L'ange, ou plutôt Hunter, lança un regard noir au vampire, Zack.
-Dégage d'ici, ordonna sèchement Hunter.
Le vampire partit aussi vite qu'il était arrivé, en coup de vent. Hunter se retourna vers moi et fit disparaître en brume ses deux grandes et magnifiques ailes. J'écarquillais les yeux en le voyant faire.
Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il prit la parole.
-Cet enfoiré de Zack a le don de contrôler certaines émotions des autres. Tout le monde fait attention à lui, mais il ne se gêne pas pour se jeter sur l'occasion lorsqu'il y a une nouvelle fille au camp, saleté de pervers, grommela-t-il.
Maintenant, je comprenais tout.
-Il me reste beaucoup de choses à apprendre, finis-je par dire avec un rire nerveux.
-Tu en as à peine appris, dit-il sur un ton dur.
Je relevais les yeux vers les siens.
-Pourquoi tu me parles sur ce ton-là ? Je ne t'ai rien fait.
-Non, peut-être, mais tu devrais être plus prudente la prochaine fois.
Comment pouvais-je savoir que Zack contrôlait les émotions des autres ?
-Message reçu, dis-je en me retournant et en grimpant à ma fenêtre, m'aidant des planches mal fixées.
J'entendis ses pas s'éloigner et je fermais ma fenêtre. Je continuais de ranger mes vêtements dans mes tiroirs pendant une dizaine de minutes.
Étendue sur mon lit à écouter de la musique, j'entendis quelqu'un entrer dans le bungalow. Je reconnus rapidement la démarche légère de Wendy.
-Hey ! Lui dis-je en entrant dans le mini salon.
-Salut ! Alors ? Pas trop chamboulée de ta première journée ?
-Ah, euh non, mentis-je aussitôt.
-Tu n'as pas l'air trop sûre de toi, mais je ne te dérangerais pas avec ça. Moi-même, je n'osais pas trop parler lors de mes premières journées ici. T'as hâte à demain ?
-Demain ? Pourquoi ?
-Demain c'est mercredi, alors puisque tu vas manger avec Hunter, il va sûrement t'en apprendre plus sur les métamorphes. Et peut-être même te montrer comment te métamorphoser !
-Ah...
Ma joie ne semblait pas trop vouloir se manifester.
-Peut-être que ça ne sera pas si mal que ça, continua-t-elle.
-Mouais.
-Ça te dirait d'aller prendre l'air ? Me demanda-t-elle, soudainement enjouée.
Avant que je puisse lui répondre, elle regarda ses jambes et son humeur changea rapidement.
-Laisse faire, dit-elle.
Il se mit à pleuvoir à l'extérieur. La pluie cognait contre ma fenêtre de chambre.
-Argh, ça recommence ! Cria-t-elle.
-Mais de quoi est-ce que tu parles ? Lui demandais-je.
-À cause de cette fichue pleine lune qui arrive, mes poils de jambes poussent trois fois plus vite ! C'est un truc qui n'arrivent qu'aux filles loup-garou et ça me fait chier.
Je me retins de rire, pauvre Wendy. En plus, son humeur était la même qu'à l'extérieur, merdique.
-Bon, alors on se revoit demain matin, j'ai un sale boulot qui m'attend, me dit-elle en entrant dans la salle de bain, sac de toilette en main.
-Bonne nuit.
Il devait être trois heures du matin lorsque j'entendis un bruit de fracas. Je me levais du lit et sortis de ma chambre.
Je vis un verre fracassé au sol et une Wendy qui n'avait pas l'air dans son assiette du tout.
-Désolée si je t'ai réveillée, me dit-elle. Je n'arrive pas à me maîtriser parfaitement.
-Attend là, t'es en train de te transformer !?
-Non, mais la nuit prochaine, si. Tu devrais t'enfermer dans ta chambre, on ne sait pas ce qui pourrait se passer.
J'hochais la tête et m'embarrais aussitôt dans ma chambre.
Je tenais tout de même à ma vie.
Cette fois, ce fut les rayons du soleil qui me réveillèrent. Et j'étais en un seul morceau.
-Allez réveille-toi sale moche, lança Wendy de l'autre côté de ma porte.
-Je suis déjà réveillée, sale chienne.
J'écarquillais les yeux lorsque je réalisais ce que je venais de dire. J'avais vraiment dit ça ? Allait-elle vouloir me tuer avec son caractère imprévisible ?
Au moment où ma porte s'ouvrit brusquement, je reculais d'un pas.
-Je suis désolée, c'est sorti tout seul ! Dis-je avec une voix qui faisait pitié.
Elle éclata de rire.
-C'est la première fois que je l'entends celle-là ! Dit-elle. Ça va, c'est bon, je ne te frapperais pas.
Nous entrâmes dans le réfectoire et je voulus suivre Wendy, mais je venais tout juste de me rappeler qu'on était mercredi.
Mercredi.
La journée que l'on doit passer auprès de ses semblables. Et il y aura un gros malaise entre Hunter et moi. Eh oui, hier il m'a parlé bêtement et je ne saurais pas comment commencer une stupide conversation avec lui. Et je ne pouvais pas l'ignorer car c'était le seul métamorphe ici.
Au milieu de la salle, déjeuner en mains, je cherchais un métamorphe. Mais aucun signe de lui, parfait.
Je m'assis à la première table de libre, celle dans le fond. Déjeunant toute seule, j'observais les autres qui étaient tous en groupe. Je vis Wendy avec d'autres garous. Elle paraissait énervée, sûrement dût au fait que c'était ses « hormones de loup-garou » qui se réveillaient. Ou était-ce à cause de Cody qui était à côté d'elle, et légèrement trop collé d'après le regard que Wendy lui lança. Mais il ne se décolla pas, ce qui énerva Wendy encore plus.
Je riais toute seule, pas trop haut heureusement car on allait me prendre pour une folle.
Mon petit délire se termina lorsqu'un oiseau entra en fusée dans la salle. Tous les regards se tournèrent vers lui. C'était un aigle, majestueux en plus.
Et je faillis m'étouffer lorsqu'il atterrit devant moi d'une vitesse fulgurante.
-Quelle belle entrée, Hunter LE métamorphe, ironisais-je en le reconnaissant.
Son petit regard d'aigle me donna aussitôt un long frisson dans le dos.