Stay Alive ||| Tome 1

By jen_x_tyler

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Entre la souffrance et l'amour. --------------------------------------------------------- Être aimé est une c... More

0 ||| Dédicaces
0.2 ||| Préface
1 ||| Jenny
2 ||| Tyler
4 ||| Tyler

3 ||| Jenny

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By jen_x_tyler

J'ouvre lentement les yeux. Il faut du temps à ma vue pour devenir nette. Quelques rayons de soleil se glissent à travers les rideaux. Je me redresse sur mon lit et m'assois au milieu des draps. Mon regard se fixe dans le vide. 30 secondes me suffisent pour me rendre compte de ce qui s'est passé hier soir. Je me passe en revu les évènements dans l'ordre. Le stress de l'attente des résultats, la fierté d'avoir été appelée en deuxième position dans le classement, la sensation d'avoir tenu ce diplôme et d'avoir donner un sens au clou dans le mur. Et pourtant, même si c'est une grande chose dans ma vie, ce n'est pas la chose qui m'a le plus marqué. L'inconnu. Qui n'est plus si inconnu que ça finalement. Cet homme, Tyler, qui m'a écrit hier. Je sais que c'est mal de faire ça mais ce garçon a l'air d'avoir vraiment besoin d'aide. J'ai l'impression de me sentir utile et, croyez-le ou non, ça m'aide aussi. Même si ça ne fait que quelques heures, je sens déjà un changement à l'intérieur de moi. Ça aurait pu être négatif mais là, c'est positif.

Je me lève et me dirige vers la fenêtre. Je tire les rideaux, laissant un flot de lumière entrer dans la pièce, puis j'ouvre la fenêtre Il n'est que 8h30 et les rues sont déjà bien actives. La mienne en tout cas. J'appuie mes coudes sur le rebord et contemple le seul paysage qui s'offre à moi. Les embouteillages ne sont pas à leur apogée mais déjà, les voitures, taxis - les fameux taxis jaunes américains - et bus se pressent sur la route. Je pose le menton entre mes bras et reste quelques minutes comme ça, mon regard parcourant la rue, s'arrêtant parfois pour se fixer sur un point dans le vide, contemplant la productivité de cette rue, en pensant que cette journée ne le sera pas pour moi. Je n'ai pas cours. Mes vacances ont commencé. Il est bientôt 9h et j'aimerai continuer ma nuit encore 2 petites heures mais il n'y a plus aucune trace de sommeil en moi. Je me traîne jusqu'à la cuisine, ouvre un placard, prends une tasse à l'intérieur et la pose bruyamment sur le plan de travail. J'y appuis les deux mains et regarder le mug de céramique, l'observe sous tous ses angles, comme si je cherchais quelque chose. J'examine chaque centimètre carré, chaque petit détail, chaque parcelle de peinture légèrement craquelée. Je redessine du regard la lettre J, joliment tracée avec de l'encre dorée. Mais je ne trouve rien. En même temps je ne sais pas vraiment ce que je cherche. Je cherche quelque chose à l'intérieur de moi, peut-être. Mais quoi ? Une émotion ? Un souvenir ? Une idée ? Je me redresse, ouvre le réfrigérateur et prends la bouteille de lait dans la porte. Pendant que le lait chauffe, je verse 2 cuillères de chocolat en poudre dans ma tasse. Une fois le lait chaud, je l'ajoute au chocolat, prends le mug brûlant et retourne dans la pièce d'à côté, où je pose mon mince petit-déjeuner sur le bureau. Je me laisse tomber sur la chaise et regarde lamentablement la table blanche, jonchée de carnets, de fiches de révision et de stylo. Je soupire, bois une gorgée de chocolat chaud et me lève. Je jette un regard circulaire autours de moi.
Les livres sont entassés sans logique apparente dans ma bibliothèque et j'arrive à distinguer le désordre évident qui règne dans ma chambre, de l'autre côté de cette large ouverture dans le mur, faisant de ma chambre et de ce que je pourrais appeler mon bureau deux pièces distinctes mais ouvertes l'une sur l'autre. Cet appartement était celui d'un ami à mes parents, qui l'a donné à mon grand frère quand il était à l'université et j'en ai hérité quand il s'est acheté son propre logement, plus près du commissariat, là où il travaille. Je l'ai pris déjà meublé, je n'ai pas eu besoin de racheter grand chose. Je m'y sens chez moi mais je n'arrive pas toujours à le garder parfaitement organisé.
Je me décide : je range. Je m'attaque d'abord au bureau : je trie mes fiches de révisons et mes fiches de notes pour les ranger dans différents classeurs de couleurs, répartis mes stylos et mes feutres dans des pots en verre, aligne mes carnets sur l'étagère murale au dessus du bureau, poussé contre le mur. Je sépare mes livres de cours et mes classeurs de mes lectures personnelles et les range de façons stratégiques, selon moi, mais surtout esthétique. Je débarrasse le petit canapé de toutes mes vestes et manteaux et accroche ceux-ci au porte-manteaux, à côté de l'ouverture qui mène à la cuisine. À croire que cet appartement n'a pas de porte. Je jette un coup d'œil à la cuisine au passage. Temps que je suis là, autant la faire maintenant. J'ouvre le frigo et suis surprise de l'ordre qu'il y règne. Les œufs, les yaourts, les bouteilles et tout le reste sont à peut près à leurs places, j'ai juste à bouger certains aliments pour que ce soit parfaits. J'espère qu'il en sera de même avec les placards. En effet, les assiettes, les verres, les bols, les tasses son ordonnés, ainsi que chaque autre élément de cuisine. Je suis ravie : ça m'enlève du rangement. Je retourne dans mon bureau, vérifie que tout est en ordre et m'attaque maintenant à la salle de bain. Je m'en rajoute mais à la vue de mes produits rangés n'importe comment sur les étagères et ma serviette mal étendue sur le séchoir, je me dis que j'ai bien fait de prendre cette première matinée de vacances pour ranger, quite à recommencer le mois prochain, autant partir sur de bonnes bases.

|||

Je m'étends sur mon lit. Mes bras et mes épaules me font mal, les courbatures me brûlent les muscles mais je suis satisfaite : mon appartement est rangée, de fond en comble. Ça tiendra, quoi, une semaine ? Deux ? Un mois ? Mais au moins, je me sens bien. C'est ce qui compte non ? Je m'assoie sur les couvertures parfaitement lissées, qui ne le sont plus trop après mon passage, et constate que je suis toujours en pyjama, un short blanc et un t-shirt court de la même couleur. Je me lève et ouvre mon placard. Certains vêtements de différentes couleurs sont accrochés à des cintres blancs alignés sur la tringles et certains sont soigneusement pliés et empilés sur les étagères à côté. Je prends un jogging et un t-shirt large et m'habille. Je prends un élastique sur ma table de nuit , m'attache grossièrement les cheveux en chignon et m'assoie devant mon bureau. J'attrape une feuille, une palette d'aquarelle et un pinceau. Le dessin était ma porte de secours quand mes crises d'angoisses ont commencé. Ça me permet de m'évader, de me comprendre, de me libérer.
Je trempe mon pinceau dans le pot d'eau et le passe ensuite sur une couleur au hasard. Je ne réfléchis pas. Ma psy me disait, quand j'étais ado, que faire quelque chose sans réfléchir pouvait révéler une chose inconnue sur nous. À voir. Je n'ai jamais testé sa théorie. Mon cerveau est tout le temps actif, je réfléchis en permanence.
Je lâche prise, pose le pinceau sur la feuille et commence à tracer des courbes et toutes sortes de formes. 30 minutes après, je le retrouve avec une masse informe de nuances noires, grises et blanches. On dirait comme... un visage. Un visage triste. Une idée me traverse la tête et je ne prends pas le temps de l'étudier : j'attrape un pinceau plus fin et me remets à peindre sans plus réfléchir. Quelques minutes plus tard, je me retrouve avec un visage sans couleur, gris, triste. La seule touche de couleur se trouve au niveau des yeux et des lèvres. Des lèvres de taille moyenne d'une couleur rouge intense. Le même rouge que l'on retrouve en train de couler des yeux de mon personnage. Ai-je voulu représenter du sang ? La mort ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que cette œuvre foot avoir un sens profond. Mais peut être pas pour moi.

Je prends mon téléphone posé sur une étagère de la bibliothèque. 12h30. Déjà ?! Ranger un appartement de 50m² et faire une aquarelle simple, comportant peu de couleurs et de détails, m'a pris autant de temps ? Peut être. Je n'ai pas regardé l'heure depuis que je me suis levée, et quand je suis absorbée par ce que je suis en train de faire, il m'arrive parfois de perdre la notion du temps. Mais je ne pensais pas que c'était à ce point-là. Je repose mon téléphone et me rends compte que la faim commence à se faire sentir. Je n'ai rien manger depuis hier soir mais je ne me sens pas assez énergique pour cuisiner quelque chose de bien élaboré. Je vais dans la cuisine, ouvre le frigo, attrape 2 œufs, du lard et une tomate fraîche et pose tout ça sur la table. Je sors une poêle d'un placard, la pose sur la plaque de cuisson, dépose deux tranches de lard et casse mes œufs dedans, sur une fine couche d'huile. Pendant que le "repas de la flemme" comme l'aurait appelé mon père cuit, je mets deux grandes tranches de pain brioché dans le grille pain. Après l'avoir lavée, je coupe la tomate en rondelle et les poses dans une assiette. J'y ajoute les tranches de pain grillées sur lesquelles je dépose le lard et les œufs au plat. Je sors un verre d'un placard et le remplis d'eau. Je sors un couteau et une fourchette d'un tiroir, les place en travers de l'assiette et porte mon repas jusqu'à la petite table devant le canapé. Je vais chercher mon ordinateur, le pose sur la table et l'allume. J'ai enregistré certains de mes films préférés dessus, il y a quelques temps, et il m'arrive parfois de m'accorder une soirée sans travailler pour me poser devant un film. C'est rare. Très rare. Mais j'aime bien ces petits moments où je peux me retrouver avec la moi adolescente et sa passion pour les films romantiques. Je n'ai jamais été en couple mais l'amour me fascine d'une certaine façon.
Je clique sur l'icône de mes dossiers, puis dans mes dossiers personnels et choisis de regarder West Side Story. Un de mes films préférés. L'histoire d'un amour impossible entre Maria et Tony à cause de la relation de leur deux "familles", comme une version plus moderne de Roméo Et Juliette. J'ai dû regarder ce film des dizaines de fois, pendant mes années de collège-lycée, allongée sur le canapé, avec une couverture, du chocolat et, souvent, la détresse de ne pas être aimée. J'ai été amoureuse. Souvent. Très souvent. Trop souvent, je pense.
Je m'installe confortablement et commence mon film. Je coupe un morceau d'un de mes toasts et mords dedans. L'onctueux jaune d'œuf coule dans ma bouche et répand un goût salé sur mon palais. Un souvenir si proche du temps où les crises d'angoisse ne faisaient pas partie de moi. J'ai l'impression de pouvoir le toucher du bout du doigt alors qu'en réalité, c'est loin. Très loin.

|||

Je pousse la porte vitrée d'un local, entre une boutique de vêtements vintage et un salon de thé authentique. C'est une pièce assez grande, aux murs d'un blanc laiteux. La devanture vitrée laisse passer un flot de lumière, éclairant un petit comptoir, blanc lui aussi. Derrière ce bloc de pierre lisse, une femme me sourit, la tête légèrement penchée sur le côté, le regard espiègle. C'est Lily, ma meilleure amie. Je n'ai pas gardé beaucoup de contact, après le lycée. Pour ne pas dire aucun. Et de toutes façons je ne suis pas quelqu'un de très ouvert aux gens, de très sociable. Je n'ai plus que Lily, maintenant que la vie d'étudiante et les soirées, voire même les nuits entières, à réviser m'ont rattrapée.On se connaît depuis un peu plus de 2 ans maintenant et elle me connaît par cœur. Elle est toujours là pour moi, dans les moments les plus difficiles. mais parfois, j'ai tendance à oublier sa présence et à m'enfermer seule avec mes problèmes. J'arrive toujours à remonter, même si ça prend du temps. Je n'en serais pas là aujourd'hui sinon. Elle est étudiante en art et passe son temps libre à travailler pour le salon de thé voisin, en louant ce local et en proposant et toutes sortes de gens de venir exposer leurs œuvres gratuitement. Elle y expose de tout : des peintures à l'huile, des aquarelles, des dessins au crayon, des sculptures, en bois, en métal, en argile. Les intéressés viennent dans cette espèce de petit musée, contempler les créations de ces inconnus talentueux. La plupart reparte avec un tableau acheté, parfois 2. Ce sont des pièces uniques.

Je m'avance vers Lily, le sourire aux lèvres et pose sur le comptoir blanc une dizaine de tableaux, enveloppés dans du papier kraft.

- Alors Jen, qu'est-ce que que tu nous as apportés cette fois-ci ?

Elle détache la ficelle qui tient le papier en place, découvrant ainsi mes peintures. Elle les aligne sur la surface lisse du comptoir afin de pouvoir avoir une vue d'ensemble. Il y en a de toutes les sortes, pour tous les goûts : des paysages, des portraits, des formes tracées au hasard, abstraites, des représentations colorées, vives et d'autres plus ternes et sombres. Lily me regarde en souriant puis porte son regard à sa montre.

- On a exactement 10 minutes et 36 secondes pour choisir quels tableaux on expose et quels tableaux on vent. T'as une idée de ce que tu veux ?

- Surprends-moi !

Elle semble aux anges et choisis 6 tableaux qu'elle place sur les étagères derrière elle, pour les vendre, puis va disposer les 4 autres sur les clous et les étagères destinés à l'exposition. Je souris. Je m'avance jusqu'au tableau que j'ai réalisé quelques minutes auparavant, ce visage si triste, dont les larmes de sang coulent le long des joues. J'effleure la surface du papier à grain du bout des doigts. Une signification si profonde que je n'arrive même pas à tout démêler. Mes pensées sont encore floues.

- Tu stresses, Jen ?

Lily pose la main sur mon épaule. J'étais tellement plongée dans ma pensées que je n'ai même pas remarqué que je commençais à trembler. Je me tourne vers elle.

- Non. Enfin je sais pas. Tu crois que ça plaira ?

Elle regarde le tableau. Elle m'attire contre elle, je pose ma tête contre la sienne.

- Je suis sûre que quelqu'un y trouvera son propre sens. Tu sais, il y a des habitués qui sont souvent tristes. Peut être qu'ils se retrouveront dans ce tableau...

|||

Ça fait presque 1 heure que nous avons ouvert et déjà, plusieurs personnes sont venus, certains même ont acheté quelques tableaux. Ils sont chaleureux, ouverts d'esprits et généreux. C'est dans ce genre de moments que je me rends compte à quel point la présence de gens biens peut être réconfortante.

La cloche de l'entrée tinte. Un homme, d'environ 20 ans entre. Il est assez grand, je dirais 1m80, ses cheveux courts et bruns semblent d'une douceur inouïe, il porte un sweat large blanc, un pantalon noir et des Vans aux couleurs délavées. Il se dirige vers le fond de la salle, comme s'il voulait éviter les regards. Sa démarche trahit une certaine insécurité. Il s'arrête devant un tableau sombre et le regarde intensément, comme s'il voyait une partie de lui même, ou un être cher. C'est mon tableau. Celui que j'ai fait ce matin.

- Il vient souvent. Il ne parle à personne et reste toujours en arrière plan. Et c'est toujours ce genre d'œuvres assez sombres qu'il regarde. Très souvent les tiennes, d'ailleurs.

Je me retourne vers Lily. Elle regarde le garçon d'un air désolé.

- Il n'a pas l'air bien, si tu veux mon avis. Tu devrais aller le voir.

- Moi ? Pourquoi ?

- C'est ton tableau. Peut être qu'il se demande la réel signification derrière des couches de peintures séchées.

- Lily, tu oublies que je ne sais pas parler aux gens. Je ne suis pas ce genre de personnes.

- Essaie. Je ne pense pas qu'il soit très à l'aise lui aussi avec les gens, au moins, vous serez deux. Et peut être qu'une présence suffira.

Sur ses mots, elle se dirige vers un groupe de personnes, me laissant en plan, mitigée entre la tentation d'aller voir ce garçon et celle de rester clouée sur place, jusqu'à ce qu'il n'y aie plus personne. Je jette un coup d'œil au garçon, derrière moi. Je me dirige vers lui et m'arrête à quelques centimètres de son épaule. Je sens un frisson me parcourir le corps. Peut être le fait d'innover ma sociabilisation. À moins que ce ne soit la personne qui me fait cet effet là, et dans à la pensée que ça puisse être le cas, une vague de panique m'envahit. J'ai l'impression de sentir le jeune homme trembler aussi. Il tourne la tête vers moi. Ses yeux, d'une marron intense, paraissent refléter une immense tristesse, et toujours ce sentiment d'insécurité que l'on retrouve dans sa posture. C'est là que je l'ai remarqué. Ce petit trait rougeâtre, dépassant de son col. Qu'est-il arrivé de marquant à ce garçon pour le pousser à se faire du mal comme ça ? Peut être que je dramatise et que cette marque est juste le fruit d'un accident ou d'un trait de stylo. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser au pire des cas, celui où la personne qui me regarde n'est réellement pas bien et se fait réellement un mal qui peut le mettre en danger.

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