Nantis

By FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 12 : Damn you

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By FlorieC



— Vous pouvez retourner la feuille, déclara la voix sèche d'Audrey Lebaux, la professeure de littérature du lycée Saint Richard.

Fébrile, Anna retourna sa copie et lu le sujet à la vitesse de la lumière : « Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire. En quoi cette citation reflète-t-elle l'œuvre de Raymond Queneau ? ». Un soupir de frustration s'échappa de ses lèvres. Zazie dans le métro était le premier livre de l'année qu'ils avaient abordé en cours, mais elle n'avait pas eu le temps de le réviser, hier soir. Et pour dire, elle était rentrée tellement tard chez elle après la soirée de Noah qu'elle n'avait pas trouvé la force nécessaire pour se plonger dans ses bouquins. Dire qu'elle n'était encore jamais allée à un devoir sans l'avoir révisé. C'était une sensation étrange et, pourtant, pas aussi dramatique qu'elle l'avait imaginé. Maintenant que Noah était entré dans sa vie, c'était comme si les cours et tout ce qui l'avait obsédé jusqu'alors en avait profité pour s'échapper. Au fond, ce n'était pas désagréable. La jeune fille avait enfin l'impression d'être comme les jeunes de son âge. Désormais, elle se demandait à chaque début de semaine ce qu'elle allait pouvoir faire le week-end prochain et non plus quel bouquin elle allait lire.

Anna attrapa finalement un stylo dans sa trousse et commença à griffonner sur son brouillon. Même si elle n'avait pas révisé, ce n'était pas le moment de se laisser porter par ce genre de pensées... Non, en fait, elle ne pouvait s'en empêcher.

Elle reposa son stylo sur la table et positionna ses deux mains sous son menton pour faire tenir sa tête, repartant dans ses pensées par la même occasion. Noah lui avait proposé d'aller au cinéma, ce soir, et elle se demandait à quel genre de films il allait bien pouvoir l'emmener. Un film d'amour ? Pas son style. Un film d'action ? C'était fort possible... Ou peut-être une comédie romantique. C'était le mélange parfait à une relation amicale qui pouvait possiblement aller plus loin.

— Anna ? Murmura une voix juste à côté d'elle.

La jeune fille sursauta et elle se retourna vers son meilleur ami qui l'observait d'un air inquiet.

— Tu fais quoi ? L'interrogea Lucas, sceptique.

— Je réfléchis, rétorqua-t-elle en chuchotant.

— Vu le sourire niais que tu avais, tu ne réfléchissais pas au sujet, commenta-t-il, ironique.

— Je ne...

— Vous voulez qu'on vous aide peut-être dans le fond ? S'exclama soudainement la professeure de littérature.

Anna marqua un sursaut de surprise, avant de pousser un soupir de soulagement. Madame Lebaux ne s'adressait pas à eux deux, mais à Esther et Étienne qui étaient assis au dernier rang de la classe et ne s'étaient pas vraiment gênés pour tricher. Comme si l'un des deux pouvait réellement changer la donne, songea la jeune fille, altérée. Ils étaient aussi abrutis l'un que l'autre.

— Non, on s'en sort très bien sans vous, rétorqua la jeune rousse.

— Mademoiselle Perrin, grinça la professeure, exaspérée par cette idiote.

Et au fond qui ne l'était pas ?

— Le BAC est dans quelques mois, reprit-elle en croisant ses bras sur sa poitrine, Ça ne vous dit pas de réfléchir par vous-même une fois dans votre vie ?

Anna vit les yeux d'Esther s'illuminer en un éclair. Elle semblait presque contente de s'être fait remettre à sa place. Cette idiote n'avait vraiment aucun amour propre.

Finalement, Anna se retourna vers son sujet et entendit Lucas à ses côtés :

— Concentre-toi et arrête de rêvasser de Noah.

— De qui ? S'offusqua-t-elle, Je ne pensais pas du tout à lui !

— S'il-te-plait... Murmura-t-il, Pas à moi.

— Mais je...

— Oh ! S'écria soudainement Madame Lebaux.

Anna sursauta de nouveau. Cette fois, ce cri lui était bien destiné.

— Je peux savoir ce qui vous arrive ce matin ? Explosa la professeure, outrée, Vous êtes en devoir ! Je ne veux plus aucun bruit !

— Désolée Madame, s'empourpra la jeune fille en baissant la tête, honteuse de sentir tous les regards de la classe tournés dans sa direction.

Dans son dos, elle imaginait déjà leurs sourires amusés. Ça n'arrivait pas souvent que l'intello de première se fasse remettre à sa place et elle reconnaissait que le spectacle devait être réjouissant, si ce n'était jouissif. Enfin, peu importait. Elle détestait sa classe, hormis Lucas et Raphaël.

Elle releva la tête avec prétention et attrapa son stylo sur le bureau pour commencer à définir les termes du sujet. Elle n'avait pas révisé, mais elle savait qu'elle aurait la meilleure note de la classe, comme toujours. En conséquent, elle n'avait rien à leur envier. Pour une fois dans sa vie, elle était dans une position de force. Devenue la petite protégée de Noah Khan, plus rien ne pouvait lui arriver.

***

Ellie s'avachit contre le mur du lycée, observant sa montre d'un air impatient, et attendit la sonnerie de fin des cours. Lorsque celle-ci retentit soudainement, la porte d'entrée de la classe juste en face d'elle s'ouvrit et elle se releva du mur pour s'approcher des élèves sortant. Esther fut la première à se précipiter hors de la classe et, lorsqu'elle remarqua la jeune fille, elle l'interrogea, surprise :

— El', qu'est-ce que tu fais là ?

— Je cherche Anna.

— Anna ? Répéta Esther, surprise, Pourquoi tu la cherches ?

— Un truc à régler, marmonna Ellie, vaguement.

Plusieurs élèves sortirent de la classe, dont Étienne, un ami d'enfance de la jeune rousse, et il rejoignit les deux filles en soupirant :

— Horrible ce devoir... Esther, on va fumer ?

— Ouais, j'arrive, répondit l'intéressée, Pour Anna, tu vas attendre longtemps, elle est genre la dernière personne à rendre sa copie à chaque fois.

Ellie n'en fut pas le moins du monde étonnée et fit un signe de la main à Esther et Étienne qui venaient de la quitter pour rejoindre l'extérieur du bâtiment... Comme à peu près l'intégralité du lycée, constata la jeune fille qui était ravie de se retrouver seule à seule avec cette idiote.

— Hey ! S'exclama la voix de Lucas lorsqu'il sortit de la salle.

— Oh, murmura-t-elle, surprise.

Merde, elle avait oublié qu'il était dans la même classe qu'Anna, réalisa Ellie en esquissant toutefois un sourire pour le garçon qui venait dans sa direction.

— Tu viens dehors ? L'interrogea-t-il en se rapprochant d'elle.

— Euh, non, j'ai des trucs à faire.

— Pourquoi tu attends là alors ? La questionna-t-il, visiblement déçu.

— Je... Dois parler à votre prof, improvisa la jeune fille.

— Madame Lebaux ? Répéta Lucas, sceptique, Tu es en filière scientifique El', qu'est-ce tu en as à foutre de la littérature ?

— J'adore la littérature, rétorqua-t-elle, vexée qu'il la prenne pour une parfaite illettrée.

Ce qu'elle était pourtant.

— Ok, j'ai compris, grinça Lucas, furieux.

— Pardon ?

Elle savait que Lucas lui avait interdit d'aller parler à Anna, mais elle ne pouvait s'en empêcher, c'était plus fort qu'elle. Elle avait juste espéré qu'il ne l'apprenne pas. Mission ratée, visiblement.

— Tu ne veux pas qu'on nous voit ensemble, enchaina Lucas, sèchement.

— Hein ?

— Tu ne veux pas que les gens du lycée nous voient ensemble, répéta-t-il, énervé.

— Euh... Oui, c'est ça, souffla-t-elle, soulagée qu'il n'ait pas découvert la vérité.

Bien que sa conclusion ne fût guère mieux que ce qu'elle manigançait, en réalité.

— Ok, super, grinça Lucas furieux en tournant des talons.

— Non, mais attends ! S'exclama Ellie en réalisant ce qu'elle venait de lui dire, Ce n'est pas vraiment ça !

— C'est quoi alors ?

— C'est... Oh rien, souffla-t-elle, blasée.

Lucas leva les yeux au ciel et sortit du couloir en trainant des pieds, tandis que la jeune fille se retourna vers la salle de classe. Tout le monde semblait être sorti et, pourtant, aucune trace d'Anna. Elle se rapprocha de la pièce et jeta un rapide coup d'œil à l'intérieur. Elle aperçut la jeune fille en train de ranger ses affaires dans son sac et la professeure de littérature ramasser ses copies. Finalement, Anna sortit de la salle de classe et son visage s'assombrit aussitôt lorsqu'elle croisa le regard d'Ellie.

— Qu'est-ce que tu me veux ? Souffla-t-elle sèchement en passant à ses côtés, sans même s'arrêter.

— Attends, s'il-te-plait ! S'exclama Ellie en la rattrapant, J'ai quelque chose d'important à te dire.

— Je m'en passerai.

— Anna !

— Mais quoi ? Explosa la jeune fille en se retournant vers elle, On n'a aucun lien toutes les deux ! De quoi est-ce que tu pourrais bien me parler ?

— Noah.

— Oh je t'en prie, non, souffla Anna en levant les yeux au ciel.

— Mais il faut que tu ouvres les yeux ! S'écria la belle brune dans l'espoir d'attirer son attention, Je dis ça pour toi, Anna. Il te manipule complètement.

— Tais-toi.

— Tu ne le connais même pas ! S'offusqua Ellie, Tu ne le connais pas comme moi.

— C'est faux, l'interrompit Anna, sèchement, Noah m'a confiée de nombreuses choses sur lui.

— Oh, laisse-moi deviner, pouffa-t-elle, Il t'a dit que sa mère était morte ? Que son père connaissait à peine son prénom ? Qu'il vivait seul depuis ses quinze ans ?

Le visage d'Anna se décomposa peu à peu et Ellie en profita pour continuer :

— Mais il t'a menti... Noah ment comme il respire. Le mensonge est son oxygène.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Souffla Anna, abasourdie.

— Ce que je raconte, c'est que sa mère est aussi vivante que la tienne ou la mienne. Ce que je raconte, c'est que son père n'est jamais parti aux Etats-Unis pour son entreprise, mais pour soutenir son frère en phase terminal d'un cancer. Alors tu le trouves toujours aussi monstrueux ? Le pire, dans tout ça, c'est qu'il a proposé à Noah de venir avec lui, mais Noah n'en avait rien à foutre... La preuve, il n'a même pas été à son enterrement, car la seule personne sur cette terre qui le préoccupe, c'est lui-même. Alors, dis-moi, il te l'avait raconté tout ça ?

— Non, s'étrangla Anna.

Ellie s'arrêta un instant. Sa voix venait de trembler et elle remarquait à l'instant le visage blême de la jeune fille. Lucas avait eu tort. Elle ne prenait aucun plaisir à dire la vérité sur Noah à Anna. Aucun plaisir car elle se reconnaissait dans sa détresse. Noah avait la faculté de décevoir toutes les personnes qui avaient envie de croire en lui. Ellie était déjà passée par là. Elle était habituée à ses mensonges, Anna non.

— Ce que je veux te faire comprendre, Anna, reprit Ellie plus calmement, C'est que... Noah n'est pas fait pour toi et, la vérité, c'est qu'il n'est fait pour personne. Il est juste... Mal fait.

Anna resta silencieuse, encore abasourdie par tout ce qu'elle venait d'apprendre, et Ellie tourna les talons, mal à l'aise. Elle n'était pas du genre à consoler les gens. Elle repositionna la hanse de son sac sur son épaule qui avait glissée et tourna à l'angle du couloir, avant de se stopper net.

— Je le savais, murmura Lucas qui se trouvait juste en face d'elle.

— Non, attends.

— Putain, comment tu as pu me faire ça ? Enchaina-t-il, manifestement blessé.

— Je viens de la sauver Lucas, l'interrompit-elle, Quelqu'un devait lui dire la vérité.

— Et ça devait être toi, bien sûr ?

— Qui d'autre ? Je suis la mieux placée pour savoir qui est vraiment Noah.

— ... Et tu la resteras, commenta Lucas, tristement, Puisque tu fais tout pour rester la seule pour lui. Pas étonnant qu'il soit aussi possessif envers toi, si tu lui enlèves toutes les personnes qui s'approchent de lui.

— Je pense que personne d'autre ne mérite de subir l'emprise que ce type peut avoir, répondit-elle après un instant de réflexion, C'est tout.

— Ouais... Et c'est bien assez.

Sur ce, il tourna des talons et quitta le lycée, les mains dans les poches. Ellie l'observa partir en silence, jusqu'à ce qu'elle entende du bruit derrière elle. Derechef, elle se retourna vers Anna qui avait visiblement entendue leur conversation. Ses yeux étaient embués de larmes, tout comme les siens, probablement.

— Désolée pour toi, murmura Anna.

— De même, ajouta Ellie en esquissant un sourire.

Elles s'observèrent en silence, pendant un instant, puis baissèrent les yeux, mal à l'aise, avant de se séparer. Leur compassion l'une pour l'autre avait manifestement des limites.

***

Passant la main dans sa touffe de cheveux qui volait au vent, Ruben sortit de son lycée pour garçons, un des seuls de la capitale qui n'était encore jamais passé au régime mixte. Il jeta un rapide coup d'œil autour de lui avant de traverser la route. Il n'avait pas cours cet après-midi à cause d'un professeur de physique malade et, par conséquent, il était pressé de rentrer chez lui pour profiter d'un peu de tranquillité. Son père était reparti en voyage d'affaire et sa mère travaillait pour une boite de BTP à l'extérieur de Paris. Et puis, Jared n'était pratiquement jamais chez eux. Il allait donc pouvoir se mettre en jogging devant une quelconque émission débile que ses parents lui interdisaient depuis son enfance.

Il tourna à l'angle d'une rue pour contourner son lycée et rejoindre son arrêt de bus, lorsque deux mecs se jetèrent sur lui d'un seul coup, le propulsant contre un mur de briques qui se trouvait juste derrière eux.

— Hey ! S'exclama-t-il, car il ne trouva rien de plus viril à rétorquer.

Un des deux hommes se rapprocha de lui et plaqua son bras autour de sa gorge pour le faire taire. Ruben n'arrivait pas très bien à les distinguer, car le coup qu'il s'était pris dans la tête en percutant le mur résonnait encore sourdement dans sa boite crânienne, et il ne réussit qu'à apercevoir vaguement le deuxième type regarder de droite à gauche pour vérifier que personne ne les observait. Il cru voir un sourire se dessiner sur ses lèvres à cet instant précis et supposa donc qu'il était complètement seul avec ces deux tarés. Il ferma les yeux un instant, essayant de rassembler ses idées pour se calmer, et les rouvrit pour pouvoir observer plus en détails ces agresseurs. Le premier était grand et métisse, les cheveux rasés, et il cracha en se rapprochant de son visage :

— Donne-nous ton fric, sale bourge.

Le lycée de Ruben était un des plus chics de la capitale. En réalité, il n'était pas rare que certains élèves se fassent racketter en sortant du bâtiment. En tremblant, le garçon plongea sa main à l'intérieur de la poche de son jean et en sortit son porte-monnaie qu'il tendit au premier gars.

— Portable aussi, entendit-il la voix du deuxième homme qui se tenait plus loin.

Derechef, il crut reconnaître cette voix et se risqua à l'observer. Il bifurqua son visage vers l'homme et leur regard se croisèrent l'espace d'une seconde. Celle où tout bascula.

— Toi... Souffla Ruben, abasourdi.

— Ton portable ! Répéta le premier gars, énervé, tandis que l'autre restait prostré d'effroi.

— Pourquoi tu me fais ça ? Souffla Ruben à son attention, sans même se préoccuper de l'autre guignol.

Mauvaise idée, cependant, puisque le premier type lui balança son poing en pleine figure. Ruben s'écroula sur le sol et sentit sa joue gauche racler le béton de la route. Il poussa un cri, étouffant celui du deuxième racketteur qui était incapable de faire quoi que ce soit d'autre qu'observer la scène, totalement impuissant. Le métisse lança ensuite un coup de pied dans l'estomac de Ruben qui était courbé sur le sol et celui-ci se mit à crier encore plus fort en se tordant de douleur.

— Vous êtes malades ! Se mit-il à hurler, toujours recroquevillé sur le sol, les mains se protégeant le ventre, Je ne vous ai rien fait, merde !

— Donne-nous ton portable ! Répéta le premier type en le forçant à se relever, après l'avoir empoigné par le col de son manteau pour le remettre face au mur.

Ruben cracha du sang qui coula le long de son manteau, puis releva son regard vers le deuxième gars qui continuait de l'observer en silence. Il était exactement comme dans ses souvenirs, si ce n'était qu'il avait remplacé son beau costume du Nouvel An par un jogging large et gris. Le type était un peu plus grand que Ruben, la peau bronzée et les cheveux d'un noir ébène. Le début d'un tatouage se devinait dans son cou, mais était caché par un épais manteau noir.

— Dis-lui d'arrêter, s'il-te-plait, murmura Ruben à son attention en grimaçant de douleur.

— Quoi ? S'écria le premier en se retournant vers son compagnon, Qu'est-ce qu'il raconte ? Tu connais ce bouffon ?

— Non, murmura l'autre, confus.

Le grand type rasé se retourna vers Ruben et lui lança un coup de poing qui percuta son arcade gauche. Cette fois et, malgré la douleur intense qu'il ressentait, il se décida à répondre et se rua sur le garçon pour le faire tomber à la renverse. Celui-ci trébucha sur une pierre et s'écroula sur le sol brutalement.

— Non ! S'écria soudainement le deuxième type en se jetant sur Ruben.

Le garçon ferma les yeux, attendant un deuxième poing s'abattre sur lui, mais, à la place, le beau ténébreux posa ses deux mains sur ses épaules pour le secouer et il s'écria :

— Barre-toi ! Vite !

— Quoi ? Souffla Ruben abasourdi en rouvrant les yeux.

— Barre-toi ! Répéta-t-il, Avant qu'il ne se relève !

Ruben comprit enfin les mots qu'il venait de lui débiter à une vitesse affolante et il bifurqua son regard vers le premier type qui était en train de se lever, une main posée sur son front en sang.

— Barre-toi ! Répéta-t-il, Vite !

— Dis-moi ton nom, souffla Ruben avant de partir.

— Vite !

— Dis-le-moi, le supplia-t-il une dernière fois.

— Borja, murmura-t-il dans un parfait accent espagnol.

Et Ruben se retourna pour fuir à toutes jambes.

***

Noah sortit du lycée, un large sourire dessiné sur ses lèvres. Il était seize heures et il venait de terminer sa journée de cours. Il sortit de son sac un paquet de cigarettes pour s'en allumer une, avant de se rendre chez le médecin, comme tous les lundi soir. Il descendit les marches du grand édifice Saint-Richard et rejoignit sa bande d'amis qui stagnaient devant le lycée, clope au bec et i-phone en main.

— Y a une soirée au Palace prévue ce week-end ? Interrogea Étienne lorsque le garçon arriva vers eux.

— Soirée privée, désolé les mecs.

— Tu ne peux pas nous faire entrer discrètement ? Le questionna un autre type qui n'avait guère plus l'âge d'être au lycée avec eux.

— C'est une soirée pour les vieux, le coupa Noah, Crois-moi, il n'y aura rien à faire là-bas.

— Donc tu vas faire quoi, toi ? L'interrogea Étienne.

— Je ne sais pas encore, répondit-il en soufflant la fumée dans les airs, Je verrais dans la semaine ce qu'on me propose.

Un ami à lui voulut rétorquer quelque chose, mais un raclement de gorge féminin interrompit leur conversation, si brutalement qu'ils se retournèrent tous vers la jeune fille.

— Anna ? Souffla Noah, éberlué, Mais qu'est-ce qu'il t'arrive encore ?

En effet, ses yeux étaient rougis d'avoir trop pleurés et elle tremblait de rage. Comme si elle était prête à lui sauter à la gorge pour l'assassiner sur place.

— On peut parler ? L'interrogea-t-elle alors que sa voix s'étrangla.

— Euh... Oui, répondit-il suspicieux, en la suivant.

Anna quitta rapidement le groupe d'étudiants qui fumaient devant leur lycée. Elle traversa la route, se souciant peu de regarder autour d'elle, et des voitures s'arrêtèrent brutalement devant elle sans même qu'elle ne s'en aperçoive.

— Oh Anna ! T'es malade ! S'écria Noah en la rejoignant à toute vitesse, Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

— Tu te le demandes ?! Explosa finalement la jeune fille en montant sur le trottoir d'en face.

— Oui je me le demande ! Répondit le garçon, ahuri, Qu'est-ce que tu me fais là ?

— Ellie m'a dit la vérité, renchérit la jeune fille, Toute la vérité sur ta vie. Ta mère qui n'est pas morte, ton père qui est loin d'être le connard que tu prétends qu'il est, ton oncle décédé et dont tu n'as même pas été à l'enterrement, car tu te fiches de tout ce qui se passe autour de toi... Tout ce que tu m'as racontée depuis le début... Tout ça, c'était juste des conneries pour te donner le bon rôle.

Lentement, le visage du garçon se décomposa, à mesure qu'il songeait à trucider sa meilleure amie, tandis qu'Anna continua, de plus en plus furieuse :

— Pourquoi tu m'as menti ?! Je ne t'ai jamais rien demandé ! Ni de me protéger, ni de m'aider, et encore moins de m'aimer ! Mais pourquoi t'as fait ça ? La seule chose dont j'avais besoin, la seule et unique chose que je te demandais, c'était que tu sois honnête avec moi. C'était vraiment trop de demander ? Juste d'être – pour une putain de fois dans ta vie – sincère avec quelqu'un ? C'est trop difficile peut-être ? Ça te fait peur ? Et alors ! Tu ne crois pas que tout le monde est comme toi peut-être ? Et, pourtant, personne ne se cache derrière des mensonges pour se donner une quelconque réputation, parce qu'au final, toi, t'es même pas foutu d'assumer ta propre vie. Franchement, tu crois vraiment que ça m'a impressionnée tout ce que tu m'as dit ? Qu'est-ce que j'en ai à faire, moi, si ton égo surdimensionné vient seulement de ta connerie et pas de l'absence de ton père ou je ne sais quoi ? Ça n'aurait rien changé, Noah ! Tu restes la même personne pour moi et je t'avais accepté. D'ailleurs, à la base, c'était même incroyable que j'aie réussi à le faire. Alors, ne me fais pas passer pour la méchante qui faisait seulement ça parce qu'elle avait pitié de toi ! Parce que ce n'était pas mon cas... Mais après ce que tu viens de me faire, je me le demande, tiens, si je ne vais pas avoir pitié de toi, finalement.

— Je mens parce que les gens ont toujours besoin de m'analyser, rétorqua-t-il, Et ces mensonges vous aident à me comprendre, ou du moins à justifier mon comportement. Ce n'est pas pour moi que je fais ça Anna, c'est pour vous. Je vous donne seulement ce que vous voulez.

— Mais je n'ai pas besoin de te comprendre, putain ! Explosa la jeune fille, C'est ça que tu n'es pas foutu de piger ! Je n'ai pas envie de te comprendre, Noah, répéta-t-elle, Je ne suis pas ta psy putain, j'étais seulement ton amie ! Je t'ai pardonné ton premier mensonge à propos de ton père avec ma mère. Pourquoi t'as recommencé ? Pourquoi tu ne m'as pas fait confiance ? Si tu savais à quel point j'en avais rien à faire de tout ce qu'il y avait autour de toi. La seule personne qui me préoccupait, c'était toi. Le reste, ce n'était rien. Ton père, ta mère, je m'en fous. C'est un empire de poussières que tu possèdes, Noah. Suffisait de souffler un peu pour s'en débarrasser, mais non, toi, tu préfères te cacher derrière toute cette crasse !

— T'es crédule Anna, cracha-t-il, furieux, Tu crois que tout est blanc ou noir ? Je te raconte des conneries sur ma vie et tu gobes tout sans réfléchir. Et, là, Ellie débarque de n'importe où avec ces révélations et tu refais exactement la même erreur ! Tu crois tout ce qu'elle t'a dit sur moi alors que, franchement, ce n'est pas un secret qu'on se déteste en ce moment. Tu viens d'où bordel ? Tu penses que les gens sont ou bons ou mauvais ? D'accord, Ellie n'avait pas tort quand elle t'a dit que ma mère était toujours vivante, mais, tu vois, des fois, je préférerais qu'elle soit morte, parce que ça expliquerait au moins pourquoi elle est je ne sais pas où dans le monde, sauf ici, avec moi. Et oui, c'est vrai, mon père est parti aux Etats-Unis pour soutenir son frère, mais ce n'est pas un enfant de cœur pour autant. Tu l'as déjà rencontré. Et pour ce qui est de l'enterrement de mon oncle, je n'y suis pas allé car Ellie avait besoin de moi ici à ce moment-là... Mais ça, j'imagine qu'elle ne l'a pas précisé.

La jeune fille l'observa en silence, incapable de répondre quoi que ce soit. Elle était perdue dans son regard à travers lequel perlait une lueur étrange. Quelque chose de bien trop triste pour avoir envie de s'y approcher.

— Donc tu peux garder ta pitié pour toi Anna, enchaina-t-il sèchement, Et tu peux même garder ton amitié aussi... Parce que je n'en ai pas besoin.

— Alors on n'a plus qu'à tout arrêter.

— Arrêter quoi ? L'interrogea-t-il, blasé, Parce que ce n'est pas comme si quelque chose avait réellement commencé entre nous. On n'est rien l'un pour l'autre. Tu n'es rien pour moi.

Pourquoi avait-il besoin d'être aussi méchant ? Songea Anna altérée, Ne pouvait-il pas simplement s'excuser de lui avoir menti plutôt que d'entrer dans cette spirale négationniste ? Comme si rien de réellement important ne s'était jamais passé entre eux deux.

— Tu plaisantes ? Souffla-t-elle, estomaquée.

— On n'a jamais couché ensemble Anna, lui fit-il remarquer froidement, Il ne s'est rien passé.

— Mais il n'y a pas que ça qui compte !

— Pour moi, si.

Anna leva les yeux au ciel, exaspérée, tenant de retenir ses larmes par la même occasion. Décidément, Noah ne semblait pas prêt à faire un effort de gentillesse, même si, dans son cas, cela ressemblait plutôt à un sacrifice.

— Tu veux que je te dise le pire, dans tout ça ? Souffla-t-elle, C'est qu'il n'y a pas si longtemps que ça, tu m'as mis en garde contre toi. Tu m'as dit que tu étais quelqu'un de mauvais et moi, je t'ai à peine écoutée. Tu m'as même demandé si j'étais capable de passer au-dessus de ça... Et bien, maintenant, j'ai ma réponse.

Son visage resta de marbre, tandis que des larmes commencèrent à perler au coin des yeux de la jeune fille qui continua avec dédain :

— Tu es la personne la plus lâche et faible que je n'ai jamais rencontrée. Tout est un masque en toi. Il n'y a rien de vrai. Tout est toujours mensonge, trahison, manipulation, méchanceté. Tu t'es forgé une carapace pour te protéger, mais elle est devenue si épaisse que tu ignores désormais ce qu'il y a à l'intérieur... Et bien moi, je vais te le dire. Elle est entièrement vide. Tu n'as pas d'âme, pas d'humilité, pas de conscience, pas de cœur. Tu es un monstre, Noah. Alors, non, je ne pourrais jamais passer au-dessus de ça... Parce qu'il n'y a rien en dessous.

Et au fur à et mesure qu'elle déblatérait ce qu'elle avait sur le cœur, le visage pourtant dur de Noah se décomposa. Elle aurait pu lui enfoncer un pieu en plein dans le cœur, cela lui aurait fait moins de mal que ce qu'elle venait de débiter à une vitesse impressionnante. Anna l'avait touché en plein cœur. Il était mort. Mort à ses yeux, en tout cas. Ils restèrent silencieux pendant quelques secondes qui paraissaient des heures tant l'ambiance était glaciale.

— C'est ce que tu penses vraiment ? S'étrangla Noah.

— C'est ce que tout le monde pense.

— Je m'en fiche de ce que pense les autres ! Explosa-t-il d'un seul coup, C'est ce que tu penses, Anna ? C'est ce que tu penses, toi ?

Et tout en hurlant ces quelques mots, il avait franchi la distance qui les séparait et avait attrapé ses bras pour les serrer entre ces deux mains.

— C'est ce que tu penses Anna ? Répéta-t-il, ivre de rage tandis qu'elle restait étrangement silencieuse, Alors parle !

— Je t'ai déjà tout dit, souffla-t-elle sans oser relever son regard vers lui.

Stupéfait, Noah lâcha prise et se recula, tandis qu'Anna relevait enfin ses yeux pleins de larmes dans sa direction. La jeune fille était littéralement en train d'exploser de l'intérieur. Ses larmes roulaient sur ses joues, ses lèvres tremblaient et son front se plissait de petites rides, tandis que Noah gardait un visage de marbre face à sa crise de larmes.

— Pourquoi tu ne réagis pas ? Enchaina-t-elle, Pourquoi tu es aussi froid et distant ? On était amis Noah, ça ne représente rien pour toi ?

— Non, lâcha-t-il, glacial, Et puis franchement... Qu'est-ce que tu veux que je te dise d'autres ? Tu viens très exactement de te faire une opinion sur moi. Pourquoi je me défendrai ? Tu as l'air déjà si convaincue.

— Et tu es si convaincant, le coupa-t-elle, Comment tu peux leur donner raison aussi facilement ? A tous ceux qui te considèrent comme quelqu'un sans cœur ?

— C'est toi qui est en train de leur donner raison.

— J'ai essayé Noah, j'ai vraiment essayé. Mais je ne vais pas me battre pour quelqu'un qui n'en a rien à foutre de moi. Je n'ai plus confiance en toi. Je sature là.

— Bravo, ironisa-t-il, Tu as tenu presque un mois à mes côtés. Tu pourrais presque en être fière.

— Arrête de faire comme si ça t'amusait. Ça ne t'amuse plus de faire ça. Tu as dix-huit, Noah, il est temps de grandir un peu. Même si ce n'est pas avec moi, je ne sais pas, mais essaye d'être sincère avec la prochaine personne que tu rencontreras.

— Sincère ? La vie m'a plus souvent appris à ne pas l'être.

Anna leva les yeux au ciel à nouveau et il aperçut, surpris, un sourire se dessiner sur ses lèvres.

— La vie ne t'a surtout rien appris, Noah, lâcha-t-elle brutalement, C'est ça, ton problème. Tu n'es pas capable de comprendre tes erreurs, ni de les corriger.

Et il l'observa partir sans rien dire, incapable de la contredire.

***

Cécile posa les assiettes sur la table du salon en fredonnant une chanson. Ophélie, quant à elle, était en train de se vernir les ongles sur la table basse tout en regardant la télévision. Sa mère retourna dans la cuisine pour chercher les couverts et les répartir autour des assiettes, puis elle se dirigea vers le canapé pour observer ce que faisait sa fille.

— Très jolie couleur, murmura-t-elle dans son dos.

— On mange bientôt ? Rétorqua la jeune fille sans relever son commentaire.

— Il faut attendre Anna.

— Il est vingt et une heure maman, répondit Ophélie, sèchement.

— Je sais, marmonna sa mère, Mais elle ne répond pas à son téléphone.

Soudainement, la porte s'ouvrit sur la jeune fille en question et sa mère se retourna, soulagée, dans sa direction.

— Anna ! Pourquoi tu ne répondais pas au téléphone ? J'étais morte d'inquiétude.

— Plus de batterie, répondit-elle vaguement en accrochant son manteau sur la rambarde de l'escalier.

— Et pourquoi tu es rentrée si tard ?

— Devoir chez Lucas.

— Et des phrases complètes ? Interrogea Ophélie en refermant le bouchon de son vernis.

— Je t'emmerde.

— Anna ! Soupira Cécile, exaspérée.

— Super répartie, ironisa à son tour sa petite-sœur, Tu t'améliores de jour en jour, on dirait.

— A table, les filles, les interrompit leur mère, priant pour que son intervention vienne stopper leur dispute.

— Je n'ai pas faim, répondit l'ainée.

— Tu es le portrait craché de papa, lui rétorqua Ophélie en se relevant de sa position assise, Tu fuis dès que quelque chose ne va pas dans ton sens. J'imagine que tu attends tes dix-huit ans avec impatience pour pouvoir nous abandonner à ton tour.

Cécile poussa un soupir, exaspérée. Manifestement, c'était raté. Depuis que Marc était parti, les deux sœurs ne s'adressaient quasiment plus la parole, si ce n'était pour s'insulter, ce qui représentait d'ailleurs leur unique échange quotidien.

— Il ne nous a pas abandonné ! Répéta Anna pour une énième fois.

— Mais t'es aveugle ou quoi ? Explosa Ophélie.

Anna serra ses poings rageusement. Elle avait passé la pire journée de sa vie après avoir appris que Noah s'était foutu d'elle une nouvelle fois et voilà que, maintenant, sa famille qu'elle détestait venait lui piquer une crise. Ce n'était vraiment pas le bon moment. Ne pouvait-on pas la laisser tranquille rien qu'un soir ?

— Je ne veux pas refaire le même débat tous les soirs, soupira-t-elle blasée en tournant des talons.

— Quel débat ? Ironisa Ophélie, Tu n'as aucun argument ! Aucune preuve !

— Aucune preuve ? Répéta-t-elle, Mais c'est vous deux ma preuve ! Vous êtes complètement folles ! Non, mais comment quelqu'un d'à peu près censé pourrait vouloir rester avec vous ? Vous l'accusez de tous les maux, alors que c'est vous les véritables boulets dans cette famille ! Vous êtes hypocrites, superficielles et, putain, bordel, j'ose vous le dire : inintéressantes ! Vous êtes les personnes les plus ennuyeuses que je n'ai jamais rencontrées !

— C'est bon, tu as fini là ? Souffla Cécile, blasée, On a compris qu'on n'était pas assez intelligente pour toi.

— Non, mais maman réagis un peu ! Enchaina Anna toujours sous l'emprise de la colère, Regarde-la un peu ! S'écria-t-elle en désignant Ophélie, Elle a quatorze ans et se fringue comme une pute de l'est ! Elle passe toutes ses soirées dans des bars ou des boites alors que c'est interdit aux mineures ! Et toi, tu ne dis jamais rien, tu lui passes tous ses caprices ! Tu veux vraiment qu'elle devienne comme toi ? Une vieille femme célibataire et paumée qui passe ses journées à prendre des cachets pour ne pas craquer ?

Sa mère la gifla violemment, comme à chaque fois qu'elle n'avait pas de réponse à l'arrogance de son ainée. La jeune fille se recula, en posant une main sur sa joue endolorie, légèrement calmée.

— Ouais, marmonna-t-elle, vaguement, Je commence à avoir l'habitude.

Et elle quitta le salon pour monter dans sa chambre. 


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