Qui est cet homme ? Pourquoi ai-je l'impression qu'il m'a vu par le passé, alors que je ne me souviens pas l'avoir déjà vu ?
Et si ce n'était pas moi le problème ! Et si... Et s'il connaissait Pedro? Mais oui, il peut très bien être un dealer aussi dans le quartier, l'un n'empêche pas l'autre.
Est-ce que c'est son collègue ?
Si c'est le cas, je viens de creuser ma propre tombe et celle d'Alma. Je suis tellement stupide, j'aurais dû y penser avant.
Les choses s'annoncent très mal pour moi !
J'ai immédiatement baissé la tête, me levant brusquement de la chaise sur laquelle j'étais assis. Et quitta le bar sous le regard intrigué de l'homme.
L'homme est resté assis sur sa chaise et n'a pas pris la peine de me suivre. Il semblait être bouleversé. C'était comme s'il avait vu un fantôme.
Qu'est-ce qui vient de se passer? me demandai-je en essayant de reprendre mon souffle.
Je n'ai pas réfléchi ! Je me suis laissé guider par mes impulsions.
Comment ce détail a pu m'échapper?
Ici, tout le monde connaît tout le monde.
J'aurais dû passer par Chavo, au lieu de me mettre inutilement en danger. Cela m'aurait permis de conserver mon anonymat.
Une fois dans le taxi, loin du lieu du rendez-vous, ma respiration est devenue de plus en plus régulière.
J'avais les larmes qui me montaient aux yeux. Je viens de me mettre dans un bourbier pas possible.
Une fois dans mon appartement, j'ai verrouillé la porte derrière moi, de peur que quelqu'un ne me suive.
La tension est toujours présente, je tremble de peur comme une feuille !
J'ai regardé par la fenêtre qui donnait sur la rue principale et il n'y avait personne.
Il n'y a rien signalé, tout semble... NORMAL !
Soudain, un bruit me fit sursauter : quelqu'un cogna violemment à ma porte.
Mon cœur s'est mis à battre à 100 à heure. Je suis au bord du malaise. Je crains le pire, je ne veux pas être retrouvé assassiné chez moi. Quelle triste fin !
Attendez ! Ces cognements...oui... ces cognements, je les reconnaissait.
Alma, c'est bien toi ?
Je m'approchai de la porte les pieds tremblants. Par peur de ce qui se cache derrière.
Après ce qui m'a semblé une éternité, la personne derrière la porte a finalement répondu.
Oui, c'est bien moi... Je... Je comprends que tu ne veuilles pas m'ouvrir la porte. Je suis désolée de ne pas t'avoir donné de nouvelles plutôt.
J'étais heureuse de savoir que c'était elle et personne d'autre.
Sa voix a emporté toutes mes peurs. Étrangement, j'allais un peu mieux.
J'ai immédiatement déverrouillé la porte et l'ai prise dans mes bras avant qu'elle ne puisse bouger d'un pouce.
Je ne sais pas ce que je ferais si je te perdais ! me confiais-je à elle, encore bouleversée par les événements.
Désolé de t'avoir fait peur, mon amour ! Tu es la personne la plus importante pour moi. Tout va bien maintenant, tout est fini. je suis là maintenant, me rassurera-t-elle.
Alors que je la serre fort contre moi, comme si c'était la dernière fois, mes yeux tombèrent sur une valise, non loin d'elle.
Dis notre colocation tient toujours... même si... même si, je t'ai abandonné en cours de route ?
Bien sûr que oui ! Tu tombes bien d'ailleurs, je croule sur les dettes figure-toi.
Bien sûr que je ne croule pas sur les dettes. Le salaire que Chavo me verse est plus que suffisant. Il me permettait de tout prendre en charge, loyer , électricité...et je peux même me faire plaisir de temps en temps. C'est la seule chose que je regretterais, si je devais quitter ce boulot.
Mon commentaire le fit légèrement sourire. Ce qui me fait sourire à mon tour.
Aller, commence par rentrer ensuite on en reparlera !
Elle est entrée dans l'appartement, pendant que je vérifiais que personne ne nous observait.
Après avoir fait rentrer la valise. Je lui ai versé un verre d'eau et m'assis à côté d'elle, sur le canapé.
Je lui ai parlé du bébé !
Nous n'avons pas eu l'occasion d'en parler depuis la dernière fois. Je ne lui ai même pas demandé comment elle allait ? Je ne peux pas imaginer sa douleur, ça doit être si dur.
Comment te sens-tu après ce drame ? lui demandé-je en lui caressant les cheveux.
Mal ! J'aurais aimé ne pas passer par là !
Mon cœur se serre, jusqu'à quand allons-nous être éprouvés ?
Je suis désolé pour ta perte !
Ne t'excuse pas, ce n'est en aucun cas ta faute.
Cette situation me rend extrêmement triste, j'espère qu'elle se remettra au plus vite. Même si c'est quelque chose qu'on n'oublie jamais.
Et Pedro, comment... comment...
Il s'est excusé et s'est calmé. Il avait l'air de s'en vouloir. Mais c'était trop tard. Le mal est déjà fait, tout est fini. Il n'y a plus rien qui nous relie...
Je l'espère, j'espère que cet individu va enfin la laisser tranquille !
Et en ce qui concerne notre relation, elle bat des ailes depuis un moment. Je n'ai même pas eu le temps de profiter de ces soi-disants fiançailles. Il faisait semblant de faire de son mieux pour me donner un meilleur avenir, mais ce n'était qu'une excuse pour faire ses bêtises en silence sans s'expliquer à personne.
Je la prends de nouveau dans mes bras, en la serrant fortement. Elle a beaucoup trop souffert... beaucoup trop, même... Mais maintenant, tout ira mieux.
Dans quelques jours, nous verrons si Pedro a lâché l'affaire ou pas. Et s' il revient encore à la charge, alors nous nous en irons très très loin d'ici. S'il le faut, nous mettrons même nos morts en scène.
C'est triste, mais c'est le seul moyen d'avoir la paix.
D'ailleurs, ce que j'ai failli faire tout à l'heure, n'était pas nécessaire. Tout finit par s'arranger de lui-même.
J'avais prévu de ne rien lui dire, sur ce que je m'apprêtais à faire, il y a tout juste quelques minutes. Elle avait déjà beaucoup de soucis et pour ma part, tout était déjà oubliée. J'espère que cet homme, de son côté, m'oubliera aussi.
Nos vies vont reprendre là où elles s'étaient arrêtées, il y a un peu plus de 2 ans.
Un semaine plus tard...
Depuis que Pedro et Alma ont rompu. Je n'ai pas mis un pied dehors et Alma non plus. Nous avons profité de ces journées paisibles pour passer du temps ensemble. Nous en avons besoin, cela fait des décennies qu'on n'en avait pas eu droit.
Fini les " je dois rentrer avant Pedro, sinon ce sera la cata". J'ai l'impression que tout cela est derrière nous, que désormais tout ira mieux.
Aujourd'hui, je suis la première à m'être réveiller d'un long sommeil. Je lui fais un verre de jus d'orange avant de regagner sa chambre. J'ose espérer qu'elle est déjà réveillée, à son tour.
De retour dans la chambre, je l'a trouve sur son téléphone.
Tu es enfin réveillée !? Tiens, je t'ai apporté un jus de fruit fait maison! Lui dis-je en lui donnant le verre
Merci pour ça, me remercie-t-elle en buvant une gorgée de son jus, et pour tout. Merci d'avoir été avec moi toutes ces nuits et d'avoir pris soin de moi.
Elle n'a pas besoin de me remercier, je ferai n'importe quoi pour elle.
Je le fais avec grand plaisir mon amour, tu le sais.
Je pose le plateau sur sa table de chevet, il est temps pour moi d'aller me préparer.
Si tu ne te sens pas bien, appelle moi à n'importe quel moment, je reprendrai présent.
Tu vas au travail ?
Oui... j'espère que l'ambiance sera meilleure. J'en ai marre de ces ivrognes. J'ai la chance d'être enfermé dans une boîte de sardines, mais quand je vais aux toilettes ou quand je bouge ne serait-ce que d'un pouce, ils se jettent immédiatement sur moi comme des vautours.
Elle s'est mise à rire, elle aimait se moquer de moi.
Je sais ce qu'il te faut pour éviter ça !
Quoi !
Reste avec moi, ne pars pas ! réclame-t-elle en m'enlaçant
Il le faut Alma... il le faut... il faut que j'y aille, j'ai déserté depuis une semaine. Et ça, Chavo n'appréciera pas.
En plus de cela, il n'y a personne en qui Chavo pouvez avoir confiance pour faire les comptes, et encore moins s'occuper du reste.
Chavo est un homme qui traite les gens selon leurs mérites. Il est le parfait illustration de la méritocratie. Je ne lui suis plus indisponible. J'ai gagné son respect en étant fidèle, je n'ai jamais piqué dans la caisse ni essayé de lui mettre à l'envers au bout de plus de 3 ans à travailler à ses côtés. D'où ces traitements de valeur a mon égard.
Je n'ai pas d'autre choix. Je dois y aller ce soir, je ne peux pas fuir mes responsabilités. En plus, c'est notre seul revenu en ce moment et si Chavo décide de me virer, je ne trouverai pas mieux avant longtemps.
OK, je te laisse partir, et je t'attendrai toute la nuit. En attendant, je regarderai des documentaires... Tu sais, celles que tu n'aimes pas, me charrie-t-elle.
Qui a dit que je n'aimais pas tes documentaires d'enquêtes criminelles ?
Tu plaisantes, tu n'en as jamais regardé un seul avec moi !
C'est vrai, je n'en ai jamais regardé avec elle. Ces documentaires sont une tentation. Je m'interdis de les regarder. Si je l'avais fait, je suis sûr que j'aurais déjà tué Pedro de puis bien longtemps, et me serait débarrassé de son corps, avec un de ses acides.
On en regardera... une... ou deux...ou trois...comme bon te semblera, si tu es encore éveillé à mon retour, sinon on le fera une autre fois.
promis !
Dit-elle en levant son petit doigt vers moi, j'ai fait de même, nous avons croisé nos petits doigts.
Promis !
Il ne me reste plus qu'à tenir ma promesse. Et je comptais bien le faire !
D'accord, je vais rester éveillé jusqu'à ton retour !
Avoir quelqu'un qui attend avec impatience notre retour à la maison est un sentiment indescriptible. Je n'avais qu'une seule hâte, rentrer le plus vite possible à la maison.
Alana ? M'intercepta Alma, au moment où je m'apprêtai à partir.
Oui ?
Il est passé où ton piercing ? Je ne t'ai pas vu le porter de la semaine !
Je pose naturellement ma main sur mon nombril en relevant à moitié mon haut, forcé de constater que mon piercing n'y était plus.
Tu ne l'enlèves j'avais d'habitude, qu'est-ce qui s'est passé ?
Euh...je...j'ai dû le poser quelque part dans ma chambre !
En vrai de vrai je ne sais même pas où est passer le piercing. Il a sûrement dû tomber quelque part. S'il est dans la maison je le retrouverais bien un de ces jours.
••••
Ça fait plus de 3 heures que j'essaie de rattraper le tonne de travail qui s'est accumulé en mon absence. Et autant dire que j'en ai encore pour de longues heures. Nous sommes à la fin du mois, je dois m'occuper des salaires, des factures, de l'inventaire, etc.
Je n'avais pas eu l'occasion de croiser Chavo depuis mon arrivée. Ça m'arrange plus qu'autre chose. Je ne voulais pas qu'il me pose des questions, à propos du numéro qu'il m'avait fourni. Ni du pourquoi de ma disparition ces derniers jours.
Impossible de me mettre au travail correctement. Je m'embrouillais dans mes calculs à chaque fois, ça ne rime à rien ce que je suis en train de faire.
L'incident avec cet assassin me traçasse. Nous n'avons pas eu de nouvelles de Pedro depuis plus d'une semaine. Mais si cet incident arrive à ses oreilles, il va déchanter et croira que moi et Alma avons planifié de nous débarrasser de lui.
J'ai fait une grosse erreur cette nuit-là et ça me hante au plus haut point. Cet homme a vu mon visage. Je suis sûre qu'il pourra dresser un portrait de moi, si Pedro le lui demandait.
Laisser Alma seule à la maison ne me rassure pas. Je ne sais pas pourquoi, mais ce soir, je me sentais vraiment mal.
J'étais agité, je me sentais vraiment mal.
Après minuit, j'ai attrapé mon sac et j'ai commencé à mettre mon manteau. Ça ne sert à rien de rester ici quand j'ai l'esprit ailleurs.
Où vas-tu ? Il n'est que minuit ! M'intercepta Miranda comme à son grande habitude.
Je ne prête pas attention à son commentaire et finis d'enfiler mon manteau.
J'ai un mauvais pressentiment ! dit-elle en me regardant, j'ai l'impression que tu ne reviendras pas... Oui ! Aujourd'hui, ton règne prend fin dans se bar.
Oiseau de mauvais augure !! murmurai-je sans la regarder.
Ils méritent tous de disparaître, Miranda comme Pedro.
J'ose espérer que ce sera-t-elle qui va me faire plaisir et disparaître de la circulation une bonne fois pour toutes. Cela me fera des vacances.
Ça, j'en doute ! Et si jamais cela arrive, songe à faire une reconversion professionnelle... je ne sais pas moi...Médium... ou sorcière t'irons à merveilles.
Je tourne les talons et quitte la petite pièce. Je n'avais pas son temps, d'autant plus que j'ai terriblement mal au ventre à cause de mes règles.
J'ai quitté la pièce pendant qu'elle m'insultait.
Une fois dehors, dans le froid, je héle un taxi pour rentrer chez moi. J'expliquerai à Chavo plus tard. Je suis pressé, Alma doit m'attendre.
Je n'avais qu'une hâte rentrée à la maison. Alma doit sûrement m'attendre. Ce soir, on allait regarder ces enquêtes criminelles.
Arrivé devant mon appartement, je vis que la porte était entrouverte ce qui ne me laisse pas indifférente.
Pourquoi la porte est-elle ouverte à cette heure-ci ?
Il me semble lui avoir dit de fermer la porte après mon départ et de ne l'ouvrir à personne sauf à mon retour.
Je me suis discrètement glissée dans l'appartement sans faire de bruit. Elle a dû oublier de fermer la porte derrière moi, et le vent a dû l'ouvrir.
J'ai été accueilli par le son de la télévision un peu plus fort que d'habitude. Je suppose qu'Alma doit dormir devant la télé.
« le poison qu'elle vient d'administrer à son père provoque les même symptômes qu'une crise cardiaque et son père décède à peine quelques heures plus tard. Pourtant le médecin légiste ne retrouve aucune substance dans son organisme...»
Au bout du couloir, j'ai tout de suite vu que l'appartement était sens dessus dessous. On dirait qu'une tornade est passée par là. Tout est à l'envers !
C'est quoi ce bordel encore !?
Ah non ... Ne me dis pas qu'il est revenu à la charge !?
Alma, t'es là ? Criai-ai-je dans l'appartement, apparemment vide tout en essayant de remettre en place les objets qui me passaient sur la main.
J'ai enlevé mon manteau, je l'ai posé sur le canapé et j'ai commencé à la chercher, fouillant dans tous les coins et recoins. Il n'y a aucune trace d'elle. Puis-je me suis dirigé dans sa chambre, au bout du couloir.
Qu'est-ce que c'est que ça ? Soliloquai-je en remarquant que des taches de sang devenaient de plus en plus visibles, à mesure que je me rapproche de sa chambre. Le mur était couvert de sang et même la serrure n'a pas été épargnée.
Mon cœur s'est arrêté de battre, c'est quoi tout ce sang ?
Des larmes ont commencé à couler sur mes joues sans raison. C'était comme si mon corps se préparait à quelque chose que je ne connaissais pas.
J'avais tellement peur de ce que je pourrais voir quand j'ouvrirai la porte de cette pièce.
Faites que ce ne soit pas ce à quoi je pense.
Je tends la main pour ouvrir la porte, j'ai plus peur que jamais, je repousse le moment, prends une profonde inspiration et ouvre doucement la porte.
Calme-toi Alana ! Ne t'inquiète pas ! Soliloquais-je les yeux fermés, en essayant de me rassurer le plus possible.
J'ai ouvert les yeux une fois la porte complètement ouverte.
AHHHHHHH !
J'ai crié à ce que je voyais.
Mon sang n'a fait qu'un tour, c'est bien pire que ce que j'imaginais !