Race against a Heartbroken

By Alicia_cnl

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« 𝐏𝐑𝐀𝐘 𝐅𝐎𝐑 𝐂𝐀𝐑𝐒 » #1 Victoria a perdu son meilleur ami dans un accident de course. Depuis, elle a... More

𝐑𝐀𝐂𝐄 𝐀𝐆𝐀𝐈𝐍𝐒𝐓 𝐀 𝐇𝐄𝐀𝐑𝐓𝐁𝐑𝐎𝐊𝐄𝐍
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By Alicia_cnl

V I C T O R I A ' S P O V

♫ - Night like these by Benson Boone

RESTAURANT PANORAMIQUE.

01 août 2021.

Silverstone, Angleterre.


Ce soir, c'est notre soir. Ce début de saison a été plus qu'intense, tant émotionnellement que physiquement et nous avons tous besoin de souffler et nous recentrer sur ce qui compte pour nous. Reprendre la vie que nous avons laissée entre parenthèses.

J'ai fait une course catastrophique et je me suis excusé auprès de toute l'équipe après avoir franchi la ligne en dix-huitième position. Je m'en veux de ne pas avoir réussi à gérer mes émotions alors que c'est primordial si l'on tient à sa vie sur la piste, j'aurais pu faire une connerie et blessé un autre pilote.

Je sais que je joue aussi ma carrière. Les médias n'ont pas hésité à me prendre au tournant. Tout le monde est en train de douter de mes capacités, de savoir si une femme peut supporter la pression d'être dans ce monde. Je dois assumer qu'ils ont le regard rivé sur moi, prêt à me détruire à la moindre occasion. Encore plus parce que je suis une femme.

Maintenant, je sais ce qui m'attend à la prochaine course. J'ai peur. Mais, je dois rester forte et garder la tête haute, ils n'auront pas ma peau aussi facilement. Ils ne savent pas que je me suis toujours tué à la tâche, j'ai abîmé ma santé mentale pour en arriver là.

Montre-leur.

C'est ce qu'Ethan m'aurait dit et je le ferais. Ce week-end m'a appris quelque chose, j'ai beaucoup pleuré et encore après la course, il y a une heure, c'est ce que je faisais. Il n'aurait pas apprécié que je me laisse dévorer par mes démons.

Pourtant j'ai réalisé et appris que j'avais encore du chemin avant de trouver la paix que procure l'acceptation du deuil. Perdre quelqu'un que l'on a connu toute sa vie fait très mal. On doit apprendre à vivre avec, apprendre à vivre avec le fait qu'elle ne nous tiendra plus la main comme elle avait l'habitude de le faire.

Ethan m'a fait grandir, il m'a aidé à devenir celle que je suis aujourd'hui et je n'aurais jamais pu le remercier assez pour ça. La seule chose que je peux faire c'est honorer sa mémoire en étant celle que je suis et en vivant pour ceux en quoi je crois.

Je t'aime tellement Ethan. Plus que la vie.

Je sais qu'il veille sur moi, peu importe où il est.

D'ailleurs, il aurait adoré la robe que je porte ce soir. En me regardant dans le miroir, je souris en retouchant une dernière fois mon maquillage. La robe nuit noire me fait penser à une nuit étoilée avec ses paillettes qui brillent de mille feux. Elle épouse mes formes, sublimant mes hanches ainsi que ma poitrine avec son décolleté plongeant. Je me sens belle.

Je suis fin prête à passer la soirée entourée de ma nouvelle famille. Celle que j'ai choisie et qui m'a choisie. Ils sont les seuls au monde à pouvoir savoir ce que je peux ressentir puisqu'ils sont aussi des pilotes, et savoir que je ne suis pas seule emplie mon cœur d'un sentiment de bonheur sans précédent.

Nos liens se sont créés si vite en peu de temps et sont devenus tellement forts. C'était une évidence. Pour rien au monde, je ne voudrais les quitter, car ils contribuent au fait que chaque jour de mon existence soit un peu moins dur à vivre.

Ils ne m'ont jamais forcé à évoquer la mort d'Ethan. Ils savaient la douleur que pouvait procurer de perdre un être cher sur la piste, même s'ils ne l'ont pas expérimenté puisqu'ils connaissent ce que l'on risque chaque semaine en courant à des vitesses pareilles.

Je quitte ma chambre d'hôtel pour me diriger à l'entrée où m'attend Eliott. J'ai accepté qu'il m'y emmène parce que pour la première fois, je n'avais pas envie d'être seule et de prendre le volant. Il n'a posé aucune question et a accepté avec plaisir, je le remercie tellement pour ça. Nous avons développé une relation fraternelle à laquelle je suis attaché désormais. Elle m'a permis de me rendre compte que je ne trahissais pas Ethan en renouant des liens amicaux avec des pilotes. Bien au contraire.

Je ne peux retenir un sourire lorsque je le vois qui m'attend, adossé à une Honda qui fait partie de l'écurie et qui nous est offerte pour nos déplacements à chaque grand-prix étant donné que nous ne pouvons pas déplacer nos voitures personnelles.

— La princesse est enfin prête  ? Je t'attends depuis hier, me taquine-t-il en me prenant dans ses bras pour me faire la bise.

— N'abuse pas  ! J'ai été super rapide, riposté-je en lui donnant une frappe sur le bras.

Je ne suis pas du genre à faire patienter les gens, je suis même, à vrai dire, toujours en avance. La preuve, je suis devant lui alors que nous devions nous rejoindre seulement dans cinq minutes.

— Je le sais bien  ! Mais, c'est juste que je devais trouver quelque chose pour te taquiner étant donné que madame est parfaite.

— C'est vrai que je suis parfaite, rigolé-je en faisant semblant d'être fatigué de l'être.

— Hop un défaut de trouver, madame n'est plus si parfaite puisqu'elle ne connaît pas la modestie à ce que je vois, ricane-t-il en ébouriffant mes cheveux.

Je lui tire la langue et l'on continue de se chamailler comme deux enfants sous les regards écœurés des riches un peu coincés du cul qui circulent près de l'entrée.

— Allez monte sœurette, avant que l'on ne se fasse tuer par ses vieux, s'exclame le châtain en m'ouvrant la portière.

Il la referme puis fait le tour avant de prendre place derrière le volant et de démarrer en faisant vrombir le moteur pour quitter au plus vite l'endroit.

Le chemin se passe tranquillement. Nous passons dans les rues de la ville, encore éclairées par les derniers rayons du soleil qui se couchent. J'aime l'atmosphère qui y règne en début de soirée, tous ces gens dans les rues, habillés pour sortir, dîner ou bien faire la fête. Profiter tout simplement de la vie. Le bruit des klaxons résonne ainsi que ceux de la musique des différents restaurants et pubs.

L'effervescence du monde de la nuit, du deuxième jour qui débute, a le don de me fasciner, je le trouve à la fois si apaisant et oppressant que c'en est effrayant. Les masques s'enfilent pour laisser place à une seconde partie de notre être, les maux sont cachés au fin fond d'un placard pour nous laisser respirer, l'espace d'un instant.

Être quelqu'un d'autre sans avoir peur.

Je détourne le regard de la vitre pour observer l'air concentré d'Eliott sur la circulation. Grâce à lui, aujourd'hui, l'équipe a pu marquer pas mal de points étant donné qu'il est arrivé sixième, contrairement à moi.

— Au fait, j'ai regardé les vidéos sur ta course. Tu as été impressionnant ! La voiture volait entre tes doigts, tu as su exploiter son potentiel au maximum. Ce que je n'ai pas su faire... soufflé-je pour moi-même en regardant mes mains.

Ses iris d'un bleu si profond se détournent quelques secondes de la route pour me regarder à son tour. Il affiche un sourire sincère qui a le don de réconforter n'importe quelle personne en peine.

— Je t'arrête tout de suite, Vicky. Tu me sors encore une connerie de ce genre, et je t'abandonne au beau milieu des passants, lâche-t-il d'un ton qui se veut dur. Tu le sais très bien, les courses ce sont des hauts et des bas, des moments de joie et des moments qui te plombent le moral et c'est ce qui fait que ce sport est unique. Pourtant, on est des dur à cuire et l'on ne se laisse pas démonter, on remonte dans la voiture le week-end d'après pour se dépasser encore et encore.

— Mais-

— Il n'y a pas de mais qui tienne. Tu es une putain d'humaine Victoria, tu as un cœur et tu as le droit de ressentir. Si l'on ne ressentait absolument rien lorsqu'on monte dans la voiture, ce sport n'existerait pas.

Ses mots me touchent, bien plus que je ne l'aurais espéré. J'avais besoin de quelqu'un qui comprenne, qui comprenne comment ce monde fonctionne. Entendre ses mots agissent comme un pansement sur les morceaux de mon cœur qui ne demande qu'à être recollé. Et, je sais que ça prendra du temps, mais avec eux à mes côtés, tout deviendra moins douloureux.

— Oui, mais ils commencent tous à m'attaquer et à douter de ma place ici, Eliott. J'en ai assez qu'ils me surveillent et me regardent comme si j'étais une bête de foire dans le paddock. Et, si je n'avais pas ma place ? le questionné-je en sentant ma gorge se nouer.

— Tu mérites ta place, autant que tous les pilotes de cette grille. Et, je sais que je ne pourrais jamais comprendre réellement ce que tu traverses étant donné que l'on n'a pas la même chose entre les jambes...

Nous lâchons tous les deux un petit rire, ce qui détend l'atmosphère pesante avant qu'il ne reprenne son discours.

— N'oublie jamais que tu es une putain de femme forte, et que même si le chemin est dur, dis-toi qu'il le sera peut-être un peu moins pour toutes ces jeunes filles qui rêvent de devenir comme toi. Tu es un modèle pour elle, alors n'abandonne jamais ton rêve.

Il a tellement raison. Ces filles ont besoin que je leur ouvre le chemin, peu importe le nombre d'hommes à qui je dois dire d'aller se faire foutre. Ce sera la chose la plus gratifiante de toute ma carrière de voir d'autres femmes me rejoindre.

Soudain, j'ai à peine eu le temps de me rendre compte, tant notre conversation me captivait, que nous étions arrivés dans le parking du restaurant.

Je cherche ce que je pourrais lui dire, mais je ne trouve pas de mots qui puisse montrer combien je lui en suis reconnaissante.

Alors, je fais au plus simple, en croisant les doigts pour qu'il en décerne toute la sincérité.

— Merci Eliott, sincèrement.

— Ce n'est rien. On sera toujours là avec les autres pour assurer tes arrières ou t'attraper si tu tombes. Toujours, Vicky, me confie-t-il en déposant un baiser sur ma tempe.

Je lui souris en retour puis lui offre un rapide bisou sur la joue. Certaines rumeurs ont traîné à notre sujet, mais notre amour l'un pour l'autre n'a rien de plus fraternel. Nous nous souhaitons tous les deux la même chose : trouver la personne qui fera battre notre cœur de la plus belle des manières.

Nous nous empressons ensuite de sortir de la voiture pour nous diriger dans l'ascenseur afin de rejoindre le restaurant qui se trouve tout en haut. Il possède un magnifique toit terrasse dont nous avons réservé une petite partie pour être complètement au calme.

Je suis impatiente de voir tous les autres, j'adore les voir porter des costumes, un en particulier, ils leur donnent un air tellement sexy que n'importe quelles femmes en tomberaient.

— Prête à faire la fête ? lâche Eliott, une fois que nous sommes dans l'ascenseur.

— Plus que prête et toi ?

— Et comment ! On va fêter cette pause estivale comme il se doit !

Nous commençons à sauter de partout en s'ambiançant sur une musique imaginaire avant que la sonnerie de l'ascenseur ne nous ramène à la réalité. Immédiatement, l'entrée du restaurant se présente devant nous et donne le ton et l'atmosphère qui s'en dégage. Le style est épuré, mêlant le marbre ainsi que le bois dans des couleurs très chaudes.

Quand nous entrons, un serveur vient aussitôt à notre rencontre pour nous demander le nom de notre réservation. Eliott s'empresse de lui donner celui de Dixon. Il est anglais alors c'était évident que nous le laissions choisir, le brun connaît les meilleures adresses.

— Certains de vos amis sont déjà présents, je vous laisse me suivre, nous explique le serveur.

Je m'empresse de prendre le bras d'Eliott pour éviter de chuter à cause de ma robe qui est tellement longue qu'elle touche le sol même avec mes talons.

Nous sortons, je suis émerveillé par la beauté de l'endroit. Nous avons une vue à couper le souffle sur cette ville anglaise. Des plantes ainsi que des lanternes qui décorent les pergolas en bois qui couvrent la quasi-totalité de la terrasse.

Une musique douce parvient à mes oreilles, et je remarque qu'un groupe joue sur une estrade dans un coin, offrant une expérience unique. J'ai du mal à l'avouer, mais Chase a si bien choisi, il a bon goût et ça me fait chier parce que j'adore ça.

Le serveur nous conduit dans un coin à l'écart des autres tables. Ce qui se dresse alors sous mes yeux doit les faire scintiller de mille feux. Une longue table en bois est dressée en accord avec la décoration. Des fleurs nous entourent, créant le cocon dont j'avais besoin à cause de cette journée si dure à encaisser.

Désormais, je ne veux plus qu'elle se termine parce que ces moments valent tout l'or du monde pour mon cœur. Et pourtant, je sais combien j'aurais donné mon âme pour l'arrêter ce matin.

— Alors c'est à cette heure-ci que l'on se pointe ? Faites gaffe, on a failli tout engloutir, s'exclame Levi en se levant, ne manquant pas de faire tomber sa chaise.

Tout le monde lève les yeux aux ciels avant de partir dans un fou rire, Levi sait toujours comment se faire remarquer et surtout, mettre à l'aise.

— Je vous jure que ce gosse finira par avoir ma mort, soupire Logan en venant à notre rencontre.

— S'il ne meurt pas d'une façon idiote avant, rigole Alex en nous rejoignant à son tour.

Je me dépêche de tous leur faire la bise, ces grands garçons m'ont manqué. Ce n'est pas la même chose de les voir lors des courses et en dehors puisqu'on est constamment filmé et écouter dans le paddock. Ici, nous sommes libres, libres de faire ce qui nous chante et de plaisanter.

— Comment va ma princesse ? lance une voix en me soulevant dans les airs sans que je la voie venir.

Je reconnais les dizaines de bracelets décorant les poignets de la personne en question qui n'est autre que mon nounours vivant préféré : Damian.

— Bien mieux maintenant que je t'ai vue ! rigolé-je tandis qu'il me pose au sol.

Je le prends aussitôt dans mes bras parce que l'on ne peut pas entamer la soirée sans avoir eu un câlin, c'est la règle.

Après notre étreinte, j'observe tous les autres qui sont déjà installés autour de l'immense table, en train de discuter pour savoir qui est présent et qui est en retard.

Je remarque très vite que Chase, Matthew ainsi que Loïc manquent à l'appel. Certains avaient déjà décliné la proposition comme Garrett ou Arthur, mais nous nous sommes promis que l'on ferait un grand repas avec les vingts pilotes de la grille vers la fin de la saison.

— Tu cherches l'élu de ton cœur ? souffle une voix rauque dans mon cou.

Je frissonne en sentant son souffle près de mon oreille et son corps presque collé au mien. Mon cœur se met à battre à tout rompre, ce que je ne pensais plus être faisable étant donné qu'il est censé être en miette.

— Il n'est certainement pas derrière en tout cas, m'empressé-je de répondre.

— Je n'en serais pas si sûr à ta place. Ton corps n'a pas l'air de dire la même chose, dit-il avec un sourire en coin que je devine d'ici.

Le brun se colle davantage contre moi, et j'ai beau toujours me convaincre que je le déteste, je ne peux plus lutter contre ce sentiment qui m'envahit à chaque fois qu'il est près de moi.

Et, je sais que je ne laisse pas indifférent non plus lorsque je sens son bassin effleurer mes fesses. Chase serait-il en train de succomber ?

— Je pourrais en dire autant de toi.

— Bien joué, un point partout, petit cœur, murmure-t-il en effleurant ses lèvres contre mon cou avant de s'éloigner.

Je reste planté là quelques secondes avant d'aller m'installer à mon tour. J'ai soudainement beaucoup plus chaud et je sais que je vais avoir besoin de nombreux glaçons pour refroidir le feu ardent qui brûle en moi. Un feu aussi intense que celle de ses prunelles lorsqu'il me fixe depuis l'autre côté de la table. Eh oui, vous avez bien entendu, nous sommes en face de l'autre pour le restant de la soirée. Génial.

Matthew et Loïc nous rejoignent enfin quelques minutes plus tard pour compléter les chaises vides. Maintenant, la soirée peut débuter.

Deux serveurs arrivent à notre table pour prendre nos commandes étant donné que nous sommes dix. Je suis entouré d'hommes gloutons en plus alors, j'espère que les cuisiniers sont bien accrochés.

Nous passons une dizaine de minutes pour tout commander, pauvre serveurs, ils ne savent plus où donner de la tête puisque tout le monde parle en même temps. Je me retiens de rire sinon je sais que la moitié va me rejoindre et à moins que le restaurant soit ouvert toute la nuit, ce n'est pas une bonne idée.

Entre Levi et Damian qui se jette le pain l'un sur l'autre, je m'en prends la moitié étant donné que l'italien est à ma gauche et l'autre en bout de table à ma droite. Chase, Logan et Alex qui se battent pour savoir quelle est la meilleure bouteille à commander et enfin, Eliott et Matt qui se lancent des piques pour savoir qui a la meilleure caisse.

Je vous jure ces gosses. Heureusement que Yoshi et Loïc sont aussi calmes que moi et assistent, amusés, à la véritable scène de chaos qui se déroule sous nos yeux.

Après un miracle qui ne sort de je ne sais où. En fait si, merci Loïc pour sa voix qui porte.

— Putain ça suffit les gars, vous n'êtes pas en maternelle, alors maintenant vous allez vous comporter comme des gens civiliser et arrêter de faire chier les serveurs ! gronde-t-il en se levant d'un seul coup.

Les bruits cessent instantanément, et tout le monde le regarde, ébahis. C'est bien ce que je disais, un miracle.

— Toi, tu sais te faire respecter, mec, pouffe Damian en le pointant du doigt.

L'espagnol lui montre son plus beau majeur avant de s'asseoir de nouveau. La table est beaucoup plus calme à présent, et je le remercie silencieusement pour ça.

Nous parvenons enfin tous à commander, chacun à notre tour. Pour ma part, je décide d'arroser ma soirée au mojito, pour le plat, j'ai jeté mon dévolu sur les pâtes, sauce spéciale du chef.

Il y avait bien trop de choix à mon goût, alors il se pourrait que j'aie choisi au hasard. De toute façon, ce restaurant à deux étoiles et il est très réputé, je suis sûr que tous les plats sont délicieux.

Les discussions vont de bon train après le départ des serveurs, qui avait l'air épuisé. Je me doute qu'ils se sont retenus simplement parce que nous sommes connus. Les privilèges de la célébrité, malheureusement.

Mais, je ne cache pas que ce "privilège" me sera utile pour pouvoir porter ma voix à une plus grande échelle et voir, peut-être, la lumière au bout du tunnel concernant la place de la femme dans le sport automobile.

Soudain, une douce odeur parvient à mes narines, même si nous sommes à l'écart des autres tables, le doux parfum de la nourriture des clients me donnent l'eau à la bouche.

Je me retourne, et je ne peux m'empêcher de contempler, à travers la végétation qui habille les barrières en bois, l'ambiance qui découle de la terrasse. Des couples se désirant du regard, à la lumière des chandelles, des familles et des amis qui, comme nous, sont venues ici pour passer du temps ensemble et plaisantés ou encore des personnes âgées qui profitent de leur fin de vie, amoureusement.

La douce musique que joue en harmonie le piano et les violoncelles apaisent mon cœur de la plus belle des manières. Je chéris l'instant présent, car je sais combien tout peut nous échapper du bout des doigts, et s'envoler sans qu'on ne puisse rien faire.

Ces moments sont de l'or que nous avons entre les mains, à nous de décider si nous voulons les traiter comme une des sept merveilles du monde ou bien les écraser comme s'ils étaient insignifiants.

Je prends la première option, puissance mille, j'ai bien trop souffert et malgré ça je prends le risque, parce qu'ils valent toutes les souffrances du monde.

Mon cœur a été fissuré à mainte reprise, mais à chaque fois, Ethan était là pour coller des pansements et en prendre soin. À sa mort, il a littéralement explosé en mille morceaux, lacérant chaque partie de mon être jusqu'à ce que je tombe et que je ne puisse plus me relever.

Rien ne peut décrire la douleur que j'ai ressentie en cet instant. On aurait dit qu'un trou noir avait aspiré chaque parcelle de mon être.

Soudain, un plat se posant sous mes yeux me sort de ma torpeur. Je n'ai même pas remarqué que je m'étais de nouveau tourné.

— Cette course était épique, putain, j'étais en première loge pour voir vos batailles tous les trois, confie Alex en prenant une bouchée de sa viande.

— D'ailleurs, félicitations Chase, t'as été impressionnant !

Mon regard se pose sur le brun, à ma plus grande surprise, ses iris vertes étaient posés sur moi. Il me scrutait avec une telle puissance, que j'ai cru que son regard allait me perforer. C'est le seul à m'avoir vue dans ma plus piètre apparence, au moment où j'étais le plus faible. Ce fameux soir où tout à changer.

— Ouais, merci les mecs, c'était intense, mais c'était putain de bon, lance-t-il en reportant son attention sur le reste des garçons.

J'en profite pour le détailler, lui et chacun des traits qui dessinent son visage qui peut fait un peu trop tourné la tête à mon goût. Ses lèvres fines et douce qui ont embrasé mon corps, sa mâchoire dessinée que j'aie pu tracer du bout des doigts et ses cheveux en bataille dans lequel j'aimerais passer mes doigts encore et encore. Il me rend folle, et j'aime un peu trop le détester pour ça.

J'aurais cru qu'avec son caractère merdique, il se serait fait un plaisir de m'enfoncer, mais il a été tout le contraire. Il a été l'oreille dont j'avais besoin, ses bras m'ont porté pour que je ne tombe pas une fois plus.

Et, j'ai découvert que sa relation avec son père n'était pas aussi belle comme tout le monde le croit dans le monde du sport automobile. Mes yeux ont pu discerner la souffrance dans laquelle baignaient ses prunelles et j'ai été impuissante. Son père a dû le bousiller et j'aimerais tellement que le monde puisse le voir au lieu de le vénérer.

— Vicky, t'es parmi nous ? me glisse Levi à mes côtés.

Je tourne la tête et croise ses yeux gris, tout en lui souriant, je lui réponds en hochant celle-ci. La fatigue se fait sentir alors, j'ai du mal à rester concentrée.

— Je disais que, tu ne penses pas que Matt et Loïc auraient besoin d'un relooking ? Tu pourrais m'aider, je vais en avoir besoin. Non mais regarde, je vais finir aveugle avec toutes ses couleurs.

— Je ne pense-

Je n'ai même pas le temps de terminer ma phrase que les deux lions se réveillent, Matthew qui est à côté de lui, lui jette son verre de champagne dans la figure et tout le monde explose de rire, y compris moi. Il est un peu sanguin sur les bords.

— La prochaine fois, tourne deux fois ta langue dans ta bouche avant de t'attaquer à plus vieux que toi, le mioche.

— Sympa ça, on a quoi, quatre ans d'écart ? Il est bon le champagne en passant, réplique l'italien en se léchant les lèvres pour goûter le liquide qui recouvre son visage.

— Et, toi, tu ne dis rien Loïc ? Je te pensais plus défensif, lâche soudain Chase.

Je roule des yeux, on dirait bien qu'il adore mettre de l'huile sur le feu. Comment je peux encore être étonné ? C'est tout lui.

— Qu'est-ce que tu veux que je dise ? Je ne vais pas m'abaisser à son niveau alors que la seule femme qui l'a embrassé, c'est sa mère !

— Tu t'en prends plein la gueule, rigole Eliott.

— Il l'a cherché aussi !

— Ouais bah, on se ferait bien chier si je n'étais pas là. Je suis le piment dans votre vie, se défend le concerné.

Tout le monde lâche un rire et se lève pour trinquer à la santé de notre petit Levi sans qui notre vie serait bien fade.

Pour certains, ces échanges peuvent être un peu violents, mais ce n'est pas dans le but de blesser qui que ce soit. Moi-même, j'ai eu du mal, mais ils m'ont expliqué qu'ils adoraient se tacler. Il parait que ça stimule leur créativité en ce qui concerne la répartie. Les garçons en font même des duels, allez comprendre.

Le reste du repas se déroule dans une ambiance bonne enfant, malgré les quelques accrochages pour rire. Je ne fais que de me répéter dans mon esprit en me disant que ce moment est tout simplement parfait, mais c'est parce que c'est réellement le cas, et je veux me l'imprimer dans la peau pour ne jamais l'oublier.

Les garçons n'arrêtent pas de plaisanter entre eux, et entendre leur rire est une de mes mélodies préférées. Ils échangent sur tout : les voitures, la famille, des débats sur la vie pour se détacher du sport automobile, même si l'on n'en est jamais bien loin. En étant pilote, on signe pour la vie..

L'air frais du soir anglais caresse mes épaules tandis que j'admire le décor nocturne autour de nous, les guirlandes suspendues, la musique et la végétation qui projette des ombres colorées au mur grâce aux lumières cachées dedans.

Je remarque que Chase est en train de me fixer alors je ne peux m'empêcher de l'embêter un peu. Il me le doit bien vu qu'il me cherche à chaque fois que je suis dans les parages. Nous allons voir si Dixon peut être aussi impassible qu'il le prétend.

Ma jambe glisse malencontreusement près de son pied en l'effleurant. Il se crispe soudainement et son regard tourné à gauche finit par se diriger vers moi. Le brun semble déboussolé, il me jauge du regard pour savoir s'il n'a pas halluciné.

Eh non, petit cœur.

Je hausse un sourcil et ses pupilles brûlent et paraissent à la fois intrigués tout en me défiant d'aller plus loin. Alors mon talon effleure son mollet, avant d'entamer son ascension.

Mes gestes sont lents et calculés pour le faire languir un maximum. Je veux le voir me désirer, je veux que son corps frissonne et s'échauffe à cause de moi. Je veux que Chase perde le contrôle comme il me le fait perdre.

La température grimpe encore et encore, nous retenons nos souffles pour éviter de nous faire repérer. Mon pied frôle sa cuisse finement musclée grâce aux entraînements, se rapprochant un peu plus de son entrejambe.

Je vois son torse se soulever plus rapidement que d'habitude, perdant ses moyens, il passe une main dans ses cheveux et j'esquisse un sourire ravi. Je suis à quelques centimètres de le mettre à genoux et d'avoir une réponse que tout ça n'était pas le fruit de mon imagination.

Sauf qu'il attrape ma cheville, provoquant une décharge dans mon corps entier. Sa main ferme, brûlante caresse ma peau tandis que j'essaie de rester en place sur ma chaise, car il me tire vers lui, le regard joueur et fiévreux.

La tension est à son paroxysme. Nos corps sont en ébullitions.

Notre petit jeu est vite arrêté lorsque la voix de son meilleur ami retenti, rompant le contact violemment, je ramène mon pied vers moi et reprends mes esprits pour essayer de paraître calme et détendu.

— Qui est partant pour se faire un voyage sur une île ? lâche soudainement très sérieusement Eliott.

L'idée me paraît tout de suite très attirante, ce serait le rêve de partir avec eux, car je sais que nous ferions des folies et graverions des souvenirs mémorables.

Je décide de me joindre pleinement dans la conversation pour éviter de croiser les iris Chase qui bouillonne de l'autre côté de la table. On dirait que mon tour a fait son petit effet et le sien aussi de mon côté.

— Mais, quelle bonne idée, je suis partante à deux cents pour cents ! m'exclamé-je pour rompre le silence.

Ma seule remarque a suffi à démarrer la discussion. Tout le monde a l'air plus que ravi. Après tout, quoi de mieux que passer des vacances de rêves avec sa famille de cœur ?

— Oh, mais oui ! On va pouvoir faire un tas de connerie, c'est génial ! hurle Levi en renversant du champagne partout, trempant sa chemise bleu marine.

Un rire m'échappe. Je l'adore tellement mon petit Italien. Il peut être si charismatique et devenir le plus grand des enfants, en l'espace d'un instant. C'est ce que j'ai aimé immédiatement la première fois que je l'ai rencontré. Pourtant, on pourrait penser le contraire, avec son visage angélique, ses cheveux foncés et ses yeux gris.

— Étant donné que j'ai proposé, je m'occupe de tout, vous aurez juste à ramener votre cul quand je vous le dirai, lance Eliott. Un volontaire, peut-être pour m'assister ?

— Compte sur moi, chef, m'exclamé-je avec un clin d'œil.

Il me sourit, visiblement ravie. On va être une équipe du tonnerre. Je sais qu'Eliott est un homme posé et sérieux quand le moment doit l'être, il a le même âge que ma sœur et elle a aussi cette même maturité.

— Putain, ça va être de la folie, je suis impatient, confie Damian.

— Tu n'as pas intérêt à passer tes vacances à draguer toutes les femmes que tu croises, sinon je te coupe ce que tu as entre les jambes, le prévient Alex en lui lançant un regard noir.

— Facile à dire pour toi, tu as déjà trouvé la femme de ta vie !

Ils continuent de se chamailler, sous nos regards à la fois amusé et épuisé, car ce doit être la vingtième fois de la soirée.

D'ailleurs celle-ci se poursuit dans la bonne ambiance, certain bouge en rythme avec la musique entraînante qui est jouée dans les enceintes depuis que le groupe est parti. D'autres discutent de sujets plus sérieux et on a bien sûr nos rigolos de services qui s'amuse à se mettre debout sur leur chaise en utilisant les bouteilles de champagne comme de micro. Veuillez accueillir, mesdames et messieurs, Damian et Levi.

Je décide de faire le point mentalement de qui sera présent pour le voyage parce que je commence à fatiguer. La journée a été éreintante et je n'ai pas autant d'énergie, mon esprit m'a tout pris, j'aimerais bien avoir leur secret.

Bon, certains ne peuvent pas venir alors si je résume bien, il y aura : Eliott, Chase, Levi, Damian, Alex et sa copine, Garrett à qui l'on a envoyé un message ainsi que Loïc. Et, enfin, je vais demander à Lana et ma sœur, Kelly, si elles veulent se joindre à nous. J'ai beau adorer passer mon temps avec les garçons, du renfort féminin ne sera pas de refus.

— Ce voyage, ça promet, pas vrai ? Je compte bien goûter chaque miette, même ce qui est interdit. Surtout ce qui est interdit, lance une voix suave de l'autre côté de la table.

Je relève les yeux et lui lance un regard intrigué. Chase me fait ressentir beaucoup trop de sentiment en même temps, que j'aurais préféré oublier. Mon corps brûle et je sais que le sien aussi. Alors, je décide de rentrer dans son jeu de nouveau.

Après tout, je lui en ai fait voir de toutes les couleurs ce soir. J'ai senti sa peau frissonner alors que mon talon glissait le long de ses jambes et il tient à me rendre la monnaie de ma pièce.

— C'est moi, l'interdit ? lui demandé-je d'une voix qui se veut sensuelle.

Je mords ma lèvre inférieure, parce que c'est vrai que ce soir, il est beau à s'en damner. Ses cheveux bruns sont en bataille, il est vêtu d'une chemise ainsi que d'un pantalon blanc faisant ressortir sa peau claire. Et voir qu'il fixe mes lèvres comme s'il voulait les dévorer ne m'aide absolument pas.

— La décision t'appartient. Si tu veux l'être alors, je ne me retiendrai pas.

Ses mots me procurent des frissons le long de ma colonne vertébrale. Je crois qu'il est temps pour moi d'arrêter de fuir et de laisser envahir mon corps pas ces sentiments bien plus dévastateurs et puissants que tout ce que j'ai pu connaître avec Ethan.

Je ne sais pas ce que nous réserve ce voyage. Mais, je sais que quelques jours sur une île, coupé du reste du monde, pourrait grandement nous faire dévier de nos trajectoires. J'ai peur Ethan. Peur de tomber pour Chase.




Hello les amis !

Je reviens après une longue absence, j'en suis désolé mais j'ai dû mal à gérer le fait de poster et d'écrire en même temps. Je pense poster quelques chapitres pendant les vacances mais après je vais devoir vous abandonner jusqu'à la fin des épreuves du bac.

En attendant, trop contente d'être de retour avec ce chapitre que j'aime particulièrement. Genre leur moment tous ensemble >>>

- Qu'en avez-vous pensez ?

- Que va-t-il se passer pendant le voyage ?

À bientot !

Prenez soin de vous <3

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