G i r l z (INACHEVÉE)

By wrathfulfeather

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Dans un monde où la gent masculine est en voie d'extinction, pour avoir la chance de survivre en tant que fem... More

Partie 1 - Tayga
Partie 2 - Timëo
Partie 3 - Tayga
Partie 4 - Timëo
Partie 5 - Tayga
Partie 6 - Timëo
Partie 7 - Tayga
Partie 9 - Tayga
Bande annonce [GIRLZ]
G i r l z & DD
[Cactus]

Partie 8 - Timëo

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By wrathfulfeather

Nous sommes en plein milieu d'après-midi, et pourtant la pièce est, comme à son habitude, drapée dans l'obscurité à cause des stores automatique éternellements éteints, sur l'ordre de Trysïa.

Elle soutient fermement que ça gaspillerait trop d'électricité de les laisser s'ouvrir quotidiennement et surtout que ça lui reviendrait beaucoup trop cher.

De ce fait, il fait noir et la lumière artificielle de l'écran de télévision n'en ressort que plus.

Je me reconcentre sur le premier Test de Freckles et plus particulièrement sur son évènement perturateur.

C'est un garçon brun que je devine de taille moyenne bien qu'il soit actuellement assis, mais c'est tout ce que j'ai comme informations sur lui car son visage à été soigneusement flouté à l'écran par la production de l'émission - ce qui est très frustrant car je n'arrive pas à distinguer son âge. Clause de confidentialité oblige, j'imagine.

Je ressens tout de même une pointe de jalousie, car si ils ont prit la peine de préserver son anonymat c'est qu'il existe réellement dans la vie de Freckles : c'est sûrement son copain.

- Nous jouons ici sur la solidarité de Freckles et son besoin de sauver à tout prix ainsi que son attachement pour ce garçon, déclamme la monotone voix off.

"Son attachement pour ce garçon."
Putain, ça me fout en rogne. Et sans aucune raison valable.

- Ils y vont fort avec elle, souffle ma mère en pointant un doigt frêle en direction de l'écran.

On ne pointe pas du doigt les gens, ai-je envie de répliquer pour lui rendre la monnaie de sa pièce, mais l'image du tsunami qui apparaît à l'écran me coupe dans ma lancée.

C'est une vague tellement haute qu'elle pourrait engloutir notre habitation sans aucun problème, sauf que dans ce cas précis, elle se dirige tout droit vers le mec de Freckles.

L'effrayante scène laisse place à un gros plan sur l'expression paniquée de la jolie blonde aux taches de rousseur. Ses yeux bleus sont équarquillés, ses cheveux en bataille et sa bouche s'ouvre en poussant un cri glaçant.

- Si c'est son ex, elle va peut-être le laisser se noyer.

J'ai parlé sans réfléchir, sous l'emprise de la colère, parce que je suis sûr qu'elle mérite mieux que ce mec, mais au regard-qui-tue que me lance Trysïa, je sens qu'elle n'approuve pas ma remarque.

La vague surplombe maintenant dangereusement l'île et le garçon ne fait même pas mine de s'enfuir.
Alors sans doute dans un dernier espoir de le sauver, Freckles s'élance vers le jeune homme.
Mais c'est en vain, elle n'a pas été assez rapide car la vague se dresse de toute sa hauteur puis se fracasse sur la rive, emportant avec elle son petit ami.

J'ai beau savoir que dans ce Test ci rien n'est réel, pas même la mort, mais la douleur apparante de la jolie blonde me fait quand même pitié et je n'arrive pas à trouver les mots pour rire.

- Il n'est pas mort, il n'est même pas présent avec elle, confirme la voix off, c'est une Hallucination.

La suite se produit tellement rapidement que je ne comprends tout d'abord pas ce qui se passe.

Freckles plonge précipitement à la recherche du garçon, boit la tasse, rage et fait demi-tour. Puis elle atteint la rive, donne des coups de pied dans le sable avant de s'écrouler par terre. Les larmes coulent sur son beau visage. Elle roule sur le côté et finit par trouver et déterrer la boîte placée près d'elle. Je la vois appuier sur un bouton rougeâtre.

Mon cerveau est plongé dans un état d'incompréhension profond.

- Temps écoulé, annonce La Voix. Activation effectuée. Test réussi.

Freckles ne semble pas l'entendre, elle hurle comme une folle :
- Je suis désolée, Luka. Tellement désolée. Je t'aim...

Son Hallucination se termine avant qu'elle ai pu continuer sa phrase mais son sens ne m'échappe pas. Une jalousie maladive se répend dans mes veines et me compresse l'estomac.
Un sentiment inconnu juste pour une fille de téléréalité.

Je serre les poings.

On s'attache toujours trop vite aux gens. Je m'attache trop vite.
Mais j'aimerais moi aussi être lié aussi fort à quelqu'un.

T'es pas attaché à elle mais à l'idée qu'elle soit attaché à toi.

L'idée fuse et je secoue la tête avant qu'elle puisse faire son chemin, à la place je ricane :

- Apparemment c'est plus qu'un ex.

Pour une fois, ma mère daigne tourner sa tête vers moi avec un sourire amusé :

- T'es jaloux ?

Puis elle s'esclaffe comme si cette seule hypothèse était hilarante.

Si tu savais.

Mais je suis heureux d'avoir réussit à la faire rire car ce n'est pas souvent que Trysïa se l'autorise et je trouve que ça la rend plus jolie encore.
Elle rejette sa tête en arrière, son visage se détend et elle parait sincèrement heureuse.

Mais ça ne dure pas et bientôt elle reprend un visage neutre et se retourne vers l'écran.

Déjà lassé de cette émission superficielle, je me lève et lance ironiquement à l'intention de Trys :

- Je sors et, t'inquiète pas, je tâcherai d'éviter les mecs louches qui pourraient me mettre enceinte.

Ma chère mère lève les yeux au ciel - ça doit être de famille - et soupire :

- Si seulement il restait assez de mecs pour ça.
- Un point pour toi.

Je contourne le canapé presque à tatons, me dirige vers l'entrée et effleure de l'index le dispositif de reconnaissance digitale.
Celui ci émet un léger "bib" de contentement avant de faire glisser la porte dans le mur de droite pour me laisser passer.

Le contraste entre notre sombre demeure et la lumière du jour me fait plisser les yeux.

- Bye !

Sans attendre la réponse de ma mère, le battant se referme brusquement derrière moi.

Je mets quelques instants à m'habituer à la luminosité avant de jetter un oeil aux maisons environnantes.
Des habitations pas vraiment modernes, totalement indentiques à la notre : cubiques, blanches et de plain-pied avec des portes automatiques.

Tout en strutant attentivement mon voisinage, je passe machinalement ma main sur le mur granuleux de notre maison, c'est un geste qui m'a toujours détendu, sans avoir de signification particulière.

Je ne comprends pas comment les autres régions ont pu abandonner ce matériau pour les maisons pour le remplacer par de des immeubles d'acier, lisses, froids et impersonnels.

Il me semble que notre ville est le seul endroit du monde où l'on peut encore trouver ce genre de bâtiment chaleureux.

Pris d'un soudain élan, je me retourne vers notre bâtisse, tout en gardant ma main posée dessus.

La façade qui donne sur la rue comporte deux petites fenêtres - vitrées et dotées de regingots - qui m'arrivent à hauteur de buste.

J'aggripe le rebord de l'une d'elles avec ma main droite et je hisse le reste de mon corps en retenant mon souffle pendant l'effort, jusqu'à finir debout sur l'étroite plateforme en béton armé.

Puis je prends appui sur mes coudes et grimpe sur le toit aussi blanc que plat de la baraque.

Je m'assois et laisse mes jambes flirter avec le vide tandis que le froid du granit traverse mon jean et m'engourdit les cuisses.

J'ébouriffe ma tignasse brune et observe le paysage qui s'offre à moi sous ce ciel dépourvu de nuages.

D'ici, la vue n'est pas des plus magnifiques, mais on peut aisément y contempler le panorama de la ville qui m'a vu grandir. Ma ville.

J'apperçois le haut des autres habitations du quartier et le soleil qui se répercute sur les parois abruptes et immaculées.

Voilà en quoi se résume Skatle. Une région modeste et sans doute minuscule à l'échelle mondiale. Bien loin des nouvelles technologies mais incroyablement propre et lumineuse car ça n'empêche pas les Éradiqueurs de passer chaque semaine pour un grand nettoyage de convention.

Mes yeux examinent la très large allée grisâtre qui se dessine sous mes pieds et qui est souvent envahie par les passants lorsque Girlz n'est pas au programme.

À cette heure, je ne repère aucun Skat - les habitants d'ici.

Les habitants.

Je me demande pourquoi je m'évertue à parler au masculin alors que la population est composée à 99% de femmes.

Au moment où ma solitude commence sérieusement à se faire ressentir,
une fille à l'allure pressée apparaît justement dans mon champ de vision.

Elle me jette un long regard hébété lorsqu'elle arrive à ma hauteur et je comprends sa réaction, j'aurais sans doute fait la même chose à sa place.

- Qu'est ce qui vous choque le plus ? je lui lance en haussant la voix pour qu'elle m'entende. Le fait que je sois un garçon - et plutôt beau gosse pour ne rien gâcher - ou que je sois perché sur un toit ?

Elle détourne vivement la tête, comme prise en flagrant délit, avant de continuer son chemin et j'ai un pincement au coeur à la vue de ses longs cheveux blond platine surmontés d'une fleur bleue en tissus.

Freckles.

Il faut que j'arrête de penser à elle à chaque occasion, putain.

Je m'efforce de contrôler ma respiration car je le sens arriver.

Je le ressens même, dans chaque parcelle de mon être qui se contracte. Je sens les battements de mon coeur accélérer progressivement et mon corps être parcourut de tremblements trop familiers. Mon mal au coeur ne tarde pas à intervenir et je me retiens de vomir sur la chaussée. La souffrance qui me ronge de l'intérieur atteint mon estomac et me retourne les boyaux. J'ai l'atroce impression qu'un poignard s'enfonce en moi.

La douleur me rend fou.

Je sens mes mains qui s'aggripent à ma tête avec violence pour tenter de chasser le monstre qui se déchaîne en moi.
Je crois que je hurle mais je ne m'entends plus.

Il faut que je parte. Que je quitte cet endroit et que je courre le plus loin possible.
Il ne faut pas que je bouge.

Je ne veux faire de mal à personne.
Je vais tuer quelqu'un.

La sueur me recouvre comme une seconde peau et mon souffle se fait de plus en plus irrégulier.

Le monstre n'est plus en moi, je suis devenu le monstre.

Mes cachets. Où sont mes putains de médocs ?

Je suis littéralement en train de mourir. Et sans aucun témoin.

Et personne ne se souviendra de moi autrement que comme le pauvre garçon qui est mort seul sur son toit.

Aidez moi.

Ma vie défile devant mes yeux et je me vois, moi, à 7 ans en train de raconter une blague à Trysïa tandis qu'elle se force à rire en m'ébourifant les cheveux pour ne pas blesser mon ego et entraver une potentielle future carrière de comique. Puis quelques années après, ma crise de colère lorsqu'elle m'a annoncé qu'elle n'était pas ma mère biologique, il avait fallut beaucoup de patience de sa part pour réussir à me calmer. Plus tard encore, mon entrée difficile dans l'adolescence et nos soirées passées à nous moquer des candidates de Girlz.

Contrairement aux apparences, Trys a toujours été une bonne mère pour moi, malgré sa trop grande fidélité vouée à La Société.

Aidez moi.

L'image, bien que imprécise, de mes véritables parents se projette également dans mon esprit confus.

Aidez moi !

L'univers tourne trop rapidement autour de moi. Les couleurs se mélangent.

AIDEZ MOI !

Puis j'ai le malheur d'incliner la tête vers le bas et lorsque mon regard rencontre le sol, je suis pris d'un intense vertige et sens le vide aspirer le peu d'âme qu'il me reste pour m'entraîner dans une folie que je ne contrôle plus.

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