BLINDLY

By polat_gokay_

189K 17.7K 14.6K

On dit que l'amour est aveugle, mais est-ce réellement le cas ? Aylin a bientôt vingt ans et s'il y a bien un... More

Cover + Titre + Résumé Reveal
Avant-propos (à lire)
~Fiches personnages~
DNA
Prélude (à lire)
Prologue (à lire)
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
~CONCOURS 100K~
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16

Chapitre 6

6.3K 598 699
By polat_gokay_

Aylin

Le cours se déroule dans le calme, je prends tout en note sur mon ordinateur avec les touches en brailles. Je me suis entraînée pendant toutes les vacances pour ne pas être à la traîne.

J'ai même essayé de lire mes premiers livres en braille. C'est un système de lecture et d'écriture tactile pour les personnes non-voyantes. Les points en relief qui le composent représentent les lettres de l'alphabet. Il contient des équivalents pour les signes de ponctuation et il fournit des symboles qui indiquent le regroupement des lettres.

Ça parait assez complexe, mais en réalité avec de la motivation et de l'entraînement, c'est plus accessible que ça en a l'air.

Et puis, je n'avais pas tout à fait le choix.

C'est un sacré changement de devenir aveugle.

Toute ma vie s'est vue bouleversée. Toutes mes certitudes ont été ébranlées. Toutes mes habitudes ont changé.

C'était deux mois d'apprentissage mais au moins, maintenant, je suis prête.

Enfin, autant que possible...

Mes yeux me grattent, c'est insupportable comme sensation. Mais je ne peux pas retirer ces patches, même si l'envie de les arracher me démange.

Suite à l'accident, mon traumatisme crânien qui a entraîné ma perte de vue à sensibiliser mes yeux. Je ne vois rien, en revanche, je suis très sensible à la lumière.

C'est assez spécial comme vision. Je vois des points lumineux et j'arrive à savoir si la lumière est allumée ou non dans une pièce. Malheureusement, les premiers jours cela me faisait un mal de chien, j'ai donc accepté les patches.

Je ne devrais d'ailleurs pas tarder à les retirer. D'ici quelques semaines si tout se passe bien.

La leçon n'est pas très intéressante et je me perds dans mes pensées.

Revenir dans cet établissement me fera toujours penser à Louis. Même si je donne tout pour l'oublier, je n'y parviens jamais. C'est comme s'il était tatoué sur mon cerveau. Comme si ça ne suffisait pas qu'il m'ai brisé le cœur, maintenant, je dois me battre contre mon cerveau aussi.

C'est douloureux. Toute cette peine qui m'habite et qui refuse de me rendre ma liberté. Le poids de son départ m'enchaîne au désespoir et me rappelle sans cesse les bons moments. Pour ensuite me lacérer avec les souvenirs de son départ.

Plus on essaie d'oublier quelqu'un, plus il est sûr de rester dans notre tête. Pourtant, au fond de moi, je sais qu'une partie de mon cœur espère toujours son retour.

Mais c'est mal. C'est stupide et inutile.

L'espoir peut-être une force comme elle peut-être une faiblesse. À trop espérer, on risque de se perdre dans nos rêves. À trop espérer, on risque de se brûler. Et il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer.

Car au fond l'espoir n'est rien de plus qu'un sentiment qui nous permet de voir le bout du tunnel, de garder la face. De se dire qu'un jour, les choses iront mieux.

Mais quand est-ce que ce jour viendra ?

Peut-être jamais.

On dit que l'espoir est le dernier à mourir mais est-ce le cas ?

Les derniers qui meurent, sont les regrets. Et encore, je suis presque sûr que certaines personnes les emmènent dans leur tombe.

Moi, j'emporterai les miens jusque dans mon cercueil.

Le bruit d'un éternuement me sort de mes pensées. J'encre à nouveau ma concentration sur la prof. Mais encore une fois, un sujet vient tourmenter mes pensées.

J'essaie de ne pas ressasser ma discussion avec ce fameux Miller, qui ne m'a toujours pas donné son prénom. En plus, il a coupé la prof avant qu'elle ne le prononce, donc je meurs de curiosité.

Mais pourquoi est-ce que ça m'intéresse autant ?

Peut-être parce que c'est la première fois, depuis longtemps, que j'ai une discussion aussi profonde avec un homme qui n'est pas Alec.

Alors je cède et demande :

— Dites, c'est quoi votre prénom ?

Je continue de le vouvoyer pour ne pas qu'il pense que je veux devenir son amie.

— Nous ne sommes malheureusement pas assez proches pour que je puisse vous divulguer des informations pareilles me concernant, réplique-t-il d'un air condescendant.

Oh le chien.

Il retourne mes propos contre moi...

Il veut me chercher ou quoi ?

— Très drôle, réponds-je cynique. Alors c'est simple, je t'appellerais Miller.

Sans m'en rendre compte, je viens de le tutoyer. Je commets toujours des erreurs quand je suis en colère. Il faut que je sois plus vigilante.

J'espère qu'il n'a pas remarqué. Surtout que c'est moi qui lui ai interdit de le faire. Ce n'est pas de ma faute, je n'ai pas l'habitude de parler à d'autres étudiants qu'Alec.

Pour mon plus grand malheur, il ne loupe rien.

— Alors comme ça on se tutoie déjà, me dit-il d'une voix langoureuse. Je trouve que ça va un peu vite entre nous. Tu te laisses attendrir aussi vite avec tous les garçons ?

Mais ? Je vais le gifler, ce n'est pas possible.

Il m'énerve avec ses blagues idiotes. Je décide de le remettre à sa place avant qu'il ne se permette d'aller plus loin.

— Ah merde, tu es un garçon, désolé. C'est juste que mes yeux me font défaut, parfois. Alors ça sera vous, pour toi.

Et là, contre toute attente, je l'entends rire. Un rire qui me réchauffe sans même que je comprenne pourquoi. Comme si un sentiment de familiarité m'envahissait. À nouveau.

— Tu viens vraiment de faire de l'autodérision sur le fait que tu es aveugle ? me questionne-t-il abasourdi.

Je souris et lui répond :

— Oui et alors ? Je ne laisserai personne se moquer de moi, mais ce n'est pas pour autant que je n'ai pas le droit de le faire moi-même.

L'autodérision est une belle arme. En effet, ça permet de faire croire aux autres que nous avons confiance en nous au point de nous moquer de nos propres complexes.

Bien sûr, ce n'est pas toujours le cas. Parfois, c'est juste pour tromper les autres. Dans mon cas par exemple, ça l'est. Je sais que je suis vulnérable, mais hors de question de le montrer aux autres.

Hors de question d'être une victime.

— Si ça peut te faire plaisir, balance-t-il avec un rire emplie de jugement.

Il se fout de moi ? Pourquoi il se montre aussi familier ?

C'est fou comme sa voix me met hors de moi. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive.

— Ne me tutoie pas, le prévins-je à nouveau.

C'est impensable que je le laisse penser que l'on pourrait être ami. S'il croit qu'il peut outrepasser les règles instaurées ici, il se trompe.

— Sinon quoi ? Tu vas me lancer un regard noir qui va me transpercer ? raille-t-il.

Je vais le tuer.

Je vais lui faire regretter ce qu'il a dit. S'il pense qu'il peut tout se permettre juste parce que je suis aveugle.

Je sens la haine prendre possession de moi. Je sens mes joues rougir de colère et mes phalanges blanchir tellement je les serre.

— Oups, on dirait bien que c'était une blague de mauvais goût. Au moins, le sens du goût, lui, tu l'as encore, ricane-t-il. Enfin, ça reste à voir.

Comment ai-je pu baisser ma garde ? Comment ai-je pu croire qu'il valait mieux que les autres ? Qu'il était différent ? Il faut que je me ressaisisse.

C'est peut-être excessif mais je dois lui faire comprendre qu'on ne se moque pas de moi impunément.

Chaque acte à des conséquences et il va se confronter aux siennes tout de suite.

Je cherche alors son pied avec le mien sous la table. Une fois que je le touche, je prends une grande inspiration.

Ce que je m'apprête à faire est fou. Pourtant, ce feu qui brûle en moi me dit que c'est la bonne décision.

Un.

— Sache que je t'ai prévenu avant.

Deux.

— Je t'ai dit que je ne laisserais personne se moquer de moi.

Trois.

Et d'un coup sec, j'écrase son pied avec le mien.

— Aieeee ! hurle-t-il en se cambrant sur sa chaise qui émet un grincement.

Je dois me retenir de rire. Je dois me retenir de rire. Je dois me retenir de rire.

Et dernière partie du plan. J'affiche une mine affolée et me tourne vers Miller.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Vous allez bien monsieur Miller ? Pourquoi avoir crié comme cela ?

Je cherche son épaule de ma main pour soutenir le côté entraide.

Je n'ai pas besoin de voir son visage pour savoir qu'il doit être hors de lui. Pourtant, il ne dit rien, aucune protestation.

Mais son petit cri n'est pas passé inaperçu.

— Monsieur Miller vous voulez bien m'expliquer ce qu'il se passe ? fulmine notre professeur.

Va-t-il oser me dénoncer ?

J'ai hâte. Comme ça, je n'aurai plus qu'à jouer la victime. Et dire qu'il ment. Afin que toute la classe sache qu'il est méchant avec une personne en situation de handicape.

Je sais c'est mal d'user de mon handicap pour m'innocenter, mais les gens qui s'attaquent aux personnes comme nous éprouvent-ils des remords pour leurs actes ?

Je n'ai aucune pitié avec les personnes méchantes. On a déjà Rose et Pierre, je ne vais pas accepter un persécuteur de plus.

— Tout va bien madame. Veuillez m'excuser pour ce désagrément. Cela ne se reproduira plus. C'était juste une crampe, ajoute-t-il d'une voix posée.

La prof ne prend même pas la peine de juger son excuse et se remet à dicter son cours.

Je suis triste, je m'attendais à plus de remontrances.

Alors que le reste du cours se déroule dans le calme. Quand la sonnerie retentit. Je l'entends rire. Puis, alors que tout le monde sort. Il chuchote des mots qui resteront à jamais gravés dans ma tête.

— Sache que tu vas amèrement regretter ce que tu viens de faire, me menace-t-il.

Mon corps se crispe. Le ton qu'il emploie est effrayant. Je n'ai plus l'impression d'avoir à faire à la même personne qu'avant.

— Je voulais être ton allié, ton ami. Mais apparemment tu en as décidé autrement.

Mon ami ?

Alors qu'il se moque de mon handicap ?

S'il pense qu'il a la moindre chance il se met un doigt dans l'œil.

— Aujourd'hui, tu viens de te faire un nouvel ennemi. Et j'aurai toute l'année pour me venger. Lentement, soigneusement et douloureusement. Au moment où tu t'y attendras le moins, à un endroit où tu te croiras en sécurité.

Je retiens ma respiration, serre les mâchoires, et me retiens de lui montrer l'impact que ses paroles ont sur moi. Tous mes sens sont en alerte. Je ne suis plus en sécurité à proximité de lui.

Mes doigts serrent ma chaise de toutes mes forces pour m'empêcher de trembler.

Et alors que je pensais avoir réussi, sa dernière phrase me désarçonne.

— Après tout, Aylin, tu es aveugle et à ma merci, assène-t-il plein de rancœur.

Mon cœur et ma respiration s'accélèrent tellement que ça me fait mal.

J'ai bien entendu. Il vient de me menacer. Explicitement qui plus est.

Je présentais que c'était peut-être un peu trop de lui écraser le pied.

Tant pis, ce qui est fait est fait.

Mais maintenant que suis-je censé faire ?

Me taire et le laisser partir ?

Jamais.

Si je reste sans rien rétorquer, il pensera avoir l'ascendant sur moi. Il pensera m'avoir impacté.

Je ne sais pas dans quoi je m'embarque, mais il est temps de lui montrer que mes mises en garde n'étaient pas des paroles en l'air.

Je suis quelqu'un qui déteste me battre en temps normal. Mais là, je n'arrive pas à comprendre. Il fait ressortir le pire en moi et ce, rien qu'avec quelques mots.

Un ressentiment inexpliqué bouillonne en moi.

Très bien, il veut jouer alors on va jouer. Il voulait qu'on fasse connaissance, alors je suis prête à lui montrer toutes les facettes de ma personnalité.

Même les plus sombres. Même les plus viles.

J'affiche un sourire que j'espère éclatant avant de déclarer :

— J'ai hâte, fais-moi goûter à ton enfer Miller. On verra s'il est pire que le mien.

Que la partie commence.

Et autant vous le dire tout de suite, je ne joue que pour gagner.


—————————————

Alors ce chapitre 6 vous en pensez quoi ?

Je vous avez promis que ça allait partir en vrille...

Une chose est sûre, Aylin ne se laissera pas faire.

Mais jusqu'où Louis/Miller va être prêt à aller pour effrayer Aylin ?

Vous découvrirez tout cela dans les prochains chapitres.

On se retrouve à 21h30 sur TikTok pour le live débrief des deux chapitres de la semaine.

J'ai hâte de voir vos tiktoks/reels sur ce chapitre et comme d'habitude je republierais tout et partagerais tout !

Donc hésitez vraiment pas à m'identifier !

Merci à ceux qui lâchent des ⭐️ et qui sont abonnés ça compte beaucoup pour moi❤️

J'espère de tout cœur que la suite vous plaira et merci de me soutenir.

Mes réseaux TikTok/Insta : polat_gokay_

Venez me suivre si c'est pas encore fait !

Love u,

Polat<3

Continue Reading

You'll Also Like

117K 5.8K 74
Aujourd'hui à Londres. La peur envahissait mon corps, celui qui m'avait kidnappé se trouvait maintenant face à moi. Ses yeux noirs ne me lâchaient pa...
44.3M 608K 83
« Y'a eu des bons moments mais beaucoup moins qu'ceux noirs » Chronique réelle avec des passages fictifs.
815K 23.2K 27
Tout pour la rendre fière.
2.9M 114K 108
Haïdah. Une jeune Malienne de 19 ans. Marier de force par sa belle mere , Haïdah est une fille ambitieuse mais aussi déçu par la vie ... venez suivre...