Vénus a froid

By Blondilein

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Une nuit d'hiver, le village de Freyja est dévasté par des guerriers sanguinaires qui mettent tout à feu et à... More

Pour commencer le tout
-Prologue-
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Note finale
Le p'tit mot de la blonde
Le deuxième petit mot (youpi)
Lettre aux lecteurs: un remerciement

Chapitre 1

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By Blondilein

Freyja ouvre les yeux. Un rayon de soleil éclaire son visage, elle baille et s'étire dans les fourrures qui recouvrent son corps encore somnolent. Dehors, il neige de gros flocons : l'hiver a déjà atteint les villages et a tout glacé sur son passage. Les arbres blancs et dévêtis ornent le paysage et semblent tendre leurs bras frêles vers le ciel gris. Freyja cligne plusieurs fois des yeux, s'assoit lentement dans son lit et se passe une main fatiguée dans les boucles brunes en bataille. Elle attend un instant puis se lève en grelottant et revêt en vitesse sa robe de laine, son châle, son foulard rouge flamme et son manteau doublé de fourrure pour se protéger du froid. Il serait temps d'allumer un feu. Elle soupire et après un court débat intérieur, décide de sortir pour entamer sa maigre réserve de bûches. Elle ouvre la porte.

Soudain, un cri résonne et la jeune femme se fige dans le cadre de sa porte. Ses yeux cherchent les alentours pour trouver l'origine du bruit. Elle regarde d'abord à droite, puis à gauche et finalement, ses yeux se posent sur le grand portail en bois qui marque l'entrée du petit village. Son cœur rate un battement et elle sent ses joues blanches pâlir un peu plus.

Deux hommes portent le cadavre massacré d'une jeune femme, à peine voilé par un morceau de tissu blanchâtre. Freyja déglutit et recule d'un pas. Que s'est-il passé ? Un frisson d'horreur secoue son corps. Les morts sont fréquentes dans les villages, les maladies, le froid et les criminels de passage emportant en hiver tout ce qui passe leur chemin. A côté de Freyja, une porte claque et la jeune femme bondit, les yeux grands ouverts, brusquement sortie de ses pensées.

« Par tous les dieux! », entend-t-elle s'exclamer une voix de femme. Humia. Une des doyennes du village. Elle aussi est sortie de chez elle et se tient tremblante devant sa porte, les yeux rivés sur le cadavre. Elle se plaque un instant les deux mains sur la bouche, le visage livide. Elle secoue la tête, recule d'un pas, avance, recule à nouveau. Freyja se passe une langue sur les lèvres puis se décide à aller voir la vieille femme qui est aussi blanche qu'un linceul.

Elle s'approche d'elle, les sourcils froncés.

Elle ne comprend pas la réaction paniquée de la femme.

« Humia ? », demande-t-elle doucement, comme pour ne pas la brusquer, et la femme tourne la tête vers elle d'un geste rapide, effrayée quelques secondes.

« Bon sang, petite ! Tu m'as fait une frayeur ! », s'exclame-t-elle de sa voix rauque et un sourire indécis se trace sur son visage ridé, illuminant faiblement ses petits yeux intelligents. « Comment vas-tu ? »

Freyja secoue la tête, l'image du corps encore présente derrière ses grands yeux marron.

« Tu l'as vue? Cette femme... »


La femme rondouillarde et enveloppée dans ses fourrures se tourne vers elle. Le sourire présent quelques secondes auparavant a disparu et une lueur d'inquiétude éclaire son visage.
« Oui. Je l'ai vue. »

Freyja déglutit et penche un peu la tête. Humia semble en savoir plus qu'elle et elle se décide à lui poser la question.

« Que lui est-il arrivé ? », demande-t-elle en murmurant. « Quel criminel ferait une chose pareille ? » Humia fronce les sourcils et se passe une main dans le chignon en désordre. Elle semble hésiter un instant, chercher ses mots en se mordillant la lèvre. Elle finit par pousser un soupir tremblant.

« Je n'en suis pas certaine. Mais... ça m'a tout l'air être l'œuvre des-des Winterschlächter, des bouchers de l'hiver. Cela fait bien longtemps que je n'avais plus entendu parler d'eux... Par tous les Dieux. » Elle a les yeux exorbités, perdus dans des souvenirs du passé. Freyja réfléchit quelques instants, le mot Winterschlächter ne réveillant en elle que des légendes sans queue ni tête qu'on raconte aux enfants pour pas qu'ils ne sortent la nuit. Avant qu'elle ne puisse poser de questions, Humia se remet à parler.


« Cette femme qu'ils ont amenée aux villages... Ce corps... Il me semble bien qu'il s'agit de Solvejg Kjelddòttir. », marmonne-t-elle, « Une petite d'un village pas loin du notre, de l'autre côté de la forêt. Je l'ai vu quelques fois en allant visiter une amie vivant là-bas. Elle s'était mariée depuis peu. Pauvre, pauvre Solvejg, si gentille, si jeune, si belle... Quels monstres, mais quels monstres ! Comment peut-on tuer une femme qui est encore presque une enfant !»

Freyja se passe une main sur le visage. Elle se mordille la lèvre.

« Je ne comprends pas tout à fait. », dit-elle doucement, « Les bouchers de l'hiver... Solvejg, les villageois... Qui sont les Winterschlächter ? Les villageois leurs ont-ils fait quelque chose pour qu'ils tuent une jeune femme ? Dans quel but ? »

Humia rit, un rire sans humour et dénué de chaleur tandis que des images du passé défilent devant ses yeux qui ont déjà vécus et trop vus.

« Oh, mon petit flocon, ces hommes n'ont pas besoin d'un but pour tuer et ils n'ont sûrement pas tué seulement Solvejg. Ces hommes sont des brutes, des truands sans cœur. Tu es bien trop jeune pour savoir ce genre de choses, mais il y a une cinquantaine d'années, ces hommes sont déjà venus ici, détruisant tout sur leur passage. Les Winterschlächter sont des monstres, ma petite, et j'avais désespérément espéré ne plus jamais devoir croiser leur chemin. » Elle réfléchit un instant, avant de continuer son explication. « Vois-tu, ce sont des guerriers nomades, des bêtes avec des visages d'homme qui viennent tous les hivers dans les villages, massacrer femme, homme, enfant à main nue, piller les richesses et brûler chaque maison jusqu'à ce que tout ce qui reste soit un tas de cendre que le vent emportent le matin suivant. Chaque années, ils changent de région et chaque années, les anciens des villages, ceux qui se souviennent encore des massacres, tremblent à l'idée de les voir apparaître au milieu de la nuit. On dit qu'ils sont possédés par les dieux : ils viennent vêtus de peaux d'ours ou de loup, le corps injecté de symbole à l'encre bleue, les yeux brillant de folie et de violence, insensibles à la douleur. Ces hommes sont fous. »

Freyja frissonne, tandis qu'elle écarquille les yeux. Un mauvais pressentiment s'installe dans le creux de son ventre.

« Mais enfin... Ces hommes... Pourquoi viendraient-ils ici ? Nous ne sommes pas riches et pas des guerriers, comme le sont les hommes dans d'autres villages. Peut-être Solvejg n'a-t-elle réellement été que tué par un meurtrier solitaire ? Peut-être s'est-elle promenée trop tard dans la forêt ? Humia, je...Je ne veux pas croire à ce genre d'histoire. Il y a cinquante ans qu'ils ne sont pas venus ici. Cinquante ans. Les Winterschlächter n'existent peut-être même plus depuis le temps. »

Humia lui lance un regard sombre rempli de sous-entendu. A nouveau, elle porte la main à son chignon et resserre les fourrures autour de ses épaules. Elle secoue la tête, les yeux rivés au loin sur le paysage enneigé et les cimes des arbres se tendant vers le ciel.

« Les monstres ne disparaissent pas, il n'est juste jamais certain quand est-ce qu'ils vont réapparaître. », murmure-t-elle, la voix un peu rauque. « Je sais bien, petite, que tu ne veux pas croire à ces histoires. Personne ne le veut et j'espère de tout mon cœur que je me trompe. Et s'il s'agit réellement de l'œuvre de ces bêtes, prions les dieux qu'ils épargnent notre village. »

Freyja pâlit. Elle se mordille la lèvre, inquiète.

« Humia, que pouvons-nous faire ? Si ce que tu dis est vrai... Comment pouvons-nous éviter qu'ils nous fassent du mal ? Les gardes ne peuvent-ils pas nous protéger ? Nous avons assez d'hommes pour nous protéger, n'est-ce pas ? Nous ne sommes pas des guerriers, mais nous avons toujours eu des armes et des entraînements en cas de guerre ! »

La vieille femme lui lance un sourire tremblant.

« Nous ne pouvons rien faire, mon petit. Rien, à part espérer et demander à Freyr de préserver la paix. Mais si le village d'à côté a été attaqué, nous risquons d'être les prochains sur la liste. »

« Oh dieux. » La voix de Freyja est devenue désespérée, plaidant pour être rassurée. Ce n'est pas possible. Cela n'arrivera pas ici. « Et si nous nous réfugions dans le temple de Freyr ? Personne n'a le droit d'y entrer armé, après tout ! »

Humia se rapproche d'elle et pose une main sur son épaule frêle. Elle secoue tendrement la tête, les cils papillonnant pour écarter les flocons qui s'y posent.

« Rentre chez toi, petite. », murmure-t-elle, ignorant l'exclamation de la jeune femme, « Rentre chez toi. »

Freyja la regarde quelques secondes puis se passe une main dans les cheveux. Son foulard coloré tombe au sol, une tâche rouge dans la neige. Elle ne le ramasse pas. Humia lui fait signe de la main et Freyja lui sourit un peu, avant de se retourner pour rentrer chez elle.

La porte en bois claque.

Freyja se laisse glisser au sol.

Derrière ses yeux, le corps de Solvejg ne disparaît pas et les voix de la vieille femme résonnent en boucle dans sa tête. Nous ne pouvons rien faire. Si même le temple du dieu de la paix risque d'être violé, si des femmes et des enfants risquent de perdre la vie...

La jeune femme a un mauvais pressentiment.

Freyja a peur.

Elle se relève lentement et s'approche d'un meuble en bois. Elle ouvre le tiroir ancien et grinçant et observe les petites figurines élégamment taillées à l'intérieur, chacune représentant une divinité. Freyja sourit doucement. C'était un cadeau de son frère – elle se souvenait encore du rire dans ses yeux lorsqu'il les lui avait donné, un soir d'hiver, alors qu'elle était assise devant le petit feu qui réchauffait la maison.

« Elles te porteront chance. », avait-il dit en lui tendant le petit sac en lin où les figurines s'empilaient. Freyja soupire et passe sa main à travers les petits objets en bois, jusqu'à trouver celle de Freyr. Elle lève le dieu miniature et l'observe silencieusement un instant, étrangement mal à l'aise. Finalement elle soupire.

« Protège le village. », souffle-t-elle dans le vide, repose la figurine et referme rapidement le tiroir.

Freyja inspire profondément. Peut-être ne s'agit-il réellement que de légendes ridicules. Silencieusement, elle secoue la tête. Elle est ridicule à croire ce genre d'histoires, à avoir peur de fantômes. Solvejg avait dû croiser la route du mauvais homme, et c'était tout.

Tentant d'ignorant l'angoisse rongeant son esprit, la jeune femme décide de sortir, de profiter des quelques rayons de soleil timide et d'oublier la légende sordide qu'Humia lui a raconté.

Le petit instant mythologie avec Blondie: le dieu Freyr (parfois francisé en Frey) est le dieu germain de la prospérité, de la fertilité et de la paix (en gros). Et comme il est plutôt sympa, on n'a pas le droit de rentrer armé dans son temple, ni de lui faire des sacrifices.


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