Λ́𝐆𝐆𝐄𝐋𝐎𝐒 ᵏᵛ

Door DarkEyelet

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─ « Erzsébet Báthory... Je me suis longuement demandé comment une femme aussi délicate pouvait abriter en el... Meer

𝐏𝐫𝐞𝐟𝐚𝐜𝐞
𝟎 | 𝐏𝐫𝐞𝐪𝐮𝐞𝐥 : 𝑯𝒆𝒓
𝐈𝐈 | 𝐒𝐭𝐫𝐚𝐧𝐠𝐞 𝐀𝐥𝐜𝐡𝐞𝐦𝐲
𝐈𝐈𝐈 | 𝐂𝐮𝐫𝐢𝐨𝐬𝐢𝐭𝐲
𝐈𝐕 | 𝐃𝐞𝐟𝐲𝐢𝐧𝐠 𝑯𝒆𝒓 𝐎𝐝𝐝𝐬
𝐕 | 𝐁𝐨𝐧𝐝
𝐕𝐈 | 𝑻𝒉𝒆𝒊𝒓 𝐌𝐲𝐭𝐡𝐢𝐜𝐚𝐥 𝐓𝐨𝐰𝐧
𝐕𝐈𝐈 | 𝐑𝐞𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞
𝐕𝐈𝐈𝐈 | 𝐁𝐮𝐫𝐧𝐢𝐧𝐠 𝐌𝐚𝐝𝐧𝐞𝐬𝐬
𝐈𝐗 | 𝐒𝐢𝐧𝐢𝐬𝐭𝐞𝐫 𝐂𝐞𝐥𝐞𝐬𝐭𝐢𝐚𝐥 𝐆𝐢𝐟𝐭
𝐗 | 𝐀𝐧𝐠𝐞𝐫
𝐗𝐈 | 𝐀𝐦𝐨𝐧𝐠 𝑻𝒉𝒆𝒎
𝐗𝐈𝐈 | 𝐋𝐚𝐬𝐭 𝐏𝐫𝐚𝐲𝐞𝐫
𝐗𝐈𝐈𝐈 | 𝐕𝐞𝐧𝐨𝐦
𝐗𝐈𝐕 | 𝐑𝐞𝐝𝐨𝐦𝐩𝐭𝐢𝐨𝐧
𝐗𝐕 | 𝑯𝒆𝒓 𝐍𝐞𝐰 𝐉𝐞𝐰𝐞𝐥𝐫𝐲
𝐄𝐩𝐢𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞 : 𝐒𝐜𝐡𝐢𝐛𝐛𝐨𝐥𝐞𝐭𝐡
𝑻𝒉𝒂𝒏𝒌 𝒚𝒐𝒖 🖤

𝐈 | 𝐒𝐨𝐫𝐫𝐨𝐰

952 86 252
Door DarkEyelet

𝐏𝐨𝐧𝐭 𝐝'𝐈𝐜𝐡𝐞𝐨𝐧-𝐄𝐬𝐭
𝐋𝐮𝐧𝐝𝐢 𝟑 𝐬𝐞𝐩𝐭𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞, 𝟕 𝐡 𝟒𝟐
𝐷𝑜𝑢𝑧𝑒 𝑚𝑜𝑖𝑠 𝑒𝑡 𝑡𝑟𝑜𝑖𝑠 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑡𝑜̂𝑡

Accoudé sur la rambarde du pont, Taehyung fixait le fleuve sans le voir. De part et d'autre de celui-ci, s'élevaient des gratte-ciel aussi imposants les uns que les autres, masquant par moments le soleil qui amorçait sa lente ascension. L'eau, étonnamment limpide, glissait avec grâce sur son lit aux doux reflets ondoyants, hypnotisant le jeune homme.

En ce début de mois de septembre, l'air était encore chaud et le soleil promettait une belle journée. Ce jour-là, il s'était vêtu d'un pantalon droit à pince accompagné de ses mocassins compensés en cuir qu'il adorait. Il portait une chemise presque moulante, ouverte sur les premiers boutons, laissant deviner son corps musculeux et ses clavicules saillantes.

Le tout, en noir.

À côté pendait un sac en bandoulière, neuf également. À l'intérieur, une trousse, un classeur, son ordinateur portable. Neufs.

D'un geste ennuyé, il regarda sa nouvelle montre en argent. 7 h 45. Il avait encore un quart d'heure devant lui. Pas question d'arriver en avance le premier jour de classe. Il posa son menton dans sa main et se replongea dans la contemplation du fleuve.

Calme. Sans heurts. Paisible.

Tout ce qu'il aurait voulu être.

Ce jour-là, si ce n'était pas la rentrée des classes, était sa dernière année dans l'université prestigieuse d'Incheon-Est, « Incheon Business, Marketing & Communication School ». Il y entamait son master en marketing et gestion commerciale.

Il n'en avait pas l'air ainsi, mais sa famille avait été - et restait - l'une des plus fortunées de la Corée, à Incheon. Il y avait vécu jusqu'à ses cinq ans. À la suite de la mort de son père, sa mère l'avait emmené dans son village natal.

Dépeuplé : trois cents habitants.

Désertique : paumé à des kilomètres d'une petite ville digne de ce nom.

À partir du collège, il avait dû aller en internat, à cinquante kilomètres de chez lui. La vie y était plus calme, peut-être trop, à son goût. Certainement la raison pour laquelle il cherchait sans cesse à se défouler sur des personnes, à utiliser ses week-ends pour crapahuter dans une grande ville de la région : Séoul. Ils y avaient fait les quatre cents coups, lui et sa meilleure amie...


Mais c'était avant.


Sa mère avait éprouvé le besoin de lui changer les idées après l'accident. Ne pouvant décemment pas rester dans leur petit village, ils étaient revenus s'installer à Incheon, où son oncle paternel avait repris les affaires de la famille.

« L'argent se porte bien ». Voilà tout ce qu'ils en avaient tiré.

Lorsqu'on croisait Taehyung, ce n'étaient pas ses vêtements friqués ni même son langage dédaigneux qui sautaient aux yeux.

C'était surtout son incroyable beauté.

Ses cheveux délicatement ondulés d'un noir profond, qui balayaient sensuellement son front à chaque brise, cachant jalousement ses prunelles.

Ses pommettes hautes et sa peau hâlée. Sa mâchoire carrée. Son nez fin et droit.

Sa bouche délicate aux lèvres charnues, un appel même à la luxure, derrière laquelle se cachait une rangée de dents régulières et d'un éclat éblouissant.

Mais le plus impressionnant restait ses yeux.

Deux perles aigue-marine. D'un bleu si pâle et hypnotisant. Héritage de son père.

À vingt-cinq ans passés, Kim Taehyung était le fils d'une des plus grosses fortunes de la Corée et il le valait, au contraire de tout ce qu'il pensait. S'il n'était ni branché gosses de riches ni vêtements de haute couture, il restait naturel, vrai.

Peut-être un peu trop bagarreur.

Perdu sur l'étendue limpide du fleuve, il en revient à se remémorer les causes de sa fuite jusqu'à Incheon.


𝐅𝐥𝐚𝐬𝐡-𝐛𝐚𝐜𝐤   𝐀𝐮 𝐥𝐲𝐜𝐞́𝐞 𝐝𝐞 𝐁𝐮𝐬𝐚𝐧.
𝐉𝐞𝐮𝐝𝐢 𝟗 𝐚𝐨𝐮̂𝐭 𝟐𝟎𝐱𝐱, 𝟏𝟔 𝐡𝐞𝐮𝐫𝐞𝐬

« Hazel ! », s'écria une voix grave et douce.

Surprise, elle se retourna. Avant même qu'elle n'ait pu distinguer quoi que ce soit, une bombe humaine lui tomba dans les bras. Un baiser sonore fut plaqué sur sa joue et un bras puissant passa autour de sa taille pour la serrer contre un corps plus que correct.

« Taehyung... soupira-t-elle en essayant de se dégager.

— Reste avec moi, gémit ledit Taehyung. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus...

— Oh, tu as raison. Ces deux heures sans toi étaient le pire cauchemar de ma vie ! », railla-t-elle, l'expression tendrement moqueuse.

Le jeune homme se détacha d'elle, une moue terriblement craquante déformant ses lèvres charnues. Il lui lança un petit regard de reproche avant de lui tourner le dos, boudeur.

Hazel s'esclaffa.

« Je plaisantais, babe », reprit-elle en l'attrapant par la main.

Il se tourna vers elle, un tantinet chagriné. Son sourire finit tout de même par ravir sa mauvaise humeur et il passa un bras autour de ses frêles épaules pour l'attirer contre lui. Marchant ainsi, serrés l'un contre l'autre, ils prirent la direction des stations de bus.

Du coin de l'œil, Taehyung détailla une fois de plus sa meilleure amie. Depuis presque dix-neuf ans qu'il la connaissait, il ne pouvait se passer de la contempler. Ce qu'il aimait le plus chez elle était cette coupe au carré qui épousait parfaitement les traits anguleux, mais à la fois beaux de son visage.

Et cette couleur particulière, lilas. La jeune femme, blonde à l'origine, avait teint ses cheveux en réponse à un pari perdu. Et depuis, elle ne quittait plus ce doux parme. Elle avait aussi de grands yeux aux prunelles vertes pleines de fougue et de témérité.

La jeune femme, originaire d'Angleterre - d'où son accent « craquant et sexy » en coréen, selon Taehyung -, ne s'était pas rapidement laissée entraîner dans les manigances de son très cher ami. Mais à force de persuasion, Taehyung lui avait fait découvrir la sensation de se sentir libre, sans barrière aucune.

Leur plus belle preuve ?

Un tatouage sur l'aine. Un tigre japonais pour Hazel et une fleur de lys pour Taehyung.

Ce jour-là, ils avaient décidé de sécher leur dernière heure de cours pour se rendre à Busan. Le temps était radieux, un doux soleil entouré de nuages paisibles illuminait leur journée et leurs poches pleines de sous.

Toutes les conditions étaient donc idéales.

Le trajet en bus jusqu'à Busan se passa en silence. Il y avait des moments ainsi, où ni lui ni elle ne ressentaient le besoin de parler. La simple présence de l'autre ; voilà tout ce qui importait.

Il avait monté le volume de ses écouteurs au maximum et, les traits habités par les mélodies, tapait du pied en rythme. À côté de lui, Hazel regardait le paysage défiler. D'un geste distrait, elle glissa sa main sous la sienne et emmêla leurs doigts. Sans un regard, perdu dans les accords harmonieux et fabuleux  de sa chanson, Taehyung resserra sa main avec passion.

Simple contact.

Pour dire qu'ils ne s'oubliaient pas, qu'ils avaient besoin de l'autre.

En descendant du bus, le jeune homme l'aida à mettre pied à terre et ils rejoignirent leur rue favorite. Une rue entièrement piétonne où les cent cinquante magasins tant convoités se battaient en duel. Ils y passèrent la fin de l'après-midi et, lorsque sept heures sonnèrent, Hazel s'arracha à regret d'une cabine d'essayage dans laquelle elle choisissait une tenue de soirée.

« Mais tu sais que j'en ai besoin pour la fête de Hoseok ! s'écria-t-elle.

— Allons, je suis sûr que la jolie robe rose que je t'ai offerte à Noël sera parfaite, lui sourit-il, sincère.

— Pas du tout ! s'insurgea-t-elle avec son petit accent. Ce n'est pas que je ne veuille pas la mettre, elle est magnifique ! Mais il me faut quelque chose de plus... habillé. »

Le jeune homme leva les yeux au ciel.

« C'est ton petit ami, il comprendra ! Enfin, sinon, j'aime bien la robe verte.

— Mais je n'ai pas encore essayé la bleue ! Ni la noire ! Et j'avoue que la rouge est pas mal, mais...

— La verte, la coupa-t-il, sachant qu'elle était capable d'hésiter pendant des heures s'il ne décidait pas de la robe qui la mettait réellement en valeur.

— Tu crois ? s'enquit-elle d'une petite voix, ses grands yeux attendrissant son meilleur ami.

— Oui, elle est parfaite sur toi. Elle relève la couleur de tes yeux en faisant ressortir leur sublime éclat. Tu sais que j'aime tes yeux, mh ? », chuchota-t-il en lui attrapant le menton.

La jeune femme éclata de rire avant de gentiment le repousser et attrapa la robe émeraude pour se précipiter à la caisse. Il la suivit plus calmement, fier de ses achats de la journée. De plus, il n'avait pas croisé les grosses brutes ; le pied ! En effet, si Hazel et Taehyung pouvaient passer pour des enfants innocents, une fois lancés dans une battle, peu en réchappaient vivants.

Ou indemnes, tout du moins.

À Busan, il existait une bande d'une dizaine de vieux garçons des rues. De grosses brutes sans scrupule qui fichaient une bonne correction à tous ceux qui osaient pénétrer leur territoire de nuit. Entre Hazel et Taehyung d'un côté et eux de l'autre, c'était une longue histoire... malheureusement pas d'amour.

En sortant du magasin, il attrapa vivement la main de son amie et ils se mirent à courir jusqu'aux stations de bus. Juste à temps. Ou presque. Il n'y avait jamais âme qui vive dans cette rue. Seulement des arrêts de bus et un vieil apothicaire qui avait échappé au projet de construction d'immeubles d'habitation. Quelques passants marchaient le long des trottoirs, une petite dizaine attendait sous l'abri de la halte.

Une jeune femme guettait un taxi.

« Taehyung ! Attention, je vais tomber ! », s'exclama Hazel en riant, ses trois sacs dans une main.

Il la lâcha et continua sa course jusqu'au bus prêt à redémarrer, bien essoufflé.


Et c'est ainsi que tout dérapa.


Une silhouette longiligne masculine entra dans le champ de vision de la jeune femme qui se stoppa net, à deux mètres de l'arrière du bus.

« Hé ! Attends, Taehyung ! On prendra le suivant, tant pis ! Hoseok est là-bas ! »

Surpris, il revint en arrière. En effet, un jeune homme entièrement vêtu de noir était sur le trottoir voisin. Il paraissait hébété, il tournait sur lui-même, semblant chercher quelqu'un du regard. Puis ses yeux se posèrent sur eux. Hazel agita la main et se mit à courir pour le rejoindre, ignorant le visage pétrifié d'horreur de Hoseok.

Cachés derrière le bus, aucun des deux amis ne vit le taxi débouler sur la route goudronnée. Dans un grincement de pneus assourdissant, il percuta Hazel.

Le cri que poussèrent Taehyung et Hoseok se confondit dans les murmures horrifiés des passants et du bruit des pneus de la voiture qui freinait toujours.


« 𝐇𝐀𝐙𝐄𝐋 ! »

Ils se précipitèrent sur elle, étendue sur l'asphalte. De ses sacs, des habits s'étaient échappés, parsemant la rue comme le décor d'un mauvais film. Les mains au-dessus de sa tête ensanglantée, Hoseok gémissait d'horreur, incapable de la toucher.

À genoux, Taehyung n'osait guère en faire plus, son corps frissonnant violemment d'effroi, son cœur tambourinant avec virulence.

Au loin, hurlaient déjà les sirènes de l'ambulance.

Mais ils arrivaient trop tard.

𝐅𝐢𝐧 𝐝𝐮 𝐟𝐥𝐚𝐬𝐡-𝐛𝐚𝐜𝐤

Le soleil émergea derrière un gratte-ciel, l'aveuglant. Taehyung poussa un discret grognement et se redressa de la rambarde sur laquelle il avait croisé ses bras et posé son menton. Un coup d'œil à sa montre lui apprit qu'il était déjà huit heures et deux minutes. Raffermissant la prise sur son sac à bandoulière, il prit la direction de sa nouvelle faculté.

Les cours avaient commencé depuis deux minutes, mais quelle importance ? La vie lui semblait fade et sans intérêt depuis le décès de sa meilleure amie. Il avait passé des semaines, roulé en boule sur son lit en ressassant ce moment, cet instant où tout avait basculé. Il n'avait rien pu faire et n'en aurait pas eu l'occasion. Sa mère l'avait tiré de cet état pour le traîner du village paumé jusqu'ici, à Incheon, ce qui visiblement, n'avait pas eu l'effet escompté.

Certes, il avait quitté sa chambre. C'était un début. Mais il ne comptait pas faire plus d'effort que cela. Ainsi, en arrivant dix minutes plus tard devant les grilles de sa nouvelle faculté, il reçut un regard noir de la part du gardien. Il le laissa passer, néanmoins, ayant eu vent de l'arrivée d'un nouveau « de la cambrousse autrefois fortunée et qui l'est toujours, malheureusement ».

Charmant. Mais il n'en avait cure.

Taehyung traversa la cour sans se presser, passa l'accueil pour demander sa classe et son emploi du temps. La secrétaire semblait de mauvaise humeur, surtout vis-à-vis de lui, qui osait arriver en retard le jour de la rentrée. Sans un regard de plus, elle le congédia et il se retrouva dans le couloir, seul. Un coup d'œil à son emploi du temps lui indiqua de se diriger vers le bâtiment A, au deuxième étage, en salle 336.

De mauvaise grâce, il entama un pas.

La montée des marches lui parut interminable et le décor bien trop pompeux. Ce n'était tout de même pas un hôtel. Alors quels étaient ces petits fauteuils tous les trente mètres ? Et cette salle de repos avec un bar et un frigidaire ? Cependant, cela ne l'émut guère. Ce fut avec un visage impassible qu'il ouvrit la porte de l'amphithéâtre.

Le silence se fit. Interloqué, le professeur se tint immobile devant son tableau un court moment, le feutre à la main. Dans la salle, derrière les pupitres de l'amphithéâtre au décor - inutilement luxueux, à son sens -, derrière leurs ordinateurs portables dernier cri, les étudiants fixèrent le nouveau venu pendant un long instant, intrigués.

Ils le détaillèrent avec soin ses habits, certes, neufs, mais qui ne correspondaient à aucune marque de la haute couture. Rien qui aurait mérité qu'ils lui prêtent un tant soit peu d'attention. Un murmure se fit rapidement entendre. Des chuchotis horrifiés et des marmonnements incrédules.

« Monsieur Kim ? », appela le professeur.

Taehyung se tourna vers lui, ses traits n'exprimant rien d'autre qu'une indifférence passive. Le professeur était un homme de grande taille, aux cheveux grisonnants. Ses yeux étaient étrangement différents ; sombre pour l'un, marron pour l'autre.

Même cette particularité ne réussit guère à émouvoir le jeune homme.

« Oui.

— Vous arrivez bien tard. Nous avons commencé depuis un bon quart d'heure.

— La secrétaire à l'accueil m'a retenu. »

L'innocence même.

« Oui, bien sûr ! C'est tout à fait naturel », s'empressa de répondre l'homme.

Il se tourna vers la classe.

« Je vous présente monsieur Kim Taehyung. Il sera dès aujourd'hui, un étudiant de votre promo. Des questions ? »

Plusieurs mains se levèrent. Les questions fusèrent, mais aucune ne trouva de réponse. Impassible, le regard de Taehyung avait dévié vers la fenêtre. Il finit par aller s'asseoir sous la demande du professeur.

Son voisin de table, un petit homme étrange à la touffe rose criard. Un barbell sous sa lèvre inférieure le rendait moins « gosse de riche » qu'il le voulait. Son regard s'attarda un instant sur Taehyung puis retourna vers le tableau, mêlant fatigue et indifférence.

Tout ce qu'il fallait au brun.





𝐕𝐢𝐥𝐥𝐚 𝐊𝐢𝐦
𝐉𝐞𝐮𝐝𝐢 𝟔 𝐬𝐞𝐩𝐭𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞, 𝟏𝟗 𝐡 𝟐𝟓

« Taehyung ?

— Quoi ? grogna-t-il faiblement.

— Ton émission est finie ? Tu peux m'aider à mettre la table, s'il te plaît ? »

Le jeune homme se leva pesamment et éteignit la télévision avant de rejoindre la cuisine. Sa mère s'affairait aux fourneaux, une casserole dans une main et une spatule dans l'autre. Vêtue d'une longue robe bleu nuit et d'un tablier noir, elle souriait.

« C'est fini ? lui demanda-t-elle d'une voix douce.

— Non.

— Oh, nous n'étions pas pressés, tu aurais pu...

— Ça va, maman, la coupa-t-il d'une voix basse. Je vais bien. Puis cette émission était nulle.

— Oh... »

Il mit la table et s'assit, attendant patiemment que sa mère ait terminé de cuisiner. N'ayant aucun travail - si c'était pour embêter le frère de son feu époux -, Kim Hana passait sa journée à s'occuper de sa villa abandonnée pendant ces vingt dernières années.

Lorsque Taehyung lui avait conseillé de prendre une aide ménagère en lorgnant dangereusement les dix mille mètres carrés de la villa - et les vingt-cinq autres de terrains -, elle s'était écriée qu'elle n'en avait jamais eu besoin pendant ses jeunes années et que ce n'était pas maintenant qu'elle allait s'y mettre, quarante et un ans ou pas.

Elle était une très belle femme. De longs cheveux châtains délicatement ondulés d'où s'échappaient des yeux sombres, mais brillants. Lorsqu'elle riait, son petit nez se retroussait et ses lèvres délicates s'ouvraient sur un magnifique sourire.

Elle avait fait don de son caractère enjoué et téméraire à son fils unique, bien que l'apathie le guettât depuis quelques semaines, déjà.

Depuis ce jour-là.

« Tu ne m'as pas dit, s'enquit-elle en s'asseyant. Tout se passe bien à la fac ? Comment est-elle par rapport à la précédente ?

— Les cours sont sympas. Et c'est la même chose.

— Tu t'es fait de nouveaux amis ? »

Le regard qu'il lui lança par-dessus son assiette lui confirma qu'il était loin d'être prêt à se lier à quiconque. En cachant son soupir de désespoir, elle se servit de l'eau et contempla le plafond un long moment.

« Les professeurs ne sont pas trop sévères ?

— Ce serait tout le contraire, même, ricana-t-il.

— Tu ne fais plus de bêtises, n'est-ce pas ? Pas dans cette ville...

— Pourquoi ? Parce que je suis le fils illégitime du grand Kim Du-Ho ? C'est déjà un titre bâtard, il ne faudrait pas que je fasse le con, c'est ça ?

— Taehyung ! s'emporta-t-elle. Tu n'as rien d'illégitime ! Nous n'étions simplement pas mariés ! Du moins, pas encore... Et tu sais très bien que je n'approuve pas tes activités, que ce soit ici ou ailleurs. »

Il grogna.

« Je me dépense, simplement. Tu ne connais pas cette phrase connue : "s'il faut mourir autant vivre à en crever" ? C'est exactement ce que je fais, maman.

— Ta maladie ne doit pas...

— Quoi ? Elle ne doit pas m'empêcher de vivre normalement ? la coupa-t-il. Mais que signifie, vivre normalement ? Être le parfait petit bourgeois ? Réussir ses examens ? Fonder une famille ? Avoir un paquet de gosses légitimes ? Mourir sur ma fortune qui pourrait subvenir à un État entier ? Je serai mort avant même d'avoir vu la couleur de mon putain de nouveau chéquier.

— Je t'interdis de parler ainsi ! s'écria Hana, bien que son cœur fût vicieusement serré à la suite des propos amers et véraces de son fils. Écoute... J'ai pris rendez-vous tous les vendredis soirs à l'hôpital, celui qui est au bout de la rue après ta fac. Si les médecins continuent à te suivre régulièrement, je suis sûre qu'il n'y aura aucun problème.

— Oui, j'organiserai ma vie autour de ces fichus rendez-vous, quoi de plus normal ? ironisa-t-il. Dès qu'ils me diront "tout va bien, monsieur, vous pouvez sortir", je commencerai une nouvelle semaine, c'est ça ? Et je serai sûr de vivre jusqu'au prochain rendez-vous ? Que veux-tu qu'ils fassent de plus ? »

Il souffla.

« Quand mon cœur aura décidé que c'en était assez, poursuivit-il d'une voix plus adoucie, avisant le visage chagriné de sa mère, ils ne pourront pas l'arrêter, sans mauvais jeu de mots. Si on parle de sentiments, il est déjà mort, maman. »

Hana baissa les yeux sur son assiette, incertaine d'être en mesure de contrôler les trémolos de sa voix si elle lui répondait. Le silence s'installa, berçant le repas léger qu'ils partageaient. Une fois qu'ils eurent fini, Taehyung l'aida à débarrasser et à ranger les ustensiles dans le lave-vaisselle.

Huit heures sonnèrent. De ses bras forts, il entoura la taille de sa mère et posa son front sur son épaule.

« Je suis désolé... murmura-t-il, honteux de s'être laissé emporter.

— Tout va bien, mon chéri, chuchota-t-elle en lui tapotant le bras. Je sais ce que c'est, la perte d'un être cher...

— Je t'aime, tu sais ? murmura-t-il, cherchant un réconfort maternel.

— Moi aussi, mon bébé... », souffla-t-elle, attendrie.

Rasséréné, il se redressa en se détachant d'elle et, sans un regard, il monta dans sa chambre, déjà oublieux du reste du monde. Une fois couché sous les draps froids de son lit, il contempla l'obscurité de la pièce.

Aucune lumière ne filtrait sous la porte. Aucune lumière ne passait entre les lattes du volet. Tout était calme. Seuls les bruits de sa mère qui chantonnait de sa douce voix déambulant en bas lui parvenaient.

Pour la première fois depuis qu'il était revenu à Incheon, Taehyung laissa libre cours à ses larmes. En grimaçant de douleur, la tête enfouie dans son coussin, ses poings agrippaient fermement son tee-shirt au niveau du cœur, comme s'il voulait le broyer.

Il avait mal.

Mal du supplice qui ne faisait que s'intensifier de jour en jour. Ce vil élancement qui surpassait celle qui étreignait son cœur depuis son plus jeune âge. Un vide, un trou béant grandissant sournoisement, dévorant son âme.

Il serra les dents, s'empêchant de crier. Toutefois, il ne put réfréner un gémissement plaintif.




« 𝐻𝑎𝑧𝑒𝑙... »


𝐴̀ 𝑠𝑢𝑖𝑣𝑟𝑒...





Relu par Ostaraa_

Alors, ce premier chap ? 🥺👉🏼👈🏼

Ce n'est qu'une introduction et veille à bien retenir les informations disséminées dans ce chap, autant que dans les prochains 😉



𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤

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