Nantis

By FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 1 : Bad day

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By FlorieC


Anna ouvrit les yeux. Elle avait chaud, trop chaud, et elle se sentait terriblement oppressée. Mais où était-elle, bon sang ? Elle n'avait plus aucun souvenir de la veille. Inquiète, elle n'osa bouger, analysant sa position. Soudain, elle réalisa qu'elle sentait un corps à côté d'elle. Anna ferma les yeux un instant, tentant en vain de se remémorer sa soirée, complètement affolée. La chaleur qu'elle ressentait n'était pas celle de son corps, mais celle de la personne avec qui elle était étroitement serrée. Le garçon à ses côtés était endormi, sa main posée sur son ventre. Anna n'osait plus bouger, se demandant avec quel pervers elle avait bien pu passer sa nuit. Mon Dieu, mais qu'est-ce qu'il lui avait pris de boire autant ? Pesta-t-elle intérieurement. Finalement, trop curieuse pour rester inamovible, Anna tourna son visage vers la personne à côté d'elle et lâcha un cri de surprise.

Derechef, elle se releva précipitamment du lit tandis que Jared Greggs se réveilla en sursaut.

— Mais qu'est-ce que tu m'as fait ?! Hurla la jeune fille, paniquée, en attrapant le drap du lit pour se recouvrir, car elle remarqua qu'elle était en sous-vêtements, Tu es malade !

Elle attrapa la première chose qui lui tombait sous la main, c'est à dire, un oreiller, et elle le lui balança violemment en pleine figure.

— Oh, calme-toi, murmura le garçon en se frottant les yeux pour se réveiller, Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

— Qu'est-ce que je fous dans ton lit ? S'égosilla Anna, les larmes aux yeux.

— Tu te le demandes vraiment ? Ironisa le garçon en riant.

Anna s'arrêta, hébétée, l'observant d'un air dégoûté. C'était certain, elle allait lui vomir dessus dans quelques secondes si toute cette plaisanterie ne s'arrêtait pas sur le champ.

— Pitié, dis-moi qu'il ne s'est rien passé, enchaina-t-elle en resserrant le drap blanc sur elle pour que ce pervers n'ait pas le loisir d'observer sa nudité.

— Vu comment tu as crié de plaisir, répondit Jared en se relevant à son tour du lit, Je vais avoir du mal à te dire le contraire.

— J'étais saoule et complètement défoncée, l'arrêta-t-elle froidement, Tu sais que ce que tu m'as fait peut être considéré comme du viol ?

Le garçon blêmit pendant un instant, puis un sourire s'étala sur son visage tandis qu'il ajouta, ironique :

— Qu'est-ce que tu racontes ? Est-ce que passer une nuit de rêve avec moi t'a fait perdre la tête ?

Il avait voulu tendre sa main vers elle pour lui caresser la joue, mais la jeune fille sursauta de surprise et se recula avec dégout, l'incendiant du regard.

— Il ne s'est rien passé, répéta Anna froidement.

— Tu n'as pas vraiment la tête de la fille qui se souvient de ce qu'elle a fait ou non, murmura l'autre, amusé.

— Il ne s'est rien passé, répéta-t-elle, catégoriquement, Ce n'est pas possible.

— Si tu veux...

Son visage se perdit dans une grimace désespérée. Anna était blanche comme un linge et semblait à deux doigts de vomir ou de tomber dans les pommes, au choix.

— Ok, c'est bon, reprit Jared, plus calmement, Il ne s'est rien passé, quand je suis rentré me coucher, tu étais déjà endormie dans mon lit.

— Comment je peux en être certaine ? L'interrogea la jeune fille, sceptique.

— Quand on couche avec Jared Greggs, on s'en souvient toujours.

— Tu as plus arrogant comme explication encore ?

Il ne répondit pas et elle resta plantée devant lui, ses yeux lançant des éclairs à cette ordure. Le garçon venait de se rallonger sur son lit, complètement indifférent à la panique qui envahissait la jeune fille, et Anna repensa soudainement à leur première rencontre, au Palace. Naïvement, elle avait fondu sous son regard de braise et son charisme fou. Désormais, elle désirait plus que tout le ruer de coup pour déformer son visage si parfait.

— Tu comptes continuer encore longtemps à m'observer dormir ? L'interrogea-t-il, moqueur.

— Tu ne dors pas, lui fit-elle remarquer, sèchement.

Jared esquissa un sourire, les yeux toujours clos, et Anna bifurqua son regard vers le reste de la pièce pour observer sa chambre. Sa nausée ne s'était toujours pas dissipée et, pour cause, elle n'arrivait pas vraiment à croire ce sombre crétin. Et s'ils avaient réellement couché ensemble ? S'il lui avait menti pour ne pas qu'elle porte plainte contre lui ? Et s'ils ne s'étaient pas protégés ? Et si elle était enceinte ? Consciente de se monter la tête, elle souffla un grand coup pour se ressaisir et se retourna vers Jared pour l'interroger :

— Où est ton frère ?

— Il est parti avec un mec, c'est ce qu'on ma dit en tout cas, répondit-il avec une grimace de dégout, Dure nouvelle pour moi.

Anna ne répondit pas, réalisant qu'elle n'avait vraiment aucune idée de la manière dont s'était terminée cette foutue soirée de Nouvel An.

Jared enchaina alors qu'elle ne l'écoutait déjà plus :

— Enfin, d'un côté, je savais que quelque chose clochait chez lui... J'ai toujours pensé qu'il était gay. Il prenait trop soin de ses cheveux pour être normal.

— Normal ? Répéta la jeune fille, indignée, Le seul membre de cette famille à qui il manque une case, c'est toi, espèce de crétin !

Puis, réalisant que cet individu ne méritait pas qu'elle s'énerve autant, Anna se dirigea vers la salle de bains avec son drap et referma la porte derrière elle. Par bonheur, elle aperçut ses vêtements étalés par terre et les ramassa en tentant de retenir ses larmes. Il n'était pas question qu'elle pleure devant Jared. Elle inspira un grand coup pour se donner du courage. De toute manière, il était impossible qu'elle ait couché avec cet imbécile, elle était persuadée que son subconscient était assez lucide pour ne pas laisser sa première fois être cette situation ridicule. Elle enfila ses vêtements et pesta contre Ruben. Mais comment avait-il pu la laisser seule ici ? Pourquoi était-il parti sans se soucier de ce qui pouvait lui arriver ?

Ethan lui avait fait subir cette humiliation une première fois, Ruben avait pris la relève. Finalement, elle réalisa qu'elle s'était encore montée la tête. Elle était loin d'être la préoccupation première des garçons ; une amie, une distraction, un divertissement... Voila tout ce qu'elle inspirait. Sentant une larme couler le long de sa joue, elle l'essuya rapidement et se ressaisit aussitôt.

Elle sortit en trombe de la chambre, jetant un rapide coup d'œil à Jared, qui s'était rendormi sans le moindre remord, et referma sa porte d'un geste brusque dans l'espoir de le réveiller. Elle descendit rapidement les escaliers et quitta la maison presque en courant, sélectionnant en même temps le numéro des taxis de Paris pour rentrer chez elle. Il fallait encore qu'elle tienne une demi-heure, après, elle n'aurait plus qu'à s'effondrer sur son lit pour pleurer toutes les larmes de son corps et ne plus jamais en ressortir jusqu'à la fin de sa vie.

***

Noah sortit de sa douche, un sourire victorieux affiché sur les lèvres. Il se dirigea vers le miroir de sa salle de bains. D'un geste de la main, il essuya la buée qui s'était formée sur la vitre et il observa son reflet. Il ôta le sac plastique sur son plâtre qui lui avait servi de protection contre l'eau brûlante de la douche et le balança sur le sol. Gabrielle Gallien dormait encore dans son lit. A cette pensée, un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres. Encore une fois, il avait merdé et ça ne l'ennuyait pas. Alors même qu'il commençait à se réconcilier avec Ethan, il avait de nouveau couché avec son amour de toujours. Aucun plaisir particulier n'était venu expliquer son acte, puisqu'il détestait Gabrielle et ne ressentait rien d'autre pour elle que de la pitié, mais il se sentait fier. Fier et heureux de constater qu'il était toujours imprévisible. C'était le trait de caractère qu'il appréciait le plus chez lui. L'imprévisibilité. Le fait que personne ne pouvait jamais le comprendre, pas même lui. Quand il agissait sans réfléchir, c'était à cet instant précis qu'il se sentait vivant, c'était à cet instant précis qu'il faisait ses plus belles conneries. Rien, en effet, ne l'avait prédestiné à coucher à nouveau avec Gabrielle. Il n'y avait même pas pensé lorsqu'il l'avait aidé à monter dans sa chambre. Le rapprochement s'était fait dans l'ascenseur et il n'avait pas eu besoin de la repousser. Il sentait que cet événement serait assez grave pour commencer son année et il aimait faire les choses en beauté.

Il se retourna vers sa chambre et aperçut la crinière blonde de Gabrielle. Il traversa la pièce pour la rejoindre, juste pour le plaisir de voir son visage se décomposer au réveil. Il s'agenouilla devant elle, observant son visage paisiblement endormi, et murmura du bout des lèvres :

— Gabi...

La jeune fille fronça des sourcils dans son sommeil et se retourna brusquement, cachant sa tête sous la couverture.

— Gabi... Répéta Noah qui se retenait de ne pas exploser de rire.

— Quoi ? Cracha la jeune fille, la tête encore sous les draps.

— Il est midi. J'ai un rendez-vous donc si tu pouvais....

— Tu me vires ? S'écria la jeune fille en ôtant d'un coup sec le drap qui lui recouvrait la tête pour le regarder en face.

— Non... Je te demande juste de... Partir.

Noah esquissa un sourire diabolique et Gabrielle poussa un soupir, exaspérée :

— Ça t'amuse ?

— Quoi dont ?

— Détruire ma vie, lâcha la jeune fille sourdement en se relevant du lit, d'un seul coup.

Il l'observa se diriger vers sa robe qui traînait sur le sol de sa chambre et l'enfiler, puis répondit alors qu'elle lui tournait le dos.

— C'est toi qui m'a sauté dessus dans l'ascenseur.

— Tu aurais pu m'arrêter, l'interrompit-elle sèchement, J'étais ivre. Tu savais que j'allais le regretter.

— Oh je t'en prie, vu l'état dans lequel tu étais, si ça n'avait pas été moi, tu aurais sauté sur quelqu'un d'autre. Tu devrais presque me remercier d'être passé par là. Qui sait sur qui tu aurais pu tomber...

— Est-ce que tu es en train d'insinuer que je suis une salope ? L'interrogea-t-elle en se retournant brusquement vers lui.

— Et bien, ça dépend comment tu appelles une fille qui a besoin de coucher avec des mecs pour exister ?

— Je l'appelle « Ellie ».

Ne pouvant pas réellement la contredire, Noah enchaina sans transition :

— En fait, je suppose que tu as fait ça pour te venger d'Ethan qui a décidé de passer son Nouvel An avec cette fille plutôt qu'avec toi.

— Ne fais pas comme si tu me connaissais, murmura-t-elle en enfilant ses chaussures.

— Tu n'es pas difficile à cerner, ironisa le garçon en l'observant s'emparer de son sac à main pour récupérer son téléphone portable.

Aucun message, pas même un de « Bonne Année » de ces parents, constata Gabrielle en le laissant tomber au fond de son sac.

— Qu'est-ce qu'il y a ma belle ? L'interrogea Noah, moqueur, Pas de message de Ethan chéri ?

Gabrielle releva son visage vers lui, l'observant longuement. Ses traits étaient durs, son regard sévère, et elle ne comprenait pas ce qu'elle avait pu lui trouver. Noah était mauvais, profondément mauvais. Le pire, c'était qu'il n'avait jamais eu l'intention de changer, comme s'il se complaisait de sa médiocrité.

— Tu es comme une pomme pourrie, lâcha-t-elle.

— Une pomme pourrie ? Répéta Noah, amusé de cette comparaison plus que douteuse.

— Oui... Tu sais, il suffit qu'on te mette dans le panier pour que tu pourrisses tous les autres fruits autour de toi. Comme une bactérie, tu détruis tout ce que tu touches.

— Tu as probablement raison. Je détruis tous ceux qui me touchent. Mais je ne force personne à le faire, pour le coup, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.

Gabrielle l'incendia du regard, puis attrapa son manteau qu'elle enfila rapidement. Dehors, elle entendait des rafales de vent et supposa que la température extérieure devait approcher les zéro degrés Celsius. Elle traversa la chambre de Noah sous son regard amusé, puis cracha avant de claquer la porte derrière elle :

— Tu me dégoûtes.

Tant mieux. Lui aussi, il se dégoutait. Noah en était arrivé à ce moment où la souffrance d'autrui ne lui suffisait plus. Il avait besoin de la sienne, il avait besoin de ressentir une haine plus forte, plus violente, plus destructrice, une haine à l'image de sa personnalité, une haine dans laquelle il se reconnaissait, il se comprenait. C'était dans cette haine, précisément, qu'il se sentait vivant, c'était dans le mépris de soi-même qu'il existait et, plus sadiquement encore, qu'il se sentait heureux.

***

Lucas ouvrit les yeux avec difficulté, se demandant pourquoi il était dans une si mauvaise position. Il bifurqua sa tête vers la gauche et aperçut la chevelure brune d'Ellie Lefevre. Elle avait la tête allongée sur son bras qui manquait cruellement de sang. Il réalisa qu'ils étaient tous les deux allongés sur un tapis, dans un appartement d'un des membres du groupe. Il ne savait pas à qui il appartenait.

La soirée de la vieille lui revint en mémoire et il se rappela avoir déambulé dans les rues parisiennes avec Ellie et ses amis musiciens pour terminer dans ce petit appartement à fumer et boire. Réalisant enfin d'où lui venait ce foutu mal de tête, il ferma les yeux, essayant de se concentrer sur sa position. Il fallait vraiment qu'il enlève son bras de là, il ne le sentait presque plus. A l'aide de son bras droit, il souleva la tête d'Ellie tout doucement pour ne pas la réveiller et il retira l'autre brusquement, sentant déjà les fourmis venir lui picoter le bras désagréablement. Ignorant ce qu'il devait faire de la tête d'Ellie qui était toujours calée dans le creux de sa main droite, il chercha des yeux un quelconque oreiller. Il attrapa son pull, par terre, et en forma une boule pour y reposer tranquillement la tête de sa petite-amie.

La jeune fille gémit un instant, puis replongea dans un sommeil total et Lucas se félicita intérieurement de ne pas l'avoir réveillée. D'un côté, ce n'était pas vraiment un exploit, puisque Ellie Lefevre avait toujours eu un sommeil de plomb, surtout après avoir bu tant d'alcool la veille. Tant pis, il restait fier de lui.

Il se leva, titubant quelque peu à cause de ses courbatures gracieusement réparties sur tout son corps, et se dirigea vers la cuisine de l'appartement où il entendait des bruits.

Lucas se posa contre le battant de la porte et aperçut Lisa, la batteuse du groupe, seule devant une bière.

— Tu parles toute seule ? L'interrogea-t-il, moqueur.

— Je chante.

— Et tu te saoules dès huit heures du matin après la nuit qu'on a passée ?

— Je bois. Je ne me saoule pas.

Il esquissa un sourire et prit place en face d'elle, avant d'ajouter :

— J'ai dû vous dire ça toute la soirée, mais je tenais à le repréciser dans un état sobre, j'adore vraiment ce que vous faites. Olympia Fields fait partie de mon top cinq de mes groupes de rock préférés.

— J'espère qu'on est les premiers de cette liste, rétorqua la jeune fille en lui souriant.

Lucas l'observa sans répondre. Lisa était grande et d'une maigreur à faire peur, car on apercevait ses os saillant, notamment au niveau des clavicules et des omoplates. Son visage blanc contrastait avec un petit carré noir, lisse, et d'une mini frange à la Mia de Pulp Fiction. Ses yeux étaient très exagérément entourés de noir, ce qui mettait en valeur ses pupilles vertes claires. Ses lèvres fines portaient, quant à elles, un rouge provocant. Son allure générale venait compléter ce portrait de gothique anorexique. Elle portait un jean grossièrement déchiré et une veste en laine grise tombait sur ses bras et dévoilait ses épaules frêles et blanches. C'était vrai qu'elle était loin d'être jolie, mais il émanait d'elle un charisme fou qui ne laissait pas Lucas indifférent. Lisa était son type : faussement dépressive, déglinguée, sarcastique, et fumeuse.

— Bien dormi ? Enchaine Lisa en s'allumant une cigarette.

— Ellie m'a écrasé le bras toute la nuit, lui répondit-il en riant.

Lisa lui tendit son paquet de cigarette et il en attrapa une en la remerciant, tandis que son visage resta de marbre. C'était à peine si elle venait de tirer la tronche lorsqu'elle avait entendu le nom d'Ellie.

— Qu'est-ce qu'il y a ? L'interrogea Lucas en s'emparant du briquet sur la table de la cuisine.

— Rien, marmonna la jeune fille en soufflant la fumée de sa cigarette dans les airs, Je trouve juste que tu es... Cool.

— Quel est le rapport avec Ellie ?

— Oh je t'en prie, ironisa Lisa en levant les yeux au ciel, Tu es aveugle ou quoi ?

— Quoi ? Mais qu'est-ce qu'il y a ? Commença à s'emporter le garçon qui détestait quand on le faisait tourner en rond.

— Ellie est une salope, lâcha-t-elle brusquement, Tu mérites mieux que cette gosse de riche qui s'invente une vie de déboire. Elle n'est pas comme nous.

Surpris par ce revirement de situation, car il les avait vues, bras dessus, bras dessous, toute la soirée du Nouvel An.

Lucas l'interrogea, dubitatif :

— Tu n'aimes pas Ellie ?

— Personne ne l'aime, rectifia Lisa, Au fond, tout le monde s'en fout d'elle. Tu sais, elle ne va pas plus mal que nous. Elle est juste ridicule, blindée de tunes et n'a même pas vécu la moitié de ce que l'on connait. Ellie, elle ne sait rien de la vie, mais elle fait croire à tout le monde qu'elle la méprise. Tu sais, des fois, j'aimerais lui faire bouffer son bonheur, qu'elle réalise un peu qu'elle n'est pas si mal lotie dans son palais doré. Son seul problème, c'est que tout le monde se fiche de celui qu'elle s'invente sans cesse.

— Pourquoi vous trainez avec elle dans ce cas ? L'interrogea Lucas sans comprendre, C'est carrément hypocrite de votre part.

— Totalement, lui accorda Lisa en écrasant sa cigarette sur la table de la cuisine qui en avait manifestement connu d'autres, Au début, on la fréquentait car c'était la copine de Jared, un pote à nous. Mais, pour être sincère avec toi, si on la laisse trainer de temps en temps avec nous depuis leur rupture, c'est uniquement parce qu'elle paye tout ce qu'on veut.

Il écarquilla les yeux de stupeur et Lisa enchaina :

— Regarde autour de toi, Lucas, on commence peut-être à percer dans la musique, mais on est encore loin de subvenir à nos besoins. Le fric qu'elle nous file, on ne va pas cracher dessus.

— Je veux bien le croire, lui accorda-t-il en portant un rapide coup d'œil autour de lui, Mais, alors, tu es aussi pourrie que ce que tu prétends qu'elle est.

— Prétendre ? L'interrogea-t-elle, dubitative, Tu n'es pas d'accord avec moi ?

— Absolument pas. Vous ne la connaissez pas comme je la connais.

Lisa se recula de la table, l'observant d'un air inquiet, avant de lâcher sourdement :

— Alors, en fait, tu es plus stupide que je ne le pensais.

— Pardon ?

— Je pensais que tu avais conscience de sa vraie personnalité, que tu sortais avec elle juste pour le cul - ce que je ne juge pas, ce n'est pas mon genre – mais, en fait, tu apprécies vraiment cette fille ?

— Qu'est-ce que ça peut te faire ? La questionna-t-il, vexé par le ton supérieur qu'elle prenait avec lui.

— C'est plutôt toi qui devrait te poser cette question Lucas... Cette fille va t'emmener au fond du gouffre.

Il esquissa un sourire, se relevant de sa chaise, et répondit en murmurant :

— Si c'est le cas, je t'y rejoindrai.

***

Anna tourna à l'angle de la rue, se demandant encore comment elle avait trouvé la force de sortir de son lit après la dernière nuit qu'elle avait passé. Nuit dont elle n'avait aucun souvenir, au passage.

Elle tourna la tête, cherchant des yeux la devanture rouge du café que venait de lui décrire Noah au téléphone et repéra l'établissement. Elle traversa la route et rejoignit le garçon qui était déjà installé sur une table de la terrasse, un café posé devant lui et une cigarette entre les lèvres.

— Sérieusement ? L'interrogea Anna, blasée, On est en plein hiver, tu ne pouvais pas prendre une table à l'intérieur ?

— Je fume, marmonna le garçon, Et j'étais le premier arrivé, donc je décide.

Anna soupira, exaspérée, puis prit place sur la chaise en face de lui, tandis que Noah ajouta, grincheux :

— Ça fait vingt minutes que je t'attends, tu foutais quoi ?

— Et bien, j'ai passé la moitié du trajet à me demander pourquoi j'étais sortie de mon lit et la deuxième pourquoi est-ce que je l'avais fait pour toi, lui répondit la jeune fille, sarcastique, Tu n'as pas fini de me harceler ?

— Oh ça va, renchérit le garçon, Je voulais juste prendre un café et savoir comment s'est passé le nouvel an de Jared. Tu ne pouvais pas m'accorder cinq minutes ?

— Manifestement si, puisque je suis devant toi.

— Et tu appelles ça du harcèlement ? L'interrogea Noah.

— J'appelle du harcèlement tous les messages que tu m'as envoyée pendant le Nouvel An, rectifia la jeune fille en posant son téléphone portable sur la table, Tu n'avais rien d'autre de plus pertinent à faire ?

— Je pourrais te poser la même question, puisque tu as répondu à tous ses messages.

Elle l'incendia du regard, détestant le fait qu'il ait toujours réponse à tout.

Noah ajouta :

— Alors, cette soirée ?

— Mal, grinça celle qui n'avait pas vraiment envie d'entrer dans les détails.

— Toi, tu as la tête de la fille qui a fait une connerie, murmura Noah en écrasant sa cigarette dans le cendrier, Raconte-moi.

— Dans tes rêves.

— Allez ! Et je te raconte la mienne ! Ce sera donnant/donnant.

— Ce n'est pas donnant/donnant puisque tu crèves d'envie de me raconter ta connerie, l'interrompit Anna, sèchement.

— Pas faux, réalisa Noah, J'ai couché avec Gabrielle, s'empressa-t-il d'ailleurs d'ajouter sans même lui laisser le temps de lui poser la question.

— Je le savais déjà.

— Une deuxième fois, précisa le garçon en avalant une gorgée de son café tout en attendant sa réaction.

Pourtant, Anna resta de marbre, totalement indifférente. Et à en juger par son regard, il en venait presque à se demander si elle se souvenait de qui était Gabrielle.

D'ailleurs, il prêta enfin plus attention à la jeune fille et remarqua son teint blanchâtre et ses yeux rouges, comme si elle avait pleuré toutes les larmes de son corps. Anna, qui portait d'habitude des couleurs chaudes et joyeuses, était aujourd'hui toute vêtue de noir.

Cependant, loin de s'en préoccuper, Noah reprit pour en revenir au sujet qui l'intéressait le plus ; lui-même.

— Oh vas-y ! Dis ce que tu as sur le cœur ! Tu me trouves malsain ? Pervers ? Démoniaque ?

— Triste.

— Triste ?

— Noah... Tu pourrais avoir toutes les filles que tu veux, mais tu ne choisis que celles qui font de toi quelqu'un de médiocre, murmura la jeune fille en plongeant son regard sans vie dans le sien, Quelqu'un de tellement minable qu'aucune personne dans cette ville ne peut avoir confiance en toi, pas même ton meilleur ami. Tu sais, c'est comme si, dans le fond, tu cherchais réellement à ce qu'on te rabaisse plus bas que terre et qu'on te dise que tu ne vaux rien, parce que c'est plus facile que de faire cette constatation par toi-même. Donc oui, je trouve ça profondément triste.

Noah resta hébété devant elle, l'observant avec inquiétude. Finalement, son changement d'attitude cachait peut-être quelque chose de plus grave qu'il ne l'avait pensé.

— Anna... Tu vas bien ?

— J'ai l'air d'aller bien ? Le questionna-t-elle en retour.

Anna sentait que ses larmes n'allaient pas tarder à revenir et, pourtant, elle pensait bien avoir épuisé toutes celles de son corps, tant elle avait passé sa matinée à pleurer.

— Anna, qu'est-ce qui se passe ? L'interrogea Noah en reprenant son sérieux.

La jeune fille serra ses poings sous la table pour ne pas qu'il remarque la crise de larmes qu'elle tentait de retenir et, sans réellement réfléchir, elle décida de tout lui avouer. De toute façon, il fallait bien que ça sorte. Elle n'allait pas tarder à exploser.

— Ce matin, je me suis réveillée dans le lit de Jared Greggs. En sous-vêtement. Je n'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé.

Un blanc s'installa à leur table et la jeune fille baissa la tête, elle avait bien trop honte pour croiser son regard. Elle se sentait si humiliée qu'elle aurait tout fait pour disparaître à cet instant précis. Mais, soudainement, elle entendit Noah pouffer de rire et elle releva son regard vers lui en l'incendiant. Comment osait-il se foutre d'elle alors qu'il était évident qu'elle était à deux doigts de s'évanouir tant cette histoire la rendait malade ?

— J'hallucine, souffla-t-elle, altérée en l'observant retenir un éclat de rire, Tu n'as vraiment aucune compassion.

— Excuse-moi, répondit-il en tentant de retrouver son sérieux, Mais tu es une telle boulette !

Il releva son regard vers elle et songea, un bref instant, qu'elle venait de décéder tant son visage était devenu fantomatique.

Il tenta de se rattraper :

— Mais tu étais vierge, non ?

— Pas besoin d'en rajouter une couche du con, l'arrêta Anna, froidement.

— Mais non, justement, j'essaie de t'aider... Tu n'as pas mal ?

Il laissa sa question en suspens, mal à l'aise, mais la jeune fille comprit ce qu'il avait en tête et répondit rapidement avant qu'il n'ose aller plus loin :

— Euh, non.

— Alors il ne s'est rien passé ! S'exclama-t-il.

— Mais les filles réagissent différemment à leur première fois, le coupa-t-elle, Certaines ne sentent rien du tout.

— Oh ce serait dommage, plaisanta-t-il puisqu'il n'arrivait jamais vraiment à rester sérieux, surtout quand on lui parlait de sexe.

— Noah, je ne rigole pas putain ! S'écria Anna, comme si elle sortait enfin de sa torpeur, Je suis à deux doigts de rendre l'âme, là.

— Non, mais, je te jure, je connais bien Jared. A mon avis, il y serait allé comme un bourrin – surtout bourré – donc tu t'en souviendrais encore, crois-moi.

— C'est censé me rassurer ça ?! S'indigna la jeune fille perplexe, se demandant comment il arrivait à faire autant de mal, même quand il essayait d'être gentil.

En effet, Noah était piteusement médiocre quand il tentait d'aider les gens. Le mieux qu'il pouvait faire, c'était de les ignorer. Mais savoir que Anna avait peut-être couché avec Jared Greggs, son ennemi depuis toujours, était loin de le laisser indifférent.

— Le pire dans tout ça, ajouta-t-il sans répondre à sa question, C'est que je pense que c'est de ma faute.

— Comment ça ?

— Jared et moi sommes disons... Pas en très bons termes, lui répondit-il vaguement, Je crois qu'il pense que je suis genre « avec toi », parce qu'il nous a vus plusieurs fois ensemble, enfin... Je ne sais pas comment il a pu croire que coucher avec toi me toucherait. Il n'a jamais été très intelligent, mais de là à atteindre ce niveau de connerie.

Anna l'observa, hébétée, pas certaine qu'il était réellement en train de s'amuser de la situation qu'il réalisait avoir provoqué. Sans lui répondre, elle se leva de sa chaise brusquement et quitta le café sans même se retourner vers lui.

— Quoi Anna ? S'écria le garçon en l'observant s'enfuir, Attends ! C'était une plaisanterie !

Sans l'écouter, la jeune fille continua son chemin, laissant enfin ses larmes couler le long de ses joues. C'était sans conteste la pire journée de l'année. Et ce qui rendait cela si triste, c'était bien qu'il s'agissait de la première. Brusquement, elle sentit une main lui tenir le bras fermement, l'obligeant à se retourner et elle se trouva nez à nez avec Noah qui venait de la rattraper en courant. Apercevant les larmes de la jeune fille, son visage se referma aussitôt et il murmura, piteux :

— C'était une blague.

— Parce que tu crois que ça me fait rire ? S'indigna Anna qui ne pouvait plus s'arrêter de pleurer.

— Mais non, bégaya le garçon, pris au dépourvu, Je suis désolé, je pensais dédramatiser la situation avec mes vannes, j'ai continué sur ma lancée, je ne pensais pas que...

— Tu ne pensais pas, le coupa-t-elle, Tu as raison. Comment tu pourrais penser à ce que ressente les gens de toute façon ?

— Anna, tu ne vas pas me le reprocher non plus, je ne t'ai jamais dit d'aller à ce Nouvel An. Tu n'avais rien à faire là-bas.

Levant les yeux au ciel une nouvelle fois, elle tourna des talons sans même se donner la peine de répondre à ce macho de première.

Elle l'entendit une nouvelle fois dans son dos :

— Anna, il ne s'est rien passé avec Jared !

— Tu n'en sais rien, trancha-t-elle sèchement en se retournant vers lui, Tout comme moi.

— Il n'aurait pas couché avec toi pour se venger, il sait que je n'ai pas de copine et que ça m'indiffère totalement.

— Et pourquoi ça aurait forcément un lien avec toi ?

— Parce que la vie de Jared n'a de sens que s'il détruit la mienne. Il agit dans le seul but de me faire du mal. Le reste n'a pas d'importance.

— Pourquoi il ferait ça ?

— Parce que, moi aussi, j'ai fait en sorte de détruire sa vie.

Elle s'arrêta un instant, se demandant si elle avait réellement envie d'en savoir plus – ce qui n'était pas le cas - et il enchaina :

— Il a juste voulu te faire paniquer, il n'a rien fait.

— S'il est aussi tordu que toi... Permets-moi d'en douter.

Ne trouvant rien à répondre à cela, il resta silencieux tandis que la jeune fille ajouta en essuyant ses larmes sur ses joues encore mouillées :

— Salut Noah.

Puis elle tourna les talons pour continuer son chemin.

***

Jared Greggs s'étira de tout son long, sentant les os de son dos craquer, et poussa un soupir de soulagement. Il avait mal dormi, hier soir, à cause de cette inconnue qui avait accaparé son lit. En titubant, il se dirigea vers sa cuisine pour se servir une tasse de café. Son frère n'était toujours pas rentré et ses parents travaillaient, comme à leur habitude. Il bailla un grand coup et entendit soudainement la porte d'entrée s'ouvrir. Pensant accueillir son petit frère homosexuel dont il n'avait rien su avant la veille, il esquissa un sourire, songeant déjà à la vanne qu'il allait sortir et se dirigea vers son salon. Cependant, il fut vite déçu lorsqu'il aperçut qui se tenait devant lui.

— Les sonneries, ça existe, ironisa-t-il.

— Ne touche pas à Anna.

— Tu me menaces ? L'interrogea Jared, pas le moins du monde impressionné.

— Arrête tes conneries, reprit Noah, furieux, Je sais ce qu'il s'est passé avec Ellie, donc ne me provoque pas.

— Ne sois pas stupide, l'interrompit-il, Et puis, tu n'es pas vraiment bien placé pour me faire la morale, Khan, parce que je te signale que tout le monde a entendu parler de cette histoire avec la cousine de Gabrielle ! Elle a quatorze ans, non mais t'es sérieux ?

— Soit le même âge qu'Ellie quand tu as décidé de sortir avec elle, alors que tu as trois ans de plus que nous, ironisa Noah, C'est exactement la même chose.

— A la différence que j'ai eu la décence de ne pas profiter de son état d'ivresse pour coucher avec elle. Ce que tu ne t'es pas donné la peine de faire pour cette gamine.

Noah s'arrêta, le toisant de bas en haut. Réalisant encore un peu plus à quel point il haïssait ce type, il ajouta :

— Que ce soit Ellie ou Anna, je ne veux pas que tu t'approches d'elles.

— Pourquoi ? L'interrogea Jared, amusé, Tu te prends pour leur sauveur ou leur mac ?

Le pire, c'était que la remarque n'était pas une simple blague.

— Ta gueule, le coupa-t-il sèchement.

— Non, toi, tu vas la fermer pour une fois, reprit le garçon furieux, Parce que j'en ai marre de me faire dicter ma loi par un petit con dans ton genre. Tu m'as pris Ellie, il y a plus d'un an maintenant, et la seule chose que tu as été capable de faire, c'est de l'enfermer.

— Je ne l'ai pas prise, je l'ai récupérée, rectifia Noah.

— Peu importe, le résultat est le même. Tu enfermes toutes les personnes qui sont autour de toi. Tout ce que tu sais faire, Khan, c'est étouffer les gens. Tu n'es même pas foutu de laisser ton père refaire sa vie avec sa nouvelle copine. Tu es une prison, Noah !

Le garçon ne répondit pas, se demandant comment il pouvait être au courant pour son père et Chloé. Puis il réalisa que leurs parents étaient tous un peu amis dans ce milieu, par conséquent, il n'y avait rien d'étonnant là-dedans.

— Depuis qu'Ellie est partie, reprit Jared face au silence de son interlocuteur, Tu l'as empêché d'être avec tous les mecs qui sont passés après moi.

— Elle est avec Lucas en ce moment.

— Ouais, ironisa le garçon, Justement le seul que tu n'aurais pas dû laisser passer. Mais, même ça, tu as été incapable de le faire correctement, siffla-t-il en l'incendiant du regard.

— Ferme-la, le mit en garde Noah qui sentait sa mâchoire se crisper de rage.

— J'ai accepté de te laisser Ellie, enchaina l'autre sans prendre en compte son intervention, C'était à contrecœur, mais je l'ai fait parce que je te croyais capable de la protéger. Tu as tout fait pour que Ellie me rejette, mais, au final, c'est toi qui a toujours été pire pour elle que je ne l'ai été.

— Arrête de parler Jared, je te jure que ça va partir là, murmura Noah entre ses dents.

— Tu me détestes parce que tu penses que j'ai détruit sa vie... Mais c'est ce que tu ne cesses de faire depuis que tu l'as rencontrée.

Jared s'arrêta, laissant sa colère disparaître, en même temps que ses mots qu'il avait enfin réussi à lui adresser. Noah avait échoué à sa mission et il le savait très bien. Désormais, il n'avait plus aucun droit sur Ellie. Comme il n'en avait jamais eu, d'ailleurs. Jared ignorait à cet instant pourquoi il avait laissé Noah traiter Ellie de la sorte. Il était évident qu'il n'avait jamais agi dans son intérêt, mais uniquement dans le sien.

— Pour ce qui est de Lucas et Ellie, reprit Noah, Je m'en occupe. Je ne les laisserai pas rester ensemble.

— Permets-moi d'en douter.

— Et pour ce qui est de Anna, enchaina-t-il sans relever ses sarcasmes, Ne t'approche plus d'elle. De toute façon, elle n'en vaut pas la peine.

— Ça, c'est à moi de le décider.

Noah le tua du regard pour au moins la dixième fois depuis qu'il était entré dans son appartement, puis il se souvenu de la réaction d'Anna quelques heures plus tôt. Désormais, il était évident que Jared la répugnait et, connaissant le caractère têtu de la jeune fille, il savait qu'elle n'était pas prête à lui adresser de nouveau la parole. De ce côté-là, il n'avait donc rien à craindre. D'autant plus s'il continuait à lui faire croire que Jared avait abusé d'elle, il était sûr que toutes les tentatives de cet abruti n'y changeraient rien.

— Je ne lui ai pas fait de mal, ajouta Jared qui savait visiblement lire dans ses pensées, Ne vas pas lui faire croire le contraire. Tu as dit toi-même qu'elle n'en valait pas la peine.

— Sauf que, manifestement, elle a plus confiance en moi qu'en toi.

— Confiance, répéta le garçon, dégoûté, C'est justement ce genre de comportement qui prouve que jamais personne ne pourra ressentir ça pour toi.

Il esquissa un sourire, trouvant que, pour le coup, Anna et Jared allaient bien ensemble dans leur volonté absolue de le casser. Ce qu'ils ne parvenaient pas vraiment à faire, d'ailleurs, puisqu'il se fichait bien de ce qu'ils pouvaient penser.

— Ne fais pas subir à cette pauvre fille ce que tu as fait à Ellie. Ne la laisse pas...

Jared s'arrêta au milieu de sa phrase, laissant échapper un soupir, et Noah l'interrogea, bien qu'il savait pertinemment la suite :

— Ne la laisse pas quoi ?

— Tomber amoureuse de toi.

Ils savaient bien, tous les deux, que c'était la pire chose qui pouvait arriver à Anna.

— Si tu l'apprécies. Ne la laisse pas tomber amoureuse de toi, répéta Jared, pour être sûr de bien lui avoir fait passer le message.

— Le problème, tu vois, c'est que je ne l'apprécie pas.

— Pourquoi tu joues avec les gens comme ça ?

— Très franchement, ça m'amuse.

Jared Greggs le regarda sans réagir. Le pire, c'était qu'il n'était même pas surpris par sa réponse. Personne ne pouvait comprendre Noah Khan, personne n'était capable de dire ce qu'il avait et pourquoi il agissait ainsi. Pourtant, dans le fond, son seul mal venait de sa profonde connerie.




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