Nantis

By FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 6 : She drives me crazy
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 12 : Know your enemy

979 78 15
By FlorieC


Ellie Lefevre minauda sous les couvertures où elle dormait bien au chaud, puis se colla au corps de son partenaire, profondément endormi.

— Lucas... Tenta-t-elle de le réveiller en passant un doigt sur ses lèvres.

— Hm ? Marmonna celui-ci en gardant les paupières closes.

— J'ai faim, l'informa la jeune fille.

— Non pas maintenant El', murmura Lucas en se retournant de l'autre coté du lit.

Ellie retomba sur son oreiller et soupira, mécontente. Depuis bientôt deux semaines, Lucas et elle se voyaient en cachette, le plus généralement dans l'appartement de la jeune fille puisque ses parents étaient désormais quelque part en Papouasie. Le jeune homme dormait donc tous les soirs chez elle et repartait très tôt le matin, à l'abri des regards indiscrets. Puis le reste de la journée, au lycée, ils s'ignoraient comme à leur habitude. Quand venait le soir, ils se retrouvaient pour se plus se quitter avant l'aube du lendemain. C'était une relation étrange, mais Ellie était étrange, et ça ne la surprenait pas tant que ça. Lucas, quant à lui, était plus sceptique sur l'avenir de cette relation. Mais il n'aimait pas trop réfléchir et se poser des questions.

— Lucas... Je suis affamée, insista Ellie en glissant une main sur son ventre pour l'entourer de ses bras.

— Ne me fais pas cette voix là, bougonna-t-il en plongeant sa tête dans l'oreiller.

— S'il-te-plait, minauda-t-elle à son oreille.

Le garçon grommela en se retournant vers elle et l'observa de ses yeux à semi-ouverts :

— Ellie, je ne pensais pas que tu parlais de cette « faim » là, murmura-t-il en passant ses mains sous le tee-shirt de pyjama de la jeune fille.

— Ne prends pas tes rêves pour des réalités, l'arrêta-t-elle en riant, La seule chose que je désire à cet instant, c'est un croissant.

Sans écouter ce qu'elle venait de lui dire, il passa ses lèvres dans son cou. Elles étaient chaudes et la jeune fille sentit sa langue se faufiler sensuellement jusqu'à son oreille, son point faible. Il n'y avait pas à dire, si Lucas était encore puceau il y avait à peine un mois, il s'était plutôt bien rattrapé. Qui sait, il avait probablement eu un bon professeur.

— Arrête ! S'exclama Ellie en le poussant avec la force de ses bras.

— Pas de câlin... Pas de croissant ! Rétorqua-t-il en se laissant retomber sur le lit.

— Ne te la ramène pas trop Lucas, lui rappela la jeune fille en s'allongeant à ses cotés, Parce que je te signale que tu es dans MA chambre, dans MON lit, dans MES draps et...

— Toi, tu es dans MES bras, ajouta Lucas en l'encerclant.

Elle posa doucement sa tête sur son épaule et il ajouta :

— Laisse-moi dix minutes de sommeil et je te promets que je vais te chercher des croissants après.

— Tu as intérêt. Sinon, je ne t'aime plus.

— Genre tu m'as déjà aimé, commenta le garçon blasé sans même se donner la peine d'ouvrir les paupières.

— Effectivement, songea Ellie en fermant les yeux à son tour.

Elle se cala sur son épaule et profita de ce moment paisible. On était samedi matin et il était rare qu'ils puissent profiter de se réveiller ensemble sans avoir à se cacher où se lever à l'aube. Par conséquent, il était plutôt dans son intérêt d'en profiter encore un peu.

— On passe la journée ensemble ? L'interrogea-t-elle.

— Ouais, si tu veux.

Puis il se tourna vers elle et posa ses lèvres tendrement sur sa tempe. La jeune fille esquissa un sourire et l'encercla de ses bras pour le coller à son corps. Souviens-toi de ce moment, Ellie Lefevre, songea-t-elle, car j'ai la vague impression que tu vas bientôt le regretter.

Ce n'était pas qu'une impression.

***

Anna poussa un soupir et balança une robe bleue sur son lit pour au moins la dixième fois de la matinée. Il n'était que neuf heures trente. Elle s'était levée tôt pour pouvoir choisir une tenue parfaite pour ce soir. Elle avait rendez-vous avec Ethan. Elle sentait que ce soir serait spécial, il allait lui annoncer qu'il avait définitivement oublié Gabrielle et qu'il voulait sortir avec elle. Anna en était persuadée et elle devait être la plus séduisante possible. Elle replongea à nouveau dans son tiroir et en sortit une jupe noire en jean et un haut blanc à paillette. Elle les positionna devant elle, s'observant dans le miroir en face de sa penderie, et se tira la langue avant de jeter à nouveau ses affaires sur son lit qui regorgeait de vêtements en tout genre. Rien ne lui allait et elle avait l'impression de faire tarte dans chacune de ses tenues. Après tout, comment pouvait-elle passer après Gabrielle Gallien, qui en plus d'être un top modèle, avait un style vestimentaire à faire palier tous les couturiers de Paris ?

La jeune fille poussa un énième soupir et se laissa tomber sur son lit lorsque des coups retentirent à sa porte. Elle se releva à demi et lâcha un « entrez » à peine audible.

Son père passa la tête dans l'entrebâillement de la porte et s'écria surpris :

— Mais qu'est-ce qui se passe ici ? Tu déménages ?

— Ce n'est pas très drôle, commenta-t-elle blasée, Puisque c'est précisément ce que toi, tu es en train de faire.

Son père se tut, mal à l'aise, conscient que sa blague venait de tomber à l'eau. Il pénétra dans la pièce tandis que sa fille continua, toujours aussi sèchement :

— Tu as enfin trouvé une date de départ ?

— Oui... Répondit-il, car c'était précisément la raison pour laquelle il était monté lui parler dans sa chambre, J'ai pris un billet de train pour le 15 décembre.

— Avant Noël ? Bégaya la jeune fille prise au dépourvu.

Marc ne répondit pas, le temps de lui laisser digérer la nouvelle, et Anna enchaina en sentant la fureur monter en elle :

— C'est une blague ?! Tu ne vas pas partir avant Noël !

— Ça ne sert à rien de faire durer mon départ, répondit-il en plongeant son regard dans celui de la jeune fille, Je dors dans la chambre d'amis, ça n'a aucun sens.

— Pour moi, ça en a un ! S'écria Anna furieuse, Noël c'est une fête de famille. Tu ne peux pas me laisser seule avec maman et Ophélie ! Emmène-moi avec toi, au moins pour les vacances. Je reviendrai pour la rentrée.

— Anna. Pense à ta mère. Elle n'aimerait pas t'entendre parler comme ça.

— Je m'en fiche ! Explosa la jeune fille que rien ne pouvait calmer, C'est avec toi que je veux vivre, pas avec elle !

— Anna.

— Pourquoi tu l'as choisi, après tout ? S'emporta-t-elle sans plus pouvoir s'arrêter, Maman n'est pas comme nous ! Pourquoi tu t'es marié avec cette femme ?! Elle est égoïste et superficielle !

— Parce que je l'aimais ! S'exclama son père en haussant le ton à son tour.

Anna s'arrêta, surprise. Elle n'avait jamais entendu son père élever la voix et encore moins contre elle.

— C'est ta mère, Anna ! Enchaina-t-il, Tu es peut-être ma fille mais je ne laisserai personne lui manquer de respect ! Jamais !

— Mais...

— Il n'y a pas de « mais », l'interrompit-il froidement, Et si tu ne comprends toujours pas pourquoi j'ai choisi ta mère, alors j'espère que l'organe qu'on appelle « cœur », dont tu ne te sers jamais, arrivera un jour à faire entrer une personne qui aura autant d'importance que ta mère a eu dans le mien.

La jeune fille ne lui répondit pas et Marc continua plus calmement cette fois-ci :

— J'espère vraiment qu'un jour tu comprendras Anna. Sinon tu resteras toujours cette personne froide et hautaine avec les autres.

Choquée, la jeune fille se contenta de retenir ses larmes. Elle qui pensait que son père était la seule personne sur terre qui la comprenait, elle s'était bien trompée. Furieuse et terriblement vexée de s'être fait remettre à sa place pour la première fois de sa vie par la personne qu'elle respectait le plus au monde, elle avala avec difficulté la boule qui s'était formée dans sa gorge et rétorqua froidement en incendiant son père du regard :

— Dégage.

— Anna, ne le prend pas comme ça, murmura Marc qui s'était enfin radoucit et qui, désormais, regrettait plus que tout ces propos blessants, Je ne voulais pas dire ça.

— Tu l'as pourtant très bien dit.

Il voulut répondre, mais le téléphone de la jeune fille se mit à sonner et elle reporta son regard sur le destinataire ; c'était un numéro inconnu.

— Je dois prendre cet appel, ajouta-t-elle pour lui faire comprendre que la discussion était close.

— S'il-te-plait

— Papa, l'interrompit-elle sèchement, Je dois répondre.

Son père poussa un soupir, puis reporta son regard sur le tas de vêtements éparpillés sur son lit.

— Je trouve que la robe bleue te va bien, murmura-t-il avant de tourner les talons.

Marc referma la porte de la chambre de sa fille et planta son poing sur ses lèvres comme pour s'éviter de hurler. Des larmes silencieuses se répandirent sur ses joues et son ventre se tordait de douleur à l'idée de l'abandonner. Parce qu'il n'était pas dupe, c'était précisément ce qu'il faisait.

Anna observa la porte close de sa chambre, complètement prostrée, puis se dirigea ensuite vers son lit. Elle s'empara de sa robe bleue sur le tas du dessus et la balança sur le parquet rageusement. Puis, n'en pouvant plus d'entendre son portable vibrer sur son bureau en bois, elle décrocha furieuse et hurla presque dans le combiné :

— Allô ?!

***

— Allô ?! S'écria une voix furieuse à l'autre bout du fil

Noah Khan se recula de son téléphone portable. Il n'avait pas l'habitude qu'on lui crie dans les oreilles si tôt le matin.

— Oh doucement... S'exclama-t-il en pouffant de rire.

— Noah ? Interrogea Anna, hébétée.

Comme il s'en doutait, la jeune fille avait reconnu le son de sa voix. Faut dire qu'il avait ce genre d'intonation qui ne laissait personne indifférent. Car on avait du mal à savoir s'il se foutait des gens ou s'il avait tout simplement cette voix rauque et séductrice.

— Surprise !

— Comment as-tu eu mon numéro ?

— J'ai toujours ce que je veux, ma belle.

— Ne m'appelle pas comme ça, s'irrita Anna en frissonnant.

— Tu as raison, répondit Noah, En plus, ce n'est pas vraiment approprié.

Anna leva les yeux au ciel. Mais comment faisait-il pour être toujours aussi cynique ? Songea-t-elle résignée, alors, qu'en réalité, il était juste un peu trop sincère.

— Peu importe, enchaina-t-il face au silence de la jeune fille, Il se passe quelque chose d'étrange avec Ellie.

— Tu m'expliques en quoi ça me concerne ?

— Je crois qu'elle sort avec Lucas en cachette.

Anna s'arrêta, hébétée, avant d'exploser de rire. Mais qu'est-ce qui lui prenait de penser à une chose aussi folle ? L'abus de drogue le faisait-il délirer ? S'interrogea-t-elle, avant de se reprendre. Quelle question stupide, après tout, cela faisait bien longtemps que la beu n'avait plus aucun effet sur son cerveau puisqu'il n'en n'avait pas.

— Tu peux être sérieuse deux minutes là ? Souffla Noah exaspéré de l'entendre rire depuis bientôt cinq minutes.

— C'est à moi que tu demandes d'être sérieuse ?! Hallucina-t-elle entre deux éclats de rire, Mais tu es tombé sur la tête, Lucas la déteste ! Je le connais, c'est mon meilleur ami.

— Moi aussi, je connais ma meilleure amie, la coupa-t-il sèchement, Elle est assez persuasive pour faire changer d'avis un dictateur.

— Tu délires... Souffla Anna, absolument pas convaincue par ses propos.

— Ils ont déjà couché ensemble, argumenta-t-il.

— Ellie a couché avec la moitié de la France, rétorqua Anna, blasée, Et je doute pourtant qu'elle en ait apprécié un seul. Crois-moi, Lucas n'est pas son genre... Et je peux savoir pourquoi tu m'appelles moi, d'ailleurs ?

— Parce qu'il faut qu'on agisse ! S'écria le garçon en faisant les cents pas dans son salon, sous le regard éberlué de sa femme de ménage qui lavait le sol, Ce sont nos meilleurs amis, il faut qu'on les sorte de là !

— On ne va pas les sortir de là, comme tu dis, car ils n'y sont pas entrés, l'arrêta Anna.

Noah était tellement exaspéré qu'il ne plaisanta même pas la connotation sexuelle.

— Je te jure qu'il se passe un truc louche.

— Oui je sais... Répondit la jeune fille, Tu es en train de perdre le peu de neurones qu'il te reste.

Noah Khan poussa un soupir. Il était impossible de faire entendre raison à cette fille, pourtant, il était persuadé d'avoir vu juste et il détestait plus que tout qu'on mette sa parole en doute.

— Alors, tu ne vas pas m'aider ? L'interrogea-t-il.

— Non, répondit-elle directement, De toute façon, je sors avec Ethan, ce soir.

— Je me fiche de ta vie sexuelle, Alma.

— Je ne m'appelle pas Alma.

— Peu importe, souffla-t-il avant de raccrocher sans même attendre la fin de sa phrase.

Noah rangea son téléphone dans sa poche et sentit un regard accusateur se poser sur lui. Lentement, il se retourna vers sa femme de ménage qui l'observait à la dérobée, tout en passant la serpillère sur le sol.

— Quoi ? Cracha-t-il, furieux.

Clara se releva de sa position semi-courbée en posant une main sur son dos et posa son balai contre le canapé du salon.

— Soit vous êtes réellement stupide et vous ne vous rappelez jamais des prénoms, soit vous le faîtes exprès pour montrer à votre interlocuteur qu'il est si peu intéressant qu'il ne mérite même pas qu'on s'en souvienne... Ce n'est pas que je doute que vous soyez réellement stupide, mais il me semble que l'option « mon égo ne passe plus les portes » soit la bonne.

— Je croyais que tu ne voulais plus me parler désormais, rétorqua Noah sèchement.

La vieille femme fut étonnée que ce petit con ait remarqué le silence qu'elle lui imposait depuis quelques semaines.

— Et puis, continuez votre travail ! S'écria-t-il furieux, Le sol ne va pas se laver tout seul !

— D'accord, Noé.

— Noah, rectifia-t-il avant de se renfrogner.

Cette saleté de bonne femme venait de se foutre de lui ouvertement et il était tombé en plein dedans.

— Merci... Clara ! Ironisa-t-il pour sauver ce qu'il lui restait de fierté.

— Je m'appelle vraiment Clara.

C'était pour dire, pas grand chose.

— Merde, pesta-t-il furieux avant de s'éloigner.

***

Yanis enfonça ses mains dans les poches de son jean et traversa la rue en rentrant sa tête entre ses épaules, comme pour se protéger du froid. On était fin novembre et on sentait que l'hiver était bel et bien installé dans la capitale. Sans regarder où il allait, il sortit son téléphone de la poche de sa veste et écrivit rapidement un texto à Ethan pour lui souhaiter bonne chance pour ce soir. Son meilleur ami sortait avec Anna et il avait eu vent que le garçon voulait passer aux choses sérieuses avec elle. Tant mieux, songea-t-il, Anna semblait être une personne digne de confiance et, même s'il ne la trouvait pas très jolie, il reconnaissait qu'elle avait un certain charme. Et puis, Ethan était heureux avec elle, c'était le plus important après ces années noires qui portaient le nom de Gabrielle Gallien.

Sans faire exprès, il percuta une jeune fille qui arrivait d'une rue perpendiculaire et elle s'écroula sur le sol.

— Je suis désolé, je ne faisais pas attention ! S'écria Yanis en se précipitant sur la jeune blonde.

La fille se releva rapidement, rouge de honte, en s'accrochant à la main qu'il lui tendait. Il se planta devant elle, s'assurant qu'elle n'avait aucune blessure.

— Tu es ...

Elle avait une petite voix timide, hésitante. Ses yeux le dévoraient du regard, comme si elle était face à un ange.

— Yanis Perrin, n'est-ce pas ?

— Oui, c'est moi, répondit le garçon étonné, Est-ce qu'on se connait ?

La jeune fille s'empourpra de nouveau, réalisant probablement qu'elle devait passer pour une folle groupie.

— Je ne suis pas sûre, bafouilla-t-elle, mal à l'aise, Mais je crois que tu es dans le lycée de ma cousine.

Yanis approuva d'un signe de tête, ne se demandant même pas de qui il pourrait s'agir, puisqu'il préférait s'affairer à la toiser de bas en haut. Elle était plutôt mignonne et semblait très différente des autres filles de l'école. Pas de grands talons, de mini-jupes, de maquillage extravagant ou une allure hautaine. Elle ressemblait à toutes les jeunes filles communes de Paris. Non, c'était faux. Elle n'était absolument pas commune. Yanis n'avait jamais vu une beauté si pure. Ses cheveux étaient si blonds et sa peau si impeccablement blanche qu'on aurait dit une poupée. C'était ce genre de fille pour qui on tuerait pour ses beaux yeux et c'était exactement ce qu'il recherchait. Autre chose que ces relations platoniques et barbantes du lycée. L'amour fou.

— Tu veux sortir avec moi, un de ces soirs ? L'interrogea-t-il, sans même s'en rendre compte.

— Pardon ?!

Son visage était devenu blême et elle ne savait pas où poser son regard. Il avait conscience qu'il avait été un peu brusque, mais il trouva son embarra adorable.

— Enfin, tenta-t-elle de se rattraper, Est-ce que ce n'est pas bizarre ?

— Pas si tu n'as rien de prévu pour ce soir et que tu préfères te faire un cinéma avec moi plutôt qu'un film toute seule dans ta chambre ? Rétorqua Yanis du tact au tact.

— Mais qui te dit que je serais seule ?

— Là, tu es seule, lui fit-il remarquer.

— Ce que tu dis n'a aucun sens ! Pouffa Rachel, amusée par ces tentatives de drague qui étaient plutôt désespérées.

Mais que voulez-vous, elle aussi était plutôt désespérée.

— Alors ? L'interrogea Yanis, Cinéma ?

— Je met du sel dans mon pop corn.

— Je passe te chercher ? Proposa-t-il en esquissant un sourire.

— On se retrouve devant.

— Devant lequel ? L'interrogea le garçon en la dévorant des yeux.

Il n'avait jamais rencontré une fille aussi mystérieuse.

— Je te laisserai vingt minutes pour faire tous les cinémas du quartier.

— Donne-moi au moins une heure ! S'écria Yanis alors qu'elle commençait à s'éclipser.

— Dix-neuf heures.

Puis Rachel tourna des talons pour continuer son chemin tandis que Yanis l'observa partir en ouvrant ses yeux de stupeur. Ça alors, il ne l'avait pas vu venir.

***

Ethan s'observa en silence dans le miroir de sa chambre puis se frotta les yeux en soupirant. Rien à faire, il avait une sale tronche ce soir. Et, pour cause, il se remettait tout juste de sa cuite de hier soir avec Yanis. Il fallait vraiment qu'ils arrêtent leurs soirées rugby du vendredi soir dans lesquels ils passaient plus de temps à boire et fumer qu'à regarder le match à la télévision. En plus, ce soir n'était pas n'importe quel soir. Son rendez-vous avec Anna approchait et, s'il ne se dépêchait pas, il allait être en retard. Mais connaissant la jeune fille, elle le serait encore plus que lui. Il esquissa un sourire à la pensée d'Anna puis détacha finalement son regard du miroir pour se diriger vers la sortie. Il attrapa son sac au passage et dévala les escaliers quatre à quatre. Il actionna ensuite la poignée de la porte d'entrée, avant d'entendre la voix rauque et sévère de son père résonner jusqu'à lui :

— Ethan Franck.

Prénom et nom de famille réuni. Ça n'annonçait rien de bon.

— Je suis en retard ! Tenta son fils sans être réellement convaincu de sa stratégie, Je dois y aller ! Enchaina-t-il tout de même en ouvrant la porte.

— Non ! Rétorqua son père catégorique, Viens dans la cuisine tout de suite !

Le garçon soupira en levant les yeux au ciel, un pied à l'intérieur de la maison et l'autre à l'extérieur, prêt à s'enfuir à toutes jambes. Était-ce une bonne idée ? Probablement pas, mais c'était réellement tentant.

— Papa, s'il-te-plait ! S'exclama Ethan, Je vais être en retard !

— Viens tout de suite, répéta son père.

Pas de négociation possible dans sa voix. Résigné, Ethan referma la porte et laissa son sac lui tomber de l'épaule pour s'écrouler sur le carrelage blanc de son appartement. En grommelant, il traina des pieds jusqu'à la cuisine où son père et sa mère étaient installés autour d'une tasse de thé.

— Quoi ? Lâcha-t-il en croisant ses bras sur sa poitrine pour tenter d'exprimer son mécontentement.

— Bonne soirée hier soir ? L'interrogea son paternel nullement impressionné par le regard réprobateur de son fils.

— C'est pour ça que tu m'appelles ? Hallucina Ethan en se reculant de surprise, Mais je vais être en retard !

— Tu ne vas pas être en retard car tu ne vas pas y aller du tout, rétorqua sa mère en se décidant finalement à entrer dans la conversation.

Mais quelle conversation d'ailleurs ? Ethan ne comprenait rien.

— Quoi ?! Mais pourquoi ?!

— Parce qu'on t'interdit d'y aller, répondit son père directement.

— Mais il me faut une explication ! Explosa le garçon prostré, Vous ne pouvez pas m'interdire de sortir un samedi soir sans raison !

Son père fronça les sourcils d'un air sévère puis se dirigea vers une commode de la cuisine. Il entrouvrit un tiroir et plongea sa main à l'intérieur pour en ressortir quelques secondes plus tard un petit paquet. Ethan n'eut pas besoin de voir de quoi il s'agissait pour blêmir car il venait à l'instant de comprendre ce que son père avait dû trouver dans ses affaires.

— Ça te va comme explication ? L'interrogea froidement son père en lui balançant son paquet d'herbe à la figure.

Surpris, le garçon ne tenta même pas de le rattraper et le paquet tomba à ses pieds tandis que sa mère explosa en sanglot.

— Maman ! S'exclama Ethan, exaspéré, Ce n'est pas si grave !

— Tu te drogues et ce n'est pas grave ?! Répéta son père, altéré

— Mais ce n'est rien ça ! S'emporta le garçon, Un peu de beu entre amis pour les soirées... Comme tous les jeunes de mon âge !

— Oui, c'est ça, enfonce-toi, en plus, marmonna son paternel sceptique.

— Mais c'est vrai ! S'égosilla Ethan.

— On se fiche de ce que font les autres ! S'exclama sa mère en séchant ses larmes, On a peur pour toi !

— Mais il ne va rien m'arriver avec un peu d'herbe, souffla le garçon qui ne savait plus quoi faire pour leur faire entendre raison.

Mais ses parents étaient largement issus d'une autre époque. Ils n'étaient pas comme les parents de Noah ou de Gabrielle qui sortaient et se permettaient les écarts que leurs frics pouvaient bien leur permettre. Ses parents à lui étaient vieux jeux, sérieux et si droits. Rien ne devait sortir de la petite vie parfaite qu'ils s'étaient imposés, rien ne pouvait être bousculé, chamboulé, dérangé. Tout devait toujours être dans l'ordre, tout devait toujours se passer comme cela devait se passer. Toujours cette obsession du devoir, du parfait, du bien... Ne comprenaient-ils pas qu'ils ne pouvaient pas tout contrôler ?

— Papa, maman, enchaina Ethan d'une voix plus posée, Je sais que je vous ai inquiété, mais je vous assure que je vais bien. Cet écart ne se reproduira plus.

— Tout va bien ? Répéta sa mère, ironique.

— Oui maman... Ce n'est qu'un peu de...

— Mais on ne parle pas de drogue, là ! Le coupa son père brutalement.

Il s'arrêta et les regarda tous les deux d'un air étonné. Mais, depuis quand avaient-ils changé de sujet de conversation ? Et pourquoi n'avait-il pas été mis au courant ?

— Quoi ? Mais de quoi parle-t-on alors ?

— De Gabrielle ! Répondit sa mère, exaspérée.

Ethan se recula, ahuri. Mais comment avaient-ils pu passer de son sachet de drogue à son ex-petite-amie sans qu'il ne s'en soit rendu compte ?

— Oh doucement... Depuis quand on parle de Gabrielle ?

— Tu ne vas pas bien depuis ta rupture avec elle, murmura sa mère.

— Mais qu'est-ce que vous en savez, au juste ?

— Tu sors beaucoup, tu te drogues, énuméra son père pour simple réponse.

— Je faisais ça avant aussi ! Explosa Ethan ironique, Et d'ailleurs... Je le faisais avec elle !

Bien sûr, il n'avait pas vraiment réalisé ce qu'il venait d'avouer à ses parents, mais il était trop en colère pour se rendre compte de quoi que ce soit de toute manière.

— Tu dis n'importe quoi, on a appelé les parents de Gabrielle et...

— Vous avez fait quoi ? Hallucina Ethan, furieux.

— Calme-toi, chéri, l'interrompit sa mère en se relevant enfin de sa position assise, On a fait ça pour toi.

— Faire quoi ? Répéta le garçon, Me rendre ridicule ?

Ses parents se turent et Ethan enchaina, sans plus aucun amour propre :

— Gabrielle m'a plaqué pour un autre mec ! Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Vous voulez que j'aille la harceler jusqu'à chez elle ? Que j'appelle ses parents pour qu'il la force à rester avec moi ? Bien sûr que j'aimerais le faire ! Bien sûr que j'aimerais qu'elle revienne ! Mais ce n'est pas à moi de décider ! Comme ce n'est pas à vous de décider ce que je dois faire un samedi soir !

Sur ce, il quitta la pièce à grande enjambée jusqu'à ce que son père le rattrape en lui attrapant sauvagement le bras :

— Je suis désolé de te l'apprendre fils, mais, si, c'est à nous de décider ce que tu peux ou ne peux pas faire un samedi soir. Et je pense que, ce soir, tu vas remonter dans ta chambre.

— Jamais, siffla le garçon en se dégageant de l'étreinte de son père.

— Ethan, le coupa t-il froidement, Monte.

Son ton était si dur et son regard si sévère qu'Ethan décida de laisser tomber. Il n'avait pas la force de lutter contre lui, pas ce soir, du moins. Furieux, il attrapa son sac qu'il avait laissé devant la porte et remonta l'escalier pour s'enfermer dans sa chambre à double tour. Il poussa un soupir et se laissa tomber sur le lit en fermant les yeux. Il aurait dû ramasser son sachet de drogue, songea-t-il, réalisant qu'un petit joint ne lui aurait pas fait de mal après tout ça. Il tendit son bras vers son sac pour attraper son téléphone portable puis écrivit rapidement à Anna :

« Je ne pourrai pas pour ce soir. Désolé. Bisous ».

Son message était pathétique et dénoué de toute explication un tant soit peu crédible, mais il n'avait vraiment pas envie de se pencher sur le sujet maintenant. Il rattraperait bien le coup un autre jour, se rassura-t-il en enfonçant ses écouteurs dans ses oreilles. 

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