IVAN
J'entends le bruit d'une horloge imaginaire émettre un cliquetis régulier dans ma tête.
Mes yeux ne veulent pas s'ouvrir pour quitter ce lit.
J'ai à peine dormi aujourd'hui. Il était déjà quatre heures lorsque je suis venue rejoindre ma bien aimée et quand j'ai fermé les yeux, que j'ai enroulé mon bras autour d'elle, il était déjà l'heure de quitter ce rêve aux multiples interdits.
Il était six heures du matin quand je contemple le corps étendu de Raven à mes côtés.
Sa respiration régulière lui donnait cet air de vulnérabilité qu'on ne voyait jamais sur son visage.
Je dégage la couette de mon corps et me force à faire mon devoir de tous les jours.
Mes journées n'étaient que réitération de ces cinq dernières années.
Mais en monnaie d'échange je l'ai récupéré. Et c'est le plus important pour moi. Pour mon coeur. Pour ma conscience.
Je prends encore quelques secondes pour l'admirer avant de m'enfermer dans la salle de bain et de jouer le rôle du chef qui dirige cette organisation. Froid et stratège.
Tout ce que je n'aurais jamais été auparavant.
Auparavant... Si je n'étais pas tombé amoureux d'elle.
...
- Préviens ton frère que je veux qu'aucun de mes biens ne parviennent jusqu'à ce fils de pute à partir de maintenant, dis-je essayant de garder mon mal en patience.
Cassian face à moi a l'air tout autant inquiet.
Il commence à prendre du terrain et si les choses m'échappent maintenant ça pourrait mal tourner...
Mais corrompre mes propres clients pour soutirer des informations... Je ne le laisserai pas faire.
Il m'a bien fait comprendre qu'il ne voulait plus conserver le pacte des échanges en voulant à la place instaurer un jeu de guerre entre nos deux mafia.
Et bien, il perdra.
- Je suis toujours à la recherche du traître, mais c'est plus compliqué que prévu... La personne joue vraiment bien son jeu, m'explique Cassian.
- Prends ton temps... Je veux juste m'assurer que vous soyez en sécurité ici... Chez vous.
Je passe ma main dans les cheveux et réfléchis.
J'avais refusé la fête qu'avait organisée ce client en question... Alezan Polanski. Mais finalement on va peut-être y aller...
Ceux qui nous trahissent, ne vivrons pas sur mes terres. Et c'est le cas de Polanski.
Il va le regretter.
- Dans un mois, on ira à sa petite fête... Et on va les bombarder.
- Avec Raven ? demande-t-il. Qu'est-ce que tu lui diras ?
Je souris en coin.
- La vérité.
Son regard vient directement se figer dans ma direction.
Je hoche la tête et vois sa pomme d'adam descendre et remonter dans une lenteur extrême.
- Je lui dirais la vérité sur le motif de cette mission, elle n'a pas besoin de connaître le contexte... Ni le pourquoi du comment.
- Tu sais qu'elle est intelligente Igor... Elle finira par le découvrir.
Je regarde la porte qui permet de communiquer avec ma chambre et sombre dans mes pensées.
Je m'en veux de lui cacher ça...
Mais est-ce ridicule si je disais que c'était pour la protéger ? Surement. Certainement.
Mais c'est ainsi et je donnerai corps et âme pour la protéger de cette illusion malsainement cachée.
- Je lui dirais au moment venu... Mais pas maintenant.
Il acquiesce et après m'avoir fait son rapport de la semaine, il part à ses occupations personnelles.
Pendant que moi, je joue toujours pour avoir un pas d'avance sur lui.
Sur Vassili.
...
Mes yeux tombent de fatigue lorsque je vois qu'il est vingt heures passé.
Je suis resté toute la journée enfermé dans mon bureau à être au téléphone pour des affaires ou encore gérer les différents réseaux dont nous disposons.
Tout ce que je veux là, c'est prendre une douche...
Et faire quelque chose avec Raven.
Quelque chose... Comme avant.
Je me dépêche de franchir la porte qui me sépare de notre chambre mais je ne vois aucunement sa présence.
Elle n'était pas là.
Son portable est posé sur la commode et lorsque j'amorce un pas pour me diriger vers celle-ci, la porte de la salle de bain s'ouvre laissant une traînée de parfum envahir la pièce.
Je me retourne pour me retrouver à quelques metres seulement de cette femme aux yeux d'hiver, totalement en serviette.
- Oh... T'es là, dit-elle.
C'est plus fort que moi, mes yeux descendent sur ses longues jambes dénudées et sa petite poitrine tenue par un simple tissu enroulé autour d'elle.
Elle était loin d'être petite... Je suis juste plus grand. Savoir qu'il y a peine quelques années on faisait la même taille et que maintenant je la surplombe largement me donne des idées pas très saine d'esprit.
- Tu tombes bien, on sort dans moins de trente minutes. Sois prête.
- En quelle occasion ?
Ma tête retombe légèrement en arrière et je la regarde a travers mes cils.
- Je veux simplement sortir avec toi... Comme avant.
- Et si je refuse ? Je suis fatigué...
Sa voix était devenue plus profonde. Et je savais qu'elle allait faire quelque chose.
Elle est toujours dans la provocation.
Et c'est l'une des choses que j'aime chez elle... Cette manie à toujours vouloir me tester.
- Qu'est-ce qui te fait croire que je lâcherai l'affaire ? demandé-je.
Un sourire plus que diabolique apparaît sur son visage. Ses cheveux encore légèrement mouillés me défient de leur couleur sombre.
Elle s'avance vers moi doucement et sa main vient attraper le tissu sur le devant.
- Bien des choses Ivan... J'aimerai me changer vois-tu...
Et je déglutis violemment quand elle lâche la serviette et que je me force à ne pas bouger.
Son sourire s'intensifie quand elle voit que je refuse de regarder autre chose que ses yeux.
Son sourcil se hausse quand je m'avance à mon tour vers son corps à present nu et que j'effleure son estomac.
- Dans trente minutes.
Ma main tremble légèrement à l'idée de ne pas pouvoir toucher le reste de son corps offert à moi.
Je ne discute pas plus et m'enferme dans la salle de bain alors qu'en bas mon pantalon compresse mon érection.
Diablesse.
...
- Parfait, dis-je.
Elle était habillé d'un pull noir assortie avec son pantalon et des baskets pour être confortable.
Je m'étais habillé tout aussi simplement qu'elle.
- Je te préfère largement dans ce genre de vêtement, affirme-t-elle en observant ma tenue décontractée.
Je prends tout de même une veste en cuir à mettre par dessus mon t-shirt blanc pour ne pas attraper froid.
- Et moi je préfère quand ma langue est enfoncée dans ta petite bouche.
Elle lève les yeux au ciel et je m'avance pour attraper sa main.
Son regard tombe sur nos doigts emmêlés mais elle ne proteste pas quand je m'avance vers la porte de sortie et qu'on prend l'ascenseur pour monter au rez-de-chaussée.
- Qu'est-ce qu'on va faire ? me questionne-t-elle.
Ses cheveux lâchés et éparpillés autour de son corps intensifient le vert de ses orbites lorsque mes yeux rencontrent les siens.
- De la moto.
Je vois l'étonnement apparaître sur son visage pour finalement laisser un sourire naître sur ses lèvres.
Un simple sourire sans aucune arrière pensée dedans.
Elle adore la moto.
Quand j'ai eu ma première moto au lycée, elle voulait tout le temps monter dessus.
Et parfois, je lui donnais des cours de conduite quand on avait un peu de temps.
On sort rapidement derrière l'édifice pour accéder au terrain où tous les véhicules sont stationnés.
Le vent frais et humide vient fouetter nos visages tandis que la seule chose que j'arrive à voir c'est l'excitation dans l'expression de Raven.
Je vois que la BMW lui fait de l'œil depuis qu'on est sorti de l'immeuble. Je me dirige donc vers celle-ci, la main toujours soudée à la sienne.
- Où est-ce qu'on va ? demande-t-elle d'une voix plus calme que d'habitude.
J'enfile mes gants et coiffe mes cheveux en arrière pendant que Raven me détaille sous son regard interrogateur.
- Balade de minuit ? Comme au bon vieux temps...
- J'accepte, dit-elle.
Je pense que depuis nos retrouvailles c'est la première fois que je la vois aussi apaisée et sereine.
Je monte en selle et me tourne vers elle pour l'inviter à en faire de même.
Elle ne perd pas de temps et enfourche la moto pour ensuite venir entourer mon ventre de ses bras et me serrer fort.
Je sais qu'elle essaye de me remercier à sa manière.
Je la regarde, la tête tournée de profil et lui souris.
- C'est parti pour la descente en enfer !
À peine ai-je fini ma phrase que je fais tourner les poignées en faisant vrombir le pot d'échappement.
L'engin s'élance dans la nuit et je sens l'adrénaline monter à mesure que l'on s'enfonce dans les rues noires.
Raven derrière moi rigole lorsqu'un virage arrive et que la moto se penche sur la gauche nous faisant frôler le sol.
J'ai fait exprès de ne pas avoir pris de casque. La sensation n'est que multipliée.
Mon cœur bat fort dans mon torse.
Les souvenirs s'entremêlent alors que mon sang bouillit dans mes veines.
Chaque parcelle de mon corps ne veut qu'elle.
Je succomberai à chaque fois face à elle. Je ne peux pas expliquer ce que je ressens si ce n'est qu'elle m'a eu.
À la seconde où mes yeux ont rencontré les siens dans cette école, je ne voulais qu'elle.
Elle et encore putain d'elle.
Je la voulais tellement que j'en venais à me demander si je n'étais pas devenu fou.
J'accélère encore plus quand on arrive sur un rond-point.
Les rues étant vides, je continue à tourner autour de la fontaine de plus en plus vite alors que derrière, Raven continuait à rigoler.
- Ivan ! Je vais changer de position, me prévient-elle.
Je ne ralentis pas pour autant parce que je sais que ce n'est pas ce qu'elle m'a demandé.
Je la sens relâcher la pression autour de moi essayer de trouver une bonne balance pour ne pas tomber pendant qu'on tourne autour de la route circulaire.
Mes yeux s'ouvrent plus grand quand sa main glisse autour de ma gorge et qu'elle est à moitié debout derrière moi.
- Je vais passer devant, face à toi ! crie-t-elle.
Je souris.
- Quand tu veux алмаз ! (diamant)
Sa jambe droite glisse la première devant pour s'enrouler autour de ma taille alors que j'enlève un bras des poignets pour lui faciliter la tâche.
Son corps souple atterrit devant moi et je me retrouve face à elle.
Sur mes cuisses je sens la chaleur de ses jambes pendant que le vent fouette ses cheveux vers l'avant en bougeant partout autour de son visage.
Je me reconcentre rapidement sur le tourniquet que j'ai créé et elle lève les bras en l'air pour profiter du vent.
Ses yeux pétillent face à la sensation de voler.
Rapidement, son dos s'allonge sur le tableau de bord et tout son corps est penché en arrière.
Je la regarde rire encore et encore.
La voir ainsi, me fait ressentir des sentiments que j'avais perdu au cours de ces années.
Elle est magnifique dans cette position sous la lumière de la lune.
Mon magnifique алмаз. (diamant)
Je me penche en avant pour me coller à son corps tout en conduisant.
Elle lève la tête vers moi et sourit lorsque je dépose un baiser sur son ventre par-dessus son pull.
- Magnifique dans le noir, magnifique face au soleil, magnifique sous moi...
Elle m'entend je le sais et se redresse légèrement pour souffler :
- Va en enfer Ivan.
Je souris de plus belle.
Cette phrase qu'on s'est dite lors de nos retrouvailles, c'était aussi la première phrase que l'on s'est dite quand je lui ai avoué mes sentiments.
Il y a dix ans.
- Pas sans toi Raven.
Ses dents apparaissent sous un sourire alors qu'elle crie lorsque je change d'itinéraire et décide de faire marche arrière.
Elle se relève en voyant que j'ai pris le chemin pour rentrer.
Ses cheveux étaient en bataille ce qui me fait rire.
Pendant plusieurs minutes je la sens me regarder et je m'empêche de la regarder en retour.
Elle m'aime... Depuis bien longtemps.
J'en suis persuadé.
Elle ne se l'ai juste pas avoué à elle-même.
Car pour elle, elle ne peut aimer personne.
Elle ne peut rendre heureux personne.
Je continue de rouler rapidement quand je sens qu'elle se colle à moi et qu'elle me fait... un calin.
Mes épaules s'affaissent.
Elle ne bouge pas durant le reste du trajet et mon coeur gonfle de bonheur. Elle n'a jamais été très affective.
Je désactive le moteur quand on arrive chez nous mais aucun de nous ne bouge.
Elle ne lève pas la tête de mon torse et je décide d'en profiter pour l'enlacer à mon tour.
Elle se détend en sentant que je viens enfouir ma tête dans son cou.
- Je t'aime Raven.
Je sais que c'est risqué mais ce n'est pas la première fois ni la dernière fois que je lui dirais.
Elle bouge lentement sa tête pour me regarder mais ses lèvres restent scellées. Comme toujours.
Et je ne lui en veut pas. Jamais je ne lui en voudrais de ne pas pouvoir me répondre.
- C'est pas grave, dis-je en souriant. On y va ?
Après plusieurs secondes elle hoche la tête et on rentre.
—
Hello !
Alors ce chapitre ?
J'étais en panne d'écriture cette semaine mais j'ai réussis à écrire et mon Dieu comment j'aime ce chapitre ! J'adore écrire le pdv d'Ivan et j'adore encore plus la scène de la moto ! J'espère que les gens maintenant arrêteront de penser qu'Ivan va tromper Raven parce que je meurs de rire devant ce genre de commentaire !
On se retrouve très vite !
Kiss <3