13 - Léonie

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Des feuilles, des feuilles et encore des feuilles. Ma table basse en était remplie et je n'avais plus la moindre place pour y poser une tasse de thé aux fleurs d'hibiscus et fraise. J'avais passé la soirée à faire des recherches sur le nom bizarre par lequel m'avait appelé Damien quand Théodonice et moi étions dans le magasin de thé, il y a quatre jours. Mes recherches ne donnaient malheureusement rien de très palpitant.

Je ne trouve rien dans ces bouquins !

Une migraine commençait à se trouver un coin au fond de ma tête. J'avais songé à prendre un cachet de paracétamol, mais têtue comme j'étais je n'allais pas bouger de mon canapé avant d'avoir trouver un semblant de piste. La sonnerie de l'interphone retentit comme si un marteau piqueur se mettait en marche dans ma caboche. En décrochant le téléphone, j'avais reconnu la voix de ma petite banshee. Ma meilleure amie était arrivée à l'appartement avec une poche de burger qui venait d'un restaurant au coin de l'impasse des Cités et de l'avenue Edmond Grasset. C'était notre petit rituel du mardi soir.

« Bonsoir ma belle ! Ça te dit un petit repas plein de glucides ?

— Oh Théodonice. Tu me sauves. Qu'est-ce que je ferai sans toi ?

— On se le demande bien. » Rigola-t-elle en posant la poche sur mon comptoir de la cuisine.

Elle se dirigea vers les placards et sortit deux assiettes, deux verres et prit, dans le frigo, la sauce tomate. Lorsqu'elle se tourna pour aller déposer les affaires sur ma table basse, elle constata le bazar qui s'y trouvait. J'étais assise, ma tête en arrière et mes mains la recouvrant.

« Est-ce que tout va bien Léo ? S'inquiéta-t-elle en s'installant à mes côtés.

— Oui, c'est juste une bonne migraine, ne t'inquiète pas Théodonice. Je vais aller me prendre un cachet dans la salle de bain. » Grommelai-je en me redressant.

En ouvrant les placards, je fis tomber la boîte des médicaments. Par chance ils étaient encore dans leur emballage et j'avais pu tous les récupérer et les ranger dans la boîte. Je m'emparai du cachet pour la tête et retournai dans le salon afin de rejoindre Théo. Je m'arrêtai net lorsque je la vis lire la paperasse qui jonchaient la table basse. Je ne voulais pas qu'elle y jette un coup d'œil. Il y avait des choses très compromettantes à mon sujet dedans.

« C'est vrai que tu as été torturé et lacéré de partout quand tu étais prisonnière en Enfer ?

— Euh... euh... Je... Tu veux pas plutôt qu'on mange ? Mon ventre crie famine. » Répondis-je en changeant de sujet.

Ces papiers relataient les faits sur ma séquestration en Enfer au bon soins de Lilith et Damien. De temps en temps, Lucifer, le plus fidèle serviteur du DarkSoul, se joignait à ses joyeuses séances de jeux. Théodonice était au courant que j'étais prisonnière une année avant la fin de la guerre, mais elle ne connaissait pas tous les détails. En lisant ce qu'il y avait sur la table, elle découvrait toutes les choses que je voulais garder secret au plus profond de mon être et de mon esprit. Ce n'était pas des choses que l'on osait raconter à sa meilleure amie. Je ne désirais pas lui révéler que les démons m'avaient forcés à m'unir à leur Prince de l'Enfer pour l'éternité. Maintenant, j'étais obligé de le lui révéler.

« écoute Théo. Je ne voulais pas que tu saches tout cela. C'était une période très difficile pour moi. Commençai-je par lui expliquer en rassemblant mes papiers.

— Pourquoi ? On est meilleure amie depuis quoi ? Seize ans ?

— Oui, mais...

— Mais j'aurai aimé connaître cette partie de ta vie Léonie. Je comprends que tu voulais garder cela pour toi, mais tu peux surmonter cette épreuve avec quelqu'un qui te comprend. Ton père est au courant de ces papiers ?

AiqueshWhere stories live. Discover now