Nantis

By FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 22 : Dark on fire

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By FlorieC



— Parfait ! S'exclama Ruben après avoir vérifié les équations que Belen venait de lui rendre, Aucune faute ! C'est génial !

— C'est parce que tu es un bon professeur, le complimenta la jeune fille tout sourire, Tu arrives à expliquer calmement alors que mes frères me crient toujours dessus quand ils veulent m'aider à faire mes leçons.

— Reproche à peine caché, commenta Borja, blasé.

Les deux jeunes se retournèrent vers la porte de la cuisine où le grand-frère de Belen venait d'entrer pour se faire une tartine de Nutella. Ils ne l'avaient même pas entendu arriver... Mais depuis quand était-il là ? S'interrogea Ruben, hébété.

— En même temps, c'est vrai... Reprit Belen, En plus, la plupart du temps, vous avez tort.

Ruben pouffa de rire et Borja l'incendia du regard, ce qui le fit taire immédiatement. Ils ne s'étaient pas reparlés depuis le baiser qu'ils avaient échangé et c'était pour cette raison que Ruben avait été si pressé de donner son premier cours de soutien à Belen. Il avait espéré toute la nuit que son frère serait chez eux et il avait vu juste. Désormais, il était de plus en plus persuadé que Borja s'intéressait à lui.

— Ouais, c'est ça, grinça-t-il, furieux, en quittant la pièce avec sa tartine, Je continue de penser que c'est n'importe quoi ces cours.

— On s'en fiche de ton avis, crétin ! S'exclama sa sœur tandis que Ruben esquissa un sourire tout en s'emparant du reste des exercices de mathématiques qu'elle avait à faire.

Quand ils les voyaient tous les deux, il avait l'impression de revoir son frère et lui lorsqu'ils étaient plus jeunes et s'engueulaient pour tout et n'importe quoi... Bien qu'en réalité c'était encore le cas, songea-t-il après un instant de réflexion.

— On continue ? Enchaina Belen en se réinstallant sur sa chaise.

— Euh oui bien sûr, répondit-il en sortant de ses pensées, Tu peux faire l'exercice quatre et je vais le corriger. C'est presque la même chose que celui que tu viens de faire.

— Ok d'accord, s'exclama la jeune fille ravie en s'emparant de son cahier.

Ruben l'observa, impressionné. Il n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi dynamique pour faire ses leçons. Belen était sans conteste une battante. On voyait qu'elle avait envie de s'en sortir et faisait tout pour que ça arrive. Ruben ne doutait pas qu'elle y arriverait avec brio. « Quand on veut, on peut » avait toujours été sa ligne de conduite et c'était pour cette raison qu'il avait décidé qu'il ne lâcherait pas Borja aussi facilement, pas avant d'avoir tout essayé.

Il regarda plus attentivement les traits concentrés de la jeune fille. Elle ressemblait un peu à Borja, avec ses cheveux très noirs et ses lèvres fines. Elle avait ce regard qui caractérisait bien toute leur famille, puisqu'il avait aussi eu l'occasion de rencontrer un autre de ses frères. C'était ce regard sombre et en même temps chaleureux qui agissait comme un aimant. Il était difficile de se détacher de tels yeux. Après quelques minutes d'observation silencieuse, la jeune fille se détacha de sa feuille qu'elle tendit à Ruben avec fierté.

— J'ai mis combien de temps ? S'exclama-t-elle en regardant l'horloge de la cuisine.

— Belen, ce n'est pas une course, pouffa Ruben en s'emparant de la feuille pour vérifier le résultat.

Il corrigea quelques fautes au stylo rouge en silence, tandis que Belen l'interrogea soudainement :

— Comment tu connais mon frère, en fait ?

— Pardon ? S'étonna Ruben en relevant son visage vers elle.

— Comment tu le connais ? Répéta-t-elle, Tu es vraiment différent de ses amis... Je ne vois pas pourquoi il t'apprécie.

— Je ne l'apprécie pas ! Entendirent-ils crier du fond du salon, bien que le son de la télévision vînt couvrir la voix de Borja.

— On s'est rencontrés à une soirée, répondit tout de même Ruben, passant outre sa remarque, Borja connaissait mon frère.

— C'est qui ton frère ?

— Jared.

— Oh oui je vois qui sait, murmura Belen, songeuse, Il est mignon.

— Trop vieux pour toi ! Entendirent-ils crier de nouveau, ce qui les fit esquisser un sourire tous les deux.

— Je suis sûr qu'il y a pleins de garçons mignons dans ton collège qui sont beaucoup mieux que Jared, enchaina Ruben avec un ton compatissant, Mon frère ne casse pas trois pattes à un canard, tu sais.

— Bof, pas vraiment, commenta la jeune fille en faisant semblant de comprendre ce que signifiait cette expression, Et toi, tu as une copine ?

Ruben s'arrêta, mal à l'aise, et lorsqu'il voulut répondre Borja pénétra dans la cuisine, furieux, et rétorqua :

— Vous n'êtes pas censés réviser le brevet ? Plutôt que de parler chiffons entre filles.

— Ta gueule, souffla Belen.

Son frère était l'incarnation parfaite du macho, tout comme son père et son grand-père. La plupart des hommes de sa famille la jugeait incapable de poursuivre ses études, pour eux, c'était une perte de temps et rien de plus.

— Non, mais il a raison, reprit Ruben après un rapide coup d'œil au garçon, Il faut que je corrige ton exercice.

Sur ce, il attrapa son crayon rouge et continua de lire la feuille de la jeune fille sous le regard incendiaire de Borja. Le garçon haïssait quand les choses ne se déroulaient pas comme il l'avait décidé et, pour le coup, il avait décidé que les choses ne devaient pas se dérouler tout simplement.

Furieux, il quitta la pièce en pestiférant contre Ruben et Belen, mais, d'un commun accord, aucun des deux ne jugea bon de relever son insulte et ils continuèrent de discuter comme s'il n'existait pas.

***

Anna planta sa fourchette dans le plat de lasagne que sa mère venait de faire réchauffer au micro-onde et la porta à ses lèvres, mâchant la nourriture comme si ce n'était pas profondément dégueulasse. Depuis le départ de Marc, Cécile était à la recherche d'un emploi et elle avait vaguement lâché son rôle de mère au foyer... Même si la jeune fille doutait encore qu'elle l'ait tenu un jour. Les trois femmes de la famille Joly se contentaient donc de plats surgelés à réchauffer, la lessive trainait dans la salle de bains et les ustensiles de cuisines s'entassaient dans l'évier car personne ne prenait réellement le temps d'activer le lave-vaisselle. Leur maison était devenue un vrai carnage durant ces vacances, mais cela ne les préoccupait pas. Chacune avait abandonné l'idée utopique de reformer une famille normale et elles ne voyaient pas pourquoi elles auraient dû faire un effort pour le paraître, puisque tout le monde leur avait tourné le dos. La famille du côté de Marc ne leur avait même pas passer un coup de fil depuis qu'elle avait su que leur fil les avait abandonnées et celle du côté de Cécile vivait en dehors de Paris et leur rendait très peu de visites.

Anna termina donc son assiette rapidement, s'avisant de se resservir, et avala son verre d'eau avant de briser le silence de la pièce :

— En fait, maman, est-ce que ça dérange si tu me laisses le dernier week-end des vacances pour fêter mon anniversaire à la maison avec quelques amis ?

Sa mère s'arrêta de manger, son visage se décomposant brusquement, et elle releva son regard vers sa fille ainée avant de rétorquer, paniquée :

— Oh mon Dieu, excuse-moi ma chérie, j'avais complètement oublié que c'était ton anniversaire aujourd'hui !

Cécile se releva subitement de sa chaise pour la rejoindre tout en continuant de s'exclamer :

— Oh non, non, non ! Comment j'ai pu oublier tes dix-huit ans ? Je suis tellement désolée... Pardonne-moi.... Non, ne me pardonne pas ! C'est impardonnable !

— Ce n'est pas grave maman, rétorqua sa fille, blasée, lorsqu'elle déposa un baiser sur sa joue, Je m'en fiche, c'est un jour comme les autres.

— Non ! S'exclama Cécile dont le remord déformait les traits de son visage, Tu as le droit de m'en vouloir.

— Je m'en fiche, vraiment, répéta Anna en reposant sa fourchette dans son assiette, Maman, calme-toi.

— Non, je m'en veux tellement.

— Alors si tu veux te faire pardonner, laisse-moi la maison pour le week-end, continua la jeune fille.

— Oui bien sûr que tu peux l'avoir, répondit sa mère de suite, Je m'excuse de ne rien avoir organiser de plus... Important.

— Maman, qu'est-ce qu'il se passe ? S'exclama soudainement Ophélie, qui était restée silencieuse depuis le début de leur conversation, On voit bien que quelque chose ne va pas, pourquoi tu es dans cet état ?

Cécile s'arrêta devant ses deux filles, retenant une crise de larmes, et elle se laissa tomber contre l'évier derrière elle pour s'y adosser.

— Je ne vous cache pas que ma recherche d'emploi devient de plus en plus compliqué, murmura-t-elle, J'ai été sans emploi pendant plus de dix ans, je n'ai aucun diplôme, on est en période de crise...

— Et Walfcratt ? Interrogea Anna.

Cécile avait été pendant quelques années secrétaire dans cette entreprise privée de chauffage électrique, avant de quitter son emploi pour s'occuper de ses deux enfants.

— L'entreprise a fait faillite.

— Merde, commenta Ophélie.

— Mais je ne comprends pas, reprit sa sœur, Je pensais que papa t'avait laissé l'intégralité du compte et qu'il n'y avait pas touché depuis son départ. On a des problèmes d'argent ?

— Ton père a laissé le compte pour ne pas avoir à nous verser des pensions tous les mois, nuança Cécile, Alors, bien sûr, on a encore de l'argent de côté, mais sans revenu supplémentaire on ne tiendra pas un an... On a la maison qui n'est pas encore payée, des prêts à rembourser, des factures, vos études. Il faut que je trouve un travail rapidement.

— On peut peut-être aider avec Anna, la rassura Ophélie.

— Non, pas question, l'arrêta sa mère, Tu as ton brevet à la fin de l'année et ta sœur son bac. Ce n'est pas à vous de ramener l'argent à la maison, mais à moi.

— Maman, tu n'es pas responsable de cette galère, enchaina Anna, Nous aussi, on peut se sacrifier. On sait bien que je vais l'avoir mon bac, je peux toujours trouver un petit job à Mac Do, ça ne changera rien pour moi. Et Ophélie peut faire plus de babysitting. Ce ne sera jamais de l'argent en trop.

Cécile observa son ainée, médusée. Elle avait encore du mal à comprendre pourquoi Anna avait pris son parti soudainement. Elle qui l'avait toujours accusé de tous les maux, elle semblait désormais vouloir la défendre corps et âme. En réalité, le fait de s'être trouvé un ennemi commun les avait indéniablement rapprochées toutes les trois.

— Je vais faire de mon possible pour trouver un travail, reprit Cécile, Je vous le promets.

— J'ai confiance en toi, maman, murmura Ophélie en esquissant un sourire.

Anna voulut elle aussi ajouter quelque chose, mais elle sentit son téléphone vibrer dans la poche de son jean et elle se releva pour décrocher dans le salon.

— Oui allô ?

— Bon anniversaire ! S'exclama Noah.

— Comment sais-tu que c'est aujourd'hui ?

— Je m'en suis souvenu.... Alors comment tu vas ?

— Euh bien et toi ? Toujours en cavale ?

— Ouais.

— Tu ne comptes toujours pas rentrer chez toi ?

— Si, je commence à y songer, lui avoua-t-il, Mais j'attends la fin des vacances.

La jeune fille resta silencieuse et Noah ajouta :

— Tu veux qu'on se fasse un restaurant ce soir pour ton anniversaire ?

— Tous les deux ? Hallucina-t-elle.

— Euh non, je pensais plutôt à une soirée entre amis, genre les personnes qui étaient à la soirée d'Ethan et peut-être Chris.

— Christelle ? Répéta Anna, étonnée, Je croyais qu'elle était partie en Angleterre.

— Elle revient cet après-midi, l'informa Noah, Je vais lui proposer de nous accompagner... Ça te va ?

Non, ça ne lui allait pas du tout. Elle n'avait pas envie de les voir fricoter tous les deux le soir de son anniversaire. Cependant, elle rétorqua avec le ton le plus neutre qu'elle put faire passer :

— Pas de problème.

— Ok je vais réserver une table alors, enchaina Noah, Et, au fait, Anna ?

— Oui ?

— Tu sors vraiment avec Ethan maintenant ?

— Oui, ça s'est concrétisé pendant sa soirée, après que tu sois parti, répondit-elle, alors qu'en réalité, ils n'avaient pas du tout reparlé de leur baiser échangé.

— Super, alors je te laisse l'inviter pour ce soir, moi je vais appeler les autres.

— D'accord, accepta-t-elle en se maudissant de l'avoir fait.

Anna raccrocha son téléphone et, au visage décomposé qu'elle tirait, sa mère qui venait de pénétrer dans le salon l'interrogea, surprise :

— Qu'est-ce qui ne va pas, ma puce ?

— J'essaye de rendre jalouse quelqu'un qui n'en a rien à foutre, murmura Anna, Et je m'en veux de me servir de l'autre mec.

— Classique, commenta sa mère en montant les marches de l'escalier sans s'attarder davantage sur la question.

Anna ne releva pas la remarque et se retourna vers sa sœur qui esquissait un sourire, vautrée contre le battant de la porte de la cuisine.

— Quoi ? L'interrogea-t-elle.

— Rien, répondit sa petite-sœur, Ça m'amuse de te voir devenir ce que tu as toujours détesté.

— ... Toi, compléta la jeune fille.

— Exactement.... Dire qu'il t'aura fallu dix-huit années pour devenir un minimum intéressante.

— Je t'emmerde.

Elles pouffèrent de rire toutes les deux, avant qu'Ophélie n'ajoute avec un sourire complice :

— Bon anniversaire, frangine.

***

— Sérieusement mec, tu comptes vraiment revenir ? Interrogea Borja en descendant les marches de son immeuble pour raccompagner Ruben jusqu'à l'arrêt de bus.

— Je sais qu'il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, mais ta sœur est intelligente, je suis persuadé qu'elle arrivera à rentrer dans cette école.

— Alors elle n'a peut-être pas besoin de ton aide ? Enchaina le garçon, cynique.

— Non, tu n'arriveras pas à te débarrasser de moi comme ça, l'arrêta Ruben derechef.

Borja leva les yeux au ciel, exaspéré, et poussa les portes de l'immeuble pour se ruer dehors. Le soleil commençait tout juste à se coucher et le ciel avait une couleur orangée. Il plongea ses mains dans les poches de son jean et jeta un rapide coup d'œil autour de lui. Il n'y avait personne devant l'immeuble. Cela n'était d'ailleurs pas étonnant car ses amis et lui jouaient souvent sur le terrain de foot en fin de journée.

— Je suis sérieux Ruben, reprit-il finalement, Tu ne devrais pas trop trainer par ici.

— J'ai promis à Belen de l'aider et je le ferai, insista le concerner en se plantant soudainement devant Borja.

— Dégage de mon chemin, cracha-t-il.

— Putain, tu vas vraiment faire comme s'il ne s'était rien passé ? Explosa Ruben à bout de nerfs.

— Mais ferme-la ! Pestiféra Borja, inquiet, en jetant un énième coup d'œil autour de lui, Tu veux que je te tue ?

— Il faut que tu assumes, mec, ou ta vie ne sera qu'un putain de mensonge !

— Mais ce que tu ne comprends pas, c'est que ma vie est déjà un putain de mensonge ! S'exclama Borja sur le même ton, Tu crois que ça m'amuse d'aller racketter les types dans ton genre à la sortie du bahut ?

— Oh je t'en prie, personne ne t'a demandé de faire ça.

— Avec mes potes, on fait semblant d'avoir une vie libre et sans limite, alors qu'on sait bien que la seule vie qui nous attend c'est de crever d'une overdose ou d'une balle perdue un jour dans cette banlieue de merde, enchaina Borja sans l'écouter, On n'a pas la même vie, toi et moi, alors n'essaie pas une seule seconde de nous comparer, pas une seule putain de seconde parce que ce serait une sacrée connerie !

— Et ça, c'est une connerie aussi ?

Ruben posa ses lèvres sur les siennes et Borja se recula d'un bond.

— Tu n'imagines même pas, grinça-t-il, sèchement.

— Alors pourquoi tu m'as embrassé hier ?

— Parce que moi, les conneries, je ne suis plus à ça près, mais toi... Ne gâche pas ta vie avec moi. T'es en train de tout foutre en l'air, Ruben.

— Je sais, murmura-t-il en plongeant son regard dans le sien, Mais crois-le ou pas, ça me fait du bien.

Borja resta sans voix pendant un instant puis, n'en pouvant plus de ce silence insupportable, il se jeta sur les lèvres du garçon et attrapa sa nuque de ses deux mains. Il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait ces derniers temps, mais, manifestement, il n'avait plus le contrôle de lui-même. Borja détestait perdre son libre arbitre. Ruben le rendait complètement fou. Embrassant les lèvres humides du garçon, il réalisa soudainement le lieu dans lequel il se trouvait et il se recula d'un bond en passant rageusement une main sur ses lèvres.

— Désolé, souffla Ruben, mal à l'aise, Je ne veux pas te brusquer. Moi aussi, j'ai mis du temps à accepter que...

— Accepter quoi ? Le coupa Borja fermement tout en jetant de rapides coups d'œil autour de lui.

— Il n'y a personne, arrête d'être parano.

— Il y a toujours des gens ici ! Pestiféra le garçon après un énième coup d'œil, Viens !

Derechef, il s'empara du bras de Ruben et le traina avec lui dans un immeuble désaffecté, celui où il avait l'habitude, lui et ses amis, de passer leurs soirées.

— Attends, calme-toi ! S'exclama le garçon qui se faisait trainer derrière lui.

— Non, il faut qu'on parle dans un endroit tranquille !

— Ok, je vais te suivre ! Explosa Ruben en dégageant son bras d'un coup brusque, Pas besoin de me tirer comme ça ! Je n'ai pas peur de toi, c'est clair ?

Borja, qui était quelques marches plus haut dans les escaliers, se retourna vers lui et l'observa quelques instants avant de grincer entre ses dents :

— Tu as tort.

— Franchement qu'est-ce que tu pourrais bien me faire ? Ironisa le garçon en continuant de monter les marches pour le suivre.

Ils arrivèrent à l'étage où se déroulait habituellement les soirées et Borja se laissa tomber sur un vieux canapé qui tombait en poussière. Fermant les yeux, il passa ses deux mains sur son visage en soupirant, tandis que Ruben s'installa à côté de lui.

— Je n'aurais jamais dû t'embrasser à ce Nouvel An, murmura le bel espagnol en se retournant vers le garçon, Je le regrette.

— Tu regrettes de m'avoir rencontré ?

— Oui, lui avoua-t-il sans aucune hésitation.

Ruben baissa la tête, tâchant de dissimuler sa déception. Il s'étonnait d'ailleurs d'être aussi déçu, ce genre de réaction de sa part n'était-elle pas évidente ?

Ruben se leva du canapé pour sortir de l'immeuble, mais Borja le retint en l'attrapant par le bras.

— Attends.

— Tu as été très clair, grinça Ruben entre ses dents, Je ne vois pas ce que tu veux ajouter.

— Ça, souffla Borja en tirant sur le bras du garçon si brusquement que Ruben retomba sur le canapé, à quelques centimètres de son visage.

— Là, je ne comprends plus rien par contre.

— Moi non plus, lui accorda Borja en posant ses lèvres sur les siennes.

Puis il passa sa main derrière la nuque de Ruben, de manière à le maintenir face à lui et l'embrassa sans réfléchir, comme si cela avait toujours été une évidence entre eux deux.

Soudainement, Borja entendit un bruit sourd résonner en bas et des voix de garçons firent écho dans le grand bâtiment vide.

— Putain ! S'exclama-t-il en repoussant Ruben brutalement.

Il se releva du canapé en vitesse, tentant de deviner à qui appartenaient ses voix, mais cela ne lui disait rien, il ne devait pas s'agir de sa bande d'amis. Finalement, quatre jeunes pénétrèrent à leur tour dans l'immeuble et s'arrêtèrent, hébétés, devant les deux garçons. Bien sûr, ils reconnaissaient Borja de vue, car ils fréquentaient tous le même quartier, mais l'allure du type à côté du garçon ne leur inspirait pas confiance. Ruben était bien trop propre sur lui pour venir de ce coin de Paris.

— T'es qui toi ? Cracha un des mecs dans le fond.

— Personne, leur répondit Borja brièvement, On s'en va.

— Non, vous n'allez pas vous en sortir comme ça, les coupa un autre.

— Ça ne vous regarde pas.

— On aime pas trop quand des bourges dans son genre vienne trainer par ici, reprit le premier mec, Ça n'annonce jamais rien de bon.

— Je le connais, enchaina Borja, Il ne fera rien de mal ici.

— C'est qui ? Insista un autre.

— Personne ! Répéta le garçon, furieux.

— Je suis Ruben, répondit le concerner, tandis que Borja se retourna vers lui.

Il l'incendia du regard, signe qu'il aurait mieux fait de se la fermer, et il chuchota en se rapprochant du jeune homme :

— Ne dis surtout pas que tu es...

— Je suis le frère de Jared, enchaina Ruben, sans même écouter ce qu'il avait voulu lui dire.

— Putain ! Explosa Borja à ses côtés, tandis que le visage des quatre garçons devant lui se perdirent dans une grimace de frustration, T'es con ou quoi ?

— Pourquoi ils font cette tête ? L'interrogea Ruben qui, instinctivement, avait reculé d'un pas.

Bien que s'il tînt à la vie, il aurait été préférable qu'il parte en courant.

— Ces mecs sont des dealers, ils détestent Jared ! Enchaina Borja, furieux, T'es vraiment un abruti !

— Tu es le frère de Jared ? Répéta le premier type en se rapprochant du jeune homme, Ça tombe bien, on a un message à lui faire passer.

— Casse-toi, murmura Borja à Ruben du bout des lèvres.

— Et toi ?

— Casse-toi, répéta-t-il.

Trop tard, cependant. Le premier type se rua sur Ruben, le projetant contre le mur derrière lui. Le choc contre la paroi lui coupa le souffle brutalement et il s'écroula sur le sol.

— Non ! Hurla Borja, Laissez-le !

— Ne t'occupe pas de ça, l'arrêta un autre type, Ce sont nos affaires.

Ruben eut juste le temps de se relever légèrement, suppliant du regard Borja de lui venir en aide, mais il reçut un coup dans le ventre et un cri de douleur s'échappa de ses lèvres, tandis qu'il retomba sur le sol de béton.

— Arrêtez putain ! Reprit Borja sans pour autant s'interposer entre leur groupe et Ruben.

— Ce pauvre type n'a que ce qu'il mérite, cracha un des types.

Et il balança son pied dans le visage de Ruben qui s'écroula de nouveau sur le sol en hurlant à la mort. La douleur était telle qu'il ne put s'empêcher de pleurer, tout en suppliant ses agresseurs de le laisser tranquille, bien qu'il eût conscience que tous ses cris n'y changeraient rien. Ces garçons n'étaient pas du genre émotif. Ruben voulut s'échapper et tenta de ramper vers l'avant, mais ses mains s'écorchèrent contre le béton alors qu'un des types écrasa son mollet avec la semelle de ses chaussures, si bien qu'il fut incapable d'avancer davantage. Comme si on lui avait brisé la jambe en deux parties distinctes.

— Oh merde... Souffla Borja, blême et incapable de réagir alors qu'il voyait le sang de Ruben qui commençait à se répandre sur le béton.

Deux autres hommes qui étaient restés en retrait se ruèrent ensuite sur le pauvre garçon écroulé sur le sol et continuèrent de le frapper de coups de pieds sous l'inaction tragique de Borja qui regardait la scène se dérouler sous ses yeux.

— Borja ! S'exclama Ruben en larmes entre les coups, Aide-moi putain !

Ses larmes vinrent mouiller ses yeux tandis que l'espagnol resta stoïque face à cette violence.

Ruben avait eu tort de lui faire confiance, songea Borja, il était incapable de le protéger de toute cette vermine, comme il était incapable de le protéger de lui-même. Ce qui lui arrivait était tragique, mais c'était le seul moyen de lui faire comprendre qu'il n'avait rien à faire ici, avec lui. Ils n'étaient pas du même monde et cette violence qu'il recevait traduisait cette incompréhension mutuelle.

— Borja ! Répéta Ruben dont les larmes se mélangeaient avec le sang qui lui coulait sur le visage, Je t'en prie, fais quelque chose.

— Mais tu n'as toujours pas compris ? S'exclama un des mecs, Les types dans ton genre, on en a rien à foutre par ici.

Il le frappa d'un coup de pied au niveau du ventre et Ruben se recroquevilla dans un énième hurlement de douleur, tandis que le type enchaina :

— Tu diras à ton frère que c'est comme ça qu'on réagit quand on nous plante un couteau dans le dos. Pigé ?

— Allez vous faire foutre, grinça Ruben qui se tordait de douleur sur le sol.

— Mais ferme-la, lui souffla Borja qui priait pour que tout ceci s'arrête, Je t'en prie, ferme-la.

— T'en veux d'autres putain ? S'exclama le premier type en lui écrasant le visage avec la semelle de ses chaussures.

Ruben hurla de nouveau et releva légèrement son regard vers Borja qui l'observait sans rien faire. Il se sentait tellement humilié en cet instant, tellement seul et tellement trahi. Sa joue gauche collée contre le sol était écorchée et humide, si bien qu'il sentait le sang chaud contrasté avec la froideur du béton, tandis que son autre joue bleuie par les coups devait supporter le poids de l'homme qui lui écrasait le visage avec sa chaussure.

Comment Borja pouvait-il rester là sans rien faire ? Comment pouvait-on simplement regarder et ne rien dire ? Les larmes de Ruben roulaient sur ses joues tandis qu'il continuait de soutenir le regard de Borja. S'il ne voulait rien faire, alors il aurait à vivre avec cette image sous les yeux. Il n'avait qu'à assumer son inaction et sa lâcheté. Il n'était pas question que Ruben baisse les yeux face à lui bien que son regard fût emplie de haine et de déception.

Finalement, un coup dans son épaule gauche eut raison de lui et il poussa un cri de douleur en fermant les yeux, se laissant tomber sur le dos. Son corps le faisait tellement souffrir qu'il ne remarqua même pas qu'on avait arrêté de le frapper. Du moins, jusqu'à ce qu'il entende les bruits de pas se faire de plus en plus discrets. Il ouvrit les yeux et observa incrédule la solitude dans laquelle il se trouvait, même Borja avait quitté les lieux. Un cri de rage s'échappa de ses lèvres meurtries par les coups et résonna dans tout l'habitacle... Mais personne ne revint le voir.

***

Anna lança un rapide coup d'œil autour d'elle. Comme elle s'en était doutée, Noah avait réservé dans un des restaurants les plus chics de Paris. Elle pria à l'instant pour que quelqu'un lui paye son repas. Après la discussion qu'elle avait eue avec sa mère durant le déjeuner, il était plutôt question de réduire les dépenses en ce moment.

Elle lança un coup d'œil à Ethan qui esquissa un sourire dans sa direction. En réalité, elle n'avait pas vraiment de soucis à se faire puisqu'on était le soir de son anniversaire et que son petit-ami était plein aux as. Après le coup de fil de Noah, elle s'était décidée à appeler Ethan. Ils s'étaient retrouvés en fin d'après-midi et avaient décidé d'un commun accord de continuer leur relation. Anna avait fini par réaliser qu'il n'y avait pas grand-chose à attendre de Noah et qu'elle n'avait plus à espérer inutilement. Elle était jeune et avait le droit de vivre d'autres histoires, quitte à se planter. Elle venait d'avoir dix-huit ans et n'avait encore jamais eu de copain plus longtemps que trois semaines. Il était temps qu'elle se pose et Ethan était loin d'être le pire petit-ami au monde.

Il l'avait emmené chez un bijoutier pour lui offrir un collier en argent avec un pendentif en diamant bleu foncé. Elle avait d'abord refusé en voyant le prix, puis il avait insisté, disant que la majorité était l'âge le plus important à fêter, et qu'elle le méritait amplement.

La jeune fille caressa de son doigt le bijou qui pendait autour de son cou, ce qui ne tarda pas à attirer l'attention.

— C'est un cadeau ? L'interrogea Gabrielle qui était installée juste en face d'elle.

— Oui, c'est Ethan qui vient de me l'offrir.

— Oh, commenta Esther assise à côté de Gabrielle, Il ne fait pas semblant quand il veut quelque chose lui.

Noah, qui était à l'autre bout de la table, se contenta d'observer le bijou en silence sans relever la conversation et Ethan ajouta en s'emparant de la main d'Anna sous la table.

— On sort ensemble, les informa-t-il, ravi.

— Ah oui ? Murmura Gabrielle, étonnée.

— Depuis quand ? Enchaina Esther.

— C'est tout frais de cet après-midi, répondit Ethan.

Noah se retourna vers Anna, l'interrogeant du regard, et la jeune fille se tassa dans son siège tandis qu'ils entendirent des talons claquer sur les dalles du carrelage.

— Bonsoir tout le monde ! Désolée du retard ! S'exclama soudainement Christelle en se plantant devant eux.

— Oh tu es revenue ? S'exclama Gabrielle en se relevant pour lui faire la bise, bientôt suivie par Esther.

— Et toi ! S'esclaffa la belle métisse en pointant de son doigt long et fin Noah qui la regardait un sourire en coin, Je croyais que tu venais me chercher à l'aéroport !

— J'avais faim, ironisa le garçon en la couvant du regard.

Christelle parcourut la table, posant son manteau sur le siège libre en face de Noah et la contourna pour poser un baiser au coin de ses lèvres d'un air complice. Puis elle se dirigea vers Ethan, l'embrassa rapidement sur les deux joues et s'arrêta devant Anna, surprise.

— Ma copine, précisa le garçon.

— Oh enchanté ! S'exclama Christelle avec un grand sourire.

Elle se pencha pour lui faire la bise et enchaina :

— On ne s'est pas déjà vues ?

— Si, répondit Noah à sa place, Elle était avec moi.

— Ah oui, ça doit être ça, se remémora-t-elle en retournant s'asseoir à sa place, Vous avez commandé ?

— Crois-le ou non, mais Noah voulait absolument qu'on t'attende, lâcha Esther qui était assise entre elle et Gabrielle.

— Oh trop mignon, souffla Chris en lui souriant de ses dents blanches, tandis que Noah leva les yeux au ciel.

Anna les observa en silence, réalisant à quel point ils allaient bien ensemble, tous les deux. Fidèles à eux-mêmes, ils avaient cette personnalité de meneurs, cette suffisance, cette arrogance mille fois légitimes tant ils étaient beaux comme des Dieux. C'était comme si leurs visages avaient été conçus pour rappeler au commun des mortels ce qu'était la beauté véritable. Christelle avec sa peau couleur chocolat, ses yeux verts clairs, ses longs cils, son corps d'athlète, ses cheveux sortant tout droit d'une publicité pour shampoing et ses lèvres pulpeuses, ressemblait à une héroïne de film. Noah était son exact sosie masculin, même si sa couleur de peau était un peu plus clair, tirant vers le caramel. Son charisme n'avait d'égal que sa prestance.

— Tout le monde est arrivé ? Interrogea Gabrielle, ce qui sortit la jeune fille de ses pensées.

— Oui, lui répondit Esther.

— Et ton demi-frère ?

— Il a préféré rester avec Rachel ce soir.

— Qui est ? S'intrigua Chris.

— Ma cousine, lâcha la belle blonde en se retournant vers elle, Et la copine de Yanis. Noah a baisé avec elle donc Rachel évite au possible de venir aux soirées où il est là.

Christelle se retourna vers Noah pour lui lancer un regard moqueur et le garçon pouffa de rire en levant les mains, l'air de dire « ce n'est pas moi », ce qui exaspéra Anna... Il trouvait ça drôle en plus ?!

— Et Ellie ? Interrogea la belle métisse.

— Pas là non plus, bafouilla Noah vaguement.

— D'accord, murmura Chris, étonnée, Et désolée de débarquer comme ça, mais à qui on fête l'anniversaire ce soir ?

— C'est le mien, répondit Anna en levant la main discrètement pour se faire remarquer.

— Bon anniversaire alors !

— Merci, lâcha la jeune fille bien qu'on n'entendît pas réellement de sincérité dans sa voix.

— C'est son anniversaire ? Chuchota Esther à Gabrielle, même si toute la table avait entendu.

Mais Anna décida de ne pas relever et elle enchaina :

— D'ailleurs, je fais une soirée chez moi le dernier week-end des vacances si vous voulez venir, vous êtes invités.

Elle s'arrêta quelques instants sur Christelle, priant pour qu'elle ne prenne pas l'invitation pour elle, et Ethan ajouta, surpris :

— Sérieux ? Ta mère te laisse toute la maison ?

— Oui, normalement.

— On peut ramener des gens ? Interrogea Esther.

— Si tu veux, mais pas beaucoup, je n'ai pas un château non plus... Et j'ai des voisins !

Un serveur arriva à leur table à ce moment-là pour prendre leur commande et ils la donnèrent à tour de rôle, tandis qu'Anna se jeta sur la carte. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait prendre. Elle n'avait pas l'habitude de ce genre de restaurant. Soudainement, son téléphone portable se mit à sonner au fond de son sac et elle profita de l'occasion pour s'échapper.

— Prends-moi la même chose que toi, chuchota-t-elle à son petit-ami, avant de quitter la table pour décrocher.

— D'ac', répondit Ethan en l'embrassant furtivement sur les lèvres devant le visage crispé de Gabrielle en face de lui.

La jeune fille sortit rapidement du restaurant et décrocha juste avant que le répondeur ne se déclenche.

— Oui ?

— Anna... Entendit-elle sangloter à travers le combiné.

— Ruben ? Bégaya la jeune fille, inquiète, Mais qu'est-ce qu'il se passe ?

— J'ai besoin de toi, comprit Anna, malgré la voix tremblante de son ami, Viens me chercher.

— Tu es où ?

— Quartier de Borja.

— Il est avec toi ? S'enquit-elle.

— ... Non.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Viens, c'est tout, la supplia-t-il, la voix cassée.

— D'accord, j'arrive dès que je peux, je te...

— Pas toute seule, l'interrompit-il de suite, Appelle mon frère. Pas toute seule, Anna.

— D'accord, répéta-t-elle de plus en plus inquiète, Je fais au plus vite. Je te le promets.

Derechef, elle raccrocha son téléphone et le rangea dans la poche de son jean avant de se ruer vers le restaurant, retrouvant la table où la serveuse venait juste de prendre leurs commandes.

— Je dois y aller ! S'exclama-t-elle paniquée en attrapant son sac posé au pied de sa chaise, Ethan, tu peux me filer mon manteau, s'il-te-plait ?

— Que... Quoi ? Bégaya son petit-ami, surpris.

— Mon manteau, répéta la jeune fille, fébrile.

Sans rien y comprendre le garçon attrapa le vêtement derrière lui pour lui tendre et il l'observa l'enfiler à la vitesse de l'éclair, incrédule.

— Tu pars maintenant ? L'interrogea Noah qui semblait le seul capable de réagir à la table, Mais c'est ton anniversaire ! C'est pour toi qu'on est là, je te signale !

— Oh je t'en prie, souffla-t-elle, blasée, Elles ne savaient même pas pourquoi elles étaient là ! Enchaina-t-elle en désignant d'un vague geste de la tête Esther et Christelle.

— Mais qu'est-ce qu'il se passe ? L'interrogea Ethan en revenant à lui, Où est-ce que tu vas ?

— Ruben a un problème, je dois y aller.

— Quel genre de problème ? Insista son petit-ami, inquiet.

— C'est personnel, je suis désolée, je ne peux pas t'en dire plus.

— C'est grave ? Enchaina Noah d'un ton dur.

— Oui, ça à l'air... Je ne partirai pas comme ça si ce n'était pas vraiment important.

— Je viens avec toi, déclara Ethan en se relevant de sa chaise à son tour.

— Hors de question ! L'arrêta la jeune fille, Je ne pense pas que Ruben apprécie que tu viennes.

— Oh ça va, on sait tous qu'il est gay ! S'exclama Noah, Il n'a plus rien à cacher.

— Ça ne vous concerne pas, enchaina Anna, sèchement.

— Ça nous concerne si c'est pour rejoindre cette banlieue de merde, cracha Ethan, Parce que je me doute bien que Borja doit être dans l'histoire. Je connais cet endroit Anna, d'accord ? On y a trainé nous aussi et ni toi, ni Ruben, ne devriez-vous en approcher !

— Ne t'inquiète pas, tenta-t-elle de le rassurer, Jared vient avec moi.

— Et bien, c'est de mieux en mieux, commenta Noah.

— Il me protégera s'il y a un problème.

— Non ! S'écrièrent à l'unisson Noah et Gabrielle.

Bien que cette dernière eût plus hurler pour suivre le mouvement que par réel intérêt pour Anna.

— C'est n'importe quoi, cracha Noah, Jared est plus dangereux que toute cette banlieue réunie ! Ce mec est un parasite !

— Ethan, tu as juré de me faire confiance, reprit Anna en ignorant sa remarque, Prouve-le-moi, maintenant. Je dois y aller.

— D'accord, accepta le garçon de suite, ce qui fit pousser un soupir d'exaspération à son meilleur ami, Vas-y et appelle-moi quand tout est rentré dans l'ordre.

— Merci... Souffla-t-elle en l'embrassant sur les lèvres avant de s'éclipser rapidement.

Anna était terriblement inquiète de ce qui était arrivée à Ruben, mais elle devait reconnaître qu'elle était aussi soulagée de quitter cette soirée qui s'annonçait atrocement longue.

— Bravo mec, murmura Noah à son meilleur ami lorsqu'elle fut partie, La prochaine fois que tu as une idée à la con comme ça, vas-y, laisse-la partir en premier.

— En premier ? Répéta Ethan, surpris, Mais je t'interdis de la rejoindre !

— Quoi ? Mais tu ne vas pas la laisser seule toute la soirée avec ces guignols !

— Ces guignols sont ses amis, je te signale, rétorqua son meilleur ami, sèchement, Et il s'agit de MA copine, donc ce qu'elle fait de ses soirées ne te regarde absolument pas.

— Mais putain, Ethan ! S'exclama le garçon, Jared quoi ! Elle va rejoindre Jared ! Tu sais bien ce qu'il s'est passé avec Ellie ! Comment tu peux la laisser dans les mains de ce type ?

— Non, justement, je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec Ellie ! S'écria le garçon à son tour, devant le visage ahuris des autres personnes de la table, Et toi non plus, tu ne le sais pas ! Personne ne le sait alors arrête d'accuser Jared parce que c'est trop facile de s'en prendre à lui ! Je suis persuadé qu'Ellie n'est pas toute blanche dans leur histoire !

— Arrête de parler de ce que tu ne connais pas, grinça Noah, furieux.

— Hey les mecs, stop c'est bon, elle ne va pas mourir votre copine, les arrêta Gabrielle, blasée, On peut passer à autre chose maintenant ?

Les deux meilleurs amis s'arrêtèrent enfin de crier et se retournèrent vers leurs assiettes dans un silence de plomb.

— Si tu te lèves de table pour la rejoindre je ne t'adresse plus jamais la parole Khan, le menaça Ethan.

— Ok c'est bon, souffla-t-il, frustré, Je reste... Mais s'il lui arrive quelque chose...

— Il ne lui arrivera rien, le coupa Christelle, Noah, calme-toi, mais qu'est-ce qu'il t'arrive enfin ?

— Tu as promis de laisser tomber, enchaina Ethan, même si personne d'autre à table ne savait à quoi ils faisaient allusion.

Bien que ce n'était pas compliqué de le deviner.

— Je n'ai rien promis.

— Noah ! S'exclama Ethan, furieux.

— D'accord ! S'exclama-t-il, Je laisse tomber, je ne dis plus rien, c'est ton problème après tout.

— Merci.

— Ça va être sympa le repas, commenta Esther.

— Ta gueule, murmurèrent les deux amis à l'unisson.

***

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? S'exclama Jared en rejoignant Anna à l'arrêt de bus où elle venait à l'instant de descendre, Ruben va bien ?

— Je n'en ai aucune idée, souffla la jeune fille tout autant paniquée que lui, J'essaie de le rappeler, mais il ne décroche pas ! Il m'a juste envoyée un message pour me dire qu'il était dans le même endroit où on a fait la soirée la dernière fois.

— Ok on y va ! S'exclama le garçon en s'emparant du bras de la jeune fille pour courir.

Rapidement, ils rejoignirent l'immeuble désaffecté et ils pénétrèrent à l'intérieur en hurlant le prénom de Ruben. Bien sûr, aucune autre réponse que l'écho de leur propre voix ne leur parvint et ils se ruèrent sur l'escalier en béton pour grimper les marches à toute vitesse. Arrivant au premier étage, ils jetèrent des coups d'œil autour d'eux tout en continuant de hurler, mais ils ne voyaient rien du tout.

— Ruben ! S'exclamèrent-ils à l'unisson.

Un raclement de gorge résonna soudainement derrière eux et ils se retournèrent avant de s'arrêter net, comme paralysés. Le garçon était allongé sur le sol, le visage en sang. Le liquide rouge se mélangeait avec les larmes qui coulaient le long de ses joues et la morve qui lui pendait au nez. Il commençait à bleuir à certains endroits de son visage et il se tenait le ventre douloureusement. Sa respiration était saccadée, comme s'il avait du mal à respirer et, lorsqu'il ouvrit la bouche pour leur demander de l'aider, ils aperçurent effarés qu'il lui manquait une dent de devant.

— Oh mon dieu... Souffla Anna, estomaquée, incapable de bouger pour autant.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Enchaina son grand-frère, blême.

— Des types, suffoqua Ruben, Borja était là.

— Il n'a rien fait ? Hallucina Anna qui tenta enfin de s'approcher de lui pour s'agenouiller à côté du garçon, Il ne t'a pas défendu ?

— Non, murmura Ruben en éclatant en sanglots.

Anna se retourna vers Jared qui était toujours debout, stoïque, le visage impassible, comme en état de choc.

— Il faut appeler les flics, murmura-t-elle à son attention en espérant le sortir de sa torpeur.

— Non, souffla Ruben en laissant retomber sa tête sur le béton du sol, Non, pas ça.

— Alors on t'emmène à l'hôpital ! Enchaina la jeune fille, paniquée.

— Je préfère mourir.

— Mais non, n'importe quoi ! S'exclama Anna, de plus en plus paniquée, Putain Jared, bouge ! Aide-moi à la place de rester là.

Car l'inaction du garçon se faisait elle aussi de plus en plus inquiétante.

— Jared ! Aide ton frère ! Explosa Anna en se relevant de sa position pour le rejoindre.

Elle posa ses deux mains sur ses épaules et le secoua violemment, les larmes commençant à couler le long de ses joues aussi.

— Réagis, putain !

D'un seul coup, Jared attrapa ses poignets qu'il serra si fermement que la jeune fille laissa échapper un cri de douleur et il la repoussa brutalement avant d'hurler de rage.

Anna se décomposa brusquement. Elle n'avait jamais vu un tel regard. Jared venait de sortir du choc émotionnel qui l'avait paralysé d'effroi, il était désormais ivre de rage, les yeux rougis par la haine, prêt à exploser à tout instant. Ce qu'il ne tarda pas à faire, d'ailleurs. Tout en poussant un hurlement de colère, il balança son pied contre une table en bois posé à côté du canapé qui se brisa en deux sous le coup, tout en volant à travers la pièce.

Anna laissa échapper un cri de surprise tout en portant une main à sa bouche en signe de stupéfaction. Le garçon était littéralement en train de péter un plomb.

— BORJA ! Se mit-il à hurler d'une telle rage que les murs auraient pu en trembler, BORJA ! REVIENS ! VIENS TE BATTRE AVEC MOI, CONNARD !

— Jared, calme-toi... Tenta Anna, complètement prise au dépourvue.

Mais il était si énervé qu'il ne l'entendit même pas, se précipitant vers une fenêtre, il balança son poing à travers la vitre qui se brisa en mille morceaux dans un fracas épouvantable, tandis qu'une grimace de douleur se dessina sur ses traits déjà déformés par la colère.

— Arrête Jared ! S'exclama Anna, paniquée.

Pourtant, il n'y avait rien à faire. Il jeta de nouveau sa main en sang contre le mur de béton en hurlant de rage, si bien que les petits bouts de verres restés collés à ces cicatrices s'enfoncèrent encore un peu plus loin dans sa peau.

— Jared stop ! Hurla la jeune fille, apeurée, Tu vas te tuer !

— BORJA ! Enchaina le garçon sans l'écouter alors qu'il venait de se briser les os de la main sans rien ressentir de particulier, BORJA !

— Arrête ! Répéta Anna en le rejoignant, Arrête, putain !

— Mais... Ce type... Il l'a laissé... Se faire... Frapper, haleta-t-il, haineux.

Et il était tellement en colère que même les mots les plus simples n'arrivaient pas à sortir de ses lèvres.

— Je vais le tuer ! Enchaina-t-il, déformé par la haine.

— Non, non, murmura Anna en espérant le calmer, C'est inutile. On doit s'occuper de Ruben, ton frère.

Jared détournait son regard, refusant de la regarder dans les yeux, et Anna s'empara de son visage avec ses deux mains pour capter son attention. Les doigts de la jeune fille se pressèrent sur ses joues mouillées par les larmes, tandis qu'elle répéta son prénom pour attirer son attention. Finalement, le garçon planta ses yeux humides dans les siens et Anna le sentit avaler sa salive avec difficulté.

— Calme-toi, répéta-t-elle plus sévèrement cette fois-ci, Ruben a besoin de toi. J'ai besoin de toi. Ressaisis-toi.

— Mais...

— Chut, le coupa-t-elle, Je suis d'accord avec toi, Borja est le dernier des connards. Maintenant, on sort ton frère de cette merde, pigé ?

— Mais Anna...

— Pigé ? Répéta-t-elle, sèchement.

— Pigé, murmura-t-il en baissant la tête vers sa main blessée.

— Génial, commenta Anna en suivant son regard, Maintenant, j'ai deux blessés à m'occuper.

— Désolé, souffla Jared qui semblait enfin revenir à lui, Désolé d'avoir pété les plombs.

— C'est bon, laisse tomber, murmura la jeune fille en retirant doucement ses mains de son visage.

Ils se dirigèrent vers Ruben qui était toujours allongé sur le sol à les regarder, les larmes coulant encore le long de ses joues. Jared se laissa tomber sur le sol juste à côté de lui, ses genoux percutant le béton, et il l'observa longuement avant de murmurer si froidement qu'Anna en frissonna :

— Petit-frère, je promets que je te vengerai. Borja ne s'en sortira pas comme ça.

Doucement, Jared effleura de sa main la joue égratignée de Ruben et le garçon marqua une grimace de douleur.

— Désolé, souffla Jared en continuant l'introspection de ses blessures.

Le jeune homme déplaça sa main valide le long de ses avant-bras et fit bouger ses articulations pour vérifier qu'il n'avait rien de casser. Il réitéra la même expérience avec ses jambes et sembla soulagé.

— Où est-ce que tu as mal ? Interrogea Anna qui tenait la main de Ruben dans la sienne.

— Mon mollet, répondit le garçon.

Jared attrapa la jambe du garçon et la fit pivoter vers lui, ce qui laissa échapper un cri de douleur à Ruben. Il marqua une grimace de dégout face à l'hématome noir qui s'y trouvait. Puis il reposa sa jambe doucement avant de regarder son torse. Il souleva son tee-shirt et, comme il l'avait craint, son abdomen était couvert de bleus et de rougeurs. Jared ne connaissait que trop bien cet état pour l'avoir vécu lui-même, il diagnostiquait déjà de bonnes contusions, et peut-être une côte cassée.

— Faut que je le sorte d'ici, enchaina-t-il en s'adressant à Anna qui caressait les cheveux de Ruben tendrement.

— Tu as besoin d'aide ?

— Aide-moi à le hisser sur mon dos.

Anna s'éloigna pour laisser Jared passer son bras derrière la nuque de Ruben. Il le releva à demi et le garçon tenta de camoufler sa souffrance. Son grand-frère se retourna, dos à lui, et Anna aida Ruben à positionner ses deux mains de part et d'autre des épaules de Jared. Celui-ci se releva en attrapant les jambes du garçon et les deux marquèrent une grimace de douleur.

— Ma main, grinça Jared, les larmes aux yeux.

Derechef, Anna attrapa la jambe de Ruben qui était tombé sur sa main blessée et la replaça dans le creux de son coude.

— Merci, enchaina le garçon en poursuivant son chemin... Merci pour tout.

— Mais je n'ai rien fait de spécial, s'étonna la jeune fille.

— Réussir à me calmer, reprit-il, Ce n'est pas donné à tout le monde.

Anna resta stoïque, les observant partir, et elle enchaina finalement, comme se réveillant de sa torpeur :

— Attendez ! Je viens avec vous !

— Tu n'es pas obligée, Anna, l'arrêta Jared qui commençait déjà à descendre les escaliers, Tu as déjà fait beaucoup pour ce soir.

— Pas assez à mon goût, vous êtes mes amis, je ne vous abandonnerai pas. Et surtout pas maintenant.

Jared releva son regard vers elle, se perdant dans ses yeux noisette l'espace d'une seconde, et Ruben murmura d'une voix cassée :

— S'il-te-plait, laisse-la venir avec nous, j'ai besoin d'elle.

— D'accord, accepta son frère de suite, Bien sûr.

En réalité, Jared n'avait jamais vraiment fait confiance à Anna. D'une manière générale, le garçon ne faisait confiance à personne, et encore moins à ceux qui faisaient partie du cercle privé parisien auquel il tentait d'échapper. Pourtant, tous les jours, Anna venait lui prouver qu'elle n'était pas celle qu'il pensait. A l'heure actuelle, elle était d'ailleurs la seule personne à fréquenter Noah Khan et à ne pas les avoir abandonnés par la même occasion. Peu importait à quel point elle pouvait s'entendre avec ce type, Noah n'avait jamais réussi à influencer son jugement sur lui et Ruben. Et pour cette raison, il lui était redevable pour l'éternité. 


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