Nantis

By FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 5 : Take control

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By FlorieC


                Anna pénétra en furie dans sa cuisine et ses cheveux encore mouillés tombant sur ses épaules venaient tremper son chemisier blanc. Elle était terriblement en retard ce matin et elle n'avait pas pris le temps de les sécher. Grave erreur, puisqu'elle savait pertinemment que, quand elle ne donnait pas un coup de brosse à sa tignasse brune, elle avait l'air de sortir tout droit d'une guerre nucléaire. Ce qui était peut-être le cas, vue la nuit qu'elle avait passée. Incapable de s'endormir, elle avait ressassé pendant des heures cette histoire avec Noah. Ce qui la frustrait le plus, ce n'était pas de s'être fait manipuler par ce crétin, mais le fait de savoir qu'elle allait l'être et de ne pas l'avoir vu venir. Mais pourquoi l'avait-elle cru si bêtement ? Était-elle à ce point en manque d'amour ? Elle arrêta ce qu'elle était en train de faire pour réfléchir à la question. Oui, clairement, elle était en manque d'amour.

— Anna, bouge ! S'écria soudainement la voix d'Ophélie dans son dos.

La belle brune la bouscula brutalement et Anna se rattrapa contre le bord de l'évier en incendiant sa petite-sœur du regard. Ophélie venait de s'emparer de la bouteille de lait dans le frigidaire. Bouteille qu'elle avait eu l'intention de prendre.

Anna s'exclama, énervée :

— Tu permets ? J'allais me servir !

— Tu tenais la conversation au frigo, rétorqua sa sœur, froidement, en versant du lait dans son chocolat.

Sa petite-sœur avait elle aussi les cheveux mouillés. Mais ceux-ci faisaient de belles boucles brunes bien dessinées et lui arrivaient au milieu du dos, telle une princesse de conte de fée. Ophélie n'avait pas pris le temps de se maquiller, ce qui était plutôt rare chez la jeune fille. Anna en conclut donc qu'elle devait être, elle aussi, très en retard. Probablement un trait de famille, songea Anna en l'observant terminer la bouteille qu'elle jeta dans la poubelle. Réalisant par ailleurs ce qu'elle venait de voir, elle s'écria, furieuse :

— Tu viens de terminer le lait ?! Mais j'en voulais aussi !

— Fallait réagir avant, commenta Ophélie en portant son bol à ses lèvres.

Et il lui échappa de peu pour que Anna ne le lui balance en pleine figure. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait, mais le temps plutôt. Jetant un rapide coup d'œil à sa montre, elle sortit précipitamment de la cuisine et remonta dans sa chambre pour y prendre ses affaires en vitesse. Si elle continuait ainsi, elle allait réellement louper son bus. Elle descendit ses escaliers et se rua à nouveau dans la cuisine où sa sœur venait de se lever de sa chaise pour vider son bol dans l'évier. Anna resta silencieuse, ne trouvant même plus les mots pour l'insulter, et Ophélie rétorqua indifférente :

— Tu voulais finir mon lait, peut-être ?

— Je ne te conseille pas de me demander de ce quoi j'ai envie à ce moment précis, grinça Anna entre ses dents, profondément consciente qu'elle était en train de menacer sa sœur de quatorze ans pour une histoire de lait au petit déjeuner.

Au fond, c'était plus fort qu'elle. Ophélie avait une telle arrogance quand elle lui adressait la parole. Anna était persuadée que la moindre de ses actions lui étaient destinées pour lui rappeler à quel point elle était minable à côté de cette pseudo « perfection ». Ophélie avait un certain côté Ellie Lefevre dans sa personnalité. Anna ne doutait pas qu'elle serait son digne successeur une fois qu'elle aurait intégré le prestigieux lycée dans lequel elle faisait ses études. Bien sûr, être la petite sœur de la banale Anna Joly ne l'aiderait pas beaucoup dans sa prise de pouvoir, mais Ophélie avait assez de caractère pour outrepasser cet élément et devenir cet être profondément antipathique et cruelle qu'elle était déjà.

Anna se dirigea vers le placard sans répondre et s'empara d'une barre de céréale au chocolat pour la route. Elle passa à côté de la jeune fille en continuant de l'ignorer, tandis que sa mère se précipita à son tour dans la cuisine :

— Les filles, je ne me suis pas réveillée ! Je suis très en retard !

Anna s'arrêta, blasée, au milieu de la pièce. Décidément, elle ne s'était pas trompée de famille.

— Mais vous êtes encore là, vous aussi ? S'exclama Cécile en se retournant vers les deux jeunes filles.

— Anna a mis trois plombs dans la douche, rétorqua Ophélie en incendiant sa sœur du regard.

— Tu déconnes là ?

— Peu importe, les coupa Cécile pour éviter de faire une scène dès le matin, Je dois aller dans le centre de Paris, je vais vous emmener en voiture.

— Je préfère encore faire le trajet à pied jusqu'au lycée que de rester une demi-heure avec elle dans une voiture, déclara sèchement Anna, en rendant son regard tout aussi antipathique à Ophélie.

— Ce n'est pas un peu exagéré comme comportement ? Soupira sa mère en ouvrant la porte du frigidaire.

— En tout cas, ne te gêne pas pour y aller à pied, si tu y tiens tant que ça, commenta Ophélie ironique, Je ne vais pas te plaindre.

— Pour ça, il faudrait déjà que tu aies un cerveau, la nargua sa sœur, bien qu'il n'y eût pas tellement de rapport avec ce qui venait d'être dit précédemment.

— Il n'y a plus de lait ? Interrogea Cécile de sa voix haute perchée.

— Ophélie a jeté le reste dans l'évier.

— Dans l'évier ? S'écria sa mère en se retournant vers sa cadette.

— J'étais en retard, je n'ai pas eu le temps de finir mon bol, rétorqua la concernée.

— Et puis maman, si tu pensais à aller faire les courses, il y en aurait peut-être encore, lui fit remarquer Anna.

Ophélie se retourna vers sa grande-sœur, surprise. Mais de quel côté était-elle au juste ? Aucun des deux, probablement. Anna s'accrochait à son rôle de victime comme une désespérée en manque d'attention, songea-t-elle.

— Si tu n'es pas contente, tu n'as qu'à les faire ! Explosa Cécile en refermant la porte du frigidaire d'un coup brusque.

— Et quand ça ? L'interrogea Anna, Je suis au lycée toute la semaine !

— Et alors, tu ne sors jamais, intervint à son tour Ophélie, Tu pourrais faire ça à la fin de ta journée.

— Comment ça je ne sors jamais ? S'emporta la jeune fille, Ce n'est pas parce que je ne me fais pas baiser par la moitié du collège à seulement quatorze ans que je ne fais rien d'autre de ma vie.

Le coup partit plus vite qu'elle ne s'y était attendue et Anna reçut en pleine face le poing rageur d'Ophélie. Ce ne fut pas très douloureux, car la petite poigne fragile de la jeune fille n'aurait pas fait de mal à une mouche, mais Anna fut déséquilibrée et sa tête tapa violemment contre le coin d'un placard. Elle sentit le coup fermement au niveau de sa tempe et ferma les yeux instantanément, tandis qu'elle entendait déjà sa mère crier et sa sœur déguerpir en courant. Derechef, elle ouvrit les yeux et sa lança à sa poursuite en hurlant, telle une furie.

— Je vais te tuer !

— Maman ! Au secours ! S'écria Ophélie en montant quatre à quatre l'escalier pour rejoindre la chambre, dans laquelle elle venait de s'enfermer.

Juste à temps, d'ailleurs, puisque Anna se précipita dessus de toutes ses forces pour tenter de l'ouvrir.

— Les filles, arrêtez ça ! Leur cria Cécile du rez-de-chaussée.

— Je vais te tuer ! Répéta Anna en frappant de toutes ses forces contre la porte fermée à double tour.

Elle entendit soudainement sa mère se précipiter derrière elle et l'attraper par la main pour la conduire à la salle de bains.

— Lâche-moi ! S'écria Anna en la repoussant sauvagement.

— Tu saignes, laisse-moi nettoyer ton visage.

— Je n'ai pas besoin de toi ! Explosa son ainée en sanglots, Je n'ai besoin d'aucune de vous deux ! Je vous déteste !

Avec sa main, elle essuya le sang qui coulait sur sa joue et réalisa qu'elle saignait plus qu'elle ne l'avait pensé. Peu importe, il n'était pas question qu'elle reste une seconde de plus dans cette maison. Sous le regard offusqué de sa mère, elle sortit en trombe de la salle de bains et se rua vers la sortie, en attrapant son sac de cours au passage.

***

Lucas avançait les mains dans les poches, sa musique dans les oreilles, comme à son habitude. On était jeudi matin et il n'avait pas réellement envie d'aller au lycée aujourd'hui... Comme, d'ailleurs, tous les autres jours de la semaine. Bien sûr, il passait du bon temps avec Raphaël et Anna. Le petit trio qu'ils s'étaient formés depuis quelques semaines fonctionnait plutôt bien, même si les deux garçons avaient du mal à supporter Anna pendant les heures de cours. Peu importait, ses deux amis arrivaient à combler le vide de ses journées. Le plus dur, en réalité, restait encore d'avoir à croiser Ellie Lefevre dans les couloirs du lycée. Bien sûr, la jeune fille était trop fière pour laisser transparaitre une moindre gêne et elle passait son temps à l'ignorer d'une façon si convaincante qu'il se demandait parfois si elle ne l'avait pas réellement oublié, comme elle oubliait probablement ses multiples conquêtes.

— Hey toi ! S'exclama soudainement une voix féminine.

Il reçut au même instant une tape amicale sur l'épaule et ne put s'empêcher de sursauter.

— Je t'ai fait peur ? Pouffa Lisa lorsqu'il se retourna vers elle.

Lucas s'arrêta, surpris, mettant quelques secondes à la reconnaître. Lisa, la bassiste du groupe Olympia Fields. Comme il ne l'avait pas revue depuis le Nouvel An, c'est à dire, jamais à la lumière du jour, il avait mis un instant à se souvenir de ses traits. Elle était moins jolie que dans son souvenir, réalisa-t-il, conscient tout de même qu'il l'avait vue alors qu'il était saoul, ce qui changeait beaucoup de choses.

— Oui, pardon, rétorqua-t-il en ôtant son casque, J'étais dans la lune. Tu vas bien ?

— Oui ! S'exclama Lisa, toujours aussi souriante, Et puis, j'ai appris la bonne nouvelle !

— Quelle bonne nouvelle ?

— Que tu as largué Ellie ! Répondit-elle comme si cela relevait de l'évidence, Félicitation ! Je vois que tu as écouté mes conseils !

— Quoi ? Bégaya Lucas, vexé, Non, je n'ai pas...

— Oh c'est bon, peu importe, le coupa la jeune fille, Je peux venir avec toi ?

— Où ça ? L'interrogea-t-il, hébété.

— Et bien, je ne sais pas, tu vas où ?

Il s'arrêta un instant pour réfléchir. Cette fille était complètement folle.

— Au lycée, murmura-t-il, Comme tous les jeudi matin à huit heures.

— Oh, soupira-t-elle, déçue, Alors, viens plutôt avec moi !

— Au cas où la première fois t'aurait échappé... J'ai cours, ironisa le garçon.

— Quelle matière ?

— Philosophie.

— Sérieusement ? Et tu comptes y aller ?

Le jeune homme pouffa de rire en levant les yeux au ciel.

— Je passe mon bac à la fin de l'année, lui rappela-t-il.

— Et on est en janvier, lui fit-elle remarquer, espiègle.

— Mais qu'est-ce que tu as à me proposer de toute manière ? L'interrogea Lucas, Il est huit heures du matin.

— Je vais à une répétition avec le groupe, tu pourrais peut-être nous montrer tes talents de musiciens... Tu sais, au cas où.

En effet, la proposition était alléchante et la philosophie était la matière qu'il détestait le plus. Ce qui était plutôt tragique puisqu'il avait choisi la filière littéraire. Mais Lucas n'avait jamais été un garçon très logique.

— Très bien, tu as gagné, je te suis.

***

Anna entra, furieuse, dans les toilettes de son lycée. Comme la première heure de cours avait commencé depuis déjà une bonne vingtaine de minutes - car elle avait évidemment loupé son bus – l'établissement était vide et elle se rua vers les lavabos pour observer les dégâts. Le sang sur sa tempe avait déjà commencé à sécher et avait pris une couleur sombre. Elle attrapa des feuilles dans l'essuie-mains et les trempa sous l'eau froide pour se tamponner le visage doucement. Elle grimaça, mais réussit finalement à se nettoyer. A son plus grand soulagement, elle n'avait qu'une égratignure au niveau de la tempe, avec probablement un hématome en dessous, vue qu'il s'y formait une petite bosse bleuie. Anna rabattit ses cheveux vers le devant pour cacher la forme disgracieuse. Elle s'observa dans le miroir et soupira. Son être entier était disgracieux et quelques mèches de cheveux n'y changeront rien. Sur cette triste constatation, elle bifurqua son regard du miroir pour ne pas se torturer davantage et s'empara de son sac de cours qu'elle avait jeté sur le sol. Elle ouvrit la porte des toilettes et se dirigea vers la bibliothèque. De toute manière, il était trop tard pour aller en cours maintenant.

— Anna ? L'interrogea une voix dans son dos.

La jeune fille se retourna et aperçut Ethan Franck, arriver vers elle en courant.

— Qu'est-ce que tu fais là ? L'interrogea le garçon.

— Je suis en retard.

— Moi aussi, murmura-t-il en souriant.

Arrivé devant elle, Anna remarqua qu'il était plutôt essoufflé. Il avait dû courir pour arriver jusqu'ici.

— Qu'est-ce que tu as à la tête ? L'interrogea-t-il en dégageant avec sa main les cheveux qui tombaient sur le devant de sa tête.

— Oh rien de grave, murmura la jeune fille, mal à l'aise, en se dégageant, Tu as cours ?

— Anglais, grimaça Ethan.

— Moi, philosophie... Mais je n'y vais pas. Je vais travailler à la bibliothèque.

— Je te suis, approuva le garçon.

Ils avancèrent tous les deux dans les couloirs, jusqu'à ce qu'Ethan se décide à rompre le blanc :

— En fait, Anna, je voulais m'excuser pour la dernière fois.

Elle se retourna vers lui et il continua :

— Je n'aurais pas dû te proposer ce plan contre Noah. C'était complètement stupide. J'étais énervé contre lui et je n'ai pas réfléchi à ce que je disais.

— Oh, murmura la jeune fille, étonnée.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien, je suis juste... Surprise. Je pensais que tu allais t'excuser pour la scène que tu as fait la semaine dernière au théâtre.

— Ah ça, commenta le garçon en esquissant un sourire.

— Oui, ça ! Ironisa Anna.

Ils rirent tous les deux, puis Ethan ajouta :

— Tu vas me prendre pour un fou.

— A peine, ironisa la jeune fille.

— Je ne sais pas ce qui m'a pris, lui avoua-t-il, Ce n'est pas un secret que je déteste Raphaël, enfin, surtout depuis qu'il m'a piqué Gabrielle, mais là... Enfin, toi et lui, vous semblez si proches ces derniers temps. Ça m'a énervé. Je suis désolé d'être aussi possessif, je ne le contrôle pas.

— Ça prouve que tu tiens un peu à moi.

— Je tiens à toi, l'arrêta Ethan en se postant face à elle, Tu en doutais ?

— Je ne me suis pas posée la question.

— Anna, je veux qu'on recommence à zéro tous les deux.

— Pardon ?

— Pardonne-moi pour ce que je t'ai fait, t'avoir laissé tomber à cette soirée chez Jared, je suis désolé.

— Je t'ai pardonné, Ethan, qu'est-ce que tu veux de plus ?

— Soyons amis, ça marchait bien au début de notre relation.

— Non, ça ne marchait pas, lui rappela Anna, Du moins, ça ne marchait que de ton côté, moi, j'étais terriblement jalouse de Gabrielle.

— Et, maintenant, c'est moi qui l'es, commenta-t-il.

— Il n'y a vraiment aucune raison de l'être.

— Ah ouais ? Et le Nouvel An que tu as passé avec Jared ? L'interrogea-t-il, Et puis, tu passes toutes tes journées avec Lucas et Raphaël.

— Ce sont mes seuls amis ! Lui fit-elle remarquer, outrée.

— Alors faisons un compromis ?

— Comme quoi ?

— Première moitié de la semaine avec moi, deuxième avec eux ? Proposa Ethan.

Anna l'observa en biais, le doute se lisant sur son visage. Était-il sérieux ?

— Tu es fou.

— Ce n'est pas nouveau.

Non, ce n'était pas nouveau et Anna avait assez donné le concernant. Pourtant, comme un martyr qui tient à sa douleur, elle était incapable de se raisonner, incapable de se limiter, bien qu'elle sût que tout ça allait encore mal finir.

— D'accord, soyons amis, essayons.

Sa naïveté, ça non plus ce n'était pas une nouveauté.

***

— Entrez Ellie, déclara le psychologue, assis derrière son bureau, lorsqu'il entendit deux coups distincts résonner contre sa porte.

Toute la journée, Jean Kerman avait redouté le moment de son rendez-vous avec sa jeune patiente. Après ce que lui avait dit Noah, la semaine dernière, il était effrayé de la revoir. Il ignorait désormais comment se comporter avec elle. Devait-il continuer à entrer dans son jeu pour la faire parler, quitte à se laisser complètement manipuler, ou alors, se devait-il de cesser toute cette comédie et la renvoyer d'où elle venait ? C'est à dire, nulle part, précisément.

— Bonjour Monsieur, répondit Ellie Lefevre en s'engouffrant dans le bureau.

La jeune fille s'installa à sa place habituelle et l'homme se leva à son tour. Il ne savait pas comment agir, alors il se convaincu d'improviser. Après tout, il était le psychologue et elle n'était qu'une adolescente de dix-sept ans. Il était en position de force. Jean Kerman s'installa donc sur son fauteuil à son tour, faisant face à celui d'Ellie et il croisa ses jambes en silence.

— Vous ne me demandez pas comment je vais depuis la semaine dernière ? L'interrogea Ellie, face à son absence de réaction qui n'était pas habituelle.

Depuis plusieurs mois, toutes leurs séances commençaient de cette manière. Pourquoi donc restait-il si silencieux ? S'interrogea la jeune fille abasourdie par ce changement de comportement.

— Comment allez-vous depuis la semaine dernière ? La questionna-t-il, bien que son interrogation résonnât plus comme une obligation que par véritable intérêt.

— Pas vraiment mieux, répondit tout de même sa patience, supposant que sa mauvaise humeur devait venir d'autre chose.

Ellie avait la fâcheuse tendance à dramatiser toutes les situations, comme si l'Univers lui reprochait sans cesse tous les maux de cette terre.

—Vous n'avez pas besoin de me mentir, lâcha le psychologue soudainement.

Mais aujourd'hui, elle ne faisait pas fausse route.

— Pardon ?

— Vous n'avez pas besoin de me mentir, répéta l'homme, bien qu'il regrettât de ne pas avoir réussi à se retenir.

Une improvisation, tu parles, songea le docteur en pestant contre lui-même.

— Je ne comprends pas, murmura Ellie qui, en effet, ne devait pas vraiment saisir le sens de tout ceci.

— Je disais juste que... Commença le psychologue, mal à l'aise, Vous ne devez pas exagérer votre situation dans le but de rallonger nos séances. Si vous estimez avoir besoin de mon aide, alors je vous garderai, c'est mon métier. Vous n'avez pas besoin de mentir.

— Je ne vous ai jamais menti, l'interrompit-elle sèchement en fronçant des sourcils.

Le docteur plongea son regard dans le sien, tentant de comprendre quelque chose à la personne qu'il avait devant lui, mais il était incapable de saisir quoi que ce soit.

— Bien sûr, vous ne me croyez pas, lâcha-t-elle, vexée.

Même si, au fond, elle ignorait pourquoi elle l'était autant. Personne ne la croyait jamais. Avant même qu'elle n'ouvre la bouche pour se défendre, elle était discréditée en permanence.

— Pourquoi ça m'étonne ? Enchaina-t-elle.

— Je veux juste que vous alliez mieux Ellie... Et mentir ne vous aidera pas. Et ça ne m'aidera pas non plus à vous venir en aide. Alors, s'il-vous-plait, faites-moi confiance.

— Confiance ? S'étrangla-t-elle de stupeur, C'est difficile de vous en donner quand je ne vous en inspire pas.

Un silence pesant s'installa et Jean Kerman se plongea dans l'observation de sa bibliothèque, à sa gauche. Il était incapable de soutenir son regard, car il était incapable d'assumer ce qu'il était en train de faire. Lui, diplômé de médecine, psychologue depuis vingt et un an, avait obstrué son jugement à cause des élucubrations d'un jeune homme de dix-huit ans, tout aussi paumé que la patiente dont il tentait de venir en aide. Mais pourquoi diable avait-il écouté Noah ? Que pouvait savoir un garçon égoïste et imbu de lui-même sur Ellie, alors qu'il ne semblait même pas capable de se contrôler ? Comment avait-il pu se laisser influencer aussi facilement ? Bien sûr, il y avait probablement un fond de vérité là derrière et Ellie n'était pas aussi innocente qu'elle voulait bien le faire croire. Mais il était un professionnel et il n'avait pas le droit de se laisser dépasser par ses propres sentiments. Il était là pour lui venir en aide et c'était ce qu'il allait faire, coute que coute.

— J'ai réfléchi à votre question, reprit-il en bifurquant son regard vers la jeune fille.

— Laquelle ?

— Pourquoi vous avez peur que tout le monde vous abandonne. Ellie s'arrêta, attendant la suite.

— En fait, c'est vous qui faites tout pour que cela arrive. Vous accélérez ce que vous redoutez pour ne pas avoir à l'attendre.

— C'est faux ! S'offusqua la jeune fille, Je n'ai jamais forcé mes parents à partir, ni Lucas !

— Vous le faites inconsciemment, Ellie. Dès que quelque chose de bien pourrait vous arriver, vous le détruisez, avant même que cette chose ait le temps de se mettre en place.

L'abandon. En effet, c'était bien sa seule crainte. Sa faiblesse. Et ils l'avaient compris tous les deux. Être abandonnée avait toujours été son pire cauchemar et, étrangement, elle faisait tout pour que cela arrive. Sa logique était imparable. Provoquer pour ne pas le subir.

— Mais vous avez raison, Ellie.

— Comment ça ?

— Quoi que vous fassiez, répondit l'homme en réajustant ses lunettes sur son nez, Les gens vous abandonneront et vous savez pourquoi ?

— Parce que je suis une salope égocentrique ? Le questionna-t-elle la plus sérieuse au monde.

— Non, rétorqua-t-il en esquissant un sourire attristé... Parce que la vie est cruelle.

Elle fronça des sourcils, pas certaine de comprendre ce qu'il insinuait avec ce genre de phrase bateau.

— En réalité, reprit-il, Il y a des gens qui ne vous aiment pas et qui ne vous aimeront jamais. Des gens vous feront du mal et des gens vous abandonneront, car ils trouveront une autre voie dans laquelle vous n'aurez pas votre place. Et ces gens auront le droit de le faire, Ellie. Vous ne pouvez pas les contrôler, vous ne pouvez pas les obliger à vous obéir, et encore moins à vous aimer. Vous devez arrêter de penser que tout le monde doit être à vos pieds, parce que quand vous accepterez enfin que les gens ne vous aiment pas toujours et qu'ils peuvent vous faire du mal, vous n'en aurez plus aussi peur. Vous n'êtes pas le centre du monde. Laissez partir toutes ces personnes qui ne veulent pas de vous. Ne tentez pas de les retenir en vain. Noah, Gabrielle, Lucas... Toutes ces personnes dont vous m'avez parlé. Si elles ne valent pas le coup, ne vous acharnez pas. Partez. Libérez-vous. Ne vous laissez pas bouffer par les autres.

— Mais je n'ai personne d'autre.

— Pas encore, lui fit-il remarquer, Vous avez dix-sept ans, vous avez tout le temps de trouver des nouvelles personnes. Le monde est grand et le lycée dans lequel vous êtes aujourd'hui et qui vous paraît le centre de la terre n'est rien dans une ville comme Paris, rien du tout.

— Je n'ai jamais rien connu d'autre.

Il esquissa un sourire.

— Alors, il est peut-être temps de remédier à ça ?

— Sortir de mon monde ? De ma vie ? C'est ça, votre solution ?

— Créer votre vie, nuança-t-il, C'est ça, ma solution.

— Mais...

— Ellie, l'interrompit-il, Ne laissez personne vous faire croire que vous n'en êtes pas capable.

La jeune fille avala sa salive avec difficulté. Bien sûr qu'elle en était incapable. Elle avait vécu à Paris toute sa vie, comment pouvait-elle chercher autre chose ? Comment pouvait-elle vouloir autre chose ? C'était insensé. Son monde était le seul lien qui la rattachait à la réalité. Le lycée, Betty, Noah, Gabi, Jared, sa carte de crédit, son appartement du seizième arrondissement, tout ça l'empêchait de se foutre en l'air. Du moins, c'était ce qu'elle pensait, puisqu'elle préférait ignorer que c'est ce qui la foutait également en l'air.

***

Noah se laissa tomber sur le canapé derrière lui. Son père y était déjà installé, un journal entre les mains et des lunettes au bout du nez. Il était d'ailleurs plutôt exceptionnel que Paul Khan soit rentré chez lui avant son fils.

— Comment était ta journée ? L'interrogea-t-il.

— Normal, marmonna Noah en ôtant ses chaussures qu'il lança devant lui.

— Tu pourrais les ranger.

— A quoi ça sert de payer une femme de ménage ?

— Pas à t'apprendre les bonnes manières visiblement, marmonna Paul en se replongeant dans la lecture de son journal.

Noah esquissa un sourire, se retenant de préciser que c'était son rôle à lui, de lui apprendre les bonnes manières. Mais peu importait, au final. Il se leva en soupirant pour aller se chercher un coca-cola dans son frigidaire et se réinstalla dans le canapé. Il hésita à allumer la télévision pour regarder une émission débile, mais sachant que son père se tenait à ses côtés, il se ravisa. Paul le prenait déjà assez pour un crétin, pas besoin d'en rajouter une couche. Même si, en réalité, il ne risquait plus grand chose vu le niveau qu'il avait déjà atteint.

— Tu ne vas pas au rugby ? L'interrogea son père sans relever son nez du journal.

— Sauf si tu tiens à me voir avec un plâtre au deuxième bras, ironisa son fils.

Paul releva son visage vers lui et l'observa un instant. Oui, il avait complètement oublié qu'il avait un plâtre. C'était pour dire qu'ils ne se croisaient pas si souvent.

— Tu l'enlèves quand ?

— Dans deux semaines, répondit Noah.

Son père posa le journal sur la table basse du salon, puis ajouta :

— Au fait, j'ai regardé les dates pour la location du Palace et je peux te laisser la boite pour ton anniversaire.

A la fin du mois, Noah allait fêter ses dix-huit ans et l'événement se devait être de taille.

— Sérieux ?

— Oui, tu seras majeur, après tout. Et je préfère que tu l'organises au Palace plutôt que chez des concurrents.

A l'instant, Noah se demanda pourquoi il avait été étonné. Après tout, il était évident que son père lui aurait laissé l'hôtel pour sa soirée d'anniversaire. Surtout avec de l'argent en jeu.

— Et il y a autre chose dont j'aimerais te parler, enchaina Paul en se retournant vers son fils.

A son regard sérieux, Noah comprit qu'il n'allait probablement pas aimer la suite. D'ailleurs, la bonne nouvelle de son père sur l'annonce de la location du Palace était manifestement plus calculée qu'il ne l'avait pensé.

— J'ai demandé à Chloé d'emménager ici, lâcha Paul.

— Quand ? Grinça Noah.

— Le plus vite possible.

— Pourquoi se précipiter ?

— Se précipiter ? Répéta son père, altéré, Noah, ça fait plus d'un an maintenant ! Tu as eu le temps de digéré la nouvelle. Et puis, tu t'entends bien avec son fils, où est le problème ?

— Où as-tu été cherché que je m'entendais bien avec ce crétin ?

— Vous avez passé toutes les vacances de Noël ensemble !

— Oh non, souffla Noah, Ne me dites pas que vous avez été aussi crédules. On faisait semblant avec Jonas. On partait ensemble le matin et, le soir, on s'attendait pour rentrer au chalet, mais je peux te jurer qu'on n'a pas passé une seule journée tous les deux. Même la grand-mère d'Ellie avait capté qu'on n'était pas ensemble ! Sérieux, votre désir de refonder une famille vous fait vraiment gober n'importe quoi.

— Et alors ? Fustigea Paul, Où est le mal de vouloir refonder une famille ? On est seuls depuis des années Noah, depuis que ta mère est...

— Je sais, le coupa-t-il froidement, Et je m'y suis habitué. Je ne veux pas partager cet appartement. Toi, tu n'es jamais là et sache que je suis très bien tout seul.

— Toi aussi, tu arrives facilement à te mentir quand tu le veux, remarqua son père, Tu ne me feras pas croire que tu aimes être seul Noah. Dès que tu rentres dans une pièce, tu cherches des yeux notre femme de ménage. Tu détestes la solitude.

— Quoi ?! S'offusqua le garçon, Mais n'importe quoi ! Et au passage, je déteste notre femme de ménage... D'ailleurs, ma demande de la faire virer tient toujours.

— Jamais, déclara Paul, catégorique.

— J'aurais toujours essayé, marmonna Noah déçu en se relevant du canapé.

Il passa devant son père en silence et celui-ci l'interrompit avant qu'il ne quitte la pièce :

— Ce n'était pas une demande de permission Noah. Chloé et son fils vont vraiment venir s'installer à l'appartement.

— Je sais... Comme si tu allais réellement me demander mon avis de toute façon, ironisa le garçon en se laissant tomber contre le battant de la porte.

— Je peux savoir ce que tu me reproches au juste ? L'interrogea Paul excédé en se rapprochant de son fils, Toute ma vie, je ne l'ai consacré qu'à répondre aux moindres de tes désirs, tu n'as jamais manqué de rien. J'ai répondu à tous tes besoins !

— Répondre à mes besoins, répéta Noah, Tu ne crois pas que tu aurais peut-être dû commercer par t'y intéresser ? Ou au moins les comprendre ? T'aurai même sûrement dû en rejeter quelques un, mais non. Toi, tu n'as fait qu'y répondre. La plupart du temps en sortant ta carte bancaire. T'appelles ça « répondre » ? Moi, j'appelle ça « ignorer », parce que tu préfères t'en débarrasser plutôt que de t'en préoccuper.

— Arrête Noah, souffla Paul, fatigué, Je sais que j'ai fait des bêtises et que j'ai longtemps été absent. J'étais tellement investi dans mon travail et par ce qui est arrivé à ton oncle. Je sais que tu penses que le reste ça ne comptait pas pour moi, mais...

— Tu parles au passé ? S'étonna son fils, Pourtant j'ai l'impression que ça ne compte toujours pas pour toi.

— Je sais que j'ai été un mauvais père, reprit-il, Mais j'ai fait des efforts, j'ai essayé de m'améliorer. Tu ne peux pas me rejeter indéfiniment. Tu dois passer à autre chose Noah. Me faire confiance. Je ne veux pas vivre avec l'idée que mon propre fils me déteste.

— Je me fiche d'apaiser ta conscience.

Et Noah quitta la pièce définitivement.


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