TW : Viol, Trouble d'humeur
RAVEN | Un jour durant ses années de captivité.
Le bruit de la bague en argent contre le mur en béton grince dans mes oreilles.
Jour deux cents quatre vingt.
Je remets l'anneau autour de mon annulaire gauche. La bague est à présent rayée et sale. La gravure à l'intérieur n'était plus que l'ombre d'elle-même.
Assise dans un coin de la pièce, je fredonne la musique que tout le monde à l'habitude de chanter pour un anniversaire.
Dix-neuf ans aujourd'hui. Et personne pour me le souhaiter. Personne pour m'offrir une nouvelle bague cette année encore. Personne... Pas d'Ivan.
Je me demande s'il pense encore à moi. Est-ce qu'il a grandi ? A-t-il trouvé quelqu'un d'autre dont s'occuper ?
Ma gorge se bloque à cette pensée. Bien sûr qu'il a trouvé quelqu'un. C'est Ivan... Souriant, adorable, aimable.
Mais au fond j'espérais qu'il soit triste de ne plus m'avoir à ses côtés... Je ne voulais pas qu'il m'oublie.
C'est égoïste ?
Je m'en fiche. J'en ai plus rien à foutre de tout. Je n'ai plus rien à perdre.
Je me suis déjà perdu...
Ça va bientôt faire un an que je suis là... merde.
Pourquoi suis-je là ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?
Personne ne mérite ça... Pas même ma mère.
Je me lève douloureusement. J'avais l'impression que mes os allaient craquer d'un moment à l'autre et que j'allais m'effondrer.
« Tu n'es qu'une bonne à rien »
Je sais mère.
« Concentre toi sur ma voix. N'écoute plus rien. Je suis là. Écoute moi. »
C'est ce que je fais Ivan.
Je m'avance doucement vers le plateau qui a été déposé des heures plus tôt. Mon repas.
De l'eau dans un gobelet en papier et une purée orange était légèrement déposée sur une assiette elle aussi en papier.
Je bois un peu d'eau et ferme les yeux pour savourer le liquide qui rafraîchit ma gorge.
On n'a le droit qu'à un repas par jour et comment vous dire que le plat est.. Infecte.
Je regarde la pâtée qui ne me donne pas du tout envie. Je prends l'assiette et la ramène à ma bouche pour manger comme une chienne.
Un haut le cœur me prend lorsque la texture granuleuse entre en contact avec ma bouche.
Je jette l'assiette et hurle de rage.
Je prends mes cheveux dans mes poings et commence à hyperventiler. Putain de merde.
PUTAIN. DE. MERDE.
Pourquoi je ne crève pas de faim. Pourquoi un de ces vieux porc ne me tue pas en me violant.
Mon corps brûlait de l'intérieur. Je brûle. Je me consume en émotions que je ne contrôle pas.
Des voix dans ma tête me crient de courir... Et je prie pour qu'elles soient humaines.
Mais elles ne le sont pas. Elles sont le fruit de moi-même... De cette maladie qui me ronge tous les jours.
Mes putains de trouble d'humeur.
Ce trouble te rend la vie dure et te rend incomprise aux yeux des autres...
Tu aimerais ne pas t'énerver, ne pas ressentir d'émotions négatives... Mais c'est plus fort que toi et lorsque cela arrive, tu veux tout détruire. Tu as l'impression que tout est contre toi... Parce que personne ne te comprend. Personne ne veut te comprendre.
Je me recroqueville sur moi même et respire lentement pour me calmer.
Ça ira mieux...
Un jour tout ira mieux.
Je dois y arriver.
Un bruit de clé se fait entendre et je me pose sur les fesses pour reculer à l'aide de mes mains.
Non...
Non.
C'est mon tour...
Quand la porte s'ouvre dans un bruit sourd, deux hommes -dont un armé- se tiennent devant la porte.
Ils ne parlent pas. Je connais les règles.
Je me lève et marche doucement vers eux.
Je n'ai pas la force de me battre... Pas maintenant. Je veux juste que ça se finisse vite et que je puisse revenir dans cette cellule pour continuer à délirer.
L'homme attrape mes poignets et les menottes avant de me mettre un sac en tissu sur la tête pour que je ne vois pas où est-ce qu'on m'emmène.
L'un est devant et l'autre derrière. Je suis prise en sandwich quand je marche dans les couloirs vide et frais.
On pourrait croire que derrière ces murs se trouve la nature mais je suis persuadé que non. On se trouve dans un endroit secret. Dans un endroit isolé dans un bâtiment ou quelque chose comme ça.
Car il n'y pas de bouche d'aération ni de bruit extérieur. C'est insonorisé.
Étant privé de ma vue, je me sers de mes autres sens pour me repérer.
Je connais le chemin.
Cinquante pas tout droit, puis on tourne à gauche pour soixante pas.
Je marche sans chaussure ni chaussette, et quand je sens de l'humidité sous les pieds je comprends qu'on est arrivé à la première destination avant l'enfer.
On me fait entrer dans les douches communes avant de m'enlever l'étoffe du visage.
Les douches sont sombres et dégueulasses. De la moisissure et des touffes de cheveux sont éparpillés partout.
Je m'avance rapidement sous un des jets d'eau et enlève mon seul vêtement... Un t-shirt devenu marron. On n'a le droit qu'à un gel douche pour le corps et les cheveux. Je m'en badigeonne partout et frotte mes racines pour enlever la saleté.
J'ai dix minutes pour me laver et porter un nouveau t-shirt qu'on me fourni.
Je grimace quand l'eau savonneuse coule sur mes phalanges blessés.
Vite.
Après avoir fini, je me jette sur la serviette à ma disposition et me sèche.
Mon cœur tambourine dans ma poitrine dans je passe devant le miroir brisé pour regarder mon reflet.
Mon corps avant en bonne santé, était à présent sans graisse et sans vie. J'étais pâle, morte avec des cernes violets. Mes cheveux lisses et au couleur corbeau, avaient poussé depuis un an.
Je traine des pieds pour qu'on me prive à nouveau de ma vue et de mes mains.
Trente pas à droite, et puis tout droit... Jusqu'à la salle des cauchemars...
J'ai peur...
Car lorsque viendra le moment où je devrais ouvrir les yeux... Plus rien ne sera sous mon controle.
En fait, rien n'a jamais été sous mon contrôle...
Tic.
Tic.
Tic.
Le bruit des gouttes d'eau perlant de mes cheveux me donnait envie de vomir. Qu'on arrête tout s'il vous plaît.
Je ne suis pas encore prête à revivre ça...
Même après un an, cela m'était insupportable de sentir des mains -autre que celles qui me sont habitués- sur moi.
L'homme devant moi s'arrête et je sens à sa respiration qu'il s'apprête à parler.
Je ne veux pas.
« Il suffit de vouloir pour l'avoir, chuchote-t-il contre mes cheveux. »
Je ne veux pas.
Pourtant ça va se réaliser quand même...
Je tremble. Mon coeur tremble. Mon âme tremble. Et ce qui reste de mon corps tremble aussi.
- Evite de foutre la merde. Entendu ?
Sa voix menaçante ne me donne même pas le courage de répondre alors qu'on me jette dans la cage du lion après m'avoir enlevé mes accessoires d'enlèvement.
J'ai l'habitude de la pièce.
Grande, spacieuse, sombre, humide avec des outils sexuels dans un bac, des cordes et des chaînes accrochées aux murs.
Mais l'acteur principal est sur une chaise... Au milieu.
Comparé au précédent il était plus jeune, la trentaine peut-être... Il se tenait là, torse nu, avec la braguette ouverte... N'attendant plus que sa proie... Moi.
Je n'écoute pas ce qu'il dit quand il s'avance et m'empoigne par les cheveux. Il parle... m'insulte sûrement, alors que je suis traîné vers l'un des quatres murs aux souvenirs monstreux.
Je ne veux ni écouter, ni comprendre. Je le laisse faire... À quoi ça sert de fuir un bourreau aidé d'un complice si toi tu es seule ?
À rien.
Ma tête heurte le béton dur du mur et mes bras sont guidés en hauteur pour m'attacher aux chaînes.
Je ferme les yeux.
« Tu veux te marier plus tard Ven' ? »
Son souffle est proche...
« Je ne sais pas... Surement ! Pourquoi tu me demandes ça ?
- J'aimerais me marier avec toi quand on sera plus grand, avoue-t-il. »
Il me touche partout jusqu'à atteindre le col de mon haut, le saisir et le dechirer.
Mes paupières se ferment plus fort.
« Mais ce sont les personnes qui s'aiment qui se marient, dis-je.
- Eh bien... Moi je t'aime ! Et de toute façon, il ne faut pas forcément de sentiment pour se marier... Ça peut être par intérêt aussi. »
Il pose sa bouche à des endroits que j'aurais voulu garder pour lui...
Le cou, derrière les oreilles, les lèvres, les seins, le ventre, en bas...
« Quel intérêt aurais-je à t'épouser ? Mais tu as raison... Je t'adore aussi, m'exclamé-je en enroulant mes bras autour de lui. »
Et j'étouffe un cri quand il entre en moi.
Je ne suis pas mouillée... Ça fait mal.
Je veux hurler mais rien ne sort. Je n'arrive plus.
Il tape fort en moi. Tellement fort que mon ventre se tord.
Mes cuisses sont contractées.
« Et si je te demandais en mariage pour te protéger tu accepterais ? Cela pourrait être un bon intérêt, demande-t-il.
- ...J'accepte, mais je te protégerais aussi dans ce cas.
- Ça marche... Alors je te marierai plus tard, dit-il en souriant contre mon cou.
- Quand ça ?
- Plus tard... On a le temps Ven' ! »
Un sanglot m'échappe sans jamais qu'une seule larme ne coule...
Ramenez le moi...
Je vous en supplie.
J'ai besoin de lui...
—
Hello !
Alors ce chapitre ?
C'est l'un des chapitres les plus dur que j'ai écris jusqu'à présent honnêtement. Être dans la tête de Raven n'est pas compliqué puisque que c'est mon sosie mais devoir décrire les troubles psychologiques qui l'habitent ne sont pas forcément une partie de plaisir... Pour une simple raison qui est que j'ai énormément souffert de cette maladie même à l'heure d'aujourd'hui. J'espère que ça n'a pas été trop dur pour vous de lire ce chapitre !
Sur cela on se retrouve très vite !
Kiss <3