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By Tartatsuna

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[EN PAUSE DE LONGUEUR INDETERMINEE - Chilumi thérapie AU] Il y a deux mois, son monde s'était arrêté de tourn... More

Avant-propos
2. Réminiscence
3. Quand le ciel pleure
4. Quand les cœurs pleurent
5. Naviguer à travers la colère
6. Un soupçon de révolte
7. Tu es venu
8. Faiblesse
9. Pendant ce temps...
10. Pardonne-moi
11. Commencement
12. Hospitalité

1. Je n'y arrive pas

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By Tartatsuna

C'était lundi, dix-sept heures cinquante-quatre.

— Lumine, cela fait deux mois que nous nous voyons deux fois par semaine... Et depuis lors, vous n'avez pas écrit le moindre mot.

Dans sa main droite, la dame assise dans un fauteuil noir, en face du canapé sur lequel Lumine était installée, agita sous les yeux dorés de la demoiselle un cahier. Les pages rayées de lignes pour y écrire étaient toutes couvertes de gribouillis sauvagement griffonnés, défigurant l'entièreté du blanc du grain.

C'était aussi chaotique qu'une scène de crime après que le meurtrier eut mutilé à la folie sa victime.

Un soupir s'échappa des lèvres de la dame plus âgée alors que Lumine ne réagissait guère, un doigt ennuyé venant remettre ses lunettes sur le haut de son nez.

— Lumine, reprit-elle en parlant doucement et lentement. Je suis là pour vous aider. Mais comment le pourrais-je si vous ne me parlez pas, et si vous n'écrivez pas non plus ?

Un court silence s'installa, et la demoiselle ne quitta pas du regard sa thérapeute qui la détaillait en retour. À chaque fois qu'elle venait ici, elle avait l'impression d'être prise au piège. Comme une brebis égarée se retrouvant emprisonnée dans une cage.

Elle venait seulement parce que son frère l'obligeait à venir et qu'il était parfaitement effrayant quand il s'y mettait.

Sa bouche s'ouvrit dans un élan de courage pour dire quelque chose, et elle vit l'éclat d'espoir qui apparut dans les yeux de son interlocutrice.

— Je... commença-t-elle.

Sa voix était rauque, caverneuse, ne confirmant que davantage le fait qu'elle s'était retirée dans le silence au quotidien pour se protéger.

— Je n'y arrive pas, finit-elle le regard baissé, ses mains posées à plat sur ses genoux bien plus intéressantes que la démotivation de sa thérapeute.

Et c'était vrai, elle n'y arrivait pas. À son bureau, en face de ce cahier, devant cette page vierge, avec pour devoir d'écrire ses émotions actuelles, tous les mots semblaient quitter son corps. Parfois, un rare « je » égratignait le coin supérieur de la page, mais ça n'allait jamais plus loin. Car avant même qu'elle ne puisse rien que poser un nom sur toutes ses émotions, seule une rage folle s'emparait d'elle, et son stylo dénaturait le papier.

— Je sais que c'est dur, la sortit la voix de sa thérapeute de ses pensées, relevant son regard sur sa silhouette. Faire face à la réalité, accepter. Ça ne se fait pas du jour au lendemain. C'est pourquoi je vous demande d'écrire vos émotions actuelles. Pour les comprendre, voir comment elles évoluent, et les maîtriser.

Ce petit laïus était récurrent toutes les quelques séances. Elle devait trouver que Lumine ne réagissait pas assez, qu'elle était trop léthargique durant leurs entrevues. Mais elle avait beau lui dire ça, et la demoiselle avait beau le comprendre, elle n'y arrivait tout simplement pas.

Se levant de son fauteuil pour signifier que la séance était terminée, la thérapeute s'approcha de Lumine pour lui redonner son cahier, non sans poser par la même occasion une main encourageante sur son épaule.

— On se voit jeudi, Lumine, dit-elle en la raccompagnant vers la sortie.

— À jeudi, Madame Lorem, répondit-elle en franchissant le pas de la porte en vitesse, si heureuse de quitter cette pièce qu'elle en bouscula le prochain patient.

Le choc lui fit échapper son cahier, qu'elle se pencha pour ramasser. Mais une main fut plus rapide et le lui tendit, le cuir noir des gants agrippant avec délicatesse la couverture en carton.

— Tenez.

Une voix masculine et presque compatissante se fit entendre, mais le regard de Lumine resta fixé sur les baskets noires Nike qu'elle apercevait, et ces gants d'une marque bien connue comme étant le nec plus ultra, Leather & co.

Sans aucun doute un fils de riche.

— Pardon, et merci, lui répliqua-t-elle sans même esquisser de sourire, puis détala en prenant ses jambes à son cou sans relever la tête.


– ✦✦✦ –


C'était lundi, et comme tous les lundis, Childe avait rendez-vous avec cette personne qu'il avait appris à détester, plus communément dénommée « thérapeute ». Chaque séance était un enfer sur terre, mais il continuait vaillamment de s'y rendre en veillant d'y être bien à l'heure pour une simple raison : sa mère le tuerait. Il ne savait pas si c'était propre à sa mère ou à toutes les mères, mais la sienne réussissait à avoir des yeux partout, et parvenait même à savoir quand il sautait une séance ou arrivait en retard.

Les mères pouvaient être terrifiantes.

Il avait pris l'habitude, à la sortie de ses cours de son école de commerce, de prendre le chemin le plus long en traversant le parc pour arriver jusqu'ici. De cette façon, il arrivait tout pile à l'heure sans avoir à se presser, c'était tout bénéf' pour lui.

Et cette fois-ci, comme à son habitude, il attendit juste devant la porte que la précédente séance se termine, son regard azuré navigant sur la plaque dorée sur le mur : « Hélène Lorem, psychothérapeute ».

Il ne s'attendait pas à se faire bousculer aussitôt la porte ouverte, par cette demoiselle qu'il avait pris l'habitude de remarquer. Blonde, petite de stature, probablement plus âgée que lui, et avec des yeux dorés perpétuellement rivés vers le sol. Elle était jolie, il devait l'avouer. Bien qu'elle serait plus jolie avec un sourire, ça, il en était persuadé.

— Tenez, lui dit-il d'une voix qui se voulait calme et rassurante en lui tendant son cahier.

À de nombreuses reprises, il l'avait vu sortir de cette pièce en pleurant, ses mains apportées à son cœur comme si le fait d'être ici était une punition en soi. Il pouvait la comprendre, c'est pourquoi il compatissait avec quoi qu'elle avait à traverser.

— Pardon, et merci.

Et en un instant, elle était déjà hors de sa vue, ses petites jambes la transportant à une vitesse surréaliste en dehors du bâtiment.

— Bonjour Ajax, entrez.

La voix professionnelle de la thérapeute le sortit de ses pensées, une grimace défigurant son visage enjôleur. Il n'aimait pas être ici, et il le montrait sans s'en cacher, au plus grand dam de la dame. S'asseyant à la place usée du canapé, Childe s'installa nonchalamment, bras croisés sur sa poitrine, une jambe venant reposer sur l'autre et se balancer légèrement d'avant en arrière.

L'horloge sonna dix-huit heures, signal du départ pour une longue, très longue heure à procurer des réponses évasives et à contempler le plafond.

— Comment allez-vous aujourd'hui ? commença la thérapeute, son cahier sur lequel elle griffonnait des notes par intermittence posé sur ses genoux.

— Comme d'habitude, se contenta-t-il de dire, renfermé.

À partir de ce moment-là, les minutes s'égrénèrent dans un tic tac assourdissant, la pendule proclamant les secondes dans un balancier incessant. Il sentait le regard de la thérapeute sur lui, mais il s'en fichait fichtrement.

Il n'avait pas besoin de thérapie. Il n'y avait rien qu'il ne pouvait gérer par lui-même. Il allait prouver à sa mère que c'était une erreur de l'envoyer ici deux fois par semaine.

— Par quel chemin êtes-vous venus aujourd'hui ?

Il haussa un sourcil, surpris par une question si normale. Ce n'était jamais arrivé auparavant qu'elle lui parle de choses aussi triviales.

— Par le parc. Pourquoi ? questionna-t-il, sur la défensive.

— Vous êtes venus directement depuis l'école de commerce, c'est bien ça ? pressa-t-elle la question.

— En effet.

Childe avait plissé les yeux pour fixer son regard avec attention sur elle, cherchant à comprendre où elle voulait en venir. Il avait beau assister contre son gré à ces séances, il avait malgré tout compris certaines choses : Madame Lorem ne disait jamais rien sans raison.

— Pourquoi ne pas être passé par la plage ? C'est plus court.

Derrière ses lunettes, Childe pouvait voir les iris bruns de la thérapeute le scruter, en quête d'un signe quelconque qui pourrait le trahir.

C'était donc ça qu'elle essayait de lui faire dire. Il n'était pas dupe, il n'allait pas lui donner ce qu'elle souhaitait entendre.

— Parce que ce chemin me fait arriver trop en avance.

— Vous pourriez faire une halte au bord de l'eau pour réduire cette attente, pourtant.

Childe inspira profondément, ses poings se serrant et se desserrant en rythme. Cette thérapeute le poussait par tous les moyens à lui faire admettre ce qu'il ne voulait pas dire. Elle était comme le diable à ses yeux. Et il agissait comme s'il faisait face au diable : il se méfiait.

Alors il se tut. Purement et simplement, refusant d'accorder cette satisfaction à sa thérapeute.

La mine du critérium frappant à plusieurs reprises sur la page de son carnet était un signe d'agacement que Childe ne manqua pas de noter. Il jouait avec ses nerfs, il le voyait bien. Pourtant, elle refusait toujours de lâcher le morceau.

Un soupir mi-ennuyé mi-éreinté lui échappa devant ce comportement enfantin, ses jambes élancées se croisant et se décroisant.

— Vos bras et jambes croisés sont des signes que vous empêchez quiconque de vous approcher, et que vous souhaitez rester dans votre bulle, déclara-elle en énonçant les faits. Votre pied se balançant d'avant en arrière démontre une agitation ou des tourments intérieurs, de même que vos poings serrés prouvent votre impatience. Vous savez ce que ça signifie ?

— Non, mais je sens que vous allez me le dire, rétorqua-t-il avec un sourire en coin.

— Vous êtes replié sur vous-même, lui affirma-t-elle.

— Je ne le suis pas, nia-t-il aussitôt.

Il n'avait même pas pris la peine d'y réfléchir.

Il était l'opposé de ce que replié sur soi signifiait. Il était même parfaitement extraverti. Sociable, doué dans plusieurs sports dont la plupart sont des sports de combat, et ayant des facilités dans ses études, il était le numéro un du classement du « garçon le plus intriguant de l'école ».

Alors lui dire qu'il était replié sur soi, c'était pire qu'être aveugle.

Pourtant, Childe la dévisagea quelques instants avant de baisser les yeux sur sa position. Instinctivement, il arrêta le balancier de sa jambe et décroisa tant ses jambes que ses bras. Ce n'est qu'en agissant ainsi qu'il se rendit compte à quel point agiter son pied était apaisant. Immobile de la sorte, stoïque, les pieds et mains parallèles, il avait une furieuse envie de bouger.

Il se sentait pris au piège.

Aussi déplaisant que cela puisse être pour lui de l'admettre, elle avait raison. Il était agité, et il n'arrivait pas à savoir comment arrêter de l'être.

Un sourire retroussa délicatement les lèvres de sa thérapeute en voyant son comportement.

— Maintenant que vous semblez avoir compris, vous allez être plus coopératif désormais ?

Elle semblait penser qu'elle était au bout de ses peines. Elle n'était toutefois pas au bout de ses surprises, car Childe avait bien trop d'égo pour tout bonnement admettre qu'il avait besoin d'aide. 

[3 sept. 2022 – 1800 mots]

NDA : Voilà un tout petit début qui dévoile légèrement comment la suite va s'organiser. D'ailleurs, les chapitres seront (du moins je l'espère) relativement courts pour une lecture plus rapide. 

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