Au-delà des limites

By Into_My_Universe

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L'amour peut-il naître entre un prince et une servante ? °°° Au Royaume de Manésie, Aurore Rowens travaille e... More

☀️ Préambule ☀️
Prologue
L'arrivée |1|
Confrontation |2|
Plan B |3|
Une seconde chance |4|
Lourdes responsabilités |5|
Marqué |6|
Douloureuse solitude |7|
Mother |9|
Party |10|
Closer |11|
Noir et doré |12|
Bal masqué |13|
Kiss&Feel |14|
Réveil agité |15|
One Last Heartbeat |16|
Ecroulement |17|
Battle Of The Sons |18|
Révélation |19|
The Queen |20|
Be ready |21|
Beyond the limits |22|
Et si ? |23|
Trahison |24|
Portée disparue |25|
Save Me |26|
Peaceful |27|
Échappatoire |28|
Unlimited Happiness |29|
Suspicions |30|
Sois prudente |31|
Menaces |32|
Dernier avertissement |33|
Un dernier "je t'aime" |34|
C'est fini |35|
Retour à la case départ |36|
Never give up |37|
Violente confrontation |38|
Wanna love you inside out |39|
Mauvaise rencontre |40|
I'm trying, I'm trying, I'm trying |41|
Way Too Good At Goodbyes |42|
She loves control |43|
Par les liens sacrés du mariage |44|
You again |45|
Il était une fois |46|
Vénus |47|
Deux ?! |48|
Sa Majesté |49|

Rapprochement |8|

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By Into_My_Universe

Le fils du roi ne mange toujours pas assez. Voilà maintenant des jours qu'il refuse de toucher à sa nourriture. C'est àpeine s'il pose un regard sur son assiette. Ça se voit qu'il n'est pas dans son assiette... Jeu de mot mal placé, j'avoue.

Il est quatorze heures trente-trois,le roi arrive à quatorze heures quarante-cinq et la réception commence à seize heures. Le prince est déjà habillé. Il est assis dans l'immense salon en attendant l'arrivée de son père. Il me semble pâle, cependant je ne saurais dire si c'est parce qu'il ne mange pas ou parce qu'il appréhende de voir son père.

Les minutes passent et le moteur d'une voiture gronde devant la porte. Le prince se lève. Je le suis et me place à côté d'une autre servante, ce qui me fait penser à la première fois où j'ai vu l'héritier. Toutes les servantes formaient un couloir humain partant de l'entrée jusqu'à la première marche de l'escalier central, tout comme maintenant.

Le chauffeur s'empresse d'aller ouvrir la porte, une main sur son chapeau pour la retenir contre le vent qui souffle. Le roi sort alors de la voiture. Mme Delphine le salue très respectueusement et toutes les servantes font une légère révérence en souhaitant en chœur un bon retour à son Altesse.

Il est un peu plus petit que son fils. Je dirais même qu'il est un brin plus petit que moi. Il n'a pas l'air très âgé, j'ai effectivement entendu dire que le roi a eu son fils à un jeune âge. Ses cheveux sont de la même couleur que le prince ; noir corbeau. Cependant, de très rares mèches argentées contrastent avec la noirceur de sa chevelure. Il reste assez séduisant pour son âge.

L'héritier n'a toujours pas parlé, il observe simplement les mouvements de son père.
Justement, il arrive à sa hauteur, le toise pendant quelques secondes en secouant la tête de gauche à droite et s'en va sans un mot. Le prince n'a pas flanché une seconde. Il n'a même pas sourcillé. Il a peut-être l'habitude que son père se conduise de cette façon avec lui, mais il pâlit à vue d'œil.

Dès que le roi disparaît de notre champ de vision, les servantes se mettent à chuchoter et leurs opinions fusent de tous les côtés. Plusieurs groupes se sont formés et celui qui est le plus proche de moi est bruyant. J'entends la discussion à plus de deux mètres d'elles.

« Il est pas moche, mais il fait grave peur !», « Il fait pas son âge hein, tu crois qu'il met quoi comme crème ? », « Je plains sa femme... » et autres futilités raisonnent à mes oreilles.

Je reporte mon attention sur le prince qui commence às'éloigner. Je le suis au cas oùil ferait un malaise. Vraiment, il n'a pas l'air bien. Arrivé dans un couloir peu fréquenté, il s'adosse au mur, desserre sa cravate et ouvre quelques boutons de sa chemise. J'entends sa respiration qui se fait anormalement lente. Il est malade et ça se voit. Sûrement un manque d'énergie. Je me place en face de lui et cherche quelque chose dans mes poches tout en sentant son regard sur moi.

— Toujours là quand il ne faut pas, n'est-ce pas ? dit-il lentement.

— Peut-être. Mais cette fois-ci vous verrez que je vous suis utile. Tenez, répliqué-je doucement en lui tendant du chocolat.

Ça lui fournira des sucres rapides, ce qui aura pour effet de lui donner de l'énergie. Il accepte le chocolat et tente de déchirer le papier autour. Il ne semble pas en être capable, j'ai même l'impression que ses doigts tremblent légèrement.

Alors, sans qu'il ne me le demande, je l'aide àenlever l'emballage. Pendant quelques secondes mes doigts sont en contact avec les siens. Ses doigts gelés contre mes mains chaudes. Un frisson parcourt mes bras et je contracte mes bras en sentant la chair de poule. Merde. Tout en croquant dans le chocolat, il demande :

— Vous trimballez souvent ces cochonneries dans vos poches?

— Ces « cochonneries » comme vous dites vousaideront à vous sentir mieux. Je les ai prises dans la cuisine parce que j'ai remarqué que vous ne mangiez pas depuis un bon bout de temps. Je m'attendais un peu àune situation pareille. Il fallait bien que vous fassiez une chute d'énergie avec cette grève de la faim.

Le prince arrête de mâcher et me regarde presque... surpris ?

— Vous avez remarqué que je ne mangeais pas ?

Je hoche la tête sans vraiment comprendre son étonnement. C'est mon rôle en tant que servante.

— En passant la plupart de mon temps à vous accompagner, je remarque des petites choses. Vous oubliez ma présence, mais ce n'est pas pour autant que je ne suis pas là.

Il me regarde encore quelques secondes, avec une expression que je ne saurais qualifier sur le visage. Enfin, il avale la dernière bouchée de chocolat. Je pensais qu'il allait s'en aller, mais il me tend la main :

— Vous en avez un autre comme ça ?

Il a l'air d'aller mieux. Dans ses yeux luit une lueur de malice. Je souris aussi et fourre ma main dans mon tablier.

— Oui, bien sûr.

Il fourre la barre chocolatée dans sa poche et s'en va. Pendant une fraction de seconde, j'ai l'impression qu'il veut me dire quelque chose, mais il se ravise et ferme un bouton de sa veste. Le prince est déjà loin quand je lance à son attention :

— Si vous avez besoin de moi, il suffit de demander !

Contre toute attente, le prince semble m'entendre malgré la distance. Il s'arrête, se retourne, m'électrocute de son regard océan et s'en va comme si de rien n'était, l'ombre d'un sourire sur le visage. Une vague puissante de frissons et une douce chaleur envahissent mon corps tout entier.

Merde.

***

Zaria, Lina, Azélie, quelques autres servantes et moi attendons de voir apparaître les visages du roi et du prince à la télé. En effet, le roi va rendre le retour de son fils en Manésie officiel.

Quelques publicités défilent et enfin le drapeau de notre pays s'affiche sur l'écran, indiquant le début de la conférence de presse. Le présentateur fait une petite introduction, et enfin nous voyons le roi et son fils, assis à une table dorée, sûrement en or, recevoir une horde de flashs d'appareils photos des journalistes. Le prince fait preuve d'un calme exemplaire. Moi qui déteste être au centre de l'attention, je serai tombée dans les pommes dès le premier flash.

Les journalistes arrêtent de prendre des photos, s'asseyent et certains se munissent de leur caméra. Le roi raconte que son fils est revenu d'Amérique après de longues études qui porteront leursfruits quand il deviendra roi. L'héritierécoute tout ce qu'on raconte àson propos sans broncher. Son avenir est déjà tout tracé. Il n'a pas son mot à dire.

Le discours du souverain prend fin et une foire aux questions débute. Les journalistes lèvent la main un à un pour poser des questions, et Sa Majesté y répond avec éloquence et grâce. Cependant, une question se démarque des autres et semble agacer le dirigeant :

— Bonjour, Votre Majesté. Tout le monde sait qu'il y a des tensions entre la noblesse et le peuple. Ce n'est pas un secret. Plusieurs manifestations du peuple dénoncent l'inégalité entre la noblesse et les moins fortunés, alors, ma question est la suivante : comment allez-vous atténuer ces tensions ?

Le roi se crispe, mais répond tout de même:

— Le comité et moi-même étudions encore la question. Sachez que nous trouverons assurément une solution à ce... léger problème.

Le reste de la conférence se déroule sans encombre et la réception prend le relai. Les invités arrivent un à un. Leurs vêtements coûteux les mettent tous en valeur, des robes en dentelle, des robes en soie ou encore des diamants et des rubis. Des costumes sur-mesure, des chaussures d'un cuir italien. Tout un chacun porte au moins trois mille euros sur soi, je suis prête à le parier.

Quant aux servantes chargées de s'occuper du service de la réception, elles ont troqué leur habituelle robe/tablier contre une robe blanche à décolleté rond, moulante au buste et évasée à la taille, la jupe nous arrive jusqu'aux genoux et des roses noires sont cousues aux pans.

Une ceinture noire marque la taille. Elle est assez jolie, même si personnellement je la trouve un peu trop simple. En plus, elle ne s'accorde pas avec mon teint cadavérique. Mais bon, je ne suis pas là pour être belle. Les servantes ne sont pas invitées àla réception, nous ne sommes là que pour l'entretenir.

Cependant pas de bijoux, nous restons sobres. Pour faire bonne impression, nous avons le droit de nous maquiller légèrement, j'ai donc seulement appliqué une couche de gloss rose sur mes lèvres. Côté coiffure, j'ai simplement laissé sortir une mèche de cheveux m'arrivant jusqu'à la joue.

Zaria a opté pour un chignon haut sur la tête et un rouge à lèvres nude. Lina quant à elle a mis un trait d'eye-liner. Ses cheveux ne diffèrent pas de d'habitude, elle les a laissé attachés en chignon basique. Les autres servantes ont toutes un chignon auquel elles ont apporté une modification. De cette façon, les invités peuvent reconnaître les servantes. En plus, ce ne serait pas hygiénique de les laisser lâchés.

— Aurore ma belle, qu'est-ce que tu es jolie ! siffle Zaria. Avec ton look, tu trouveras facilement un milliardaire à pécho !

Je rigole, elle ne changera jamais.

— Avec quel look ? J'ai seulement mis du gloss, dis-je en pointant mon visage du doigt. En plus, je ne suis pas intéressée par le mariage Zaria. Et puis, quand je me marierai, ce sera par amour et pas par intérêt.

Elle balaie mes mots d'un geste de la main.

— C'est ça, c'est ça. Moi je ne dirais pas non à quelques milliards, dit-elle toujours en rigolant.

Soudain l'orchestre se metà jouer « The Swan » de Saint-Saens, ce qui signifie que tous les invités sont arrivés et nous informe par la même occasion qu'il est temps d'aller leur servir le champagne.

Je me tiens droite et me munis de mon plateau dans la main gauche sur lequel sont posés plusieurs flûtes à champagne. Les autres servantes et moi avançons alors en synchronisation vers les invités. Ils sont tous dispersés dans la salle. De hautes tables rondes sont disposées un peu partout et d'autres, longues, sont posées de telle sorte qu'elles forment un grand « U ». De grandes tapisseries recouvrent les murs, un élément particulier est représenté sur chaque tapisserie : le soleil. Ce qui ne m'étonne pas vraiment. J'ai remarqué la même chose dans la chambre du prince. Le soleil est l'astre qui lessymbolisent, lui et la famille royale.

Comme à mon habitude, j'écoute les conversations de ces gens remplis aux as tout en leur offrant mon plus beau sourire. Ils se plaignent de ne pas avoir acheté le dernier modèle de Louboutin, d'avoir oublié leur crocodile dans leur résidence secondaire en Thaïlande, se vantent d'avoir acquis un avion dernier cri ou encore d'avoir divorcé pour la septième fois. Toutes ces discussions n'ont qu'un seul but : montrer qu'ils ont de l'argent et qu'ils peuvent se permettre de le jeter par la fenêtre.

Je soupire et en me retournant, je vois le prince au loin, entouré de jeunes filles aux sourires les plus éclatants les uns que les autres. Elles sont toutes magnifiques et parlent avec tellement de naturel et d'éloquence que je ne peux pas m'empêcher de les admirer. Pourtant, l'héritier ne semble pas prendre du bon temps. Ça doit bien être la deuxième fois qu'il baille en dix secondes.

Une jeune fille indienne habillée traditionnellement n'arrête pas de lui chuchoter des choses à l'oreille tout en veillant bien à chaque fois à poser ses longs doigts sur son torse. Cela semble l'ennuyer, car au bout de la quatrième fois, il repousse sa main et lui dit quelque chose, en la regardant très sérieusement dans les yeux. Elle semble mal le prendre, car elle s'énerve et s'éloigne en claquant des talons.

Cette réception à la base organisée en son honneur semble l'agacer. On peut le lire sur son visage. Il n'arrête pas de regarder sa montre toutes les cinq minutes en soufflant. Je me souviens alors d'une phrase qu'il avait dite: « Se présenter à une réception bourrée de lèches-culs, à quoi bon ? ».

Je m'avance enfin vers lui pour lui demander s'il va mieux depuis la fin de la conférence de presse, mais une jeune fille aux cheveux roux me devance.

Elle est de taille moyenne, ses cheveux courts lui arrivent à la mâchoire et elle porte une élégante robe vert clair qui fait ressortir ses magnifiques yeux, verts eux aussi. En un claquement de doigts, toutes les autres filles disparaissent et elle détient toute l'attention du prince.

La rousse se jette au cou de l'héritier et parle tellement fort que je l'entends malgré la distance.

— Elian, ça fait tellement longtemps ! Comment ça va depuis tu sais quoi, fait-elle surexcitée en faisant un clin d'œil.

Elle semble être une personne joyeuse, pleine de vie. Pour la première fois de la soirée, le prince engage une vraie discussion. D'après ce que j'en entends, ils semblent se connaître depuis longtemps. On dirait qu'il va mieux. C'est donc inutile de lui demander quoi que ce soit. Je préfère le laisser renouer ses liens avec la jeune fille.

Au bout d'environ une heure et demi, il ne me reste plus de flûtes de champagne. Je m'apprête à en chercher d'autres quand un homme approximativement âgé d'une trentaine d'années m'appelle.

— Bonsoir, mademoiselle.

Je lui offre un sourire et réponds:

— Bonsoir Monsieur. J'espère que vous passez une bonne soirée. Je n'ai plus de champagne, mais je vais vous en chercher tout de suite, dis-je poliment.

Pourtant, il me retient en m'attrapant le poignet. Je fronce les sourcils en sentant sa poigne de fer.

— Effectivement, je passe une bonne soirée, mais vous pourriez peut-être m'aider à passer une soirée encore meilleure...

— Comment ça ?

— Au lieu de perdre votre énergie à servir ces gens, pourquoi ne pas passer un peu de temps avec moi ? On va bien s'amuser, chuchote-t-il en resserrant son emprise.

Je comprends son allusion et essaie de ne pas perdre mon calme malgré les palpitations de mon cœur. Et merde. J'aurai dû garder mon plateau avec moi, ça m'aurait servi d'arme.

— Je n'ai nullement envie de vous « tenir compagnie ». Lâchez-moi maintenant. Vous n'avez apparemment pas besoin de moi et j'ai du travail qui m'attend, dis-je sèchement.

— Oh, mais vos jolies mains pourraient faire tellement de merveilles autre part. Quel gâchis de gaspiller une beauté telle que vous à servir ces hypocrites.

Je stresse de plus en plus, il semble insister et il n'y a personne de ce côté-ci pour m'aider.

— Vous êtes une servante. J'entends par là que vous êtes censée satisfaire les besoins des invités. Ne m'obligez pas à aller me plaindre auprès de votre chef, mhm ? menace-t-il en se collant à moi.

Je sens son excitation se frotter contre ma jambe. J'ai envie de vomir. Là c'est vraiment trop. Je tire brusquement mon poignet vers moi dans l'espoir que ça le surprenne afin qu'il me lâche. Cependant, il resserre ses doigts. Le pervers lève la main au dessus de ma tête quand il est brusquement tiré en arrière. Un jeune homme de mon âge environ tient le col du salopard.

— Votre femme est en train de vous chercher et si je ne m'abuse, vous dépendez entièrement de sa fortune. Quelle catastrophe si elle venait à savoir que vous la trompiez.

Le pervers ramène ses mains contre lui, pris sur le fait. Il me fait penser à un tyrannosaure avec ses pattes lâchement roulées sur le torse.

— Loin de moi l'idée de la tromper, quelle accusation ! Je cherchais seulement un peu de compagnie. Mais rien ne vaut l'amour de sa chère et tendre épouse, n'est-ce pas ? bredouille-t-il en rigolant. C'est pourquoi je m'en vais de ce pas la rejoindre, je ne voudrais surtout pas l'inquiéter.

Il s'en va sur ces dernières paroles. Je soupire un grand coup et pose ma main sur ma poitrine. Mon cœur bat tellement vite, j'ai vraiment eu une peur bleue. Même mes jambes tremblent légèrement. Je regarde mon sauveur et je suis émerveillée par son regard. Mes yeux d'un brun banal rencontrent des yeux vairons. C'est-à-dire que l'un est bleu et l'autre vert. Quelle rareté ! Ses cheveux ondulés sont d'un noir d'une nuit sans étoiles.

— Merci beaucoup de m'avoir sauvée, j'allais lui lancer un coup de pied dans sa zone sensible, mais heureusement que vous êtes intervenu.

— De rien mademoiselle, mais une jolie jeune femme ne devrait pas traîner dans cette zone isolée sans être accompagnée au moins, fait-il en me prenant la main.

— Les risques du métier ? dis-je en ironisant la situation.

Il rit à son tour et porte ma main à ses lèvres.

— Sur ce, je m'en vais.

Il embrasse délicatement ma main, à la manière d'un prince envers une princesse. Je me mordille la lèvre en sentant ses lèvres chaudes rencontrer ma peau pâle. Mon dieu, je deviens cucul! Il s'éloigne, mais je l'interpelle une dernière fois.

— Attendez ! Vous ne m'avez pas dit votre nom, dis-je désireuse de savoir au moins comment il s'appelle.

Les yeux bleu et vert scintillants, il me fait un clin d'œil énigmatique avant de s'en aller aussi silencieusement qu'il est apparu.
***
Je suis retournée en salle pour servir les invités autant que possible. Cependant, le regard vairon de mon sauveur est gravé dans ma mémoire. Ses yeux me fascinent au plus haut point. Quelle chance il a !Il était vraiment pas mal dans son smoking, ce dernier le mettait à son avantage.

Je m'efforce à penser à autre chose. Mes pieds commencent sérieusement à me faire mal à force de rester debout. Je vais donc à la cuisine pour me reposer. Les cuisiniers courent dans tous les sens pour préparer des plats plus délicieux les uns que les autres. Soudain, une cuisinière s'approche de moi :

— Azélie veut te parler. Elle est en face du bâtiment en construction.

Je remercie la cuisinière et me dirige vers le lieu du rendez-vous, douteuse. C'est bizarre qu'Azélie veuille me parler seule à seule. Je devrais me méfier. Mais on ne sait jamais, c'est peut-être important.

Mes pieds me guident rapidement au lieu indiqué. Personne. Me serais-je trompée d'endroit ? Je jette un coup d'œil aux alentours. Non, je suis bien devant le bâtiment en construction. Je le connais bien, quand j'ai du temps libre, soit je vais dans mon jardin secret, soit je viens jusqu'ici, dans une pièce entièrement murée de miroirs pour danser. C'est ma passion. Personne ne vient jusqu'ici donc je suis toujours tranquille pour me déchaîner.

Des tas d'échelles sont posées contre la façade. Des planches de bois et de gros cailloux jonchent le sol. Je suis bel et bien au bon endroit. Mais alors... J'entends soudain un bruit en provenance du haut. Je lève la tête et, à peine ai-je le temps de fermer les yeux qu'un gros pot de peinture noire me tombe sur la tête. Je sens une douleur fulgurante au crâne, comme s'il était fendu en deux. Je lève les yeux au ciel pour voir si l'auteur de ce mauvais tour est encore là, mais il n'y a déjà plus personne.

Je regarde l'état de ma robe. Autrefois blanche comme le plumage d'un cygne, la voilà parsemée de longues traces de peinture sombre. Cette peste d'Azélie, elle a tout planifié ! C'est quoi son but au juste ? Profiter de l'effervescence de la fête pour faire la gamine ? Elle se fourre le bras dans l'œil jusqu'au coude si elle croit que je vais rentrer dans son petit jeu.

Je me mets à la recherche d'un endroit où me laver les cheveux avant que le liquide ne sèche. Je trouve une fontaine au clair de lune. J'ai assez d'eau pour me laver les cheveux et assez de lumière pour voir ce que je fais.

J'enlève rapidement mon élastique et les trempe dans l'eau froide de la fontaine. Je frissonne, mais frictionne ma chevelure malgré tout. La peinture s'enlève assez facilement puisqu'elle n'est pas encore sèche. Après une dizaine de minutes et quand je me suis bien assurée que mes cheveux sont propres, je me lève lentement et essore mes cheveux alourdis par l'absorption de l'eau.

Je me fige dans mon mouvement en voyant le prince de l'autre côté de la fontaine m'observer attentivement. J'étais tellement focalisée à trouver un endroit où me laver que je n'avais pas remarqué sa présence. Il ne décolle pas son regard du mien, ce qui me perturbe fortement. Je me lève brusquement en remarquant qu'àcause de ma position, ma robe laisse entrevoir un décolleté plongeant.

Ma tête tourne à cause de mon geste brusque, mais je récupère vite mon équilibre. Je pose mes cheveux sur ma poitrine, du côté gauche. Le prince se lève et continue de me fixer tout en fronçant les sourcils. Là, ça devient un peu flippant.

— Vous devriez laisser vos cheveux à l'air libre plus fréquemment.

Qu'est-ce que je suis censée répondre à ça ? Merde. Mon petit cœur recommence à faire des siennes. Calme-toi.

— Euh... Merci.

On dirait que le son de ma voix l'éveille de son état d'hypnose. Le prince enlève alors sa veste et la pose sur mes épaules.

— Gardez ça. Sinon vous allez attraper froid, dit-il simplement en me pointant du doigt. Considérez ça comme une manière d'être à égalité.

Je fronce les sourcils à mon tour, ne comprenant pas où il veut en venir. Il soupire.

— Vous m'avez aidé à aller mieux et je n'aime pas me sentir redevable, alors je vous prête ma veste pour que vous ne tombiez pas malade à votre tour.

— Oh... d'accord, merci. Nous sommes quittes maintenant, dis-je en souriant.

Il hoche la tête en signe de compréhension, les sourcils toujours froncés. Qu'est-ce que j'ai envie de les « défroncer » ! Il aura des rides avant l'âge à ce rythme.

Nos regards plongent l'un dans l'autre et se verrouillent. Pendant ces quelques secondes ou minutes d'intense échange visuel, j'ai l'impression de me noyer dans ses yeux bleu électrique. Des frissons me parcourent l'échine. Je ressens la même sensation que lorsque l'on plonge dans un océan gelé, le contact de l'eau glaciale sur la peau donne l'impression d'être transpercé par des milliers d'aiguilles.

C'est ce que je ressens en plongeant mon regard dans celui du prince. Comme si des milliers de fourmis rampaient dans mon dos. Comme absorbé par les yeux de l'autre. Comme aimantée par l'océan déchaîné qu'est son regard. Electrocutée au sens propre.

Il cligne soudainement des yeux plusieurs fois et se racle la gorge. L'héritier s'éloigne après m'avoir souhaité une bonne nuit d'une voix rauque.

La musique de la réception me parvient alors aux oreilles. J'avais complètement oublié où j'étais. Je secoue la tête de gauche à droite et pose ma main sur mon cœur affolé. Comme si j'avais couru un marathon.

Mais... Que vient-il de se passer ?

***

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