L'Organisation - Révoltée (Co...

By LindseyTu

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Pour la mafia, elle est la cible à abattre. Pour lui, elle est celle qu'il doit protéger. Mais a-t-elle seule... More

Prologue
Chapitre 1 : La Fille du Diable
Chapitre 3 : Premières Impressions (1)
Bande - Annonce
Wattys 2016
The Big News
L'aventure continue...
Il est là...
Encore une bonne nouvelle !

Chapitre 2 : Día de los Muertos

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By LindseyTu


La peur, la vraie, celle qui glace les sangs et paralyse les membres comme le venin du plus mortels des serpents, se propagea en elle à l'instant où s'abattit sur son visage un sac de toile qui l'aveugla.

Par pur réflexe, elle prit une grande inspiration pour hurler mais la toile rêche se plaqua sur sa bouche ouverte et elle aspira péniblement une bouffée d'air vicié par l'odeur âcre du tissu raidi de saleté.

Immédiatement, une toux rauque secoua son corps et son cerveau lui commanda de reprendre une bouffée d'air pour apaiser ses poumons brûlants. Mais le sac obstrua à nouveau sa bouche ouverte, ne laissant passer qu'un mince filet d'air.

Elle allait étouffer.

Sa peur redoubla, se transformant en terreur pure, irrépressible et dévastatrice.

Sentir sur elle les mains brutales de ses agresseurs ne fut qu'une étape de plus franchie dans l'horreur, une étape presque naturelle.

Elle pouvait percevoir le triomphe des hommes qui l'avaient saisie.

Ils avaient gagné. Ils l'avaient eue.

Sans doute, comme des animaux, reniflaient-ils la peur qui suintait par tous les pores de sa peau.

Peut-être même pensaient-ils que ça avait été presque trop facile. Attraper une jeune femme sans défense alors qu'ils étaient habitués à régler leurs comptes avec des membres de gangs rivaux armés jusqu'aux dents...

Mais il y avait une chose qu'ils ignoraient sur elle.

Elle connaissait la peur. Elle ne connaissait que ça.

D'aussi loin qu'elle se souvenait, la peur avait toujours été présente dans sa vie. La peur était sa plus vieille amie et elle l'accueillit presque avec reconnaissance.

Elle savait comment laisser la peur s'emparer d'elle, la submerger comme une vague qui déferlait.

Puis elle savait comment laisser la peur refluer, comment l'apprivoiser pour mieux l'étouffer, la réduire jusqu'à ce que ce ne soit plus qu'une lointaine douleur lancinante dans la poitrine.

Elle avait appris tout ça.

Et elle avait appris autre chose. Durant des heures d'entrainement sous la houlette du chef de la sécurité d'un père paranoïaque qui avait peur que ses ennemis ne l'enlèvent...encore.

Des heures d'entraînement durant lesquelles elle avait encaissé des coups, réveillé des muscles dont elle ignorait l'existence, parfois hurlé de douleur - mais jamais elle n'avait pleuré.

Des heures d'entraînement qui finalement ne s'avéraient pas vaines...

Elle savait comment réagir.

On lui avait appris comment réagir.

Pas besoin de réfléchir, juste de se souvenir.

D'abord, connaitre son ennemi.

Ses agresseurs... Qui étaient-ils ?

Ce n'était pas l'homme qui l'avait suivie depuis l'hôtel. Il était encore à quelques mètres d'elle quand elle avait été aveuglée.

A moins que comme le lion chasse l'antilope, isole sa proie et la pousse vers le reste du groupe prêt à bondir, il l'ait acculée jusqu'à un piège savamment orchestré...

Elle n'était sûre que d'une chose. Ils ne voulaient pas la tuer. Pas ici et maintenant, sinon ça aurait déjà été fait.

Sans doute avaient-ils reçu la mission de la livrer à d'autres, qui eux se chargeraient de la faire disparaître. De faire disparaître la tâche salissant l'honneur de la mafia russe. De tuer celle qui avait trahi son père...

Elle sut qu'elle avait vu juste quand elle sentit qu'on l'entraînait de force vers une destination inconnue.

Aucune douceur là-dedans. Mais ça aussi elle connaissait. Rares étaient les mains qui l'avaient déjà touchée avec douceur.

La poigne de l'un des hommes la serra encore plus fort lorsqu'elle tenta d'arrimer ses pieds au sol, et elle entendit une bordée d'injures débitées en espagnol.

Malgré sa haute taille, elle fut presque soulevée du sol.

Elle n'était pas en mesure de lutter contre deux ou même trois hommes.

Mais elle connaissait les techniques qui lui permettraient de gagner du temps, et peut-être de saisir la lame attachée à sa cheville.

Pas n'importe quelle lame.

Celle qu'elle avait donnée à cette femme, dans le couloir de la maison où elle avait grandi, en espérant qu'elle tuerait son père... Celle qu'elle était ensuite allée récupérer sur le cadavre encore chaud de son père après que la femme ait fait exactement ce qu'elle attendait d'elle.

Ces quelques minutes durant lesquelles, au lieu de prendre ses jambes à son cou, elle avait voulu s'assurer que c'était fait, que son père n'allait pas revenir d'entre les morts, ces quelques minutes avaient failli lui coûter la vie.

Une fois la sidération passée, les hommes de son père avaient vite repris leurs vieux réflexes et il s'en était fallu de peu qu'ils ne l'attrapent pour accomplir immédiatement leur vengeance.

Elle avait réussi à leur échapper par miracle et avait survécu jusque-là.

Et aujourd'hui, parce qu'elle avait attendu ce satané message, elle s'était montrée imprudente et avait mis en péril sa propre vie.

Or il fallait qu'elle reste en vie.

Par sa bêtise, elle avait tout foutu en l'air.

Désormais, elle ne pouvait compter que sur elle-même.

C'était maintenant qu'elle devait mettre en pratique la seule chose utile que son père lui avait apportée.

Mais avant même d'avoir le temps d'entamer une première manœuvre de self-défense, elle sentit brutalement ses pieds décoller du sol, comme si on la jetait en l'air, et le peu de repères qui lui restaient s'évanouirent en l'espace d'une seconde.

Curieusement, la seule pensée qui traversa son esprit à cet instant fut qu'elle aurait tellement aimé savoir voler... Un coup de pied sur le sol, comme le coup de pied donné au fond de la piscine pour remonter à la surface, et elle serait libre, loin de tout et de tout le monde.

L'atterrissage rude sur une surface inconnue dissipa immédiatement cette éphémère impression de liberté.

Elle sentit différents objets heurter son corps. Ou plutôt son corps heurter différents objets...

La douleur explosa dans son dos et dans son crâne, mais c'était une douleur causée par le choc et la surprise plutôt que par une atteinte grave.

Elle pouvait y faire face. Il fallait absolument qu'elle s'assoit et qu'elle enlève ce putain de sac qui la privait de son sens le plus précieux.

A peine eut-elle formulé cette pensée que le sac fut retiré de sa tête par des mains inconnues.

Hébétée, elle baissa vivement la tête pour échapper à la lumière plongeant ses piques dans ses rétines.

Ses yeux se posèrent sur un visage émacié et grimaçant à quelques centimètres d'elle et elle recula précipitamment, avant de se rendre compte qu'il s'agissait d'une représentation d'une tête de mort.

Elle avait été projetée sur l'un des nombreux stands montés pour el día de los Muertos.

Les crânes colorés étaient éparpillés autour d'elle, dans une mise en scène macabre.

- Relève-toi ! Vite !

Un homme.

Il lui tendait la main.

Assise par terre, sonnée par ce qui venait de se passer, elle regarda cette main, puis l'homme à qui elle appartenait.

L'homme de l'hôtel. Celui qui l'avait suivie.

Gardant l'homme dans son champ de vision, elle tourna légèrement la tête et nota que deux autres hommes étaient allongés dans la poussière, à quelques mètres d'elle. Des Mexicains ceux-là.

L'un deux avait les yeux fermés et le visage en sang, tandis que l'autre râlait de manière inquiétante, les deux mains sur sa gorge.

Elle put également voir que les étals à côté de cette scène avaient été désertés tandis que les marchandes assises derrière les stands situés plus loin regardaient ostensiblement ailleurs, comme si personne n'avait tenté d'enlever une jeune étrangère quasiment sous leur nez.

- Aleksandra...

Sursautant, elle leva à nouveau les yeux vers l'homme qui avait toujours une main tendue vers elle.

D'où elle se tenait, à cause du contre-jour, elle ne pouvait déchiffrer son regard.

Elle réprima une moue de surprise. Bien sûr qu'il connaissait son prénom. Il faisait partie de la meute après tout, non ?

Une meute différente de celle des deux Mexicains apparemment. Mais une meute à sa poursuite quand même.

Et le fait qu'il ait l'air inoffensif ne le rendait que plus dangereux à ses yeux.

Maintenant, il fallait qu'elle lui échappe.

Sans quitter cette fois des yeux le visage de l'homme, elle tenta de se remémorer la configuration des lieux.

D'abord commencer à se relever. Lentement, pour ne pas éveiller ses soupçons.

Prendre sa lame... Puis viser la gorge...

Le bruit trop proche d'une sirène vint anéantir tous ses plans.

La police...

Putain... Non...

L'espace d'un instant, le désespoir la saisit à la pensée qu'elle n'avait plus d'issue, plus de solution.

Mais avant même qu'elle ne puisse réagir, l'homme s'accroupit près d'elle dans un geste inattendu.

- Ecoute... Soit tu me suis, soit tu as affaire à la police... Et vu ta réaction, je devine que tu sais comment fonctionne la police par ici.

Le désespoir grandit en elle alors qu'elle le combattait de toutes ses forces. Elle n'avait pas le droit de baisser les bras.

Pourtant, si la police l'attrapait, c'en était fini d'elle. La corruption rongeait toutes les strates de la police locale. La police la vendrait au plus offrant.

Elle n'avait pas le choix. Ou plutôt un choix tellement tordu que c'en était presque risible.

La mort ou la mort.

Une mort certaine ou une mort probable...

A nouveau, l'homme se pencha vers elle, de manière plus pressante.

Cette fois, elle put voir ses yeux. Marrons. Avec, malgré l'urgence de la situation, une lueur d'assurance apaisante.

Elle ne vit pas d'arme dans ses mains, mais elle ne devait pas se fier à son air tranquille. Il venait de mettre à terre en quelques secondes deux malfrats.

Sans saisir la main qu'il lui tendait à nouveau, elle se remit prestement sur ses pieds.

Elle allait le suivre. Ou en tous cas lui laisser croire qu'elle le suivait. Elle avait toujours sa lame, au cas où.

L'homme l'observa une seconde, comme s'il voulait s'assurer qu'elle était capable de tenir sur ses jambes, puis il lui tourna carrément le dos et fonça vers la sortie opposée de l'endroit d'où se dessinaient déjà les lueurs bleutées des gyrophares des voitures de police.

Presque malgré elle, Aleksandra lui emboîta le pas.

L'homme ne se retourna même pas une seule fois pour voir si elle était toujours derrière lui.

Il était sûr de lui. Il savait qu'elle n'avait pas le choix.

Mais une fois dehors, elle pourrait toujours le semer dans les ruelles étouffantes de la vieille ville. Ou se débarrasser de lui d'une manière plus définitive s'il s'avérait trop collant.

Émergeant à l'extérieur à la suite de l'homme, elle dut s'arrêter un instant le temps que ses yeux s'habituent à la morsure du soleil. Bien sûr, elle avait perdu ses précieuses lunettes de soleil dans la bataille. Son point faible, ses yeux. Peu habitués à la lumière du jour...

Alors le soleil implacable du Mexique.

Elle plissa les yeux, résistant à la tentation de poser une main sur ses paupières fermées pour apaiser la brûlure.

Juste une seconde. Une seconde et elle pourrait tenter d'échapper à ce type.

Au moment où elle sentit le froid du métal sur sa peau et le cliquetis familier du cercle d'acier se refermant sur son poignet, elle sut qu'elle n'aurait pas une seconde de plus.

- Désolé ma belle... Il faut vraiment que tu viennes avec moi.

Stupéfaite, Aleksandra considéra un instant la menotte qui encerclait son poignet puis releva lentement les yeux vers l'homme.

Le pire était qu'il avait l'air vraiment navré.

Elle revit cette lueur flegmatique dans son regard mais elle y discerna aussi autre chose : de la commisération.

Alors c'est comme ça qu'il la considérait. Avec pitié.

Très bien. Elle allait lui donner exactement ce qu'il voulait.

Et elle frapperait au moment où il serait le plus vulnérable.

Rapidement, elle se composa le visage qu'il attendait de voir.




















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