Le Joyau de Nostraria, tome 3...

By casphada

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Attention, ceci est le tome 3 du Joyau de Nostraria. Hestia plongée dans le deuil de son âme sœur Éros depui... More

Introduction
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9 - Eryk
Chapitre 10
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14 - Léandre
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17 - Léandre
Chapitre 18
Chapitre 19 - Eros
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24 - Eros
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35

Chapitre 11

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By casphada

La nuit est claire, c'est la pleine lune. Je sors de plus en plus de nuit quand je ne trouve pas le sommeil. Fëanáro me suit à la trace sans faire un bruit. Personnellement, je ne cherche pas à rester discrète donc la neige craque sous mes pieds. J'aime sentir le léger à-coup lorsque la neige s'enfonce sous mon poids. Je me suis quelque peu enfoncée dans la forêt environnante. C'est ce que j'apprécie ici, il n'y a aucune délimitation entre les jardins ou la propriété du château, nous arrivons directement en forêt et si l'on va trop loin on tombe sur le premier village. Certains pourraient croire que ce n'est pas sécurisé, mais je ne me sens aucunement en danger ici. Des gardes quadrillent le périmètre proche et il y a des tours de guet postées aux alentours.

Après de longues minutes à marcher dans le froid, je me dis qu'il est peut-être temps de rentrer, mes doigts commencent à s'engourdir. Je retire mes gants et fais apparaître un petit feu qui illumine les arbres autour et réchauffe mes mains. Je me retourne vers mon dragon et rapproche le feu de son museau. Il l'observe en clignant lentement des yeux. Il le touche du bout du nez et se déplace rapidement pour frotter sa tête sur mon bras. Je lui souris. Je prends le chemin du château en étant la seule source lumineuse des environs.

En me rapprochant de l'édifice en pierre grise, j'éteins la flamme pour éviter d'alerter les gardes de ma présence. Je n'ai pas spécialement envie qu'il s'imagine qu'un intrus a pénétré jusqu'ici. Si j'en croise, ils me reconnaîtront directement et ne me feront même pas de remarque. Les gardes ont rapidement compris que je faisais des promenades nocturnes et qu'il valait mieux éviter de m'en empêcher ou de me suivre. Je préfère également éviter de me faire repérer par l'un de mes amis. Notamment Ayden. Il risquerait de m'expliquer que mon comportement est dangereux, surtout pour la dauphine du royaume et encore plus maintenant que je suis la seule personne capable de régenter le pays.

Mon regard est attiré par les grandes fenêtres de la salle d'entraînements. Je sais pertinemment qu'il n'y a aucun intérêt à ce que je m'en approche, mais c'est plus fort que moi. La salle est plongée dans le noir, seuls les rayons de lune éclairent l'espace, mais je le vois très nettement. Il est assis sur sa chaise face à la porte et dos à moi. Je sais que deux gardes se trouvent de l'autre côté de la porte, mais personne n'est avec lui, il est seul. Sa tête est légèrement penchée en avant dans une position qui doit être peu agréable. Il a l'air de dormir. Je me rends compte que c'est ma faute s'il dort aussi mal. Est-ce que je n'aurais pas mieux fait de laisser Ayden le mettre dans une cellule dès le début ?

Je sens la rune sur mes côtes se réveiller. J'ai envie d'aller le voir, de m'assurer que ce n'est vraiment pas l'homme que j'ai connu et de comprendre comment ce changement a eu lieu. Sans plus réfléchir, je fais un pas puis un autre et je traverse la brique et le verre qui m'empêchait de l'atteindre. Je regarde mes pieds qui ont laissé une trace enneigée sur le sol, mes bras qui sont inchangés, puis je tourne la tête vers la vitre. Je suis bien dans la salle d'entraînement alors qu'il y a deux secondes j'étais aux côtés de Fëanáro. Le dragon m'observe depuis la forêt. Je ne me pensais pas capable de traverser les murs et pourtant... Je suis encore loin du compte des prouesses que je peux effectuer.

J'observe ses cheveux blancs. Son odeur de résine et de lavande embaume la pièce. Je retire lentement mon manteau et le pose délicatement au sol. Je commande à mes pieds d'avancer, mais ils refusent de m'écouter cette fois. Je reste plantée là, dans la nuit, à observer l'arrière du crâne du prince de Nostraria. Je suis tétanisée. Des milliers de pensées parasites m'obsèdent. Et si je ne le retrouvais jamais vraiment ? Est-ce que je serais capable de vivre en sachant qu'il est vivant, mais qu'il n'est plus le même ? Est-ce que je suis capable de vivre sans lui ? J'ai essayé de m'en persuader à une époque et je me suis vite rendu compte que je me mentais à moi-même. Toutes ces questions m'empêchent de le regarder en face donc je m'assois dos au mur, entoure mes jambes de mes bras et pose la tête sur mes genoux en laissant toutes ces pensées pulluler. Mais que lui est-il arrivé pendant ces mois en Nostraria ? Une larme solitaire dévale ma joue et s'écrase au sol.



Je cligne des yeux en émergeant. Je me rends compte que je viens de m'endormir. Je ne sais depuis combien de temps je dors, ça pourrait aussi bien être des minutes que des heures. Il fait toujours nuit. Ma position a changé, je suis allongée sur le sol et mon dos est toujours contre le mur. Mon regard tombe directement sur Éros. Je me redresse sans le quitter des yeux, quelque chose me semble différent de tout à l'heure.

— Comment t'appelles-tu ? demande-t-il.

Il est réveillé. C'est ça, sa tête n'est plus penchée vers l'avant, mais bien droite. Je ne réponds pas, ne comprenant pas s'il sait que je suis là, s'il a juste senti une présence ou s'il parle juste seul.

— C'est à toi que je parle, petite tueuse.

Je me relève en fronçant les sourcils. Je m'avance lentement.

— Tu préfères me demander comment je m'appelle plutôt que ce que je fais ici ? D'ailleurs, comment le sais-tu ?

— Je sais déjà ce que tu fais ici. Tu es comme n'importe quelle femme... Obsédée par les princes.

J'arrive enfin dans son champ de vision et je surprends son sourire suffisant. Ce côté machiste et réducteur de ma condition me donne envie de lui frapper le nez.

— Est-ce une plaisanterie ? Parce que ce n'est pas drôle.

Son regard bleu glacier rencontre le mien, il est dénué de sympathie.

— Tu n'es donc pas obsédée par moi ?

Je lui suis, c'est un fait, mais pas parce qu'il est prince, bien au contraire. Je ne sais pas comment parler avec lui, ça m'a l'air d'être tout sauf simple.

— Tu n'as clairement rien d'intéressant à dire donc je te souhaite une bonne nuit.

J'ai eu tort d'entrer dans cette pièce, j'ai eu tort d'y rester et j'ai eu tort de lui adresser la parole. Je me retourne pour prendre la direction de la porte, les gardes seront plus que surpris de me voir, mais je n'ai que faire de leurs états d'âme.

— Attends !

Il arrive à me stopper avec un seul mot. J'inspire profondément pour ne pas craquer. Quand je ne le regarde pas, je pourrais presque croire que c'est l'homme que j'ai connu qui me demande d'attendre, alors je le fais bêtement. Je déglutis.

— J'ai cru comprendre que vous cherchiez des informations...

— Que tu ne veux pas nous donner.

— Je te propose un échange de bons procédés, une question contre une question. On a le droit à un joker.

Je me retourne vers lui en cherchant l'embrouille, mais pour la première fois depuis que je le revois il a l'air sincère. Il me lance :

— Ok, Tia ?

— Ne m'appelle pas comme ça.

— Je prends ça pour un oui. Du coup, première question, comment t'appelles-tu ?

Ce jeu me rappelle la Pixie que j'avais rencontrée dans le palais des faes sauf que cette fois-ci les enjeux sont plus importants. Je pourrais comprendre ce qui lui est arrivé, mais je n'ai pas envie de lui révéler quoique ce soit sur l'Edryae. L'avantage étant qu'il ne me connaît manifestement pas du tout alors que je le connais.

— Je m'appelle Hestia...

Il répète mon prénom et je déteste le frisson de plaisir que ce son me procure. J'aimerais lui demander ce qui s'est passé après le dernier combat où je l'ai vu, mais je ne sais pas même pas s'il va savoir de quoi je parle.

— As-tu failli mourir récemment ?

— Si souvent qu'on ne les compte plus, répond-il en m'offrant son sourire en coin.

Cette réponse n'en est pas une. J'ai envie de grincer des dents, mais me retiens. Je n'ai rien appris d'intéressant. Il reprend :

— Pourquoi toutes les personnes que j'ai croisées ont l'air de suivre tes ordres ?

— Parce que je suis le genre de femme qu'on écoute et qu'on oublie pas... je hausse un sourcil.

Il pouffe légèrement et sourit en haussant un sourcil à son tour. J'ignore sa réaction.

— Que t'as donné le roi pour que tu le suives aveuglément ?

— Il a le pouvoir. Celui qui l'a règne, ce n'est pas plus compliqué que ça.

— Je doute que ce soit si facile. Je te croyais capable de suivre ton entendement.

Il hausse les sourcils comme si j'étais idiote et que je ne comprenais pas le monde dans lequel nous vivons.

— Revenons sur le fait que tu es obsédée par moi. Tu l'es ?

Il s'assoit plus profondément dans son siège, il a l'air tellement à l'aise qu'on pourrait croire qu'il a placé ses mains dans son dos volontairement. Je le regarde de haut en bas, je pense lui mentir, c'est le choix qui semble s'imposer, mais je ne le choisis pas.

— Oui.

Il cligne trois fois d'affilée des paupières. Je l'ai surpris, soit il ne pensait pas évoquer une vérité, soit il pensait que je lui mentirais.

— As-tu déjà été dans le royaume des faes ?

— Quoi ? Non. Très peu de mages y entrent et encore moins en sortent.

Il fronce les sourcils comme si je ne jouais pas vraiment le jeu en posant des questions idiotes. Ce qu'il ne sait pas c'est que connaître cette information m'est très important. À présent, je m'en rends compte qu'il a oublié le temps passé avec moi. Nous sommes allés deux fois dans le royaume des faes et il n'en a aucun souvenir.

— Bref, je dois te poser ma question. Tu as parlé de ton âme sœur morte.

J'attends une suite qui ne vient pas. Je me braque.

— Ce n'est pas une question.

— Comment est-elle morte ?

Mon regard se perd dans l'obscurité qui se trouve dans le dos d'Éros. Nous sommes toujours au beau milieu de la nuit. Je revois l'homme assis en face de moi se faire embrocher. Je cligne lentement des yeux avant de les tourner à nouveau vers le prince.

— Une épée dans le cœur. Dis-je froidement.

— En tout cas, ça a l'air de t'atteindre, répond-il avec sarcasme.

Si seulement il savait à quel point...

— Et toi, tu connais ton âme sœur ?

Cette question m'échappe. La réponse ne me sera d'aucune utilité et pourtant je brûle d'impatience de la connaître.

— C'est une histoire à dormir debout que nous comptent les anciens. Les âmes sœurs ne servent qu'à nous faire croire en l'amour, mais il n'existe pas. C'est une affabulation de poètes.

Sa réponse me coupe les jambes. J'en reste bouche bée, il m'a avoué son amour, il me l'a démontré. Pendant quelques secondes, j'avais oublié que je ne parlais pas à l'homme que j'aime. C'est un inconnu et je ne dois pas me bercer d'illusions, c'est pourtant ce que je fais en lui parlant, en cherchant une once de l'homme qu'il était. Je me ressaisis et essaie de donner le change.

— Quelle vision pessimiste.

— Parce que le monde est plus beau quand son « âme sœur » est morte ? Oh attend, je n'ai pas vraiment répondu à ta question précédente. Oui, je connais mon âme sœur.

Ma mâchoire m'en tombe. Je le regarde perplexe dans l'attente d'une suite, mais il ne continue pas sa phrase. Qu'attend-il ? Il veut sérieusement que je réponde à sa question ... Comment peut-il connaître son âme sœur en pensant que la mienne est morte ? Je me résigne à répondre :

— Non, il ne l'est pas. Qui est-elle ?

— En venant d'Edryae je doute que tu la connaisses. C'est ma meilleure amie, Ann...

— Anna-Livia ? C'est une plaisanterie ? Si c'est le cas, ce n'est pas drôle.

La colère a pris le pas sur mes émotions. Ma réponse a fusé et à présent je reste bloquée face à lui. J'explore son regard en cherchant une once de plaisanterie. J'attends qu'il m'avoue se moquer de moi. Il ne le fait pas, une douleur sourde remonte dans ma poitrine et me bloque la respiration. Il ne peut pas croire cette affabulation... Le pensait-il quand on s'est rencontré ? Je me retourne pour éviter le regard bleu qui me sonde. La jalousie m'étreint, je regrette toutes les fois où je me suis retenue de frapper ce poulpe. Est-ce qu'elle lui a fait croire qu'elle était son âme sœur en apprenant que je n'étais plus dans l'équation ? La question ne se pose même pas, il est évident que oui. Elle n'attendait qu'une chose, c'est que je parte et qu'il m'oublie.

— Je dois répondre à ça ? Ça fait partie de tes questions ?

— Quoi ? Non, c'était plus rhétorique qu'autre chose, je lui lance un regard rapide avant de me tourner à nouveau vers la porte. Je ne joue plus, je dois y aller.

J'ai besoin de réfléchir à cette information, j'aimerais lui poser plus de questions, mais pas ce soir. Si je reste dans cette pièce et que je l'interroge plus en détail, je risque de vouloir aller en Nostraria pour tout brûler et en particulier une femme aux yeux roses. J'essaie de déconnecter mon cerveau parce que mes yeux commencent à me picoter et il est hors de question que la tristesse m'atteigne à nouveau. Je fais un pas puis un autre, j'arrive finalement devant la porte. Les gardes vont paniquer, mais je préfère de loin cette option que l'idée de rester ici. J'ai la sensation que je vais étouffer. Avant que ma paume n'atteigne la poignée, je suis tirée en arrière et une main se plaque sur ma bouche. Je sens un souffle contre mon oreille.

— Je n'en ai pas fini avec toi. J'ai encore quelques questions et tu vas me suivre gentiment, me glisse Éros.


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