Révérences et Révoltes : Amou...

By HappEndy

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Au château de Chantilly en 1845, règne une atmosphère chargée de secrets et de tensions. Julia Leclaircie, la... More

Chapitre 1 : Découverte.
Chapitre 1 : Découverte.
Chapitre 1 : Découverte.
Chapitre 2 : Discordes.
Chapitre 2 : Discordes.
Chapitre 2 : Discordes.
Chapitre 3 : Complexité.
Chapitre 3 : Complexité.
Chapitre 3 : Complexité.
Chapitre 4 : Contradictions.
Chapitre 5 : Incompréhension.
Chapitre 5 : Incompréhension.
Chapitre 6 : Dénigrement.
Chapitre 6 : Dénigrement.
Chapitre 6 : Dénigrement.
Chapitre 6 : Dénigrement.
Chapitre 6 : Dénigrement.
Chapitre 7 : Affolement.
Chapitre 7 : Affolement.
Chapitre 7 : Affolement.
Chapitre 8 : Embrasement.
Chapitre 8 : Embrasement.
Chapitre 9 : Complots.
Chapitre 10 : Adaptation.
Chapitre 10 : Adaptation.
Chapitre 10 : Adaptation.
Chapitre 11 : Regrets.
Chapitre 11 : Regrets.
Chapitre 11 : Regrets.
Chapitre 11 : Regrets.
Chapitre 12 : Expiation.
Chapitre 12 : Expiation.
Chapitre 13 : Plaisirs.
Chapitre 13 : Plaisirs.
Chapitre 14 : Détermination.
Chapitre 14 : Détermination.
Chapitre 15 : Impossibilités.
Chapitre 15 : Impossibilités.
Chapitre 15 : Impossibilités.
Chapitre 15 : Impossibilités.
Chapitre 15 : Impossibilités.
Chapitre 16 : Discernement.
Chapitre 16 : Discernement.
Chapitre 17 : Malaises.
Chapitre 17 : Malaises.
Chapitre 17 : Malaises.

Chapitre 6 : Dénigrement.

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By HappEndy

Chapitre 6.1 : Dénigrement.

La clarté matinale pénétra soudainement dans la chambre de Marianne, incitant la Duchesse à plisser les yeux, irritée. Elle était saturée de tout, de cette existence terne et dénuée d'attrait. Rien ne parvenait plus à la divertir ni à susciter son rire. Sa relation avec le Duc de Villiers avait perdu de sa substance, laissant place à une mélancolie persistante. Marianne regrettait profondément cette évolution, mais semblait piégée dans une spirale infernale. Un tourbillon de dégoût envers elle-même l'envahissait pour n'avoir su préserver la vie de leur enfant. Un cercle de tristesse la dévorait de l'intérieur.

Se redressant dans son lit, Marianne observa sa femme de chambre attitrée, Pauline Lambert, occupée à attacher les rideaux. Bien que cette dernière fût véritablement bienveillante, son visage affichait désormais une moindre propension au sourire. La Duchesse avait une idée précise de la raison : l'arrivée de Mademoiselle Julia Leclaircie en tant que nouvelle gouvernante en chef l'avait profondément affectée. En tant que femme de chambre en chef, Pauline avait probablement envisagé que le départ de Madame Dubois la propulserait enfin vers la réalisation de son rêve de devenir gouvernante. Cependant, cette aspiration ne se concrétiserait jamais, du moins pas au sein de cette demeure.

Agacée par ses propres pensées, la maîtresse de maison laissa échapper un soupir.

— Tout va bien, Madame ? interrogea immédiatement Mademoiselle Lambert, toujours prévenante.

— Oui, oui, Mademoiselle Lambert, je vous remercie, répondit Marianne avec un sourire faible, tentant de remettre en ordre ses cheveux légèrement ébouriffés dépassant de sa longue tresse brune.

— Ai-je fait quelque chose qui vous a contrariée ? continua la femme de chambre.

Marianne croisa le regard de Pauline Lambert, qui se tenait droite dos à l'une des grandes fenêtres de la chambre, désormais dépourvues de rideaux.

— Non, Mademoiselle Lambert, ce n'est pas vous. Je rumine dès le matin.

Rassurée, la femme de chambre hocha respectueusement la tête avant d'ouvrir la fenêtre centrale pour laisser entrer l'air frais, comme elle le faisait chaque matin.

Tant Mademoiselle Lambert que Marianne partageaient un sentiment commun : elles méprisaient toutes deux profondément Mademoiselle Leclaircie. Pour des raisons différentes, mais leur aversion envers elle était palpable. Cette femme avait créé une onde de choc dans tout le château : belle, intelligente, respectée, et bien d'autres qualificatifs qui ne laissaient personne indifférent. Marianne avait remarqué les hommes la contemplant avec fascination, même son propre fils Charles, dont le regard brillait en sa présence. Un amusement intérieur l'avait habitée pendant des jours, car son fils avait sûrement rapidement compris qu'elle était loin de son niveau. Elle connaissait les désirs masculins, et son fils n'y faisait pas exception.

Cependant, ce qui l'avait véritablement contrariée n'était pas tant cela, mais plutôt l'attention particulière qu'Henri semblait accorder à Mademoiselle Leclaircie. Son regard pétillant et son comportement inhabituel la perturbaient énormément. Elle soupira, s'asseyant complètement dans son lit. Pauline Lambert se dirigea vers le bureau où elle avait déposé le plateau du petit déjeuner avant d'ouvrir les rideaux. Elle prit le plateau et le positionna de manière à le maintenir sur les jambes de Marianne, assise sur le lit.

Marianne contempla son petit déjeuner, submergée par la nausée, comme chaque matin depuis ce jour fatidique. Elle grimaça, Pauline Lambert quittant la pièce en silence. Alors qu'elle prenait la cuillère posée sur le plateau pour tenter de manger, ses pensées se dirigèrent de nouveau vers Henri. Son cœur battait un peu plus vite lorsqu'elle pensait à ce jeune homme si particulier, gentil et beau. Elle culpabilisait de ressentir ainsi envers leur majordome. Ce n'était pas convenable, mais c'était aussi une trahison envers son mari, qu'elle avait pourtant toujours aimé. Elle avait eu la chance de le rencontrer et de partager avec lui le bonheur de l'amour. Il avait été patient avec elle, mais il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas ce qu'elle avait vécu, ce qu'elle endurait depuis la perte de leur enfant qu'elle avait porté pendant neuf mois entiers mais qu'elle n'avait pas su préserver.

Il ne comprenait pas la culpabilité la rongeant depuis qu'elle avait ressenti un malaise général près de deux mois avant l'accouchement. Si seulement elle avait insisté auprès du médecin... Celui qui n'avait cessé de lui assurer que la grossesse se déroulait bien et que son âge n'aurait aucune incidence sur la santé de l'enfant. Des sottises...

Mais Henri... Lui, il avait toujours compris ce qui n'allait pas chez elle. Il était l'employé le plus loyal et respectueux de la maison. Son mari l'appréciait et l'admirait de la même manière qu'il avait admiré le père de ce dernier. Henri Deveau était un majordome véritablement parfait. Marianne savait que son mari et lui étaient comme de vieux amis, malgré leur différence d'âge et de rang. Dans les derniers mois de sa grossesse, il arrivait souvent qu'Henri Deveau pénètre dans la chambre conjugale avant son mari. Celui-ci était souvent absent et en retard, absorbé par des problèmes liés au domaine, notamment une affaire foncière désormais propriété de la ville de Chantilly. Depuis la révolution de 1830, certains de leurs biens avaient été saisis par l'État, et le problème persistait.

La position d'Henri était particulière dans la maison, car en tant que majordome, le Duc le sollicitait pour des tâches normalement dévolues à son valet de chambre, Jules Bellamy. Le jeune homme, enchanté d'être élevé au rang de valet de chambre attitré du Duc, n'avait en aucun cas contesté la réduction des tâches que Henri effectuait lui-même pour Edouard De Villiers.

Cela expliquait pourquoi le majordome montait toujours à une heure précise dans la chambre conjugale – en réalité, la chambre de Marianne. Lorsque la cloche du Duc sonnait, cela signifiait qu'il appelait Bellamy, et non Monsieur Deveau, donc ce dernier venait plus tard.

En résumé, vers la fin de la grossesse de Marianne, alors qu'elle se sentait de plus en plus mal, elle se retrouvait seule avec Henri dans la chambre conjugale quelques minutes seulement chaque soir, jusqu'à ce qu'il soit rejoint par Edouard. Ils discutaient légèrement, elle déjà installée en chemise de nuit dans son lit, lui debout, droit comme un piquet, les mains gantées derrière le dos. Ses yeux d'un bleu électrique l'avaient émue, et souvent, en discutant de son malaise lié à la grossesse, ils évoquaient également la vie d'Henri lui-même. Une nuit, il lui avait confié que la perte de son père résonnait toujours en lui, telle une douleur sourde et parfois aveuglante.

Puis, lorsque son enfant était mort-né, Henri était là aussi. Après le drame, il gardait le silence, trouvant parfois des mots réconfortants lorsqu'il attendait le retour de son mari.

Et peu à peu, tandis qu'elle cherchait à s'éloigner de son mari, Henri était également devenu plus rare. C'était normal, car il était majordome, pas valet de pied. Son rôle consistait à veiller au bon fonctionnement de la maison. Elle savait qu'elle n'avait pas le droit d'appeler Henri, du moins pas souvent, et pas pour des raisons futiles. Mais il lui manquait, elle ne pouvait le nier. Elle ressentait une légère joie en sa présence. Au fond d'elle-même, elle avait développé des sentiments forts envers lui, un désir inapproprié aussi. Mais que pouvait elle faire maintenant, sinon vivre avec sa culpabilité ? Elle rêvait de ce jeune homme la nuit, alors que son mari dormait dans une autre pièce parce qu'elle l'avait elle-même chassé, prétendant que ses cauchemars ne se produisaient que lorsqu'il était là. Ce qui n'était que partiellement vrai. Elle faisait effectivement moins de cauchemars lorsqu'il dormait dans sa propre chambre, mais elle en faisait tout de même.

Elle ressentait de la honte. Honte de ressentir de telles choses. Elle était dévastée de ne plus éprouver cet amour intense qui la liait autrefois à son mari. Aujourd'hui, elle sentait son cœur s'accélérer alors qu'elle percevait le regard d'Henri fixé sur l'âme de Julia Leclaircie, la première fois qu'il l'avait vue. Elle avait été ravie d'apprendre qu'ils se chamaillaient comme chien et chat. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de se rappeler ce regard brillant, son sourire authentique illuminant son visage, et cette soudaine distance qu'il semblait avoir instaurée avec les autres employées femmes.

Quelques mois seulement s'étaient écoulés depuis l'arrivée de Mademoiselle Leclaircie, et en réalité, rien ne justifiait la haine que Marianne éprouvait envers elle. Elle savait que c'était une sorte de jalousie qui commençait à s'installer en elle et à la dévorer. Ce n'était pas une attitude admirable, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Cette femme était d'une beauté, d'une féminité et d'une jeunesse éclatantes, alors que Marianne De Villiers se sentait vieillie et épuisée. Où avait disparu sa jeunesse ?

Marianne De Villiers était une femme élégante à la prestance royale, affichant une beauté classique et pourtant intemporelle. Ses traits délicats et son expression souvent empreinte de dignité témoignaient d'une grâce innée. Ses cheveux bruns, délicatement ondulés, encadraient harmonieusement son visage. Son port altier et sa silhouette fine reflétaient une certaine assurance.

Les yeux de Marianne, d'un bleu profond, dégageaient une aura de détermination, soulignant son caractère fort et résolu. Sa démarche gracieuse attestait d'une éducation raffinée et d'une élégance naturelle. Elle arborait toujours des tenues sophistiquées mettant en valeur sa grâce innée, en parfaite adéquation avec le rang élevé de son mari, le Duc De Villiers.

Cependant, depuis quelque temps, Marianne ne se percevait plus ainsi. Elle ne se voyait plus comme une femme forte, et encore moins comme celle qui avait captivé le regard de plus d'un homme à l'époque, pas seulement de son mari.


Henri observait avec des yeux brillants Giuditta Pasta chanter. Dans toute son existence, jamais il n'aurait imaginé assister à un tel spectacle et être dans la même pièce qu'une telle grande dame. Depuis plusieurs semaines, Marianne De Villiers s'était mise en tête de réaliser la plus mémorable des fêtes de l'année. Mais pas simplement "mémorable" en termes de taille. Non, quand elle évoquait cette soirée, elle voulait surtout en faire un événement inoubliable. Elle souhaitait, selon ses propres mots, que l'aristocratie s'en souvienne. Et selon Henri, elle avait réussi. Inviter la célèbre cantatrice italienne Pasta avait été une brillante idée.

À l'office, tout le monde était en effervescence en apprenant que cette grande dame renommée, venant d'Italie, allait interpréter l'équivalent d'un opéra dans cette demeure. Et mieux encore, Edouard De Villiers avait généreusement proposé aux membres de l'office de se joindre à eux pour écouter la grande soprano. Un geste très généreux qu'il savait parfaitement que Marianne De Villiers n'apprécierait pas. Mais elle n'en avait rien dit. Du moins, pas en public.

Mais peu importait ce que pouvait penser la Duchesse de Chantilly. Le plus important, c'était qu'ils pouvaient y assister et la manière parfaite avec laquelle l'office, et surtout Mademoiselle Leclaircie, avaient aménagé la grande salle de bal pour en faire une salle de concert : un tapis rouge entre les deux rangées de chaises de part et d'autre de la salle, délimitant une scène où se trouvait un piano, des ornements de fleurs roses éparpillés ici et là.

Évidemment, tous les premiers rangs étaient occupés par les invités du Duc et de la Duchesse, tandis que l'arrière était réservé aux membres de l'office. Henri, debout, droit comme un piquet, comme à son habitude, surveillait le bon déroulement des choses, ne pouvant s'empêcher de ressentir une gratitude envers Monsieur Le Duc pour l'opportunité immense qu'il offrait à ses employés.

Pourtant, bien qu'il fût concentré sur la cantatrice à la chevelure brillante et brune, son attention fut attirée sur le côté. Il tourna la tête et son cœur fit un bond dans sa poitrine à la vue de Julia Leclaircie qui venait de le rejoindre, les mains jointes devant elle, le regard fixé sur Pasta.

Henri put voir les yeux verts de la jeune femme briller et il se demanda à quoi elle pouvait bien penser. Il n'y avait que cette femme pour le distraire d'un moment si important pour lui.

— Vous daignez nous rejoindre, Mademoiselle Leclaircie ? La cantatrice vous intéresse-t-elle moins que le Prix de Diane ? chuchota Henri, avant de réfléchir et de se pencher vers elle.

— Pas maintenant, s'il vous plaît... soupira Julia Leclaircie, s'avançant de quelques pas devant Henri. Finalement, elle recula de nouveau avant de se pencher à son tour vers lui en chuchotant :

— Disons que j'aurais préféré l'entendre chanter les opéras de Rossini, Bellini et Donizetti...

Henri resta figé de surprise, la jeune femme le prenant de nouveau de court avec son intelligence et ses connaissances du monde.

Alors que la gouvernante faisait de nouveau quelques pas pour s'éloigner de lui, le majordome se redressa, les sourcils froncés de frustration. Pourquoi devait il toujours la provoquer ainsi ? Elle semblait aussi le provoquer de temps en temps, du moins c'était l'impression qu'il avait. Mais il ne pouvait s'en empêcher, ce n'était pas qu'il la méprisait ou la détestait. Loin de là, mais quelque chose l'agaçait chez elle. Il ne savait pas si c'était son air hautain, son intelligence ou simplement les mystères qu'elle gardait pour elle. Voilà qu'elle débarquait quelques minutes après le début de la représentation. Que faisait elle durant ces précieuses minutes ?

Henri resta le regard fixé sur la nuque de la jeune femme, ses cheveux blonds attachés en un chignon élaboré l'encadrant parfaitement. Elle semblait si fragile avec sa petite stature, son dos qui paraissait si léger et sa posture rigide, mais aussi ses fines chevilles qui dépassaient de sa robe bleue. Pourtant, elle était si forte, son caractère et son aura figeant n'importe quel employé sur place s'ils avaient le malheur de la mettre en colère.

Le jeune homme sourit malgré lui, les yeux toujours fixés sur Julia Leclaircie. Elle était vraiment magnifique, se dit Henri, la voix mélodieuse et calme de Pasta n'étant désormais plus qu'un murmure lointain pour lui.

« Oui, oui, Mademoiselle Lambert, je vous remercie, répondit Marianne avec un sourire faible »

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