Justin Bieber - QG de San Diego - 02:34 P.M.
J'avais toujours été quelqu'un de fier.
Déjà, petit, à l'orphelinat, j'avais une fierté plus haute que moi. Ca n'avait fait que s'accroître avec le temps. C'est pourquoi, malgré plus de trois semaines sans aucune nouvelles de London, je n'avais pas passé un coup de fil.
Premièrement, elle devait me rappeler. Elle ne l'avait pas fait. Je n'étais pas son esclave et donc, je n'allai certainement pas le faire.
Deuxièmement, j'avais la forte impression d'être pris pour un débile. Madame m'ignorait royalement pour une raison inconnue. Et bien, je faisais de même.
- T'es obsédé, mec.
Je levai les yeux de mon écran d'ordinateur et fis face à Brice qui s'assit à côté de moi, dans le canapé.
- De quoi tu parles ?
- T'as jamais été autant silencieux que ces dernières semaines. Et le hasard fait que ta nana t'ignores.
- C'est pas ma nana, répondis-je sèchement. Je m'amuse avec elle, c'est tout.
- Ouais bah n'empêche que c'est une meuf à qui tu penses souvent et avec qui t'as pas encore couché. Première.
- Je t'emmerde.
Brice passait son temps à me lancer des pics sur London, dernièrement. Ce qui m'énervait profondément, et ça énervait Elena aussi. Elle passait son temps à discréditer London, comme si elle se sentait menacée.
Pour moi Elena c'était la seule fille qui me connaissait parfaitement, j'avais grandi avec et passé de très bons comme de mauvais moments. On avait tout vécu.
London, c'était du jeu. On se cherchait en se tournant autour, elle me provoquait, je provoquais en retour. C'était comme ça. Deux choses bien distinctes. Mais visiblement, ça ne plaisait ni à Elena, ni à London.
- Peut-être qu'elle a été influencée, lança Brice.
- Quoi ?
- J'veux dire. Tu l'as embarquée sur ce bateau avec toi, elle devient petit à petit accro et au final, ça ne plaît pas à son boss. Du coup, il cherche dans ton passé, prend tout le négatif possible et le ressort à London pour qu'elle te fuit. Aussi simple que ça.
Brice était intelligent. Parfois trop. Ca me paraissait fortement possible. Je pensais London plus maligne que ça, mais je pouvais me tromper. Elle commençait tout juste à me faire confiance et je savais que Jonathan pouvait tout bouleverser d'un coup. Il lui suffisait de lui montrer certains aspects de ma vie.
- Toby, mon pote, quoi d'neuf ? Fit Brice en attrapant le petit qui arrivait en courant.
- Elena veut que je fasse la sieste et moi je veux pas.
Je me mis à réfléchir longuement. Toby. Elena. Mia. Trois éléments que j'avais pratiquement caché à London. Trois éléments que Jonathan avait pu utiliser contre moi.
- Justin, tu peux venir s'il te plaît ?
Elena m'appelait depuis la cuisine. Je me relevai et la rejoignis. Elle finissait de laver des plats de midi. Elena avait toujours représenté la perfection féminine à mes yeux. On était ensemble jusqu'à ce qu'elle se fasse enlevée par Stephen. Après, rien n'avait plus été comme avant. Quand je l'avais retrouvée, elle était traumatisée. Elle ne voulait plus être touchée ou approchée. Il m'avait fallut du temps pour qu'elle retrouve confiance en moi. Mais une fois au Texas, notre relation s'était ralentie.
Maintenant, ça nous arrivait de coucher ensemble de temps en temps, plus par besoin que par envie.
- T'arrête de mater mes fesses ? Demanda-t-elle en me sortant de mes pensées.
- C'est difficile, répondis-je en souriant.
- Ouais bah ta London elle n'apprécierait pas.
- Quand est-ce que t'arrêteras avec ça ? Fis-je, blasé.
- Jusqu'à ce que tu l'insultes et que tu la laisses tomber, comme toutes les autres.
Elena était vraiment parfaite. Physiquement parlant, elle me plaisait. Brune, le teint hâlé, des formes là où il le fallait, et un sourire magnifique. Sans compter qu'elle était séductrice et savait s'y prendre.
- Je te préviens que si tu te mets à fréquenter cette fille, ça va mal se passer.
- Tu dis ça comme si j'allai me marier avec, répondis-je, agacé.
- Si tu te mets en couple avec elle, j'hésiterais pas à voir du monde, moi aussi.
Et sur ces mots, elle quitta la pièce, énervée. Sa dernière phrase ne me faisait pas plaisir. J'étais quelqu'un de possessif. Voir London avec l'autre mec en boite m'avait rendu dingue, simplement parce que j'avais envie d'être sa seule préoccupation. Imaginer Elena se faire toucher par un autre mec, ça allait me rendre fou. J'étais protecteur avec elle. Je ne voulais pas qu'elle m'appartienne mais je ne voulais pas qu'elle appartienne à quelqu'un d'autre.
- Bon, aller, on va voir chez London. Tu me soûles à réfléchir tout le temps comme ça, souffla Brice en entrant dans la pièce.
- Quoi ? Nan, j'y vais pas. Et je ne pense pas à elle, arrête de forcer.
- Ouais, je te crois, dit-il en éclatant de rire. On va juste faire un petit check-up là-bas. Rien de méchant.
- Si on y va, tu me laisses tranquille après ?
- Sûrement, parce que je sais que j'ai raison.
Pour la tranquillité, j'acceptais. Brice prit le volant d'une de nos voitures de luxe. Je ne précisais pas à Elena où nous allions car ça aurait été comme signer mon propre arrêt de mort.
- Tu me diras si elle est aussi bonne en vrai qu'au lit, ta London.
- Franchement, je sais pas ce qui m'empêche de t'enfoncer la tête dans le volant, répondis-je.
Il éclata de rire, fier de lui. J'avoue qu'un de mes objectifs principaux était de réussir à avoir London. Même si notre complicité me plaisait bien, son physique aussi.
- On aura une course la semaine prochaine. C'est Jeff qu'organise. 30k pour le gagnant.
- Pas mal, répondis-je. Tu me réserves ça.
Une course. Rien de mieux pour me changer les idées. Après tout ce que j'aimais, c'était la vitesse. Pas les filles. Quoique.
London Rivkin - Los Angeles - 04:43 P.M.
- Donc, tu as ton appartement, maintenant ?
- Oui, je suis aussi bien qu'au Q.G., répondis-je.
- Mais j'aime pas te savoir seule trop longtemps.
- Ca va papa, j'vais bien. Je m'en sors super.
Mon père haussa les épaules. Ca faisait quelques semaines que je l'avais pas vu, et il m'avait manqué. Nous étions dans un café de Los Angeles pour discuter. Je lui avais donc annoncé que j'avais pris la décision de passer quelques jours par semaine dans un appartement extérieur au Q.G.. Ca ne plaisait pas vraiment à Jonathan, mais je ne passais que deux ou trois nuits maximum dedans. J'avais juste besoin de souffler.
- Comment va Lena ?
- Très bien. Elle remonte dans ses notes en ce moment, c'est plutôt cool, fis-je en croquant dans mon donut.
- Un jour quand tu seras dans ton appart' avec ta soeur, appelle-moi. Ca serait bien qu'on se revoie tout les trois.
J'hochai la tête. Lena avait du mal avec notre père, car ma mère l'avait influencée. Encore une raison pour laquelle je détestais ma "mère".
- Et ton travail ça va ?
On continua ainsi de discuter pendant vingt minutes. Je ne lui parlais pas de Justin ou de quoique ce soit lié à ce mec. J'avais pris la décision de l'oublier définitivement. Certes, Jonathan m'avait peut-être légèrement monté la tête. Mais au final, Justin restait un putain de menteur, car il avait caché l'existence d'enfants qu'il avait eu avec cette Elena. Je comprenais maintenant quel était ce lien si fort qu'ils partageaient. Rien que d'y penser, ça me rendait malade. J'étais bien contente de me séparer de lui et de son existence avant que je ne commence à m'attacher ou quoi à lui. Et surtout, avant que je n'ai pu lui dire quoique ce soit à propos de Greg.
- Tu vas pouvoir me déposer au travail. Je reprends dans quinze minutes.
J'acceptais et nous regagnâmes ma voiture. Je le déposais et repris la route jusqu'à mon appartement. C'était dans une petite résidence non loin du Q.G. par mesure de sécurité. Cette nuit je devais la passer au Q.G. ayant passé la précédente dans mon appartement. Je comptais juste reprendre des affaires.
Lorsque j'arrivais, une Audi noire était garée dans le parking et je reconnu la silhouette de Faith à côté. Je garai ma voiture à côté et en sortis avant d'aller la prendre dans mes bras.
- Hey, quoi de neuf ?
- Tu nous manques trop, même une nuit sans toi, c'est dur ! Répondit-elle en me serrant dans ses bras.
- J'suis pas si loin ! Tu sais bien que si je m'éloigne c'est juste pour retrouver du calme. C'est pas contre toi. Et puis au moins ici, Justin, il me retrouvera pas.
De toute façon, je doutais qu'il le veuille. Il n'avait pas appelé et il n'était pas passé à Los Angeles. Faith me suivit à l'intérieur de mon appartement et attrapa une pomme dans la coupe de fruit de la cuisine. J'attrapai mon ordinateur afin de consulter des mails pour me tenir au courant des dernières courses.
- J'aime pas te savoir loin de nous, fit Faith en croquant dans sa pomme.
- J'me débrouille bien. J'avais besoin de mon indépendance aussi, juste un moment.
- Jonathan n'aime pas ça du tout, répondit-elle.
Je haussai les épaules. J'avais envie de mener ma vie comme je l'entendais. Et je savais que ça déplaisait énormément à Jonathan qui avait pour habitude de tout contrôler.
- Au fait, Justin est passé tout à l'heure.
Je levai les yeux de mon écran d'ordinateur. Elle semblait plus que sérieuse.
- Ah ?
- Jonathan l'a dégagé. Il lui a dit que tu ne voulais plus le voir, dit-elle en baissant les yeux.
- C'est la vérité. De toute façon, à quoi aurait mené notre relation ? Il est père, il veut buter un mec donc il joue avec moi pour que je lui donne des infos et en plus il est déjà dingue d'une autre fille.
- Mouais ... Moi j'aurai pas cru tout ce qu'a dit Jonathan. Il te veut loin de Justin. Il a peut être menti ou exagéré certaines choses.
J'y avais longuement pensé. Mais c'était stupide. Jonathan voulait ma sécurité.
- Justin a demandé à te voir, Jonathan lui a dit de partir. Justin a insisté, Jonathan a fait sortir ses gars. Justin a été forcé de repartir, mais ... Il avait l'air sincère London.
- Arrête, j'ai pas envie d'y réfléchir, soufflai-je.
- Tu risques de m'en vouloir alors.
- Pourquoi ?
Elle ne répondit pas. Je fronçais les sourcils et cherchai à comprendre ce qu'elle avait pu manigancer. Et je compris ; elle lui avait donné mon adresse.
- Tu n'as pas ..
- Désolée, désolée, je croyais bien faire ! Me coupa-t-elle.
Je lui lançai un coussin du canapé. J'étais sûre qu'il allait se pointer, plus énervé que jamais, pour me remettre en place.
- Je vais y aller hein ...
- Je crois bien, oui, répondis-je.
- Surtout qu'il arrive bientôt.
Elle me fit un clin d'oeil et détala hors de l'appartement. Je n'avais pas envie de le revoir, car j'allai devoir lui dire le pourquoi de mon ignorance. Je redoutais sa réaction.
Une heure passa durant laquelle je rangeais mon appartement. Dans ma chambre, je changeais de tenue et optais pour un gros pull et une paire de jeans. Je décidais de me faire un sandwich et regagnai la cuisine.
- T'es la plus grande des connes.
Je ne sursautai même pas. Le son de sa voix me fit frissonner. Je me retournai lentement et le trouvai assis sur une des chaises de la cuisine. Il avait une chemise en jean, une veste en cuir, un jean noir et des chaussures de la même couleur. Il était toujours aussi beau. Je préférais ne pas savoir comment il était rentré.
- Franchement, je savais que de base, t'étais pas super intelligente. Mais comme t'es le genre de meuf à aimer les trucs dangereux, je me suis dit que t'avais un minimum de logique. Genre, pas croire à toutes les conneries que tu peux entendre. Même sortant de la bouche de tes sois-disants alliés.
- Tu m'as menti, répondis-je.
- Faux.
Je m'appuyai contre le plan de travail de la cuisine, bras croisés.
- Tu cherchais à te rapprocher de moi pour tuer Stephen.
- Si je voulais vraiment faire ça, ma cible aurait été Faith, pas toi. Elle est quinze fois plus facile à avoir. Et elle aurait tout déballé parce qu'elle aurait eu des sentiments pour moi en deux jours, répondit-il. Je sais où est Stephen. J'attends juste de rassembler ce qu'il me faut pour le descendre.
Son explication restait plausible. Mais ça ne faisait pas de lui quelqu'un d'honnête.
- De toutes les façons, même si c'était vrai, t'es dingue d'Elena, et t'as des gosses avec elle. A quoi ça sert de poursuivre notre jeu ? Demandai-je.
Il se frotta le visage, énervé. Puis il se redressa et attrapa des clefs de voiture.
- Viens avec moi.
- Quoi ? Non, répondis-je en fronçant les sourcils.
- Je te demande qu'un truc. Après je te laisse tranquille.
Je soufflai longuement et finis par attraper une veste et des chaussures à talons. Je le suivis jusqu'au parking souterrain de l'immeuble. Il marchait devant moi, les mains dans les poches jusqu'à atteindre sa Range Rover noire. Il monta côté conducteur et démarra au moment où je claquai la porte passager. Le silence était de plomb. Je sentais nos deux colères régner dans l'air. Si ça explosait, ça allait être violent.
Le trajet fut rapide, il conduisait très vite, vu qu'il était énervé. On arrivait dans San Diego, son quartier. Je connaissais maintenant la route jusqu'à chez lui. Il prit une petite télécommande et ouvrit le grand portail noir qui menait à sa cour intérieure. Ses voitures de collections y étaient soigneusement alignées.
- On va pouvoir s'expliquer clairement, déclara-t-il.
Il gara la voiture et en sortit. Je le suivis, toujours résignée à lui faire la gueule. Justin ouvrit la porte d'entrée et referma derrière moi. A peine avait-il fait un pas dans le salon qu'une tête blonde lui courut entre les jambes. Lorsqu'il souleva le petit garçon dans ses bras, mon coeur se serra. Et pas parce que je trouvais ça mignon.
- T'es pas censé faire la sieste toi ? Lui demanda-t-il.
Le gamin secoua la tête en guise de réponse. La sieste ? A presque sept heure du soir ?
- Et ta soeur ?
- Elle est là haut, répondit-il.
- Bon, va regarder la télé.
Quelle éducation. Le petit reposé au sol, il se dépêcha d'allumer l'écran géant du salon pour regarder un dessin animé. J'avais trop de mal à réaliser que Justin était père, je fus forcée de m'asseoir sur le rebord du canapé.
- C'est pas mes gosses, déclara Justin.
- Je vais te croire, répondis-je, sarcastique.
Justin souffla, se leva et alla vers le petit. Il commença à le chatouiller, le petit riait aux éclats tout en le repoussant.
- Arrête, arrête Justin ! S'écria-t-il.
J'étais perturbée. S'il l'appelait par son prénom, est-ce que cela signifiait que ... ?
- Tu vois ? Fit-il en s'arrêtant. Pas mon fils. Je ne veux pas de gosses.
J'étais abasourdie. Tout d'abord parce que Justin avait raison mais aussi et surtout parce que Jonathan avait menti. Ca me faisait mal, car je devais lui faire confiance. Et là, je n'en avais plus aucune envie.
- Jonathan a retourné ton cerveau.
Je soufflais, désemparée. Qu'allais-je faire ? Je ne pouvais même plus faire confiance à Jonathan, celui censé veiller sur moi. Les filles étaient sous son emprise, je ne pouvais pas déserter comme ça. J'étais perdue, pour la première fois depuis longtemps.
- Justin, à qui tu par.. Ah. London.
Je levai les yeux et vis Elena, dans l'encadrement de la porte. Elle n'avait pas l'air très ravie de me voir.
- Ca y est, elle a enfin compris que c'était pas nos gosses ?
- Ouais, répondit Justin. Tu peux nous laisser seuls ?
- J'allais voir Brice au sous-sol, donc.
Justin haussa les épaules et ne la regarda pas quitter la pièce. S'ils étaient amoureux, ils le cachaient bien. Jonathan m'avait probablement encore menti là-dessus. J'étais quand même sûre qu'il y avait un lien très fort entre eux.
- Et non, Elena et moi, nous ne sommes pas en couple
- J'arrive pas à y croire. Jonathan m'a menti, soufflai-je.
- Je te l'ai déjà dit des dizaines de fois. T'es pas libre avec lui. Il contrôle tout.
Les paroles de Justin résonnaient dans mon esprit et commençaient à prendre du sens. Il s'approcha de moi, calmé.
- Je sais que c'est dur de devoir se détacher des gens en qui t'as toujours eu confiance mais t'as pas le choix.
- Tu faisais confiance à Stephen ? Je sais que c'était lui ton mentor.
- J'ai pas envie d'en parler.
Il était redevenu froid. Je devinais que c'était un sujet difficile pour lui, surtout si Stephen avait fait du mal à Elena et qu'il s'en sentait coupable.
- Je dois faire à manger pour les petits. Tu veux m'aider ?
J'arquai un sourcil face à l'hors-sujet qu'il venait de sortir. J'acceptais, et le suivis dans la cuisine. J'aimerais fortement savoir qui était ces petits et d'où ils venaient.
- Tu veux leur préparer quoi ?
- D'habitude c'est Elena qui fait, mais elle fait la gueule parce que je t'ai amené ici, donc.
- Ah bah..
- Mais c'est rien, me coupa-t-il. Elle fait la gueule pour pas grand chose. Elle est juste trop protectrice et elle préférerait que personne ne m'approche. Surtout depuis qu'elle sait qu'on s'est rapprochés.
- T'as qu'à préparer des frites et du poisson, dis-je en changeant le sujet.
Justin nota bien que j'avais changé le sujet. Je n'avais pas envie de parler de notre relation. C'était trop compliqué pour le moment.
Et ainsi donc, nous préparions un repas pour les deux petits, dont j'ignorais l'origine. J'évitais de poser des questions, j'étais trop dans mes pensées pour le moment.
Quitter le clan de John ? Rester ? Mettre fin à cette "relation" avec Justin ? Tout se mélangeait.
- Merde, souffla Justin, me sortant de mes pensées.
Je levais les yeux et vis qu'il saignait du doigt. Il ne savait pas cuisiner et surtout pas manier un couteau. Je retins un rire et lui indiquai de rincer la plaie à l'eau.
- Oui maman, répondit-il, un sourire en coin.
- Arrête de faire le gamin, fis-je sur le même ton.
J'aimais le sentiment de voir revenir notre complicité. J'attrapai un mouchoir et m'approchai de lui, j'appuyai le tissu contre sa plaie et il grimaça.
- Tu te prends des balles dans le corps, ça ne te fait pas trembler mais une petite coupure et c'est la fin du monde, ricanai-je.
- Tu me provoques, c'est mauvais pour toi.
Toujours cet air de défi dans le regard. Je fis demi tour et continuai de préparer le poisson pour les petits.
- Et nous, on mange où ? Demanda Justin.
- Nous ?
- Ouais. J'ai ma petite idée en tête.
L'impatience monta en moi d'un coup. J'avais comme hâte de me retrouver avec lui, juste tous les deux. J'avais du mal à mettre des mots sur ce que je ressentais, mais ça grandissait en moi plus vite que je ne l'aurai souhaité.
- Bon, je vais appeler les petits et tu les sers.
J'opinai du chef et attrapai deux assiettes puis versai le contenu des casseroles dedans. Je pris ensuite des couverts et passai dans la salle à manger. La pièce était immense, une grande table en verre se tenait au milieu, une dizaine de chaises autour. Je posai les deux assiettes à côté et rapidement, le petit blond accourut, et se mit à table.
- Des frites ! S'exclama-t-il, en voyant son assiette.
- Toby, calme toi, fit Justin en entrant dans la pièce, une petite fille à côté.
Elle me regardait droit dans les yeux et s'asseyait à côté de son frère.
- Bon, on va y aller. Vous êtes sages et vous obéissez à Brice et Elena, compris ?
Les deux petits firent oui de la tête. Justin se montrait plutôt autoritaire avec eux, ce que je trouvais bizarre. Bon, en même temps, j'avais du mal à imaginer Justin en étant câlin. Il posa sa main dans le bas de mon dos et me poussa vers l'extérieur de la pièce.
- Attends-moi à la voiture, je vais prévenir les deux en bas.
Je hochai la tête et me dirigeai vers l'extérieur. Il commençait à faire froid et j'avais vraiment faim. Je ne cessais de penser à mon clan et au fait que j'avais été trahie par Jonathan, qu'il avait tout fait pour m'éloigner de Justin alors que Justin ne m'avait pas menti, lui. Je ne savais plus où me situer et quoi faire.
- Aller monte, fit la voix de Justin tandis qu'il déverrouillait la voiture.
- Je pensais que tu m'aurais ouvert la portière, dis-je en ricanant.
- Et que je te passe ma veste si t'as froid ? Oui, bien sûr.
Justin était vraiment un mec détestable mais il me faisait rire. Je montai donc dans la Audi noire et augmentai le chauffage.
- Pas besoin de chauffage, rien que ma présence devrait faire monter la température, dit-il en me faisant un clin d'oeil.
- Je me disais bien que t'avais une gueule de radiateur.
Je pouffais et il me désigna son majeur, tentant de cacher son sourire. Le trajet se passa ainsi, entre pics et fous rire jusqu'à l'arrivée devant ce qui me semblait être un bar/restaurant.
- Aller, on y va.
Je le suivis à l'intérieur. C'était bondé et Justin salua le patron derrière le bar, un certain Johnny.
- Ca faisait longtemps ! Fit ce dernier.
- Je perds pas les bonnes habitudes, je reviens toujours, répondit Justin.
- Et accompagné, en plus de cela, dit Johnny en me désignant.
- Je te présente London, elle est un peu sauvage au début, mais on s'y habitue.
Je lançai un regard noir à Justin auquel il répondit par un clin d'oeil.
- Je vois, je vois. Table du fond ?
- Comme d'hab !
Justin m'entraîna alors vers ladite table , qui était vraiment dans le fond, avec personne autour. Je m'asseyais en face de lui tendis qu'il retirait sa veste.
- Pas de menu ici, tu me laisses choisir pour toi.
- Mhh, devrais-je te faire confiance ? Fis-je en plissant les yeux.
- Jusqu'à maintenant, ça a plutôt marché.
- Pas faux.
Un serveur plutôt mignon vint prendre nos commandes, Justin lui demanda deux spécialités du chef. Je demandais un simple soda et Justin, un verre de whisky, forcément.
- Il est un peu jeune pour toi.
- De ?
- Le serveur, répondit-il. J'ai vu le sourire que tu lui as fait.
- T'es le mec le plus parano sur Terre, répondis-je en riant.
- Je suis juste possessif.
Je ne rajoutais rien, de peur que la conversation devienne trop sérieuse. Le serveur revint nous apporter nos boissons, je ne le regardais par cette fois-ci.
Rapidement, la conversation démarra sur les courses de voitures, à savoir, notre passion commune. J'étais curieuse de savoir un peu plus de choses là-dessus, concernant Justin.
- T'as déjà été défié au Mont Inferno ? Demandai-je.
- Non, pas encore mais ça ne saurait tarder.
- Jonathan l'a déjà fait trois fois. Trois fois vainqueur.
- Il est très fort, répondit Justin, impressionné.
Le Mont Inferno était ce que l'on peut appeler une légende chez les racers. En effet, c'était une route de montagne très longue et très dangereuse. A chaque fois qu'un conflit éclatait, deux racers pouvaient s'y affronter. On partait du haut du mont pour arriver en bas. Et généralement, un seul en ressortait vivant, tant la route était dangereuse.
- Tu t'en sens capable ?
- Carrément. J'aime le défi.
- Ce n'est pas n'importe quel défi, fis-je. C'est un délire de vie ou de mort.
- Justement. J'aime ce genre de délire.
Toujours cet air de défi dans les yeux. Étrangement sexy.
- Y'a une course bientôt, pas loin de chez moi. Tu pourras venir, on s'affrontera.
- Pas si tu me laisses gagner, répondis-je.
- Ne compte pas là-dessus.
Le serveur arriva avec nos plats. C'était deux gros hamburgers, accompagnés de frites et de salade. Un menu classique, mais ça avait l'air plus qu'appétissant.
- Tu m'en diras des nouvelles, fit Justin.
Je l'entamais donc et effectivement, c'était délicieux. On parlait peu, mais c'était suffisant. J'aimais cet aspect là de notre relation. L'essentiel était dit. Le superficiel ne comptait pas.
- Faut que je te ramène à ton nouvel appartement ?
- A la base, ce soir je dors chez Jonathan, mais pour éviter qu'il sache que je t'ai vu et donc que je sais qu'il a menti, je préfère que tu me ramènes à l'appart, que je prenne ma voiture et que je me rende chez John.
- Tu comptes lui dire quoi ? Demanda-t-il entre deux gorgées.
- J'en sais rien. Il m'a menti pour m'éloigner de toi, donc je suppose que ce n'est pas vraiment pour me nuire. Il pense que tu me veux du mal, donc.
- Non. Il a peur de moi, London.
Je voyais dans ses yeux qu'il était sincère et pas vantard.
- En quoi ?
- Parce qu'il sait que je pourrais avoir plus de contrôle sur toi, que lui.
- Quelle blague, m'exclamai-je.
- Non mais t'as compris ce que je veux dire. Il craint ce qu'on pourrait devenir.
Je ne répondis pas, pensive. Le repas se termina donc sur ce ton. Justin régla la note, avec sa fierté masculine, je préférais ne pas proposer de payer. On reprit donc la route jusqu'à Los Angeles, et jusqu'à ma résidence. Il roula jusqu'au parking et je remarquai quelque chose d'anormal.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda-t-il en voyant mon air perplexe.
- L'appartement, c'est le troisième sur la gauche, deuxième étage. Y'a de la lumière.
- T'avais laissé une pièce allumée ?
- Non.
Justin fronça les sourcils et sortit de la voiture pour aller ouvrir le coffre. Il attrapa deux armes et m'en lança une.
- Avec Greg qui rôde peut être, vaut mieux être prudent. Je vais t'accompagner.
Je n'appréciais même pas son geste tant j'étais inquiète. Et si Greg était là-haut ? A m'attendre ? J'étais paralysée à cette idée. Justin prit les devants, me forçant alors à le suivre. Il attrapa une arme dans la boite à gants et quitta la voiture. Derrière lui, je tentai de suivre. Je lui lançai mon trousseau de clefs dans les escaliers et il me fit signe de me taire.
On arriva à mon étage et Justin rasait les murs jusqu'à ma porte d'entrée. Je retins un cri de surprise quand je la vis ouverte. Quelqu'un était entré.
- Reste derrière-moi, murmura Justin à mon oreille.
N'étant pas en mesure de prendre une quelconque décision, je n'eus d'autre choix de d'obéir. Le gun pointé en avant, il entra devant moi. Je le suivais de près, rien n'avait bougé. Cuisine, salon, salle à manger : personne.
Il restait les deux chambres et la salle de bain. Justin donna un coup de pied dans la porte de la première chambre puis entra rapidement. Personne. Je vérifiais sous le lit et lui dans les placards, mais rien.
- C'est pas normal, commentai-je.
- Reste ici, je vais voir les autres pièces.
Je me laissais tomber assise sur mon lit. J'avais le drôle de pressentiment que Greg était bien venu. Ou alors j'étais parano ? Aucun moyen de le savoir. Je n'avais même pas la certitude qu'il était encore en vie et pourtant, j'étais déjà paniquée. Je reposais le gun sur ma commode et ôtais mes chaussures et ma veste.
Quelques minutes plus tard, Justin revint, l'air perplexe.
- La fenêtre de la deuxième chambre était ouverte, je pense que qu'en arrivant, les ou la personne est partie par là.
- Sûrement, fis-je. Je vais prévenir Jonathan.
- Peut-être que c'est de sa faute.
- Quoi ? Non. John me ment, mais il ne me ferait pas peur comme ça.
Justin haussa les épaules et continua d'inspecter l'appartement. Il avait l'air sérieux et prenait ça comme une affaire personnelle, ou presque.
Légèrement abattue, je me relevai de mon lit et attrapai une bouteille en verre, posée sur ma table de chevet. J'avais laissé cette bouteille ici une semaine auparavant après une soirée avec les filles. Je portai la bouteille à ma bouche et laissai le liquide amer de la vodka me brûler la gorge. Je ne comptais pas me soûler, loin de là. Simplement, penser à autre chose.
- Tu partages même pas ?
Je levai les yeux et aperçus Justin dans l'encadrement de la porte, un sourire en coin. J'avais deux solutions. Le dégager et rester seule pour m'inquiéter dans mon coin. Ou bien déconner avec lui et oublier l'inquiétude. Je crois que le choix fut vite fait.
- Viens la chercher.
Toujours ce sentiment de défi entre nous. Il s'approcha alors, de façon assez proche, me dépassant d'une bonne tête, ayant ôté mes talons. Il sentait l'after-shave et avait gardé sa veste en cuir. Ses yeux bruns me fixaient avec une intensité folle. J'avais l'envie dingue de l'embrasser.
- Il t'en reste sur les lèvres.
Mon sourire fut coupé par l'arrivée de sa bouche sur la mienne. Cet échange avait goût d'alcool, de salé. Instinctivement, je reposai la bouteille à l'aveugle sur la table de chevet. Une main dans ma nuque et l'autre au creux de mes reins, il faisait tout pour me coller à lui.
La température augmentait fortement, mais je frissonnais lorsqu'il posa ses mains dans le bas de mon dos, sous mon t-shirt. Je ne contrôlais pas de qu'il se passait et je n'en avais aucune envie. La seule chose que je voulais, c'était lui. Il laissa ensuite quelques marques dans mon cou, m'arrachant quelques gémissements, me faisant perdre le contrôle de tout.
Seulement, il eut le malheureux geste de vouloir ôter mon t-shirt. La panique me prit et je fus obligée de tout arrêter, le repoussant presque violemment.
- Qu'est-ce que t'as ? S'exclama-t-il, frustré.
- Je peux pas, Justin. Je suis désolée.
Les larmes se faisaient presque sentir. "Dès qu'un homme te touchera, tu hurleras d'horreur, en pensant à moi" avait murmuré Greg. Et il avait raison.
...
Fin du chapitre ! N'hésite pas à voter ci-dessous avant de passer au prochain ! x