POV : IRINA
Je prends ma valise et quitte l'aéroport. Mon père est supposé m'attendre devant le hall. En retirant mes lunettes, je scrute la foule pour le repérer. Depuis leur départ cette nuit-là, je n'ai reçu aucune nouvelle d'eux. Vito avait quitté la maison en furie, c'était la première fois que je le voyais dans cet état. Elijah le suit sans rien me dire, il ne m'a même pas regardé il m'a juste ignoré. Cela m'a beaucoup affecté, J'aurais aimé qu'il vienne me voir, qu'il me donne des nouvelles sur tout ce qui concernait Ilaria. Hélas, je n'ai rien eu, la situation qui m'a le plus affecté, c'est : cette culpabilité... Elle m'a envahi profondément. Avec Ilaria, nous n'avons pas vraiment réfléchi aux conséquences. Jamais nous n'aurions imaginé que cette surprise se transformerait en une telle tragédie.
À l'annonce de son kidnapping, une forte culpabilité et une peur indescriptibles m'ont submergée. Tout ce que je souhaitais, c'était échanger ma place avec la sienne. Personne ne m'avait informée de ce qui lui était arrivé jusqu'à ce que Vincent vienne me chercher à l'hôpital. Dans la voiture, il a exposé la situation de manière abrupte, sans même prendre en compte ma réaction ni mon état émotionnel. Dès qu'il m'avait parlé de son enlèvement, ma vie est devenue un cauchemar. Les journées étaient interminables, les nuits affligeantes et sans fin. Chaque heure me semblait une épreuve et le temps s'étirait, s'étirait, comme si chaque journée équivalait à une année. Pour moi, les journées ont été dures et je n'ose même pas imaginer... Ce qu'elle a dû vivre.
J'ai trouvé un certain refuge auprès de Logan il a été très présent sans même savoir ce qui se passait réellement. Je ne pouvais pas lui parler de qui nous sommes, ce que nous faisons dans la vie et notamment ou elle était Ilaria. Il a été présent, je dois l'avouer, sans poser des questions, sa présence m'a suffi. Je me suis sentie à l'aise avec lui...
Lorsque j'ai appris qu'ils avaient réussi à la trouver j'ai pu enfin revivre, je pouvais enfin sourire. Je n'ai pas pu quitter les États-Unis, c'est pour cela que je suis resté sur New York. Sans protection, je ne pouvais pas quitter le pays. Je suis resté dans l'appartement avec plusieurs des hommes de Vito. Mon père ne cessait pas de m'appeler... Ils craignaient que ces personnes reviennent vers moi ou bien qu'ils tentent quelque chose. Il ne pouvait pas prendre le risque qu'il m'arrive quelque chose. Il devait s'occuper de la protection de Rita et de Mattia. C'est donc pour cela qu'il a tout fait pour me garder en sécurité tout en s'occupant de leur sécurité, s'il me déplaçait, il craignait qu'il m'arrive quelque chose en cours de route. Je n'ai pas eu de retour d'Ilaria depuis ce fameux jour. Avant de monter dans l'avion, j'ai tenté de l'appeler, mais sans succès. La seule chose que je souhaite, c'est la revoir et lui donner un long câlin. La seule chose que j'espère, c'est qu'elle ne garde aucune séquelle et que ce kidnapping la rende encore plus forte. Si elle peut surmonter cette tragédie rien ne peux l'atteindre, je croise les doigts qu'elle garde ce magnifique sourire pour toujours...
Je regarde partout et toujours aucune présence de mon père normalement, il devait être là depuis un certain temps. Je regarde l'horloge, nous sommes bien arrivés dans les temps. J'ai allumé le téléphone et je ne vois aucun message de sa part. Où est-il, concrètement ?
Là mes yeux s'arrêtent sur une silhouette, il est au fond avec un costume noir. Avec son air solennel et toujours aucun sourire, aucune émotion ne se dégage sur son visage. Il est stoïque, comme dans notre toute première rencontre, comment l'oublier... ! Et ce premier moment se traverse dans mon esprit à la vitesse d'un guépard. Je revis cet instant comme si c'était la première fois. Je me rappelle qu'Ilaria était partie au restaurant avec Vito... Ou plutôt, devrai-je dire qu'elle a été contrainte... Alors que la veille avec elle, nous avons pensé que la situation était réglée et qu'il n'y aura pas de mariage... Mais notre bonheur fut de courte durée. Elle était partie avec lui, une demi-heure après leur départ, je revois une voiture arrivée devant le portail. En pensant que c'était Ilaria, je suis partie rapidement afin de savoir ce qu'il allait se passer. Je descends les escaliers et j'entends que quelqu'un sonné à la porte. J'ouvre tout en parlant... Je ne l'oublierai jamais ce que j'avais dit... "Alors, ton dîner avec cet imbécile a été rapide, tu as réussi à détruire son rêve de se marier avec toi". Quand j'ai vu la personne qui était en face de moi, j'ai vite regretté mes mots. Elijah m'a regardé avec tellement de mépris à ce moment-là, je me suis sentie comme un petit insecte qu'on regardait de haut. Ses yeux m'ont examiné de haut et en bas... Puis, ils remontent de nouveau... Et comme si je n'existais pas il est rentré me laissant sur le choc devant la porte il m'a fallu plus de dix minutes pour m'en remettre. J'ai fermé la porte et je suis partie dans la chambre d'Ilaria. Il m'a fallu toute ma force pour ne pas descendre et lui donner une droite... C'était la première fois que quelqu'un me regardait de cette manière.
Je l'ai vu ressortir quelques minutes plus tard alors que j'étais sur le balcon. Mon regard était rivé sur lui, sans que je baisse les yeux. Il a dû sentir mon regard, car il s'est brusquement retourné, scrutant le balcon avec une telle intensité que j'avais l'impression qu'il allait le réduire en mille morceaux. Heureusement, la nuit était très sombre et aucune lumière n'éclairait le balcon. Il était impossible pour lui de deviner ma présence, à moins qu'il ne possède des pouvoirs magiques... Ce qui est bien évidemment improbable. Je suis certaine, qu'il n'a jamais su que j'étais là ce soir. Malgré tout, je n'ai pas pu résister à la tentation de lui adresser un doigt d'honneur, même s'il ne pouvait pas me voir. Je devais me venger, même s'il n'en a jamais eu conscience...
Par la suite, je l'ai revu le soir même lorsque Ilaria est rentrée de son dîner. Il était adossé à la voiture, une cigarette à la main. Je n'ai pas pu m'empêcher de l'observer, et je sais que quelque chose a changé en moi ce soir-là. Son charme et son attitude froide m'ont irrésistiblement attirée. À chaque fois que je le regardais, j'avais l'impression de voir Alessandro, Francesco... Il dégageait la même allure qu'eux... Froid comme la neige et imperturbable comme une banquise. C'est cette facette de sa personnalité qui m'a le plus captivée. Je suis tombée bêtement, mais je ne regrette pas ! Il y a beaucoup de choses que j'ai évité de raconter à Ilaria, j'ai honte de lui avouer que je ressens quelque chose pour Elijah. J'ai toujours été cette fille qui ne croyait pas en l'amour, mais il est curieux de constater que l'on finit souvent par vivre ce que l'on a tant critiqué.
Par la suite, je l'ai revu à l'hôpital... Je n'oublierai jamais ce moment-là, j'ai osé l'embrasser et son air glacial ne m'a pas du tout affecté, ni fait peu. Je me suis approchée et sans attendre, je l'ai embrassé... Sur le moment, je pensais qu'il allait me repousser... Mais cela n'a pas été les cas, lui aussi m'a embrassé. J'ai ressenti un picotement dans mon ventre et puis ce que je ressentais, c'est intensifié encore plus.
Je laisse mes pensées derrière moi, je lève ma tête et je constate qu'Elijah est juste en face de moi, à quelques centimètres de moi.
— Bonjour. Dis-je directement.
— Tout va bien ?
— Oui, pourquoi ?
— Parce que cela fait un bon moment que je t'appelle et que tu ne me réponds pas... Tu étais où sur la lune ?
Il prend ensuite ma valise et tourne ses talons puis s'éloigner... Je suis restée stupéfaite pendant quelques secondes, il m'a laissé sans voix. J'ai dû me précipiter pour le rattraper. Nous quittons l'aéroport et lorsque nous sommes arrivés devant la voiture, je suis soufflé... J'ai vraiment besoin de boire de l'eau. Je sens un regard arbitraire, je me tourne vers la direction de celui-ci et bien évidemment, c'est Elijah.
— Tu es déjà fatigué ? Nous avons marché seulement deux pas... Il te faut plus de cardio Irina.
— Il te faut plus de cardio Irina. Répétai-je avec un air ironique. — Tu es un peu méprisant, non ?
— Ahh ! J'ai touché une corde sensible. Puis sur ses lèvres se dessine un sourire narquois.
— Non... Tu te trompes. Il m'en faut beaucoup pour être blessé.
— Ton expression montre tout le contraire. Ne t'inquiète pas Irina nous avons tous des faiblesses.
— Faiblesse... Revois ta définition de ce mot ! En tout cas si selon toi ça, c'est ma faiblesse au moins c'est une chose que je peux changer. Et toi quelle est ta faiblesse et peux-tu la radier... Euh ? Je fais quelques pas et je me rapproche de lui, tout en disant. — Alors Elijah, quelle est ta faiblesse et est-ce que tu peux l'améliorer ?
Je tourne ma tête vers la gauche et puis je rentre directement dans la voiture. Il me suit quelques secondes après. Nous quittons rapidement le parking, il n'a rien dit durant dix minutes. Je le regarde et je l'écoute. — Je pense que tout le monde va nous regarder, nous devons donc être tactiles, tu comprends ?
— Ne t'en fais pas, je sais jouer à la comédie.
— C'est quand même à cause de toi que nous sommes dans cette situation.
— Elijah ne fait pas genre que cette situation t'embête... Si cela avait été les cas, tu n'aurais jamais joué à cette mascarade !
— C'est toi qui es venue me parler pour que je t'aide et tu ne m'as même pas laissé le temps de tout nier en bloc. Je reste quand même un gentleman, Irina... C'est donc pour ça que je t'ai aidé.
— Je t'en suis reconnaissante pour ça... Cependant, évite de me le reprocher cette situation... Sur le fait que c'est à cause de moi que nous sommes dans cette pagaille.
Il me lance un coup d'œil rapide et puis il se concentre sur la conduite. Pour ma part, j'ai allumé mon téléphone et j'ai regardé si j'avais reçu des messages. Quelques messages s'affichent rapidement, j'ouvre celui d'Ilaria.
Nous devons parler, j'ai hâte que tu sois là !
— Pourquoi est-ce que c'est toi qui es venu et pas mon père ?
— Il était occupé et de toute façon, j'étais déjà là. Je pouvais venir te chercher moi-même. Parce qu'ils pensent que nous sommes en couple et je dois jouer le jeu non ?
Je lève les yeux au ciel et je lâche un long soupir. — Je t'ai déjà dit d'arrêter de me reprocher cela... Oui, j'ai commis une bêtise, mais tu es obligé de me le rappeler à chaque fois ?
— Je m'amuse juste avec toi... Pourquoi est-ce que tu prends tout à cœur comme ça. C'est sûrement dû aux periode....
— Arrête ça tout de suite... C'est vraiment petit comme réflexion.
— Ah, Irina... Tu as beaucoup changé. Je ne comprends pas ce que tu as.
Je ne réponds pas, je me perds de nouveau dans mes pensées. Moi aussi, j'ai remarqué cela. Et je sais pourquoi je suis ainsi... Lorsque Ilaria s'est fait séquestre j'avais besoin de quelqu'un... Pas de n'importe qui, j'avais besoin de lui... Juste lui. Je ne suis pas égoïste loin de là, je sais qu'il devait être avec Vito pour la retrouver. Je ne lui en veux pas... Mais j'aurais aimé qu'il me prenne dans ses bras. Qu'il me réconforte et qu'il me tienne au courant de la situation, je me sentais tellement coupable pour ce qu'Ilaria était en train de vivre. J'avais juste besoin d'un regard réconfortant de sa part. Ou juste d'un simple ne t'en fait pas, on va la retrouver. Et je n'ai rien eux de cela... Nous ne nous devons rien, c'est vrai... Cependant, depuis que je suis à New York avec lui, nous avons développé une certaine amitié. Toutefois, depuis ce jour où il est rentré avec Vito, le jour où Ilaria s'est fait kidnapper, j'ai compris que notre relation était vouée à l'anéantissement. Ce soir-là, son regard a changé, et il est redevenu le même homme froid que j'avais rencontré la première fois. Depuis qu'il est parti, c'est silence radio.
— Vous l'avez retrouvé ou Ilaria et comment elle se porte ?
Il me lance un regard rapide puis balance. — Nous l'avons trouvée dans une île. Elle a été hospitalisée pendant quelques jours à cause de quelques blessures et aussi parce qu'elle a inhalé de la fumée.
En l'entendant mon cœur a failli bondir de ma poitrine. Elle a dû vivre un enfer.
— Elle va mieux maintenant, ne t'en fais pas. Notre unique préoccupation actuelle, c'est Luca.
— Luca ? Que s'est-il passé ?
— Il a été plongé dans un coma pendant plusieurs jours, mais il s'est réveillé hier. Pour l'instant, tout semble aller bien, mais les médecins continuent de le surveiller.
— Le surveiller ? Est-ce grave ?
— Il a été poignardé, touchant une zone vitale. Au départ, les analyses ne montraient pas de problème, mais lorsqu'il s'est réveillé, ils ont remarqué qu'il ne pouvait pas bouger son bras. Ils doivent attendre quelques jours pour voir s'il retrouve sa mobilité. Apparemment, c'est normal après une telle opération, mais il y a toujours un risque qu'il ne récupère pas complètement.
Je hoche la tête pour lui répondre, puis je laisse à nouveau mes pensées m'envahir. Notre vie a subi tellement de changements, en particulier celle d'Ilaria. Tout s'est transformé si rapidement que j'ai du mal à croire que nous sommes en train de vivre cette situation. Nous avions d'autres attentes dans la vie, surtout elle, et aujourd'hui, nous menons une vie totalement différente de ce que nous avions espéré. Le plus étonnant dans tout cela, c'est que finalement, cette vie que nous avions tant critiquée est devenue une source de bonheur. Même si Ilaria ne veut pas l'admettre, je suis convaincu qu'au fond d'elle... Tout au fond, cette nouvelle vie lui plaît. Elle doit simplement l'accepter, car c'est ainsi qu'elle pourra en profiter pleinement.
Je repense à Luca, j'avais six lorsque je suis arrivé chez le Florencii. À cette époque lui, il avait à peine un an. Il a toujours été un garçon très sociable, un véritable expert en bêtises, et il n'a pas peur de se confronter aux gens pour défendre ses convictions. Il est souriant, très astucieux et ce côté-là de lui qu'il faut se méfier. Il sait garder son sang-froid toujours avec ce sourire fier aux lèvres. Son expression, sa communication non verbale il les maîtrise comme un maître. Son sourire est constant, et il est incroyablement astucieux, mais c'est ce côté de lui qu'il fallait prendre au sérieux. Sous son sourire, on ne sait jamais vraiment ce qu'il pense. Il peut garder son calme tout en lançant des attaques surprenantes, toujours avec ce même sourire aux lèvres. Il est capable de se mettre tout le monde à dos si les choses ne vont pas dans son sens... C'est-à-dire... Lorsqu'il veut quelque chose, et que les personnes autour de lui ne sont pas d'accord, il peut tout abandonner juste pour cette chose.
Je me rappelle que lorsqu'il avait quinze ans il s'était dressé contre tous les membres du gang, car ils n'approuvaient pas son rêve de devenir un footballeur. Il s'était mis à dos son père, son grand-père et tous les autres membres uniquement pour vivre comme il le voulait... De vivre de sa passion. Pendant des mois, ce fut la guerre, il était seul face à tous les hommes du gang... À seulement quinze. Quand il a vu que son père et son grand-père n'étaient pas de son côté, il s'était enfui de la maison, il est resté des mois sans donner de ses nouvelles. Nous ne savions pas où il était, ni avec qui il était... Il est revenu quelque temps après... Et il n'a plus jamais parlé de foot.
Je suis persuadé qu'il sera un excellent boss pour notre gang. Il sait comment se mettre tout le monde contre lui quand les choses ne vont pas dans son sens. En d'autres termes, s'il désire quelque chose et que les autres ne sont pas d'accord, il est prêt à tout sacrifier pour l'obtenir, tout en gardant ce même sourire en coin.
Elijah s'arrête devant un grand portail et au bout de quelques secondes celui-ci s'ouvre. Nous entrons dans une grande villa. Elle est immense et magnifique. Elle se situe juste en face de la plage. Je remarque que la sécurité, elle s'est encore plus intensifiée... Il y a vraiment beaucoup d'hommes plus que d'habitude. Chacun d'eux porte des armes, des lunettes de soleil et des écouteurs.
— Cela va être ainsi à partir de maintenant ?
— Oui, il faut donc t'habituer... Il se dirige vers le coffre et il prend ma valise. Il s'approche de moi et puis il me murmure à l'oreille. — Il faut qu'on s'embrasse, ton père est sur le balcon en train de nous observer. Il faut que cela soit crédible. Tu es d'accord ?
— D'accord... Il me regarde quelques secondes par la suite, il s'approche de plus en plus. Nos bouches se scellent. Au départ, c'était un baiser tellement timide et puis, au fur et à mesure, il s'est transformé en quelque chose de plus passionnel.
On s'éloigne, je n'ai pas pu éviter de rougir en voyant tous les regards. Elijah me donne sa main et nous nous dirigeons en direction de mon père.
....
J'ai pris une longue douche et en ce moment, je suis en train d'enfiler un pyjama. Avec Ilaria, nous avons beaucoup parlé et j'ai toute suite remarque ce kidnapping l'a rendue encore plus forte qu'avant. Elle m'a parlé de ce qu'elle a vécu et pendant tout son récit, elle a su garder son calme. Dès que j'ai le vu, je me suis approché rapidement vers elle. On s'est donné un câlin et à vrai dire, je ne sais combien de temps, nous sommes restés dans cette position. Je l'ai laissé, car elle devait aller discuter avec Luca et Vito.
Je regarde dans le balcon et je remarque Elijah assis à côté de la piscine et train d'observer l'obscurité. Je me motive et me donne la force d'aller le rejoindre. Après avoir lâché un long soupir, je me dirige vers sa direction. Il a dû entendre mes pas, car il se tourne rapidement lorsqu'il remarque que c'est moi, il se calme toute suite. Je m'assois en face de lui et je balance. — Salut, tout va bien ?
Il hoche sa tête et puis il dit. — Oui... Ne t'en fais pas... !
— Tu es sûre de toi ? Parce qu'on ne dirait pas !
Il approuve d'un signe de tête. Nous restons en silence durant un long moment. — Tu as fait l'armée, non ? Tu es resté combien d'années ? Je souhaitais amener la discussion entre nous et, aussi, car je suis curieuse de savoir pourquoi il est passé de l'armée au monde criminel.
— Ce n'est pas un secret, je suis resté presque six ans. Et je suis certain que tu te poses la question de pourquoi j'ai passé de l'armée à la pègre... Ai-je tort ?
J'ai hoché la tête plusieurs fois...
Il me répond au bout de trois secondes. — Parce qu'il y avait deux personnes qui m'ont tendu la main quand j'en avais le plus besoin... Le premier, c'est un militaire et le second, c'est Francesco Colucci.
Je garde le silence, le regardant sans mot dire...
— Tu sembles déconcertée, n'est-ce pas ? D'un côté, il y a la voie légale, de l'autre, le chemin de la pègre.
— Peux-tu me donner plus de détails... Bien sûr, si cela ne te dérange pas !
— Alors... Tout a commencé lorsque j'avais sept ans. Les premières années de ma vie ont été le pur bonheur. Ma mère était encore là et elle a été une des meilleures mères qui puissent exister. Malheureusement les bonnes personnes finissent toujours par partir en premier. Le pire dans cette situation, c'est que ce sont toujours les bonnes personnes à qui en fait les plus de mal, et ma mère, ce fut l'une d'elles. Elle donnait tout à tout le monde... Et elle... Elle ne recevait rien.
Je le regarde et à ce moment, j'ai vu sa solitude, sa tristesse et sa douleur. Après avoir fait une courte pause, il reprend. — Comme je t'ai dit notre vie était merveilleuse, mais tout a commencé lorsque j'avais sept ans. À cet âge-là... Je ne comprenais rien... C'est bien plus tard que je l'ai compris. J'ai fêté mes dix-huit ans an après avoir intégré l'armée. Pour mes dix-huit ans le foyer dans lequel, j'étais m'avait envoyé une lettre de ma mère... Ou elle me parlait à cœur ouvert tout ce qu'elle avait vécu. Il n'y a pas plus hypocrite que le monde du travail... Ma mère a fait frais des trahisons de ce marché et sa gentillesse l'amenée à sa perte...
Il s'est tu durant de longues minutes. J'ai fini par craquer. Je m'approche de lui et je le regarde. — Si tu n'es pas prêt ne m'en parle pas... !
— Non... J'ai vraiment besoin de me vider... Il me donne un léger sourire puis il ajoute.
— Elle a toujours été présente pour tout le monde en s'oubliant par la même occasion. Tout a commencé par une promotion... Ma mère la désirait ardemment et sa soi-disant meilleure amie était aussi dans la course... Ce qui a engendré une féroce compétition entre les deux. Le problème, c'est que l'une jouait selon les règles, tandis que l'autre adoptait des méthodes très sales... Entre les coups bas, les trahisons, puis les ont dit. Ma mère s'est retrouvée au milieu de cette tourmente. Cette femme avait réussi à semer la zizanie entre ma mère et tous ses autres collègues. Ensuite, elle a tout fait pour avoir cette promotion... Et elle l'a obtenu. Quelques semaines plus tard, cette même personne qui a été la meilleure amie de ma mère la virée... Comme une mal propre. C'est là que ses véritables ennuis ont commencé. Sans travail, c'était difficile très difficile pour elle, les factures se sont enchaînées. Et trouver un travail, c'était de plus en plus difficile...
Plus il parle, plus je me sens mal pour lui... Je ne dis rien je l'écoute simplement. C'est ça dont il a besoin... D'une oreille.
— Deux mois après elle reçoit encore une mauvaise nouvelle. Elle était atteinte du cancer du sein. Malheureusement pour elle... Elle a été détectée trop tard. Sans argent, elle n'a pas pu s'en tirer. À ce moment-là je venais d'avoir huit ans et ce même jour, j'ai perdu ma mère. Elle ne respirait plus, ne répondait plus, j'ai donc appelé une ambulance. Et avec eux, il y avait un flic et un militaire. Ils m'ont annoncé la mauvaise nouvelle. Le militaire m'a regardé et pour une fois, j'ai senti comme un certain amour que je ne recevais que de ma mère. J'ai été placé dans un foyer. Lorsque j'ai eu dix-sept ans, c'est ce même homme qui est venu me voir. Il m'a donné la possibilité de rejoindre l'armée... Il m'a tendu la main quand j'en avais le plus besoin... J'ai accepté... Quelques jours après, j'ai rencontré Francesco, lui aussi m'a tendu la main.
Dès qu'il a fini, je me suis approché et je l'ai enlacé. Nous sommes restés ainsi longtemps.
Le lendemain
Après voir prit le petit-déjeuner avec Ilaria, nous sommes partis vers sa chambre.
— Tout va bien ?
Je la regarde pendant quelques secondes et puis je finis par parler. — Oui, bien sûr !
— On ne dirait pas durant tout le petit-déjeuner j'ai remarqué que tu étais absente... Absorbée par tes pensées. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose entre toi et Elijah ?
— Je vais bien... Hier avec Elijah, nous avons parlé et il m'a raconté son enfance, j'ai été bouleversé en apprenant ce qu'il a dû vivre.
Elle me fixe clairement désireuse d'en savoir plus... Pourtant, elle garde le silence et m'adresse un sourire. — Je suis là si tu as besoin de parler.
Il y a tant de choses que j'apprécie en elle, mais c'est cet aspect que j'aime le plus. Elle sait quand respecter les limites, elle ne me presse pas pour obtenir des réponses. Et attend simplement que je me sente prête à lui parler. C'est une personne remplie d'empathie, dotée d'un immense cœur. Lorsqu'elle aime quelqu'un, elle est prête à tous les sacrifices.
Cependant, je ne pourrais pas lui parler de ce qu'Elijah a vécu. Parce qu'Elijah ne voudrait pas que je raconte son histoire. C'est à lui de le faire, pas à moi. Et puis puisqu'il s'est confié à moi et serait laid de ma part de parler de ce qu'il m'a raconté. Même si cela me déchire le cœur, et que les conseils d'Ilaria sont toujours précieux.
Je voulais te parler depuis un moment, mais je ne trouvais pas l'endroit le plus convenable pour ça et surtout parce que je n'ai pas envie qu'ils nous entendent.
Je fronce les sourcils puis je la regarde. — Comment ça... Il se passe quoi ?
— Mon père m'a proposé de divorcer !
Je la fixe, ma bouche s'ouvre d'étonnement ou de choc, je ne sais pas. — QUOI !!
Shhh — Ne crie pas...
— Tu peux t'expliquer ?
— Il me l'a d'abord annoncé dans le jardin. C'est à ce moment-là que Luca s'est réveillé, donc nous n'avons pas parlé. Mais hier soir, il m'a dit de venir dans son bureau. Il m'a donné l'acte de divorce et un stylo.
— Ilaria ne me dit pas que tu as commis une bêtise. S'il te plaît tu ne l'as pas fait.
Elle ne répond pas donc je continue. Ce que je dis, c'est pour ton bien... Tu es au courant qu'à partir de maintenant, les gens vont te regarder différemment. Les ragots vont se multiplier. Tout le monde va donner son grain de sel, juste parce qu'en entendant ce genre de nouvelles... Pour eux, c'est l'excuse parfaite pour critiquer et faire des sous-entendus... Et tu veux savoir le pire ? C'est qu'à leurs yeux, tu seras toujours la fautive. Tu connais déjà notre société, même si tu as vécu un enfer avec lui... Qu'il t'a fait toutes les crasses du monde. Pour eux, la personne qu'ils vont le plus critiquer, c'est la femme, donc toi. Pour Vito, ce divorce ne va pas dégrader son honneur ni son image... Mais toi, si ! Ils vont toujours se poser cette question... Mais elle a dû faire quelque chose pour que lui divorce d'elle.
Je fais une pause pendant tout mon discours Ilaria n'a rien dit je la fixe puis je m'approche d'elle. — Je sais que c'est injuste, mais c'est ça notre vie et nous devons toujours être parfaites à leurs yeux. Ce genre de nouvelle vont être très destructives pour toi... Autre chose que tu dois prendre en note, c'est que les personnes qui vont le plus critiquer ce ne sont pas les hommes... Mais les femmes, c'est ça qui fait le plus mal.
— Cela me montre que tu ne me connais pas Irina. Tu penses que cela va me déranger ce que ces gens vont penser de moi ? Je ne les connais pas. Donc leur avis m'importe peu et puis je n'ai pas envie de me la péter. Mais tu sais que la plupart ont peur de mon père en conséquence, elles seront incapables d'ouvrir leur bouche.
Je ris sec, très sec — Les chuchotements, les regards hautains, les critiques derrière ton dos... Ça, c'est une spécialité de femme et crois-moi que tu vas le remarquer. On laisse ce côté-là, ce problème de société. J'ai envie de te parler de ta relation avec Vito. Je trouve que vous formez un bon couple. Je suis certaine, que tu ne vas jamais retrouver, une autre personne comme Vito, vos deux personnalités collent tellement bien ensemble, jamais, tu ne trouveras une personne qui pourrait te correspondre comme lui, te correspond. Et d'ailleurs, je pensais que vous avez enfin mis les choses au clair et que vous vouliez construire que chose ensemble.
Je me tais un court instant et puis je rajoute. — Comment il prit la nouvelle ?
— Il n'est pas encore au courant.
— Tu peux toujours le réparer, tu le sais ?
— Non... Parce que... Elle ne dit rien et je commence à stresser... Elle sourit puis — Puisque... Il n'y a pas de divorce.
— Attends !! Quoi ?
— Je n'ai pas signé.
Je m'approche d'elle et je l'enlace. — Tu m'as fait vraiment peur !
— Je n'aurais jamais signé. Notre relation a tellement évolué, et je me sens bien avec lui. Je suis heureuse de tout ce que nous avons accompli jusqu'à présent. Il est différent, patient, protecteur, et même drôle. Peut-être que c'est son côté arrogant qui m'a fait craquer, alors qu'au début, je détestais cette facette de sa personnalité. Ce qui me touche aussi, c'est qu'il ne m'a jamais poussée à aller plus loin. Nous sommes mariés depuis plus d'un an maintenant, et il ne m'a jamais mis la pression à ce sujet. C'est ce que j'apprécie le plus chez lui.
....
Je suis partie pour rejoindre mon père. Il est assis dans son bureau en train de lire quelques informations.
— Bonjour, dit-il après m'avoir vue
— Salut, que fais-tu ?
— Je revois deux trois données. Alors ton séjour à New York. C'était comment ?
— Trop bien je me suis bien amusée !
— Tu veux repartir avec Ilaria et Elijah, c'est ça ?
— Oui, pourquoi tu le demandes ?
— Il fait qu'on parle Irina. Les choses ne peuvent pas continuer de cette manière.
— C'est-à-dire ?
— Ta relation avec Elijah ne peut pas continuer ainsi.
— Je ne te suis pas là papa ?
— Elijah doit mettre la deuxième... Tu comprends ?
— Pourquoi tant de précipitation il y a un problème ?
— Les gens commencent à parler et je n'aime pas ça.
Je le regarde perplexe puis il continue. — Nous ne sommes pas italiens et beaucoup de personnes dans le gang ne sont pas très enchantées de cela.
— Mais tu es le consigliere d'Alessandro, tu as quand même dû pouvoir.
— C'est ça le problème, je ne suis pas italien je faisais partie de la mafia libanaise et ils ne sont pas très enchantés que ce soit un étranger qui ait ce pouvoir.
— Et c'est quoi le problème, concrètement ?
— La mafia italienne reste très traditionnelle et stricte. Et ils ne sont pas ravis de voir ta relation avec Elijah. Vous n'avez pris aucun engagement et c'est ça leur problème. Vous ne pouvez pas continuer votre relation pas sans vous marier.
— Non !! Je ne suis pas d'accord. Tu ne peux pas forcer ça et me mettre la pression comme ça.
— Si Elijah ne se marie pas avec toi, j'ai d'autres candidats.
— Mais papa... T'entends-tu parler ?
— Tu n'as pas le choix. Il y a quelqu'un qui a demandé pour toi. C'est un underboss, il gère le Nevada. C'est un bon candidat pour toi.
— Je t'ai déjà dit que je ne vais pas accepter.
— Nous n'avons pas le choix. Soit c'est Elijah, soit c'est lui.