Nantis

By FlorieC

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La jeunesse dorée, tel est le surnom qu'on leur donne. Il existe une rumeur qui sous-entend qu'on ne naît pas... More

[SAGA 1] L'arrogance des gens meilleurs
Chapitre 1 : If it makes you happy
Présentation : Noah Khan
Chapitre 2 : Take me as I am
Présentation : Ellie Lefevre
Chapitre 3 : Don't stop the party
Chapitre 4 : Too late
Chapitre 5 : Losing your memory
Présentation : Ethan Franck
Chapitre 7 : Secrets
Chapitre 8 : Highway to hell
Chapitre 9 : How I needed you
Chapitre 10 : Miss misery
Chapitre 11 : Me and the devil
Présentation : Anna Joly
Chapitre 12 : Know your enemy
Chapitre 13 : Little talks
Chapitre 14 : You're not alone
Chapitre 15 : Love the way you lie
Chapitre 16 : Bad romance
Chapitre 17 : Teenage dream
Chapitre 18 : Don't wake me up
Chapitre 19 : My medicine
Chapitre 20 : Shut up and let me go
Chapitre 21 : Wicked Game
Présentation : Gabrielle Gallien
Chapitre 22 : Last Christmas
Chapitre 23 : Winter
Chapitre 24 : Let it be
Chapitre 25 : Happy New Year
[SAGA 2] L'éternité à tes pieds
Chapitre 1 : Bad day
Présentation : Jared Greggs
Chapitre 2 : The last to know
Chapitre 3 : When she believes
Chapitre 4 : Losing my religion
Présentation : Lucas Gallien
Chapitre 5 : Take control
Chapitre 6 : If you leave me know
Chapitre 7 : Stay
Chapitre 8 : Only if you run
Chapitre 9 : Just tonight
Chapitre 10 : Never let me go
Chapitre 11 : Fix you
Chapitre 12 : Damn you
Chapitre 13 : This is war
Présentation : Ruben Greggs
Chapitre 14 : Apologize
Chapitre 15 : Gives you hell
Chapitre 16 : Never say never
Chapitre 17 : Skinny love
Chapitre 18 : Alone
Présentation : Christelle Wertheimer
Chapitre 19 : Don't be a stranger
Chapitre 20 : We are young
Chapitre 21 : One Day
Chapitre 22 : Dark on fire
Présentation : Borja Escobar
Chapitre 23 : Like a virgin
Chapitre 24 : Better Together
Chapitre 25 : Happy Birthday
[SAGA 3] Dans la cour des grands
Chapitre 1 : The funeral
Chapitre 2 : Pursuit of Happiness
Chapitre 3 : Dark Paradise
Chapitre 4 : I want to break free
Chapitre 5 : A drop in the ocean
Chapitre 6 : Enjoy the silence
Chapitre 7 : Help
Chapitre 8 : I don't want to be
Chapitre 9 : Eye of the tiger
Chapitre 10 : Come back home
Chapitre 11 : Mirror
Chapitre 12 : Heartless
Chapitre 13 : Someone like you
Chapitre 14 : If I needed you
Chapitre 15 : You're not sorry
Chapitre 16 : Burn it down
Chapitre 17 : How you remind me
Chapitre 18 : Wrecking ball
Chapitre 19 : Just give me a reason
Chapitre 20 : Can you feel the love tonight
Présentation : Gautier Lantez
Chapitre 21 : People help the people
Présentation : Yanis Perrin
Chapitre 22 : Yesterday
Chapitre 23 : Hot and cold
Chapitre 24 : Kiss me
Chapitre 25 : Only wanna be with you
[SAGA 4] La réponse des faibles
Chapitre 1 : Collide
Chapitre 2 : The lonely
Chapitre 3 : Another love
Chapitre 4 : Protect me from what I want
Présentation : Ophélie Joly
Chapitre 5 : Big big world
Chapitre 6 : Don't lie
Chapitre 7 : Undisclosed desires
Chapitre 8 : You and I
Chapitre 9 : Another day in paradise
Chapitre 10 : Just can't get enough
Chapitre 11 : Sirens call
Chapitre 12 : Too close
Chapitre 13 : Love me again
Chapitre 14 : Demons
Chapitre 15 : You are the one that I want
Chapitre 16 : Sober
Chapitre 17 : What doesn't kill you
Chapitre 18 : Too many friends
Chapitre 19 : Monster
Chapitre 20 : Broken crown
Chapitre 21 : He is my son
Chapitre 22 : Talk to me
NANTIS EN LIVRES PAPIER !
Chapitre 23 : Try
Chapitre 24 : Everybody's Got To Learn Sometime
Chapitre 25 : Wonderful life
NANTIS en livres ♥

Chapitre 6 : She drives me crazy

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By FlorieC


Gabrielle Gallien avança d'un pas hésitant vers le théâtre de ville, un mélange de peur et d'excitation la tiraillait de toute part. Mais qu'est-ce qui lui avait pris d'annuler son rendez-vous avec son petit-ami pour rejoindre un garçon dont elle ne connaissait rien, à commencer par son nom. Était-il au moins un élève de l'école ? Probablement, puisqu'ils s'étaient rencontré là-bas, songea-t-elle en se demandant pourquoi elle se posait des questions aussi idiotes. Il n'avait pas l'air d'un tueur sanguinaire et elle ne risquait rien à aller à ce rendez-vous. Sur ces bonnes résolutions, elle avança d'un pas plus téméraire et arriva devant le grand bâtiment de briques. Le garçon de tout à l'heure se tenait devant, jetant de rapide coup d'œil de gauche à droite. En l'apercevant, un large sourire se dessina sur son visage et on ne saurait dire s'il était simplement soulagé qu'elle soit venue ou bien totalement hébété de sa présence. Le garçon lui fit un rapide signe de la main et elle se dirigea vers lui, légèrement anxieuse de ce qui allait se passer ce soir. Mais Gabrielle avait été sage pendant de si longues années, elle avait bien le droit de se laisser aller de temps en temps. Et puis, sortir au théâtre avec un autre garçon n'était pas tromper, se rassura-t-elle en silence. Le théâtre avait quelque chose de plus sain que d'aller au cinéma, par exemple.

— Salut ! S'exclama Gabrielle en se plantant devant le jeune homme qui la dévorait des yeux depuis qu'il l'avait aperçu à l'autre bout de la rue.

— Tu es venue ? L'interrogea le garçon, sourire aux lèvres, en lui tendant le bouquet de fleurs qu'il tenait à la main.

Gabrielle regarda le bouquet avec un froncement de sourcil et répondit, amusée :

— Non, je passais juste par là.

— Oh, feinta le garçon, Moi aussi j'ai trouvé ces fleurs par terre... Tu peux les prendre si tu veux.

Ils rirent tous les deux puis Gabrielle se décida à attraper le bouquet. N'en pouvant plus, elle s'exclama finalement :

— C'est complètement dingue ! Je ne sais même pas qui tu es !

— Pose-moi autant de questions que tu le souhaites, répondit-il, amusé par la maladresse de la jeune fille, Je veux bien répondre à tout ce que tu veux.

Gabrielle se mordilla la lèvre inférieure, ne sachant même pas par où elle devait commencer.

— Ton nom ?

— Raphaël Lesage.

— Ta classe ?

— Terminal... Comme toi.

— Pourquoi tu m'as invité à sortir ?

— Parce que tu es la fille la plus belle que je n'ai jamais rencontré.

Elle s'arrêta, perplexe, sentant la chaleur lui monter au visage. Raphaël avait le mérite d'aller droit au but et, malgré ce qu'elle laissait souvent faire croire, elle aimait les personnes qui ne perdaient pas de temps en monologue interminable, pas comme... Ethan.

— Et pour être sincère, enchaina Raphaël, Je ne pensais pas que tu accepterais de venir ce soir.

— Et pourquoi pas ?

— Parce que tu as un petit-ami.

La jeune fille se tut, mal à l'aise. Dire que c'était lui qui venait de lui rappeler son engagement avec un autre homme. Elle se sentait légèrement ridicule. Non, se rassura-t-elle, Elle n'avait pas à l'être. Elle n'appartenait à personne. Elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait de sa vie.

— Ce n'est qu'une sortie au théâtre.

— Ah bon ? S'étonna le garçon en l'observant.

Bien sûr, Raphaël était ravi que Gabrielle se soit aussi bien préparée pour leur rendez-vous. La jeune fille portait une robe dorée qui lui arrivait un peu au-dessus des genoux, des talons noirs et ses cheveux étaient joliment tressés sur le dessus de sa tête. En outre, sa tenue ne semblait pas appropriée pour un simple rendez-vous amicale.

— Je suis toujours bien habillée, l'arrêta la jeune fille qui comprenait visiblement ce que Raphaël avait en tête.

— De toute façon, même en jogging, tu resterais jolie, la complimenta le garçon.

Gabrielle leva les yeux au ciel, se retenant de ne pas rire face à ces techniques de drague digne d'un gamin de douze ans. Elle l'observa plus longuement et remarqua à l'instant que le garçon avait de légères taches de rousseur sur les joues qui contrastaient avec son teint blanchâtre. Ses cheveux étaient blonds, tirant presque vers le roux et légèrement frisés sur les pointes Il avait un petit nez retroussé et des pommettes effacées. Raphaël n'était pas spécialement séduisant, mais Gabrielle devait reconnaître qu'elle lui trouvait énormément de charme. Son sourire qui laissait apparaître des dents parfaitement alignées lui donnait une certaine prestance et on devinait, derrière son regard malicieux, une personnalité joyeuse et quelque peu emprunte à la folie.

— Alors, tu vas me dire ce qu'on fait ici oui ou non ? Changea-t-elle subitement de sujet.

— On va voir une pièce de théâtre !

— Qu'est-ce qu'on attend pour faire la queue ? L'interrogea-t-elle, dubitative.

— Pas besoin, rétorqua le garçon, Mais parents travaillent ici, on peut entrer gratuitement.

— Tes parents ? Répéta-t-elle, curieuse, Ils sont dans les loges ?

— Non... Sur la scène, répondit-il avec un sourire en coin.

Les yeux de Gabrielle s'écarquillèrent de surprise, ses parents étaient comédiens à la Comédie Française, comprit-elle tandis qu'un large sourire se dessina sur ses lèvres.

— Tu as déjà assisté à une pièce de théâtre des loges ?

— Non.

— Tu aimerais ?

Gabrielle n'en revenait pas de ce qu'il lui proposait et la jeune fille acquiesça de la tête en sautillant sur place :

— Mais qu'est-ce qu'on attend ? S'impatienta-t-elle, Allons-y !

***

— Ce film était ...

— Époustouflant ! Termina Ethan à sa place.

Anna approuva sa remarque d'un geste de la tête, puis ils sortirent tous les deux de la salle de cinéma qui était encore plongée dans le noir. Ethan se dirigea vers la poubelle pour y jeter leurs canettes de soda et leurs paquets de pop-corn désormais vides.

— Est-ce que tu veux ... Aller boire un verre ou autre chose ? L'interrogea-t-il en revenant vers elle.

— Non merci, répondit-elle en jetant un rapide coup d'œil à sa montre, Il est tard et je n'ai pas prévu de sécher deux jours de suite.

— Alors, je te raccompagne ?

— Volontiers.

Il n'y avait rien à faire. Anna savait qu'Ethan avait une petite-amie, mais elle ne pouvait empêcher son cœur de se serrer à chaque fois qu'il lui souriait.

— Tu as de la chance, enchaina-t-il lorsqu'ils sortirent dans la rue pour rejoindre sa vespa, J'ai un deuxième casque dans le coffre.

Tout en disant cela, il lui tendit l'objet. Anna s'en empara et ressentit un frisson lorsqu'elle effleura la main d'Ethan. En faisant semblant de l'ignorer, elle posa le casque sur sa tête et essaya de l'accrocher, mais ses cheveux la gênaient. Ethan la regarda amusé. Il avait conscience qu'il avait flirté avec elle pendant tout le film, alors qu'il avait déjà une petite-amie, mais il ne pouvait s'en empêcher. Il la trouvait touchante et craquante avec ses cheveux bruns indomptables et ses dents du bonheur. Elle était l'exacte contraire de Gabrielle et c'est bien ce qu'il l'inquiétait vu les sentiments qu'il commençait à éprouver pour Anna. Ethan s'approcha de la jeune fille et ôta ses mains du casque pour le lui attacher.

— Merci, murmura-t-elle, honteuse de ne pas avoir réussi à se débrouiller toute seule.

— Allez, monte, l'encouragea-t-il en tapotant doucement sur le casque.

C'était typiquement le geste qu'un père pouvait faire envers sa fille, mais Anna s'en fichait. Elle avait passé une si bonne soirée en sa compagnie, elle n'allait pas s'arrêter à des détails. Ethan démarra sa vespa et les deux jeunes traversèrent la moitié de Paris tranquillement. Le soir, la circulation était plus tranquille, et puis, il ne faisait pas encore trop froid pour la saison. Seul un petit vent frais les tenait éveillés. Dans le ciel, on apercevait plusieurs constellations et Anna se laissa porter par la conduite d'Ethan. Elle ferma les yeux puis resserra ses bras autour de sa taille. Touché par ce contact, le garçon ne pu s'empêcher de sourire et décida même de ralentir sa conduite pour faire durer le moment. Arrivés devant la maison de la jeune fille, ils descendirent tous les deux et Anna ôta son casque qu'elle tendit à Ethan.

— Plus facile à enlever qu'à mettre, commenta le garçon en le rangeant dans le coffre de sa vespa.

— Merci pour toute la soirée, enchaina Anna sans vraiment relever sa remarque.

Qui n'avait d'ailleurs rien de pertinente en soi.

— Oh, il fallait bien que je m'excuse pour hier soir, répondit le garçon, gêné par le regard empli de tendresse de la jeune fille, Encore désolé de t'avoir oublié. J'aurai aimé que tu n'aies pas à dormir chez Lucas.

— Il est très sympa, rétorqua Anna sans comprendre le changement de ton qu'il venait de prendre.

— Peu importe, j'espère que je suis pardonné.

— Tu l'es, lui affirma Anna en souriant, Tu veux boire quelque chose avant de repartir ?

— Oui. Merci.

Ils avancèrent tous les deux vers le pas de la porte et déjà on entendait des cris sortir de la maison. Inquiète, Anna fronça les sourcils avant d'ouvrir la porte d'entrée qui n'avait visiblement pas été verrouillée.

— Mais c'est toujours pareil avec toi ! Entendit-elle hurler sa mère de la cuisine, Tu n'en as que pour tes livres !

— Mais je pourrais passer du temps avec toi si tu faisais autre chose que ton satané shopping ! Hurla son père à son tour, Tu ne fais que dépenser mon fric !

Ton fric ?! Répéta sa mère, horrifiée.

Anna regarda Ethan de travers. Elle se sentait terriblement mal à l'aise qu'il assiste à cette scène.

— On s'était mis d'accord, il y a dix ans ! Enchaina Cécile furieuse, Tu travaillais et je m'occupais des enfants !

— Mais tu ne t'occupes pas des enfants ! Hurla Marc.

— Et toi, tu couches avec tes étudiantes ! S'exclama sa femme, C'est ça ton travail ? Moi, je n'appelle pas ça être professeur !

Quoi ? Mais qu'est-ce qu'elle racontait encore cette pauvre folle ? Se demanda Anna.

— Hey ! S'écria soudainement Anna pour qu'ils arrêtent leur mascarade.

— Chérie ? S'étonna la voix de son père qui se précipita dans le salon, suivi de sa femme.

Ses parents se stoppèrent, étonnés, non seulement de voir Anna rentrer si tard, mais aussi qu'elle soit accompagnée.

— Mais, ce n'est même pas le gars de ce matin ?! S'exclama Cécile, surprise.

— Le gars de ce matin ? Répéta Marc en fronçant des sourcils.

— Rien d'important, répondit leur fille au deux en même temps.

— Euh... Murmura Ethan, mal à l'aise, Je crois que je vais y aller.

— Oui, répondit Anna qui ne voyait pas vraiment ce qu'il pouvait faire de mieux à cet instant précis.

— Bonne nuit, ajouta-t-il en lançant un sourire à la jeune fille qui se retenait de ne pas exploser en sanglot.

Ethan sortit de la maison et, après un instant de silence, le temps d'entendre sa vespa redémarrer, Anna se retourna furieuse vers ses parents et explosa :

— Mais qu'est-ce que c'était que ce bordel ?!

— Et qui était ce jeune homme ? L'interrogea sa mère avec un clin d'œil complice pour sa fille ainée.

Anna leva les yeux au ciel, sa mère était exaspérante. Ne pouvait-elle pas être sérieuse deux minutes ? Et qu'est-ce que cette histoire avec son père et ses étudiantes ?

— Qu'est-ce qui se passe ? Enchaina Anna en se tournant vers son père.

— Rien de grave, ma chérie, on s'est emportés. Tu peux aller te coucher.

— ... Ou tu peux me raconter qui est ce garçon ! Se précipita Cécile derrière elle.

Anna monta les escaliers, sa mère à sa suite, et elle rétorqua froidement :

— Rien maman. Un ami.

— Un ami ! Répéta-t-elle, folle de joie et tapant frénétiquement dans ses mains, Mais il est plutôt beau garçon !

— Maman ! S'exclama Anna en se tournant vers sa mère pour lui barrer le passage, Tu ne pourrais pas t'occuper des histoires de ton âge ?!

Genre ton divorce, songea-t-elle avec amertume.

— Je m'intéresse à toi, murmura Cécile visiblement déçue par le comportement de sa fille, C'est tout.

— Et bien, c'est trop, rétorqua Anna en lui claquant la porte de sa chambre au nez.

***

Rachel était allongée dans son lit, regardant interdite le plafond de sa chambre et toutes les petites fissures qui le recouvraient. Elle ignorait depuis combien de temps elle était là, à ne rien faire, mais il lui semblait que cela faisait une éternité. Elle avait éteint son portable et repensait à tout ce qu'il s'était passé. En ce moment, elle avait grand besoin de se retrouver un peu seule. Son aventure avec Noah commençait finalement à s'atténuer dans son esprit et elle espérait qu'elle serait bientôt un vague souvenir à ajouter à sa pile des regrets.

Elle entendit la porte de sa chambre s'ouvrir et son grand frère entra à tâtons dans la pièce avant de s'allonger sur son lit, à côté d'elle, sans commentaire. Il prit sa main dans la sienne, la serra fermement et la jeune fille ne trouva rien à redire. Ces moments complices avec son frère lui manquaient et, sans qu'elle le réalise réellement, les larmes se mirent à couler de ses yeux, venant tremper son oreiller en silence.

— Si tu pouvais être tout le temps aussi calme... La taquina Lucas sans même remarquer qu'elle pleurait.

La jeune fille laissa échapper un rire avant de reprendre :

— Si tu pouvais être tout le temps aussi gentil.

Il se tourna vers elle et remarqua les larmes qui coulaient le long de ses joues. Du revers de la main, il les essuya tendrement et murmura :

— Rachel... Qu'est-ce qui s'est passé au Palace ?

Sa petite-sœur ne répondit pas et il insista :

— Dis-moi ce qu'il s'est passé... Je veux juste te protéger.

— Ça ne changera pas ce qu'il s'est passé, tu sais, répondit Rachel vaguement en évitant son regard.

— Quand tu es rentrée à la maison hier matin, enchaina Lucas qui ne voulait pas la lâcher tant qu'il n'aurait pas eu le fin mot de l'histoire, J'ai vu le regard de Gabrielle. Elle était inquiète. Elle sait ce qu'il s'est passé. Dis-le-moi, je t'en prie.

— C'est inutile, Lucas.

— Mais ça me rend malade ! Explosa le garçon en se relevant de sa position allongée pour dominer sa sœur du regard, Dis-le-moi.

Rachel semblait hésiter à cracher le morceau et, sentant qu'il était prêt du but, Lucas enchaina :

— Je ne vais pas t'engueuler, tu es assez grande pour faire ce que tu veux, mais ce n'est pas pour ça que tu dois t'en sortir toute seule. Je suis là moi, je veux t'aider, je veux te protéger et je ne supporte pas de te voir malheureuse.

— J'ai couché avec Noah Khan, lâcha-t-elle.

Lucas marqua un temps d'arrêt. Non, ça, il ne s'y attendait pas et ce n'était vraiment pas le genre de réponse qui le rassurait.

— Tu as quoi ?!

— J'ai couché avec lui, répéta-t-elle en évitant son regard.

Dire que sa sœur de quatorze avait perdu sa virginité avant lui. Il avait du mal à digérer la nouvelle.

— Mais vous vous êtes ...

— ... Protégés, termina Rachel à sa place car elle remarquait bien le malaise de son frère, Oui, ne t'inquiète pas pour ça. Noah est un crétin fini, mais il a assez de jugeote pour comprendre qu'il serait le pire père du monde.

— Pour... Pourquoi ? Bégaya son frère toujours aussi paumé, Pourquoi lui ? Il est ...

— ... Horrible, je sais.

Lucas serra ses poings et sa mâchoire se crispa sous l'effet de la colère. Cet enfoiré avait osé toucher à sa petite-sœur. Il ne savait même plus quoi penser. La haine l'envahissait peu à peu et il se releva du lit, le regard froid et calculateur.

— A quoi tu penses ? L'interrogea sa sœur, inquiète, Ne fais rien de stupide.

— Je dois aller quelque part, répondit-il avec une voix étrangement neutre, Reste-là.

— Non, Lucas ! S'écria Rachel en se relevant de son lit, paniquée, Ne va pas le voir ! Je t'en supplie.

— Reste-là ! Répéta-t-il catégorique en sortant de la chambre.

— NON !

Mais son frère était déjà parti... Et ça n'annonçait rien de bon.

***

Haineux. C'était le bon mot, celui qui correspondait le plus à son caractère. Comment sa sœur avait-elle pu se faire berner par cet imbécile ? Les gars comme lui jouaient avec les autres, mais pas avec leurs vies – ça leur ferait trop de mal et ils s'aimaient trop pour cela – non, ils jouaient avec la vie des autres, c'était bien plus drôle, plus destructeur. Il le haïssait, le méprisait. Tout en se dirigeant vers l'immeuble de Noah Khan, Lucas ressassa ses sombres pensées, la haine l'envahissant de plus en plus, prête à envahir toute son âme. En entrant dans son appartement – et ce n'était pas difficile de trouver la plus grande suite du Palace – il se mit à hurler de toutes ses forces :

— Noah Khan !

L'intéressé se releva de son canapé, énervé qu'on vienne le déranger aussi tard dans la soirée. N'avait-il pas dit à Yanis qu'il ne voulait pas sortir ce soir ? S'interrogea Noah blasé, en enfonçant ses mains dans les poches de son jogging gris. Il détestait les gens qui insistaient trop. Il s'avança vers le hall pour l'accueillir tout de même et marqua un sursaut de surprise lorsqu'il remarqua l'inconnu dans son salon.

— Qui es-tu ?

— Lucas... Le frère de Rachel.

— Hein ?

Le jeune homme souffla, exaspéré, avant d'ajouter :

— Le cousin de Gabrielle !

— Ah... Murmura Noah qui se souvint finalement d'où lui venait ce visage familier, Et donc, enchaina-t-il, Que me vaut cette présence ?

— Tu vas vite comprendre, lui souffla Lucas en arrivant à sa hauteur.

Son poing vola dans sa figure et écrasa son nez violemment. Les yeux du garçon se gonflèrent de surprise, de douleur, et de honte, probablement. Quand Lucas retira son poing, Noah sentit du sang chaud couler de son nez. Hébété, il voulut porter les mains à son visage, mais Lucas le frappa une nouvelle fois au coin des lèvres et il tomba à la renverse. Noah porta sa main à son visage pour stopper le sang qui coulait sur ses vêtements toujours impeccables. Lucas ignorait d'où lui venait toute cette violence, mais en le voyant aussi mal en point sur le carrelage trop blanc de son vaste appartement, il se disait que, de toute façon, il ne méritait pas meilleur traitement. Étrangement, il semblait que Noah le pensait également puisqu'il ne prit même pas la peine de répondre à cette attaque. Il se contenta de se relever maladroitement et attrapa un mouchoir en papier sur le bar de la cuisine qu'il porta à son nez pour stopper l'hémorragie.

— Rachel m'a tout dit, lâcha Lucas pour expliquer un tant soit peu son accès de violence.

Bien que Noah ne semblait pas y porter plus d'intérêt que cela... Peut-être avait-il l'habitude de se faire casser la gueule sans demander d'explications.

— Pour ? L'interrogea-t-il tout de même.

— Ce que tu lui as fait l'autre soir, répondit Lucas haineux.

— Ah.

— Quoi ? C'est tout ? S'exclama-t-il ahuri, Tu n'as rien d'autres à ajouter ?

— Non.

Noah se dirigea vers sa cuisine et trempa son mouchoir sous l'eau du robinet pour essuyer le sang sur son visage.

— Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi tu cherches à faire du mal aux gens ? L'interrogea Lucas sèchement en le regardant faire.

— Et toi, pourquoi tu cherches à me comprendre ?

— Je ne sais pas... Tu crois qu'il y a quelque chose à comprendre venant de toi ?

— Pas vraiment.

Alors, c'était ça, être Noah Khan, songea Lucas avec dégout. Faire des choses sans les comprendre, simplement parce qu'on est le fils d'un des plus gros créanciers de la ville, et ne jamais rien regretter, ne jamais se remettre en question, ne jamais douter. Lucas était persuadé que personne ne pouvait avoir ce genre de vie, pas même lui, il ne pouvait pas être si sûr de lui. Ce n'était pas humain.

— Je crois que tu fais tout ça parce que tu t'emmerdes.

— Si tu le dis, bafouilla le concerné, blasé.

— Ce n'est pas comme ça que tu trouveras un sens à ta vie.

— Un sens, répéta Noah ironique, Et c'est quoi le sens de ta vie à toi ? Pourquoi tu te lèves tous les matins pour aller dans un lycée de bourge que tu détestes ? Pourquoi tu vis chez des gens que tu ne peux pas piffrer ? Tu trouves que ta vie à un sens peut-être ?

Lucas resta prostré de stupéfaction, blessé par ses propos, blessé parce que c'était profondément vrai. Le jeune homme devait reconnaître que Noah avait touché une corde sensible de sa personnalité. Lucas était lui-même celui qu'il critiquait, celui qui ne croyait en rien, et encore moins en ce foutu sens de la vie dont tout le monde avait besoin, mais qui n'existait que dans leur imagination, seulement pour les rassurer sur le fait qu'ils ne vivaient pas tout ça pour rien. Même si c'était pourtant ce qu'il se passait, vivre pour rien, pour attendre toujours quelque chose qui n'arrivait jamais vraiment, parce qu'on désire toujours plus que ce que l'on peut atteindre.

— Ce n'est pas parce qu'on ne croit en rien qu'on doit se comporter comme si les gens autour de tout n'étaient rien non plus, cracha finalement Lucas, Ce que tu fais avidement.

— C'est faux, l'arrêta Noah sèchement, Je ne crois pas en rien. Je crois en...

— Dieu ? Le coupa Lucas, ironique, Non... Tu ne me feras pas croire ça à moi. Tu es bien trop égoïste pour avoir une quelconque foi à l'intérieur de toi.

— Ma foi ne regarde que moi, et ce n'est pas de ma faute si toi, tu ne crois en rien.

— En te voyant, la seule personne à laquelle je peux croire, c'est le diable, fustigea Lucas haineux. Et encore, je ne pense pas que tu puisses l'égaler. Tu es bien trop minable et pathétique pour mériter une comparaison de la sorte.

— Traiter de diable un croyant, rétorqua le garçon, Tu ne penses pas que c'est faire preuve d'un manque de respect ?

— Puisque tu n'en donnes pas aux autres, je pense surtout que tu n'en mérites pas.

Sur ce, Lucas quitta son appartement en trombe. Noah poussa un soupir de soulagement lorsqu'il le vit disparaître. Lentement, il reporta son regard sur son mouchoir taché de sang et le jeta dans la poubelle à côté de l'évier. Puis il se dirigea vers son salon pour s'installer dans son canapé, prenant soin de ne pas marcher dans le sang encore chaud étalé sur le sol blanc. Il se laissa enfoncer dans les coussins moelleux et reposa sa tête sur le dossier, marquant une grimace de douleur à cause de son nez. Soudainement, il entendit quelqu'un arriver derrière lui et se retourna, surpris. Allait-il encore se faire péter la figure ? A son plus grand soulagement, il s'agissait seulement de sa femme de ménage.

— Vous êtes encore là vous ? L'interrogea-t-il avec dédain.

— J'ai fait quelques heures supplémentaires à cause du joint qui avait fui dans la salle de bains, commença-t-elle à s'expliquer, alors qu'il n'écoutait même pas ce qu'elle racontait, Vous pourrez en parler à Monsieur Khan ?

— Claire, lâcha Noah froidement, Je ne parle déjà pas de moi à mon père, alors vous... Je ne suis même pas sûr qu'il connaisse votre nom !

— Vous non plus, l'arrêta-t-elle froidement, Je m'appelle Clara.

— Peu importe... Souffla le garçon, indifférent.

— Bref, enchaina la vieille femme, Je vais y aller.

— Non, l'arrêta Noah.

— Pardon ?

— Il y a du sang sur le sol, nettoyez-le.

Clara le regarda avec exaspération, se rendait-il seulement compte qu'il lui donnait des ordres comme à un chien ?

— Il est tard, murmura-t-elle, Et je suis fatiguée, je ferai ça demain.

— Non, répéta Noah sans même la regarder dans les yeux, Ça va sécher.

— J'ai du produit spécial, ça partira demain.

— Non. Faites-le ce soir.

Incrédule, la femme de ménage laissa son sac tomber sur le carrelage et Noah reporta finalement son regard vers elle.

— Quoi ? L'interrogea-t-il, dubitatif.

— J'ai fini ma journée depuis déjà deux heures ! S'exclama la vieille femme, Il n'est pas question que je fasse ça ce soir !

— Écoutez Claire.

— Clara.

— Peu importe, reprit Noah calmement, Même si mon père ne connait pas votre nom, il me semble que ça ne l'empêche pas de vous verser le misérable salaire qui vous permet de survire vous et vos innombrables gosses, tous les mois, alors, quand je vous demande quelque chose, vous le faites. Point barre.

Les larmes aux yeux, la vieille femme le regarda sans comprendre. Comment pouvait-on être aussi malsain à son âge ? Incapable de répondre à cette question, Clara ravala sa fierté et leva les yeux au ciel pour éviter que ses larmes coulent le long de ses joues, ce qui lui aurait fait trop plaisir. Elle reposa son sac sur le sol, retroussa ses manches et incendia du regard le jeune homme qui la regardait faire, un sourire au coin des lèvres, fier du pouvoir qu'il avait sur elle.

— Je sais ce que vous pensez, enchaina Noah, Vous pensez que je ne suis qu'un petit con de milliardaire qui ne sait rien faire de sa vie à part donner des ordres. Mais vous voyez, je n'en ai rien à foutre, parce que moi, je n'ai pas à ramasser la merde des autres pour exister.

Bien qu'il avait besoin de traiter les gens comme de la merde pour exister, mais ça, il n'y pensait pas souvent.

— En vérité, rétorqua Clara, Je ne pense pas à vous. Ça me donne des hauts le cœur.

Sa réponse cinglante eut le mérite de faire taire Noah. Clara avait bien compris pourquoi il agissait ainsi, il se faisait haïr pour exister, pour se donner de l'importance. Le pire qu'il pouvait lui arriver, c'était l'indifférence des gens autour de lui. C'était désormais ainsi que Clara décida de le traiter.

***

— Et celui-là ? S'exclama Gabrielle en se pavanant devant Raphaël qui la dévorait des yeux.

La jeune fille venait de poser un masque blanc sur ses yeux, assorti de longues plumes qui se confondaient avec la blondeur de ses cheveux. Gabrielle était magnifique, comme toujours, et ce costume lui allait à ravir.

— Allez ! Essaye quelque chose toi aussi ! S'empressa-t-elle de rétorquer.

Raphaël attrapa un masque noir et le mit sur son visage à son tour.

— Magnifique ! Commenta Gabrielle en s'emparant de son téléphone portable pour le prendre en photo.

Cela faisait bientôt une heure que les deux jeunes s'amusaient dans les coulisses du théâtre et, plus particulièrement, dans la costumerie. Jamais Gabrielle n'avait vu d'aussi beaux costumes, rien à voir avec celle de leur lycée qui – même si elle était largement plus remplie que celle d'un lycée public – ne ressemblait en rien à ce paradis d'étoffes. Les deux jeunes n'avaient même pas regardé la pièce, trop occupés à discuter et se déguiser. Gabrielle s'amusait comme jamais, cette soirée était de loin bien meilleure que celles monotones qu'elle passait avec son petit-ami à regarder la télévision, soit chez elle, soit chez lui. La routine les avait ramollis avec Ethan. Ce soir, grâce à Raphaël, elle avait enfin l'impression de retrouver toute la pêche qu'elle avait perdu.

— Et ça ! Enchaina-t-elle en enfilant un grand chapeau de cow-boys.

D'une démarche magistrale, elle défila devant le garçon qui la regardait des étoiles dans les yeux. Raphaël ne se rendait pas réellement compte de ce qui lui arrivait. Lui, avec Gabrielle Gallien, dans la costumerie du théâtre. Jamais il n'aurait pu imaginer que son rêve puisse devenir réalité. Mais, finalement, il s'était jeté à l'eau, il avait pris son courage à deux mains et avait utilisé cette technique très bizarre que lui avait appris son paternel pour l'approcher. Néanmoins, elle avait fonctionné. Il faudra qu'il pense à le remercier plus tard, songea-t-il tout en continuant à dévorer des yeux la jeune fille qui faisait semblant de lancer un lasso imaginaire dans le ciel. Amusé, Raphaël mima s'être fait prendre au piège et la jeune fille tira sur la corde, les faisant se rapprocher dangereusement. Mais, tandis que Raphaël s'avançait doucement vers elle, le torse en avant, la jeune fille n'arrêta pas son mime et continua jusqu'à ce qu'il se plante devant elle.

— Je te tiens, murmura-t-elle à quelques centimètres de ses lèvres.

Raphaël la regarda dans les yeux, pas certains de comprendre le signal. Gabrielle n'avait-elle pas un petit-ami ?

— Tu ne devrais pas me regarder comme ça, enchaina Raphaël après un moment.

— Pourquoi ? Le questionna la jeune fille curieuse.

— Parce que je vais tomber amoureux de toi.

Gabrielle se mordilla la lèvre inférieure, l'observant de ses grands yeux verts.

— Ça ne semble pas si grave, marmonna-t-elle.

Et, alors, leurs lèvres se sellèrent. Gabrielle attrapant sa nuque pour prolonger leur baiser. Elle sentait le souffle saccadé de Raphaël sur son visage, ses fines mains encadrant ses joues bien fermement pour faire durer cet instant. Elle inspira son odeur tandis que le garçon descendit ses mains le long de son dos, lui extirpant un frisson. Puis ils se décollèrent l'un l'autre, s'observant en silence.

— Ça y est, murmura Raphaël.

— De quoi ?

— Je vais tomber amoureuxde toi. 

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