RÉFLEXION

By Epice_

108K 11.3K 2.1K

. Selon la loi de Murphy, s'il y a plusieurs façons de faire une chose, dont l'une d'elles co... More

◤!◥ Trigger WARNING ◤!◥
✖PROLOGUE✖
1ère partie : RÉVÉLATION
Chapitre 1 - 1/2
Chapitre 1 - 2/2
Chapitre 2 - 1/2
Chapitre 2 - 2/2
Chapitre 3 - 1/2
Chapitre 3 - 2/2
Chapitre 4 - 1/2
Chapitre 4 - 2/2
Chapitre 5 - 1/2
Chapitre 5 - 2/2
Chapitre 6 - 1/2
Chapitre 6 - 2/2
Chapitre 7 - 1/2
Chapitre 7 - 2/2
2ème partie : SHI'VALEM
Chapitre 8 - 1/2
Chapitre 8 - 2/2
Chapitre 9 - 1/2
Chapitre 9 - 2/2
Chapitre 10 - 1/3
Chapitre 10 - 2/3
Chapitre 10 - 3/3
Chapitre 11 - 1/2
Chapitre 11 - 2/2
Chapitre 12 - 1/2
Chapitre 12 - 2/2
Chapitre 13 - 1/2
Chapitre 13 - 2/2
Chapitre 14 - 1/2
Chapitre 14 - 2/2
Chapitre 15 - 1/2
Chapitre 15 - 2/2
3ème partie : IMPRÉGNATION
Chapitre 16 - 1/3
Chapitre 16 - 2/3
Chapitre 16 - 3/3
Chapitre 17 - 1/2
Chapitre 17 - 2/2
Chapitre 18 - 1/3
Chapitre 18 - 2/3
Chapitre 18 - 3/3
Chapitre 19 - 1/2
Chapitre 19 - 2/2
Chapitre 20 - 1/2
Chapitre 20 - 2/2
Chapitre 21 - 1/2
Chapitre 21 - 2/2
Chapitre 22 - 1/2
Chapitre 22 - 2/2
Chapitre 23 - 1/3
Chapitre 23 - 2/3
Chapitre 24 - 1/2
Chapitre 24 - 2/2
Chapitre 25 - 1/2
Chapitre 25 - 2/2
➽ Chapitres Inédits
➽ Chapitres 26 - 1/2
➽ Chapitres 26 - 2/2
➽ Chapitres 27 - 1/2
➽ Chapitres 27 - 2/2

Chapitre 23 - 3/3

1.4K 195 32
By Epice_

Opening : Written By Wolves ~ Explode

Aedan toisa la petite créature aplatie contre le panneau de bois. Pourquoi ne fuyait-elle pas ? Pourquoi le défiait-elle ?

— J'ai confirmation que ton courage n'est que de l'inconscience, marmonna-t-il.

Mais les jambes de Neil refusaient de lui obéir. Tant mieux. Ainsi, la porte ne constituerait pas le seul rempart entre Aedan et sa mère. Il faudrait d'abord lui passer sur le corps. Non qu'il comptait faire le poids, mais ses cris de douleur serviraient au moins d'alarme. Il tendit l'oreille. La respiration lente et régulière de Sully trahissait son sommeil. Elle était si profondément endormie que l'explosion des ampoules ne l'avait pas troublée. Elle devait accumuler de la fatigue. À moins que... « Vous autres, zalnochas, êtes presque aussi sourds que les taupes sont aveugles », avait dit Trish, la caissière. Possible.

— Qu'est-ce que tu veux, Aedan ? parvint-il à demander.

Il fut le premier surpris de ne pas entendre son filet de voix chevroter. Aedan essaya de répondre. Seulement te protéger. Cela sonnerait creux. Un non-sens face à son attitude menaçante. Il ne savait pas pourquoi il se comportait comme un tel trou du cul, pour citer Waroc. Ses émotions à fleur de peau s'emballaient depuis que L'leid exerçait cette pression surnaturelle sur son mental.

Dans vingt-quatre heures, sa perturbation hormonale et psychique atteindrait son apex. Or il était déjà dans un état lamentable. Il n'osait même pas imaginer comment se déroulerait son dimanche de pleine lune. C'est un peu facile de rejeter la faute de tes actes sur cette chose... Malheureusement, il ne voyait pas d'autre explication. Cela ne lui ressemblait pas d'agir de manière aussi inconsidérée.

Pourtant, il frisait bel et bien la folie furieuse face aux tenants et aboutissants de la situation de Neil. Son valem se trouvait dans de sales draps. Pris en grippe par l'Alpha de la harde Freeman, dans le collimateur des âmes-doubles Efraïm, et tout ceci restait un sort enviable comparé à l'intérêt que lui porterait le Centrium. Les jumeaux menaceraient de révéler au Centre de Commandement la nature non-humaine de Neil quand Aedan leur intimerait de ne pas toucher au garçon.

Afin de contourner son autorité, Thaïs et Phyllis utiliseraient le Centrium. À défaut de martyriser Neil, ils passeraient leur frustration en le contrariant, lui. Les âmes-doubles se réjouiraient de le voir pieds et poings liés une fois qu'un dossier au nom de Neil Archer Murphy serait créé dans la base de données du QG. La menace frontale désormais inefficace, le Venator n'avait plus d'autre choix que de les faire chanter pour leur silence.

Pour que les Elvus ne brandissent pas l'immunité de leur noblesse, Aedan se servirait de leurs infractions de la Charte de Protection des Humains comme d'un bâillon, le temps d'y voir plus clair. Cette charte stipulait que tout Magnus-dormant était considéré humain, jusqu'à preuve du contraire. Ils bénéficiaient de facto du même traitement. Les brimades pouvaient activer la levée de dormance de l'ADN Magnus. Parce que Thaïs, Phyllis et Eliam avaient si « bien » bizuté cette malheureuse Inès, elle s'était révélée puissante dès ses premières heures d'éveil.

Il s'agissait d'une réaction instinctive de survie. Plus le choc déclencheur était grand, plus le Flux était maximal d'entrée de jeu. Ces imbéciles d'Efraïm ne l'ignoraient pas. Qu'ils ne soient pas à leur coup d'essai impliquait qu'ils brimaient sciemment des Magnus-dormants et forçaient leur transition. Le but était sans doute de les éliminer une fois leurs pouvoirs éveillés, puisqu'ils représentaient alors une menace internationale.

Le nouveau jeu de ces ados elviques trop vieux à l'échelle humaine était de se faire un trip de chasse au Magnus pour tromper la morosité de leur quotidien. Non autorisés à se lancer à la traque car encore mineurs, la fratrie Efraïm « créaient » ses propres proies. Leur prochaine cible : Neil Archer Murphy, son valem. Cette conclusion alimentait la rage d'Aedan. Personne ne toucherait à Neil.

— Tu es à moi ! gronda-t-il, comme pour le revendiquer à ce monde obscur.

Malgré sa terreur viscérale, ou peut-être à cause d'elle, le sang de Neil ne fit qu'un tour. Il intégrait peu à peu que sa frayeur était intimement liée à cette « chose » dont il ne soupçonnait pas l'existence, tapie dans ses entrailles. Chacune de ses fulgurances de colère avait été alimentée par sa peur.

— Ne me chosifie pas !

Le plus fascinant fut de transmettre toute son ire dans son murmure. Le repos de sa mère ne devait, en aucun cas, être perturbé. Neil serra les poings, se décolla de la porte et marcha droit sur Aedan. Son indignation lui occulta le sol jonché de tessons brûlants. Ceux-ci n'épargnèrent pas son pied.

Il siffla de douleur. Cela lui apprendrait à ne pas porter de chaussons ! Il n'y était pas allé de main morte, ou plutôt de « pied mort ». Note à la Meute des Nœuds : marteler le sol de ses pas sous l'emprise de la colère, quand y traînaient des bris de verre, n'était pas une bonne idée. Sa meute neuronale renvoya la faute à Jason. Ce dernier détenait les clés de son outrage. Il se souvint alors qu'il était ulcéré, indigné, révolté que l'Ombre persiste dans son discours le réduisant au rang de propriété. Il croyait avoir été limpide à ce sujet.

— Je ne suis pas ta propriété, Aedan !

Mais la douleur lancinante à son pied émoussa sa véhémence. Se blesser avec du verre était une chose ; quand ce verre venait d'une ampoule chaude, c'était autre chose. C'était douloureux, putain ! Il en avait marre de collectionner les coupures. La plante du pied était l'un des pires endroits où se blesser. Le sol poisseux lui annonça que ça pissait le sang. Fais chier !

Déstabilisé par le bouquet d'émotions qui lui parvenait à travers le tatouage runique, Aedan tenta de s'expliquer :

— Tu ne l'es pas... Je ne l'ai pas dit dans ce sens.

Au plus fort de L'leid, le wifi entre les shi'valem était de très haut débit. Alors pourquoi Neil mésinterprétait-il ses propos ? Ne percevait-il pas la véritable nature de ses sentiments à travers leur lien ? Parce que tu as des « sentiments » pour lui, maintenant ? Pas dans ce sens, merde à la fin ! Mais là n'était point le sujet, le gamin souffrait.

— Laisse-moi regarder.

Neil le repoussa, hérissé.

— Qui a eu la brillante idée de faire péter les ampoules ?

De son humble avis, le côté lunatique de l'Ombre survolait des cimes encore jamais atteintes. L'instant d'avant il avait un démon en face de lui, un battement de cil plus tard, le voilà préoccupé par sa condition de gourde un peu cabossée ayant une fuite d'hémoglobine.

— Je suis nyctalope, Neil.

— Ça me fait une belle jambe !

Vu l'état de sa fameuse jambe, c'était un pieu mensonge. En revanche, la bonne nouvelle fut que lui aussi, par un fait étrange de sa rétine, voyait à présent dans le noir. Une autre bizarrerie à ajouter au tableau, une ! Pour autant, cela ne lui permit pas de voir Aedan venir. Avec une vélocité inhumaine, toute « ombresque », le Venator le saisit par la taille et l'arracha du sol. Neil glapit, puis referma vite la bouche. Une autre habitante se trouvait dans l'appartement.

— Pose-moi !

— Cesse de me combattre ! s'impatienta Aedan en entravant ses poignets. Je ne suis pas ton ennemi.

Neil le savait bien. Du moins, il voulait y croire mais échouait. Il n'arrivait plus à accorder sa confiance au jeune homme. Chien du Centrium. Il avait beau tenter de voir les choses sous une autre perspective, il restait convaincu de la culpabilité du Centrium dans la mort d'Inès.

Il ne connaissait pas cette pauvre fille mais se sentait proche d'elle. Par solidarité ; pour avoir failli partager la même fin. Comme lui, elle ne devait pas avoir vingt ans. Il était fort possible qu'elle n'ait même pas saisi pourquoi le sort s'était acharné jusqu'au tombé de rideau final. Il n'était pas dit que quelqu'un avait eu la bonté d'âme de lui expliquer ses origines, ou daigné lui révéler le pourquoi de son funeste destin.

Toutes les cellules de Neil se rebiffaient à l'idée d'appartenir, d'être associé de près ou de loin, à un tel monde. Et dans sa chambre, Aedan était la personnification de ce monde. Alors non, il n'appartiendrait pas à Aedan. Jamais !


L'Ombre était largué. Pour changer, tiens ! Le garçon était tendu tel un arc, muscles bandés dans un refus de se laisser apprivoiser. De se soumettre. Or à cet instant, Aedan ne voulait que son bien. Certes, il avait fait une entrée fracassante et lamentable, mais sa colère n'était pas dirigée contre Neil. Il s'en voulait. Il en voulait aux Efraïm. Il en voulait au Centrium. Il en voulait au système. Jusqu'ici, il n'avait jamais autant remis en cause les bases de la société qui l'avait façonné. Mais en aucun cas, il n'était fâché contre son valem. Et cela le terrifiait, pour être honnête.

— Je ne suis pas à toi, martela Neil.

— C'est ce qui te met autant en rogne ? s'étonna-t-il.

Il les obligea à s'asseoir dans le lit, Neil toujours prisonnier de ses bras, dos contre son buste. Il avait l'étrange sentiment que le garçon se sauverait très loin de lui s'il le libérait. Il plissa soudain du nez, agacé par une nouveauté dans le paysage olfactif du jeune homme. Une odeur de Thérianthrope.

Sans explication, Neil se vit retirer le large T-shirt dans lequel il se noyait. Le vêtement de Derreck finit en boule dans un coin de sa chambre. Aedan s'en était débarrassé avec hargne. Neil ne sut pas s'il devait en rire ou s'en lamenter. Était-ce à mettre sur le compte de la possessivité ou de la stupidité ? Sûrement des deux.

— Je ne... voulais pas te chosifier, reprit Aedan après une légère hésitation. (Sentant qu'il marchait sur des œufs, il choisit ses mots avec soin.) L'objectification de ta personne ne figure pas dans mes intentions. Tu le sens pourtant à mes émotions, non ? Ou est-ce qu'il y a une panne de courant ?

— Très drôle, maugréa Neil.

En effet, cela ne puait pas le mensonge. Il serait davantage fixé si toutes les nuances de la sincérité figuraient dans sa banque olfactive. La pensée l'interpella. Jusqu'ici, il avait senti les remugles des émotions négatives avec une forte acuité et toujours avec certitude. Mais les « positives » avaient un impact moindre, une odeur moins distincte. À chaque fois qu'Aedan lui avait souri, lui avait parlé avec gentillesse ou s'était amusé d'une situation, aucun effluve particulier ne l'avait renseigné sur la nature exacte de ses sentiments. Il avait d'abord deviné son état à son langage corporel, avant que son nouveau nez ne le prenne en compte.

Pour une raison qui lui échappait, la vexation, la déception, la colère, l'incompréhension, le mensonge, la jalousie, toutes ces émotions aux notes amères, lui parvenaient sous une forme odorante marquée. Dans un jargon médical, on dirait qu'il avait une espèce d'anosmie pour les sentiments lumineux, moins nocifs, peu agressifs. Comme si son nez était plus sensible aux émotions susceptibles de présenter un danger pour sa personne. Cela semblait en corrélation avec son instinct de survie.

Il ravala un soupir dépité. Sortir autant du cadre de la « normalité » perturberait même le plus zen des hommes. Neil se surprit à imaginer un monde où cette aptitude aurait été ordinaire. Elle se serait manifestée durant son enfance, et un de ses parents ou grands-parents se serait chargé de son apprentissage, comme on initiait à marcher, au vélo ou à la balançoire. Malheureusement ce souhait soulignait à quel point il n'était plus humain. Il n'avait plus d'autre choix que de s'en accommoder.

Ce fut donc encourageant qu'il ne soit pas surpris quand Aedan dégrafa son manteau étrange et retira son sweat-shirt et son débardeur. Le transfert de régénération se faisait peau contre peau. Plus grande était la surface de contact, plus vite cela s'opérait. L'impression de n'être qu'une boule de douleur tua la timidité de Neil. Il voulait se sentir mieux. Aussi se débarrassa-t-il de son haut sans trop éprouver de gêne. Il se laissa aller contre le buste aux muscles si fermes qu'ils en étaient presque individualisés. Tu m'étonnes que les nanas de sa race lui courent après, avec un tel physique !

Neil refusa de céder à la jalousie. Pour l'heure, c'était lui qui savourait la douce chaleur irradiant dans tout son corps, avant de se concentrer sur les endroits « abîmés ». Ce pouvoir était merveilleux. Miraculeux. Il ne le plongea pas moins dans un conflit intérieur. Rejeter en bloc la légitimité de l'Outre Monde en jouissant de ses avantages était contradictoire. Se sentant écartelé, Neil conclut que des règles s'imposaient. Fixer les limites du tolérable et de l'inadmissible, de l'acceptable et de l'impardonnable. Cela passerait par dire ses positions et les tenir.

Il débuterait par Aedan, puis prêcherait son discours à tous les autres, sans distinction de race et de putain de génome ! Tant pis s'il luttait contre des moulins à vents. Il était temps de défendre, pour une fois dans sa vie, ses propres valeurs et ses convictions. Charité bien ordonnée commençant par soi, il traiterait d'abord le cas z'alem noctus. Le dossier Magnus serait le prochain.

Non qu'il comptait révolutionner quoi que ce soit ; il n'était pas naïf à ce point. Mais le simple fait de prôner la vérité dans une ère de tromperie universelle était un acte révolutionnaire. Si personne ne voulait voir l'ignominie du système de l'Outre Monde, lui n'enjoliverait pas les choses sous le prétexte du politiquement correct.

— Je ne comprends pas qu'un être vivant pensant et rationnel puisse appartenir à un autre comme un objet. Posséder un animal est rentré dans les mœurs depuis la nuit des temps parce que ces derniers n'ont jamais été considérés comme les égaux de leurs possesseurs. Et il y a eu moult raisons pour justifier la domestication animale. Mais je n'en vois aucune qui implique que je doive t'appartenir. Enfin, excepté une seule.

Il se tourna tant bien que mal vers Aedan qui, étonnamment, l'avait écouté avec attention. Neil employait à nouveau ce langage soutenu qui n'avait de cesse de troubler l'Ombre. Aedan avait l'impression que le phrasé tantôt campagnard tantôt banlieusard du garçon n'était qu'un simulacre d'identité.

— Tu ne me considères pas comme ton égal, asséna Neil.

Aedan marqua un mouvement de recul. Ce microbe voulait être l'égal du Venator en chef... C'était ridicule ! Il eut toutefois un doute quant à la nature ambitieuse de ce vœu. Neil ne savait pas de quoi il parlait. Il était temps de lui inculquer les bases de la pyramide sociale de l'Outre Monde. Il n'avait que trop tardé. La sécurité de son valem, sa survie surtout, en dépendait.

— Tu n'es certainement pas mon égal.

— C'est bien ce que je disais ! cracha Neil.

Le voyant gigoter de plus en plus, Aedan capitula et desserra son entrave. Le garçon s'éloigna de lui, sans quitter le lit cependant. La colère avait à nouveau élu domicile sur ses traits, tandis qu'il remettait son débardeur avec des gestes rageurs. De façon péremptoire, Neil désigna la fenêtre.

— Dehors !

La semonce fut si inattendue qu'Aedan en perdit son latin.

— Sors de chez moi. Je veux pas d'un mec qui me considère pas comme une entité pensante et égale, à part entière.

— Neil... attends, tu m'as mal compris.

— Rien à foutre. Tu dégages !

Cette fois, il avait haussé le ton, oublieux de rester discret. Aedan se massa une tempe en grognant. Il se sentait groggy, et la voix de Neil lui refilait des maux de têtes à la manière d'une gueule de bois.

— Baisse d'un ton, microbe, se plaignit-il, la bouche soudain pâteuse.

Que lui arrivait-il ? Pourquoi cette sensation d'asthénie ? Il se sentait drainé. Sourd à son malaise, Neil insista :

— Va-t'en d'ici, je te dis ! De toute façon tu peux pas rester, y a ma daronne dans sa chambre.

Aedan renifla. Croyait-il qu'il ne le savait pas ? Premièrement, il ne comptait pas être mis à la porte comme un malpropre. Deuxièmement... il avait besoin d'un somme et les cuisses de Neil feraient un bel oreiller. Il ne réalisa pas qu'il mettait à exécution cette seconde résolution.

La vibration continue du shi'valem de Neil cessa subitement. Il eut la désagréable sensation d'avoir « perdu le son », comme face à un film intéressant devenu muet. Il n'avait plus que les images sans les dialogues. Il paniqua.

— Aedan... ? Hé... À quoi tu joues ? chuchota-t-il.

Il le secoua. L'Ombre ne broncha pas. C'est à peine s'il parvint à le déloger de ses cuisses. Neil dut se rendre à l'évidence : Aedan ne s'était pas endormi mais avait perdu connaissance sans signe annonciateur. Il aurait été plus attentif, il aurait sans doute décelé une anomalie. Mais son ire l'avait fermé aux émotions de l'autre. Il se sentit mal.

À son angoisse s'ajouta sa culpabilité. Chez Shemar, Aedan avait mentionné une journée « mouvementée ». Il ne faisait certainement pas allusion à leur virée de shopping. Merde. Qu'est-ce qui clochait chez Aedan ? Il pria que son état ne soit pas permanent. Le jeune homme respirait toujours. Son cœur battait vite sans toutefois atteindre un rythme critique de tachycardie. Il ne semblait pas non plus montrer de signe de souffrance. Sa régénération rapide excluait tout traumatisme physique dans les causes de cet évanouissement.

Après ce bilan approximatif, Neil se passa une main nerveuse dans les cheveux, désemparé. Il n'avait aucune notion de secourisme Ombre ! Il ne pouvait compter que sur ce qui lui restait d'un petit stage de douze heures à la caserne des pompiers l'an dernier, et sur les conseils sporadiques de son infirmière de mère.

Luttant avec la masse de muscles d'Aedan, il le retourna sur le ventre et le mit en position latérale de sécurité. Le Venator faisait son poids. Cette bataille-là remportée, il dût affronter un autre problème. Avec sa grande taille et son gabarit imposant, le Venator occupait tout son lit. Il avait perdu tout droit de revendiquer sa couche. Mais ce n'était pas le plus gros de ses soucis. La porte de sa chambre n'avait qu'une poignée sans serrure. À tout moment, quelqu'un pouvait y faire irruption et ce serait l'hécatombe.

Regardant avec attention où il mettait les pieds, Neil évita les tessons qui brillaient à la lueur de la lune, puis cala la porte avec sa chaise de bureau. Voilà qu'il se barricadait dans sa propre chambre ! Dernièrement, sa vie avait pris une tournure tragicomique. Encore, il n'était pas certain d'en apprécier le comique, tant le scénariste de son existence avait une préférence pour le tragique.

En cet instant, Neil s'apprêtait à vivre sa nuit la plus longue. Les entrailles nouées, il allait veiller sur l'étrange sommeil de son valem.

*o*o*

TBC - CHAPTER 24

Continue Reading

You'll Also Like

22.2K 2.8K 41
C'est l'histoire d'une jeune fille du nom de Zahra qui fut Promise à son cousin dès à la naissance , en grandissant son cousin qui a passé tout son t...
702K 41.7K 199
/!\ Ni l'histoire ni les personnages ne m'appartiennent, je ne fais que traduire. Renaissant comme la fille d'une famille humble dans la campagne, E...
2.4K 433 31
Ce que tous redoutaient à eu lieu. La guerre entre humains et métamorphes est déclarée. L'instigateur de la grande attaque est mort mais ce sont les...
2.7M 143K 199
Un génie intrigant, faisant un empereur! "ton frère doit bien faire, pour que tu fasses aussi bien." En commettant toutes sortes d'actes pervers, ell...