

Elles avancèrent toutefois vers le lit de Cécile et Anna la secoua gentiment par le bras :

— Maman, debout. Maman ?

— Hum... Il est quelle heure ?

— Bientôt six heures, répondit Ophélie.

— Mais pourquoi si tôt ? Grinça Cécile en se cachant sous les couvertures.

— Parce qu'on va bientôt partir au lycée et que si on ne te réveille pas, maintenant, tu vas rester au lit toute la journée ! Rétorqua Anna en tirant sur la couverture.

— Hey ! S'écria sa mère, énervée, Il fait froid ! Et puis je n'ai rien à faire de mes journées.

— Si, chercher du travail, rétorqua son ainée, sèchement, Allez debout !

— J'ai mal à la tête...

— Maman ! S'offusquèrent les deux sœurs à l'unisson, outrée de voir leur mère agir comme une gamine de dix ans qui refuserait d'aller à l'école.

— Fais un effort, enchaina Ophélie, Anna a un entretien d'embauche pour McDo ce soir et moi, j'ai accepté un babysitting jusqu'à quatre heures du matin ! Tout le monde doit participer !

— Oui je sais, mes chéries, mais... J'ai très mal dormi cette nuit. A peine une heure. Personne ne m'embauchera avec cette tête-là.

Cette fois, elles ne purent pas vraiment la contredire.

— Maman, continua Anna, On compte sur toi. Aie un peu plus confiance.

— Demain, la coupa Cécile après un énième bâillement, Promis juré, demain, je me lève et je cherche du travail toute la journée, Laissez-moi me reposer, juste aujourd'hui, c'est promis. J'ai vraiment mal à la tête.

— D'accord, acceptèrent les deux sœurs à contrecœur, Dors encore un peu.

Anna et Ophélie sortirent de la chambre et refermèrent la porte derrière elles, poussant un soupir de résignation.

— Elle va vraiment mal, murmura Ophélie, Je crois que je n'avais pas réalisé à quel point elle était déprimée.

— Son mari l'a quitté pour sortir avec une étudiante et elle a l'impression d'être totalement incompétente, puisqu'elle n'arrive pas à trouver un boulot, lui répondit Anna, N'importe quelle personne censée serait déprimée. Il faut juste lui laisser du temps. Elle ira mieux, tu verras. Il faut juste sortir de cette mauvaise période.

— Oui, marmonna sa sœur, pas vraiment convaincue, Sauf que maman n'a jamais été une personne censée.

Anna se tut un instant, réfléchissant, puis rétorqua en passant une main sur l'épaule de la jeune fille :

— Arrête de t'inquiéter, on va s'en sortir.

— Tu n'as toujours pas eu de nouvelles de papa ?

— Non, répondit Anna, Et tu veux que je te dise ? Si un jour il appelle, je me ferais une joie de lui raccrocher au nez.

Ophélie esquissa un sourire, même si elle savait que sa sœur mentait. Si Marc se décidait enfin à les rappeler, elle savait qu'Anna le supplierait de revenir. Mais elle réalisa qu'elle ne pourrait pas vraiment le lui reprocher.

***

Les premiers rayons du soleil commençaient à éclairer le ciel, malgré la pluie qui tombait, et Noah Khan s'arrêta pour réfléchir. Cela faisait bientôt trois heures qu'il parcourait toute la capitale dans l'espoir de retrouver Ellie et il était complètement trempé. Dans les rues, le garçon vit apparaître les premiers hommes d'affaires et des femmes en tailleurs qui courraient pour attraper un taxi ou un métro, leur visage tiré par la fatigue et l'ennui de recommencer une nouvelle semaine. C'était ce que le lundi matin provoquait à Paris, des tronches encore plus déprimés que d'habitude.

Noah se frotta le visage de ses deux mains, essuyant les gouttes de pluies qui perlaient sur son visage et réalisant par la même occasion qu'il devait avoir la même tête que tous ces zombies, mais pour une raison tout à fait différente. Pour le coup, il aurait vraiment préféré tirer la tronche par flemme d'aller au lycée plutôt que par inquiétude pour sa meilleure amie qui était perdue quelque part dans Paris.

Résigné, il poussa un long soupir et observa l'horizon devant lui, apercevant au loin la fontaine du Trocadéro. Soudainement, son sang se stoppa dans ses veines et il esquissa un sourire, soulagé. La fontaine, mais pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? S'interrogea-t-il en pestant intérieurement contre lui-même.

Rassuré, Noah enfonça ses mains dans les poches de son jean noir et il traversa la rue pour rejoindre la célèbre place, juste en face de la Tour Eiffel. Arrivé devant l'immense fontaine, il ne mit pas longtemps à reconnaître la forme féminine qui divaguait plus loin, une bouteille à la main et les pieds dans l'eau. Il s'approcha doucement de sa meilleure amie et se planta devant elle en silence. Quand elle l'aperçut, Ellie murmura un « oh » de résignation à peine audible et cacha la bouteille derrière son dos.

Blasé, Noah leva les yeux au ciel, se demandant si elle pensait réellement lui avoir caché l'objet du crime, et il déclara, sèchement :

— Alors voilà, t'es saoule, trempée, debout dans une fontaine et tu n'en as rien à foutre. Qu'est-ce que tu fais putain, El' ? On s'est toujours dit qu'on la raterait ensemble, notre vie... Pourquoi tu ne m'attends pas ?

— Rejoins-moi, proposa la jeune fille en lui tendant sa main, Maintenant. Qu'est-ce que tu as à perdre, de toute façon ? C'est le moment parfait pour foutre notre vie en l'air.

— Ah oui ? Avant même de l'avoir vraiment commencée ?

— Mais oui, putain ! C'est ce que tu ne comprends pas Noah ! Tu sais, si on ne fait pas gaffe, dans quelques mois, on sera diplômés, on entrera dans cette merveilleuse période des « études supérieures » qui rend tout le monde tellement chiant et pathétique. Et puis, toi, tu te caseras avec Anna ou je ne sais quelle autre petite-amie parfaite et propre sur elle. Moi, je serai probablement avec un paumé du genre de Jared ou Lucas... Et les gens, ils diront de nous qu'on est enfin dans une relation stable.

La jeune fille s'arrêta, ressortant de son dos la bouteille d'alcool qu'elle avait encore dans la main pour la porter à ses lèvres, puis elle enchaina :

— Mais elle pue cette expression, elle pue la merde !

Noah ne trouva rien de particulier à ajouter, se contentant d'observer Ellie en silence, un pincement au cœur. Puis sa meilleure amie continua, faisant jouer ses pieds dans l'eau de la fontaine, malgré la pluie qui leur coulait dessus de plus en plus fort :

— Ensuite, on prendra un petit appartement pour avoir notre propre vie, nos responsabilités, et puis peut-être même qu'on habitera avec « relation stable » du moment. Après on se trouvera un petit boulot pour financer cette vie de merde tout en étant indépendant financièrement de nos parents... Et voilà.

— Voilà quoi ? L'interrogea Noah sans comprendre.

— Voilà la belle vie stable et chiante qui nous attend, reprit-elle, sèchement en portant de nouveau la bouteille d'alcool à ses lèvres, Mais moi, je ne veux pas qu'elle soit stable ma vie, Noah. Je veux qu'elle pète de tous les côtés, je veux ne pas savoir où donner de la tête, je veux ne pas savoir ce qui se passera demain.

— Ellie, l'arrêta son meilleur ami, sèchement, Tu vas avoir dix-huit ans, pas quarante. Arrête un peu ton délire.

— Dix-huit ou quarante, ça ne change rien. Toi comme moi, on sait que ces changements vont arriver, parce qu'on n'y peut rien. C'est la vie de grandir. Alors pourquoi on ne foutrait pas tout en l'air avant que ça nous arrive ? On risque rien parce qu'on n'a rien construit encore. On ne risque rien, répéta-t-elle, les yeux dans le vide.

— A part être des putains de clichés, commenta Noah, Comme tous ces gosses de riches qu'on voit dans les films et qui gâchent leur vie pour un peu d'adrénaline.

— Et bien oui, c'est ce qu'on sera, lui affirma la jeune fille, Et où est le mal, franchement ? Ça serait tellement bien si, pour une fois, tout le monde pouvait rester dans la catégorie qui lui a été attribuée à la naissance. Il n'y aurait plus de mauvaises surprises. On saurait à quoi s'en tenir avec les gens, avant même de les avoir rencontrés. Et eux, ils n'attendront rien de nous, parce qu'ils sauront qu'on n'a rien à leur donner : zéro confiance, zéro compassion, zéro amitié, rien. Et personne ne voudra nous aider à nous en sortir, parce qu'on est cons et qu'ils sauront qu'on ne mérite pas tant d'efforts de leur part... Franchement, Noah, ce ne serait pas génial si tout le monde nous foutait enfin la paix ?

— Tu dis ça maintenant, mais tu adores qu'on s'occupe de toi, tu ne supporterais pas cette vie une seule seconde.

— Et toi alors ? L'interrogea la jeune fille, vexée, Je suis persuadé que tu commences déjà à péter un câble, à vivre dans les attentes des autres comme ça. Ethan qui attend que tu te comportes comme un véritable meilleur ami et que tu ne touches pas à sa meuf que tu voudrais baiser. Anna qui attend que tu deviennes ce parfait petit-ami dont elle a toujours rêvé. Ton père qui attend que tu deviennes bon dans tes études pour reprendre sa société. Au fond de toi, tu ne rêves que d'une seule chose, Noah... Tu voudrais leur cracher à la gueule toutes ses conneries. Tu voudrais qu'ils arrêtent de compter sur toi pour combler leur vie de merde. Tu voudrais leur dire de se démerder tout seul s'ils veulent vraiment être heureux.

Le garçon avala sa salive avec difficulté. Comme à son habitude, sa meilleure amie savait lire dans ses pensées. En réalité, la jeune fille était la seule personne qui arrivait à le comprendre, plus que lui-même, généralement, puisqu'il avait souvent du mal à savoir ce qui motivait ses actions.

Ellie s'arrêta pendant un instant, reprenant une gorgée de sa boisson fétiche, et elle enchaina, un trémolo dans la voix :

— Pourquoi on devrait les aider à être heureux, après tout ? Ce n'est pas notre faute si nous, on n'y arrive pas. Pourquoi les gens ils veulent absolument nous le reprocher ? Ce n'était pas comme si ça les concernait.

Elle était belle Ellie, elle était même magnifique, songea Noah en l'observant de sa position légèrement inférieure. Ses cheveux bruns mouillés par la pluie pendaient de part et d'autre de ses épaules, gouttant sur les pointes. Ses yeux cernés de noir, son eyeliner coulant légèrement sur ses joues et rendant son regard encore plus saisissant. Sa peau était si claire, ses lèvres si rouges, ses cheveux si noirs et ses yeux si bleus. Tout n'était que contraste en elle, un contraste qui traduisait tellement sa personnalité que c'en était déconcertant. Sa façon de penser, sa manière de parler, son rire, les rides qui se formaient sur son front lorsqu'elle était en colère, sa manie de se lécher les lèvres avec le bout de la langue, tout le rendait fou et tout lui rappelait à quel point elle était le centre de sa vie.

Sans réfléchir, Noah plongea dans la fontaine et la rejoignit. Il agrippa sa taille, la colla à son corps et posa ses lèvres sur les siennes. Sa langue s'enfonça dans la bouche de sa partenaire et il reconnut derechef le goût de la tequila. Noah n'avait jamais bu d'alcool, mais il en connaissait la saveur grâce aux baisers qu'il avait échangés avec de multiples partenaires tout au long de sa vie. Mais, ce jour, la saveur avait un goût d'interdit, un goût de défi, un goût blasphématoire. Ce n'était pas à sa religion qu'il désobéissait en appréciant le goût de ses lèvres alcoolisées, mais à lui-même. Il embrassait Ellie Lefevre. C'était fou et en même temps si évident qu'il se demanda à l'instant pourquoi il ne l'avait pas fait plus tôt. Ils étaient attirés l'un par l'autre depuis toujours et, pourtant, il ne l'avait pas vu venir. Mais pourquoi n'avaient-ils jamais osé sauter le pas tous les deux ? Arrêtant de se poser plus de questions, Noah encadra le visage tétanisé de surprise d'Ellie de ses deux mains puissantes et continua ses baisers, incapable de s'arrêter.

— Putain, souffla-t-il alors que son cœur était sur le point d'exploser dans sa poitrine, Tu m'as tellement manqué.

Avant qu'Ellie n'ait le temps de rétorquer quoi que ce soit, il replongea vers ses lèvres. Commençant légèrement à s'habituer à ce qu'il était en train de se passer, Ellie lâcha finalement sa bouteille d'alcool qui tomba dans l'eau de la fontaine et déplaça timidement ses mains pour les arrêter dans le dos de Noah. Bien sûr, elle savait qu'il y avait toujours eu une attirance entre eux deux, une sorte d'étincelle, mais elle n'avait jamais réellement pensé à leur relation en ces termes. S'embrasser de cette manière, c'était délicieusement agréable, mais, en même temps, elle avait l'impression de faire quelque chose de mal, quelque chose qu'elle allait regretter, qu'ils allaient regretter tous les deux. C'était tellement bon et mauvais à la fois, elle avait envie d'en pleurer.

— Mais qu'est-ce que tu fais, putain ? L'interrogea-t-elle lorsqu'il plongea ses lèvres dans le cou de la jeune fille.

— Ce que tu m'as demandé, répondit le garçon.

Noah releva son visage vers elle et continua, encore essoufflé par ce moment de tendresse :

— Je suis en train de foutre notre vie en l'air.

Ellie esquissa un sourire, malgré la détresse qui résonnait dans cette réponse, et elle attira le garçon à ses lèvres pour continuer là où ils s'étaient arrêtés. Leur relation avait toujours eu un goût d'interdit, aujourd'hui, elle prenait le goût de la perversion, tel un inceste. Noah et Ellie, tout le monde les avait toujours considérés comme frère et sœur, personne n'allait comprendre ce retournement de situation, et c'était ça le plus excitant. Agir contre le prévisible, contre le déjà-vu, contre ce qu'on attendait d'eux.

Noah releva son regard vers elle et l'observa, en silence. Ellie et son côté garce, son côté doux, son côté drôle, son coté suicidaire, son côté inspiré, son côté romantique, son côté attendrissant, Ellie et ses personnalités. Elle était tout ce dont il avait besoin et, en même temps, l'exacte contraire de ce dont il devrait avoir besoin. Et rien ne l'attirait plus que ce qui lui était interdit.

***

Anna Joly sortit de son cours d'anglais, un sourire légèrement crispé au coin des lèvres. Pendant le cours, la jeune fille avait reçu un SMS de Noah : « Ne romps pas avec Ethan. Il faut qu'on parle ». Un message bref qui n'annonçait rien de bon. Anxieuse, elle lui avait répondu pour avoir plus d'explications et le garçon lui avait simplement donné rendez-vous en fin de journée, dans le parc pour enfants près de chez elle. Même si Anna était pressée de le revoir, car Noah n'était toujours pas retourné au lycée depuis le décès de Betty Lefevre, elle devait reconnaître qu'elle redoutait ce moment. Par SMS, il avait été plutôt froid et distant, ce qui n'était pas vraiment logique, vu ce qu'il s'était passé le week-end dernier dans les vestiaires de sport. Mais que lui prenait-il ? S'interrogea la jeune fille qui ne faisait plus attention où elle mettait les pieds.

Brutalement, elle percuta le dos d'un jeune homme juste devant elle et sortit de ses pensées. Elle s'excusa auprès de la personne et lança un rapide coup d'œil autour d'elle. Amusée, elle remarqua que son estomac avait commandé à la place de son cerveau, vu qu'elle se trouvait juste devant le réfectoire. Rapidement, elle repéra Ethan et sa bande qui étaient un peu plus loin dans la file d'attente et elle en profita pour les rejoindre. Elle salua son petit-ami d'un rapide baiser sur les lèvres et lança un bonjour collectif pour les autres personnes, autrement dit, Gabrielle, Yanis et Esther.

— Ça va ? L'interrogea Ethan lorsqu'elle se mit derrière lui dans la file d'attente, Tu as l'air fatigué.

— Oui, je n'ai pas beaucoup dormi, c'est un peu la folie en ce moment à la maison.

— Comment ça ?

— Ma mère fait des crises d'angoisses pendant la nuit, l'informa la jeune fille, Elle se relève, pleure, et crie parfois. Souvent, c'est Jared qui se relève pour tenter de maitriser la situation. Je crois qu'il se sent un peu coupable des fois, de s'imposer avec son frère, alors qu'on a déjà du mal à vivre à trois.

— Oui normal, commenta Ethan, Moi aussi, je trouve qu'ils abusent un peu quand même. Ils pourraient essayer de trouver autre chose.

— C'est ce qu'ils font, précisa Anna, Mais ils ne trouvent pas. Et puis, je suis contente qu'ils soient là. Ça met un peu de joie dans la maison, franchement, on en a besoin.

— Oui, mais avec vos problèmes d'argent, ils...

— Participent aussi, termina Anna à sa place, Ne t'inquiète pas pour ça.

— Jared participe grâce à son trafic de drogue, souffla Ethan, blasé, Je ne pense pas que ce soit une bonne idée car, d'une manière ou d'une autre, ça vous implique dans sa connerie.

— Jared fait ce qu'il veut de son temps libre et ce qu'il veut de l'argent qu'il gagne, le coupa Anna, sèchement, On ne peut pas se permettre de refuser.

— Mais moi aussi, j'ai de l'argent, Anna ! S'exclama Ethan tout en se fichant que le reste de la queue entende leur conversation, Plein d'argent ! Pourquoi tu refuses mon aide ?

— Je ne suis pas le genre de filles qui se fait entretenir.

Mais tu es le genre de filles qui trompe son copain, songea Ethan, en silence.

— Je n'ai pas besoin de ton argent, continua Anna, sans même apercevoir la moue sceptique du garçon, On va se débrouiller. Et puis, juste après les cours, j'ai un entretien pour bosser à McDo. Si je peux avoir ce job, ce sera parfait pour repartir.

Son petit-ami leva les yeux au ciel excédé, avant de rétorquer sèchement :

— Et ta mère, elle a trouvé quelque chose ? C'est à elle de travailler, pas à toi.

— Ce n'est pas si facile Ethan, murmura-t-elle alors qu'ils pénétrèrent dans le réfectoire.

— C'était quoi ce ton ? L'interrogea le garçon, choqué.

— Quel ton ?

— Le ton que tu viens de prendre ! S'indigna-t-il, Un ton condescendant, comme si j'étais incapable de comprendre ce qu'il vous arrivait !

— Mais non, ce n'est pas ça, enchaina Anna en attrapant un ramequin rempli de concombre devant elle, C'est juste que...

— Juste que quoi ? La coupa le garçon en prenant la même chose qu'elle.

— Je pense que personne dans ta famille n'a jamais été au chômage, lâcha-t-elle, Ma mère n'a pas de qualification et pas de diplôme. Elle ne trouvera pas un travail du jour au lendemain.

— Ah oui, donc tu penses que je suis tellement bourge et hautain que je ne sais pas ce genre de choses ? Enchaina Ethan en continuant de remplir son plateau de nourriture, Tu penses que, parce que j'ai de l'argent, je suis incapable de comprendre ce qu'il se passe dans notre société ?

— On est obligés d'avoir ce genre de conversations en ce moment ? Souffla Anna, blasée.

— Oui ! S'exclama Ethan en s'arrêtant devant les serveurs du réfectoire, Hachis Parmentier, s'il-vous-plait, enchaina-t-il à leur attention, Oui, on doit en parler, car je n'en reviens pas que tu penses ce genre de choses.

— Je ne pense pas ce genre de choses ! Répéta Anna, outrée, C'est toi qui est en train de te monter la tête ! J'ai juste dit que...

— Que je ne pouvais pas comprendre ta situation car personne de ma famille n'a jamais été au chômage, compléta Ethan à sa place.

— Oui, termina Anna, Haricots et poulet pour moi, s'il-vous-plait, continua-t-elle à l'attention des serveurs qui les regardaient, incrédules, Et alors, tu oses dire le contraire ?

— Quoi ?! S'écria-t-il, choqué qu'elle ose continuer dans cette voie, Tu penses sincèrement que, parce que je ne vis pas personnellement ce que vit plus de la moitié des habitants de ce pays, je suis incapable de les comprendre ?

— Et bien oui un peu, lui avoua la jeune fille, C'est bien beau de savoir en parler, encore faut-il agir.

— Mon père a travaillé à l'Assemblée Nationale pendant plusieurs années, l'arrêta le garçon, vexé, Il a agi et lutté contre le chômage, tout comme le gouvernement est en train de faire en ce moment !

— Mais pourquoi tu le prends aussi mal ? L'interrogea Anna, incrédule, Parce qu'on dirait sérieusement que je viens de t'insulter personnellement ! Enchaina la jeune fille en cherchant une table dans le réfectoire pour s'assoir.

— Parce que tu es en train d'insulter ma famille !

— N'importe quoi...

Finalement, elle repéra une table libre plus loin et s'y rendit, Ethan sur ses pas :

— Bien sûr que si, Anna ! J'en ai marre des personnes comme toi qui rejettent sans cesse la faute sur les politiciens. Parce qu'ils sont bien payés, le peuple les méprise en se disant qu'ils se contentent de bien parler et de sourire, sans savoir de quoi ils parlent, comme s'ils vivaient dans un monde à part du leur. Putain, leur job, c'est justement de voir la société telle qu'elle est pour l'améliorer. Je ne te dis pas qu'ils vont refaire le monde, mais ils essayent déjà de faire quelque chose, alors ça me fait rire quand ceux qui n'en glandent pas une se permettent de critiquer.

— Ceux qui n'en glandent pas une ? Répéta Anna, sceptique, en s'installant à la table libre, Autrement dit, ma mère ?

— Oui, par exemple, lui accorda Ethan en s'asseyant face à elle, Et toi aussi.

— Moi ? S'étrangla Anna, Je suis encore une lycéenne, je ne vois pas le rapport !

— Oui d'accord, se calma son petit-ami, Ce que je veux dire c'est juste... Mon père était député quand j'étais petit. Je ne l'ai pratiquement pas vu à cette période de ma vie. Il partait tôt le matin et rentrait tard le soir. Il a lutté contre le chômage, c'était un de ses premiers combats, c'était un problème de société qui le touchait beaucoup. Et je l'ai vu rentrer épuisé de ses journées. Je l'ai vu anéanti quand les choses n'allaient pas comme il le voulait et ça n'allait jamais comme il le voulait. Alors je lui ai dit d'arrêter de se prendre la tête, que de toute façon les choses vont mal et que ça restera toujours ainsi. Je lui ai dit de ne pas porter tout le malheur du monde sur son dos. Je lui ai dit qu'un seul homme n'était pas capable de changer la société et qu'il devait l'accepter. Tu sais ce qu'il m'a répondu ?

— Je suppose que tu vas me le dire.

— Il a répondu que s'il ne croyait pas qu'un homme peut changer les choses, il n'aurait pas choisi ce métier.

Anna esquissa un sourire, amusée, avant de se plonger dans son plat de concombres.

Ethan l'interrogea :

— Quoi encore ? C'était quoi ce sourire ?

— Rien, murmura sa petite-amie en relevant son visage vers lui, Je me disais juste qu'il ne devait pas y croire tant que ça, vu qu'il a changé de métier.

Sans répondre à cette provocation, Ethan se releva de sa chaise et s'empara de son plateau en fusillant du regard la jeune fille.

— Sérieusement ? Souffla Anna en l'observant faire, Tu vas réellement partir sans rien manger ?

— Qui a dit que je n'allais rien manger ? L'interrogea-t-il, froidement, Je vais juste changer de table. Rejoindre des gens qui ne pensent pas que je ne suis qu'un petit con de riche.

— Je ne pense pas ça, l'arrêta-t-elle.

Mais sincèrement, elle était tellement fatiguée qu'elle n'avait pas la force de paraître plus convaincante.

— Salut Anna, lâcha Ethan avant de rejoindre la table de Gabrielle, Yanis et Esther qui observaient leur dispute au loin, un sourire de satisfaction sur leurs lèvres.

Dépitée, Anna réalisa qu'elle se retrouvait complètement seule à sa table, ce qui ne lui était pas arrivée depuis longtemps. Tant pis, songea-t-elle en continuant de manger, après tout ce qu'il s'était passé ces derniers temps, elle n'était plus à ça près.

***

Noah se laissa lentement porter par la balançoire sur laquelle il était installé. Il ne pouvait s'empêcher de repenser au baiser qu'il avait échangé avec Ellie, ce matin. La scène se repassait en boucle dans son esprit et il se demandait sans cesse ce qui lui avait pris. Tout avait toujours été si simple avec sa meilleure amie, si évident, et s'il venait de tout gâcher ? S'interrogea le garçon, stressé, tout en faisant craquer l'articulation des ses doigts.

— Hey ! Le coupa soudainement Anna de ses pensées, Tu sais que quand tu seras vieux, tu auras de l'arthrose si tu continues à faire ça.

Noah releva son regard vers elle. Il avait été tellement absorbé par ses pensées qu'il ne l'avait même pas entendu arriver, malgré le bruit de ses pas sur les cailloux du terrain de jeux.

— Tu as d'autres informations comme ça complètement inutiles ? L'interrogea-t-il, lorsqu'elle s'installa sur la balançoire, à côté de lui.

— Aucun de tes sarcasmes ne me mettra de mauvaise humeur Khan, l'arrêta la jeune fille, tout sourire.

— Pourquoi ça ?

— Je viens juste de recevoir un appel et figure-toi que je suis prise au McDonald ! Premier entretien d'embauche de ma vie et premier emploi ! Je suis trop forte ! S'auto-congratula-t-elle fièrement.

— Sérieux ? Ça te fait plaisir de savoir que tu vas bosser tous les soirs dans un endroit dégueu pour servir de la bouffe dégueu à des gens qui le sont tout autant ?!

— Les soirs ET les week-ends ! Précisa Anna sans même prendre la peine de relever l'insinuation.

— Et les cours ? Les devoirs ?

— J'ai une heure de transport en commun pour rentrer chez moi, je les ferai à ce moment-là, rétorqua la jeune fille qui ne voyait pas pourquoi il se montrait si désagréable.

— Oui, avec les ivrognes et les clochards du dernier TER... Bonne idée ! Ironisa le garçon.

— Noah, souffla Anna, blasée, Je traverse la banlieue parisienne matin et soir depuis l'âge de mes dix ans. Je n'ai pas peur du monde extérieur « petit parisien du centre-ville ».

— Comment est-ce que tu viens de m'appeler ? Hallucina le garçon avant de s'arrêter net, Oh et puis, je m'en fiche, fais ce que tu veux de ta vie.

— Merci, termina sèchement Anna, ce qui eut le mérite de clore la conversation.

Les deux jeunes se balancèrent en silence, chacun de leur côté, puis la jeune fille bifurqua son regard vers Noah. Il semblait contrarié, presque embêté d'être ici.

— Très bien, souffla-t-elle, Qu'est-ce que tu voulais me dire de si important ?

— Tu as rompu avec Ethan ?

— Non, je voulais le faire aujourd'hui, mais ton texto de ce matin m'a inquiétée. Il y a un problème ?

— Disons que je me suis un peu emballé, commença le garçon, mal à l'aise, Je ... Je ne sortirai pas avec toi, Anna.

La jeune fille avala sa salive avec difficulté, tentant de faire croire que cette information ne venait pas de la détruire complètement, et elle resta silencieuse pour écouter la suite, bien qu'elle doutât que cela lui plaise.

— Je suis désolé de t'avoir donné de faux espoirs, reprit Noah, Mais je ne voulais pas que tu rompes avec Ethan à cause de moi. Après, ce qui se passe entre vous deux, ça ne me regarde pas, mais juste... Ne le fais pas pour moi. Je ne sortirai pas avec toi.

— Ok, lâcha-t-elle, froidement, même si elle essayait de paraître indifférente, Et... Est-ce que j'ai au moins le droit de savoir ce qui t'a fait changer d'avis ?

Ellie, bien sûr, songea-t-il intérieurement, Mais ça, il n'avait pas envie d'en parler.

— Rien de particulier, marmonna-t-il, C'est juste que ça allait trop loin.

— Trop loin ? Répéta Anna, qui n'y comprenait rien, C'est toi qui m'a embrassé la première fois !

— Oui, je sais, d'ailleurs, en parlant de ça, ce baiser... C'était ton cadeau d'anniversaire.

— Pardon ? S'offusqua la jeune fille en se retournant vers lui, C'est une blague ?

— Non, mais c'est toi qui m'a demandé de t'offrir quelque chose qui n'avait aucune valeur financièrement. J'ai pensé à ça et...

— Mais c'était si spontané ! L'interrompit Anna, incrédule, Comment tu aurais pu prévoir tout ça ?

— Écoute, enchaina-t-il, Je savais qu'Ophélie était ta sœur, j'avais vu vos photos de famille et je savais que ça te ferait péter un câble... Je suis désolé pour ce malentendu, Anna.

— Malentendu ? Répéta-t-elle, Mais ce n'est pas un malentendu, ce n'est qu'un putain de mensonge !

Noah s'arrêta, mal à l'aise. Bien sûr, il s'était douté que ce ne serait pas facile, mais après ce qu'il s'était passé avec Ellie, il préférait stopper leur relation avant de lui faire encore plus de mal.

— Et le baiser dans les vestiaires ? Enchaina Anna de plus en plus furieuse, C'était quoi celui-là ?

— Là, c'est toi qui m'a embrassé, tu m'as pris au dépourvu, Anna.

— Oh, j'hallucine... Souffla la jeune fille, estomaquée, en relevant son regard vers les nuages gris du ciel.

— On peut peut-être rester amis ? Proposa Noah, timidement.

— Va te faire foutre, Khan.

— Ok, c'est trop tôt, grimaça le garçon en se tassant dans son siège.

Furieuse, Anna se retourna vers lui et l'observa un instant. Elle n'avait même plus la force de l'insulter. Sa vie craignait tellement en ce moment qu'elle se demandait même pourquoi elle était étonnée de ce revirement de situation.

— Tu sais quoi ? Souffla-t-elle en se relevant de sa balançoire, Merci de m'enfoncer encore un peu plus. C'était pile ce dont j'avais besoin pour devenir aussi barge que ma mère !

— Anna... Tenta-t-il de l'arrêter, mais la jeune fille venait déjà de filer, Attends !

— Non, je dois aller préparer à manger pour ce soir, lui répondit-elle, sèchement, sans prendre la peine de se retourner vers lui, A plus tard, Khan.

— Non, Anna, je...

Mais il fut interrompu par la sonnerie de son téléphone. Noah poussa un soupir et sortit son portable de sa poche en regardant le nom du destinataire. C'était un numéro inconnu et il fut emporté par la curiosité. Il observa Anna sortir du parc, de toute manière, il était trop tard pour l'arrêter, et décrocha sans plus attendre.

— Allô ?

— Noah Khan ? Interrogea un homme à travers le combiné.

Le garçon grommela en reconnaissant cette voix, se maudissant d'avoir décroché. Et puis, comment avait-il son numéro ? Se questionna-t-il, frustré.

— Noah ? Répéta la voix de l'homme.

— Oui.

— Savez-vous quel jour nous sommes aujourd'hui, monsieur Khan ? Enchaina-t-il, sèchement.

— Lundi, soupira Noah, résigné.

— Exacte, et c'est aussi le deuxième rendez-vous médical que vous loupez. N'avions-nous pas un accord ?

— Mais je...

— Non, l'interrompit son médecin au bout du fil, Si vous continuez sur cette voie, je vais prévenir un centre hospitalier et ce sont eux qui vont vous prendre ne charge si vous n'êtes pas capable de le faire vous même !

— Non, ne faites pas ça ! S'exclama Noah, paniqué, J'ai eu un décès d'une personne proche, je vous l'ai déjà expliqué l'autre fois au téléphone.

— Oui je sais bien, mais je vous préviens que si vous loupez encore notre prochain rendez-vous et que je ne vois aucune amélioration, aucune volonté de votre part, j'appelle de suite un centre spécialisé dans les problèmes alimentaires.

— D'accord, je serai là, le coupa le garçon, tétanisé par cette idée, Je viendrai.

— Très bien, à lundi prochain alors ... Et Noah, enchaina-t-il alors que le garçon avait voulu raccrocher, Ce ne sont pas des menaces en l'air. Je suis très sérieux à ce sujet. Ce n'est pas un jeu, je vous l'ai déjà dit.

— Je sais Monsieur, à lundi, abrégea-t-il la conversation.

Noah rangea son téléphone dans la poche arrière de son jean et il observa le parc tout autour de lui. Anna avait complètement disparu de la circulation et il se réinstalla sur une des balançoires pour se lancer. Avait-il fait le bon choix en préférant sa relation interdite avec Ellie plutôt que d'essayer quelque chose de nouveau avec Anna ? Il en doutait sérieusement, mais, de toute manière, il était trop tard pour revenir en arrière.

Anna était une personne bien, elle ne méritait pas son sale tempérament et sa fichue manie de tout détruire. Au moins, Ellie était une valeur sûre, elle ne pourrait pas être déçue, puisqu'elle le connaissait par cœur, anticipait la moindre de ses attaques, paraît ses coups et savait se défendre contre lui.

Noah n'aimait pas réellement les filles qui se laissaient faire trop facilement. Il avait apprécié Anna au début pour cette raison, quand elle lui résistait, elle lui était désirable. Maintenant qu'il pouvait l'avoir, cela n'avait plus la même saveur qu'auparavant. Avec Ellie, il était sûr que ce sentiment d'insécurité persisterait toujours. Elle était si frivole, inconstante, elle pouvait disparaître du jour au lendemain, attiser le désir, sans jamais se laisser attraper, comme une bête sauvage. Elle faisait battre son cœur, non par amour, mais par peur de la perdre, et ça lui faisait du bien.

Ellie avait eu raison de lui ouvrir les yeux, il n'était pas prêt pour se ranger et avoir une relation stable. Il venait d'avoir dix-huit ans, la vie s'ouvrait à lui et il avait été à deux doigts de se fermer toutes les portes. Hors de question. Il voulait vivre libre, sans attache et sans contrainte. Il voulait être lui, tout simplement. Et c'était ce qu'il allait être, à présent.


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