Une semaine
Voici une semaine que je n'ai eu trace de son existence. Une longue semaine que je n'ai ni entendu sa voix, ni humé son odeur. Mais surtout, une longue semaine où ma vie a reprit son ancien cours; Jade se comportant avec moi tel un enfant, et Shane gardant un oeil sur moi pendant tout le temps. On dirait qu'il a même oublié le baiser, sans citer qu'il m'a complètement ignoré quand je lui ai posé la question.
Sept jours
Je l'ai attendu sept jours, et chaque jour a été plus dur que l'autre. J'ai été là, seule dans le noir, le vent me fouettant la peau, même moment, même place.
J'ai attendu désespérément jusqu'à la fin de la semaine, avec cette petite lueur d'espoir qui brille bien au fond de moi et qui a fané de jour en jour, me disant qu'il a peut-être un problème, mais je suis finalement arrivée à me convaincre que personne ne voudra jamais d'une aveugle.
Je ne sais pas comment ni pourquoi mais sa présence me manque horriblement. C'est comme s'il comblait un vide en moi. C'est le seul qui se comporte avec moi comme étant normale, et qui me laisse m'exprimer comme libre je le veux.
Parce que des 'Mais ta gueule tu ne vois même pas pour parler' ou 'Tu ne peux pas savoir, tu ne vois rien'; j'en ai eu vraiment beaucoup.
Honteuse
Pendant le septième jour, je me suis encore une fois enfermée dans ma chambre. J'ai eu une de ses pensées qui me rongent; pourquoi moi ?
Lors de l'accident, j'avais à peine eu mes dix ans. Mes deux soeurs étaient saines et moi, j'ai perdu la vue. À me voir, on dirait une fille toute normale. Je ne mets pas des lunettes noires, je veux paraître normale. Dans le concervatoire, quelques garçons se sont approchés de moi à mon arrivée. Et puis quand il l'ont su, ils sont partis.
Un peu comme Harry.
Il y avait une partie au fond de moi qui savait qu'il allait partir, d'un jour à l'autre. Et c'est pour cela que je déteste m'attacher aux gens, parce qu'ils finissent par partir, tous.
Ce soir-même, une autre pensée étrange a surgi dans ma tête; et si Harry n'était qu'une part de mon imagination ? Et s'il n'existait que dans ma tête ?
Anne est arrivée hier, elle n'a fait que de balancer tout en pleurant et criant comme une folle. Pas besoin de préciser que Jade a fait la maman.
Elle parle au téléphone pendant des heures, ne me prêtant pas attention.
-Vas-y assume ! Depuis qu'on est arrivé tu te caches connard! C'est bon, c'est ce que tu voulais hein ? -pause- Moi aussi, j'en ai marre de toi !
Ne comprenant rien, je fronce des sourcils et commence à jouer nerveusement la symphonie pour l'audition de classe. J'entends Anne jeter son téléphone sur le lit.
-Arrête merde ! Me crie-t-elle.
Déconcertée par la force de sa voix, je respire et appuie une main sur ma poitrine, lâchant l'archet par terre.
Je soupire, me levant pour faire mon chemin à la salle de bain avant de m'endormir.
Je me lave le visage, mais les larmes chaudes ne cessent toujours pas de couler.
Je tâtonne pour retrouver mon démaquillant mais quelque chose me fait froncer les sourcils. Je connais cette salle de bain par coeur, et pourtant, je ne reconnais pas cet objet.
-Jade !
Elle ouvre la porte, Oui ?
-C'est quoi ça ? Je lui tends l'objet.
Elle reste silencieuse un instant avant de murmurer à elle-même, Positif.
-Hein ?
-Putain Anna je vais te tuer ! Crie-t-elle.
Elle court vers celle-ci et je la suis, essayant de précipiter mes pas sans tomber.
-C'est à toi hein ? Hurla-t-elle.
-Quoi ?
-Ce putain de test de grossesse est à toi !
-Oui c'est à moi, répondit Anna simplement.
-Espèce de salope je vais te tuer.
J'entends des fracas suivis des cris d'Anna et j'apporte mes mains à mes oreilles en m'appuyant contre le mur.
-S'il te plait Jade, arrête, murmurai-je.
-Tu n'es ni ma mère ni mon père pour me juger ! Je fais ce que je veux dans ma vie !
-Tu es ma putain de petite soeur merde ! À 16 ans ? Mère à 16 ans ?!
Un petit blanc s'installa avant que Jade ne souffle, Qui ?
-Max.
Elle la gifle violemment.