L'habit ne fait pas le moine mais qu'en est-il du comportement ?
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J’emmène bb Maty prendre une glace à la demande de Ibrahima qui devait répondre à un coup de fil. Sur le chemin, plusieurs personnes la saluaient tendrement. « Princesse Maty » l’appelaient-ils. J’avais l’impression d’avoir affaire à une célébrité.
- Mais dis donc tu ne serais pas une star de Disney par hasard ?
Bb Maty : en quelque sorte oui. c’est possible.
- Tout le monde te connait ici. Waouh je me sens privilégiée d’être auprès d’une mini star comme toi. Je suis à votre service mademoiselle.
Bb Maty : mais c’est rien voyons. Je leur ai manqué c’est tout. Je ne viens que les rares fois où papa m’y autorise. Et ça fait loooonnngteemmmps que je suis pas venue.
Je rigolais à cette phrase. A l’entendre parler on croirait que c’est une ado.
- Ah bon ? tu as quel âge princesse ? Tu te rappelles de quand tu es venue la dernière fois.
Bb Maty : j’ai 6 ans. Je m’en rappelle car on me montre souvent des photos de moi avec des gens ici donc je reconnais quelques visages et prénoms. Et certains viennent voir papy ou papa à la maison pour travailler. Sinon je venais souvent je le sais. Tu veux dire que je suis trop petite pour m’en rappeler.
Pas du tout. C’est normal pour toi tu es une grande et intelligente.
Elle me regardait et n’avait pas l’air convaincue mais ne s’en vexait pas.
Je comprends mieux. C’est la théorie la plus probable. je me rends compte d’à quel point elle est intelligente et s’exprime bien. Elle est très bien éduquée. Je n’en attends pas moins de la petite fille de tonton Ibrahima. Cette gamine a déjà un très bon mentor.
On arrive au stand de glaces près du restaurant. On y achète rien tout est à la portée des salariés et gratuit. Elle choisit une glace parfum chocolat vanille et choisit la même chose pour moi. Il faut dire que je ne suis pas une grande fan de chocolat mais pour elle c’était avec plaisir. Les pauvres gars qui ont eu à m’en offrir lors de saint-valentin pour m’impressionner m’ont vite vu dégainer le carton rouge.
Nous continuons un peu à papoter assises sur une table et à manger nos glaces. Elle m’informe qu’elle est première de sa classe et qu’elle adore la lecture et les moments en famille. Mais qu’elle n’aime pas aider avec une quelconque tache ménagère. Elle me confie avoir une petite soeur Aida, sa « princesse » à elle. Dafa wanei l’enfant là.
Intriguée par l’enthousiasme qu’elle avait à me regarder sa vie je lui demande.
- Pourquoi tu me racontes tout ça ? Tu me fais déjà si confiance ?
Bb Maty : non c’est pour que tu m’aimes bien.
- Mais tu es à croquer tout le monde est gaga de toi tu es adorable.
Bb Maty : hein hein. Pas tout le monde. Tata Awa par exemple ne m’aime pas trop car je lui demande souvent de rester chez elle au lieu de trainer à la maison en cachette.
Je rigolais mais j’étais loin de m’imaginer ce qu’Awa y faisait. ( À suivre )
- Ay bb Maty sérieusement ? Awa? Mais c’est normal elle fait son travail. Donc ton papa travaille ici ?
Bb Maty : oui je suis venue le voir aussi. Mais il ne le sait pas.
-C’est une très belle initiative. Il sera très content. Et c’est qui ton papa ?
Avant même qu’elle n’aie eu le temps de répondre, j’entends une voix féminine s’adresser à moi sur un ton plutôt désagréable.
…: qu’est ce que vous avez à poser à cette gamine toutes ces questions ? loussi sa yoon ?
- Pardon ? Qui êtes-vous ?
…: Maty diaral ni gnou dem. koo guiss wakhko sa biir ak sa biti. Dinga si am bess.
La fillette était toute refroidie. Et hésitait à la rejoindre. La jeune femme sûrement la trentaine avait le teint très clair et était en mini robe noire avec une fermeture dorée tout le long au milieu avec en plus un décolleté. Sur la tête, une longue perruque blonde. Des boucles d’oreilles extra. Elle portait des sortes de pantoufles en fourrure. Tout était too much chez elle : ses cils, ongles, maquillage de la bouche. Son style ne passait pas inaperçu et pas pour les bonnes raisons.
….: ioe dngamay fonto wala ( tu te fous de moi ). Suis-moi immédiatement.
- Cette enfant n’ira nulle part. Vous vous prenez pour qui ? Elle est sous ma responsabilité. Makoy yobou diko indi.
Elle rigole visiblement choquée par mes propos.
… : laisse-moi deviner. Tu viens à peine de croiser cette fillette et tu te crois déjà être sa tutrice ? Sokhna si oser nga deh ioe khmnga may kane. Mane la Zara. Fi keineu yabouma fi. boma yabei danga ma fekk May nelaw wala khana nga dof.
- Ak ko meunti done je m'en tape. KHale bi bouger woul d’un iota. Sama lokho lenko tek tek si lokho kokou lakoy teguat.
Une foule s’était déjà réunie autour de nous mais personne ne semblait oser l’ouvrir ( la bouche ).
Elle se rapproche de moi pour m'intimider et j’en fais de même. Je suis prête à lui en coller de ces baffes.
Zara : que je ne me répète pas. Laisse cette gosse ou tu verras de quel bois je me chauffe. bo khamone May Kane do am fitou oubi sa guat gui di am lomay wakh.
- toi on a élevé les cochons ensemble ? Je vais t’en coller une que tu n’es pas prête d’oublier sale garce. Tu t’es vue tu n’as rien de respectable ni habillement ni comportement. Ton genre là damalay nokkeu banga doul.
Elle recule et commence à crier et à s’adresser à la foule autour.
Zara: guissngen deh yayou Maty lay nokkeu neina. Elle veut me tabasser parce que je veux être près de ma fille la protéger. Vous êtes tous témoins.
- Ya meuneu doul Foy diar ba diour ki. Une maman ne parlerait pas comme ça à son enfant. yein wakhlein ngen oubi sen guemigne yi rek aka kholei. ( je m'adressai à cette foule de spectateurs).
Même être sa mère ça ne t’autorise pas à te comporter de la sorte.
Ils m’énervaient de par leur mutisme. Seuls un chargé du gardiennage et Adji essayaient de me calmer tellement j’étais furax. La folle par contre souriait mesquinement.
Zara: tu ne comprends toujours pas. Maintenant c’est la police que je vais appeler on dirait que tu veux me voler ma fille.
_ Quelle fille ? Prouve moi que c’est ta fille.
Je me tourne vers bb Maty pour avoir une confirmation ou non de ce qu’elle disait. Mais elle gardait la tête baissée.
Je relève doucement sa tête et m’aperçois qu’elle avait les larmes aux yeux. Elle était toute triste. Je m’agenouille pour me mettre à son niveau.
- Maty ? C’est qui cette dame pour toi ?
La peste se hâte de répondre à sa place.
Zara: sa mère.
- Ladioumala ioe.
Je continue avec Maty.
- C’est vrai ce qu’elle dit ?
Elle hoche la tête pour dire oui. J’étais bouche bée.
Zara lui ordonne à nouveau de la suivre. Elle marche timidement vers elle. Se retourne pour me dire « pardon » ce qui m’a donné la larme à l’oeil.
Je ne m’en remettais pas de choc j’étais sceptique jusqu’à ce qu’une autre fillette arrive en courant et criant « titi » « titi » suivie de celle qui semble être sa nounou. Maty retrouve vite sa joie de vivre. Les deux fillettes s’embrassent affectueusement en rigolant et sursautant.
Et là coup de massue. Zara me dit fièrement.
Zara: oh et elle c’est Aida. sama thiat bi ( la benjamine ) rakkou Maty. Elle saisit la main de l’une d’elle et toutes les quatre s’en vont me laissant là perdue.
Un autre scandale. Là encore je n’ai le soutien de personne. Comment réagira tonton Ibrahima ? Il m’aime comme sa fille mais là c’est sa famille. Il risque de m’en vouloir. Comment devrais-je me défendre face à la mère de sa petite fille ?