REMÈDE - PIERRE GASLY

By _vagabondage

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Un remède est sensé guérir. Sûrement pas détruire. DISCLAIMER : Les personnes réelles mises en scène et/ou ci... More

Prologue
1. Réalité.
2. Mentir.
3. Petit-déj.
4. Particulier.
5. Direction.
6. Sécurité.
7. Un été.
8. Se réveiller.
9. Gagné.
10. Tomber.
12. Volé.
13. Origine.
14. Encaisser.
15. Se trouver.
16. Éternité.
17. Paralyser.
18. Réessayer.
19. Envelopper.
20. Remédier.
21. Victoire.
22. Échapper.
23. Guerrière.
24. Avancer.
25. Asha.
26. Remédier.
27. Choisir.
28. Promis.
29. Décider.
30. Liés.
31. Découvrir.
32. Brisé.
33. Aimer.
34. Avancée.
35. Commencer.
36. Ami.
37. Prochain.
38. Sombrer.
39. Être.
40. Choisit.
41. Jamais.
42. Coché.
43. Éphémère.
44. Hanter.
45. Espoir.
46. Entier.
47. Quitté.
48. Remède.
49. Guérison.
Épilogue.

11. Sa mission.

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By _vagabondage

9 août 2019.

Le trajet s'est déroulé en silence. L'atmosphère semble chargée de craintes. Asha et Pierre poussent tous les deux leur bicyclette jusqu'à un chemin de terre. Il est peu fréquenté mais le revêtement est bien régulier. Ce sera parfait pour débuter.

Le pilote dépose son engin sur le sol et s'approche de la brune. Sa lèvre inférieure paraît trembler. Signe qu'elle est pétrifiée. Il pensait cela impossible mais il a l'impression que sa peau est encore un peu plus pâle.

« Avant tout, il faut que tu te détendes, indique-t-il. »

Elle lui jette un regard menaçant. Le bleu transparent n'est plus d'actualité. C'est un noir de tempête qui s'annonce dans ses pupilles. Pierre se reprend. Il doit oublier ses phrases toutes formulées. Après tout, c'est bien plus facile à dire qu'à faire.

Il donne quelques conseils. Lui explique les bases pour tenir en équilibre sur un cycle. Être bien droit. Regarder loin devant. Se projeter à l'horizon. Ne jamais cesser de pédaler. Freiner. À l'arrière si possible. Éviter un coup brusque sur la roue avant.

La voilà prête à s'essayer à cette nouvelle activité. Asha regarde le vélo avec une certaine appréhension. Et elle sent renaître au fond de ses entrailles cette peur et cette tension. Elle sait que c'est pour le monde entier, une banalité. Pédaler. Rouler. Avancer. Cela semble si simple sur le papier.

Elle enjambe le cycle alors que Pierre tient le guidon. Elle y pose ses mains et se dresse sur la pointe des pieds pour se positionner sur la selle. Malgré la présence du pilote, l'angoisse de tomber est encore bien présente. Son corps est déjà tremblant et chacun de ses micro-mouvements se répercute sur le cadre, lui donnant l'impression d'être instable.

Le châtain la regarde avec bienveillance. Il l'encourage de ses iris bleutés. Alors, elle décolle un pied du sol pour le positionner sur la pédale de droite. Un léger cri franchit la barrière de ses lèvres lorsqu'il lui semble que l'apesanteur fait son œuvre, menaçant de la ramener instantanément vers le sol. Mais d'une poigne ferme, le pilote s'empresse de stabiliser l'engin.

Elle prend une grande respiration pour calmer ses émotions. Elle sent des doigts se glisser avec douceur sous son menton.

« Il ne faut pas que tu regardes tes pieds. Tu dois toujours fixer l'horizon, rappelle-t-il. »

Elle hoche la tête. C'est une leçon. Il espère qu'elle parviendra à l'appliquer. Et pas seulement pour réussir à pédaler.

La jeune femme se mord la lèvre. Il est temps d'y aller. Pierre lui demande silencieusement si elle est prête et elle n'a pas le courage de défier ses yeux qui n'acceptent pas l'échec.

Elle inspire. Stocke l'air dans ses poumons de peur d'oublier de respirer tant elle sait qu'elle va se concentrer sur les gestes à effectuer. Elle se remémore les conseils que le normand lui a prodigués.

Elle appuie sur l'épaisse plaque sous son pied droit et essaye de lever le pied gauche pour enclencher le mouvement asymétrique. Le premier tour de roue est difficile, instable et incertain. Mais le jeune homme veille au grain. Une main sur l'extrémité du guidon, l'autre sous la selle, il lui apporte son soutien.

Asha tremble un peu moins. Elle s'arrête pour savourer ce premier pas. Une perle salée quitte ses yeux et se fraye un chemin sur sa joue pâlie par la crème qu'elle s'est employée à appliquer. Pierre s'inquiète, il l'a peut-être un peu trop poussée. Il l'a peut-être trop rapidement jetée dans ce combat acharné.

Il s'empresse d'essuyer l'unique larme qui roule sur son visage. Il est désemparé.

« Hey, ne pleure pas. Je suis désolé. On peut aussi arrêter. »

Elle relève les yeux vers lui. Elle sourit.

« Non ! s'exclame-t-elle dans un éclat de voix qu'il ne lui connaît guère. Merci d'avoir insisté. On reprend ? »

Il se contente de hocher la tête, boulversé par son innocence et sa spontanéité.

La brune veut avancer. Encore un peu plus. Elle réitère le mouvement. Elle appuie sur la plateforme à droite pour enclencher le pédalier. Et elle l'alimente en décollant le pied gauche du sol. Un tour de roue. Deux puis trois. Elle continue à pédaler, en gardant son équilibre et bientôt, elle n'arrive plus à les compter.

Petit à petit, elle sent sa confiance se renforcer. Doucement. A son rythme. Elle goûte enfin à ce sentiment de liberté. Celui qui est décrit dans les romans qu'elle aime tant dévorer. Pour beaucoup, c'est un rien. Une banalité. Pour elle, c'est une victoire inespérée.

Pierre la regarde. Admiratif. Elle affronte finalement ses peurs avec une telle facilité. Elle a simplement besoin d'être un peu accompagnée. Il culpabilise un instant d'être là, avec elle, lors de ce moment qu'il juge crucial. La joie de la jeune fille est contagieuse. Elle le ramène directement dans ses souvenirs d'enfant.

Lui a appris à faire du vélo, entouré de ses frères et de ses parents. Il constate que ce genre de petits moments lui manquent terriblement. Et il espère pouvoir être là, le jour où cette scène se réitérera pour ses neveux bien qu'il sait que sa carrière lui prendra certainement une grande partie de ces instants. C'est à lui d'œuvrer pour en profiter.

Elle pédale un peu plus vite. Elle ressent la brise sur son visage. Le pilote l'encourage. Elle a réussi à vaincre sa peur, à s'élancer. Et elle sent son coeur bondir, prêt à exploser. Sa respiration est haletante. Elle cherche le regard de son supporter. Elle veut y lire cette once de fierté. Mais elle panique lorsqu'elle ne trouve pas ses pupilles d'un bleu profond juste derrière elle. Elles sont là bas, quelques mètres plus loin.

Pourtant elles portent bien le sentiment qu'elle espérait y voir. Mais elles sont trop éloignées. Et alors qu'elle est désaxée, son équilibre se rompt, entraînant avec lui la perte de cette connexion entre les deux jeunes adultes.

Asha perd le contrôle. La liberté s'est envolée. L'apesanteur reprend ses droits et voilà le lourd retour à la réalité. Elle essaye de freiner. Avant. Arrière. Elle appuie sur tout ce qu'elle peut trouver. Elle bloque ses roues et la punition tombe, instantanément. Elle s'écrase sur le sol abrupt. Sa raison savait que c'était une mauvaise idée. La douleur la traverse. Ses membres se crispent. Se raidissent.

Pierre accourt. Mais elle n'entend pas ce qu'il s'écrie. Elle se recroqueville sur la terre et n'ose plus bouger. Elle est tétanisée. Elle ne répond à aucun des appels du pilote qui pense qu'elle est blessée.

Il s'agenouille pour s'en assurer. Il croise son regard paniqué. Elle ne verse aucune larme, elle est juste sonnée. Il lui tend la main et elle finit par se redresser, restant cependant assise au sol.

« Asha, tu vas bien ? »

Les mains de la brune parcourent méticuleusement son corps. Elles frôlent ses pieds. Remontent sur ses chevilles. Longent ses tibia et ses mollets. Contournent ses genoux. S'appuient fortement sur ses cuisses. Passent rapidement sur ses fesses. Remontent le long de sa colonne vertébrale jusqu'à sa nuque. Passent sur son visage. Redescendent sur ses épaules et ses coudes. Puis terminent droit devant ses yeux.

Elle fixe ses extrémités. Ses paumes sont égratignées. Elle s'affole un peu plus en passant son index sur sa peau écorchée. Elle frotte frénétiquement ses blessures, comme si elle avait le pouvoir de les faire disparaître. Le normand veut l'aider à se calmer.

« Fais moi voir, il saisit ses mains pour les observer. Ce n'est pas grand chose. On pourra juste les désinfecter. »

Il sourit, se voulant rassurant. Il caresse doucement les plaies légères dans un geste rempli de tendresse. Il aimerait prendre sa douleur. Il est évident qu'elle souffre. Mais il a conscience, à cet instant, que ce qu'elle endure est bien loin d'être une simple torture physique. C'est une blessure invisible. Psychologique.

Elle se dégage de l'étreinte de ses mains et de ses pouces, elle touche le bout de ses autres doigts en se mettant à compter. Elle essaye de se calmer. Pierre est désemparé. Il pose délicatement une main dans son dos pour la rassurer.

Lorsque que son souffle s'est apaisé, il lui propose de l'aider à se relever. Mais elle décline, encore apeurée. Son corps n'est pas meurtri, mais son esprit est découragé.

« Il faut réessayer, murmure le pilote. »

Elle le dévisage. Elle a déjà trop donné aujourd'hui. Elle n'a rien d'autre à lui prouver.

« Il faut remonter directement en selle après une chute, s'explique-t-il. Sinon, la peur ne sera que plus grande quand tu remonteras sur un vélo la prochaine fois.

- Il n'y aura pas de prochaine fois, tranche-t-elle. Je te l'ai dit que je ne suis pas faite pour ça.

- Mais tu ne risques rien.

- Je suis tombée, rappelle-t-elle.

- Mais tu ne t'es pas fait mal. Ça ne veut pas dire que ça va recommencer. Tu te débrouillais comme une cheffe. Il essaye de positiver.

- Ça ne veut pas dire que je ne me blesserai pas la prochaine fois.

- Roh, tu n'es pas en sucre, se moque-t-il en répétant cette vieille expression sortie tout droit de son enfance. Il voulait détendre l'atmosphère. Mais le regard de la brune ne fait que se froncer davantage.

- Tu m'as lâchée Pierre. Tu avais promis de ne pas me laisser tomber.

- Il fallait bien que tu apprennes à avancer toute seule, réplique-t-il.

- Tu avais fait une promesse. »

Elle semble vraiment déçue et fâchée. Le pilote scrute le regard de la jeune fille et il constate avec regret que toute envie s'est envolée. Elle a perdu le peu de confiance qu'elle avait réussi à grappiller. Elle a perdu la confiance immense qu'elle plaçait en lui pour la protéger.

« Je suis désolé. »

Il finit par s'excuser. Il lui propose de l'accompagner pour rentrer. Il a la désagréable sensation d'avoir échouer à l'aider. Il la scrute alors que dans un lourd silence, elle se mure. Ses joues sont rougies. Par l'effort auquel elle a consenti. Par la joie qu'elle a ressentie. Par la peur qui l'a envahie.

Sa peau a pris des couleurs. Et Pierre a finalement l'impression d'avoir, malgré tout, réussi une grande partie de sa mission.

...

Hello, hello,

On avance tranquillement :)

Je vous remercie de lire encore mes lignes. Je vois les chiffres mais j'aimerai avoir vos retours pour continuer d'avancer. C'est un peu plus humain que les "données".

Sur le fond, est-ce que l'intrigue vous plaît ? Qu'est-ce que vous pensez de ces nouveaux personnages ?

Et sur la forme, un chapitre tous les jours c'est toujours agréable ou c'est beaucoup trop ? J'ai essayé d'augmenter la longueur des chapitres par rapport à ma dernière fiction, est-ce que ça vous convient.

J'écris parce que j'adore ça mais c'est aussi pour partager des choses avec vous :)

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