Race against a Heartbroken

By Alicia_cnl

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« 𝐏𝐑𝐀𝐘 𝐅𝐎𝐑 𝐂𝐀𝐑𝐒 » #1 Victoria a perdu son meilleur ami dans un accident de course. Depuis, elle a... More

𝐑𝐀𝐂𝐄 𝐀𝐆𝐀𝐈𝐍𝐒𝐓 𝐀 𝐇𝐄𝐀𝐑𝐓𝐁𝐑𝐎𝐊𝐄𝐍
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By Alicia_cnl


V I C T O R I A ' S P O V

♫ - Me and my broken heart by Rixton


ROUND 11 - F1 WORLD CHAMPIONSHIP.

30 juillet 2021.

Silverstone, Angleterre.

Revenir sur ce circuit a été la plus douloureuse des tortures, envoyant un peu plus mon cœur dans les tréfonds du chaos. Chaque fois que je vois ce virage, je revois sa voiture complètement détruite et son corps en détresse, criant à l'aide, me plongeant dans une crise de panique sans fin. Chaque fois que je regarde la piste, le bruit des sirènes hantent mon esprit, le cri de ma douleur résonnant en moi.

Recroquevillé contre le mur de ma loge, je pleure à ne plus pouvoir respirer. Encore, encore et encore. Mes muscles sont figés par la douleur intérieure tandis que mon cœur bat à tout rompre, j'ai peur qu'il explose.

Je hais tellement ce circuit. Ces virages ont littéralement détruit ma vie en me retirant la personne que j'aimais le plus au monde. Je te déteste du plus profond de mon âme, Silverstone. A cause de toi, j'ai dû dire adieu à mon meilleur ami, nous avions seulement dix-neuf ans et toute la vie devant nous.

Dans quelques jours, ça fera quatre ans. Quatre ans que je vis sans mon rayon de soleil. Et je n'ai toujours pas réussi à aller au-delà de la tempête qui gronde sur moi.

Ses parents m'avaient confié la précieuse responsabilité de trouver un endroit où laisser s'envoler ses cendres et je n'ai pas trouvé le courage de le faire, ils patientent aussi. Je sais qu'ils ne veulent pas me brusquer alors. Ils attendent en silence le jour où je leur enverrais un message pour qu'on se réunisse et qu'on honore son départ comme il se doit.

Je m'en veux. A cause de moi, ils ne peuvent pas faire leur deuil. Je leur ai enlevé ce droit en étant égoïste.

La douleur de mes pleurs me ramène à la réalité. Je relève enfin la tête et pose mon menton sur mes genoux. Je détaille la pièce qui est aussi silencieuse et vide que mon cœur actuellement. Mes joues sont baignées de larmes et je dois faire peine à voir.

Je me dis souvent combien Ethan me manque. Parfois plus que la vie.

Je n'ai pas avancé et je n'ai toujours pas trouvé la réponse à la question qui me ronge depuis : comment fait-on pour dire au revoir à une personne qu'on a connue toute sa vie ?

Soudain mon téléphone se met à vibrer, sûrement l'alarme que j'ai enclenché pour ne pas être en retard à mon briefing. Il faut que je trouve le temps pour me calmer alors je fouille dans ma mémoire en fermant les yeux.

Après quelques secondes, je trouve ce que je cherchais.

Respire Victoria. Une bouffée d'air à la fois. Comme dans ta monoplace. C'est ce que me disait Ethan quand j'avais trop d'idées dans la tête et ça m'a toujours aidé.

Alors même s'il n'est plus là, je le fais, coûte que coûte, parce qu'il a besoin que je vive. Je sais de tout cœur que c'est ce qu'il aurait voulu. Que je devienne championne du monde. Que je trouve l'amour. Et que je trouve une famille et un foyer, entouré de voitures.

C'est ce que je vais faire. Promis Ethan.

Je contemple le ciel à travers mes yeux bouffis par les larmes, leur goût salé sur mes lèvres. Il est étonnamment bleu et dégagé pour un ciel anglais.

Je réalise que c'est sûrement un signe. Ethan, mon petit ange, veille sur moi.



Je ne sais pas vraiment combien de temps, j'ai mis à calmer mes pleurs, encore moins combien de temps j'ai mis pour me remettre sur pied et être présentable. Tout ce que je sais, c'est que j'y suis parvenu.

Les moments comme cela sont durs à gérer pour moi, ce n'est pas facile au quotidien de prétendre que tout va bien alors que ce n'est pas le cas. Je dois faire bonne figure dans le paddock et devant les caméras alors que la seule chose dont j'ai envie, c'est de rester cloîtré au fond de mon lit et que tout le monde me foute la paix.

Heureusement, il ne reste plus beaucoup de temps avant que je ne monte de nouveau dans ma monoplace. Le seul endroit où j'ai envie d'être. Parce que ce que je ressens à l'intérieur m'aide à contrer mes démons.

Je divague dans le paddock pour prendre l'air en attendant notre conférence avec le directeur de l'écurie et les ingénieurs lorsque je passe devant le carré des interviews.

Une blonde au sourire étincelant me repère immédiatement et se dirige à grands pas dans ma direction. J'esquisse un sourire timide lorsque Lana se trouve devant moi. D'habitude, c'est moi qui suis avenante, mais aujourd'hui je n'en ai pas la force et à en juger l'expression sur son visage angélique, elle l'a bien compris.

— Tu vas tout déchirer, Victoria, j'en suis sûre ! N'écoute pas tout ce qu'on pourra dire durant ce week-end, tu le sais déjà, mais je tenais à te dire de t'écouter toi, et de ne faire plus qu'un avec la voiture, sourit-elle.

Et voilà. J'ai de nouveau envie de pleurer. Mes yeux doivent briller à cause de l'émotion mais je me retiens. Je suis tellement reconnaissante d'avoir croisé l'ange qu'est Lana, c'est un vrai rayon de soleil dans mon monde, elle fait partie des gens dont j'ai désormais besoin pour tenir et je ne suis même pas sûre de la mériter.

— Merci, Lana. Si tu savais comme je suis heureuse de t'avoir avec moi !

Elle lâche un petit rire et mes muscles se détendent.

— Moi aussi, ne t'en fais pas je ne serai jamais bien loin. Et comme tu l'as dit, être deux femmes fortes ensemble ne fera pas de mal pour botter les fesses de ces machos d'hommes.

— Ça c'est sûr !

Parler avec elle me fait un bien fou. C'est comme une bouffée d'air frais à travers toute cette fumée. Même si la plupart des pilotes sont bienveillant et protecteur avec moi, ils ne seront jamais ce que ça fait d'être une femme dans ce monde. Lana, elle, le sait parfaitement. Combien de fois, elle m'a raconté toutes les remarques qu'elle s'est prise.

— Je sais que ça fait partie de mon métier de pilote d'être toujours imperturbable sur la piste et d'être seulement concentré sur ma course, mais je ne suis pas sûr d'y arriver. Chaque fois que je regarde cette piste, le visage d'Ethan apparaît sous mes yeux, confié-je en ravalant mes larmes.

— Eh, personne ne te demande ça, et quand bien même quelqu'un le faisait, j'irai lui toucher deux mots. Tu es humaine, ressentir est humain, tu ne pourras jamais réfuter ta vraie nature parce que c'est ce qui fait que tu es entière.

— Et si j'échoue sur la piste ?

— Fais de ton mieux Victoria, je t'en prie, ne te tue pas sur la piste. Si tu ne le sens pas, contente-toi d'atteindre la ligne d'arrivée, peu importe ta position. On sera tous fiers de toi. Ethan sera fier de toi.

A peine sa phrase terminée, elle me prend dans ses bras et la chaleur de son étreinte fait du bien à mon cœur. Cela faisait longtemps que je n'avais pas reçu un câlin comme le sien et je me sens mieux. Prête à me battre sur la piste. Prête à continuer ma course pour Ethan et moi.

Notre étreinte dure un bon moment avant que nous ne daignions nous lâcher, en nous souriant. Lana m'embarque aussitôt dans un sujet de conversation beaucoup plus léger et je la remercie silencieusement pour ça.

Puis, soudain, sans trop savoir, je décide de tourner la tête tout en continuant de l'écouter, attiré par un aimant invisible, m'obligeant à faire attention à l'agitation plus loin.

Mon cœur se met à palpiter lorsque j'aperçois deux iris vertes à l'autre bout du paddock, déjà posés sur moi.

Je ne sais pas ce qui se passe dans mon corps. Tu mens.

Je ne veux juste pas me souvenir de ce sentiment qui me parcourait les veines lorsqu'Ethan était encore là. Ce qui m'effraie le plus, c'est qu'il est encore plus puissant qu'avant, plus dévastateur et surtout différent. Je le déteste. Je le déteste pour ce qu'il me fait ressentir.

— Victoria ? Tu m'écoutes ? demande Lana, déboussolée.

— Mmh, oui, dis-je en reportant mon attention sur elle.

— Qu'est-ce que je disais ?

Je soupire, je me suis faite démasquer comme une débutante et maintenant, elle va s'imaginer des choses. De lui et moi.

— Pardon, je ne t'écoutais pas, en jetant un dernier regard vers Chase.

— Je te pardonne, c'est vrai que ce pilote en combi est bien plus intéressant à regarder qu'à écouter mes anecdotes, rigole-t-elle. Il a une belle gueule, il y a quelque chose entre vous ?

— Absolument rien ! m'exclamé-je en me tournant complètement vers elle.

Elle sourit de toutes ses dents tout en jetant des coups d'œil derrière moi. Je la contemple d'un regard perdu, ne comprenant pas vraiment pourquoi elle l'a l'air d'être toute contente, on dirait une petite fille devant un dessin animé de princesse.

— Je n'en suis pas si sûr parce qu'il se dirige droit sur toi et il a un feu dans les yeux, on dirait qu'il va tout brûler.

Un feu dans les yeux ? Tout brûler ?

Je me retourne et en effet, il se dirige droit dans ma direction, je souffle pour montrer mon mécontentement. Certes, la parenthèse que nous avons vécue au club il y a quelques jours était bien loin d'être désagréable, je me suis même surprise à avoir envie de sa bouche sur la mienne et pourtant, je n'ai pas envie de le voir. Je ne suis pas sûr de pouvoir supporter sa présence ce week-end, je n'en ai pas la force à cause de tout ce qu'il me fait ressentir.

J'ai peur d'entendre mon cœur palpiter au point de ne plus entendre le son des moteurs autour de moi. J'ai peur de ne plus voir que son visage. J'ai peur de sentir son odeur peu importe où je vais dans le paddock. Tout ça me fait bien trop mal, presque autant que la perte d'Ethan.

— À plus tard, Victoria, chantonne Lana tout en s'éloignant, replaçant sa chevelure blonde par-dessus son épaule.

— Traîtresse...

Je ferme les yeux, me préparant mentalement à l'affronter. La colère, on a dit la colère. Je peux le faire, je peux lui lâcher des remarques cinglantes.

Je n'ai même pas besoin de me retourner ou d'ouvrir les yeux pour sentir sa présence dans mon dos. Sa chaleur m'enveloppe aussitôt et je me déteste pour avoir retenu la moindre sensation le concernant.

— Alors, tu ne peux plus résister à l'envie de me voir ? lâché-je avec ironie pour masquer mon manque de contrôle.

Le contrôle je ne l'ai plus quand Chase est près de moi. Il détruit une à une toutes les barrières que je m'étais fixé pour protéger mon cœur brisé.

— Tu veux la version soft ou celle sans-filtre ? demande-t-il en se positionnant en face de moi.

Je ne me cache pas et le détail de haut en bas. Contrairement à moi, il ne porte pas un tee-shirt et une casquette aux couleurs de son écurie, à la place, ils portent un ensemble de créateur noir et rouge qui lui vont bien trop à mon goût. Son pull moule ses muscles et son jean met en valeur ses longues jambes. Il est vraiment beau.

— Depuis quand tu me demandes mon avis pour lâcher tes répliques cinglantes ?

— Depuis que j'ai eu le droit de goûter tes lèvres, et que j'ai compris que tu n'étais pas une femme comme les autres, avoue-t-il, un sourire charmeur au coin des lèvres.

— Et bien, il t'en a fallu du temps ! Je pensais que ça crevait les yeux, que j'étais d'un niveau bien supérieur à toi sur la piste.

Subtilement, il s'approche près de moi et son souffle chaud s'écrase près de mon oreille. D'un seul coup je suis beaucoup moins sereine, parce que malgré le fait que nous soyons dans un coin reculé du paddock, quelqu'un peut nous voir à tout moment et je ne veux pas que l'on se fasse des idées.

— Continue de te jouer de moi, petit cœur et je me ferais un plaisir de te rafraîchir la mémoire.

— Garde tes distances Dixon, je croyais pourtant que c'était la première règle qu'on apprenait avant de monter dans un kart, sourié-je en posant mes mains sur son torse pour le repousser.

— J'oublie toutes mes règles quand je suis près de toi.

Sa remarque a le don de faire battre mon cœur à tout rompre et de me faire écarquiller les yeux. Je me noie dans ses émeraudes vertes qui me fixent si intensément. Jamais aucun homme ne m'a regardé comme ça.

Pourtant, tout est en train de déraper avec Chase. Une hypnotisante attirance est née entre nous à travers les fumées et la chaleur de la piste.

La haine du début à laisser place à un sentiment bien plus puissant. Quand je le regarde, je n'ai plus simplement envie de l'étriper, j'ai aussi envie de l'embrasser à en perdre la tête, j'ai envie qu'il me rende vivante.

Et en le regardant, là, devant moi, avec sa carrure imposante et son envie dans les yeux, je crois qu'il veut la même chose que moi.

J'ai longtemps cru que rien ne pouvait nous lier, que nous étions bien trop différents mais en fin de compte, je me suis trompé sur toute la ligne car dans le reflet je vois toutes les failles qui anime son cœur, meurtri comme le mien. Nous ne sommes pas si différents.

— Il va falloir pousser un peu plus Monsieur Dixon si vous voulez tenter une approche avec une personne de la gent féminine, ironisé-je laissant un sourire sur mes lèvres.

— Comme on dit, femme qui rit...

— Je t'interdis de terminer ce dicton, m'exclamé-je en collant ma main sur sa bouche.

Il lâche un rire avant de décaler ma main et la laisser retomber contre mon corps. Puis il reprend son sérieux avant de se pencher de nouveau près de moi.

— Si tu savais combien je rêve d'avoir autre chose que ta main sur ma bouche. Je te veux toi petit cœur.

Mon bas ventre s'enflamme mais je ne laisse rien paraître. Protéger ses barrières est une chose que j'ai apprise avec le temps après avoir eu le cœur brisé des années auparavant. Ce monde m'a tué une fois, je refuse de le laisser faire une deuxième fois en mettant un pilote arrogant sur ma route. Mais si je le laissais faire ?

Mon esprit est tiraillé, on dirait un match de tennis, les allers-retours de la balle allant entre le pour et le contre, m'épuisant mentalement.

— Personne ne m'a jamais eu, ce n'est pas pour rien que j'ai réussi à obtenir une place en formule 1.

— Je suis plutôt du genre déterminé, ce n'est pas pour rien que je finirai champion du monde à la fin de la saison, m'imite-t-il avec un grand sourire.

Fatigué de cet échange et de tout ce qu'il me fait ressentir. Je décide de couper court pour m'enfuir pour la première fois de ma vie. Je n'ai pas la force de combattre, pas aujourd'hui, pas sur ce circuit.

— Je dois y aller, j'ai une réunion, prétexté-je pour m'échapper de son emprise.

Ce qui n'était pas totalement faux.

À peine ais-je eu le temps de m'éloigner que sa voix rauque résonne dans mon dos comme une douce distraction à tout ce en quoi je croyais depuis que je suis entré dans le monde de l'automobile.

— Tu ne pourras pas m'échapper indéfiniment Victoria. Tu le sais aussi bien que moi, vivre à trois-cent kilomètres à l'heure n'empêchera jamais d'entrer en collision avec d'autres âmes.

Je le sais bien, oui.

Et c'est justement ce qui me fait le plus peur. Perdre de nouveau le contrôle, lâcher les pédales en prenant le risque de me retrouver dans un ravin au prochain virage. Je n'ai plus osé le faire depuis la mort d'Ethan.

Je secoue la tête et m'éloigne de lui jusqu'à ne plus pouvoir distinguer sa silhouette, toujours tourné dans ma direction. Je veux que toutes ces pensées quittent mon esprit, j'en ai besoin pour être sereine sur la piste et faire mon job.



Je me rends enfin dans la salle de réunion du motorhome pour notre entrevue de fin de matinée, avant les qualifications de cet après-midi.

Nous sommes à la moitié de saison, ce qui signifie que je ne dois pas faire le moindre faux pas. Je suis sur un siège éjectable et que le moindre de mes faits et gestes est épié. Être rookie n'est pas simple, on doit montrer constamment ce qu'on vaut, mais être d'autant plus une femme l'est encore moins.

J'ai eu le droit à une courte période de répit après mes résultats plutôt bons, mais je sais pertinemment que cela ne va pas durer. Je sais que certains veulent me voir dégager, ils disent que je n'ai pas ma place.

Mes pensées se calment quand je toque enfin pour entrer dans la pièce, remplacée par un air neutre et une concentration implacable.

Certains ingénieurs sont présents, ainsi que les coachs et le patron de l'écurie. John O'neill. Ancien ingénieur brillant dans l'automobile, il a fait quelques saisons en rallye avant qu'on lui confie la tête de l'écurie Alpha Tauri. Malgré son air plutôt fermé et strict, c'est un des chefs d'écurie les plus sympa et j'apprécie le fait qu'il est cru en moi.

— Salut, tout le monde ! m'exclamé-je pour signaler ma présence.

Ils lèvent tous la tête et me saluent à leur tour, le sourire aux lèvres. Je m'avance dans la pièce et prends place sur une des nombreuses chaises disposées autour de la longue table.

— On commence ? demandé-je à un ingénieur assis à ma droite.

— Non, il manque Eliott...

Je lève les yeux au ciel. Parmi le peu de défaut que possède Eliott, je dirai qu'être en retard arrive en tête de liste.

Soudain, après quelques minutes à attendre, l'impatience se lisant sur le visage des personnes présente, Eliott fait enfin son entrée en s'appuyant contre la porte, essoufflé et couvert d'une fine couche de sueur.

— Que nous vaut cette entrée fracassante, Gray ? demande John en croisant ses bras sur son torse imposant.

— Excusez-moi tout le monde, j'étais à l'autre du paddock, encerclé par des journalistes, explique-t-il en prenant place sur la chaise à côté de moi.

— Mais bien sûr ! lâche le patron en levant les yeux au ciel. La prochaine fois, tu penseras à prendre les passages secrets pour ne plus avoir ce problème.

— C'est noté John !

Je remarque que la plupart des personnes se retiennent de rire en cachant leur bouche avec leur main, ce qui me fait, moi aussi, esquisser un fin sourire.

Malgré la rude concurrence avec les autres pilotes, je ne vise absolument pas Levi ou Damian, Eliott est, lui aussi, un sacré numéro. Il est quelqu'un de très calme et concentré quand il faut, mais peut être aussi doté d'une redoutable folie.

— Bien. Nous pouvons enfin débuter cette réunion, prononce John d'une voix solennelle.

Ce genre de réunion est devenu banal pour moi, cela fait partie de mon quotidien dans le week-end et malgré les questions fastidieuses qui sont nécessaires pour établir nos plans d'attaque ainsi que les stratégies à adopter, il faut rester pleinement concentré parce que ce n'est pas négligeable.

Les différents ingénieurs et stratégistes discutent de l'angle de travail avec John pour être dans les points malgré les performances compliquées avec la voiture sur ce circuit, et j'écoute attentivement leurs propositions.

— Je pense que ça peut être une bonne solution. Qu'en pensez-vous ? demande-t-il en se tournant vers nous.

Je réfléchis attentivement. Ce sont Eliott et moi qui sont dans la voiture et qui, par conséquent, avons le meilleur ressenti de son comportement. Alors, je me remémore les essais libres de la veille et de ce matin pour trouver les failles de performances qui nous ont fait perdre de précieux millièmes.

— Je ne sais pas toi Victoria, mais j'ai trouvé que c'est compliqué au niveau des pneumatiques, la dégradation est beaucoup plus rapide que ce que j'aurais pensé, explique Eliott.

— C'est vrai, mais je ne trouve que ce n'est pas le pire.

Tout le monde note les informations que nous donnons et j'ai encore du mal avec ça. Je n'ai pas l'habitude qu'on m'écoute attentivement, sûrement à cause de mon sexe, les hommes ne prenait pas en compte mon avis même si c'était moi qui conduisais.

Et après toutes ces années, ça fait du bien d'être écouté.

Ce n'est peut-être pas encore assez, mais c'est déjà un bon début. Il ne reste plus qu'à être entendu par le monde.

Je compte bien accomplir ça durant les soirées qui auront lieu durant la deuxième partie de la saison.

— Malheureusement, on ne peut pas faire grand-chose, la météo n'est pas de notre ressort. D'ailleurs, on va la surveiller de très près, on sait qu'en Angleterre le temps change en un claquement de doigt, confie un ingénieur en face de nous en étudiant des graphiques sur sa tablette.

Nous continuons à discuter pendant une dizaine de minutes sur ce point-là, pour faire le tour de la question et ainsi, avancer tous ensemble pour rendre la voiture encore meilleure.

Les paroles fusent dans la pièce, ma tête s'agite de gauche à droite pour suivre la conversation qui se déroule autour de la table, qui est d'ailleurs jonchée d'ordinateurs, de dossiers, de câbles et d'autres instruments qui permettent de récolter les performances des deux monoplaces.

— D'autres remarques ? Victoria, tu as des choses à dire sur la voiture ? me questionne John.

Je retiens un petit sourire. Un sentiment de joie m'envahit, ça peut paraître absurde mais le fait qu'il fasse attention à mon avis et qu'il le demande me fait plaisir.

Les têtes se tournent dans ma direction, attendant ma réponse. Deux hommes me regardent avec dédain mais je ne fais pas attention à eux. Ils sont une minorité parmi l'équipe à ne pas vraiment m'apprécier alors j'en joue parfois.

— Étant donné les courbes rapides de Silverstone, je trouve qu'on manque d'aérodynamisme et donc d'adhérence, j'ai perdu la voiture dans pas mal de virages à cause du manque de vitesse, et je suis sûr que ça c'est vu sur mes temps.

— Je confirme, acquiesce Eliott. On n'a presque aucun aéro, on est à la traîne par rapport aux autres voitures, si c'est comme ça pendant la course, ce sera dur d'atteindre le top dix. Il faudrait revoir les réglages.

En accord avec ses paroles, je hoche la tête.

Nous discutons encore, nous débattons pour savoir les améliorations que l'on peut apporter à la monoplace, pour enfin arriver à la fin de l'heure, signe qu'il est temps de se remettre au travail.

Il n'y a pas que les monoplaces qui tournent à mille à l'heure ici.

— Très bien, un week-end dur nous attend, mais ne relâchons pas nos efforts, le travail paie, conclut John en se levant.

La réunion a été bénéfique pour pointer du doigt tous les problèmes et travailler dessus. Mais je crains que ce sera compliqué de les régler en un si court laps de temps, surtout pour dimanche.

L'agitation autour de moi me force à tourner la tête et je remarque qu'Eliott me salue avec un sourire, que je lui rends, puis il quitte la salle, sûrement pressé à cause de son emploi du temps.

Peu à peu, la salle se vide complètement, pourtant je n'arrive pas à me lever de ma chaise, trop occupé à chasser les pensées qui menacent de me noyer. Cette course sera dure, autant physiquement que mentalement.

Je ferme les yeux, inclinant la tête vers le haut. J'espère que peu importe où Ethan se trouve, il veille sur moi comme je continue à veiller sur lui, et qu'il me donnera la force nécessaire pour affronter cette piste qui hante tous mes cauchemars.



Hello les amis !

Je suis tellement contente de pouvoir enfin posté, ça fait plus d'un mois la honte ! Je suis désolé de vous avoir abandonné comme ça mais c'est vrai qu'en période de cours j'ai pas la tête à l'écriture ennfin bre ! RAAH is backk !

Si vous voulez savoir, ce bébé avance plutôt bien, en plus avec le challenge qu'on a organisé sur insta avec Alexia, il a le droit a un vrai coup de boost :)

- Qu'avez-vous pensez de ce chapitre ?

- De la conversation avec Lana ? Mon ptit coeur cette femme

- De celle avec Chase ? 

Je vous dis à la semaine prochaine pour un nouveau chapitre ! Profiter bien de ces vacances et de votre famille ! Joyeux Noël au passage (en retard)

Prenez soin de vous <3


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