Water Lily : l'éclosion.

By RosalineOscar

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Qui suis-je ? Depuis bien longtemps cette question me tourmentait. La réponse qui me venait le plus souvent é... More

Présent. Passé. Futur.
Le pouvoir de la Lune.
Libérée, délivrée. Non, je ne suis pas la reine des neiges.
Tout le monde va bien. Enfin. Presque.
Trahison. Disgrâce. Les musiques Disney me poursuivraient-elles ?
Une solution ? Mortelle, mais oui, une solution.
Invitation. Pitié. Pas de talons.
Je lui pardonnerai. Quand je serai de bonne humeur. J'y réfléchirai, quoi.
Un tout petit dérapage. Minuscule. Rien de rien.
De catastrophe en catastrophe.
La mort ou la vie. Un jeu dangereux.
Dompter un lion ? Trop facile. Voler un loup-garou ? Beaucoup plus drôle.
Séance de torture. Les talons sont obligatoires ? Pitié ?
Rentre dans ma danse.
On arrête de danser ? Oui, s'entre-tuer c'est plus sympa, voyons.
Solitude.
Une famille compliquée ? Hérésie. Un vrai bordel, oui.
Plus qu'un pot de fleur, je suis un simple vase.
Ne m'abandonne pas.
Minuscule, petit problème : je vole.
Je te donne tout.
Un monde. Leur monde. Mon monde ?
Pas à pas je découvrirai qui vous êtes.
Tuatha de Dannan. Je te frôle du bout des doigts.
De vase, je deviens nénuphar. Avec un ph. Pas un f.
Futur déesse ou futur catastrophe. Au choix.
Finalement, être un vase c'est sympa.
Je reviendrai. Attendez moi.
Épilogue. Andrew.
Épilogue. Tamara.
Épilogue. Cyriel.
Épilogue Kenan.
Épilogue. Andréa.
Épilogue. Keylinda.
Épilogue. Geoffrey.
Tome 3

Un puzzle ? 500 pièce c'était bien, mais 1000 c'est vachement mieux.

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By RosalineOscar

Hé voilà, nous y sommes... Le premier nouveau chapitre depuis des mois *o* xD Je vous remercie pour votre patience, votre gentillesse et votre soutien perpétuelle ! Désormais je reprendrai des postes moins "régulier", je ne posterai qu'une à deux fois par semaine car je met du temps à écrire bien que j'ai quelques chapitres déjà rédigés ! J'espère que ces nouveaux chapitres vont plairons autant que les anciens ! :3 Bonne lecture *o* xD



La musique criarde. Le son enivrait mes sens, assourdissant tout autour de moi. Mes yeux tentèrent de s'habituer aux flashs de lumière régulier mais je ne pus que me sentir mal à l'aise dans cet endroit grouillant d'adolescent plein d'hormone. Les corps se bousculaient, se mélangeaient dans un amas de parfum et de transpiration qui nous vrillaient les sens. Je grimaçai quand un garçon s'avança dans ma direction, dans une démarche qui ne trompait pas sur son taux d'alcoolémie. Je m'écartai un peu pour le laisser passer avant de comprendre qu'il semblait intéressé par l'idée de m'adresser la parole, mais avant qu'il n'ait le temps d'ouvrir la bouche, une main ferme se glissait sur ma taille avec assurance.

Je tournai légèrement les yeux vers Maël qui affrontait le regard vitreux du type, il jura vaguement mais se détourna sans demander son reste alors que Maël n'aurait certainement pas hésité à lui coller son poing dans la figure si cela c'était révélé nécessaire. Son visage finit par se tourner dans ma direction et il m'afficha un parfait sourire pour me rassurer, sa main tiède influant du calme à mon esprit tourmenté. Je n'aimais pas les endroits bondés et il le sentait pleinement. Il se pencha vers mon oreille et haussa la voix pour couvrir le son de la musique.

- C'est au fond de la salle, cria-t-il en se penchant légèrement. On doit se dépêcher de rejoindre les autres.

- Il y a trop de monde, gémis-je vaguement dans une grimace. J'ai perdu Tamara de vue.

- Donne-moi ta main.

Je n'hésitai pas longtemps avant de saisir la main pâle qu'il me tendit. Je serrai vivement mes doigts sur les siens et il m'entraîna derrière lui, m'offrant son dos large alors qu'il se faufilait parmi la foule en jouant de son buste musclé pour me protéger de cette cohorte humaine. La musique passait à un rythme plus doux mais les corps ne faisaient que se presser un peu plus. Je n'étais jamais venue en boîte de nuit, et pour mon premier essais j'étais fascinée par ce jeu que tous instauraient comme s'il était naturelle de se frotter les uns contre les autres sans pour autant ce connaître. Peut-être était-ce cela l'attrait. On ne se connaissait pas. La lumière tamisée permettait même à peine de se voir. Le temps d'une soirée nous étions ce que nous voulions. Fille assurée ou fille timide, garçon plein de charme ou simple garçon sans atout particulier qui n'aspirait qu'a se fondre dans la masse.

Maël serra un peu plus ses doigts sur les miens alors qu'enfin on parvint à sortir de la foule. Il soupira lourdement alors que je le fixai intrigué. Malgré les apparences, il n'était pas plus à l'aise que moi dans cet endroit. Il passa sa main dans sa nuque en dégageant des mèches blondes trop longue qui retombaient le long de sa nuque. Sa chemise blanche ouverte sur son torse, ses cheveux vagabondant sur sa peau, attirait le regard. J'avais bien remarquée toutes ces filles qui c'étaient retournées sur lui quand il se glissait entre elles. Maël plaisait. Et il aurait fallut être aveugle pour ne pas voir qu'il était splendide.

- Je te remercie du compliment, sourit-il aussitôt espiègle. Mais je ne t'égale d'aucune manière.

Sa main tira sur la mienne, la portant jusqu'à ses lèvres. Il déposa un léger baiser sur ma paume dans un touché doux et chaud. Ses yeux finissaient toujours par revenir sur les miens, glissant une chaleur incommensurable dans le creux de mes joues. Malgré que toute ces filles l'aient dévorées du regard, lui n'avait tourné les yeux que dans ma direction. Il n'y avait que moi dans son esprit. Et c'était un sentiment très rassurant.

Légèrement, ses yeux glissaient le long de mon corps, fixant avec amusement la robe moulante que Epona m'avait forcée à enfiler, affirmant que autrement je ne rentrerais pas dans cet endroit. Et je devais admettre qu'elle avait probablement raison car aucune fille présente dans l'immense pièce ne portait une robe qui n'était pas, au minimum, remontée sur le haut de leurs cuisses, sans parler des décolletés provoquant. Pour ma part, très mal à l'aise, je tirai sur le tissu pour le faire glisser un peu plus bas sur mes jambes. Les joues en feu.

- Met ça, m'ordonna Maël.

Je saisissais, sans me faire prier, la veste qu'il me tendit, ravis de me rendre compte que Maël était plus grand que moi. Le vêtement tombait bien en dessous de mes fesses. Je soupirai de soulagement de me sentir un peu plus habillée et Maël me sourit rassurant en glissant, à nouveau, sa main sur ma taille, en dessous du vêtement que je venais d'enfiler. Il me tira solidement contre lui et me guida, s'enfonçant un peu plus dans la boîte de nuit et se faufilant aisément dans la noirceur d'un couloir.

Me surprenant, mes yeux s'habituèrent à la pénombre et je pu me déplacer aussi facilement que le faisait Maël dont les yeux bleu luisaient d'une lueur plus pâle. Les marqués avaient réellement des capacités fascinantes. Mais ce n'était pas le moment de me demander qu'elle était les caractéristiques du pouvoir des anges. Des voix attirèrent mon attention et je tournai mon visage vers une petite porte en bois entre-ouverte qui laissait apercevoir une petite pièce semblable à un salon. Maël entra sans la moindre hésitation et je suivais le pas sans protester alors que je n'avais pu que reconnaître la chevelure rousse de Tamara, bien que celle-ci soit coiffée en un épais chignon serré dans le bas de la nuque.

Cependant, je ne me focalisai pas longtemps sur mes amis déjà présent dans la pièce. Je préférai examiner ceux que nous étions venu voir. Mes yeux émeraudes dévisagèrent deux hommes aux traits aquilins et à la peau halée. L'un avait les cheveux bouclés, d'un noir corbeau et un visage creusé au niveau des joues, lui donnant un air sombre et menaçant. Compte au deuxième, s'il avait aussi des cheveux noir, son air joviale et ses joues rondes lui donnait tout d'un enfant souriant et plein de vie. Le premier posa ses yeux sur moi et mon corps se crispa aussitôt en affrontant ses yeux d'un noir identique à ses cheveux.

- Voilà donc la fameuse marquée, annonça-t-il en me dévisageant. Fascinant. Tu n'avais pas menti Epona, elle ressemble à une déesse.

- Mikaël, nous avons besoin de savoir si tu nous aidera, coupa Epona avec un agacement non dissimulé. Cesse de jouer.

- Tout n'est-il pas qu'un jeu ? Rétorqua l'intéresse avant de s'interrompre sans cesser de me fixer, ses yeux se plissant légèrement avant de rependre. Pourquoi devrais-je m'impliquer dans cette histoire ? Elle n'est rien pour moi.

- Tu m'en dois une, répondit Epona avec assurance. Je t'ai sauvé la vie à une époque, je n'ai pas oublié la dette que tu as envers moi.

- Tu m'as sauvée la vie, acquiesça-t-il avant de hausser les épaules. Mais je ne me rappelle pas t'avoir dit que je te devais quoi que ce soit pour cela.

- Mikaël, souffla l'autre garçon en regardant son acolyte du coin de l'œil. Tu lui as dit que tu lui revaudrait ça, j'étais là.

- Je ne m'en souviens aucunement, affirma Mikaël dans un sourire. Et ne te mêle pas de ça Damien, je sais très bien que tu es raide dingue de cette nana depuis des siècles.

Le dénommé Damien piqua un fard, empourprant ses joues pourtant mâtes. Précipitamment, il tenta de lever les yeux vers Epona mais le reposa aussitôt au sol en constatant le visage indifférent de la femme qu'il semblait aimé. Je regardai l'échange en restant en retrait, ne sachant pas trop quoi penser de ses deux hommes. Damien semblait quelqu'un de doux mais pourtant quelque chose me poussait à être méfiante. Peut-être était-ce dû à la froideur étrange d'Epona, ce n'était pas son genre d'être ainsi. Elle était sévère et forte, mais elle m'avait toujours traitée avec douceur en dehors des heures d'entraînements. Si elle agissait ainsi, c'était pour une bonne raison. Et pour Mikaël, il ne m'inspirait aucunement confiance.

- Vous avez de quoi payer ?

Epona fronça les sourcilles en détaillant l'homme face à elle. Je ne pouvais que remarquer ses épaules crispées et ses poings serrés. Elle avait envie de le frapper. Et pas qu'un peu. Je me mordis l'intérieur de la joue avec inquiétude. Étais-ce une si bonne idée de demander de l'aide à ces hommes ? Ne pouvions-nous pas nous débrouiller sans eux ? Je me mordillai plus vivement encore la joue en sentant que tout ceux présent dans la pièce se tendirent à l'évocation d'un paiement.

- Si vous me payez, je vous aiderais volontiers, renchaîna Mikaël comme s'il ne perçut pas l'animosité qu'il était entrain de susciter.

- Qu'est-ce que vous souhaiteriez ? Demanda Andrew posément.

- Habituellement, je demande un objet de valeur pour mon travail, annonça Mikaël dans un nouveau sourire. Des écailles de salamandre, des plumes de coquatrix, des objets ayant appartenu aux dieux ancestraux et encore imprégné de leurs magies...mais pour vous je vais faire un prix.

- Que veux-tu ? Répéta Kenan froidement. Nous n'avons pas de temps à perdre, annonce ton prix et nous t'apporterons ce que tu souhaite.

- Elle, susurra-t-il en me dévisageant.

Je saisis vivement l'avant-bras de Kenan quand celui-ci esquissa le mouvement de s'avancer vers ce type et pas pour le serrer dans ses bras. Ses yeux noirs nuit me fixèrent avec mépris mais il détourna rapidement le visage en me faisant lâcher son bras dans un geste brusque. Sa colère palpable se répercutait sur moi violemment, je luttai pour ne pas céder à cette pulsion envahissante : le tuer, lui déchirer la peau, lui trancher la tête, lui faire payer au centuple ce sourire satisfait et narquois qu'il déposait sur moi. J'inspirai longuement. Ce n'était pas mon sentiment, mais celui de Kenan. Pourtant la sensation persistait comme si ses pensées étaient pleinement les miennes.

- Calme-toi, ordonna Epona d'un ton ferme. On n'est pas ici pour se battre.

- On a pas besoin de l'aide de ce type, cracha Kenan avec mépris.

- Personne ne te retiens, rétorqua l'intéressé en gardant son sourire satisfait. Si vous ne souhaitez pas négocier, ne me faite pas perdre mon temps.

- Qu'est-ce que tu sous-entends en disant « elle » ? Demandai-je en m'avançant vaguement avant que Kenan n'agresse ce type hautain.

Il me contempla de haut en bas, me détaillant alors que son esprit malsain me fit frissonner. Je canalisai ma tension et me détendis, décrispai mes épaules trop tendue et affrontai son regard sans sourciller. Rapidement, ses yeux cessèrent de me détailler pour rester dans les miens. Les barrières solides de son esprit m'empêchait d'estimer ce que pensait cet homme exécrable mais la noirceur que je perçus au fond de ses iris ne me trompaient guère. Je n'avais pas confiance en lui.

- Cela peut être un peu tout et n'importe quoi, sourit-il. Je suis sûr qu'un morceau de ta peau doit se vendre une fortune. Mais je pourrais aussi me contenter d'un petit service.

- Lequel ? Demandai-je malgré la rage grandissante de Kenan.

- Il faut que j'y réfléchisse, affirma-t-il. Vous pourriez repasser demain ?

- Nous n'avons pas ce temps, trancha Maël avec une froideur que je lui connaissais peu. Sois tu prends ta décision maintenant, sois tu tires un trait sur ce quelconque service.

- Vous êtes dur en affaire, sourit Mikaël. Bien. Je sais ce que je veux. A ce qu'il paraît tu as la capacité de retourner dans le passé.

Je restai impassible malgré le trouble que provoquaient ses paroles. Comment avait-il une telle information ? Epona m'avait prévenue qu'il était très doué dans son domaine mais je ne comprenais toujours pas comment il parvenait à avoir une telle information. Je n'en avais parlé qu'a mes amis et je savais qu'aucun d'entre eux n'auraient divulgué une telle information. Maël tourna légèrement le visage, plantant ses yeux dans les miens. Sa main attrapa la mienne alors que je tentais de réfléchir à toute vitesse, pesant le pour et le contre alors que Mikaël me dévisageait avec un sourire amusé. Mais je lisais aussi dans son regard un sérieux qu'il tentait de camoufler. Dès que j'avais mis le pied dans cette pièce, il avait sut ce qu'il allait me demander.

- Si je réponds que j'en suis capable, commençai-je calmement. Qu'est-ce que tu me demanderas de faire ?

- Une minuscule chose, affirma-t-il en haussant les épaules. J'aimerai juste que tu parle à quelqu'un de ma part.

- Modifié le passé est dangereux, affirma Andrew. Ce don ne doit pas être utilisé imprudemment. Si Keyli se mêle d'une histoire en quoi elle n'est aucunement concernée, cela créera une faille.

- Elle est concernée.

L'assurance de Mikaël cloua sur place Andrew qui ne trouva rien à rajouter. Le silence devint lourd et pesant, la musique techno nous parvenant à peine dans cette salle qui devait être insonorisée, de toute évidence. Je fermai les yeux. Il fallait que je réfléchisse le plus calmement possible. Peser le pour et le contre. Juger si je pouvais avoir confiance en cet homme. La réponse qui me sautait aux yeux était un immense non, mais je n'avais pas réellement le choix en réalité. Nous avions besoin des informations de ce Mikaël. Le Brésil était vaste, trop pour espérer obtenir ce que je cherchai sans faire appelle à cet homme. Nous n'avions pas autant de temps que nous le désirions, il fallait faire vite car les partisans de Borvo ne resteraient pas indéfiniment tapis dans l'ombre.

Sobrement, je rouvris les yeux avec un calme que je tâchai de conserver. J'avais grandis au furent et à mesure. Je n'étais plus la jeune Keylinda trouillarde et pleurnicheuse. J'étais capable de réfléchir par moi-même, de comprendre ce monde qui était pleinement le mien. Je n'avais plus besoin que quelqu'un juge à ma place si ce que je faisais était bien ou non. Je m'avançai fièrement, la tête haute face à cet homme dont je me méfiais.

- Explique-moi clairement ce que tu attends et je réfléchirai à l'idée de le faire.

- Je n'accepterai de t'expliquer tout en détail que si tu me garantis de le faire, rétorqua-t-il en se levant à son tour pour me faire face. Je n'ai pas plus confiance en toi que tu n'as confiance en moi. Je ne vais pas te dévoiler mes secrets sans garantis que tu fasse ce que je souhaite.

- Hé bien on se débrouillera sans ton aide, affirmai-je en me détournant. Je ne prendrai pas le risque de te promettre de faire ce que tu demandes sans même savoir si je ne mettrais pas ma vie, et celle de mes amies, en danger.

Je me dirigeai lentement vers la sortie de la petite pièce obscure, décidée à laisser tomber. C'était un risque à prendre mais jamais je ne me serai engagée dans quelque chose d'aussi incertain et mené par un homme comme lui. Je ne prendrais pas ce risque. Trop de chose était en jeu pour agir de façon déraisonné. Suivant mon mouvement et me rassurant dans ma décision, Kenan fut le premier à me suivre. Vite suivis par Maël qui se colla à mon dos, une main venant saisir ma taille alors qu'il me sourit légèrement, sans doute pour me rassurer. Tous suivirent le même mouvement, ne s'opposant aucunement à ma décision bien qu'elle impliquait que notre voyage allait être rallongée de façon conséquente.

Mais alors que je m'apprêtai à franchir la porte, un mouvement brusque me fit reculer précipitamment. Méfiante, je me retrouvai à une distance plus que conséquente de Maël qui me fixa avec incrédulité. J'étais rapide. Plus que lui. Plus que Tamara probablement. Ses yeux me sondèrent alors que ma position marquait toute l'expérience que j'avais gagnée au cours de ces derniers mois. Mes yeux restèrent uniquement rivés sur Mikaël qui se tenait, désormais, dans l'encadrement de la porte. Le dos accolé d'un côté et une jambe relevée pour barrer le chemin. Son visage de marbre laissait pourtant transparaître son agacement.

- D'accord, lança-t-il sans m'adresser un regard. Mais je veux qu'ils sortent tous d'ici. Et je ne parle pas juste de cette pièce, je sais à quel point certains marqués peuvent être doués pour écouter aux portes.

- Pas question, trancha aussitôt Kenan en s'imposant devant moi. Je ne te fais pas confiance et je ne la laisserai aucunement seule avec toi. Qu'est-ce qui nous prouve que tu n'es pas un partisans de Borvo ?

- Rien, approuva-t-il en dévisageant le démon avec désintérêt. Mais je fais déjà la concession d'accepter sa demande, à vous d'en faire de même. Je cours un risque, à vous d'en prendre un désormais. Vous avez besoin de mon aide, sinon vous ne seriez pas ici.

Je posai ma main sur l'épaule de Kenan qui ne prit pas, pour autant, la peine de détourner son regard. Je soupirai lourdement en retirant ma paume de son corps, s'il voulait jouer à ce jeux là qu'il ne compte pas sur moi. Mikaël avait raison. Je ne pouvais pas lui demander de faire des concessions sur tout les points et ne pas en faire moi-même.

- J'accepte, affirmai-je. Mais en retour, j'aimerai que Maël et Kenan restent dans l'enceinte du bâtiment, ils n'ont aucun talent particulier pour l'espionnage et ils ne tenteront rien.

- Cela me va, approuva Mikaël en haussant les épaules. Mais si je sens que l'un d'entre eux tente de suivre la conversation que nous allons avoir, je n'hésiterai pas à me venger de la trahison.

Ses yeux noirs se reposèrent sur moi, menaçant et glacial. Je ne flanchai pas sous ce regard, restant aussi solide que possible face à toute la monstruosité qui transparaissait dans ses pupilles sans couleur. L'angoisse qui me serra le ventre à l'idée de me retrouver seule avec lui me donnait l'envie de fuir, de prendre mes jambes à mon coup et de ne jamais revenir. Oublier l'horreur que cet homme m'inspirait. Mais je ne bougeais pas, attendant que mes amis se décident à obéir à ma décision. Andrew fut le premier à acquiescer et à se diriger hors du petit salon, vite suivit par une Tamara qui s'aggripa à son bras en me lançant un dernier regard encourageant.

Je tâchai de sourire à Devon quand il me fit un vague signe de main accompagnée de Jena qui m'adressa, pour sa part, un simple petit mouvement de tête. L'ami de Mikaël fut le suivant à se lever, se dirigeant vers Epona. Saphira feula en voyant l'homme approcher sa liée, ses jambes se tendant en signe d'avertissement. Cependant, Epona la stoppa en levant légèrement le bras devant la louve qui se renfrogna aussitôt.

- J'aimerais aussi avoir une conversation avec toi, souffla timidement Damien à la vampire qui le dévisagea avec toute la froideur du monde.

- Je n'en ai pas le désire, rétorqua-t-elle. Je n'ai rien à te dire.

- S'il te plaît, insista-t-il.

- Elle t'a dit non, siffla Saphira les poings serrés.

- Et j'insiste, rétorqua-t-il avec aplomb. Epona, je sais que tu es raisonnable. Laisse-moi au moins l'occasion de te parler.

Epona resta impassible mais son silence témoigna de son indécision, elle n'était pas le genre de femme à tergiverser dans ses choix. Détournant légèrement le visage, son regard se posa dans le mien. Elle semblait y chercher un quelconque secours mais je n'avais aucune idée du lien qui l'unissait à cet homme, encore moins s'il serait positif qu'elle discute avec lui. Pourtant Epona ne cessait de me contempler, comme si j'allais lui apporter cette fameuse réponse que je ne pouvais pourtant pas donner.

- D'accord, finit-elle par lâcher. Mais Saphira restera avec nous, tu devras parler devant elle.

- Cela me convient, affirma-t-il dans un soupire de soulagement. Suis-moi.

Saphira grimaça, très mécontente de voir Epona obéir à cet homme qu'elle n'appréciait pas le moins du monde. Cette information confirma la pensée que j'avais depuis le début : ils étaient sortis ensemble. Ou du moins, quelque chose dans le genre. J'inspirai bruyamment, pourquoi tout semblait toujours compliqué ? Une situation simple et facile serait trop demandé ? La main de Kenan se posa sur mon épaule et je reposai mon attention sur lui.

Son visage crispé et ses yeux noir nuits témoignait de son propre agacement. Il n'aimait pas que je l'ai écartée de la sorte en acceptant la proposition de Mikaël et il était aussi anxieux, détestant l'idée que je me retrouve seul avec ce type. Je posai ma main sur la sienne pour serrer ses doigts quelques instants. Il sembla d'abord surpris par mon geste, ses yeux repassant brusquement dans leurs teintes vertes et resserra l'étreinte de nos mains. C'était la première fois depuis longtemps que je tolérais ainsi sa présence, que j'acceptai de recommencer à être réellement avec lui, en quelque sorte.

- Soit prudente, me souffla-t-il. Appelle nous si tu ressens le moindre danger.

- Merci d'accepter ma décision, murmurai-je.

- Comme si j'avais le choix, grogna-t-il. Je ne te le pardonnerai pas s'il t'arrive quoi que ce soit.

Je souris négligemment devant son ton froid qui tranchait avec ses paroles plutôt adorable. Je supposais du moins. Il hocha les épaules en se détournant, sortant de la pièce en lançant un regard noir à Mikaël. Le message était claire : si tu pose un doigt sur elle, je te torturai jusqu'à ce que tu me supplie de te tuer. Je frissonnai à la menace qui résonnait dans mon esprit, bien qu'elle ne me soit pas dirigée, elle m'angoissait. Maël posa à son tour sa main sur moi, mon esprit se calmant aussitôt à son contact. Je le regardai en biais alors que son don de contrôle semblait de plus en plus efficace sur moi. Son sourire aurait pu s'illuminer à cette pensée mais son visage resta sérieux et sévère.

- Ne commet aucune imprudence, m'ordonna-t-il. Jusqu'à présent le passé est venu à toi, c'est pour cela que jamais ce retour en arrière n'a déstabilisé le présent ou le futur. Mais cette fois, c'est toi qui forcera ce retour au passé. Au moindre mauvais choix, tu pourrais totalement changé le présent.

- Je sais, affirmai-je calmement. J'ai bien appris mes cours Maël, ne t'en fais pas. Si je juge que ce n'est pas prudent, je ne le ferai pas.

Il sembla encore indécis et l'inquiétude qu'il ressentait ne semblait, de toute manière, pas canalisable. Doucement, je laissai mon dos contre son torse tâchant de le rassurer de cette façon. Ses bras se nouèrent autour de ma taille et il glissa ses lèvres dans ma nuque, son souffle chaud caressant ma nuque en me faisant frisonner. Il m'attira plus fermement contre lui et je fermai les yeux en agrippant mes mains à son vêtement.

- Promet-moi que tu ne fera rien d'inconsidérée.

- Promis, soupirai-je. Fais-moi un peu plus confiance.

- J'ai confiance en toi, mais pas en lui, murmura-t-il fixant en biais Mikaël qui lui sourit naturellement. Alors ne commet pas la moindre erreur, il se jettera dessus.

J'acquiesçai, consciente qu'il avait parfaitement raison. Mikaël n'hésiterait pas à exploiter la moindre faille, la moindre erreur de ma part. Je ne devais lui laisser aucune chance de me piéger. Maël s'écarta, détachant son corps du mien en créant aussitôt un vide certain. Ses doigts remontèrent dans ma nuque et il glissa son font contre le mien, ses immenses yeux bleu plongeant dans les miens. Ses doigts caressèrent ma peau alors qu'il soupirait en fermant rapidement les yeux.

- Ce soir, chuchota-t-il à mon oreille. J'aimerai que tu dorme dans ma chambre.

Mes joues s'empourprèrent violemment alors que j'écarquillai les yeux. Maël rouvrit les yeux à son tour, ses yeux bleu tirant entre sérieux et amusement devant ma réaction. Mais lui aussi avait les joues rouges de sa demande. Je bégayai et il rit sobrement en passant sa main dans mes cheveux, rompant définitivement le contact de nos deux corps. Il me lança un léger clin d'œil charmeur et je balançai mon poing dans son épaule.

- Crétin, ce n'est pas le moment.

- Au contraire, sourit-il. Je pense que si. Tu étais trop tendue et cela te donnera une motivation pour me revenir indemne.

Avec douceur, Maël saisit ma main et la porte à ses lèvres, déposant un léger baisser sur le bord de mes doigts. Mon cœur semblait décider à exploser. Il me sourit calmement et je remarquai qu'effectivement mon esprit était beaucoup plus serein, plus à même à réfléchir. Je n'avais plus l'angoisse de me retrouver seul avec Mikaël. Je me sentais apaisée et rassurée. Mon monde n'allait pas s'écrouler. Ce soir j'allais retrouver mes amis. Retrouve Maël. Son sourire s'intensifia et il s'inclina vaguement devant moi. Je souriais à mon tour et le fixait un instant alors qu'il se dirigeait vers la porte d'entrée.

Contrairement à Kenan, il n'adressa pas le moindre regard à Mikaël, ne lui accordant aucune importance. Lorsqu'il se retourna une dernière fois, ses yeux n'avaient d'intérêt que pour moi. Il hocha vaguement la tête comme pour me dire que tout ce passerait bien. Je soupirai mais tâchai de lui sourire pour le rassurer. Maël finit par disparaître derrière la porte métallique que nous avions franchis ensemble il y a quelques minutes.

Mon corps se tendit aussitôt. J'étais seul avec l'homme le plus effrayant que j'ai eu l'occasion de rencontré depuis l'ange et le démon qui m'avaient enlevés. Je me retournai lentement pour me placer face à lui. Ses yeux noirs étaient posés sur moi alors qu'il était retourné s'asseoir dans son canapé. La froideur lisible sur son visage ne semblait être qu'un masque qui recouvrait sa nature sombre et dangereuse. Il tapota sa main sur le siège à côté de lui pour m'inviter à m'asseoir mais je restai immobile, le contemplant avec froideur.

- Cela risque d'être long, commenta-t-il en haussant les épaules. Mais à toi de voir, si tu préfère rester debout, ce n'est pas mon problème.

- Pourquoi veux-tu que je retourne dans le passé ?

- Je veux que tu trouve une information pour moi, souffla-t-il alors que ses yeux devenaient morne d'expression. Je sais beaucoup de chose. Sur tout le monde. Rien ne m'est inaccessible. Je connais chaque marqué, chaque lien qui unit tel personne à tel personne, chaque détail sur l'existence de chacun. Il n'y a qu'une seule chose dont je ne sais rien. Une seule chose dont je n'arrive pas à trouver la réponse.

- Et qu'elle est cette information ? Demandai-je septique.

- Le meurtre d'une femme, répondit-il en relevant le visage dans ma direction. Je veux savoir qui l'a tuée. Je veux savoir pourquoi et comprendre comment elle a pu se faire avoir.

- En quoi cela me concerne ? Tu as affirmée que j'étais concernée, je ne connais aucune femme qui a été assas...

- Vraiment ? Coupa-t-il. As-tu la mémoire courte ? Elle est peut-être revenue à la vie, mais ta mère n'est-elle déjà pas morte une fois ?

Mes mains se serrèrent brutalement, mes ongles s'enfonçant dans mes paumes. Comment savait-il qui était ma mère ? Comment avait-il connaissance de son origine ? Personne n'aurait dû pouvoir le savoir, seul Nana avait gardé ce secret. Je jouai nerveusement avec mon pendentif, le triturant avec une inquiétude pesante. J'avais imaginée beaucoup de possibilité dès l'instant où il m'avait parlé de sa demande, mais jamais je n'aurais envisagée que cela me concernerait à ce point.

- Pourquoi cela t'intéresse ? Interrogeai-je.

- Comme je te l'ai dit, sa mort est une énigme pour moi, murmura-t-il. Je n'ai pu obtenir aucune information. Aucun détail. Aucun indice. Je suis persuadé que sa mort n'est pas naturel et, pas dû à une bataille contrairement à la légende. Ta mère est célèbre et beaucoup de gens souhaitent savoir ce qui lui est arrivé.

- Est-ce que cette information la mettrai en danger ? Soufflai-je en me mordillant la lèvre.

- Non. La femme que tu connais n'a plus rien a voir avec là Eleonora que nous avons tous vénérés à une époque. Elle n'est plus qu'une humaine basique et sans grande valeur. Ceux qui veulent obtenir cette information sont plus dans un esprit vengeur. Tout comme moi.

D'accord. La première nouvelle que je tentai de retenir était que Mikaël ne semblait pas savoir que Éléonore, ma mère, n'était pas humaine. Du moins, pas réellement. C'était une information précieuse et j'étais soulagée qu'il ne semble pas en avoir la moindre idée, cela aurait pu devenir problématique si cela avait été le cas. Mais ce qui me faisait le plus réagir était cette idée de vengeance. Pourquoi ? Mikaël, connaissait-il ma mère ? Je ne comprenais pas pourquoi des personnes souhaitaient avoir une telle information. Qui étaient-ils ?

- Pourquoi ? Laissai-je échapper.

- Pourquoi des gens souhaitent venger ta mère ? Ou pourquoi j'en fais partie ?

- Les deux.

- Ta mère était considérée, en son temps, comme une sorte de descendante directe avec Dana. Elle a suscitée beaucoup d'intérêt et d'enthousiasme. Elle a aidée beaucoup de personne rien que par son existence, elle a été l'espoir d'une génération en quelque sorte. Mais plus que cela elle était une amie pour beaucoup de gens. Une femme douce et aimante, qui a débordée de générosité pour un certain nombre de marqué... je fais partie des marqués qu'elle a un jour aidée personnellement.

Je restai silencieuse, incapable d'articuler le moindre mot. Mikaël connaissait ma mère. Il connaissait ce qu'elle avait été un jour. Les questions me brûlaient les lèvres sans que je n'arrive à en formuler une seule. Comment était-elle à cette époque ? Était-elle si incroyable ? Et cette homme que ma grand-mère n'avait su nommer, avait-il son nom ? Savait-il quelque chose qui pourrait m'être utile ? Je me mordais durement le bord de la lèvre, puis inspirait lourdement. Calme-toi. Paniquée ne mènera à rien.

Je tentai de me ressaisir, de calmer les battements effrénées de mon cœur. Je rouvrais les yeux pour le fixer, son calme n'était plus aussi flagrant. Ses yeux n'exprimaient plus cette froideur déstabilisante et dur. Quelque chose au fond de ses pupilles sans couleur me faisait revoir mon jugement. De l'amour. Du regret. De l'affection. Je plissai les yeux, incertaine face à ce que je pensais voir.

- Mon créateur était un homme cruel et sans égard pour l'humain, lança-t-il en détournant le regard le premier. Il m'a utilisé. Il a fait de moi un monstre sans cœur qu'il utilisait pour éliminer ceux qui le dérangeait. J'étais doué. Puissant. Et mon don... était unique. Personne ne pouvait m'échapper, tout le monde me craignait. On me détestait sans même me connaître réellement. J'étais juste le tueur de cet homme.

- Tu n'as jamais cherché à t'enfuir ? Demandai-je plus doucement.

- A quoi bon ? Tout le monde me connaissait et savait qui j'étais. Personne ne m'aurait accepté... du moins c'était ce que je pensai, avoue-t-il alors que son visage semble légèrement s'illuminer et se détendre. Eleonora à bouleversée cette idée. Elle était ma prochaine cible à abattre... mais quand j'ai été face à elle pour la tuée, elle n'a pas cherchée à se défendre. Pas chercher à me faire comprendre que mes actes étaient monstrueux comme les autres. Non. Elle m'a regardée et m'a dit qu'elle était désolée. Désolée que j'ai dû faire tout cela, que j'ai dû subir cet homme...et je ne sais pas pourquoi ses mots m'ont touchés à ce moment là mais j'ai éclaté en sanglot face à cette femme que je ne connaissais pas.

De nouveau je restai muette. La douleur que je ressentais dans ses mots, la souffrance qui transperçait son regard me chamboulait plus que je ne l'aurai pensé. Je ressentais la haine qu'il éprouvait envers ce créateur qui avait de sa vie un enfer. Je ressentais sa peine de repenser à cette femme qui l'avait délivrée de cette vie morbide et sans but, et qu'il n'avait pas pu sauver. Il se sentait soumis à une dette qu'il ne pourrait jamais remboursée. Et il éprouvait toujours de l'affection pour Eleonora. Une affection sincère et pure.

Mikaël sembla hésitant à son tour, triturant du bout des doigts le coussin qui se trouvait à côté de lui. Il jouait nerveusement avec le tissu, tirant sur des fils, marmonnant vaguement sans que je ne parvienne à comprendre ce qu'il disait. Ses yeux devinrent fuyant et je finis par comprendre : avouée ce qu'il était réellement le rendait mal à l'aise. Il se donnait des airs froids et arrogant, mais au fond il n'était pas totalement ainsi.

- Je suis ainsi, rétorqua-t-il aussitôt en retrouvant son aplomb. Tu te trompes, je suis mal à l'aise parce que tu lui ressemble. Tu es le portrait craché d'Eleonora. Te voir me rappelle des souvenirs que j'ai tenté d'enfouir depuis des années.

- Je suis désolée, affirmai-je en m'avançant légèrement. Si je m'assois tu me verras moins.

Comme pour me contredire, il tourna délibérément la tête de mon côté alors que je prenais soin de me placer sur un coin du fauteuil le plus loin possible de son champ de vision. Je levai les yeux au ciel alors que je me rendais compte que j'étais beaucoup plus détendu qu'auparavant. Il avait beau dire, j'étais persuadée qu'il n'avait pas tant mauvais fond que ça. Au du moins, je percevais, désormais, en lui quelque chose de moins mauvais. De plus pur.

- Elle m'a changé, finit-il par rependre alors qu'il me contemplait. Mais ce que je suis n'est pas pur Keylinda Tuatha de Dannan, il faut mieux que tu te méfie de moi.

- Elle t'a fait confiance, rétorquai-je en le contemplant calmement. Alors moi aussi. J'ai foi dans le jugement de ma mère.

- Ce n'était pas ta mère, trancha-t-il plus sèchement. C'était une toute autre femme, rien a voir avec cette humaine qui se morfond de la disparition de son mari. Eleonora était une femme forte que rien ne pouvait arrêter quand elle avait quelque chose en tête. Un homme ne l'aurait jamais mis dans un tel état.

- Et celui dont parle la légende ? Soulignai-je.

- Geoffrey, murmura-t-il en plissant les yeux légèrement.

Un frisson me parcourut violemment. Ce nom. Je ne l'aimais pas. Pourquoi ? Je n'en avais sinistrement aucune idée. Je passai ma main dans ma nuque, ne comprenant pas la réaction de mon corps alors que Mikaël semblait tout aussi tendu que moi. Il n'aimait pas ce nom lui non plus. Était-ce pour cela que je me crispai ? Parce que je ressentais son émotion ? Non. Il y avait autre chose mais je ne parvenais pas à mettre le doigt dessus avec exactitude.

- Elle l'aimait, ajouta-t-il au bout de quelques secondes de pause. Et il l'aimait encore plus. Leurs amours étaient pure et scintillant, ils étaient fait l'un pour l'autre. Tout le monde disait que Dana les avait créer pour qu'ils puissent se rencontrer.

- Et mama..., commençai-je avant de me stopper devant le regard noir qu'il m'adressait pour reprendre en soupirant. Eleonora et Geoffrey étaient... comment ?

- Ensemble ? Grimaça-t-il aussitôt. Parfait. Le couple le plus idyllique possible. Ils étaient même à vomir tant on avait l'impression que dès qu'ils étaient ensembles le monde devenaient un univers de paillette et de guimauve. C'était écœurant à force.

- Pourtant j'ai cru comprendre que ce Geoffrey était plus sombre que ça.

- Comment as-tu eu cette information ? Demanda-t-il aussitôt en retroussant légèrement les plis de ses lèvres pour dévoiler ses canines.

- J'ai mes sources, affirmai-je en haussant les épaules. Réponds, s'il te plaît. Cela me concerne après tout ce que tu me demande de faire pour toi. Je dois comprendre pour juger du bien fondé de ce que tu veux.

- Si Eleonora représentait à elle seule toute la beauté de la lune et de son rayon de lumière ; Geoffrey, lui, était beaucoup plus ténébreux. Il était la nuit autour de la lune en quelque sorte. Il avait quelque chose de plus malsain. Il s'énervait facilement, était très explosif et profitait de la moindre occasion pour préparer de mauvais coup. Eleonora l'a énormément canaliser durant leur relation mais je sais qu'il n'a pas été parfait durant toute sa vie de marqué. Et encore aujourd'hui.

- Il est en vie ? Sifflai-je en me redressant.

- Qui aurait pu le tuer ? Rétorqua Mikaël cynique. Es-tu suffisamment naïve pour penser qu'un marqué aussi puissant que lui est pu mourir d'une quelconque façon ? Je ne sais pas où il se trouve actuellement, mais je sais qu'il est en vie. Cela ne fait aucun doute.

Je savais. Je savais qui était Geoffrey. Cela me sautait soudainement à la figure, comme si la pièce du puzzle venait de se superposer à toute les autres pour former le puzzle complet. Geoffrey était l'ange qui avait blessé Tamara. Geoffrey était le créateur des partisans de Borvo et il en était toujours le dirigeant. Mon cœur battit à tout rompre dans ma poitrine avec une anxiété qui rendait mes mains moite. Comment étais-je censée affronter cet homme ? S'il était si puissant que cela, que devais-je faire face à lui ? Étais-je en mesure de prétendre lui arriver à la cheville ? Je ne savais rien de plus. J'avais juste un nom et une vague identité, que devais-je faire avec cela ? Au fond le puzzle ne c'était constitué que pour en former un nouveau qui semblait avoir bien plus de pièce.

Machinalement, mes doigts tirèrent sur mon médaillon, faisant tourné en tout sens le K calligraphié. Je fixai un point devant moi. Une autre question me troublait. Savait-il qui j'étais ? Que j'étais l'enfant de celle qui était, en quelque sorte, la réincarnation de la femme qu'il aimait ? De la femme à cause de qui il avait crée les partisans de Borvo ? Pourquoi faire tout cela ? Qu'elle intérêt au partisans de Borvo ? Je ne comprenais plus.

- Je n'ai pas toute la journée, trancha finalement Mikaël en se redressant. Acceptes-tu, oui ou non, ma proposition ?

- Il me faut des précisions, soufflai-je en redressant mes yeux dans les siens. Le lieux, l'heure, la date, les personnes présentes. Sinon je ne pourrais pas retourner dans le passé.

Un long sourire satisfait transfigura son visage, cette fois c'était un sourire sincère et non carnassier. Il était satisfait. Satisfait d'obtenir l'information qu'il avait tant désiré avoir depuis des années. Mais ce n'était pas pour lui que je le faisais. C'était pour moi. Pour moi uniquement. Je devais savoir, je devais comprendre, je devais voir. De mes propres yeux, je voulais voir qui était Eleonora et qui avait engendré tout le chaos actuel sur le monde marqué.



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