La nuit étendait son manteau obscur sur La Rochelle, et l'atmosphère pesait comme une chape de plomb. J'essayais désespérément de contacter Théodonice, mais son absence au bout du fil suscitait en moi une angoisse grandissante. Mes doigts tapotaient frénétiquement l'écran de mon téléphone, cherchant un signe de vie de ma meilleure amie. Rien.
La panique commença à s'emparer de moi, faisant naître des visions sombres de ce qui pouvait arriver à Théodonice. Gloriel, l'ange chargé de ma protection, s'approcha de moi dans l'obscurité, un regard empreint de préoccupation.
"Léonie, tu devrais appeler ton père. Il sera le seul à pouvoir t'aider à sauver Théodonice des griffes de Lucifer et Lilith." suggéra-t-il d'une voix douce.
Je m'accrochais à cette idée comme à une bouée de sauvetage. Mes doigts tremblaient alors que je composais le numéro de mon père. La tension monta en moi à mesure que la sonnerie persistait, jusqu'à ce que son timbre grave résonne finalement dans l'obscurité.
"Que se passe-t-il, Léonie ? demanda-t-il d'une voix calme mais alerte.
— Théodonice est en danger ! Sanglotais-je.
— Comment ça ? Dis-moi ce qu'il se passe ! ordonna-t-il.
— Les démons s'apprêtent à briser un sceau pour libérer le DarkSoul."
Ma voix se brisa légèrement alors que je lui expliquais l'enlèvement de Théodonice par les démons, la menace des cavaliers de l'apocalypse et la nécessité de la sauver.
"Quel est le sceau ?" interrogea Thanatos.
La peur m'enserra le cœur alors que je révélais l'impensable.
"C'est celui qui libère les cavaliers de l'apocalypse."
Un silence pesant suivit mes mots. L'inquiétude grandissait dans la voix de mon père quand il articula :
"Je viens tout de suite. Ne t'aventure pas seule, Léonie."
La conversation se termina, laissant place à l'incertitude de l'attente. L'angoisse et la peur se mêlaient dans mes pensées, formant un tourbillon sombre qui menaçait de m'engloutir. Théodonice était entre les mains des démons, et seule l'intervention de mon père pouvait représenter une lueur d'espoir dans cette nuit ténébreuse.
***
L'écho de mes appels désespérés à Damien résonnait dans le vide, tandis que le téléphone restait muet. Mon cœur s'emballait, alimenté par une anxiété grandissante. J'avais l'impression que chaque seconde qui passait, éloignait Théodonice de moi. L'impuissance engendra en moi une colère dévorante. Convaincue que Damien avait donné l'ordre de faire du mal à mon amie, la frustration explosa en moi.
D'un geste brusque, j'envoyai mon téléphone contre le mur, fissurant l'écran dans un éclat de rage. Le silence s'installa, seulement rompu par la voix calme de mon père.
"Léonie, calme-toi. La violence ne nous mènera nulle part. Concentrons-nous sur la sécurité de Théodonice."
Son appel à la raison se heurta à ma détermination. Récupérant ma veste, je décidai de me rendre au bar où Théodonice était retenue, peu importe les obstacles.
À l'instant où la porte s'ouvrit devant moi, mes yeux s'emplirent de larmes en découvrant Théodonice devant l'embrasure. Elle était en pleurs, traumatisée par les épreuves subies aux mains des démons. Mon soulagement fut palpable et je m'agenouillai à ses côtés, serrant Théodonice dans mes bras.
"Damien a réussi à les convaincre de me laisser partir, mais ils ont un message à nous transmettre." chuchota-t-elle d'une voix tremblante.
Les regards inquiets de Thanatos, Tessa et Gloriel se posèrent sur elle, en attente du message crucial.
"Théo ! Tu es saine et sauve ! Dit mon père en l'enlaçant.
— Oui. Heuresement que Damien était là, sinon je serais morte à l'heure qu'il est. Mais, ils ont tout de même réussi à briser le sceau.
— Tu es sûre ? Demandé-je à mon amie.
— Oui. Azazel m'a raccompagné jusqu'ici, mais sur le chemin du retour, j'ai ressentis une vague me submerger.
— Une vague ? Comme...
—...Oui, c'est la même énergie que je ressens quand une personne meurt.
— Tu penses vraiment qu'ils ont tués une autre banshee ?" Questionna Gloriel.
La banshee face à nous aquieça et s'installa sur le fauteuil. Tessa s'empressa d'aller chercher une tasse dans mon armoire et de lui servir une tisane à la pomme et pèche, qui était son parfum préféré. Je l'observais du coin de l'œil et aperçus les entailles sur ses bras et ses jambes. Après avoir bu quelques gorgées, elle reprit la parole.
"Lucifer et Lilith m'ont libérés, mais j'ai un message à faire passer à la communauté surnaturelle de la ville.
— Quel message ? Demanda Gloriel, intriguée.
— Alors, c'était comment... Ah oui, ça me revient. "La pleine lune approche, et les sceaux se brisent. Seul un hybride devra briser le dernier sceau. La partie commence."" annonça Théodonice d'une voix chargée de gravité.
L'annonce de Lucifer, transmise par Théodonice, plana dans l'air comme une ombre menaçante. L'obscurité qui pesait sur notre destin semblait s'épaissir, et une nouvelle phase de notre lutte contre les forces démoniaques prenait forme.
***
Le matin s'étirait péniblement, éclairant à peine la pièce où je me trouvais. L'inquiétude pesait sur moi comme une chape de plomb après les récentes révélations. L'absence de nouvelles de Damien accroissait mon anxiété, et chaque tentative d'appel restait sans réponse. La frustration grandissante me poussa à explorer une autre voie : la communication télépathique.
Concentrant mes pensées vers Damien, j'entrepris l'effort mental de le contacter. Une connexion fragile s'établit, et la voix de Damien résonna dans ma tête. Cependant, ses paroles révélaient une faiblesse palpable, laissant transparaître une détresse que je n'avais jamais ressentie chez lui.
"Où es-tu, Damien ?" questionnai-je, craignant la réponse.
Aucune réponse.
"Damien ?
— Oui je suis là. Et toi où es-tu ? Tu es en sécurité ? Interrogea-t-il d'un ton inquiet.
— Oui ne t'en fais pas pour moi. Je vais très bien, mais je ressens ta faiblesse.
— Oui, c'est normal. Lucifer m'a poignardé quand je me suis interposé entre Théodonice et Lucifer. Et après ils m'ont enfermé dans un cachot du Bunker de la ville." Expliqua Damien.
La réalité glaciale me frappa de plein fouet. Mon cœur se serra d'appréhension. L'image de Damien, affaibli et emprisonné, hanta mes pensées. Le silence s'installa entre nous, brisé par le Prince de l'Enfer annonçant la brisure du sceau des cavaliers de l'apocalypse. Mon estomac se noua à cette confirmation, mais je me forçai à demander la suite, réprimant la terreur qui menaçait de m'engloutir.
"Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? murmuré-je, une note de vulnérabilité teintant ma voix.
— Difficile à dire."
Les détails de l'avenir incertain se dessinaient dans les pensées de Damien, et une sensation d'impuissance s'insinua en moi. Face à l'inconnu qui se profilait, mon cœur battait au rythme angoissé d'une course contre la montre, cherchant des réponses dans les ténèbres qui menaçaient de tout engloutir.
" C'est déjà ce que je fais, ne t'inquiètes pas pour moi, Damien. Dis-moi où tu es et je viens te sortir de là. Dis-je, après avoir éternuer.
— Non Léonie ! Surtout pas. Reste où tu es.
— Pourquoi ? Je suis chez moi, il ne va rien m'arriver..." Dis-je en sursautant lorsque la sonnette retentit.
Alors que je communiquais avec Damien par la pensée, l'inquiétude m'envahit.
Qui pouvait se trouver ici à cette heure-ci ? Pensais-je.
Cependant, le son strident de la sonnette interrompit abruptement notre échange. Malgré les avertissements paniqués de Damien, je me dirigeai vers la porte et l'ouvris, révélant Lilith dans l'embrasure.
***
La surprise peignit mon visage alors qu'elle pénétrait sans gêne dans mon appartement, s'installant sur le canapé comme si elle possédait cet espace. Je restai en retrait, méfiante, observant chaque mouvement de Lilith du coin de l'œil. Ma question fusait comme un défi légitime.
"Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Je viens faire connaissance avec ma fille biologique." répondit-elle d'un ton glacial qui résonna dans l'air.
Le monde sembla se figer. L'idée que Lilith pouvait prétendre à un lien maternel me terrifiait. Refusant d'accepter ces révélations, je m'éclipsai vers les toilettes, prête à appeler mon père, Thanatos. L'inquiétude me nouait l'estomac, et je partageai mes craintes avec lui à travers la ligne invisible de nos pensées.
"Papa, Lilith est ici. dis-je, la peur éclatant dans chaque mot.
— Quoi ?! Tu peux répéter ça ?
— Lilith est assise sur mon canapé entrain de... d'attendre mon retour. Hésité-je.
— J'avais très bien compris. Qu'est-ce qu'elle fait chez toi ?
— Elle me dit vouloir faire ma connaissance.
— C'est bizarre ! Pourquoi maintenant ? Depuis toujours elle t'a ignoré et aujourd'hui elle veut faire ta connaissance."
La simple présence de Lilith dans mon espace vital évoquait des tourments plus profonds. La question de ma véritable origine ouvrait un abîme d'angoisses et je me préparais à affronter les réponses, quelles qu'elles soient.
"Je ne sais pas quoi te dire, papa..."
Un long silence s'installa et j'entendis des bruits de pas arriver vers la salle de bain. Mon cœur battait la chamade et des gouttes de sueurs commençaient à couler le long de ma nuque. J'entrouvris légèrement la porte afin d'observer le succube qui se trouvait devant ma machine à café.
"Je te laisse papa, je vais gérer Lilith.
— Non attends Léo ! J'arr..."
Je n'eus pas le temps d'écouter la réponse de Thanatos que je sortis de la salle de bain pour rejoindre Lilith qui cherchait une tasse dans la cuisine. Je ne voulais surtout pas qu'il vienne ici et les voir se battre l'un contre l'autre.
"C'est dans le deuxième placards à droite. Dis-je en lui pointant la porte en question.
— De quoi tu parles ma chérie ?
— Des tasses. C'est bien ce que tu cherches ?
— Bien sûr ma chérie.
— Ne m'appelle pas 'ma chérie', tu n'es personne pour moi.
— Pourtant je suis ta mère."
Elle me tendit la tasse et s'en alla vers la baie-vitrée. Le succube regarda la vue, sans prêter la moindre attention à Anita qui la fusiait du regard. Malheureusement pour moi, mon serpentis n'était pas autour de mon poignet, comme me l'avait souvent rappelé mon père lorsqu'il me l'a offert.
"Tu veux du sucre ?
— Non je te remercie. Répondit-elle sans détourner le regard.
— Très bien."
Je pris un plateau afin de poser les tasses et les ramener sur la table basse.
"Passons aux choses sérieuses Lilith. Pourquoi es-tu ici ?
— Je veux te connaître.
— Non sans blague 'maman'. Que veux-tu savoir de moi ? Ironisai-je un large sourire. Pourquoi es-tu ici ?
— Très bien je vois que tu veux aller au but. J'apprécie cette démarche. Il n'y a aucun doute la-dessus.
— Hein ? Comment ça aucuns doutes ?
— Tu es bien la fille de Thanatos. Tu ne passes pas par quatres chemins et tu vas droit au but. Tout comme lui. Enfin, bref... Je suis ici pour que tu m'aides."
Je haussais les sourcils de surprise.
Que je l'aide ? Non mais elle rêve. Pensais-je.
Il en était hors de question.
"Pourquoi veux-tu que je t'aide ?
— Vois-tu ma belle, nous avons besoin de toi pour nous sauver. Expliqua-t-elle.
— Nous ? Tu veux dire les démons ?
— C'est ça. Tu as beaucoup de pouvoir et tu es la seule à pouvoir libérer le DarkSoul. À nous tous réunis, nous n'avons pas assez d'énergie. Tu comprends ?
— Je sais très bien l'énergie que je peux avoir, mais je ne vous aiderai pas à libérer une ordure comme votre Maître pour qu'il puisse anéantir les habitants de la ville." Mentis-je ignorant l'étendue des mes pouvoirs.
Je savais très bien ce qu'elle attendait de moi, mais je n'allais pas lui offrir satisfaction, loin de là. Lilith espérait que j'allais utiliser mes capacités pour libérer le DarkSoul qui était prisonnier dans la Voile. Je connaissais la motivation des démons, mais une question me trottait dans la tête.
"Je peux savoir où se trouve votre futur Roi ? Questionnai-je.
— Ah tu parles de Damien ? Eh bien, ton cher petit démon que tu aimes tant n'est pas aussi impliqué dans notre mission comme nous le souhaitions.
— C'est-à-dire ? Où est-il ? Insistai-je.
— Dans un endroit où il ne pourra plus nous mettre des bâtons dans les roues.
— Je ressens sa faiblesse ! Alors tu as exactement deux secondes Lilith pour me dire où vous avez enfermé Damien !" Criai-je.
Lilith sourit du coin de la bouche et se mit à rigoler, puis se leva d'un bond et me plaqua contre le mur en me bloquant le cou avec son avant-bras.
"Damien était distrait ces derniers temps par une femme...
— La... Laquelle ? suffauquai-je.
— Toi espèce de petite idiote ! Notre futur Roi est distrait par toi."
Lilith se rapprocha de mon oreille et me susurra au creux de cette dernière.
"J'avais raison sur ton sujet quand tu étais enfermée dans nos cachots au fond de la fosse."
Je tournais légèrement la tête afin de plonger mon regard dans le sien. Mais ce qu'elle me révéla l'instant d'après me glaça le sang.
"Il aurait dû te transpercer la poitrine avec la même lame que je cache derrière ma veste... Aiquesh."
Je voulais hurler en espérant qu'un loup-garou passa dans le couloir et entende mes cris de détresse, mais le bras de Lilith me bloqua encore plus mon cou, m'empêchant tous bruits. Je tentais de la repousser mais tout ce que je parvenais à faire était de la ruer de coup. Lilith me maintint la gorge avec une force que je ne lui connaissais pas et se munit de la lame en question de sa main libre. Je fermais les yeux, ne voulant pas voir le visage de la personne qui allait m'ôter la vie.
"Il est temps pour toi de disparaître pour de bon, ma chère. J'espère que tu as bien profité de tes trois années de liberté, parce que maintenant tu vas vivre un enfer éternel."
Elle prit son élan et planta la lame dans...
...le mur ?!
Le bruit sourd d'un poid tomba au sol et je n'osais pas ouvrir les yeux, trop terrifié de ce que j'allais découvrir. Une main familière se posa sur mon épaule et me caressa les cheveux. Puis la douce voix d'un homme me réconforta de tout mon être et j'ouvris les yeux en moins d'une seconde.
"Papa ?! m'exclamai-je surprise et contente de le voir.
— J'ai ressentis l'énergie puissante de Lilith depuis le Hall. Devinant ses intentions, je suis monté par les escaliers en faisant le moins de bruit possible."
Je restais bouche-bée face au corps sans vie de Lilith qui gisait au sol. Le matin, après l'impensable, je me tenais là, sous le choc, les yeux rivés sur le corps sans vie de Lilith, tuée par la main même de Thanatos pour me protéger. Des émotions tumultueuses tourbillonnaient dans mon esprit, et je me demandais ce que l'avenir me réservait désormais.
Thanatos, froid et résolu, me murmura des paroles destinées à guider nos prochaines actions.
"Nous devons cacher son corps avant que les démons, Lucifer en particulier, ne le découvrent. Gloriel te protégera désormais en permanence.
— Attends ! Je ne veux pas de cette...
— Ce n'est pas négociable Léonie ! Les démons sont à ta recherche et beaucoup de monde veut te voir morte." expliqua mon père en montrant Lilith qui gisait toujours au sol.
Je refusai vigoureusement cette protection, arguant que je pouvais me défendre seule. Mais Thanatos, imperturbable, me força à accepter cette nouvelle réalité. Le poids de la tragédie pesait sur mes épaules, et je me sentais perdue, cherchant des réponses dans les yeux de mon père.
Alors que notre conversation était sur le point de reprendre, le téléphone de Thanatos sonna. Il répondit, mettant l'appel en haut-parleur pour que j'entende la voix familière de Michael, chef du Chantarium.
"Thanatos, il y a un gros souci. Lilith est morte." annonça-t-il avec une gravité palpable.
Mon cœur s'arrêta brièvement, réalisant l'ampleur de la situation. Thanatos se tourna vers moi, partageant un regard qui exprimait à la fois la douleur et l'incertitude. Michael continua, révélant que George, le chef des Banshee, avait ressenti la mort de Lilith.
"Venez au plus vite au QG du Chantarium." ordonna Michael.
La nécessité d'agir se faisait sentir, et je proposai de prévenir Gloriel. Cependant, Michael nous informa qu'il était déjà sur place, ajoutant une autre couche de mystère à cette situation troublante. Les prémices de l'angoisse s'insinuaient dans mon esprit, annonçant des épreuves encore plus difficiles à venir.