☾ 𝐒𝐊𝐘 ☾
Le pendentif de mon petit démon en main, je soupire en m'observant dans le miroir. Ce matin, en me réveillant, j'ai eu un étrange pressentiment. Pas mauvais, pas bien, mais plutôt bouleversant, comme si quelque chose allait se produire bientôt qui allait tout remettre en question.
Je vois bien que Heather commence à s'inquiéter de ma soudaine obsession avec ces garçons qu'elle ne supporte pas. Je me trouve inquiétante aussi. Au début, j'étais l'objet de l'obsession, maintenant j'en suis l'auteure. Stan a bien raison... Il a réussi son cou. Parce que même sans connaissance de la vérité, il m'a eu dans ses filets à coups de jolis mots, de mystère et d'une touche de danger que je semble adorer. Heather, c'est différent, elle n'a pas cet attrait obsessionnel pour le risque. Depuis que nous avons croisé les garçons dans la voiture de Harry, elle a eu l'un de ses épisodes... Ceux où elle parle peu, s'alimente peu, et m'inquiète beaucoup. Un simple regard a suffi et elle s'est presque éteinte. Pour autant, ce matin, tout allait mieux à nouveau. Mais je ne suis pas aveugle, elle puise son énergie dans la colère, ça se voit dans ses yeux. Il reste seulement à savoir jusqu'à quand elle tiendra avant d'imploser.
- Prête faire tourner des têtes ? demande Heather en ébouriffant sa crinière rousse.
Dans ma combinaison noire en cuir ridiculement moulante, et sous mon serre-tête portant des oreilles de chat, je me trouve bizarrement séduisante. Mais je l'ai toujours su, si je devais être un animal, je serais un petit chat noir particulièrement vorace. Le genre qu'on ne peut s'empêcher de trouver adorable mais lorsqu'on tente de les caresser, attaque. De son côté, Heather est déguisée en fée. Dans sa petite robe blanche fleuries et ses jolies ailes roses, elle est divine. Je ris du contraste entre nous.
- Oh que oui, lancé-je avec hâte.
Même si pour être honnête, il n'y a qu'une tête que je souhaiterai faire tourner ce soir. L'un des quatre démons d'Oxford, le plus terrifiant et le seul à refuser de sortir de mon esprit.
L'union des élèves organise des soirées en à perdre la tête. Si Oxford est l'une des meilleures universités du monde, cela ne veut en aucun cas dire que ses étudiants sont sages comme des images. Les étudiants sont fêtards, et les membres des clubs privés sont bien pires. Ils font actes de présence à ces grandes soirées avec un air hautain sur le visage comme s'ils méritaient mieux que tout ça. Derrière – et d'après Sienna – il participent à des événements où déchéance et excès sont les maîtres mots. Des événements que je vais apparemment découvrir très vite. Mais maintenant, je n'ai plus de raison de les critiquer, j'en fais partie...
Lorsque nous sortons de notre résidence pour pénétrer dans les rues animées de ce 31 octobre, l'ambiance y est électrique annonçant la semaine de vacances semestrielle. Ici, les étudiants jouent le jeu. C'est bien connu, Halloween est la seule nuit de l'année où toutes les filles peuvent s'habiller à la limite de la décence et aucune autre fille ne peut dire quoi que ce soit par rapport à ça. Alors l'on voit plus de peau que de monstre cette nuit, mais ce n'est pas pour me déplaire.
- Cette nuit va tout changer Sky, je le sens... s'exclame Heather alors que nous dévalons les rues pour nous rendre à notre lieu de fête.
Je frissonne. Moi aussi je le sens. Mais je me demande ce qu'elle veut dire par là.
Nous arrivons vite au lieu de la fête. Des centaines d'étudiants sont déjà présent et leurs costumes sont tous plus excentriques les uns que les autres. Je m'attends à retrouver des dizaines de garçons portant le maquillage de squelette favoris des Épines Royales. Et pourtant... il n'y en a aucun. A croire que ça leurs est réservé et qu'aucun autre étudiant n'ose les défier en leurs volant leur marque de fabrique.
- Allez, on va boire, puis on va danser jusqu'au bout de la nuit !
Heather prend ma main et me tire jusqu'au bar où l'on peut commander tout un tas de boisson que je n'aurais pas le droit de boire aux Etats-Unis. Je lui fais confiance lorsqu'il s'agit de cocktail. Elle s'y connait mieux que moi. Alors, nous buvons. Un, deux, trois verres. J'aime la sensation de l'alcool, elle me désinhibe complétement et je me retrouve à découvrir une Skyler sensuelle et excitée à la place de la fille colérique et méfiante d'origine. J'apprécie tellement ça. Ne plus être moi quelques secondes, ça fait un bien fou.
La musique est forte et il fait chaud dans la grande salle malgré le froid de fin octobre. Au milieu des étudiants qui dansent, Heather et moi nous déhanchons comme s'il n'y avait pas de lendemain. Elle danse bien mieux que moi, alors je suis ses mouvements. Mes mains sur ses épaules, les siennes sur mes hanches, nous avons l'air d'un couple, ou d'amies particulièrement proches. Et je l'adore, je l'adore vraiment mais il y a tant de chose que nous ignorons l'une de l'autre. Si je suis secrète par obligation, Heather l'est par habitude. Et je crois que si nous voulons être les meilleures amies du monde comme ce qu'elle m'a dit à notre première rencontre, il va falloir faire place aux aveux. Mais pas maintenant... Maintenant nous dansons.
- Tu ne trouves pas ça bizarre ? demande-t-elle finalement, de nulle part.
Je fronce les sourcils.
- De quoi ?
Elle se rapproche de moi et glisse à mon oreille.
- Les garçons autour de nous... Ils nous regardent mais ne s'approchent jamais. C'est bizarre.
Je jette un coup d'œil autour de nous. C'est vrai que les regards sont sur nous. Je n'ai jamais trouvé ça étrange que les garçons ne m'approchent pas, ça a toujours été le cas. Il craignait les conséquences. M'approcher, c'était défier mes grand-frères et personne n'osait jamais s'attirer les foudres des frères Guzman. Mais mes frères ne sont plus là et nous sommes particulièrement jolie ce soir... Je ne suis pas dupe, alors je comprends immédiatement pourquoi.
- Ce n'est pas bizarre. Ils ont été prévenus. Tu sais, c'est comme l'a dit Edward juste avant la soirée des Hirondelles...
Heather lève un sourcil de dégout en comprenant. Puis elle souffle :
- Chasse gardée.
Je hausse les épaules. Je comprends qu'elle soit énervée, dégoutée même et à sa place je le serais aussi. Mais moi... je n'arrive pas à l'être. Je n'ai jamais été intéressé par les garçons par le passé, ils ne m'ont jamais rien fait ressentir de particulier. Jusqu'à lui, Stan, mon petit démon aux yeux vides, celui que me cache tant de chose et qui m'en fait ressentir d'autant plus.
Je retourne à la réalité lorsque Heather rit, un rire froid et sans joie :
- Ce petit enfoiré ! Il pense sincèrement qu'il a encore un pouvoir sur moi. Oh mon dieu Skyler, je te jure qu'il va le regretter. Il va tout regretter...
Son regard d'origine si clair devient sombre de mauvaises intentions. Je ne sais pas si c'est Heather qui parle ou l'alcool, mais sa colère est palpable.
Puis un sourire mesquin apparait sur ses lèvres alors que son regard se pose sur un point derrière moi. Là, je comprends enfin, l'heure de la vengeance a sonné et ce n'est que le début.
- Il m'empêche de m'approcher des garçons ? Aucun problème, j'aime tout autant les filles.
Et sur ces mots, elle se détourne de moi pour s'approcher d'une fille absolument inconnue. Elle chuchote à son oreille et la blonde acquiesce d'un petit mouvement de tête. La seconde d'après, Heather glisse sa main sur la nuque de la fille et écrase ses lèvres contre les siennes. Je sursaute et plaque une main sur ma bouche pour empêcher le rire qui veut en sortir. Mais je vois rapidement que les yeux de ma colocataire sont posés sur une figure derrière moi. Alors je tourne la tête et tombe sur eux : les quatre vilain démons d'Oxford.
Je suis surprise devant leur absence de déguisement, je pensais qu'Halloween serait la sortie des monstres, mais non. On ne voit que leur joli visage qui cacherait même le plus laid des péchés.
Harison et Edward peinent à cacher leur sourire devant la scène se déroulant devant leurs yeux. Stan n'a que faire de ce qu'il se passe puisque c'est moi qu'il regarde, comme toujours. Mais Alexander, lui, a les mâchoires crispées et semble au bord de l'implosion. J'ai soudain ce besoin absolu de connaître la vérité derrière leur animosité.
Ma colocataire finit par quitter son baiser avec cette blonde plutôt mignonne. Elle lui chuchote quelque chose d'autre à l'oreille puis me rejoint à quelques mètres.
- Connard, souffle-t-elle en fusillant le grand blond du regard.
Pour une raison que j'ignore, j'ai une soudaine poussée d'empathie pour elle. Alors je lui saute au coup pour l'enlacer. Surprise, elle met quelques secondes avant de me serrer dans ses bras. Je suis consciente que c'est l'alcool qui m'aide à me montrer aussi chaleureuse, mais j'en profite parce que j'aime ce côté de moi qui peine à ressortir lorsque je suis sobre et en colère contre le monde entier.
- T'es super cool, Heather, murmuré-je à son oreille.
Elle rit, et cette fois c'est doux et sincère.
- Toi aussi t'es cool, Sky.
Et puis nous recommençons à danser, comme si nous n'étions pas observés. Ce soir, les monstres sont de sortis, et pourtant, ce sont les quatre qui ne sont pas déguisés qui sont les plus féroces.
L'accalmie est de courte de durée lorsque Heather est obligée de s'absenter pour trouver des toilettes. Je me retrouve alors seule au beau milieu de la fosse aux lions comme un petit agneau sans défense. Enfin, ce soir je suis un chat et c'est vrai que je n'ai jamais été sans défense. Mais si j'ai l'habitude de combattre la violence, je ne sais pas y faire avec l'attirance. Alors lorsque je sens la présence de mon petit criminel préféré dans mon dos, je prends une grande inspiration pour me préparer à ses assauts.
Stan colle son torse à mon dos, et sans même le voir, je sais pertinemment que c'est lui. Ses mains dont sa chevalière argentée brille dans l'obscurité, se posent sur mes flancs et je trésaille de haut en bas. Depuis notre soirée chez les Hirondelles, il y a plus d'une semaine, il ne m'avait pas touché. Et je me retrouve à désirer son contact de plus en plus. Le contact d'un garçon que je ne devrais pas apprécier, pas avant de connaître cette vérité qu'il me cache...
Je sens son visage glisser dans mon cou, ses mèches brunes me chatouillant la peau.
- Ah Skyler... Ce déguisement te va à merveille. Tu fais une très belle petite chatte, susurre-t-il à mon oreille.
Pardon ?
Mes yeux s'écarquillent et ma respiration s'accélère. Je me retourne vite pour lui faire face mais ses mains ne quittent pas ma taille. Je ne comprends pas comment un être aussi froid que lui peut me provoquer autant de chaleur en un seul contact. Pourtant, je l'avoue, j'aime comme il me fait tout oublier, comme il m'obnubile complétement lorsqu'il est à côté.
- Pourquoi n'es-tu pas déguisé ? J'aurais pensé que tu viendrais en squelette, comme la première fois que je t'ai vue.
Stan lâche un rire grave.
- A Halloween, on se déguise en monstre pour effrayer, pas vrai ?
Il caresse l'une de mes oreilles de chat sur le haut de mon crane alors que ses pupilles se dilatent de plus en plus. Puis sa bouche s'approche de mon oreille.
- Moi, je n'ai pas besoin de me déguiser pour ça, joli Sky.
Je frémis. Les étudiants ont peur de lui, alors oui il est effrayant, mais est-il dangereux pour autant ? Tout dépend de si les rumeurs assassines qui courent sur lui sont vraies. Et même si elles le sont, il en faudra un peu plus pour me faire fuir. C'est fou comme il avait raison, je suis une junkie du danger.
Mais lorsqu'il parle, c'est comme s'il souhaitait me mettre en garde tout en me voulant tout pour lui. Alors si je succombe... me le fera-t-il regretter ?
Devant mon absence de réponse, Stan vient caresser ma joue pour finir son chemin sur mes lèvres. Ses yeux les fixent avec tant d'ardeur que j'en suis fébrile.
- Je pourrais t'embrasser maintenant... murmure-t-il proche de moi.
Je peux jurer que mon corps s'immole en une fraction de seconde. Ma peau est brulante et ses lèvres appellent les miennes.
J'ai envie de l'embrasser, d'y mettre toute ma hargne, toute ma colère et toute mon incompréhension. J'ai envie de tirer ses cheveux, de mordre ses lèvres et de griffer sa nuque. Alors oui, je le veux, mais pour toutes les mauvaises raisons...
- J'en ai gagné le droit, pas vrai Sky ? Tu n'oublies pas notre marché, j'espère, ajoute-t-il l'air malicieux.
Je plante les dents dans ma lèvre inférieure puis lève le menton dans une expression de défi qui me réchauffe le bassin.
- Je n'oublie rien, cariño.
Comme à chaque fois que je prononce ce petit surnom que j'aime tant lui donner, ses iris s'enflamment et je trouve ça fascinant. Si je le pouvais, je me serais déjà noyé dans le feu brulant de ses yeux.
Son visage s'approche un peu plus, jusqu'à caresser légèrement mes lèvres des siennes. Plus que quelques millimètres et je pourrais enfin gouter à ses lèvres délicieuses. Plus que quelques millimètres...
- Mais ce n'est pas encore le moment, avoue-t-il avant de plonger la tête dans mon cou pour en humer le parfum.
Je dissimule ma frustration en mordant ma lèvre inférieure. Je le déteste avec ses moments, ses énigmes et ses secrets. Mais surtout, je le déteste de provoquer en moi toute cette ribambelle d'émotion que je peine à comprendre.
Je tressaille lorsque je sens ses lèvres glisser de mon cou jusqu'en haut de ma poitrine. Il attrape la fermeture éclair de ma combinaison moulante se trouvant juste au-dessus de mes seins pour la descendre de quelques centimètres. Je le laisse faire, tout en me demandant jusqu'à où il me dénuderait au beau milieu de cette salle. Mais Stan s'arrête dès lors qu'il tombe sur son pendentif. Cette flamme bleutée qu'il m'est impossible de quitter alors même qu'elle ne m'appartient pas.
Mon petit démon sourit de me voir porter son collier. Il sourit comme s'il savait que tôt ou tard, il le récupèrerait. Non pas en le portant autour du cou, mais en faisant succomber celle qui le porte autour du sien. Parce que c'est bien ce qu'il veut mon joli criminel, il me veut à lui tout seul.
Je pousse un petit gémissement sourd lorsqu'il embrasse son pendentif, et par conséquent, la naissance de mes seins.
Stan, essayes-tu de me faire perdre la tête ? Que dis-je, je l'ai déjà perdue.
- Tic-Tac, Sky. Souviens-toi et ce seront tes lèvres que j'embrasserai, murmure-t-il.
Je passe ma langue sur mes dents d'un air taquin. Mes yeux noisette défient les siens.
- Qui te dit que j'en aurais envie ?
Un petit sourire en coin déforme ses traits laissant apparaître une petite fossette sur sa joue gauche attendrissant son visage d'origine si froid.
Ses yeux si particuliers viennent détailler mes pommettes rosées, mes lèvres entrouvertes et ma poitrine montant et descendant à une vitesse trop élevée pour être anodine.
Qui te dit que j'en aurais envie ? Absolument tout mon corps, ce traitre.
- L'intuition, répond-t-il amusé.
Je lève les yeux au ciel évitant son petit air sûr de lui.
- Stan ?
Ce n'est pas moi qui aie parlé. Et j'en veux à cette personne d'avoir brisé ce moment. Parce que c'est vrai, tous ces moments passés avec lui ont une saveur d'excitation et de danger, tout ce que j'aime. Que ce soit lorsqu'on se bat, lorsqu'on s'enchante ou lorsqu'on se tente, j'en reste friande à en crever.
- Quoi ? demande Stan en jetant un coup d'œil à Harry qui se tient à quelques centimètres de lui.
Stan est mécontent de s'être fait déranger, mais lorsqu'il voit l'expression grave de son ami, il retrouve son sérieux.
- C'est Alex... On a besoin de toi, supplie Harry.
Mais il n'a pas besoin de supplier, Stan est déjà sur le qui-vive, prêt à agir. Il me lance un dernier regard et caresse d'un doigt son pendentif. Puis en une fraction de seconde, il s'en va.
J'aurais pu me demander ce qu'il était arrivé à Alexander pour créer une telle urgence, j'aurais pu les suivre pour en avoir le cœur net. J'aurais même pu attendre que Heather revienne de notre résidence pour continuer à danser. Mais c'est impossible alors que je n'ai qu'une idée en tête : me souvenir.
En quelques minutes seulement, j'ai retrouvé la rue. Je marche d'un pas décidé vers notre résidence pour retrouver ma chambre. Je vais attraper mon ordinateur, continuer mes recherches, et me souvenir, parce que je n'en peux plus d'être ignorante à mes propres sentiments. Je veux mes souvenirs et je veux ma vie. Je ne peux plus continuer sans. Ce soir, je mets fin à l'incompréhension !
Je m'apprête à entrer dans la résidence lorsque j'entends le bruit de moteur particulier d'une moto au loin. Soudain, une mauvaise... une très mauvaise idée me vient en tête. Probablement l'une des pires que j'ai eu de toute ma courte vie. J'attrape le pendentif autour de mon cou et lève les yeux vers le ciel lui demandant conseil. La nuit est d'un noir bleuté et criblé d'étoiles. Je plisse les yeux, maudissant mon esprit de me cacher mes propres souvenirs. Puis je les réouvre, sûre de moi.
Tu ne veux pas te souvenir ? Je vais te forcer...
La moto se rapproche, je l'entends. Alors je me mets au beau milieu de la route. Mes neurones sont complétement grillés, je suis incapable de penser. La nuit est sombre et la route est mal éclairée. Je ne peux pas voir le motard s'approcher à cause du virage faisant l'angle avec ma chambre étudiante.
Traiter le mal par le mal.
Quelques secondes seulement me séparent d'une des plus grosses conneries de ma vie. Mais ce n'est pas grave, je sauterais hors de la route étroite au dernier moment. Tout va bien se passer. Je vais juste revivre mon traumatisme, cette nuit où j'ai failli perdre la vie et avec un peu de chance, tout me reviendra.
La moto est là : trois, deux, un...
- Skyler !! hurle la voix familière de ma colocataire ayant vue sur toute la scène depuis la fenêtre.
Je relève les yeux vers son visage complètement possédé par le choc. C'est une seconde de trop que je me suis accordée. La moto est juste devant moi et je n'ai plus le temps de bouger. Et là, j'ai une absence totale. En une fraction de seconde, j'ai l'impression de revoir toute mon enfance. Le conducteur tourne son guidon au dernier moment en m'apercevant. Il me percute alors seulement sur le côté droit, m'évitant surement un aller direct aux urgences mais provoquant ma chute violente. Le choc m'a propulsée sur les pavés et une douleur lancinante se propage sur mes côtes. Je n'arrive pas à retenir ma tête qui rebondit sur le sol avec fracas m'assommant partiellement.
Flash.
- Ahh, crié-je d'une douleur si puissante que je peine à regagner connaissance.
Flash.
Ma tête tourne. Je ne comprends plus rien. Des images défilent. Je suis complètement sonnée lorsque Heather me rejoint dans la nuit. J'entends à peine ses cris de détresse alors qu'elle me relève le haut du corps.
- C'est là, c'est dans ma tête, parviens-je à lui souffler.
Oui, oui, tout est là. Des flashs encore des flashs. Mais j'ai tellement mal, et je ne comprends rien. Ma respiration se met alors à s'accélérer d'un coup. Je suis trop concentrée sur mes propres souvenirs pour tenter de la ralentir. Tout va trop vite.
- J'arrive pas à ... respirer... tenté-je de dire.
Je sens Heather m'examiner quelques secondes, les yeux exorbités.
- Tu fais une crise de panique, s'affole-t-elle certaine des symptômes.
Une partie de moi revit peu à peu mes souvenirs, l'autre est ancrée dans la réalité. Je ne sais pas laquelle parle :
- Impossible. C'est pas dans ma nature.
Oui, moi je suis froide et presque sans émotions. Je ne ressens pas de façon décuplée comme les jeunes filles de mon âge. Ce n'est pas moi.
Flash.
Ou peut-être que c'est exactement moi finalement.
- Aide-moi, aide-moi, m'entends-je crier.
Je ne sais pas à qui je parle, à l'auteur de mes souvenirs où à Heather.
J'ai une absence. Ce n'est qu'une fois sous le jet glacé d'une douche que je réouvre les yeux devant le regard paniqué de mon amie :
- Je me souviens de tout.
☾
|Le prochain chapitre est un flashback|
Prêt à découvrir la vérité sur sky & stan?
J'en profite pour confirmer que oui, je poste bien une fois par semaine et je vous préviendrai à l'avance sur Insta du jour exact dès que je le prévois <3
Et bon ramadan à ceux qui le font!!
ps: le nombre des chapitres a changé parce que j'en ai fusionné deux, mais ça ne change rien à l'histoire 🕊️
A la semaine prochaine pour l'un de mes chapitres préférés du roman,
I𝐠; lea_nemezia