Nos deux complices étaient maintenant deux oiseaux en cage, deux libellules en cellule, deux amourettes aux oubliettes, deux fans en cabane, deux amoureux fous au trou ! Aux fers après les enfers ! Au violon après la violence !
Anna voulut entamer la conversation avec son cher François.
- François ? Tu es là !
- Oh ! C'est toi Anna !? Oui je suis là ! Juste à côté
- Oui mon chéri ! Je suis juste à côté de toi !
- Oui mais tu n'es pas avec moi !
- Oh mon François ! Désolée ! J'ai trop joué avec mes personnages et ils m'ont emporté trop loin ! J'en ai trop fait ! C'est ma faute !
- Non Anna chérie ! Ne dis pas ça ! Tu n'as fait que me sauver la vie et me libérer à chaque fois que je me faisais piéger ou arrêter ! Et tu m'as beaucoup amusé !
- Oh mais moi aussi je me suis amusée ! Même si des fois j'ai eu peur ! Je pense qu'on va s'en sortir et que la justice va trancher en notre faveur. C'est sûr !
- J'espère que tu as raison et qu'on ne va pas moisir ici !
L'inspecteur Ponce arriva. Il était d'humeur joyeuse et son visage souriait.
- Ahhh ! Mes deux petits malfaiteurs ! Mes sacrés voyous ! Mes beaux débauchés ! Mes grands criminels ! J'ai fini par vous coffrer tous les deux ! J'ai fait moi aussi d'une pierre deux coups !
- très drôle ! Fit Anna d'un ton blasé
- Mais on a rien fait ! Cria François
- Rien fait ? Vraiment ? Vous avez mis le feu à la librairie après avoir tué deux hommes et certainement d'autres aussi. Vous avez fui ! Menti ! Vous vous êtes déguisés pour échapper à la loi ! Vous nous avez bernés avec des déguisements grotesques...
- ...mais qui ont marché ! Fit fièrement Anna.
- oui qui ont marché ! Mais qui ont fait perdre beaucoup de temps à la police !
- Mais on voulait juste rigoler ! Lança Anna
- Ah oui ? Eh bien riez maintenant ! Fit Ponce
- Inspecteur Ponce.....dit Anna
- Quoi ?
- vous connaissez des mots pour dire prison mais en argot de tolard ?
- oui mais je suis pas là pour jouer mademoiselle !
Anna, ayant repéré le côté joueur de Ponce, commença quand même :
- Zonzon !
- arrêtez Anna !
- Bagne !
- Stop !
- Alcatraz !
- Silence
- Gnouf !
- Anna !? Attention !
- tôle !
- arrêtez !
- Anna qu'est-ce que tu fais ? Demanda François.
- je fais marcher mon esprit ! Ça ils ne pourront jamais le mettre en cage !
- et ça te fait oublier ta situation actuelle ! Pensa tout haut François ! Bien vu !
Ponce voulait briller aussi à ce jeu et montrer ses connaissances :
- Oh ça va les deux artistes là ! Vous y connaissez rien à l'argot vous les jeunes ! Nous on a été élevés à l'ancienne ! On est de l'époque des Tontons flingueurs d'Audiard nous ! De Blier ! De Ventura ! De Blanche ! De Lefebvre ! Des dialogues ciselés mossieur ! Au cordeau Mooossieur ! Que des punchlines ! Des vrais voyous qui faisaient pan-pan et pif-paf ! C'était tellement drôle !
François réagit avec humour :
- Mais Ponce, sans vouloir faire de mauvais jeux de mots, c'est des poncifs ! Des clichés, des stéréotypes ! Et puis c'était du cinéma ! des faux voyous ! Des comédiens !
- Mais ils avaient la vraie classe à Dallas ! Et c'était des répliques cultes ! Et lancé dans son élan il se rappelait tout haut les grandes citations qui avaient fait l'âge d'or de cette période :
- “Les cons, ça ose tout ! C'est même à ça qu'on les reconnaît.” Excellent non ? Vous connaissez pas ça vous les jeunes !
- et ça ? "Mais moi les dingues, j'les soigne, j'm'en vais lui faire une ordonnance, et une sévère, j’vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins d'Paris qu'on va l’retrouver, éparpillé par petits bouts façon puzzle... Moi, quand on m’en fait trop j'correctionne plus, j'dynamite, j'disperse, et j'ventile." Y en a plus des dialogues comme ça maintenant !
Il les récitait par cœur ! Avec une joie indicible !
Anna sourit un peu et rentra dans son jeu :
- Vous êtes calé agent Ponce ! Et vous avez beaucoup d'humour ! Ça fait beaucoup de qualités pour un poulet !
- Oh la p'tite dame elle monte sur ses grands chevaux ! Mais j'vais lui montrer moi qui c'est l'tôlier !
- oh hé dis donc le maton ! Joue pas la rebiffe pauvre demi-sel ! T'es pas à Alcatraz ici ! Fais pas ton cador avec moi !
- Qu'est ce qu'elle me fait la morue ! Elle ouvre un peu trop sa boîte à camembert ! C'est pour ça qu'ça pue la décharge ici !
- Hé ben mon cochon ! T'as bien à t'plaindre de ton sort va ! T'étais bien content d'me reluquer tout à l'heure quand j'étais en jupette !
- je comptais juste les kilos de gras qui y'avait sous les yeux !!
- oh ! Mon salaud !
- va donc Hé pouff...
- stop ! Intervint François ! C'est marrant ! Mais là ...ça va trop loin !
- Oh ! François ! Pour une fois qu'on s'amuse un peu avec les policiers ! Il est sympa finalement Pierre Ponce ! Quel pied !
- merci madame mais ce sera "Agent Ponce " s'il vous plaît !
- c'est ça hé cause toujours agent Ponce moi l'sel ! Ha ha !
- La michtoneuse elle va vite s'allonger et dévoiler tout ce qu'elle sait de l'affaire que j'cause ! Sinon elle va finir à oilpé comme une délurée !
- Mais dis donc mon mignon ! Tu vas pas me mettre à l'index comme ça ! Baltringue ! C'est pas parce que tu m'as alpaguée que j'vais aller cafter aussi sec aux condés ! J'suis pas une balance moi ! Je vais rien cracher à la bleusaille ! Et t'auras beau faire le cador, j'te donnerais même pas l'heure ! Minable !
- hé ben c'est ce qu'on va voir l'anquilleuse ! Tu vas baver c'que tu sais des meurtres d'la cave à GéGé ! C'est toi qui les a fumé les gus ? Qui les a dépouillés et refroidis ?
- Ben non l'argousier, c'est pas moi ! Si j'avais voulu les descendre tes gars il en resterai plus rien ! J'aurai tout passé à l'acide !
- Ah ben voilà aut'chose ! La p'tite elle pratique la chimie maintenant ! On aura tout vu dans c'te boite !
- Ben ouais mon Loulou ! C'est pas à moi que tu vas apprendre comment faire disparaître un corps ! J'ai lu tellement de romans policiers que si j'étais une tueuse en série on me retrouverait jamais !
- Oh ! Oh ! Je dois prendre ça comme un aveu la biznesseuse ?!
- Tu vas surtout le prendre dans la gueule oui ! Je suis pas ta catin DjaDja ! Alors va jouer les mac sur le trottoir d'en face !
- arrête ton baratin et tes bobards blondinette ! C'est qui ton boss ? C'est l'autre Boloss ?
- parle pas d'mon Fran-Fran comme ça ou j'te déboîte frangin !
- Wesh ma gueule ! Tu l'appelles Fran-Fran ton lascar ?! T'es sérieuse meuf ! C'est un boufon ce looser !
- Heu....frérot ! Enfin agent Ponce ... on aurait pas viré en mode ghetto là ?! Dit Anna
- J'avoue ! oui Anna ! C'est du grand n'importe quoi cet interrogatoire ! C'est pas sérieux !
Et François voulut jouer aussi mais loupa son entrée :
- Wesh frère ça farte ou quoi ? Bien ou bien frangin !? C'est de la bonne ! Bébé !
Anna et Ponce eurent ensemble un fou rire sonore et incontrôlable !
Ce qui attira Rafeu qui entra et dit à Ponce :
- Pierre ?
- oui Pierre !
- y a du nouveau dans l'affaire du fauteuil roulant volé à l'hôpital ! On tient un suspect ! Un petit vieux a été arrêté ! Il va tout avouer !
- mais non ! Mais Pierre ! C'est génial ça ! Allez ! Au revoir Pierre ! Et il le fit sortir illico. Ce qui fit encore sourire Anna. Ponce voulut faire participer nos 2 complices.
- Allez on dit au revoir à Pierre !
Et Anna et François de dire ensemble :
- Au revoir Pierre !
Et Ponce de conclure d'un ton ultra sérieux :
- Pierre...vous êtes le maillon faible...au revoir !
Rafeu quitta les lieux tête basse, et Anna pouffa encore de rire ! Ce qui la rendait encore plus radieuse et attirante que jamais. Et cela charma beaucoup Ponce qui pensa soudain qu'il eut peut-être des chances avec la belle et douce mannequin russe !
Il voulut en tirer partie et il remit le couvert avec son jargon de tolard :
- Toi ma jolie tu devrais assurer tes arrières et m'écrire une bafouille où tu me balances la vérité de toute cette affaire de meurtres et d'incendies et de romans ! T'es à bout de course ma p'tite Anna ! T'as pas d'issue poupée ! Abandonnes et rends toi ma belle ! Avoues tes crimes et je te pardonnerais !
- Non mais on dirait que je suis à confesse ! Mon père ! J'y crois pas à ta messe ! Lâche moi les baskets et va faire la quête ! Bouffon !
Anna marquait des points dans le cœur de Ponce ! Non seulement elle était magnifique et énergique, mais elle avait un tel bagou qu'elle aurait mis K.O. tous les gangsters de Panam et tous les tontons flingueurs réunis !
Francois intervint et calma tout le monde. Il se révéla fin connaisseur de ce langage des polars de l'époque et de ces vieux fims de braqueurs en noir et blanc :
- Bon les mouflets ! C'est pas bientôt fini vos jérémiades ! Y en a qui s'ennuient sévère ici ! Si vous y voyez pas d'inconvénient je voudrais pas passer ma soirée au ballon à écouter vos jacasseries d'attardés mentaux ! Alors toi le maton déjà tu vas ranger bien sagement ta matraque et tu vas laisser la demoiselle tranquille ! C'est pas parce qu'elle rit...qu'elle est à moitié dans ton lit ! Arrêtes de te faire des films ! Et vas te passer la tête sous l'eau froide sinon c'est moi qui te refroidis ! Compris l'arsouille ? La donzelle elle est à moi ! Alors tourne les talons et file à l'anglaise sinon le Fran-Fran va te montrer de quel bois y s'chauffe ! Vas cuver ton cubi de Villageoise et continue à croire que c'est un bon Bordeaux ! Allez ! Tu fais trop pitié ! Débarrasse le plancher !
L'agent Ponce fut mouché ! Il ne savait plus quoi dire et il vit Anna sourire encore de plaisir mais en entendant cette fois la verve insolente et percutante de son cher amour.
Il s'avoua vaincu et lâcha l'affaire.
Dans un silence de mort, il tourna les talons comme lui demandait François mais il leur lança une dernière pique en sortant :
- C'est dommage pour vous deux les amoureux...j'avais une bonne nouvelle ! Mais bon...je vous l'annoncerai une autre fois...on est pas pressé ! Ha ha ha !
Et il sortit avec le sourire, fier de sa dernière tirade et de son effet de surprise qui laissa bouche bée les deux accolytes.
☆☆☆
[Quelle était donc cette bonne nouvelle ? Qu'allait-il advenir de nos deux tourtereaux en cage ? Vous le saurez dans l'épisode suivant !]
[ et merci d'être arrivé jusqu'ici dans ce délire de lignes à lire !]
[Merci ! Merci ! Merci !]
[Moi je me régale ! 😃...
Et j'espère que vous aussi ! 😉]